Notices nécrologiques - L

Notices nécrologiques des ALMANACHS MATOT-BRAINE

LA BARRE-DUPARCQ (Charles Henry de).

Chevalier de la Légion d’honneur, inspecteur général des ponts et chaussées, ancien membre titulaire et ancien président de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, né à Saint-Cloud le 3 avril 1817, décédé à Paris le 1er septembre 1885.

Ancien élève de l’École polytechnique et de l’École des ponts et chaussées, il fut nommé ingénieur le 26 juillet 1841 et attaché au service ordinaire de l’arrondissement de Toulon.

En 1847, il passa au même titre à Pont-Audemer, et en 1852 à Pontoise, d’où il fut appelé dans le département de la Marne, en qualité d’ingénieur en chef.

Son passage est marqué par la construction du chemin de fer d’Épernay à Romilly-sur-Seine et par les études de plusieurs autres lignes.

Il publia l’Atlas cantonal du département et vit sous sa gestion s’opérer la fusion du service des chemins vicinaux avec celui des ponts et chaussées.

Châlons lui doit spécialement l’élargissement de la rue de Marne.

En 1879, il fut nommé inspecteur général à Paris, au siège de l’administration, et fut mis à la retraite en 1882.

Source : AMB 1886.

LACAILLE (Henri Marie).

Henri Marie Lacaille qu’une mort cruelle autant qu’inattendue enlevait aux siens et à l’érudition était archiviste-paléographe.Une honnête fortune lui laissait le loisir de satisfaire largement ses goûts d’historien et c’est particulièrement vers les Ardennes que se portèrent ses recherches. Le séjour qu’il faisait chaque année à Rethel lui donna l’occasion de compulser le riche dépôt des Archives communales et d’en tirer d’intéressants travaux. Mais le labeur incessant qu’il apporta dans l’édition du « Trésor des Chartes du comté de Rethel », publié avec M. Gustave Saige, archiviste du prince de Monaco, restera surtout d’un précieux secours pour les chercheurs.Tous les érudits ardennais, en unissant les deux collaborateurs dans une commune reconnaissance, garderont en mémoire le regretté défunt. M. Henri Lacaille, qu’une santé précaire avait mené dans ce coin ensoleillé de France ne devait pas mettre la main au troisième volume de cette vaste publication si royalement éditée et pour laquelle il poursuivit si ardemment ses recherches. La mort est venue les interrompre brutalement, mais l’œuvre qu’il laisse est grande déjà.Outre sa collaboration à la Bibliothèque de l’École des Chartes, il nous faut signaler ici ses principaux travaux : une Étude sur le « Collège de Reims à Paris », parue dans les Travaux de l’Académie nationale de Reims dont il était membre correspondant ; les « Documents inédits sur l’Hôpital-Général de Rethel » ; une notice sur la « Cloche de l’Hôtel de Ville de Rethel », et de nombreux articles insérés dans la « Revue historique ardennaise », entre autres des extraits d’un « Manuscrit de Pierre Camart » ; une notice sur les « Origines du canal des Ardennes », etc.M. Henri Lacaille, né à Paris le 7 septembre 1862, y est mort en septembre dernier. Il n’avait que 43 ans. Son nom est porté à Rethel par une grande et notable famille de manufacturiers.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

LA CHEVARDIÈRE de LA GRANDVILLE (Arthur Charles Eugène de).

Capitaine breveté au 106e régiment d’infanterie, né en 1856 à Mézières, décédé au Camp de Châlons, le 7 mars 1896, emporté en quelques jours par une bronchite capillaire.

Ce jeune officier, devant qui s’ouvrait un brillant avenir, avait épousé en 1884, Mlle Marie-Thérèse de Saint-Genis, de Vitry.

Il était fils de M. l’intendant-général de la Grandville, ancien intendant en chef du 6e corps.

Source : AMB 1897.

LA CHEVARDIÈRE de LA GRANVILLE (Marie Charles Louis Henri Jules de).

Intendant général en retraite, né à Rocroi, le 21 octobre 1821, décédé à Mézières le 28 décembre 1893.

Il appartenait à une vieille famille ardennaise qui depuis un siècle a fourni à l’armée de nombreux et brillants officiers.

Ancien intendant du 6e corps d’armée, puis intendant général, M. de la Granville laissa dans l’armée le souvenir d’un officier de grande valeur et de grande distinction, et dans la mémoire de ceux qui l’ont connu, celui d’un homme aimable, dévoué et profondément bon.

L’honorable défunt était grand officier de la Légion d’honneur.

Il avait épouse Mlle de Saint-Genis, de Vitry-le-François.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

LA CHEVRIÈRE, Charles Raymond de comte de SAINT-VALLIER (voir SAINT-VALLIER).

LA HAYRIE (Général Hubert de).

Le 2 août dernier, la Municipalité de Reims transmettait aux journaux de la ville une bien triste nouvelle, la mort du général de la Hayrie, décédé subitement la veille à Paris, deux mois à peine après le mariage de sa fille Thérèse.

Cette nouvelle nous a tous vivement affligés ; car s’il est une figure restée populaire dans la cité rémoise, c’est assurément celle du bon et brave général, qui pendant les six ans qu’il a commandé au milieu de nous la 12e division militaire, a vécu de notre vie, s’est associé à toutes nos fêtes et réunions, non seulement d’esprit et de cœur, mais payant surtout de sa personne, et ayant pour tous un mot ami, une parole patriotique.

Dans les 44 années de sa brillante carrière militaire, marquée par tant de glorieux exploits, et où il a franchi tous les échelons de la hiérarchie, depuis l’épaulette de sous-lieutenant jusqu’à la triple étoile du divisionnaire, depuis la croix de chevalier jusqu’à celle de grand-officier de la Légion d’honneur, nous le voyons presque toujours en tête de ces corps où la bravoure et l’héroïsme sont légendaires, 9 ans avec les zouaves en Afrique et en Italie, et dans la campagne du Mexique avec la légion étrangère. Lui, qui dans la vie de famille, poussait la bonté jusqu’à la bonhomie, était un lion dans la bataille : autant de combats, autant de citations à l’ordre du jour.

Doux, affable, serviable, veillant au bien-être du soldat, aimant à l’interroger, le réconfortant et l’encourageant par quelque parole sortie du fond du cœur, il n’en veillait pas moins avec un soin diligent à faire de la 12e division une division modèle, et c’est à juste titre qu’à la fin de son ordre du jour du 6 février 1890, à l’occasion de son départ, il a pu écrire avec une noble fierté : « Je rentre dans mes foyers avec la satisfaction du devoir accompli et celle de remettre entre les mains de mon successeur, une Division d’élite prête à entrer en Campagne. Reims le 6 février 1890. Général de La Hayrie ».

Il nous souvient encore de cette belle et émouvante revue d’adieux du 9 février, revue à laquelle s’était associée toute la population rémoise, alors que M. Henrot, maire de la ville, se faisant l’interprète des affectueux regrets de ses administrés, lui remit, de leur part, en le sacrant citoyen de Reims, une magnifique plaque de grand officier de la Légion d’honneur, où, dit-il : « Nous avons inscrit en diamants le souvenir inaltérable de votre séjour à Reims ». Manifestation tout à l’honneur et du général et des habitants.

Le 17 février, le jour même où le général de La Hayrie atteignait sa 65e année et entrait dans le cadre de réserve, au moment du punch d’adieux, le général de Miribel, commandant le 6e corps, lui adressait ces belles paroles :

« Il y a des citoyens glorieux dont on a dit qu’ils n’étaient ni les citoyens d’une ville, ni ceux d’une nation, mais bien les citoyens de l’humanité tout entière.

Eh bien ! vous, mon cher camarade, vous n’êtes pas non plus le soldat de la 12e division, pas plus que celui du 6e corps, vous êtes le soldat par excellence de l’armée française tout entière ! »

Impossible de mieux caractériser ce vaillant et chevaleresque officier supérieur, qui répétait sans cesse à ses officiers : « Préparons-nous à la lutte suprême, nous qui avons fait de la noble profession des armes un sacerdoce et non un instrument de spéculation ». La patrie, la revanche, c’était, sa constante préoccupation. Et ses dernières paroles, en prenant congé de ses compagnons d’armes, ont été :

« Je vous quitte, Messieurs, avec l’espoir de me retrouver près de vous si l’heure des sacrifices vient à sonner, et nous saurons faire notre devoir pour le triomphe de la patrie ! »

Il avait été désigné pour un important commandement de nos forces de réserve. Et sa verte et vigoureuse constitution lui promettait encore de nombreux jours. Mais, hélas ! la mort en a décidé autrement.

Les honneurs militaires lui ont été rendus le 2 août, à la maison mortuaire, rue Richelieu, par deux bataillons d’infanterie, un escadron de cuirassiers et une batterie d’artillerie.

Voici un résumé de ses états de services :

Né à Rennes, le 17 février 1825.

Entré à Saint-Cyr, le 28 novembre 1844.

Nommé sous-lieutenant au 11e d’infanterie, le 1er octobre 1846.

Nommé lieutenant au 3e zouaves, le 23 mars 1850.

Nommé capitaine au 3e zouaves, le 30 août 1855.

Nommé adjudant-major au 3e zouaves, en 1859.

Nommé major au 100e de ligne, 4 mars 1865.

Nommé chef de bataillon au régiment étranger, en juin 1865.

Nommé lieutenant-colonel au 62e de ligne, le 27 février 1869.

Nommé colonel aux zouaves de la garde, le 26 octobre 1870.

Nommé général de brigade, en 1876.

Nommé général de division, le 26 avril 1884.

Source : AMB 1894.

LA RUE (François Adolphe de).

Né au Mesnil-sur-Oger le 14 février 1808, décédé à Corbeil à l’âge de 91 ans.

Ancien inspecteur des forêts, M. de la Rue habita longtemps Villers-Cotterêts, où il fut l’ami intime d’Alexandre Dumas. Il vint ensuite à Compiègne, où, avec M. de Wimpffen, il organisa les chasses du second Empire.

Doué d’aptitudes spéciales, il alla organiser les télégraphes en Turquie, fut chargé de diverses missions en Espagne, et enfin fut attaché au comte de Saint-Vallier, pendant les négociations qui suivirent le siège de Paris. Il collabora au traité de Francfort.

Il écrivit longtemps dans la « Chasse Illustrée » à côté de son ami, le marquis de Cherville.

Il a publié les « Chasses du second Empire », où il nous montre les dessous de l’ancienne Cour avec les observations très fines d’un lettré et d’un esprit délicat.

Il publia après la guerre, les « Prussiens sous Paris ». C’est l’armée allemande prise sur le vif avec les détails qu’à peu près seul il pouvait connaître, à cause de sa situation à Versailles.

Source : AMB 1899.

LABARRE (Louis Clément).

Né à Rocroi en février 1801, architecte du département des Ardennes, décédé à Mézières le 23 mai 1871.

Source : AMB 1872.

LABBÉ (Jules).

Né à Chauny le 7 octobre 1833, mort à Paris, sur la fin de 1894, professeur au Collège Rollin. Il avait brillamment débuté dans la carrière de l’enseignement. Ses opinions libérales le firent disgracier en 1862. Il se lança alors dans la politique et fut collaborateur du « Courrier du Dimanche » et de « l’Opinion nationale ». Il fit à cette époque des conférences très remarquées. Il se décida en 1878 à rentrer dans l’enseignement, et s’y fit rapidement une situation distinguée.

M. Labbé laisse des éditions classiques très recherchées et des œuvres littéraires de valeur.

Source : AMB 1896.

LABEY (Louis Trézain).

Né à Avenay le 19 octobre 1830, décédé à Reims le 19 juin 1896. Sorti de l’École normale en 1850, il a successivement occupé les postes de Gueux, des Petites-Loges, de Bouzy, de Courcy, de Bisseuil, de Witry-lès-Reims, de Reims, rue Simon (20 octobre 1876), rue du Jard (1er octobre 1880) ; enfin, il a pris sa retraite le 1er octobre 1887, après 37 ans de service. C’était l’instituteur modèle, faisant consciencieusement ses classes ayant toujours soin de les sérieusement préparer auparavant. Aussi, a-t-il obtenu toutes les distinctions honorifiques que l’instituteur peut obtenir, médaille de bronze et d’argent, palmes académiques, prix de canton et d’arrondissement, honorariat et titre de délégué cantonal. Dans sa vie privée, il se montra bon époux et bon père.

Source : AMB 1897.

LABEYRIE (Lucien Adolphe).

Né à Pau (Basses-Pyrénées) le 9 avril 1835, décédé à Épernay le 2 janvier 1896. Élève à l’École des arts et métiers d’Angers, promotion 1850-53, a débuté dans l’industrie comme mouleur dans la maison J.-F. Cail & Cie à Paris, avec M. Houel, ingénieur en chef de cet important établissement ; il a été ensuite dessinateur dans les bureaux du génie militaire de la place de Paris. Nommé garde-mines à Arras en août 1860, est venu en cette qualité à Épernay en 1862, au service du contrôle de l’exploitation des chemins de fer de l’Est, qu’il n’a plus quitté.

Promu contrôleur principal des mines en juillet 1891, il remplissait en outre depuis 1873 les fonctions d’architecte-voyer adjoint au service de la municipalité d’Épernay.

Il a succombé aux suites d’une longue et douloureuse maladie, et a été inhumé le 6 janvier au cimetière d’Épernay.

B.

Source : AMB 1897.

LABOURET (Louis Henri Amédée).

Né à Laon, le 15 septembre 1811, ancien directeur de l’École municipale de dessin de Laon, officier de l’Instruction publique, décédé à Laon le 28 novembre 1897, dans sa 87e année. Entouré de l’estime de tous, ne comptant que des amis, il laisse dans cette ville de profonds et durables regrets. Il a été inhumé le 1er décembre, à l’issue du service célébré en l’église Saint-Martin.

Source : AMB 1899.

LACAILLE (Ernest Henri).

Né à Paris le 6 juin 1840, filateur à Rethel, mort dans sa propriété d’Alincourt, le 9 juin 1898.

À ses obsèques, se pressaient toutes les notabilités, entre autres MM. Ternaux-Compans, député ; Grody, sous-préfet ; Troyon, maire, avec ses adjoints et plusieurs conseillers municipaux ; Noiret, industriel ; Huraux, ancien président honoraire ; Chappe avoué, etc.

Des discours ont été prononcés au cimetière par MM. Bizenius, vice-président du Conseil des Prud’hommes, dont M. Lacaille était président ; Ply, fileur chez M. Lacaille, et Walbaum, au nom de l’École centrale.

Source : AMB 1899.

LACATTE (l’abbé Jules).

Prêtre de Saint-Sulpice, économe an grand séminaire d’Autun, décédé subitement le 21 février 1899, à l’âge de 76 ans, portait un nom bien connu à Reims où survit le souvenir de M. Lacatte-Joltrois, historien et érudit chercheur, dont il était le petit-fils, et où il naquit lui-même le 11 janvier 1833.

Travailleur infatigable, M. l’abbé Lacatte était surtout un numismate éclairé.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LACRESSONNIÈRE (Charles Adrien LESOT de LA PENNETERIE, dit).

Artiste dramatique, né à Chauny (Aisne) le 12 décembre 1819, décédé à Boulogne-sur-Mer, le 9 juin 1893, était de cette forte génération d’acteurs à laquelle nous devons Frédérick Lemaître, Bocage, Dumaine, Melingue et autres, qui popularisèrent au théâtre les drames de cape et d’épée. Lacressionnière eut ses heures de popularité. Il était dans sa 74e année.

Charles Remy.

AMB 1894.

LADOUCETTE (Baronne de, née Anna LA CHAMBRE).

Le 9 mai 1898, cette femme charmante, vénérée de tous par sa grâce et son incomparable charité, s’endormait pieusement dans le Seigneur au milieu des siens atterrés, et s’envolait au ciel.

Elle était l’admirable et pieuse compagne du baron de Ladoucette, appartenant à une ancienne famille noble de la Lorraine annexée, et petit-fils de l’organisateur heureux de la défense de Metz. Son mari, décoré pendant la guerre de 1870, a été, depuis cette époque, le seul député conservateur 4 fois élu dans la région de l’Est. Promoteur et rapporteur à la Chambre, de lois économiques importantes, il n’a point cessé d’être le champion des grands principes défendus par la Droite du Parlement.

La Baronne de Ladoucette était la fille de Monsieur La Chambre, ancien député d’Ille-et-Vilaine, défenseur des intérêts des braves marins de nos côtes et fidèle serviteur de la cause conservatrice et religieuse. Son oncle Monsieur Estancelin est le loyal conseiller et l’ami des princes d’Orléans.

Depuis son mariage, elle appartenait doublement à notre région puisqu’elle a longtemps demeuré à Vouziers, centre de la circonscription électorale de son mari, et que l’été, elle habitait le beau domaine de la famille de son mari, Viels-Maisons, près Château-Thierry.

Dans les Ardennes, comme dans l’Aisne, elle était unanimement respectée et aimée.

Douée des plus précieuses qualités de l’esprit et du cœur, la Baronne de Ladoucette savait, comme le disait si bien une feuille parisienne, concilier de la manière la plus parfaite ses devoirs de mère de famille, de femme du monde et d’apôtre de la charité. Il suffisait de la connaître pour être conquis par sa grâce et sa simplicité : sans désirer jamais le moindre hommage, elle voyait venir à elle toutes les sympathies.

Son inépuisable bienfaisance égalait sa grande modestie. Il n’est pas de malheur qu’elle ne recherchât pour le secourir : sa bonté si touchante consolait les affligés en même temps que sa générosité venait en aide à toutes les infortunes.

Malgré l’ordre éclairé qui fut toujours la règle de sa vie, elle planait au-dessus de toutes les questions d’intérêt personnel pour s’élever à des sphères plus hautes.

D’une intelligence supérieure, elle avait, par des études incessantes, acquis une culture intellectuelle dont ses écrits montrent la profondeur.

Son abnégation, son complet oubli d’elle-même étaient incomparables. Pour elle, le « moi » n’existait pas. Au cours de toutes les luttes politiques, souvent dures et pénibles, de son mari, elle fut sa Providence, son meilleur auxiliaire et soutien. Son jugement sûr, son esprit droit, étaient connus de tous ceux qui approchaient de ce ménage, que les anciens, dans leur fatalisme, auraient appelé trop heureux, jusqu’au jour où le plus affreux deuil l’a brisé.

Elle a été le premier et le meilleur maître de ses enfants, leur enseignant la littérature, les langues vivantes, leu apprenant à ne connaître que le travail et l’honneur.

La Baronne de Ladoucette s’est éteinte avec une merveilleuse résignation. admirable de calme et de force d’âme et ne pensant qu’aux siens accablés, elle cherchait à les consoler et à les fortifier : Soyez toujours des patriotes et des chrétiens, disait-elle à ses enfants et que le devoir reste sans cesse votre unique guide : N’oublions pas que le rendez-vous est là haut !

Suivant le désir exprimé dans sa modestie, toutes fleurs et couronnes ont été bannies de ses funérailles. Mais ses obsèques furent célébrées en présence d’une énorme affluence de notabilités et d’amis. Chacun tenait à prendre part à ce très cruel deuil.

Après le service funèbre à Paris, à la Madeleine, l’inhumation eut lieu dans la sépulture de la famille de son mari, à Viels-Maisons, au milieu de toute une population dont la Baronne de Ladoucette était la bienfaitrice.

Au moment des derniers adieux, un vénérable archiprêtre, après avoir fait en pleurant le récit de cette si belle vie dont il était le témoin depuis vingt ans, s’écriait : « C’était un ange au cœur d’or ».

Avec de telles femmes, avec de telles mères, la France affaiblie, épuisée par l’égoïsme des uns et l’ambition des autres, reprendrait vite sa grandeur et son rang d’autrefois.

Ch. T.

Source : AMB 1899.

LADOUCETTE (François Dominique Eugène de).

Ancien membre du Conseil d’État, député pendant 22 années, et ancien président du Conseil général des Ardennes, est mort, le 28 septembre 1887, dans son château de Viels-Maisons (Aisne).

M. de Ladoucette était attaché à notre région par des liens multiples et anciens. Il était arrière-petit-fils d’un savant renommé qui fut, en 1748, chirurgien-major des ville et citadelle de Metz, et contribua grandement à sauver la vie de Louis XV, lorsque ce roi, s’étant rendu en Lorraine pour repousser l’invasion ennemie, tomba très dangereusement malade.

Son grand-père, avocat au Parlement de Nancy, était le gendre du procureur de la Cour souveraine de Lorraine. Son père, le baron Charles-François de Ladoucette, fut un administrateur éminent. Nommé préfet des Hautes-Alpes au commencement du siècle, il rendit de si grands services à ce département, que vingt années après sa mort une statue en marbre blanc lui fut élevée sur la principale place de Gap. Chargé, en 1809, de l’administration de la Roër, province conquise sur les Allemands, il se fit apprécier à tel point qu’en 1814, la jeunesse de la région s’arma spontanément pour la défendre, quand, au retour des alliés, sa vie fut mise en péril. M. de Montalivet, l’un des ministres de l’intérieur dont la mémoire est le plus justement appréciée, désignait cet habile administrateur comme modèle à tous les préfets de France.

En 1815, il organisa, avec le général Gérard, la résistance de Metz et des villes fortifiées de la région. À ce propos, Bégin, dans sa Biographie de la Moselle rappelle que le roi Louis XVIII disait de M. de Ladoucette : « Il nous a conservé les places fortes de la Moselle ».

Retiré de la vie publique de 1815 à 1834, il consacra son temps à l’agriculture et aux belles-lettres. On a de lui de nombreux ouvrages littéraires, fables, traductions, nouvelles, travaux historiques plusieurs fois réédités, et couronnés par différentes Académies.

Appelé à la Chambre en 1834, il y siégea jusqu’à sa mort, en 1848, et prit une part des plus grandes aux travaux législatifs. Plus d’une fois, le Parlement l’écouta, de préférence aux rapporteurs des projets de loi. Il présida des commissions importantes parmi lesquelles nous indiquerons seulement, celle qui eut l’honneur de préparer la loi de 1837, à laquelle nous devons tout notre système d’organisation municipale.

Le baron François-Dominique-Eugène de Ladoucette, dont nous relatons la belle vie dans cette notice, fut d’abord auditeur au Conseil d’État. Sous-préfet de Vouziers, en 1833, il administra ensuite l’importante circonscription de Saint-Étienne, où ses connaissances juridiques, ses rares aptitudes de conciliation et l’autorité avec laquelle ses instructions étaient données rendirent de signalés services. Il rétablit la concorde dans les ateliers et les mines où se préparait la révolte contre le capital, créa des sociétés de bienfaisance et de secours mutuels, et inaugura le premier chemin de fer établi en France.

En 1846, ses amis des Ardennes le rappelèrent auprès d’eux, en le priant d’être leur candidat pour les élections législatives. À cette époque, son père se trouvait encore au Parlement, et son frère, maître des requêtes au Conseil d’État allait, bientôt après, se faire remarquer à la Chambre, par ses travaux sur le Code rural. M. Eugène de Ladoucette fut, quatre fois de suite, l’élu d’un collège comprenant les arrondissements de Vouziers et de Rethel, et deux cantons de Sedan. Sa popularité était telle, qu’en 1869, il obtenait 20.000 suffrages, tandis que son concurrent, M. Jules Simon, réunissait à peine 1.000 voix. À la Chambre et dans les commissions, ce député modèle se fit remarquer par son activité, son savoir, sa haute compétence administrative. Il fut réélu une cinquième fois en 1876.

Les services qu’il a rendus dans son département sont immenses, et le nom de cet homme, de rare mérite, est resté attaché à tout ce qui s’est fait de grand et de bien pendant trente années dans les Ardennes. On lui doit la création de sociétés agricoles importantes, entre autres du Comice de Vouziers, la construction de bâtiments communaux, d’écoles, de routes, de chemins, de canaux, etc.

Mais l’œuvre principale qui fera toujours vivre sa mémoire dans la Marne et les Ardennes est, assurément, le chemin de fer de Reims à Givet et de Mézières à Metz, dont il fut le créateur, ainsi que MM. Riché et Werlé, ses collègues à la Chambre. Après avoir, au prix d’innombrables démarches, obtenu la concession de cette grande voie ferrée, malgré l’opposition du ministère et de la Compagnie du Nord, M. de Ladoucette et ses collaborateurs durent engager dans l’œuvre une large part de leur fortune et se porter garants de sommes dont la perte aurait fortement réduit leur patrimoine.

Enfin, à peine la loi sur les chemins de fer d’intérêt local fut-elle adoptée, en 1866, que, sous sa présidence, le conseil général vota un crédit de plusieurs millions pour la création de lignes adjacentes à la grande voie des Ardennes, c’est-à-dire d’Amagne à Challerange, de Raucourt à Sedan, de Carignan à Messempré, de Vrigne-Meuse à Vrigne-aux-Bois, de Monthermé à Laval-Dieu, etc. L’œuvre des chemins de fer des Ardennes recevait, ainsi, son couronnement.

Ayant quitté les affaires publiques en 1877, après avoir vu son fils continuer, à la Chambre, la tradition de ses souvenirs, M. de Ladoucette n’en resta pas moins le confident éclairé, l’appui des habitants des Ardennes, de la Lorraine et de l’Aisne, avec lesquels il était constamment en rapport. On le trouvait toujours au travail, aimant à rendre service, et se partageant entre ses enfants qu’il adorait, et les œuvres utiles auxquelles il consacrait les loisirs de sa retraite. Il recevait les visiteurs près d’une table chargée de livres et de dossiers, les tenant sous le charme de son élégante parole. Quand on l’avait approché, on se détachait difficilement de lui, tant l’attrait de son entretien était puissant. Il était d’une bienveillance rare, et sa persévérance était si grande qu’une œuvre entreprise par lui ne restait point inachevée. Aucune des questions de la vie publique ne lui était étrangère ; c’était un administrateur remarquable, un agriculteur d’élite, un forestier et un constructeur d’une réelle science.

À la veille de sa mort, il travailla longtemps encore, écrivant à de nombreux amis. Peu d’heures après, il tombait comme un chêne, sans avoir eu un jour de défaillance, laissant une place impérissable dans le souvenir de tous.

Dès que le deuil cruel de sa famille fut connu, les journaux de Paris et de la région de l’Est, sans distinction d’opinion, vinrent spontanément, offrir un hommage d’admiration et de regret à la mémoire de cet homme, dont la vie fut tout entière consacrée au travail et à la patrie, et qui resta, sans cesse, avec autant d’indépendance que d’énergie le ferme soutien du parti conservateur.

Ses obsèques, célébrées le 4 octobre 1887, ont été des plus imposantes. Plus de deux mille personnes étaient venues jeter de l’eau bénite sur le catafalque dressé dans la grande salle du château de Viels-Maisons (prés Château-Thierry), transformée tout à fait en chapelle ardente. Des présidents de tribunaux, de Comices, des conseillers généraux, une députation des officiers supérieurs du 6e cuirassiers, dont M. le comte de la Rochethulon, gendre de M. de Ladoucette, est le colonel, des délégations de notables des Ardennes, des conseillers municipaux de Meurthe-et-Moselle marchaient en tête du cortège, portant d’immenses couronnes. À l’église, entièrement tendue de draperies noires lamées d’argent, M. l’abbé Bouché, chanoine de Reims, archiprêtre de Vouziers, a fait, avec une remarquable éloquence, l’éloge du défunt. Enfin, au moment des suprêmes adieux, cinq discours ont été prononcés : les premiers par le représentant de la municipalité de Viels-Maisons, et M. G. Berryer, au nom des amis de la famille ; les autres par le doyen de la délégation ardennaise, par M. le comte de la Rochethulon et M. La Chambre, ancien collègue de M. de Ladoucette au Parlement.

Nous terminerons cette notice en reproduisant ce qu’écrivait de M. le baron Eugène de Ladoucette, la veille de ses funérailles, un jurisconsulte éminent, ancien président au Conseil d’État, qui le connaissait et l’estimait depuis quarante ans : « C’était un homme de bien, un bon citoyen d’une intelligence rare, d’une grande expérience administrative et politique, d’une aménité et d’une bienveillance exquises. Je m’honorais de son amitié, et les regrets qu’il laisse sont de ceux qui ne s’oublient jamais » (Extrait d’une notice biographique de M. G. Berryer).

Nous apprenons qu’à la demande d’un groupe de notables des Ardennes, un service solennel a été célébré à Vouziers, au milieu d’une immense assistance, à la mémoire de M. de Ladoucette dont la région qu’il a longtemps représentée à la Chambre gardera religieusement le souvenir.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

LAFERRIÈRE (Joseph Frédéric Émile).

Ancien élève de l’école normale, professeur agrégé de l’Université, est mort à Château-Thierry, le 9 mai 1903, à l’âge de 72 ans. Il était né à Paris le 27 mai 1831.

Son mariage l’avait allié à une honorable famille de Château-Thierry et il s’était retiré dans cette ville après sa mise à la retraite.

Il avait professé successivement la rhétorique aux 1ycées de Chartres, Bourg (Ain), Auch et Vendôme. C’était un fin lettré, très modeste, d’une politesse et d’une urbanité rares. Il vivait à l’écart, absorbé par les soins qu’exigeait une santé délicate. Tous ceux qui avaient l’occasion de l’approcher, de gagner sa confiance, le quittaient charmés, et regrettaient que son extrême discrétion se prêtât peu à des relations plus fréquentes.

Il était membre de la Société archéologique de Château-Thierry, et officier d’académie.

Émile Laferrière était le frère de Mgr Laferrière, décédé, il y a quelques années, évêque de Constantine, du lieutenant-colonel en retraite Édouard Laferrière, et cousin de feu Laferrière, ancien vice-président du Conseil d’État, ancien gouverneur de l’Algérie. Il laisse un fils, Henri Laferrière, capitaine-commandant au 7e dragons en garnison à Belfort.

F. H.

Source : AMB 1904.

LAFONTAINE, voir CLAUDE-LAFONTAINE.

LAFOUGE (le général de division Anne Émile Hercule).

Né à Toulon-sur-Arroux (Saône-et-Loire) le 1er mars 1831, décédé à Paris le 1er février l899, exerçait à Châlons le commandement de 1a 3e division de cavalerie, lorsque l’heure de la retraite sonna pour lui.

Élève de l’École polytechnique, puis de l’École d’État-major, il eut un avancement rapide ; lieutenant en 1853, capitaine en 1855, chef d’escadron pendant le siège de Metz en 1870, lieutenant-colonel en 1875, général de brigade en 1885, il fut nommé général de division en 1890.

Il était bien connu à Châlons, où il servit depuis le modeste grade d’officier stagiaire d’état-major jusqu’aux plus élevés, dans l’intervalle de ses nombreuses campagnes d’Afrique, de Crimée, d’Italie et celle de 1870-71.

L’armée perd en lui un de ses chefs les plus énergiques ; ses qualités peuvent se résumer dans les mots abnégation et patriotisme. Il était en effet l’un de ceux sur lesquels on pouvait compter à l’heure du danger. Aussi la croix de grand-officier brillait-elle sur la poitrine de ce vaillant soldat qu’une assistance considérable conduisait au cimetière de Châlons le 4 février 1899, après la cérémonie religieuse célébrée en l’église cathédrale.

M. le général Lafouge s’occupait aussi d’astronomie : on lui doit un ouvrage sur la « Formation du système solaire », qui attira, lors de sa publication à Châlons, l’attention du monde savant.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LAGACHE (Louis Lysandre).

Ancien directeur d’école primaire, né à Reuil (Marne), le 4 décembre 1838, décédé à Reims le 5 novembre 1899, était un des membres les plus dévoués du corps enseignant de nos écoles communales. Il avait pris sa retraite il y a quelques temps.

M. Lagache était officier de l’Instruction publique.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

LAGNIER (Abbé Louis Constant).

Prêtre en retraite à Crépy-en-Laonnois, est décédé le 14 janvier 1890.

Né à Fourdrain le 28 avril 1803 et ordonné prêtre à Soissons le 16 juin 1832, M. Lagnier fut d’abord vicaire de Marle et en même temps curé de Voyenne. Nommé l’année suivante curé de Morgny-en-Thiérache, il passa, en 1838, à Chaourse, où il resta 25 ans ; en 1863, il fut de nouveau curé de Morgny-en-Thiérache qu’il desservit dix-huit années encore. Il avait pris sa retraite à Crépy-en-Laonnois, depuis 1881.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

LAGRELETTE (Philippe Auguste).

Né à Châlons-sur-Marne le 22 février 1844, fit ses études au collège de sa ville natale. À la fin de sa rhétorique, il subit presque coup sur coup, et avec un égal succès, les examens du baccalauréat ès lettres et du baccalauréat ès sciences.

Élève de la faculté de Paris, il obtint dans le concours pour l’externat le numéro 3 sur 202 concurrents et entra à l’Hôtel-Dieu avec la médaille des hôpitaux. Reçu la même année élève de l’École pratique, il fut distingué par le docteur Mennerel qui lui confia la rédaction primitive de sa clinique. Deux ans plus tard, il abordait le concours pour l’internat et soutenait, le 5 août 1869, une thèse qui lui valut une nouvelle médaille et le titre de lauréat de la faculté de Paris. L’établissement hydrothérapique d’Auteuil se l’adjoignit comme médecin.

Membre de la société de médecine pratique, de la société d’hydrologie et de celle d’anthropologie de Paris, Lagrelette qui visitait la Bretagne en touriste lors de la déclaration de guerre, revint aussitôt à Paris pour offrir ses services au gouvernement.

Resté sans réponse, il entre dans la société internationale de Genève et part de Châlons, qu’il ne devait plus revoir, avec six autres jeunes gens. Le 19 août Lagrelette et ses amis soignent les blessés français qui, depuis le 14, jour de la bataille de Gravelotte, n’avaient encore reçu ni vivres ni secours. Séparé de ses compagnons, Lagrelette entra comme chirurgien-major dans les francs-tireurs du Haut-Rhin, colonel Keller, où ses nouveaux camarades l’élurent capitaine par acclamation. Le 16 janvier 1871, il occupait la petite côte qui sépare Byans de Saint-Valbert (Haute-Saône), les Allemands se trouvaient massés à Héricourt en lignes compactes. Malgré infériorité du nombre, les phalanges républicaines engagèrent le combat avec un tel acharnement que les combattants n’étaient pas à plus de cent mètres. C’est au moment où le capitaine secourait un blessé qu’il fut frappé d’une balle à la tête. Il tomba serrant la main de celui qu’il venait relever.

Les soldats français firent des efforts inouïs pour arracher à l’ennemi le corps de leur capitaine ; mais comme toujours le courage individuel échoua contre la force du nombre. En quelques minutes, ils avaient perdus le quart de leur effectif ; et force leur fut de céder le terrain en abandonnant leurs morts.

On a de Lagrelette :

De la sciatique, étude historique, sémiologique et thérapeutique, Paris, Martinet, 1869, in-8° de 35 pages.

Source : AMB 1872.

LAGRIVE (Remi Joseph Charles).

Capitaine en retraite, chevalier de la Légion d’honneur, membre du conseil municipal, conseiller général, né à Reims le 6 mars 1814, décédé en cette ville le 27 avril 1891.

Simple ouvrier fileur, il partit pour son sort en 1834, il parvint par son travail et sa conduite au grade de capitaine d’artillerie et fut fait chevalier de la Légion d’honneur. Il venait de prendre sa retraite lorsque la guerre de 1870 éclata. Il s’empressa d’offrir de nouveau ses services et prit part à la guerre comme lieutenant-colonel d’artillerie de la mobile.

Devenu très populaire, surtout dans le quartier Saint-Remi où il était né, il fut élu pour la première fois en 1874, conseiller municipal et depuis il avait toujours vu se renouveler son mandat. En 1878, il était élu adjoint par ses collègues.

En 1882, il remplaça au Conseil général M. Courmeaux élu député qui avait résilié son mandat, et fut réélu en 1886 et en 1889, lors de la nouvelle division de Reims en quatre cantons.

M. Lagrive, sorti du peuple, sut s’élever au-dessus de sa condition ; mais, revenant dans son pays natal, il n’oublia point son origine, et ses concitoyens lui en furent reconnaissants.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

LAJOYE (Raoul Remy).

Né à Reims le 15 décembre 1785, décédé le 7 février 1871.

M. Lajoye entra au service le 27 septembre 1806, fit les campagnes de Prusse et de Pologne, celles d’Autriche et d’Espagne, où il fut blessé. Il conquit au service la croix de chevalier de la Légion d’honneur. En 1815, il fit volontairement la campagne de France avec le grade de sergent-major. Lors de l’organisation des gardes nationales, il fut choisi comme porte-étendard de la Garde nationale de Reims.

Source : AMB 1872.

LALART (Édouard).

Originaire du Nord, imprimeur à Soissons, directeur du Progrès de l’Aisne, mort à l’âge de 37 ans, regretté de tous ceux qui s’étaient trouvés en relation avec lui. Caractère aimable, esprit plein de charmes, cœur excellent, qualités précieuses, mais qui n’ont pu lutter contre la maladie et les chagrins qui le minaient depuis plusieurs années. Mort à Soissons le 9 février 1873.

Source : AMB 1874.

LALLEMAND (Général Orphis Léon).

Grand’croix de la Légion d’honneur, né à Éteignières (Ardennes) le 27 septembre 1817, décédé au même lieu le 20 décembre 1893.

C’était une des personnalités militaires les plus en vue de notre région. Il laissera d’unanimes regrets parmi tous ceux qui l’ont connu.

Le général Lallemand a commandé le 11e corps d’armée à Nantes, le 15e à Marseille et le 1er à Lille.

Il a été également président du comité d’état-major et inspecteur de l’école de guerre.

Il a eu jadis pour officiers d’ordonnance les généraux Leplus et Jamont.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

LALLEMENT (Colonel Jean-Baptiste).

Né à Carignan (Ardennes) le 7 novembre 1815, décédé à Monchy-le-Preux (Pas-de-Calais) le 20 janvier 1894, où avant d’avoir sa retraite i1 avait été attaché à l’état-major du génie, après avoir commandé le 3e régiment de cette arme, il était officier de la Légion d’honneur. Tous les officiers de la garnison assistèrent à ses obsèques ainsi que toutes les notabilités civiles.

Sur le désir exprimé par lui avant sa mort, aucun discours ne fut prononcé sur sa tombe.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

LALLEMENT (Nicolas).

Chef d’escadron en retraite, né à Chaumuzy (Marne), le 4 septembre 1825, décédé à Reims, le 10 décembre 1897, dans sa 73e année.

Après la cérémonie des obsèques, le corps a été transporté à Tinqueux.

M. Mitouart, ami de la famille, a prononcé quelques paroles d’adieu, tout en rappelant ses états de services.

Appelé par le sort au service militaire en 1846, il fut incorporé au train des équipages et conquit rapidement les premiers grades de la hiérarchie. Nommé sous-lieutenant en 1855, et lieutenant en 1859, il fut promu capitaine en 1867 et chef d’escadron en 1877. Dans cet intervalle, il fit campagne en Afrique et au Mexique, ainsi que contre l’Allemagne et la Commune. Nommé chevalier de la Légion d’honneur en 1865, il reçut 1a rosette d’officier le 18 janvier 1881.

Source : AMB 1899.

LALLEMENT-LABRUSSE (Pierre Auguste).

Ancien magistrat, maire de Menneville (Aisne), né à Charleville (Ardennes), le 24 avril 1830, moi t à Menneville, le 25 juillet 1902.

Éminent magistrat, chrétien d’élite, M. Lallement-Labrusse était entré, après de brillantes études, dans la magistrature et fut successivement substitut à Rethel, à Metz et à Sarreguemines. C’est là qu’il se trouvait quand la guerre éclata. « Patriote ardent, a-t-on raconté sur sa tombe, il accepta la mission périlleuse de porter un message à la citadelle de Sedan. Grâce à lui, deux corps d’armée purent opérer leur jonction et un nouveau désastre fut évité. Après un tel exploit, sa tête fut mise à prix et il dut s’expatrier. La paix rétablie, ce fut par un siège de procureur à Verdun que la République reconnut ses services. Une autre épreuve l’attendait dans laquelle son caractère se révéla d’une façon non moins héroïque. Il préféra briser une carrière aimée plutôt que de se plier à des ordres que sa conscience réprouvait... Ce qui domine et explique la belle unité de sa vie, c’est sa foi chrétienne aussi publique que sincère. M. Lallement était chrétien tout d’une pièce. L’esprit du jour, la crainte de l’opinion ne paralysèrent jamais la pratique de ses devoirs religieux. Bien plus, ne commandait-il pas l’admiration lorsque, chaque matin, on le voyait prendre le chemin de l’église ? »

X…

Source : AMB 1903.

LAMAIRESSE (Eugène).

Né à Châlons, ancien ingénieur des ponts et chaussées, chevalier de la Légion d’honneur, décédé à Marengo, près Orléansville (Algérie), le 7 avril 1898.

Né à Châlons, il était entré dans le corps des ponts et chaussées en 1811 Il fut employé d’abord dans le département de l’Ain ; puis il passa dans l’Inde française et parcourut les immenses régions de l’Hindoustan. Il fut ensuite nommé ingénieur en chef en Algérie, où il prit sa retraite.

Polyglotte et érudit, connaissant la plupart des langues de l’Europe, Eugène Lamairesse était peut-être le seul européen parlant l’arabe et le tamoul de l’Inde. On lui doit le don au Musée de Châlons, de la collection unique des dieux fétiches de l’Hindoustan et la publication des poésies du sud de l’Inde, des études sur le Bouddhisme, sans parler de ses travaux techniques d’ingénieur sur les étangs des Dombes, sur l’hydrologie du mont Jura, sur les irrigations de l’Inde.

Source : AMB 1899.

LAMARLE (Claude Frédéric).

Né à Metz le 16 mai 1828, décédé à Épernay le 12 décembre 1897, à l’âge de 68 ans, appartenait à une famille de soldats ; son père, chevalier de la Légion d’honneur, était un capitaine du premier Empire. Il était entré à la Compagnie de l’Est, où il exerçait les fonctions de dessinateur dans les bureaux de M. Delétang. Ayant pris sa retraite il y a une dizaine d’années, il se fixait à Épernay où il avait fondé une salle d’armes. Il fut appelé par M. Henri Gallice à la direction du cercle d’escrime d’Épernay. C’était, en effet, un distingué professeur d’escrime et de contre-pointes. Il avait obtenu plusieurs prix dans différents concours, et avait été le champion de France à la contre-pointe. Membre correspondant de l’Académie d’escrime de Paris, il avait tiré plusieurs fois avec le célèbre Pini, notamment à Charleville et à Dunkerque. À Épernay, où il ne comptait que des amis, sa mort a causé un grand vide dans les cercles sportifs.

Source : AMB 1898.

LAMART (abbé).

Professeur au Petit Séminaire de Reims, né à Any (Aisne) le 5 novembre 1859.

M. Georges Lamart fit ses études au Petit Séminaire de Charleville. Il passa deux ans à l’École des Carmes et obtint, en novembre 1884, le grade de licencié ès lettres ; puis fut professeur de quatrième au collège Notre-Dame de Rethel. En octobre 1885, il fut envoyé en qualité de professeur de troisième au Petit Séminaire de Reims. Les progrès rapides d’une maladie implacable ont enlevé prématurément ce jeune prêtre à l’affection du clergé. Il a succombé dans sa famille le 12 avril dernier ; les funérailles ont eu lieu à Any, le mardi 15 avril.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

LAMAZE (voir AMASE)

Lambert (le général Arsène Louis Marie).

Le général Lambert était connu de la France entière par son héroïque résistance de Bazeilles et lors de sa mort, le 10 janvier dernier, tous les organes de la presse retracèrent et sa biographie et les détails du fait d’armes illustré par Alphonse de Neuville. Nous ne ferons que rappeler la vie du soldat.

Né le 23 juin 1834 à Carhaix (Finistère), sorti de Saint-Cyr en 1856, il choisit l’infanterie de marine et conquit successivement le grade de lieutenant (1859), celui de capitaine en 1862 et de chef de bataillon en 1869. Attaché au début de la guerre comme sous-chef d’état-major à la division d’infanterie de marine du 12e corps d’armée que commandait le général de Vassoigne, il prit une part glorieuse à la lutte du 31 août et le lendemain, ayant été blessé au pied, il se trouvait réuni avec quelques braves dans cette maison connue depuis sous le nom des « Dernières cartouches ».

L’épisode a été narré maintes fois et en particulier dans notre « Almanach-Annuaire » de 1901, page 323.

Fait prisonnier, le général Lambert réussit à s’évader. De retour de sa captivité il prit part aux combats de la défense nationale, mais malgré ses brillants états le service, il ne devint lieutenant-colonel qu’en 1880. Colonel le 13 mars 1885, il fut promu au grade de général de brigade le 12 juillet 1890. Il ne devait pas conquérir le grade de divisionnaire. Admis au cadre de réserve, il reçut le cordon de grand-officier de la Légion d’honneur, le 22 juin 1896.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

LAMBERT (Désiré).

Professeur de fabrication des tissus, né à Beaumont-sur-Vesle le 6 février 1801, mort à Reims le 27 février 1875. Cet homme est un exemple remarquable de ce que peut faire une rare intelligence jointe à un travail opiniâtre.

Né dans une position modeste, ouvrier d’abord, il prit à cœur chez son père, fabricant, le goût de son métier. Dès l’âge de 16 ans, il s’occupait déjà de la fabrication des étoffes de nouveautés. Plus tard, il acquit des connaissances hors ligne qui le mirent en rapport avec les maisons les plus importantes de ce genre. C’était un homme de progrès dans toute l’acception du mot, et il tentait, toujours à son détriment, des procédés nouveaux. Plusieurs maisons importantes lui doivent la création d’articles inconnus dans le commerce, le renfermé, le duvet Jacquart, etc.

Il fut choisi par la Chambre de commerce de Reims, en 1851, comme délégué de la ville pour l’appréciation des tissus.

En 1858, quand la Société industrielle ouvrit des cours, Désiré Lambert fut chargé des cours de fabrication de tissus.

Parvenu à l’âge de 73 ans, il dut renoncer à son enseignement. En récompense de ses services, la Société des déchets et l’Union de fabricants de Reims s’empressèrent de lui assurer une pension suffisante qui le mit à l’abri du besoin. En 1874, la Ville de Reims lui décerna le prix Buirette. Après sa mort, ses anciens élèves ouvrirent une souscription pour lui élever un monument dans le cimetière du Sud.

Source : AMB 1876.

LAMBERT (Jean-Pierre).

Juge de paix du deuxième canton de la ville de Reims, né le 24 juin 1802 à Wogney (Vosges), décédé à Reims le mardi 5 septembre, à l’âge de 74 ans.

M. Lambert était juge de paix dans notre cité depuis 25 ans. En 1840, il débuta dans son pays natal, passa successivement juge de paix à Marines en 1846, à Écouen en 1851, où il resta à peine un an, car au mois de décembre de la même année, il fut nommé définitivement à Reims.

D’un caractère affable et doux, mais très énergique, il montra toujours beaucoup d’intégrité dans ses jugements, ce qui lui valut l’estime de ses concitoyens.

Ses décisions, quelquefois sévères, mais justes, avaient une grande autorité. Aussi les plaideurs et même la partie adverse emportaient-ils de lui sinon un sentiment d’affection, du moins la garantie de son équité.

Source : AMB 1877.

LAMBERT (Nicolas Joseph).

Vicaire général de S. Exc. Mgr l’Archevêque de Reims, né à Fumay le 21 septembre 1800, décédé à Reims le 19 février 1872.

Pendant cinquante ans, M. Lambert a donné sa vie et son dévouement au diocèse de Reims qui lui doit bien des améliorations.

Source : AMB 1873.

LAMBERT (Victor Joseph).

Propriétaire à Laon, ancien directeur du dépôt de mendicité de Montreuil-sous-Laon, ancien membre du conseil municipal, né à Chéry-lès-Pouilly le 24 novembre 1816, décédé à Saint-Marcel-sous-Laon le 26 août 1890.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

LAMBERT.

Juge de paix de Dammartin-sur-Yèvre (Marne), né à Saulces-Monclin (Ardennes), décédé à Givry-en-Argonne le 10 décembre 1869, après avoir, pendant vingt ans, rempli ses fonctions avec un remarquable esprit de conciliation.

Source : AMB 1871.

LAMBERTYE (Léonce, comte de).

Né le 14 février 1810, mort à Chaltrait (arrondissement d’Épernay) le 30 août 1877, botaniste horticulteur.

Issu d’une noble famille qui compta plusieurs grands officiers de l’ancienne cour des ducs de Lorraine, allié à ce qu’il y a de plus considérable en Champagne, M. de Lambertye aurait pu, à l’exemple de ses ancêtres, aspirer aux charges qui procurent les honneurs ; il préféra l’étude des sciences naturelles et de la botanique en particulier, dont il était l’un des maîtres les plus autorisés.

On a de lui plusieurs ouvrages sur cette science, entre autres : Description des plantes vasculaires du département de la Marne, avec une carte géologique et botanique ; Coup d’œil sur la botanique et la géologie de l’arrondissement de Sainte-Ménehould.

Les mémoires de la Société d’Agriculture de la Marne contiennent une infinité de travaux et de rapports faits par lui.

Il lui arriva souvent de descendre des hauteurs de la science théorique pour vulgariser autour de lui l’horticulture, la viticulture et la taille des arbres fruitiers, soit par des écrits, soit en fondant ou en encourageant de nombreuses sociétés d’horticulture, notamment celle d’Épernay, dont il était le président.

Il était l’âme et le bras de toutes les expositions et de tous les concours.

S’il écrivit pour les amateurs de riches serres et de culture de luxe, il laissa aussi une foule de petits traités de jardinage pratique et détaillé pour les habitants des campagnes, où il leur démontre qu’un peu de soin et de travail à temps perdu fait de leurs petits jardins ordinairement si négligés leur propriété la plus productive.

M. de Lambertye pouvait être un homme important dans la politique ou l’administration, il se contenta d’être un homme utile aux populations rurales, et à ce titre il a bien mérité de notre pays.

Source : AMB 1878.

LAMBIN (Émile).

Né le 14 septembre 1839, à Vivières, dans le canton de Villers-Cotterêts (Aisne), décédé à Soissons, le mercredi 29 septembre 1897, âgé de 58 ans, officier du Mérite agricole et de l’Instruction publique, professeur de la Société d’horticulture et de petite culture de Soissons, professeur d’agriculture à l’École normale d’instituteurs de l’Aisne, au Lycée de Laon, au Collège de Soissons ; membre du jury aux expositions horticoles de Rouen, Épernay, Paris, etc.

Émile Lambin n’avait reçu, à ses débuts, d’autre instruction que celle de l’école primaire de son village. C’est par un travail assidu, aidé par une intelligence vive et ouverte, qu’il a su accroître jusqu’au dernier jour l’ensemble de ses connaissances.

Poussé de bonne heure par un goût inné pour l’horticulture, il eut l’heureuse fortune d’être admis, comme élève, au jardin impérial de Versailles, où, sous la direction de maîtres éminents, il se fit remarquer parmi les mieux doués et les plus laborieux de ses camarades. Aussi fut-il, dès sa sortie, placé comme jardinier en chef du domaine de Vallery (Yonne). C’est là que la Commission administrative de la Société d’horticulture de Soissons alla le chercher, pour lui confier la direction du Jardin-École, alors en création, et la mission de conférences horticoles tant à la section centrale de Soissons que dans les sections cantonales. Installé à Soissons, il y a en quelque sorte inauguré un apostolat qui a duré 28 ans et dont l’effet s’est fait sentir, non seulement dans l’arrondissement de Soissons, mais dans tout le département de l’Aisne et dans une partie de la Marne. M. Lambin était né conférencier. Il savait attirer et fixer l’attention de son public, et lui rendre clairs et intelligibles les sujets les plus sérieux et les détails en apparence les plus arides. Il avait de plus le mérite assez rare d’être aussi habile praticien que savant théoricien, et nul architecte paysagiste ne s’entendait mieux que lui à ces charmantes combinaisons qui embellissent les jardins et les parcs. Quant aux résultats pratiques, on peut dire qu’il a largement contribué à la prospérité du Soissonnais par les progrès qui, sous son inspiration, y ont été réalisés dans la culture maraîchère et fruitière.

Enfin son œuvre de prédilection, la grande passion de sa vie, c’est ce magnifique jardin de la Société, qui est l’un des attraits et l’une des gloires de la ville de Soissons.

Malheureusement les fatigues multipliées qu’il s’imposait, surtout pour ses cours et conférences, avaient progressivement altéré sa santé. Terrassé par un mal impitoyable, il a vu venir la mort avec un courage stoïque et une résignation chrétienne.

La Société d’horticulture lui a fait de magnifiques obsèques. Le deuil était conduit par les fils du défunt, par le Président, les Vice-Présidents et les membres de la commission administrative de la Société d’horticulture. Les coins du drap mortuaire étaient tenus par MM. Firino, député de l’Aisne ; Charbonniez, principal du Collège ; L’Hermite, propriétaire à Coucy-le-Château ; Deshayes, horticulteur à Soissons ; Moreaux, jardinier-chef du château d’Écuiry et Charles Wattieaux, chevalier du Mérite agricole, premier vice-président de la Société d’horticulture.

Au cimetière, après les dernières prières, plusieurs discours ont été prononcés.

Source : AMB 1898.

LAMORELLE (général Alexis Philippe).

Né à Perpignan (Pyrénées-Orientales) le 26 août 1834, décédé à Saint-Quentin le 4 juin 1895, où il commandait la 8e brigade d’infanterie (4e division militaire). – Il était officier de la Légion d’honneur.

Entré à Saint-Cyr en 1852, à 18 ans, il fut envoyé, à sa sortie de l’École, en Algérie, où il fit ses premières armes avec toute l’ardeur de la jeunesse. En 1870, bannissant de son âme virile les découragements de la défaite, il sut, au contraire, communiquer à ses hommes une énergie exaltée par les difficultés, au point de jeter une lueur de gloire au milieu des plus sombres revers de cette lutte désespérée. Comme commandant du 14e chasseurs à Chambéry, colonel du 14e de ligne à Brives, et dans tous les postes qu’il occupa, notamment à la tête de la 8e brigade à Saint-Quentin, il se montra à la hauteur de toutes les tâches, faisant preuve d’une grande netteté de vues, de beaucoup d’initiative et d’autorité. Dans sa brigade, nous pouvons dire qu’il fut estimé, aimé, pleuré.

Il avait épousé la veuve de M. Léon Bley, l’un des fondateurs et associés de la maison Théophile Roederer, de Reims.

On lui fit à Saint-Quentin de magnifiques obsèques, auxquelles assistèrent tous les officiers supérieurs du 2e corps d’armée. M. le général Riff, commandant de la quatrième division militaire, prononça son éloge funèbre et le montra « aimé de ses subordonnés, modèle de l’officier accompli, exemple de l’esprit de devoir, de l’esprit d’abnégation, de l’esprit militaire dans toute sa perfection ».

La cérémonie religieuse fut célébrée à la basilique de Saint-Quentin par Mgr Mathieu, curé-archiprêtre. Le corps fut ensuite transporté à Paris pour y reposer dans la sépulture familiale du Cimetière Montparnasse.

Source : AMB 1896.

LAMORLETTE (née Anne Charlottee MONCHOT).

Décédée à Reims le 24 juillet 1900, mère de M. l’abbé Lamorlette, chanoine titulaire de l’église métropolitaine de cette ville était centenaire. Elle avait vu le jour à Vouziers (Ardennes), le 25 mars 1801 et s’était alliée à un officier plein de bravoure devenu le colonel Lamorlette, lui-même fils de soldat.

L’époux de cette vénérable femme, Pierre-Antoine-Joseph Lamorlette avait été fait chevalier de la Légion d’honneur à 21 ans, le 23 avril 1809, et l’Empereur l’avait nommé chevalier d’Empire pour avoir, avec 25 voltigeurs de sa compagnie, fait prisonnier dans un cimetière 250 grenadiers hongrois. Lieutenant aide de camp à l’État-major de la 13e division de cuirassiers le 18 août 1809, et à l’État-major du maréchal duc de Dalmatie le 26 septembre 1810, capitaine le 8 février 1811, puis chef de bataillon, il se distingua en maintes occasions notamment au col de Maya où il eut un cheval tué sous lui, à la prise de la redoute de Sainte-Barbe, près de Bayonne, à l’affaire de Lambège et Conchet, où il tua un officier anglais.

Rentré dans la vie civile en 1815, il dirigea pendant plusieurs années les forges Gendarme, à la Cassine.

Sollicité par le maréchal Soult avec lequel il avait conservé quelques rapports, le commandant Lamorlette reprit du service et s’embarqua pour le Sénégal où il remplit les fonctions de gouverneur. C’est là que la mort vint le ravir le 6 septembre 1830, à sa digne épouse qui succombait à son tour l’an dernier, entourée des soins de son fils.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

LAMORLETTE (Messire Pierre Édouard).

Du Chapitre Métropolitain, ancien curé de Saint-Maurice, né à Olizy (Meuse), le 22 octobre 1826.

Ordonné prêtre le 21 septembre 1850, M. l’abbé Lamorlette, fut nommé vicaire à Saint-Jacques et quatre ans plus tard vicaire à Notre-Dame. Il y resta jusqu’en 1862 et à cette date Mgr Gousset, prévoyant de quelle utilité pouvait être le jeune prêtre dans certaine circonstance difficile, le nomma administrateur de la paroisse d’Asfeld, que des malentendus avaient divisée. Peu de temps après, il devenait titulaire de la cure. Là, tout en ramenant, grâce à sa prudence, le calme dans les esprits, il restaura l’église du village, l’une des plus originales du diocèse.

Pendant dix ans, M. l’abbé Lamorlette y exerça son ministère et c’est en 1872 qu’il vint prendre possession de la cure de Saint-Maurice, où il devait rester presque jusqu’à sa mort.

Les talents qu’il avait révélés à Asfeld dans l’embellissement de l’église, il les mit en œuvre dans sa nouvelle paroisse. Sous son active direction le sanctuaire s’enrichit de verrières, de grilles en fer forgé, d’orgues, et c’est encore grâce à lui que le presbytère put être reconstruit.

La mission du prêtre se retrouvait dans les fréquentes visites aux pauvres, aux malades, dans les œuvres de charité ; ce fut avec peine que la population vit l’estimable pasteur donner sa démission de curé de Saint-Maurice. Monseigneur le cardinal Langénieux récompensa ses services en lui offrant une stalle au Chapitre Métropolitain. Dès lors les dernières années de sa vie s’écoulèrent dans les fonctions canoniales et aussi dans celles de chapelain de la Chapelle de la Mission.

Peu à peu sa santé s’altéra, ses forces déclinèrent et l’issue fatale tant redoutée arriva le 22 juin dernier. M. le chanoine Lamorlette était âgé de 77 ans.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

LAMY (Général Constant).

Commandeur de la Légion d’honneur, né à Éteignières (Ardennes) le 1er janvier 1826, décédé à Cannes le 19 novembre 1893, et inhumé à Valenciennes.

M. Sautteau, maire de cette ville, a rendu hommage à la mémoire du général Lamy dans un chaleureux discours prononcé sur sa tombe, où il énumère les étapes glorieuses du soldat qui commencent en Afrique, se continuent en Crimée, en Italie, au Mexique et pendant la guerre de 1870. « Dans chacune de ces campagnes, M. Lamy a versé son sang ; dans chacune d’elles, il a conquis un grade ». Il fait valoir les bonnes relations du défunt avec l’administration et la population de Valenciennes, pendant les cinq années qu’il commanda dans cette ville le 27e de ligne et l’ovation qui lui fut faite par tous les citoyens lorsqu’il fut promu général de brigade.

Voici ses états de services :

Le général Lamy était sorti des rangs; entré au service le 7 avril 1847, caporal le 4 janvier 1850, sergent le 9 novembre 1851, il avait été promu sous-lieutenant le 17 février 1855, lieutenant le 13 octobre 1856, capitaine le 24 mai 1859, chef de bataillon le 3 août 1869, lieutenant-colonel le 29 décembre 1874, colonel le 3 mai 1879, général de brigade le 9 octobre 1887. Il avait été admis à la retraite le 9 octobre 1887.

Le général Lamy était commandeur de la Légion d’honneur depuis le 5 juillet 1887.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

LANCEREAU (Édouard).

Né à Sedan le 27 juin 1819, mort à Lisieux le 25 décembre 1895, avait été professeur au Lycée Charlemagne. Épris de l’étude des langues, il devint un orientaliste distingué et publia les meilleures traductions d’ouvrages hindous et sanscrits, traductions qui sont des modèles de probité littéraire et de méticuleuse étude.

Source : AMB 1897.

LANDOUZY (Hector).

M. le docteur Panis a résumé ainsi la vie et les travaux de son illustre confrère Landouzy :

Messieurs,

La mort de M. Landouzy est pour l’École de Médecine de Reims un deuil immense : chargé par mes collègues d’exprimer sur la tombe de notre illustre confrère notre douleur et nos regrets, je croirais manquer à mon devoir, au devoir de la reconnaissance, si je reculais devant cette tâche douloureuse.

Cependant, mon intention n’est pas de faire ici un discours : en présence de cette fosse encore entrouverte, mille pensées m’oppressent et enchaînent ma parole.

Permettez-moi seulement, messieurs, d’esquisser en quelques mots la vie si remplie de M. Landouzy, et de rendre ainsi hommage à son activité et à sa rare intelligence.

Marc Hector Landouzy est né à Épernay le 6 janvier 1812 ; après de brillantes études au Lycée de Reims, il entra dans la carrière médicale.

Interne des hôpitaux de Paris, il fit déjà pressentir ce qu’il devait être un jour, en publiant un traité sur la Varicocèle, qui dut à son mérite d’être traduit en plusieurs langues.

À la même époque, un travail sur la grippe, qui sévissait alors d’une manière épidémique à Paris, lui valut l’honneur du prix Montyon.

Reçu docteur à l’âge de 27 ans, M. Landouzy vint à Reims, où, dès 1839, il fut appelé à la chaire de pathologie externe.

L’année suivante, l’Académie royale de médecine l’admettait au nombre de ses membres correspondants.

En 1841, le typhus, qui régna avec violence dans les prisons de Reims, fournit à M. Landouzy l’occasion de se faire de nouveau remarquer par un travail qui fut couronné de la Faculté pour le prix Montyon.

Son activité ne se lassait pas : auteur déjà de plusieurs ouvrages sur la Pneumonie épidémique, sur l’Hémiplégie faciale chez les nouveaux-nés, M. Landouzy publiait successivement son célèbre traité de l’Hystérie, ses travaux sur les Paralysies hystériques, sur l’exaltation de l’ouïe dans la paralysie du nerf facial, sur l’Amaurose albuminurique, sur la respiration tubaire dans la Pleurésie, et enfin, dans ces derniers temps, sur le Diabète et sur la Pélagre sporadique, pour l’étude de laquelle il entreprit des voyages dans le midi de la France, en Italie et en Espagne.

Ces travaux couronnés, pour la plupart, par la Faculté, l’Académie royale de médecine et l’Institut de France, avaient depuis longtemps attiré sur lui l’attention de M. le Ministre ; et dès 1850, il avait été nommé chevalier de la Légion d’honneur.

Je laisse à d’autres, messieurs, le soin de dire comment, grâce à ses connaissances profondes et variées, il devint médecin des épidémies, président de l’Académie impériale de Reims, et enfin président de l’Association médicale de la Marne.

Pour moi, parlant au nom de l’École de médecine, je dois plutôt vous le montrer dans les diverses fonctions qu’il y a remplies, toujours avec tant de zèle et tant de distinction, et vous redire les nombreux services qu’il lui a rendus.

Nommé, en 1847, professeur d’anatomie et de physiologie, il devint, en 1851, professeur de clinique interne. Je n’ai pas besoin de vous dire, messieurs, quelle science il déployait dans ses cours, et comme sa parole vive et distinguée savait frapper et captiver ses jeunes auditeurs.

Mais un nouvel avenir se préparait pour l’École secondaire de médecine de Reims : en 1853, elle fut transformée en École préparatoire de médecine et de pharmacie, et M. le Ministre choisit M. Landouzy pour en être le directeur.

Dès lors, il concentre toute son activité sur l’organisation de la nouvelle école confiée à ses soins ; on le voit infatigable, faire appel à la générosité de ses concitoyens et, aidé du concours de ses collègues, fonder successivement, malgré le peu de ressources dont il pouvait disposer, un musée, une bibliothèque, un jardin botanique, un laboratoire de chimie, et réunir enfin tous les éléments nécessaires aux études médicales.

Grâce à ses soins, grâce à ses instances, l’importance de l’École de médecine s’agrandit, et bientôt quatre départements furent ajoutés à sa première circonscription.

Aussi, messieurs, interprète de l’école de Reims, il y aurait ingratitude de ma part, si je n’adressais ici, à notre regretté directeur, l’expression publique de notre reconnaissance.

M. Loriquet, secrétaire de l’Académie, a prononcé ensuite, au nom de la savante société, quelques paroles bien senties que nous regretterions de ne pas faire connaître à nos lecteurs :

Messieurs, a dit M. Loriquet,

C’est avec un sentiment bien douloureux, que le représentant obligé de l’académie de Reims s’approche à son tour de cette tombe prématurément ouverte, pour offrir à notre regretté et très aimé collègue un dernier hommage et un dernier adieu.

J’ai recueilli comme vous, avec une sympathie profonde, les paroles qui viennent d’être prononcées au nom du corps médical, et particulièrement au nom de l’École de Médecine, que M. Landouzy a dirigée avec tant de distinction pendant ces dernières années. Il appartenait à ses collègues de rappeler combien fut laborieuse et prodigue d’elle-même l’existence du médecin, la confiance que ses lumières et son expérience lui avaient conquise, sa vive sollicitude pour tout ce qui tenait à l’enseignement de la médecine, et les travaux qui lui ont fait une place incontestée parmi les sommités de la science.

L’Académie, de son côté, ne peut oublier que M. Landouzy fut l’un de ses membres les plus assidus, et que plusieurs fois, comme secrétaire général et comme président, il a déployé, pour la diriger ou la représenter, les facultés éminentes qui le recommandaient. En le portant cette année encore à ces dernières fonctions, la compagnie aimait à reconnaître surtout que, parmi ses fondateurs, aucun n’apporta peut-être plus d’ardeur à sa formation, plus de zèle et de persévérance pour triompher des obstacles qui se présentèrent à son origine comme à celle de toute création qui ne paraît pas concourir directement au progrès matériel.

C’est ainsi, messieurs, que lui-même s’exprimait dans le compte-rendu de notre première année, qui est demeuré le modèle à suivre pour ses successeurs. Et depuis, il n’est pas une de nos réunions, pour ainsi dire, que n’ait fécondée son activité ou sa connaissance de toutes les choses de l’intelligence, en même temps qu’il les rendait aimables par l’aménité de son caractère et l’agrément plein de jeunesse de son esprit.

Maintenant, messieurs, que Dieu l’a rappelé à lui par un de ses coup qui nous surprennent alors même qu’ils sont attendus, il nous restera de lui, avec le souvenir de ses exemples et les observations nouvelles dont il a enrichi la science, l’espoir fondé que rien de tout cela ne sera perdu pour lui. Et puisque la séparation dont tant de muets témoins nous entourent en ce lieu ne doit pas être éternelle, pour qui le réveil sera-t-il glorieux si ce n’est pour ceux qui ont recherché le vrai avec le plus d’ardeur et fait sur cette terre le plus de bien qu’ils ont pu ?

Source : AMB 1865.

LANDOUZY (Mme), née Louise Zoé PIOCHE.

Veuve de Hector Landouzy, ancien directeur de l’École de médecine de Reims, et mère du docteur Landouzy fils, professeur à l’École de médecine à Paris, née à Reims le 21 février 1819, décédée à Paris, chez son fils, au mois de janvier 1894.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

LANDRIOT (Son Excellence Mgr Jean-François Anne Thomas).

Né le 9 janvier 1816 à Couches-les-Mines, non loin des forges gigantesques du Creusot, dans le département de Saône-et-Loire. Celui qui devait être le centième archevêque de Reims dormit en naissant dans le berceau le plus humble. Sont père était maréchal-ferrant. C’est donc à la classe ouvrière et laborieuse qu’appartient encore cette illustration de l’Église de Reims : c’est donc un fils de forgeron qui a succédé à l’immortel cardinal Gousset lui-même fils de laboureur.

Comme tous les enfants appelés à de hautes destinées, le jeune Thomas Landriot devança ses camarades à l’école du village et au séminaire d’Autun. Il n’a jamais connu qu’un rival, et ce rival que l’Église dut s’attacher aussi brille aujourd’hui d’un vif éclat, à Rome, dans le Sacré Collège. Nous avons nommé le cardinal Pitra, le célèbre abbé de la célèbre abbaye de Solesme. Le jeune Landriot n’avait pas encore terminé ses études lorsqu’il vint visiter, avec une nombreuse société de géologues, les terrains si curieux des Ardennes ; il ne soupçonnait guère alors qu’il devait parcourir un jour ce magnifique pays, non plus avec la pioche, mais avec la crosse et la mitre.

À peine ordonné, l’abbé Landriot attira l’attention de ses supérieurs qui lui confièrent le soin d’instruire et de former les lévites. Il ne tarda pas à entrer dans les conseils de son évêque et à prendre part à l’administration du diocèse d’Autun. Il était chanoine de l’église cathédrale de cette ville lorsqu’il fut nommé à l’évêché de La Rochelle le 7 avril 1856. Il occupa ce siège jusqu’au 30 décembre 1866, date de sa promotion à l’archevêché de Reims. Hélas ! son règne fut de trop courte durée ; Monseigneur Landriot fut enlevé à l’affection de ses diocésains le 8 juin 1874, sept ans et un mois, jour pour jour, à partir de la date de son installation ; il était officier de la Légion d’honneur et avait fait longtemps partie du Conseil supérieur de l’instruction publique. Sa vie épiscopale fut admirablement remplie, on peut dire que peu d’hommes travaillaient autant que Mgr Landriot, tout le temps que lui laissait l’administration de son archidiocèse, il le consacrait à l’étude, à chercher dans la lecture des auteurs sacrés et profanes, la matière des discours qu’il aimait à composer et à prêcher. Tous ses sermons ont été imprimés et forment un nombre considérable de volumes dont les plus connus sont : le Christ et la tradition, le Symbolisme, la Femme forte, la Femme pieuse, les Béatitudes, la Prière chrétienne, les Conférences aux dames du monde, les Péchés de la langue, Promenade autour de mon jardin, etc.

Mgr Landriot était d’un commerce facile et agréable ; comme tous les hommes d’imagination il avait une conversation pleine de charmes ; mais comme les hommes d’imagination aussi, il s’était toujours plus préoccupé de la forme que du fond et il imposait bien moins ses idées qu’il ne subissait celles des autres. En somme, l’Église de Reims perd en lui, un prélat qui par son zèle, sa piété, son talent d’orateur et d’écrivain a ajouté un nom de plus à la liste glorieuse de ses archevêques.

Source : AMB 1875.

LANGE (Le commandant Edmond Sébastien).

Né à Vertus (Marne) le 7 avril 1815, décédé à Châlons-sur-Marne le 4 novembre 1899, avait fait les campagnes de Crimée et d’Italie ; son activité durant son séjour en Afrique, lors de la pacification du pays lui valut d’être nommé officier de la Légion d’honneur.

S’étant fixé à Châlons après sa retraite, il sut conquérir les sympathies de la population qui l’envoya siéger au Conseil municipal en 1874. Il conserva ces fonctions jusqu’en 1892, et durant ces dix-huit années, fut appelé comme membre à diverses institutions et sociétés de la ville.

M. le commandant Lange était un républicain sincère et militant.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

LANGÉNIEUX (le Cardinal)

Né à Villefranche-sur-Saône, en 1824, élève de M. Dupanloup au séminaire, si célèbre en ce temps-là, de Saint-Nicolas-du-Chardonneret où il eut pour condisciples et pour amis les de Noailles, Lavigerie, de Galliffet et vingt autres qui furent célèbres, l’abbé Langénieux fut ordonné prêtre en 1850, après s’être fait une place à part parmi les meilleurs catéchistes de Saint-Sulpice.

Durant son vicariat de Saint-Roch, à une époque où ces pèlerinages lointains n’étaient pas encore organisés, il fit son premier voyage de Palestine, au retour duquel il fut nommé, malgré sa jeunesse, aux très délicates fonctions de Promoteur diocésain.

En 1863, il est curé de Saint-Ambroise, au milieu d’une population de 80.000 ouvriers où tout était à faire. Il entreprend la construction de l’église, ouvre des crèches, des asiles, bâtit de vastes écoles qu’il confie, par moitié, avec une largeur d’esprit digne d’être notée aujourd’hui, aux Frères et aux maîtres laïques ; et la Ville de Paris, pour reconnaître l’immense service rendu à ce faubourg déshérité, revendique, pour lui et malgré lui, la croix de la Légion d’honneur.

En 1867, il est à Saint-Augustin, en plein quartier aristocratique, où il a laissé d’impérissables souvenirs ; car, s’il trouva l’église en voie de construction, on peut dire qu’il créa la paroisse et lui donna pour longtemps son caractère et son élan.

L’empereur souhaita l’entendre à la Cour, et, pour répondre à ce désir, l’Archevêque de Paris le chargea du carême de 1870, le dernier qui fut prêché aux Tuileries.

Pendant la guerre, M. Langénieux transforma non seulement ses écoles, ses asiles, mais son propre presbytère en ambulances. Durant le siège, il fit preuve des plus intelligentes initiatives et se dévoua sans compter pour subvenir aux besoins de son peuple. Aux plus mauvais jours de la Commune, prévenu en secret par un fédéré que son nom figurait sur la liste des otages et qu’il serait arrêté la nuit suivante, il ne se déroba au danger que contraint et forcé ; et, pendant quarante jours, réfugié dans une maison amie, de la rue Saint-Florentin, il continua à diriger toute sa paroisse.

Le cardinal Guibert, au lendemain des massacres, alors que tout n’était, à Paris, que ruines et sang, fit appel au dévouement du curé de Saint-Augustin et l’associa à son administration à titre de vicaire général. Il ne resta à l’archevêché que quelques années : il était mûr pour l’épiscopat.

À Tarbes, où il ne fit que passer, il prépara, par des résolutions hardies et décisives, tout ce qui s’est fait depuis à Lourdes.

On se souvient encore de l’accueil triomphal que lui fit Reims en 1875 ; et les 30 années qui suivirent furent la plus éclatante justification de la confiance toute filiale que le clergé et la population lui avaient vouée spontanément dès le premier jour. Sans parler de son activité, de son zèle, de son désintéressement dans les devoirs journaliers de sa charge pastorale, que n’a-t-il point fait pour le bien de son peuple, dans l’intérêt de son pays, pour la gloire de la Ville de Reims ? Il relève l’antique monastère d’Igny ; il travaille à la glorification d’Urbain II, de J.-B. de la Salle, de Jeanne d’Arc ; il crée à Reims quatre nouvelles paroisses ; il provoque ici, là, partout, les initiatives les plus diverses et les plus fécondes ; il obtient par son influence personnelle la restauration de notre Cathédrale...

En 1886, il est créé cardinal par un choix tout intime de Léon XIII ; et, à mesure que les années s’avancent, le champ de son activité s’élargit, son autorité grandit et rayonne bien au delà des frontières de son diocèse. Il conduit au Pape ces pèlerinages ouvriers qui amènent Léon XIII à publier son importante encyclique sur la question sociale. Légat du Saint-Siège en 1893, il préside en Palestine, dans des conditions extrêmement délicates, ce congrès de Jérusalem qui marque une ère nouvelle pour les Églises d’Orient et dont les résultats, contrariés pour un temps par les événements, auront plus tard une portée considérable. En 1896, il convoque à Reims la Nation entière pour le XIVe centenaire du baptême de la France et il fonde, en mémoire de ces solennités, qui eurent un si magnifique éclat, la Basilique de Sainte-Clotilde où sont réunies les reliques de tous nos saints de France. Eu 1898, à la veille du voyage de Guillaume II en Terre Sainte, il obtient du Pape la confirmation officielle de notre Protectorat en Orient si follement compromis depuis par les fautes de notre politique. En 1900, l’Empereur et l’Impératrice de Russie, accompagnés de M. le Président de la République, répondent à l’invitation du Cardinal et visitent solennellement la Cathédrale des Sacres. Eu 1903, à peine remis d’une grave maladie, il prend part au Conclave.

On ne juge point en quatre lignes une personnalité comme celle-là ; et l’on ne peut que souligner ici d’un mot l’attitude du cardinal Langénieux en face des pouvoirs publics.

Sans s’inféoder à aucun parti, sans descendre jamais sur le terrain politique (c’est faux qu’il ait pris une part quelconque au 16 Mai, comme on l’a dit), mais, soucieux toujours des intérêts supérieurs de l’Église, convaincu que tout ce qui amoindrit le Christianisme, diminue la France, et attentif aux luttes malheureuses qui divisent notre pays, il a rempli, en des temps difficiles, avec une fermeté, une dignité, une sagesse, à laquelle les adversaires de bonne foi ont rendu hommage, tous ses devoirs d’évêque ; car, ce fut un évêque dans la plus large et la plus haute acception du mot.

« Il fut évêque en tout, partout et toujours ! » (Mgr Touchet. « Oraison funèbre »).

X***

Source : AMB 1906.

LANGÉNIEUX (Mlle).

Sœur de l’éminent cardinal de Reims, a été rappelée à Dieu le 15 août vers midi. La vénération qu’inspire à tous le prélat qui dirige le clergé du diocèse fit partager ce deuil à toute la ville de Reims.

Mlle Langénieux après avoir été, auprès de sa mère, la fille la plus aimante, la plus dévouée, s’est montrée, pendant plus de 50 ans, la providence, l’ange gardien visible de son frère.

Elle l’a suivi dans toutes les étapes de son ministère, lui consacrant toutes les forces de son âme, tous les instants de sa vie, s’appliquant avec une sollicitude, pleine de tact et de réserve a lui épargner 1es préoccupations de la vie matérielle, afin qu’il pût se consacrer plus librement aux affaires, aux œuvres de l’apostolat.

La vie tout entière de Mlle Langénieux est un faisceau d’œuvres méritoires pour le ciel ; on peut dite d’elle, en terminant, comme de la femme de l’Évangile : « Elle a passé en faisant le bien ».

Abbé H.

Source : AMB 1899.

LANGLET (Jean-Baptiste).

Conseiller municipal, ancien négociant, administrateur de la Caisse d’épargne de Reims, né à Reims le 19 août 1807, où il est décédé le 14 juin 1887, à l’âge de 80 ans.

Fils d’un médecin distingué de cette ville, il perdit de bonne heure son père et sa mère, et c’est à force de travail et de persévérance qu’il parvint à reconquérir la position de fortune que lui avait fait perdre le décès de ses parents, et une situation honorable dans la société.

Il entra d’abord en qualité d’employé dans la fabrique de tissus, puis dans le courtage des laines. C’est dans cette profession qu’il fit sa carrière commerciale, et qu’il sût acquérir cette réputation de loyauté et d’honorabilité qui lui valut l’estime et la considération de tous.

M. Langlet fut nommé conseiller municipal de Reims aussitôt après la guerre, en mars 1871, i1 siégea jusqu’en 1879 ; il fut un des membres les plus laborieux, et ses collègues connaissaient si bien son dévouement, qu’ils le désignaient presque toujours comme rapporteur dans les commissions qui demandaient de l’activité et de la persévérance.

« Avec une allure un peu rude et une grande ténacité, dit M. le docteur Doyen, dans le discours prononcé sur sa tombe. M. Langlet avait un fond de bonté et une franchise cordiale qui lui ont valu de précieuses sympathies ».

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

LANGLOIS (Charles Ernest).

Ancien avocat, ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats, ancien membre du Bureau de bienfaisance et de la Commission administrative de Montreuil-sous-Laon, né à Paris le 24 juin 1812, décédé à Laon le 8 mars 1881.

M. Langlois était un véritable avocat d’affaires, au langage précis et correct, alliant toujours la vigueur du raisonnement à la courtoisie la plus parfaite ; jurisconsulte autant qu’orateur, les consultations qu’il préparait dans le silence du cabinet, jouissaient d’une grande autorité auprès du Tribunal.

Source : AMB 1882.

LANGLOIS (Charles Ernest).

Avocat à Laon, administrateur du Bureau de Bienfaisance et du Dépôt de Mendicité de Montreuil, né à Paris le 24 juin 1812, décédé à Laon le 8 mars 1882.

Ernest Langlois était déjà un avocat rompu aux affaires quand il se fit inscrire au barreau de Laon.

Il y débuta presqu’en maître. Sa parole facile, son esprit droit et pénétrant lui permettait de saisir d’un coup d’œil tous les côtés d’une affaire si épineuse qu’elle fut et d’en résoudre les difficultés.

Ses succès furent éclatants et sa renommée s’étendit au loin.

Il plaidait avec distinction, et malgré une santé compromise, il travaillait sans relâche ; malgré ses nombreuses occupations professionnelles, il trouvait encore le temps de s’occuper activement de l’administration des Bureaux de Bienfaisance et de Mendicité, où les questions délicates d’amélioration et de progrès avaient le don d’éveiller son attention.

Le moment vint enfin où il fallait dire adieu au Palais et aux affaires ; il mourut avec le calme d’un homme rompu aux luttes de la vie et la résignation d’un sage.

Source : AMB 1883.

LANGUILLAT (R. P. Adrien).

De la Compagnie de Jésus, évêque de Sergiopolis, vicaire apostolique de la province de Nankin, membre honoraire de la Société d’Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, né à Chantemerle, arrondissement d’Épernay, le 28 septembre 1808, décédé à Shanghai le 30 novembre 1878.

Il prit les ordres à Châlons-sur-Marne et fut aussitôt placé comme vicaire en la paroisse Notre-Dame, d’où il fut bientôt appelé à la cure de l’église Saint-Alpin de Châlons.

En 1841, il entra dans la Compagnie de Jésus et partit en Chine comme missionnaire.

En 1857, il était sacré évêque in partibus de Sergiopolis, et était nommé vicaire apostolique de la province de Nankin.

Il était venu, en 1867, revoir le pays natal, et retourna en Chine après trois mois de séjour en France.

C’est en parcourant les vastes contrées de son vicariat apostolique qu’il mourut à Shanghai le 30 novembre 1878, à l’âge de soixante-dix ans, après trente-quatre ans de mission en Chine.

On a de lui un Traité du Mariage, écrit en chinois, – des lettres dans les Annales de la Propagation de la Foi, – des Relations de Voyages, Entrevue avec le Vice-Roi des Deux-Kiang, Voyage d’un Évêque missionnaire à Rome, etc. Il a aussi écrit dans le Messager du Sacré Cœur et dans les Missions Catholiques.

Source : AMB 1880.

LANNES (Napoléon Auguste).

Duc de Montebello, fils aîné du maréchal Lannes, décédé à Mareuil-su-Ay le 18 juillet 1874.

Créé pair de France en 1815, par Louis XVIII, en considération des services de son père, il ne siégea au Luxembourg qu’après la révolution de Juillet. Il parut, par ses votes, se rattacher à l’opposition légitimiste ; puis, se ralliant à la nouvelle monarchie qui lui faisait le meilleur accueil, il appuya sans réserve la politique du système conservateur, et prit la parole dans un grand nombre de discussions.

Après avoir débuté dans la diplomatie par une mission à la cour de Copenhague (1833), il fut nommé ambassadeur en Suisse (1836-1838) et obtint de l’autorité fédérale l’internement des réfugiés politiques qui pouvaient troubler la sécurité des États voisins ; mais la manière dont cette demande avait été présentée faillit amener la guerre entre les deux pays.

Chargé ensuite de représenter la France à Naples (1838), M. de Montebello, dit Vapereau, fit partie, en qualité de ministre des affaires étrangères, du cabinet du 1er avril 1839, dissous le 12 mai suivant, reprit son poste en Italie, et fut chargé, en 1844, de négocier le mariage de la princesse Caroline de Salerne avec le duc d’Aumale.

Le 9 mai 1847, il revint au pouvoir en remplaçant, au ministère de la marine, l’amiral de Makau. Il présenta quelques projets de loi relatifs aux colonies et se prononça, dans un rapport au roi, contre l’opportunité de l’affranchissement des esclaves. Écarté par la révolution de février, il fut envoyé à la Législative (1849) par le département de la Marne.

Après le 2 décembre, il se tint quelque temps à l’écart des affaires politiques. Au commencement de 1858, il fut nommé ambassadeur à Saint-Pétersbourg. Il y négocia, entre autres conventions, celle du 6 avril 1861, pour la garantie réciproque des œuvres d’art et d’esprit.

Il fut élevé à la dignité de sénateur par décret du 5 octobre 1864. Grand croix de la Légion d’honneur depuis le 30 août 1844, il avait le même rang dans plusieurs ordres étrangers. L’empereur de Russie lui avait notamment conféré l’ordre suprême de Saint-André, après son séjour à Nice, en 1864.

Il a longtemps représenté le canton d’Ay au conseil général de la Marne dont il fut l’un des vice-présidents. Il avait épousé en 1830 miss Jenkinson avec qui il eut sept enfants dont 3 fils ; il ne reste plus que l’aîné, ancien commandant en chef du corps d’occupation à Rome.

Source : AMB 1875.

LANSON (Isidore).

Notaire honoraire, juge de paix du 3e canton de Reims, né à Reims, décédé a Reims le 28 mars 1891.

Issu d’une des familles les plus honorables de Reims, M. Isidore Lanson avait fait de très bonnes études au collège royal de cette ville et était demeuré un lettré.

Après avoir rempli dans le notariat à Rilly-la-Montagne, une carrière honorable, et s’être retiré avec l’honorariat, il fut nommé juge de paix du 3e canton en 1867 et pendant près d’un quart de siècle qu’il occupa ce siège, tout le monde s’est plu à rendre hommage à son esprit conciliant, à sa science juridique, à son profond discernement, à sa droiture et à sa bienveillance.

Malgré les malheurs dont il fut frappé dans ses plus chères affections, il était resté l’homme aimable, d’une exquise délicatesse dans ses relations d’homme privé, et d’une complaisance que rien ne lassait pour écouter patiemment les explications plus ou moins claires de ses justiciables, quand il s’agissait de découvrir la vérité ou de préparer une conciliation entre plaideurs de bonne foi.

En résumé, M. Lanson, soit comme notaire, soit comme juge de paix, eut à entendre bien des secrets de familles, à démêler bien des causes, à fouiller bien des consciences, et il est mort avec la réputation de l’homme bon et juste, du magistrat intègre dont la perte est l’objet de tous les regrets.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

LANTENOIS (Jean-Baptiste Apollinaire).

Curé de Saint-Fergeux, né le 8 janvier 1818, à la Romagne, décédé le 21 octobre 1873.

Source : AMB 1874.

LANTIOME (Jules Edmond).

Né à Reims le 19 mars 1835, décédé le 30 juin 1896, dans sa ville natale.

Il fut de 1844 à 1852, un brillant élève du Lycée de Reims. L’Association amicale des anciens élèves, dont il fut un des principaux organisateurs, perd en lui un conseiller judicieux, en même temps que le charme et la joie de ses réunions annuelles.

Après de solides études de droit à Paris, Lantiome s’était fait inscrire au barreau de Reims, où son talent vigoureux l’éleva bientôt à l’un des premiers rangs. Sa réputation fut surtout brillante comme avocat d’assises, et il mérita d’être appelé le « Lachaud » de Reims. Ce renom s’étendit au loin : sans cesse, il était appelé à plaider à Paris, à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, aux quatre coins de la France et même en Algérie. On ne sait où il n’a pas porté les succès de son talent et de sa bonne humeur.

Esprit cultivé et raffiné, il aimait passionnément les beaux-arts : les lettres et la musique lui étaient particulièrement chères. Doué d’une prodigieuse mémoire, Il déclamait une tirade de Mounet-Sully ou chantait une page de Gounod avec une même ampleur. Resté jeune d’esprit et de cœur, malgré l’âge qui venait, il animait tout, dans les réunions amicales, de sa gaieté et de sa faconde inépuisables.

Ses obsèques furent magnifiques. Tous les membres du barreau et des tribunaux, les délégués de l’Académie de Reims, ceux de l’Association amicale des anciens élèves du Lycée, tous ses amis, nombre de ceux qu’il avait obligés de sa parole et de sa bourse, enfin une foule considérable accompagnait le cercueil, qui, après le service religieux, fut transportée à la gare, d’où il fut dirigé sur Vitry-le-François, lieu d’origine de Mme Lantiome.

Près du fourgon, M. Henri Paris a prononcé un discours remarquable de fond et de forme ; M. Jallenque, président du tribunal civil, a rappelé les hautes qualités professionnelles du défunt. Deux autres discours ont encore été prononcés, le premier au nom des huissiers, le second par M. Gosset, ami du défunt.

Le lendemain, l’inhumation a eu lieu à Vitry et Me Brissart, avocat au barreau de Reims et M. Brouchot, substitut à Paris, ont également fait l’éloge de celui qui était la gloire et l’honneur du barreau de Reims.

Source : AMB 1897.

LAPRAIRIE (Nicolas de).

Vice-président honoraire du Tribunal civil de Reims, né le 7 novembre 1790, aux Riceys (Aube), fils de Gargotteux de Laprairie et de Marie Claudine Cunys.

M. de Laprairie exerçait déjà les fonctions de magistrat à Reims en 1831 ; bien que la magistrature doive demeurer étrangère à la politique et que les avancements doivent être la récompense du seule mérite, la carrière de M. de Laprairie s’immobilisa, pour ainsi dire, au siège de Reims, alors que les magistrats plus jeunes que lui étaient nommés à la présidence ou au tribunal de Paris.

M. de Laprairie, partisan de la monarchie du droit divin, resta fidèle à ses convictions. Le gouvernement d’alors dut, toutefois, l’honorer de la vice-présidence du tribunal ; à ce titre, il se trouva appelé à présider le tribunal jugeant en appel des jugements rendus par les tribunaux correctionnels des arrondissements du département de la Marne, autres toutefois que celui de Reims, et à présider enfin le tribunal correctionnel.

Peu de magistrats présidaient avec autant de dignité et d’intelligence. Il possédait un mode d’interrogatoire des inculpés que les magistrats les plus vantés par les journaux judiciaires de Paris lui eussent envié.

Source : AMB 1874.

LARTIGUE (Jules).

Maire de Givet, né le 14 septembre 1836, à Nancy, décédé à Givet le 19 juin 1898, dans sa 63e année.

Sorti dans les premiers rangs de l’École forestière, il fut envoyé à Givet en qualité de garde général. Nommé inspecteur-adjoint en 1868, il exerça ses fonctions pendant 3 années dans le département des Basses-Alpes. Il démissionna à la fin de 1871 pour raison de santé. Rentré à Givet, il fut élu successivement conseiller municipal, puis conseiller d’arrondissement, puis maire. En 1886, les électeurs du canton l’envoyèrent au Conseil général, dont il ne tarda pas à devenir le vice-président. Ce fut un administrateur modèle, donnant sans compter son temps et son argent. À la fête d’inauguration de la statue de Méhul, M. Léon Bourgeois lui annonça sa promotion de chevalier de la Légion d’honneur.

Conformément à ses désirs, son corps fut transporté à Paris et incinéré au four crématoire du Père-Lachaise. Les cendres ont été transportées à Givet dans une urne placée dans le caveau de la famille Lartigue.

Source : AMB 1899.

LARUE (Alfred).

Colonel au 85e de ligne, chevalier de la Légion d’honneur, né à Signny-l’Abbaye en 1833, décédé à Cosne (Nièvre) le 13 mars 1891, a fait brillament les campagnes de Crimée, d’Afrique, d’Italie et de la guerre de 1870 ; il conquit tous ses grades par sa bravoure et son travail. Aimé de ses supérieurs comme le représentant de la discipline et du patriotisme, et de ses inférieurs pour lesquels il était plein de bonté.

Il mourut presque subitement à l’âge de 58 ans, et son corps fut ramené pour être inhumé dans son pays natal, où tes plus grands honneurs lui furent rendus.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

LASSERRE.

M. Lasserre n’appartenait plus à notre région depuis longtemps déjà, mais il avait laissé des attaches au barreau et surtout dans le monde politique de notre ville qu’il représenta au Conseil général avec M. le docteur Bienfait et M. Courmeaux.

Il quitta le barreau vers 1878 pour entrer dans la magistrature où il fit un chemin rapide. Avocat général, puis procureur général à Chambéry et à Toulouse, il fut nommé premier président à la cour d Agen et enfin conseiller à la cour de Cassation.

M. Lasserre n’avait que soixante-six ans.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

LASSON (Joseph Victor).

Chirurgien, docteur en médecine, né à Épernay le 22 fructidor An III de la République, décédé à Damery le 13 décembre 1881, à l’âge de 87 ans.

Il avait été chirurgien des armées du premier empire, chirurgien de l’hospice, conseiller municipal, membre du Bureau de bienfaisance et de la Commission administrative des prisons, membre du Conseil d’hygiène d’Épernay.

Pendant sa longue carrière, il jouissait de l’estime de tous. Paralysé depuis peu de temps, il s’était retiré à Damery, où il est décédé entouré de l’estime de tous ses concitoyens.

Source : AMB 1883.

LATARGET (Charles Auguste).

Inspecteur-receveur des droits de place de la ville de Reims depuis 1873, avait été auparavant employé de l’octroi. Il donna à la ville trente-deux ans de services dont l’administration municipale n’eût qu’à se louer.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LATÈVE (Jean Julien Nicolas).

Né à Verzy, propriétaire vigneron, ancien chef de bataillon de la Garde nationale de Verzy, et ayant servi sous le premier Empire, décédé à Reims le 24 mars 1874.

Source : AMB 1875.

LATOUR (Alfred Prosper).

Capitaine commandant des sapeurs-pompiers de Charleville, président de la Fédération des sapeurs-pompiers de France et d’Algérie, inspecteur du service des sapeurs-pompiers du département des Ardennes ; président de la société de prévoyance Carolopolitaine, de la société l’Épargne, de la chambre consultative des sociétés de prévoyance du département des Ardennes, ancien conseiller municipal, médaillé d’honneur, né à Charleville le 28 septembre 1838, décédé au même lieu le 8 juin 1894.

Ces titres nombreux de fonctions honorifiques et gratuites disent combien cet homme était dévoué aux œuvres philanthropiques et combien sa carrière fut bien remplie ; homme loyal et dévoué à ce qui pouvait améliorer le sort des travailleurs et leur assurer une vieillesse exempte de besoins matériels ; il laissera un souvenir durable parmi ses concitoyens.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

LA TOUR DU PIN (Comte de).

Il appartenait par sa naissance et sa famille au département de l’Aisne ; il était le frère de M. le marquis de la Tour du Pin, d’Arrancy.

L’un de ses fils est M. le vicomte de la Tour du Pin, de Bosmont, qui s’est allié à la famille Legonidec de Traissan.

À sa sortie de Saint-Cyr, M. le comte de la Tour du Pin, servit plusieurs années en Algérie, aux chasseurs d’Afrique et prit part ensuite à l’expédition du Mexique. Marié et père de famille, il n’hésita pas, en 1870, à reprendre son épée et commanda les mobiles de la Loire.

Au combat de Bonne-la-Rolande, un obus éclata sous son cheval. M. le comte de la Tour du Pin fut relevé tout meurtri et l’épaule fracassée. Il ajoutait ainsi au patrimoine d’honneur de ses ancêtres parmi lesquels on compte quatorze officiers généraux dignes de la noble héroïne que fut Philis de la Tour du Pin.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

LAUFF (Ferdinand).

Professeur de musique à l’École normale de l’Aisne, né à Mulhouse en 1805, décédé à Laon le 28 novembre 1876.

Élève de la grande École normale de Strasbourg, il se prépara dans cette maison à la vie laborieuse et à l’apostolat de l’enseignement. En 1844, il vint se fixer à Laon, où il a su conquérir et conserver les sympathies, l’estime et le respect de tous. Professeur à l’École normale de cette ville, il a donné depuis près de 20 ans dans cette maison les leçons d’un art qu’il possédait au très haut degré.

Source : AMB 1877.

LAUGÉE (Désiré François).

Né en 1823 à Maromme, mort à Paris le 1er février 1896, était Saint-Quentinois de cœur, ayant fait à l’École de La Tour ses premiers pas un carrière artistique.

On connaît de lui, la « Mort de Zurbaran », le « Siège de Saint-Quentin », « Le Sueur chez les Chartreux », « Sainte Elisabeth lavant les pieds aux pauvres », et une foule de paysages rustiques, qui lui ont valu en 1855 la croix de la Légion d’honneur. Cœur chaud et généreux, il avait de toutes les qualités les meilleures et les plus appréciées.

Il laisse un fils, qui est un paysagiste distingué.

Source : AMB 1897.

LAUNAY (Alphonse Nicolas Hyacinthe, baron de).

Né à Versailles, le 29 mars 1829, décédé à Paris, le 20 février 1898.

Ancien sous-préfet, chevalier de la Légion d’honneur, M. le baron de Launay était le frère de M. le général de Launay, ancien commandant de corps d’armée.

Gendre de M. Benjamin Perrier, il était devenu le chef de celle importante maison de vins de Champagne et avait continué les traditions de la famille en coopérant à toutes les œuvres de bienfaisance.

D’un accueil plein de douceur et d’affabilité, tous ceux qui avaient l’honneur de l’approcher devenaient ses amis.

Au cimetière, M. Redouin a pris la parole et rappelé le souvenir des qualités qui distinguaient le regretté défunt.

Source : AMB 1899.

LAURANCEAU (Edmond Louis).

Trésorier général du Gard, ancien préfet de l’Aisne, était avocat quand il débuta en 1879 comme sous-préfet de Mirecourt. Il remplit successivement les mêmes fonctions administratives à Avranches et à Brest, puis de cette ville fut nommé préfet de l’Indre et secrétaire général de la Seine. C’est après ce dernier poste qu’il devient préfet de l’Aisne ; pendant son passage à Laon, il sut conquérir l’estime de la population qui éprouva une douloureuse émotion à la nouvelle de sa mort, brusquement arrivée, alors que l’ancien magistrat était de séjour à Paris.

M. Lauranceau avait aussi été préfet de la Somme, puis du Nord, d’où on l’avait nommé à la recette générale du Gard.

Il n’était âgé que de 52 ans.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LAURENT (abbé).

Né à Thilay (Ardennes), fit ses études à Charleville et à Reims, ordonné prêtre en 1825, nommé curé de Bay et Blanchefosse, de Nohan en 1831, et enfin en 1837 à Thilay, où il est décédé en janvier 1873.

Source : AMB 1874.

LAVIARDE (Gustave Achille).

Roi d’Araucanie, né à Reims, en 1841, décédé à Paris, le 26 mars dernier.

Notre compatriote avait pris le nom d’Achille Ier et les titres de Patricien d’Irlande, de Prince des Aucas, de duc de Kialéou et de comte d’Alsena. Il avait succédé en 1878, à son petit-cousin Antoine Ier qui lui-même porta le nom de roi des Patagons. Celui-ci s’appelait en réalité, Charles Tounens et avait tenu bien bourgeoisement une étude d’avoué à Périgueux.

La presse rémoise et parisienne le biographia et reproduisit ses traits, offrant au public l’image de ce roi populaire que nos arrière-neveux jugeront peut-être avec plus d’équitable bon sens. Il fut en tout cas un homme serviable et il mit sa serviabilité au service de nombreux amis, amateurs de décorations, qu’il fit chevaliers de la « Constellation », de la « Croix du Sud » et de la « Couronne d’Acier », ordres dont il était le créateur.

Les Rémois connaissent son domaine de Fléchambault, connu sous le nom de Château Laviarde. C’est tout ce qui survit de lui dans la cité où il venait passer de rares instants d’ailleurs.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.

LE BLANC (Augustin Antoine).

Ancien avoué, avocat, né à Cuchery le 12 septembre 1820, décédé à Reims le 30 avril 1880.

M. Le Blanc a exercé à Reims ses délicates fonctions pendant 25 ans. Homme de devoir et de principe, il avait conquis durant cette longue période l’estime et l’amitié de ses clients et même de ses adversaires. Il cachait sous des dehors modestes une connaissance parfaite du droit et de la procédure.

Source : AMB 1881.

LE BLOND (Désiré Médéric).

Ancien procureur général, ancien député, sénateur et conseiller à la Cour de cassation, commandeur de la Légion d’honneur, né à Paris le 9 mai 1812, décédé au même lieu le 22 juillet 1886.

M. Le Blond tient à notre département par sa qualité d’ancien député et de sénateur de la Marne.

Inscrit au barreau de Paris en 1833, et pendant assez longtemps secrétaire du célèbre Merlin de Douai, il ne tarda pas à se faire remarquer comme avocat en défendant avec éclat devant les tribunaux plusieurs procès politiques, ce qui le mit de suite en relief ; il devint aussi le conseil de plusieurs sociétés ouvrières.

Nommé, en 1848, substitut du procureur général près la Cour d’appel de Paris, il fut élu peu après par le département de la Marne à l’Assemblée constituante, où il siégea parmi les républicains modérés. N’ayant point été réélu à la Législative, il reprit sa profession d’avocat à Paris et fut plusieurs fois membre du conseil de son ordre.

En 1869, il se présenta, mais sans succès, comme candidat de l’opposition au Corps législatif dans la Marne.

Après le 4 septembre, le gouvernement de la Défense nationale l’appela au poste de procureur général près la Cour d’appel de Paris.

Au mois de février 1874, la Marne l’envoya siéger à l’Assemblée nationale, où il prit la parole à plusieurs reprises ; le 20 septembre 1871, il donna sa démission de procureur général, fonctions dans lesquelles il s’était montré modeste, libéral, bienveillant et surtout d’une intégrité exemplaire.

Lors des élections de janvier 1876, il posa, dans le même département sa candidature au Sénat, mais il échoua ; il se fit nommer député de Reims au mois de février suivant, et reprit sa place dans le groupe de gauche qui le choisit comme président en janvier 1877.

Il fut élu sénateur de la Marne au renouvellement de 1879 et conseiller général du canton de Montmirail ; le gouvernement l’appela en même temps à la Cour de cassation en qualité de conseiller.

Dans sa longue carrière, M. Le Blond sut conquérir et conserver l’estime générale par sa modération et sa fermeté et son indépendance ; il emporte avec lui les regrets de la démocratie tout entière.

Source : AMB 1887.

LE BRETON (Antonin).

Membre titulaire de la Société d’agriculture de la Marne, ancien suppléant de la Justice de paix d’Avize, né à Châlons le 3 février 1800, décédé à Châlons le 24 mars 1881 ; viticulteur distingué, botaniste instruit, il a fait à la Société de nombreuses et intéressantes communications.

Source : AMB 1882.

LE CARTIER (Mme).

Née de Bure, épouse de M. Le Cartier, ancien député et membre du Conseil général de l’Aisne, femme distinguée et ornée des facultés les plus brillantes : sa charité était connue depuis longtemps de la population de Meslieux, canton d’Anizy, et des environs. Morte dans un âge avancé, à 82 ans, vivement regrettée de tous ceux qui l’on connue et surtout de ceux que sa bienfaisance soulageait.

Source : AMB 1875.

LE CHANTEUR (Paul).

Président du Tribunal de commerce de Charleville, né en cette ville le 27 avril 1832, décédé à Sedan le 8 janvier 1889, était issu d’une ancienne et honorable famille de négociants de cette ville, dont i1 continua les exemples d’intégrité et de probité que lui avait léguées son noble père.

Entré au Tribunal de commerce en qualité de juge suppléant le 25 septembre 1867, il fut successivement élu juge, puis président, et durant sa longue judicature il sut toujours maintenir les nobles traditions qui font la force et l’honneur de la juridiction consulaire.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

LE ROY (Jules Laurent).

Ancien imprimeur, ancien journaliste, né à Courgivaux (Marne) le 3 décembre 1811, décédé à Clamart le 10 février 1894.

Au sortir du Séminaire, il s’était fixé à Châlons comme professeur de musique, et il était entré à la Préfecture où il devint chef de bureau.

Il était en même temps professeur à l’école normale d’instituteurs, à laquelle il resta longtemps attaché.

Son éducation avait été dirigée vers l’instruction, mais il s’était adonné de bonne heure à l’étude sérieuse de l’art musical. Élève de Cherubini, la composition et la mélodie n’avaient point de secret pour lui.

Vers 1865, il reprit avec son fils aîné des mains de M. Laurent, l’ancienne maison d’imprimerie et de librairie Boniez-Lambert où fut fondé et où s’imprime encore depuis près d’un siècle, l’Annuaire de la Marne. En 1869, il fonda le Progrès de la Marne qui, en 1890, fusionna avec le Libéral de la Marne pour former l’Union Républicaine.

En quittant Châlons pour aller habiter Clamart, près du docteur Le Roy, son second fils, il emporta avec lui la réputation d’une honorabilité parfaite, et la sympathie d’une grande partie de ses concitoyens.

Il est mort à l’âge de 83 ans.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

LE SÉRURIER (Félix).

Conseiller honoraire à la Cour de cassation, ancien membre du Conseil général de l’Aisne, commandeur de la Légion d’honneur.

Né à Saint-Quentin le 28 mai 1799, M. Le Sérurier était entré dans la magistrature en 1822 comme substitut à Château-Thierry. Il fut successivement substitut à Amiens en 1824, procureur du roi à Péronne en 1827, substitut du procureur général à Amiens à la fin de la même année.

Il devint plus tard conseiller à la Cour et présida plusieurs fois avec distinction les assises dans le département de l’Aisne. Nommé procureur-général à Orléans en 1849 et 1er président à Douai en 1852, il fut attaché à la chambre criminelle, où il siégea jusqu’en 1869, époque où il prit sa retraite et fut nommé conseiller honoraire.

Par son testament, M. Félix Le Sérurier a légué à l’hôpital civil de Saint-Quentin une somme de 145.000 francs, affectée à différentes fondations.

Source : AMB 1881.

LEBÉE (Eugène Jean-Baptiste Bernardin).

Industriel, était une figure bien connue dans la population Saint-Quentinoise.

Ancien président de la Chambre de commerce de Saint-Quentin et de l’Aisne, du tribunal de commerce, de la Société industrielle, de la Société des Amis des Arts, ce fut surtout pendant la guerre de 1870, alors qu’il était à la tête du Comité de secours aux blessés, que l’on put voir la somme de dévouement dont il disposait et les sentiments élevés de son cœur.

M. Lebée, décédé à Villemoison-sur-Orge (Seine- et-Oise), le 18 juillet dernier, était né à Busigny (Nord), le 19 novembre 1822.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

LEBLAN (Henri Eugène).

Architecte, professeur du cours public de dessin appliqué à l’industrie du bâtiment, né à Reims le 24 mai 1819, décédé à Reims le 21 décembre 1883.

Il a été emporté en quelques jours par une fièvre cérébrale.

Enfant de Reims, en dehors des études très sérieuses qu’il avait faites à Paris, M. Leblan avait consacré son talent à sa ville natale.

Il fut le dessinateur et le chef de bureau de M. Arveuf pendant toute la période durant laquelle celui-ci fut chargé, par le gouvernement, des réparations de la cathédrale.

Depuis, M. Leblan avait fait de tous les monuments de la cité et des antiquités architecturales qu’elle renferme, une étude très approfondie. Il proposait de réunir tous les débris des temps passés, dans la rue de Tambour qui serait devenue ainsi comme le musée des antiquités rémoises.

Les plans de ce projet furent, on se le rappelle, exposés dans la Maison des Musiciens, ils ont été très remarqués.

Coordonnant et réunissant dans un même travail tous les monuments historiques de la ville de Reims, le savant artiste avait conçu l’idée d’une œuvre qui eut peut-être été unique dans les annales de l’art. Il avait trouvé pour la réalisation de ce magnifique projet l’appui du gouvernement, celui de l’administration municipale de la cité et de beaucoup de personnages dans le monde des bibliophiles et des savants. Huit livraisons étaient déjà terminées et une égale série se complétait lorsque la mort est venue arrêter ces travaux que lui seul, qui connaissait Reims ancien dans ses moindres détails, pouvait mener à bonne fin.

Les beaux-arts à Reims font une perte sensible dans la personne de M. Leblan.

Source : AMB 1885.

LEBLANC (Pierre Antoine Théophile).

Ancien industriel, administrateur de la Banque de France, né à Libermont (Oise), le 2 février 1820, décédé à Saint-Quentin, le 9 avril 1897, à l’âge de 77 ans.

Parti d’une situation modeste, M. Leblanc s’était bien vite acquis, par son travail et son intelligence, une place importante dans l’usine de M. Quennesson, puis était devenu lui-même propriétaire de cette importante fabrique d’huiles, que dirige actuellement son fils, M. Émile Leblanc, juge au tribunal de commerce.

On trouvait toujours M. Leblanc au premier rang, dès qu’il s’agissait de fonder une œuvre de charité nouvelle, ou de soutenir une œuvre déjà existante. Les pauvres de Saint-Quentin perdent en lui un bienfaiteur généreux autant que modeste.

Source : AMB 1898.

LEBON (Alphonse Louis Désiré).

Né à Soissons le 10 avril 1837, mourut dans cette ville le 5 mai 1901. Ancien pharmacien, M. Lebon s’était retiré dans sa ville natale où après une vie bien remplie, il aurait pu jouir d’un repos mérité, mais il s’adonna aux affaires publiques. Élu conseiller municipal de Soissons, il devint adjoint au maire et rendit dans ces fonctions d’appréciés services.

M. Lebon faisait partie de la commission des hospices, du conseil d’hygiène et du conseil d’administration du Collège. Il était le beau-frère de M. Descambres, avoué près le tribunal civil de Soissons.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

LEBOURQ (Lié Augustin).

Ancien négociant, membre correspondant de l’Académie de Reims, né à Bezannes en 1810, décédé au même lieu le 31 octobre 1888 ; il avait passé honorablement une portion de sa vie dans les affaires commerciales. Il quitta les affaires pour se livrer à ses goûts pour l’étude, otium cum dignitate, et se livra aux recherches sur l’histoire locale.

Il publia deux mémoires intéressants : La Démolition de l’Église Saint-Nicaise et des recherches sur l’enceinte des anciens remparts de Reims.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

LEBRET (Eugène).

Chevalier de la Légion d’honneur, ancien inspecteur des Eaux de Barèges, ex-président de la Société d’hydrologie de France, ancien adjoint de la commune de Levallois-Perret.

Lebret était né à Saint-Quentin le 6 novembre 1821, où il avait fait ses études au collège communal ; décédé en 1886.

Source : AMB 1887.

LECAISNE (Louis Henry).

Premier adjoint au maire de Saint-Quentin, chevalier de la Légion d’honneur, né le 26 novembre 1812, décédé à Saint-Quentin en 1891.

Le jour même de sa mort si peu attendue, M. Lecaisne avait donné des signatures à la mairie.

Il était entré dans l’administration municipale à l’époque des terribles événements de la guerre de 1870, appelé par M. Anatole de la Forge à faire partie de la commission municipale provisoire. Ce poste n’était pas sans danger ; en effet, il fut retenu prisonnier à la caserne de gendarmerie de Saint-Quentin, alors occupée par les Prussiens, pendant toute une nuit d’hiver, et sur le point d’être enlevé en Allemagne, pendant que d’autres membres de la commission étaient détenus dans la citadelle d’Amiens.

En 1886 il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur.

Il était bon et affable pour tous et aimait à se rendre utile ; aussi sa mort a-t-elle causé d’unanimes regrets.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

LECER (Hippolyte).

Officier d’académie, professeur de musique, directeur de l’Orphéon de Soissons, né à Soissons, où il est décédé le 1er janvier 1887, à l’âge de 74 ans.

Lecer appartenait à une ancienne famille du pays ; poussé par une vocation irrésistible pour la musique, il alla compléter à Paris ses connaissances professionnelles et revint à Soissons, exercer avec distinction la professorat jusqu’à sa mort, au collège et dans les écoles communales de la ville.

En 1866, il fonda l’orphéon qu’il n’a cessé de diriger avec dévouement.

En 1884, M. Lecer fut nommé officier d’Académie.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

LECERCLE (Jules François Léon).

Né à Soissons, le 23 octobre 1823, décédé en cette ville le 11 janvier 1898, et inhumé le 13 du même mois.

Il a rempli pendant trente ans les fonctions d’avoué de manière à mériter la confiance et la considération générales, et ses concitoyens appréciaient vivement ses conseils toujours désintéressés.

Nombreuses sont les fonctions et charges publiques qu’il accepta dans le but de se rendre utile. Ce fut lui qui, en 1891, eut la mission délicate de régler les indemnités réclamées à la suite de la guerre. Il fut longtemps suppléant de justice de paix ; puis conseiller d’arrondissement, conseiller général, vice-président de la société d’Horticulture, président de la commission administrative de la Caisse d’Épargne, membre du Bureau de l’Assistance judiciaire, de la Société de secours mutuels, de la Société archéologique et de nombreuses sociétés de bienfaisance.

Ses obsèques ont été célébrées en l’église-cathédrale de Soissons. MM. le Dr Cuffer, Albert Labbé, Quantin et André, neveux du défunt, conduisaient le deuil. Selon sa volonté expresse, aucun discours n’a été prononcé sur sa tombe.

Source : AMB 1899.

LECERRE (Nicolas Armand).

Ancien notaire, ancien membre du Conseil général des Ardennes, ancien maire d’Aubigny (Ardennes), né en 1828 à Aubigny, décédé en cette commune le 3 mars 1883.

M. Lecerre possédait dans sa contrée une notoriété due aux nombreux services qu’il avait été appelé à rendre pendant une vie de dévouement aux intérêts de son pays, dont il fut maire pendant 18 ans.

Aussi les regrets unanimes du conseil municipal, de tous ses administrés et des nombreux amis venus du dehors à ses obsèques, ont été pour sa famille un précieux témoignage de la sympathie qu’il avait inspirée pendant une trop courte existence.

Source : AMB 1884.

LECHANTEUR (Guillaume Adolphe).

Né à Charleville le 10 novembre 1803, mort le 2 janvier 1877, a été une des notabilités les plus honorables du département des Ardennes, et de la ville de Charleville en particulier.

Comme négociant, la maison qu’il dirigea était des plus importantes et des plus recommandables ; parmi tous ceux ¬qui entretinrent avec lui des rapports commerciaux, il n’en est pas un seul qui n’ait eu à se féliciter de ses rela¬tions, toujours marquées au coin de la plus rigide probité et de l’humeur la plus facile.

Membre du Conseil municipal pendant quarante ans, membre du Conseil général et maire de Charleville pendant plus de vingt ans, plusieurs fois juge et président du tribunal du commerce, il sut toujours, même dans les circonstances les plus difficiles et les plus délicates, faire apprécier son expérience et la sagesse de ses conseils. Pas une question financière ou administrative ne le prit au dépourvu, et les solutions qu’il y donnait étaient toujours marquées au coin du bon sens et de la raison.

Que dire de sa vie privée ? Il n’est pas de ses concitoyens qui ne sache combien étaient vraies et profondes chez lui les affections de famille et jusqu’à quel point il leur était dévoué.

M. Lechanteur avait reçu comme récompense de ses longs et loyaux services la croix de la Légion d’honneur le 4 janvier 1852 et la palme d’officier d’Académie le 15 août 1868.

Source : AMB 1878.

LECIEUX (Jean-Baptiste Alexandre Louis).

Né le 9 novembre 1849, à Essigny-le-Grand (Aisne), décédé le 5 novembre 1896. Il fut professeur au séminaire de Notre-Dame-de-Liesse, en 1873, année de son ordination. Nommé vicaire de Prémont (canton de Bohain) en 1886, il devint curé de cette paroisse en 1889, et occupa ce poste jusqu’à sa mort. Bien que souffrant depuis plusieurs années d’une maladie de cœur, il remplit cependant ses devoirs de pasteur jusqu’au dernier jour.

Très bon prêtre, il jouissait de l’estime de tous ceux qui l’approchaient. Aussi ses paroissiens et ceux des villages voisins se sont fait un devoir d’assister en foule aux funérailles de ce curé si simple et si pieux.

M. le curé de Prémont était le neveu de l’abbé Lecieux, décédé l’an dernier, curé-doyen d’Anizy-le-Château.

Source : AMB 1898.

LECIEUX (l’abbé Alexandre Damascène).

Né à Essigny-le-Grand le 12 octobre 1826, ordonné prêtre à Soissons, le 5 juin 1852, fut d’abord professeur au Petit-Séminaire de Liesse, puis successivement curé de Lappion (1er juillet 1855), d’Estrées (25 mars 1871) et curé-doyen d’Anizy-le-Château (1er avril 1883). C’est là qu’il est décédé, le 16 novembre 1895. Bon prêtre, pieux, d’une vie exemplaire, c’était un père et un ami pour tous les curés du canton.

Source : AMB 1897.

LECLÈRE (Jean Pierre).

Ancien médecin des hospices à Crécy-sur-Serre, ancien vice-président du comité cantonal d’hygiène, né à Nouvion-Catillon le 24 septembre 1813, décédé à Crécy-sur-Serre le 8 avril 1894, après une longue et douloureuse maladie.

Il jouissait dans tout le canton de Crécy d’une grande notoriété et de l’estime générale des habitants. L’association des médecins des arrondissements de Laon, Vervins et Château-Thierry était représentée à ses obsèques par le docteur Blanquinque, secrétaire général de l’association et par plusieurs médecins. Deux discours furent prononcés sur sa tombe ; le premier par M. le docteur Morcrette, maire de Crécy-sur-Serre, et le second par M. Jénot, de Dercy.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

LECOINTRE.

M. Lecointre, président de la Chambre de Commerce, conseiller municipal, ancien conseiller d’arrondissement, officier de la Légion d’honneur, vient de mourir. Un nombreux cortège assistait à ses obsèques. M. Lecointre ne devait qu’à son mérite une position commerciale recommandable, l’estime générale et une confiance absolue de la part de ses concitoyens. Les habitants de Reims, à diverses reprises, lui ont témoigné leur reconnaissance pour les longs et utiles services qu’il leur a rendus, soit au Tribunal, soit à la Chambre de Commerce et dans les conseils de la cité. En rendant hommage à sa mémoire, M. Maille-Leblanc a été l’interprète de tous. Son éloge était dans tous les cœurs, et quelque bien qu’on ait pu dire de lui sur sa tombe, chacun en pensait encore davantage.

M. Maille-Leblanc, qui conduisait le deuil, a prononcé, au milieu de l’émotion générale, le discours suivant, qui retrace tous les mérites de l’homme de bien que regrettera longtemps la ville de Reims.

Messieurs,

Si les regrets qu’inspire la perte des citoyens utiles doivent se mesurer à l’étendue, et à l’importance des services qu’ils ont rendus, quels ont été nos sentiments à la vue du cercueil qui recouvre la dépouille de cet homme de bien, dont la vie tout entière n’a été qu’un long dévouement aux intérêts publics, qu’il a servis avec un zèle, une intelligence et un désintéressement qui ne se sont jamais lassés ni démentis. Nous laissons à sa famille le soin de dire quelles furent les vertus de l’époux et du père, quelle était la bonté de son cœur et le charme de ses entretiens dans l’intimité du foyer domestique. Nous ne voulons considérer en lui que l’homme public, le magistrat intègre et éclairé, le sage conseiller, le tuteur et le défenseur des intérêts de sa cité.

Pierre Rose François Éloi Lecointre naquit le 1er décembre 1788, dans un modeste village, à Coucy-lès-Eppes, non loin de Laon. Son père, commerçant honnête et considéré, s’attacha de bonne heure à cultiver l’intelligence d’un fils dont les remarquables dispositions annonçaient, dès son plus jeune âge, ce qu’il serait un jour ; et pour mieux surveiller sa première éducation, il vint s’établir à Reims, où de sages et pieux instituteurs, à peine revenus de l’exil, travaillaient à relever de leurs mains débiles et affaiblies par l’âge les ruines du sanctuaire des lettres et des sciences, jadis si florissantes en cette ville. Confié à leurs soins à l’âge de dix ans, le jeune Lecointre fit des progrès rapides et puisa dans leurs leçons les éléments d’une instruction solide qu’il devait étendre et fortifier sans cesse par ses propres efforts. Sorti du collège, et déjà privé de l’appui de son père, qu’une mort prématurée lui avait ravi, il fit son premier apprentissage dans une maison de banque, et telle fut la capacité qu’il montra dans le modeste emploi de caissier qu’il y remplissait, que la maison ayant dû céder aux circonstances difficiles qui vinrent l’assaillir, les créanciers n’hésitèrent pas à lui confier le soin d’une liquidation longue et compliquée qu’il sut terminer heureusement et à la satisfaction complète des intéressés. La confiance qu’il avait inspirée était telle que des avantages séduisants et un capital considérable lui furent alors offerts pour continuer les opérations pour lesquelles il venait de révéler une aptitude si remarquable. Mais, peu soucieux de la fortune, il refusa ces offres brillantes et périlleuses, peut-être pour s’adonner à la profession de son père, dont les vieux amis s’empressèrent de former la première clientèle du fils. Commerçant probe et éclairé, son mérite ne tarda pas à être apprécié, et peu d’années s’étaient écoulées, lorsqu’en 1823 les suffrages de ses concitoyens notables l’appelèrent au Tribunal de commerce qu’il devait honorer d’un si vif éclat.

Juge suppléant de 1823 à 1826 ; juge de 1826 à 1828 et de 1830 à 1832 ; élevé à la présidence de 1834 à 1836 ; rappelé à la même dignité de 1838 à 1840, de 1844 à 1846 et de 1851 à 1854, il déploya dans les fonctions de juge et de président les éminentes qualités qui le distinguaient, un ardent amour de la justice, une grande rectitude de jugement, une application constante aux affaires, une facilité d’élocution et une netteté de rédaction remarquables. Ajoutez-y une parfaite connaissance des lois et de la jurisprudence commerciale, merveilleusement servie par une mémoire qui ne laissait rien échapper et par une vie vouée dès sa jeunesse aux études sérieuses, loin des plaisirs et dans le silence du cabinet. Son esprit sagace et pénétrant, semblait se jouer au milieu des affaires les plus compliquées, dénouer sans peine les artifices les mieux ourdis et marcher à la découverte de la vérité d’un pas toujours ferme et comme guidé par un instinct toujours infaillible. Complaisant et patient avec les parties, il écoutait avec bonté et sans ennui apparent leurs explications souvent diffuses, sachant qu’un mot indiscrètement échappé contient quelquefois une révélation utile. Dirai-je ce qu’il était pour ses collègues, notamment pour les nouveaux juges dont l’inexpérience réclamait ses conseils et sa direction ? Il était pour eux un ami dévoué, un guide sûr, un maître indulgent et affectueux. C’était dans ses leçons intimes et pratiques, qu’on apprenait à connaître toute la noblesse de son cœur, la délicatesse de sa conscience, la pénétration et la sûreté de son jugement, et le sentiment profond de justice qui l’animait.

Appelé souvent comme conseil ou comme arbitre, il se prêtait ou plutôt il se donnait à tous, toujours accessible, toujours bon, toujours affable, prévenant ou réglant amiablement les difficultés par l’autorité de sa parole et la haute estime qu’on accordait à son caractère.

Appelé en 1836 à la Chambre de Commerce, dont ses collègues, en 1843, lui déférèrent tout d’une voix la présidence, qu’il a conservée jusqu’à son dernier jour, il apporta dans ces nouvelles fonctions le même zèle, avec des qualités encore plus étendues et plus variées. Connaissance complète des industries, des mœurs et des besoins des différents peuples, de leurs productions, des traités, des lois et usages, des poids, mesures et monnaies, des douanes et de l’histoire politique et commerciale des divers pays, il était initié à tout. Sa vaste mémoire était comme un répertoire encyclopédique où l’on pouvait fouiller à toute heure sans l’épuiser. Guidant et éclairant la discussion sans la maîtriser, il écoutait avec bienveillance toutes les opinions, les invitant à se produire avec la plus entière indépendance et en toute liberté.

Pourrais-je énumérer toutes les propositions dont il prit l’initiative pour préparer les voies au développement de notre industrie. La plupart des vœux formulés par la Chambre ont été accueillis avec intérêt et ont provoqué en haut lieu des mesures favorables à notre commerce. Ceux mêmes qui n’ont pu obtenir la solution désirée ont été examinés avec une sérieuse considération et n’attendent peut-être que des circonstances plus propices pour être exaucés.

Dirai-je enfin ce que fut M. Lecointre dans le Conseil de la cité, où il prit place en 1834, et où il n’a cessé depuis de siéger au premier rang. Administrateur économe et bien ménager des deniers publics, il était surtout le défenseur des petits et des faibles ; opposé à toute aggravation d’impôt dont la nécessité lui paraissait contestable, il combattait avec une courageuse indépendance toute dépense improductive ou dont l’utilité ne lui semblait pas profitable à tous. Avocat zélé des institutions charitables et des établissements consacrés à l’instruction et à l’amélioration intellectuelle et morale du peuple, c’est dans son cœur qu’il trouvait des arguments pour plaider leur cause, toujours éloquent, toujours écouté avec intérêt et avec la vénération que commandent l’âge et le talent.

Tel s’est montré M. Lecointre dans les importantes fonctions qu’il a successivement remplies ; tel on le vit également au Conseil d’arrondissement et dans le modeste emploi d’administrateur de la Caisse d’épargne, toujours et partout l’homme utile, l’homme de dévouement et d’abnégation ; sacrifiant son temps, sa fortune, son repos, sa vie même, s’il l’eût fallu, à la passion du bien public dont il était dévoré.

La reconnaissance de ses concitoyens, du moins, ne lui aura pas manqué. Par une exception honorable, elle avait depuis longtemps sollicité et obtenu pour lui la croix de chevalier de la Légion d’honneur ; et le gouvernement actuel, juste appréciateur du mérite, l’avait élevé spontanément, en 1858, au rang d’officier. Jamais distinction n’aura reposé sur une plus noble poitrine.

Source : AMB 1869.

LECOMTE (André François).

Maire d’Eutréville (Aisne), fondateur de la manufacture de faïence de Sinceny, l'une des plus importantes du département de l’Aisne, décédé le 14 janvier 1869.

Source : AMB 1870.

LECOMTE (Victor).

Fabricant de draps, né à Wadelincourt, prés Sedan, le 3 août 1821, décédé à Sedan le 5 décembre 1883. Plein d’activité et d’intelligence pour les affaires, cet important manufacturier était le fils de ses œuvres, sa mort laisse un grand vide dans la fabrique sedanaise, dont il avait puissamment contribué à soutenir la bonne réputation.

Source : AMB 1885.

LECONTE (Claude).

Ancien Pharmacien en chef de l’Hôtel-Dieu, ancien fabricant d’engrais, ancien membre de l’Académie nationale de Reims, ancien conseiller municipal, ancien conseiller d’arrondissement, ancien suppléant de justice de paix, ancien vice-président du Comice agricole de Reims, ancien président du conseil de fabrique de la basilique Saint-Remi, était né à Arnay-le-Duc (Côte-d’Or) le 28 juin 1807 ; il mourut à Reims le 30 avril 1893.

Venu à Reims en 1840 comme pharmacien en chef de l’Hôtel-Dieu, à la suite d’un concours, il y a planté sa tente et y vécut jusqu’à l’âge de 86 ans, comblé d’honneurs, de considération et de respect.

Homme de science et de dévouement, il vit non seulement les titres honorifique pleuvoir sur lui, mais aussi les charges gratuites qui ne sont réellement bien placées que sur des hommes de devoir comme lui, et qu’il sut remplir toujours avec beaucoup de zèle et désintéressement.

Charles Remy.

AMB 1894.

LECONTE (Louis Gabriel).

Avocat, décédé à Vouziers, le 30 juin 1903, appartenait au barreau de cette ville. Il y était très estimé et pendant trente ans, soit comme avoué, soit comme avocat, il sut acquérir la sympathie des juges et celle de la population.

Il jouissait à juste titre de la considération générale et son esprit droit, essentiellement libéral, l’avait fait nommer membre du Conseil municipal. Il était aussi délégué cantonal.

M. Gabriel Leconte était né à Paris le 6 avril 1846. Il n’avait que 57 ans.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

LEFEBVRE (Auguste Jean Marie).

Décédé à Reims le 22 décembre 1871, dans sa 80e année, chevalier de la Légion d’honneur, chef de bataillon du génie.

Après 49 années de service, il prit sa retraite à Reims, sa ville natale, où il fut nommé membre de l’Académie, et secrétaire de la Société des membres de la Légion d’honneur.

Modeste autant que généreux, la bonté de son cœur, la franchise et la droiture de son caractère lui ont rapidement conquis l’estime et la sympathie qui s’attachent à la mémoire de l’homme de bien.

Source : AMB 1872.

LEFEBVRE (Eugène).

Né à Mézières le 26 juillet 1832, fils de Ponce Alexis Lefebvre, cordonnier en cette ville, entré au 48e de ligne comme engagé, audit régiment, le 27 juillet 1849, entre à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr le 9 novembre 1850 ; sortie en 1852 comme sous-lieutenant au 38e de ligne, promu lieutenant en 1858, passé dans la garde de Paris en 1860, capitaine de gendarmerie en 1864 et envoyé à Guadeloupe où il a résidé deux ans et demi au moment de l’épidémie du choléra et des tremblements de terre : sa belle conduite pendant les temps malheureux dans cette colonie lui valut la croix de la Légion d’honneur : rentré en France en 1867 il vient passer deux mois à Mézières où il ne comptait que des amis et la plus haute estime des administrateurs du département, puis envoyé à Draguignan. Le lendemain de la déclaration de guerre, il demanda à être incorporé dans un des régiments qui entraient en campagne ; il fut envoyé dans les bataillons de marche de la gendarmerie et assista au siège de Paris ; les privations que l’armée y a éprouvées ont fait éclore lui les germes d’une maladie qu’il avait contractée aux colonies, il est décédé à l’hôpital du Val-de-Grâce le 11 octobre 1870.

Source : AMB 1872.

LEFEBVRE (Jules Marie).

Le parti radical faisait une grande perte le 5 août dernier, en la personne de M. Jules Lefebvre.

Sincère républicain et fidèle à son parti, d’une conviction profonde, a-t-on dit lors de sa mort, il était résolument libre-penseur.

Membre da Conseil d’administration de l’« Avenir de l’Aisne » et président de l’Association républicaine du canton de Château-Thierry, M. Lefebvre n’oublia pas la ville où il s’était tant dépensé, suivant en cela ses inspirations et sa foi de démocrate.

C’est ainsi qu’il instituait la ville de Château-Thierry sa légataire universelle à charge par elle de décerner chaque année divers prix aux élèves du Collège et des écoles communales laïques ; à une ouvrière sortant de ces écoles et enfin d’importants legs à plusieurs villes de l’Aisne et aux établissements hospitaliers.

M. Jules Lefebvre était né à Fère-en-Tardenois le 1er novembre 1863.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

LEFEBVRE (Pierre Adolphe).

Né à Ambleny (Aisne), le 20 mai 1825, fils de notaire et notaire lui-même, avait acquis à Laon, où il s’était fixé, une honorable confiance. Après trente-trois ans d’exercice, il céda son étude et fut admis à l’honorariat. Il devint alors suppléant de la justice de paix, fit partie du bureau d’assistance judiciaire et de la commission administrative, des Hospices

Membre titulaire de la Société académique, il ne cessa de s’intéresser à ses travaux et il publia même un « État sommaire des offices et pratiques des notaires de l’arrondissement de Laon », ouvrage qui témoigne de recherches étendues et d’un labeur persévérant.

Par son intégrité, son caractère droit qui n’excluaient ni la bienveillance, ni un esprit conciliant, M. Lefebvre s’était fait de nombreuses sympathies qui se manifestèrent à ses obsèques, célébrées à Laon, le 23 janvier 1899.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LEFÈVRE (François Étienne).

Né à Sissy en 1788, ancien curé-doyen de Sissonne, nommé chanoine de Soissons en 1851, décédé le 14 juin 1871 à l’âge de 83 ans.

Source : AMB 1872.

LEFÈVRE (François Henri Eugène).

Né à Laon le 15 janvier 1829, décédé à Laon le 23 juillet 1900, ancien banquier, conseiller municipal, ancien adjoint au maire, vice-président de la Commission administrative de l’hospice départemental de Montreuil, vice-président de la Commission administrative des hospices civils de Laon, vice-président du Conseil des directeurs de la Caisse d’Épargne de Laon, etc, etc, a droit à un souvenir reconnaissant.

M. Ermant, maire de Laon, a, d’ailleurs, retracé tout au long cette carrière si bien remplie, cette vie si libéralement donnée aux diverses institutions qu’il représentait comme aussi sa conduite pendant la guerre de 1870, alors que conseiller municipal, il protestait avec énergie contre les contributions excessives des autorités prussiennes desquelles il obtint satisfaction.

Bienveillant pour tous, a dit le maire de Laon, M. Lefèvre était aimé de tous, sa mémoire vivra longtemps, non seulement dans le cœur de ses collègues, mais dans celui du personnel de nos grands établissements hospitaliers qui laisse tomber aujourd’hui sur sa tourbe, l’humble et touchante fleur d’un pieux souvenir.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

LEFÈVRE (L’abbé Victor Hyacinthe).

Doyen d’Hirson (Aisne), mourait le 29 septembre dernier, à l’âge de 90 ans. Les étapes du digne prêtre peuvent résumer sa vie : Nommé, après son ordination, vicaire à Saint-Quentin, où il édifia la chapelle de la Charité dont il était l’aumônier, l’abbé Lefèvre fut ensuite (1856) doyen de Condé-en-Brie; il en restaura l’église et fut envoyé en 1865 à Hirson où il exerça son ministère sacerdotal pendant trente-quatre ans, s’occupant avec zélé du projet de reconstruction de l’église, créant des écoles et des pensionnats d’instruction chrétienne.

De belles obsèques lui furent célébrées.

M. l’abbé Lefèvre était né à Château-Thierry, le 29 janvier 1810. Il était chanoine honoraire.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LEFÈVRE (Pierre Léon).

Né à Reims le 11 avril 1843, fils du célèbre ténor de la métropole. Professeur de musique, organiste de la paroisse Saint-Jacques, professeur de chant aux écoles communales de la ville, décédé à Reims le 14 mars 1872.

Musicien de naissance et amoureux de son art, M. Lefèvre a laissé de nombreuses compositions pour piano parmi lesquelles on remarque Fleur d’Ay, caprice, Coucou, valse, Espérance, mélodie, La Mitrailleuse, polka, etc.

Source : AMB 1873.

LEFÈVRE (Pierre).

Soldat du premier empire, qui fut mis à l’ordre du jour en escortant le drapeau français à l'attaque du pont de Montereau, décédé le 3 février 1869 à Heiltz-le-Maurupt (Marne).

Source : AMB 1870.

LEFORT (Pierre Alexandre Francis).

Inspecteur général des Ponts et Chaussées en retraite, ancien vice-président du Conseil général des Ponts et Chaussées, commandeur de la Légion d’honneur, officier de l’ordre des SS. Maurice et Lazare, membre correspondant de l’Académie des sciences de Naples, membre titulaire de l’Académie nationale de Reims, décédé à Reims le 22 novembre 1888, dans sa 80e année.

Cet homme distingué était le père de M. Lefort, notaire à Reims, il s’était retiré dans cette ville depuis plusieurs années, et cultivait les sciences avec amour. Nous aurions voulu que le temps nous permit de prendre quelques renseignements exacts sur sa longue et honorable carrière.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

LEFRANC (Louis Joseph).

Ancien médecin de la manufacture de glaces de Saint-Gobain, né à Paris le 8 septembre 1828, décédé à Chauny le 12 mars 1889, s’était toujours montré prodigue et fervent envers le personnel de la manufacture, dont une délégation lui témoignait sa reconnaissance au nom de tous en assistant à ses obsèques.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

LEGAND (sœur Marie Célinie).

Né à La Croix-aux-Bois (Ardennes), en 1828, décédée à Reims le 12 août 1897, après 48 ans passés au milieu des petits-enfants des salles d’asile.

Sœur Legand, entrée à 21 ans au couvent de la « Divine Providence » de Reims, fut pendant 26 ans, à Loivre, et 22 à Vireux-Molhain et à Reims, l’ange tutélaire des petits enfants confiés à ses soins. Douce et modeste, d’une tenue pleine de dignité, elle savait s’en faire aimer grâce à sa gaîté et à sa bonne humeur inaltérable. Aussi a-t-on rendu à cette humble religieuse de solennels honneurs funèbres. Mgr Juillet présidait à la cérémonie, M. le curé de Saint-Jean-Baptiste chantait la messe. Au cortège se remarquaient de nombreux habitants de Loivre. Enfin, au cimetière, M. le curé de Neuvizy, a exprimé, en quelques paroles émues, les regrets de tous et les qualités de la défunte, terminant par cette belle pensée de l’écriture : « Ceux qui ont fait germer la vertu dans les âmes des enfants, brilleront dans l’éternité ».

Source : AMB 1898.

LEGÉE-LAHERTE (François Marie).

Né à Épernay le 17 pluviôse an II (5 février 1794), décédé dans sa ville natale, le 16 décembre 1875, à l’âge de 81 ans.

M. Legée avait été directeur de la caisse d’épargne d’Épernay. C’est à sa générosité que les habitants doivent la fontaine qui décore la place de l’Hôtel-de-Ville.

Source : AMB 1877.

LEGRAND (l’abbé Alfred).

Aumônier du Lycée de Charleville, était né à Chaumuzy le 19 novembre 1845 et c’est là qu’il mourut le 29 août dernier.

M. l’abbé Legrand avait reçu la prêtrise en 1869. Il s’était vite fait remarquer de ses supérieurs, aussi son choix comme vicaire de la Cathédrale n’étonna-t-il personne.

En 1877, il quitta Reims pour Ambonnay ; il y exerça, aidé qu’il fut de la population, le ministère pastoral avec un complet dévouement, mais son tempérament demandait une vie plus active, une voie plus large. C’est avec joie qu’il accepta, trois ans après, les fonctions d’aumônier du Lycée de Charleville. Il s’y dépensa sans compter, mais des épreuves successives, des deuils répétés, devaient ébranler sa constitution et avoir raison de son énergie. Peu à peu sa santé s’altéra et le mal l’emporta sans qu’aucun remède ait pu l’enrayer.

Son corps repose à Chaumuzy, son village natal, où un concours de professeurs et d’amis témoigna des regrets dus à sa mémoire.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

LEGRAND (Auguste).

Chevalier de la Légion d’honneur, administrateur des hospices, conseiller municipal de Reims, décédé le 7 août 1869.

Source : AMB 1870.

LEGRAND (Mme Marie Josèphe).

En religion sœur Sainte-Eugénie, née à Étion (Ardennes) le 3 décembre 1821, d’une honnête et respectable famille, où les traditions de foi et de piété chrétienne se maintiennent avec celles de l’honorabilité et du dévouement, décédée à Reims le 18 avril 1892.

À l’âge de vingt-six ans, elle entrait au noviciat de la communauté du Saint-Enfant-Jésus de Reims, lui apportant une nature franche et droite, un cœur généreux, une âme toute trempée de foi profonde et d’aimable charité.

Le 25 septembre 1848, elle fut admise à la profession religieuse, et depuis cette époque jusqu’à celle de sa mort, sauf l’espace de trois années qu’elle passa à Esternay, de 1864 à 1867, c’est aux enfants du peuple de Reims que fut consacrée sa longue carrière d’enseignement gratuit.

D’abord institutrice adjointe, puis, de 1852 à 1883, successivement titulaire des écoles communales de la ville de Reims, au faubourg de Laon, rue de Thillois, et finalement rue des Orphelins, elle ne démentit pas un instant les espérances que ses heureux débuts avaient fait concevoir.

L’arrêté municipal du 1er juin 1883, qui prononçait la laïcisation des écoles de filles et le renvoi des sœurs, trouvait sœur Sainte-Eugénie à son poste. C’est bien d’elle en particulier que M. le Maire, notifiant cet arrêté pouvait écrire « Nous rendons hommage au dévouement des institutrices de l’Enfant-Jésus et au zèle qu’elles ont toujours déployé dans l’exercice de leurs fonctions ».

La vertueuse sœur reçut avec un courage égal à sa douleur le coup qui la frappait, mais elle reprit avec le même zèle, en qualité de directrice de l’école libre, sa laborieuse mission. Toutes ses élèves, d’ailleurs, l’avaient suivie dans le local, bien vite organisé, rue Gambetta.

C’est là que les fatigues et l’âge achevèrent d’épuiser, après quarante d’activité, cette riche et énergique nature. En 1889, sœur Sainte-Eugénie fut mise au repos ; mais elle sut trouver le moyen de se rendre encore et partout utile et dévouée, remplaçant, au besoin, ses compagnes malades ou fatiguées, encourageant par sa gaîté et son entrain ses sœurs plus jeunes, donnant à toutes l’exemple des vertus religieuses, d’une régularité parfaite et d’une piété édifiante autant qu’aimable.

Quelques jours de maladie la conduisirent aux portes du tombeau : l’énergie de son caractère lui fit envisager sans crainte et sans défaillance l’heure suprême qui lui apportait l’unique récompense qu’elle eût ambitionnée.

Le Courrier de la Champagne enregistrant sa mort, se fit l’interprète de la douleur commune. Sœur Sainte-Eugénie fut une institutrice intelligente et habile : elle charmait en instruisant ; elle sut conquérir l’estime et la confiance des familles et elle laisse dans le quartier de Saint-Maurice comme dans sa communauté une mémoire en vénération. Mais les plus sincères et les plus vifs regrets l’ont plus particulièrement assurés dans le cœur de ses anciennes élèves qu’elle se plaisait à appeler ses filles et qui lui garderont un éternel souvenir.

M. l’Inspecteur de l’enseignement primaire, apprenant au retour d’un voyage la mort de l’excellente sœur, exprimait son regret de n’avoir pu « adresser un dernier adieu à l’institutrice modèle entre toutes, dont il avait apprécié l’admirable dévouement pendant plus de quinze ans ».

On ne saurait rien ajouter à cet éloge.

E. C.

AMB 1893.

LEGRAS (Jean-Baptiste).

Notaire honoraire à Vandières (Marne), ancien suppléant de la justice de paix du canton de Châtillon-sur-Marne, ancien délégué cantonal, homme actif et dévoué aux intérêts du pays qu’il habita si longtemps et où il mourut le 14 mars 1893, dans sa 89e année. Il était né à Villers-Marmery (Marne), et laisse un fils, M. A. Legras, directeur des postes et télégraphes du département de la Meuse. Il présenta en 1875 au concours de l’Académie de Reims une monographie très approfondie de Vandières, qu’il publia en un fort volume in-8° en 1877. C’est le meilleur souvenir qu’il pouvait laisser de son zèle, et ses compatriotes doivent lui en rester reconnaissants.

H. J.

AMB 1894.

LEGROS-GUIMBERT (Charles Auguste).

Manufacturier à Pontfaverger, chevalier de la Légion d’honneur, président de la commission du chemin de fer de la Suippe, né à Saint-Quentin le 30 août 1818, décédé à Pontfaverger le 30 août 1892.

Simple mécanicien-ajusteur comme son père, il vint s’établir à Reims en 1840, et répara l’outillage des chantiers nationaux, devint constructeur et fut l’un des plus actifs collaborateurs des ingénieurs qui construisirent le tunnel de Rilly.

Puis il se fit apprêteur à Reims, foulonnier-peigneur à Pontfaverger, et s’adonna complètement au tissage et à la filature à partir de 1860.

Son établissement de Pontfaverger, qui était un modèle du genre, contribua au développement et à la prospérité de la commune.

En 1870, il achetait une nouvelle usine à Bazancourt.

L’activité de M. Legros lui permettait de mener de front la direction de ses deux usines et l’exploitation d’une importante maison de culture à Moronvillers.

Soit comme industriel, soit comme agriculteur, les récompenses ne lui ont pas manqué, depuis les médailles d’honneur des Comices jusqu’à la croix de la Légion d’honneur.

Charles Remy.

AMB 1893.

LEGUELDRE (Désiré).

Ancien contrôleur d’artillerie, chevalier de la Légion d’honneur, décédé le 18 avril 1875, aux forges de Phade, près de Monthermé.

Source : AMB 1876.

LEHOULT (Jules).

Manufacturier, né à Saint-Quentin le 28 novembre 1810, mort dans cette ville le 16 juillet dernier, était une des physionomies les plus intéressantes et les plus respectables.

Son père, Jules-Gabriel Lehoult, d’une honorable famille de Normandie, ami de Richard Lenoir, était venu, en 1807, installer à Saint-Quentin, qui était un centre de fabrication anciennement connu et où la main-d’œuvre campagnarde se trouvait abondante, la grande filature de coton de la rue du Gouvernement, filature qui se transforma bientôt en tissage.

À l’Exposition de 1823, les plus hautes distinctions étaient successivement accordées à son propriétaire qui fut fait, en 1849, chevalier de la Légion d’honneur. M. Jules-Gabriel Lehoult s’était associé à ses deux fils, Ernest et Jules, qui continuèrent la tradition paternelle. En 1884, l’usine fut fermée après soixante-dix-sept ans de marche utile et prospère.

M. Jules Lehoult, dont l’activité de corps et d’esprit était extraordinaire, s’occupa alors de culture, de bonnes œuvres, d’œuvres sociales. Il se donnait à tout avec la même décision, la même netteté dans les idées et une autorité indiscutée et indiscutable qui lui valait toujours la première place, et il savait l’occuper.

Il avait rempli des charges diverses et toujours avec la conscience, la conviction qu’il apportait en tout : conseiller municipal, administrateur de la Banque de France, juge au Tribunal de Commerce, etc.

M Lehoult était chevalier de la Légion d’honneur.

(Journal de Saint-Quentin).

Source : AMB 1904.

LEJAY (abbé).

Chanoine honoraire, aumônier de l’hospice de Sedan, décédé à Sedan le 5 janvier 1885. L’abbé Lejay fut un de ces prêtres dont s’honore l’église et une cité ; ses talents, ses œuvres, sa charité sans bornes, ont donné à sa vie un cachet original et tout particulier.

Né à Aiglemont le 14 février 1806, ordonné prêtre en 1831, l’abbé Lejay fut aumônier de l’hospice de Sedan pendant 53 ans. Ses qualités l’appelaient à occuper un des premiers postes du diocèse, mais sa charité l’attacha au service des malades et des pauvres auxquels il avait voué sa vie.

Ce fut surtout en 1870, à l’époque si triste du désastre de Sedan, que l’abbé Lejay donna les preuves de son inépuisable charité. L’hospice regorgeait de blessés français. L’aumônier se fit tout à tous ; il ne se contenta pas de procurer à ses malheureux compatriotes les suprêmes consolations de son ministère, il se fit leur secrétaire ; qui saura jamais le nombre de lettres qu’il écrivit au nom de ces victimes malheureuses pour rassurer les pères, les mères sur le sort de leurs enfants, ou pour leur annoncer 1a fatale nouvelle. Que de braves soldats lui ont dû de pouvoir échapper à la captivité par son ingénieuse habileté à les soustraire à la surveillance de l’ennemi. Combien d’autres il soutint par ses lettres d’encouragement envoyées chaque jour à ceux que le vainqueur tenait enfermés dans les citadelles d’Outre-Rhin.

Cette conduite méritait à l’abbé Lejay la croix des braves, mais sa modestie refusa d’en orner sa robe de prêtre.

Source : AMB 1886.

LEJEUNE (Abbé Félix Théodore).

Curé de Crécy-au-Mont, né à Autreppes-en-Thiérache le 16 mars 1806, décédé à Crécy-au-Mont le 27 mai 1890.

Curé de cette paroisse depuis le 15 août 1846, il y exerça son ministère pendant 44 ans avec un zèle qui lui valut les sympathies de ses paroissiens et l’amitié de ses confrères.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

LEJEUNE (abbé Jean-François).

Né à Gaumont (Ardennes), décédé le 10 mars 1870, curé de Remaucourt.

Source : AMB 1871.

LELEU de LA SIMMONE (Cimon).

Fils d’un avocat général à la cour royale d’Amiens, naquit le 16 août 1792. Élève du collège d’Amiens et issu d’une famille de magistrats, il fut naturellement destiné aux fonctions judiciaires. Aussi, après son stage au barreau il fut nommé en 1821, substitut à Soissons ; nommé juge à Laon, en 1830, où il demeura jusqu’en 1852, on remarqua en lui une intelligence nette et un esprit analytique ; calme et froid, il possédait les qualités qui font le magistrat. C’est à cette époque que M. Cimon dit le Chevalier songea à prendre sa retraite pour faciliter à son fils l’accès de la magistrature. M. Leleu de la Simmone est mort en juillet 1873 à Laon dont sa famille était originaire, il avait toujours vécu en homme d’honneur et de foi, en faisant le bien autour de lui et en donnant l’exemple de toutes les vertus sociales chrétiennes.

Source : AMB 1874.

LELIÈVRE (Irénée Constant).

Ancien constructeur-mécanicien, ancien conseiller d’arrondissement, ancien conseiller municipal, ancien vice-président de la Ligue de l’Enseignement, ancien administrateur de la Caisse d’Épargne, ancien président de l’Union foncière, ancien inspecteur des Écoles pour l’enseignement, fut avant tout un fervent défenseur de la République. Il conserva jusqu’à sa mort, arrivée le 21 août 1899, ses idées démocratiques et c’est suivi d’une grande partie de ses compagnons de lutte qu’il fut conduit à sa dernière demeure

M. Lelièvre était né à Reims, le 6 avril 1832 ; il était officier d’Académie.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LEMAIRE (Armand Eugène).

Conseiller honoraire à la cour d’Amiens, chevalier de la Légion d’honneur, né à Saint-Pierre-l’Aigle en 1819, décédé le 4 mars 1897, dans sa 78e année. C’était le frère puîné de M. Achille Lemaire, président honoraire du Comice agricole de l’arrondissement de Soissons.

Depuis sa mise à la retraite, qu’il avait demandée après une carrière brillamment parcourue, M. Lemaire était demeuré à Amiens, où il vivait entouré de l’affectueuse estime de ses anciens collègues, qui appréciaient la distinction de son esprit et les qualités de son cœur.

Source : AMB 1898.

LEMAIRE (Ernest).

Ingénieur civil, décédé à Paris, le 16 mai 1896, dans sa 52e année. Il était d’une famille de fabricants de sucre de la région saint-quentinoise. Élevé dans le métier, il prit la direction de l’importante usine de Chavenay, en Seine-et-Oise. Homme du monde, aimable et serviable, il avait été le collaborateur de M. Élie Fleury, pour le « Manuel de la diffusion ».

Source : AMB 1897.

LEMAIRE (Louis Achille).

Président honoraire du Comice agricole de Soissons, était le fils de M. Maxime Lemaire, représentant du peuple en 1848 et qui avait été lui-même président du Comice lors de sa fondation en 1849.

M. Achille Lemaire avait succédé à son père dans une des plus importantes exploitations vocales du Soissonnais, qu’il conduisit, avec habileté et succès.

Ses qualités de praticien au courant des progrès de la science agricole, la sûreté de son jugement, comme aussi sa parfaite urbanité, le désignèrent en 1884, pour la présidence du Comice. Il resta dix ans à la tête de cette association, mais, en 1894, sentant s’appesantir sur lui le poids des années, il résigna ses fonctions malgré les vives sollicitations de ses collègues.

M. Brunehant, président actuel du Comice, a rappelé devant la tombe, la vie de cet homme, qui fut toute de probité et d’honneur.

M. Achille Lemaire était né à Saint-Pierre-Aigle (Aisne), le 18 mai 1818 ; c’est à Soissons qu’il s’éteignit le 10 janvier dernier.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LEMAIRE (Marie Victor Hippolyte).

Décédé à Épernay, le 19 mars 1897, ancien élève de l’École centrale, appartenait à une des plus anciennes et des meilleures familles de Pierry, où il était né le 4 mai 1844.

Il laisse après lui le souvenir d’un homme de bien et d’un travailleur opiniâtre. Le commerce des vins de Champagne lui est redevable de nombreuses et heureuses inventions ou améliorations dans les machines servant au travail des vins. Un nombreux cortège d’amis suivait son cercueil, ainsi que toutes les notabilités d’Épernay, notamment MM. Habert, sous-préfet ; Fleuricourt, maire ; Luquet, ancien président du tribunal de commerce et plusieurs conseillers municipaux.

Source : AMB 1898.

LEMAÎTRE (Ernest).

Né en juin 1846, bâtonnier de l’Ordre des Avocats, ancien adjoint au maire et membre du Conseil municipal de Laon, administrateur de la Caisse d’épargne, secrétaire de la Société de Secours mutuels, président de la Société de Tir et de la Société académique, ancien président de l’Harmonie municipale, est mort le 5 novembre 1897.

Le service d’inhumation a eu lieu en l’église Notre-Dame de Laon, le 8 novembre 1897.

M. Lemaître était une des personnalités les plus sympathiques de la ville de Laon. D’une grande vivacité d’esprit et d’un caractère affable, il s’occupait avec autant de dévouement que de compétence des intérêts publics. C’était un lettré délicat et bien informé des curiosités littéraires de notre époque. plusieurs opuscules de valeur témoignent de ce goût. C’était an outre un musicien distingué, et il avait été bien souvent l’organisateur de soirées lyriques par les sociétés musicales de la ville.

Source : AMB 1899.

LEMAÎTRE (Mme), voir ALLAIN.

LEMAÎTRE (Philippe Auguste).

Avoué à Laon, ancien membre de la commission administrative des hospices, né à Évreux le 11 février 1800, décédé à Laon le 12 mars 1888, premier suppléant de la justice de paix de Laon, président du bureau d’assistance judiciaire.

Pendant sa longue carrière, M. Lemaître ne cessa de rendre des services à la chose publique. Après avoir fait son stage à Paris, il traita, en 1827, d’une étude d’avoué à Laon.

Depuis longtemps déjà rendu à la vie privée, il ne cessa de faire profiter ses concitoyens de son expérience des affaires et de sa science juridique, Soit comme suppléant de la justice de paix, soit comme président du bureau d’assistance judiciaire ou comme commissaire aux enquêtes administratives.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

LEMAÎTRE (Victor Paul Abraham Félix).

Ancien receveur particulier à Reims, ancien trésorier général du département de l’Aisne, né à Agen le 26 septembre 1805, décédé à Laon le 7 mai 1892.

Était petit-fils d’un fermier général et fils d’un receveur général ; l’administration des finances était donc pour lui une voie toute tracée. Il y débute comme receveur particulier à Pontoise, puis à Reims, et fut nommé receveur général à Guéret en 1847, à Mézières en 1853, puis à Laon en 1857. Il prit sa retraite en 1873, et demeura à Laon où il était le centre de réunion de toutes les notabilités civiles et militaires, jusqu’à la mort de Mme Lemaître, arrivée il y a trois ans ; depuis cette époque, le grand âge et le chagrin ont fermé cette maison hospitalière.

M. Lemaître a été conseiller municipal de Laon, membre du conseil d’administration des prisons et de celui de l’asile de Montreuil.

Sa fille unique a épousé M. Le Trésor de La Roque, ancien conseiller d’État.

Charles Remy.

AMB 1893.

LEMAUR (abbé Louis Victor).

Chanoine honoraire, curé de Saint-Alpin, de Châlons, né à Montmirail le 15 octobre 1810, décédé à Châlons le 19 août 1888, fit ses études littéraires au petit séminaire de Châlons, et ensuite ses études théologiques au grand séminaire de cette ville. Ordonné prêtre en 1834, il fut envoyé comme vicaire à Vitry-le-François, où il exerça le ministère pendant 23 ans, ayant eu longtemps la direction de cette importante paroisse pendant la maladie de son vénérable curé, l’abbé Garnier, dont les infirmités avaient été causées par son émigration, sous la Terreur.

Son dévouement y fut mis à l’épreuve pendant les deux épidémies de choléra qui causèrent tant de ravages à Vitry en 1839 et en 1844. Aussi avait-il conquis dans cette ville l’affection profonde de tous les habitants, qui le virent à regret nommé en 1857 à la cure de Saint-Alpin de Châlons.

Son zèle ne se démentit point dans sa nouvelle paroisse, où il devait édifier pendant 32 ans les Châlonnais par sa piété et sa vertu, et conquérir ses paroissiens par la douceur et la modestie.

Malheureusement, depuis quelques années il était devenu aveugle, et il fut obligé de laisser la partie active du ministère à un pro-curé : mais il trouva dans l’abbé Appert, ancien curé de Troissy, un coadjuteur plein de dévouement et de délicatesse.

M. le chanoine Lucot, archiprêtre de la cathédrale, a prononcé du haut de la chaire, le jour des funérailles, en termes émus, son oraison funèbre.

Charles Remy.

Source : AMB 1889.

LEMOINE (Antoine Barthélemy).

Capitaine d’infanterie de marine, en retraite, chevalier de la Légion d’honneur, ancien commissaire de surveillance à la gare de Château-Thierry, est mort dans cette ville, le 18 septembre 1900, âgé de 75 ans.

Né à Nogentel, près Château-Thierry, le 17 septembre 1827, il fut incorporé dans un régiment d’infanterie, le 27 mars 1848, passa aux zouaves en 1850, fut promu sous-lieutenant en 1853 au 4e régiment d’infanterie de marine et obtint le grade de capitaine le 25 octobre 1867. Il fit campagne en Algérie, en Crimée, à la Réunion, à Sainte-Marie de Madagascar, et séjourna plus de douze ans dans nos diverses colonies. Homme de bien, serviteur dévoué et modeste de son pays, il avait su mériter l’estime et la sympathie de ses concitoyens.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

LEMOINE (Armand Victor).

Né à Reims, décédé à Paris, le 24 mars 1897, dans sa 60e année. Longue est la nomenclature de ses titres, à savoir :

Docteur en médecine, docteur ès-sciences naturelles ;

Professeur honoraire à l’École de Médecine de Reims ;

Membre honoraire à l’Hôtel-Dieu de Reims ;

Vice-président de la Société Géologique de France ;

Membre des Sociétés Zoologique, Botanique et Entomologique de France ;

Membre honoraire et ancien président de l’Académie nationale de Reims ;

Membre de diverses autres sociétés savantes ;

Chevalier de la Légion d’honneur et officier de l’Instruction publique.

Il commença ses études médicales à l’École de Reims, sous la direction de son beau-père, le Dr Maldan, directeur de l’École de Médecine, et là, sans négliger le côté médical, il se passionna pour l’histoire naturelle. Après avoir été interne à l’hôtel-Dieu, il alla à Paris, où il fut reçu internes des hôpitaux au concours de 1861 et docteurs en médecine en 1866. Deux ans plus tard (8 août 1868) il recevait le titre de docteur ès-sciences naturelles pour une thèse sur les systèmes nerveux, musculaire et glandulaire de l’écrevisse.

Il voulut faire aussi de la géologie et de la paléontologie ; armé du marteau et de la pioche, il fouilla le bassin de Paris, plus spécialement les collines des environs de Reims, et de préférence, le Mont de Berru. L’établissement du fort qui le couronne avait entraîné des coupes dont il profitait pour se rendre compte des couches et de la formation de cette partie du sol de la Champagne, et en même temps il cherchait et trouvait les traces d’animaux disparus, qu’il reconstituait à la manière de Cuvier, notamment le simoedosaure, reptile nouveau de la faune de Cernay, près Reims, et il constatait que cette faune était spéciale à la région.

En 1880, M. Lemoine commençait la publication d’un atlas des caractères scientifiques de la flore parisienne et de la flore rémoise ; trois fascicules seulement ont paru.

Nommé membre de l’Académie de Reims en 1868, président en 1887, professeur titulaire à l’École de Médecine de Reims en 1869, il se décida à retourner à Paris (1889), qui seul pouvait lui fournir les matériaux de ses chères études. Là, n’ayant plus aucun souci de pratique ni de clientèle, il reprit avec ardeur ses recherches d’histoire naturelle, enrichit et compléta ses collections, publia le résultat de ses recherches et entretint avec les savants de l’Europe et du monde, une correspondance qui témoigne de la haute estime en laquelle le tenaient ses collègues, et de l’importance qu’ils attachaient à ses travaux. Mme Lemoine s’était associée aux travaux de son mari avec le même zèle dévoué qu’ont montré d’autres femmes de savants illustres.

Les travaux scientifiques du docteur Lemoine lui avaient valu en 1889, la croix de la Légion d’honneur. Et il allait très prochainement être nommé membre de l’Académie des sciences, quand la mort vint inopinément le frapper, ne permettant pas ce couronnement de sa belle carrière scientifique.

Ses obsèques ont eu lieu le samedi 27 mars, en l’église Saint-Étienne-du-Mont. L’inhumation eut lieu plus tard dans un caveau de famille au Cimetière du Nord, à Reims.

Source : AMB 1898.

LEMOINE (Pierre Joseph).

Chevalier de la Légion d’honneur, ancien notaire, ancien juge de paix, né à la ferme de la Bonne-Maison, commune de Courville le 3 janvier 1799, décédé à Reims, le 11 mai 1893.

Fils de ses œuvres, M. Lemoine avait immensément travaillé dans sa jeunesse pour acquérir la belle position qu’il avait conquise.

Rempli de moyens intellectuels, il avait été obligé par la mort de son père d’interrompre avant la fin, le cours de ses études en plein succès.

Il obtint cependant de sa mère restée veuve la permission de se faire clerc de notaire à Reims et devint notaire à Asfeld où il resta une douzaine d’années. Il fut alors nommé juge de paix à Rozoy-sur-Serre (Aisne), où ses éminents services pendant plus de trente ans et sa science juridique lui valurent la croix de la Légion d’honneur. Retiré à Reims après la guerre de 1870, il y vécut encore de nombreuses années aimé et estimé de tout le monde.

Sa vie ne se passa point cependant sans tribulations. Il avait deux fils qui donnaient les meilleures espérances. Il les perdit successivement, le premier à l’âge de vingt-trois ans, qui, avant d’entrer à Saint-Sulpice, avait remporté le prix d’honneur au concours des lycées de Paris et de Versailles ; le second à l’âge de 40 ans, après une longue et cruelle maladie, celui-ci était allié à une famille des plus honorables dans la haute magistrature.

Malgré ces cruelles épreuves auxquelles il faut joindre celle de la mort de son épouse, qui l’aidait à supporter ses malheurs, et de sa bru qu’il affectionnait, il avait conservé une aménité de caractère que les sentiments de piété qu’il professait peuvent seuls expliquer. Il avait une mémoire prodigieuse et jusqu’à l’âge de 90 ans, il se souvenait encore de toutes les circonstances de sa vie et de celles de tous ceux avec lesquels il avait été en rapport.

À cet âge, il aimait à faire de nombreuses citations des auteurs classiques en vers et en prose qu’il avait appris dans sa jeunesse et les chiffres des articles de nos codes. Sa conversation était très agréable malgré une légère pointe de causticité qui était toujours corrigée par l’amabilité naturelle de son caractère, et voilée sous les termes de la plus exquise politesse.

Il mourut dans sa 95e année, sans souffrance grave, et en conservant jusqu’à la fin toutes ses facultés mentales.

Charles Remy.

AMB 1894.

LEMOR (Alfred).

Né à Vervins, entré dans la magistrature en 1856, nommé substitut à Soissons en 1861, à Beauvais en 1862, à Amiens en 1864, jeune magistrat de grande espérance qui, après 14 années consacrées aux fonctions du ministère public redemanda son inscription au tableau de l’ordre des avocats du barreau d’Amiens. Dans cette nouvelle vie, Alfred Lemor montra la clarté d’un esprit net, la facilité d’une parole élégante, l’autorité d’un jugement droit, la dignité et la fermeté d’un caractère élevé ; mort à 40 ans avec un courage et une force d’âme que peut seule donner la religion quand elle est bien comprise et surtout bien pratiquée.

Source : AMB 1875.

LENFUMÉ de LIGNIÈRES (le général).

Né à Laon, le 28 novembre 1832, décédé à Paris, dans l’établissement des frères Saint-Jean de Dieu, le dimanche 10 janvier 1897.

Admis à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr en 1851, il fut nommé sous-lieutenant dans la cavalerie le 1er octobre 1853, et fit partie, en cette qualité, de l’armée de Crimée, où sa brillante conduite lui avait valu le grade de lieutenant le 22 septembre 1856. Il fut ensuite promu capitaine le 11 décembre 1861 et chef d’escadron le 19 juillet 1870.

En 1874, il devenait commandant de la section de cavalerie de Saint-Cyr, en remplacement du colonel Grandin. Promu sur place lieutenant-colonel le 27 mai 1875 et colonel le 7 juin 1879, M. de Lignières recevait les étoiles de général de brigade le 12 juillet 1884 et celles de général de division le 29 décembre 1891.

Placé à la tête de la 2e division de cavalerie à Lunéville, il avait dû quitter son commandement à la suite d’une maladie contractée par un accident de chasse.

Cette mort met en deuil plusieurs honorables familles du département de l’Aisne.

Source : AMB 1898.

LENOIR (Hubert)

Missionnaire au Sutchen Oriental (Chine), né à Saint-Pierremont (Ardennes), le 10 juin 1843, décédé à Son-Tong, le 5 juillet 1889.

Après de brillantes études aux séminaires de Charleville et de Reims, qu’il quitta pour entrer au séminaire des Missions étrangères à Paris en 1866, il fut ordonne prêtre au mois de décembre 1867 et partit aussitôt pour la Chine. Après six mois de l’étude de la langue, il fut chargé de l’administration des deux sous-préfectures de Ta-tsin et de Uin-tchang, secondé dans cette dernière par un prêtre chinois, son vicaire. En 1872,3, il est à Pen-chouy-hien aidant le Père Landes à relever la mission qui avait été détruite par les Chinois. L’année suivante, appelé à visiter la vaste province de Yeou-Yang, où on venait d’installer des missions, il vit périr plusieurs de ses confrères. Successivement appelé aux postes les plus dangereux, il fut atteint en 1885 d’une grave maladie qui ébranla ses forces et sa santé. À peine rétabli, il fut envoyé par Mgr de Tagaste comme commissaire épiscopal à Ky-kiang-hien, où l’oratoire avait été détruit et plusieurs stations pillées pendant la guerre du Tong-King. Enfin en 1889, épuisé de fatigue, il se retira chez un de ses amis à Son-Tong, où il mourut après avoir été alité pendant huit jours seulement. Il fut inhumé à côté de M. Couffat, dont il avait été le condisciple à Paris.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

LEPARMENTIER (Joseph Auguste).

Ancien professeur de dessin à l’École des Arts-et-Métiers de Châlons, né à Paris le 20 septembre 1825, décédé à Châlons le 27 octobre 1880.

Source : AMB 1882.

LEPAULARD (Henri Charles).

Menuisier à Reims, né le 15 décembre 1831, à Ressons-le-Long (Aisne), décédé le 25 janvier 1873. A légué 5.000 fr. à la ville de Reims pour en employer la rente à subvenir aux besoins d’un ouvrier menuisier qui voudrait entrer à la Maison de Retraite.

Source : AMB 1874.

LEPETIT-LAFOREST (Alexandre).

Ancien ingénieur de 1a glacerie et de la soudière de Chauny, vice-président de la Société de secours mutuels, né à Courlaville (Manche) le 3 mai 1823, décédé à Chauny le 4 mai 1891.

Deux discours ont été prononcés sur sa tombe par M. Évrard, président de la soudière et par M. Devienne, directeur de la glacerie.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

LEPOIVRE (Alphonse Jean-Baptiste Louis).

Né à Saint-Venant (Pas-de-Calais) le 4 février 1841, décédé à Verzy le 2 janvier 1895.

Ancien sous-chef de musique dans l’armée, Lepoivre avait organisé à Verzy une excellente musique d’harmonie, qui passait pour l’une des meilleures de toute la région du Nord-Est. Il fut nommé officier d’Académie. Forcé ensuite par ses nombreuses occupations d’abandonner la direction de cette Société ; il remplissait souvent les fonctions de membres du jury dans les concours musicaux, et y apportait un jugement sûr et très apprécié des connaisseurs.

Il s’était créé à Verzy une excellente situation de l’industrie vinicole, et avait l’importante charge de commissionnaire en vins de la maison Pommery. Atteint dans ses dernières années d’une douloureuse maladie, il s’était fait traiter plusieurs mois, mais sans succès, dans une maison de Paris.

De retour chez lui, il mourut le mercredi 2 janvier.

On lui fit à Verzy obsèques magnifiques.

Source : AMB 1896.

LEQUESTRE (Jules Théodore).

Capitaine en retraite, chevalier de la Légion d’honneur, était sous-officier à la guerre de 1870. Son régiment, le 96e d’infanterie, prit une part héroïque, comme on sait, à Froeschviller. Il s’y couvrit de gloire mais y subit aussi d’énormes pertes.

Parmi les blessés se trouvait Lequestre, qui resté sur le champ de bataille, fut fait prisonnier et emmené en captivité.

S’étant retiré à Soissons il y a dizaine d’années, il sut se faire aimer de tous ceux qui l’approchèrent. Il mourut dans cette ville le 20 septembre 1890.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LEQUINT (Étienne Joseph).

Le 13 décembre 1900, avaient lieu à Asfeld les obsèques de M. Lequint.

Indiquer les différentes étapes que le défunt a parcourues dans la carrière de l’enseignement, c’est faire apprécier les éminentes qualités qui l’ont distingué et élevé aux plus hautes dignités. Successivement, M. Lequint fut professeur à l’école normale de Charleville, inspecteur primaire à Vouziers, directeur de l’école normale de Chartres. Tour à tour il fut nommé officier d’Académie et officier de l’Instruction publique. Lorsqu’il prit sa retraite, il vint se fixer à Asfeld, son pays natal, où la mort le surprit, le 11 septembre 1900, à l’âge de soixante-treize ans.

Les coins du poêle étaient tenus par MM. Mérieux, conseiller général, Voiron, Bertrand et Gonsier, amis de M. Lequint. La municipalité, la compagnie des sapeurs-pompiers, la société de musique, la plupart des habitants de la commune et bon nombre d’instituteurs de la région, assistaient à la cérémonie. Deux discours ont été prononcés : l’un par M. Briois, maire d’Asfeld, au nom du Conseil municipal, dont le défunt faisait partie, et l’autre par M. Routier, instituteur, au nom du Corps enseignant.

M. Lequint était né à Asfeld, le 22 juin 1827.

H. B.

Source : AMB 1902.

LE REBOURS (le vicomte Odoard Adolphe).

Décédé en son château de Coolus, près Châlons, le 15 novembre 1902, appartenait à une ancienne famille originaire de Normandie qui compta plusieurs membres au Parlement de Rouen.

Officier de cavalerie, il fit, en 1859, la campagne d’Italie. Ayant donné sa démission alors qu’il était capitaine au 6e régiment de chasseurs, il se retira dans sa terre de Coolus.

Le vicomte Odoard Le Rebours fut pendant longtemps maire de cette commune ; en 1870, la résistance qu’il opposa aux réquisitions ennemies avait attiré sur lui les rigueurs des autorités prussiennes.

Le défunt était né à Paris le 16 avril 1821.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.

LEROUX (Henri Aimé).

Ancien avocat, ancien député, ancien sénateur de l’Aisne, fut à l’Assemblée nationale de 1871 le collègue de Malézieux, de Jules Favre et de Henri Martin.

Esprit libéral et héritier de traditions respectables, ne sacrifiant rien de ses sentiments privés à la popularité souvent dégradante, il sut occuper une place prépondérante dans la politique, alors qu’il ne voyait en celle-ci qu’un instrument loyal de combat des plus utiles dans cette époque douloureuse.

Le « Courrier de l’Aisne » a fort bien dit de lui que ce fut « un républicain des temps héroïques, un des derniers survivants de ces libéraux de la fin de l’Empire pour la plupart formés par le barreau au goût et à la pratique de la liberté, qui furent les fondateurs et les conservateurs de la République ».

M. Aimé Leroux était en effet un membre distingué du barreau français. Une parole élégante, une discussion toujours courtoise, une entière probité, un caractère incapable de défaillance l’avaient signalé comme un homme de grand dévouement et c’est entouré des plus vives sympathies que la population laonnoise le conduisait le 19 mars dernier à sa dernière demeure. Il laisse dans toute la région et à Notre-Dame de Liesse où il vit le jour le 14 octobre 1825, d’unanimes regrets et le souvenir d’un savant jurisconsulte.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

LEROUX (Charles).

Propriétaire-agriculteur, ingénieur civil à La Fère, ancien président du Comice agricole de Laon, ancien conseiller général, né à La Fère, où il est décédé, le 20 novembre 1884.

M. Leroux, issu d’une des plus honorables familles de l’arrondissement de Laon, avait complété son instruction théorique et pratique à l’École d’Arts et Métiers de Châlons-sur-Marne.

En sortant de l’École, il reprit l’importante exploitation agricole et industrielle de Charmes, près La Fère, s’appliqua à la faire prospérer et ne s’en déchargea, en faveur de son fils aîné, que lorsque l’âge ne lui permit plus de mener la vie active à laquelle il était habitué.

Il fut d’abord maire de Charmes ; puis nommé conseiller d’arrondissement en 1867. En 1870, il fut élu au conseil général et fut réélu en 1871.

Il était déjà président du Comice agricole de Laon ; ce fut sous sa présidence que furent votés les fameux tarifs de l’Aisne, qui servirent de modèle, en France, à ceux du même genre.

M. Dupuis, maire de La Fère, au nom de la ville ; M. Nice, vice-président du Comice agricole, au nom de cette compagnie, et M. Malézieux, au nom du Conseil général de l’Aisne, ont prononcé sur sa tombe, l’éloge du défunt.

Source : AMB 1886.

LEROUX (Dr Philippe Agathon).

Né à Corbeny le 7 décembre 1815, est décédé à Aulnoye le 11 juin 1896.

Il exerçait dans la commune de Corbeny depuis plus de 50 ans. Excellent praticien, très aimé de ses malades, il était en même temps un archéologue distingué. Son cabinet était un véritable musée : porcelaine, faïences, monnaies anciennes, tapisseries, pierres tombales, armes, livres rares, silex préhistoriques, etc.

Il a publié différentes monographies sur Corbeny et ses environs. Oncle et grand-oncle de médecins, il était d’une vraie famille médicale à laquelle appartient M. le Dr Lécuyer de Beaurieux. C’était le beau-père de M. Macquart-Leroux.

O. G.

Source : AMB 1897.

LEROUX (Jean-Claude).

Secrétaire en chef de la mairie de Soissons, né à Laon le 6 mars 1798, décédé à Soissons le 17 juillet 1882.

Engagé volontaire lors du passage à Laon de l’armée de Napoléon en 1815, il prit part à la bataille de Waterloo.

De retour dans ses foyers, M. Leroux entra en 1818 à la recette des Finances de Soissons, y devint chef de la comptabilité et occupa cet emploi jusqu’en 1839. Il fut l’un des fondateurs de la Caisse d’épargne dont la création remonte à 1832 et il en resta le receveur jusqu’en 1867. Nommé secrétaire de la Mairie en 1839, il prit sa retraite le 30 juin 1868.

Source : AMB 1883.

LEROUX (Jean-Jacques Louis Magloire).

Né à La Fère (Aisne) le 13 juillet 1800. Ancien adjoint au maire de Reims, ancien lieutenant-colonel de la Garde nationale de cette ville, décédé à Compiègne, le 8 juin 1873, époux de Mme Hortense Panet.

Ses contemporains, peu nombreux, hélas ! aujourd’hui, n’ont pas oublié la franchise et la loyauté qui caractérisaient ses relations. Ses manières affables, sa haute honorabilité et ce cachet de distinction qui n’appartient qu’aux natures d’élite, lui avaient mérité la sympathie générale.

Il n’a pas oublié la ville qui l’avait élevé aux honneurs, bien qu’il ne l’habitât plus depuis longtemps, il a légué à l’hôpital de Saint-Marcoul, la somme de 3.000 fr.

Source : AMB 1874.

LEROUX (Nathalie Joséphine).

En religion sœur Marie, née à Amiens le 26 novembre 1826, décédée à Sedan le 25 juillet 1890.

Elle était arrivée à Sedan le 1er août 1857, et pendant 33 ans elle a été l’infatigable et zélée dispensatrice du Bureau de bienfaisance, mission délicate et laborieuse qui la mettait tous les jours en rapport avec des misère physiques et morales de toutes sortes à soulager ; elle n’y faillit jamais.

En 1870, on la vit avec ses sœurs, les filles de la Charité, prodiguer aux blessés ses soins et tous les dévouements jusqu'à l’évacuation de l’hospice par les derniers convalescents.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

LEROUX-GOUMANT (Jean Marie).

Né le 18 mai 1802 à Guyencourt (Aisne), décédé à Hermonville le 12 avril 1875.

Juge suppléant, juge de paix du canton de Fismes, conseiller d’arrondissement, ancien vice-président du Comice agricole de l’arrondissement de Reims, ancien maire d’Hermonville.

Source : AMB 1876.

LEROY.

Instituteur à Vendières canton de Charly, arrêté par méprise comme ayant fait partie d’une compagnie de francs-tireurs à laquelle il était étranger ; fut conduit à Châlons où il fut condamné et exécuté, en Janvier 1871. Il mourut avec un digne et ferme courage en disant : Venez, habitants de Châlons, voir comment meurt un innocent.

Trois autres personnes entre autres un ouvrier de Vendières nommé Chéron payèrent de leur vie les méfaits imaginaires dont on les accusa.

Source : AMB 1873.

LESAGE (Gabriel Armand).

Employé à la sous-préfecture de Reims, décoré de la médaille militaire, chevalier de la Légion d’honneur, ex-maréchal-des-logis de gendarmerie, né 1e 2 mars 1806 à Pitmasens, ancien département du Mont-Tonnerre, actuellement Bavière, décédé à Reims le 24 octobre 1877.

Lesage avait 35 années de services militaires, comptait 7 ans de commissariat de police à Attigny, et comme retraite il était employé à la sous-préfecture depuis 1l ans.

C’était un digne et loyal serviteur dont on ne saurait laisser le nom dans l’oubli. – Son fils marche sur ses traces, car nous apprenons qu’il a déjà mérité l’épaulette.

Source : AMB 1878.

LESAGE.

Le jeudi 1er octobre 1868 ont eu lieu à Reims les obsèques de M. Lesage, dont la mort a été l’objet de regrets universels. Plus d’un millier de personnes accompagnaient le convoi funèbre. Deux discours ont été prononcés, par M. le Président de la Société des Établissements économiques et par M. Dorigny, vice-président de la Société de Secours mutuels.

Le correspondant d’un journal retraçait en ces termes les services qu’il a rendus à la ville de Reims, au milieu d’obstacles de tous genres :

M. Etienne Lesage, décédé à l’âge de 54 ans, avait commencé par être simple ouvrier. Devenu ensuite représentant d’une usine importante, puis directeur des Établissements économiques fondés par lui sur le plan des sociétés coopératives, il conserva les habitudes de modestie et d’honnête simplicité de sa première condition.

En 1849, il fonda la Société mutuelle de prévoyance pour la retraite, qu’un décret impérial du 9 août 1864 a déclarée établissement d’utilité publique. Malgré l’extension considérable qu’elle a prise et les immenses services qu’elle est appelée à rendre, cette association n’était, dans la pensée de son créateur, qu’une première étape vers les progrès continus qu’il rêvait en faveur de la classe ouvrière.

Dès 1848, il avait élaboré le projet d’une société de consommation, que les circonstances ne lui permirent pas de réaliser. Aussitôt qu’il vit ses conceptions appliquées avec succès dans beaucoup de localités, il reprit l’œuvre avec l’ardeur persévérante qu’il apportait en toutes choses.

Connaissant à fond l’esprit des ouvriers de Reims, il ne recourut à eux que dans une certaine mesure pour préparer sa fondation nouvelle. L’estime personnelle dont il jouissait, la confiance qu’inspirait surtout le succès toujours croissant de la Société de retraite, lui attirèrent les adhésions sympathiques des principales notabilités du négoce et de la haute bourgeoisie. En quelques jours, le capital fut souscrit, et le 4 janvier 1867, la vente des denrées à prix réduits commençait à la maison centrale de la rue du Barbâtre.

On se rappelle combien l’année 1857 fut difficile à traverser pour ceux dont le travail quotidien est la seule ressource. Dès le début, la création de M. Lesage leur procura un allégement sensible par la baisse immédiate du prix du pain, que certains boulangers avaient exagéré dans des proportions déplorables. Il en fut de même bientôt pour la charcuterie et pour la plupart des denrées alimentaires de grande consommation.

Sept succursales, établies successivement dans les quartiers les plus populeux, étendirent le bienfait à la population tout entière. Au 30 juin, à l’issue de la période de formation et de tâtonnements, le chiffre des affaires était déjà de 150.000 fr., mais ce n’était que le prélude des brillants résultats constatés depuis.

En laissant après lui deux institutions de cette importance, M. Lesage se survit à lui-même.

Source : AMB 1869.

LESCUYER (Jean-François).

Propriétaire, naturaliste et ornithologue, membre d’un grand nombre de sociétés savantes, né à Charmont (Marne) le 7 janvier 1820, décédé à Saint-Dizier le 15 septembre 1887.

Après avoir achevé ses études classiques au collège de Châlons-sur-Marne, il alla faire son droit à la Faculté d’Aix.

Fils et gendre de notaire, il se destinait au notariat, mais sa santé assez fragile lui fit abandonner ce projet, il demeura propriétaire.

Marié à Saint-Dizier (Haute-Marne), il s’y fixa. Amateur de la chasse et surtout des beautés de la nature, il aimait à passer une partie de son temps dans les plaines et dans les bois, étudiant les mœurs des animaux et surtout des oiseaux. Il n’était pas rare de le voir rester toute une journée à l’abri d’un arbre pour surprendre les secrets cachés dans un nid d’oiseaux, y revenant plusieurs jours de suite, y sacrifiant même une partie de ses nuits, et finissant par connaître les habitudes, les instincts des pères et mères et des petits.

Aussi devint-il un naturaliste sérieux, et par sa science profonde de l’ornithologie il s’est acquis une grande notoriété, non seulement en France, mais dans les deux mondes.

Écrivain élégant, il faisait parler à la science un langage élevé mais fleuri, et quelquefois poétique. On croirait parfois lire une idylle ; plus loin, il s’élève à une grande hauteur d’idées. Penseur profond et philosophe chrétien, il découvrait partout la main de Dieu, et savait lui rendre hautement hommage.

Il tira de ses observations un système par lequel il sut rattacher tous les êtres aux harmonies de la création : son système d’élimination destiné à maintenir l’équilibre de la production et la conservation des espèces, appliqué spécialement à la poursuite des insectes par les oiseaux, a fait le tour du monde savant.

Ses ouvrages sur l’ornithologie font autorité. Sans compter les nombreux articles contenus dans les recueils scientifiques, il a publié les travaux suivants, dont quelques-uns, ont eu plusieurs éditions :

Introduction à l’étude des oiseaux.

Les oiseaux dans les harmonies de la nature.

Architecture des nids. – Dénichage, – Oiseaux sédentaires.

Oiseaux de passage et tendues.

De l’oiseau an point de vue de l’acclimatation.

Langage et chant des oiseaux.

Considérations sur la forme et la coloration des oiseaux.

La héronnière d’Écury et le héron gris.

Des oiseaux de la vallée de la Marne pendant l’hiver 1879-80.

Mélanges d’ornithologie, 4 brochures.

Tableaux pour la classification des oiseaux dans la vallée de la Marne.

À sa mort, il avait encore sous presse deux autres études sur les oiseaux de notre contrée.

Dans un autre ordre d’idées, il a publié un travail intitulé : Recherches sur le Dimanche.

Nous avons dit qu’il était un penseur chrétien ; il était aussi un fervent chrétien, membre et président de plusieurs associations pieuses.

Ces idées avec sa confiance en Dieu et son amour pour l’étude, contribuèrent à lui faire supporter avec résignation sa santé languissante et la perte successive de sa fille adolescente et de son fils, aimant comme lui l’étude, mort à 35 ans, président du Conseil de préfecture de l’Aube.

Il eût le rare honneur de voir publier de son vivant une étude sur sa vie et sur ses ouvrages, dont l’auteur est Mgr Faivre, protonotaire apostolique à Langres.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

LESCUYER (Paul).

Ancien secrétaire du préfet de la Marne, président du Conseil de préfecture de l’Aube, né à Saint-Dizier le 12 septembre 1850, décédé à Troyes le 9 janvier 1886. Fils de M. F. Lescuyer, le savant ornithologiste, il appartient au département de la Marne par sa famille et par celle de sa femme. Il fit ses études à Saint-Dizier et il étudiait le droit à Nancy quand éclata la guerre de 1870 ; il fit partie, comme officier de mobile, de la garnison de Langres, où il donna des preuves de son énergie et d’une grande sollicitude pour les soldats de sa compagnie qui l’élurent capitaine.

Après la guerre, il reprit ses études de droit interrompues et se fit recevoir licencié en droit.

Il ne larda pas à réunir plus étroitement deux familles déjà liées d’amitié, en épousant Mlle Ponsart, fille du conseiller général de la Marne. C’est alors qu’il débuta dans la carrière administrative comme attaché au cabinet de M. de Vaufreland, préfet de la Marne, et fut bientôt nommé conseiller de préfecture à Épinal, d’où il passa au même titre dans le département de l’Aube ; il présidait ce conseil depuis plusieurs armées.

Il s’adonna à l’étude du droit administratif et publia d’intéressants commentaires des lois sur les conseils généraux, sur la chasse et sur l’organisation municipale. Il avait aussi étudié avec le plus grand soin toutes les parties du département de l’Aube, dont il publiait il y a deux ans, la Géographie historique et statistique, ouvrage qui lui a valu de précieux suffrages.

L’avenir s’ouvrait devant lui plein d’espérances, lorsqu’une courte maladie vint l’enlever à l’affection de sa famille et de ses amis, à l’âge de 35 ans.

Source : AMB 1887.

LESGUILLIER.

Ingénieur des ponts et chaussées, ancien député de l’Aisne, ancien sous-secrétaire d’État, chevalier de la Légion d’honneur, né à Lhuys le 15 juillet 1825, décédé à Fère-en-Tardenois le 26 septembre 1889, était un ancien élève de l’École polytechnique, dont il sortit avec le n° 1.

En 1878, il était appelé à la Direction des chemins de fer de l’État.

En 1881, il était élu député de l’arrondissement de Château-Thierry, et en 1885 il était réélu par le département, de l’Aisne au scrutin de liste.

Sous le ministère de Gambetta, il fut nommé secrétaire d’État aux Travaux publics.

Avant d’entrer dans la vie publique, il avait construit plusieurs lignes importantes de chemin de fer en Espagne. C’est à cette époque qu’il fut nommé chevalier de la Légion d’honneur.

Plusieurs discours ont été prononcés sur sa tombe, par MM. Doumer, Deville, Charbonneaux et Gaillard.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

LESIEUR (François Félix).

Né à Brieulles-sur-Bar le 21 juillet 1806, décédé curé à Poix le 8 octobre 1872.

Source : AMB 1873.

LESIEUR (le colonel Gustave Adolphe).

Né à Grandpré, le 17 février 1819, décédé à Châlons, le 3 octobre 1898, avait fait ses premières armes en Afrique, à l’époque de la conquête. Appelé plus tard en Crimée, il assiste à la bataille de Tratkir. En 1859, il prend part aux sanglantes journées de Magenta et de Solférino. En 1870, il est au siège de Strasbourg, et l’année suivante au siège de Paris contre la commune. Sa carrière militaire a été bien remplie, et quand il a pris prématurément sa retraite, il était désigné pour les étoiles de général.

Ses obsèques ont été célébrées à la cathédrale. Les cordons du poêle étaient tenus par MM. le général Lafouge, le colonel Joppé, le commandant Matheu, et M. Cornet, inspecteur honoraire d’Académie.

Au cimetière, M. le général Lafouge a retracé d’une voie émue, la vie de celui qui avait été pendant quarante ans son camarade et son ami.

Source : AMB 1899.

LESPAGNOL de BEZANNES (Marie Angélique).

En religion sœur Caroline de Chantal, fondatrice et première supérieure générale de la Congrégation de la Divine Providence de Reims, décédée le 23 mai, veuve de M. de Beffroy de Marcq.

Madame de Beffroy, née à Reims le 10 mai 1810, jouissait des avantages qui rattachent la naissance à la fortune et aux qualités dd l’esprit. Fidèle aux antiques traditions de foi religieuse qui ont toujours honoré les familles d’origine noble, Madame de Beffroy a eu l’honneur de fonder à Reims l’établissement connu sous le nom de la Divine Providence ; jeune encore à la mort de son mari, elle trouva dans son cœur d’épouse et de mère la force nécessaire pour surmonter les plus cruelles épreuves. Calme et résignée dans la douleur, elle avait (pour emprunter les paroles prononcées sur sa tombe), « reconnu dans les coups de la Providence la voie mystérieuse qui devait la conduire à la perfection ». La maison par elle fondée lui enleva plus de 400.000 fr. de son patrimoine qu’elle consacra avec ardeur à la création, objet de ses vœux et de ses aspirations les plus chères.

Madame de Beffroy, était l’une des dernières descendantes de l’illustre famille des Lespagnol de Bezannes : cette famille était alliée aux Coquebert, aux Sutaine, aux Moët, aux de La Salle, aux Colbert. Monsieur Lespagnol de Bezannes, grand bailli de Vermandois, au siège royal et présidial de Reims, était l’un des ancêtres de Madame de Beffroy.

Source : AMB 1871.

LESPAGNOL de BEZANNES (Marie Félicie).

Épouse de M. Prosper Jourdain de Muizon, chevalier de l’ordre de Saint-Crégoire-le-Grand, née à Reims le 8 janvier 1809, décédée en cette ville le 14 décembre 1890, était la descendante d’une famille depuis longtemps établie à Reims, où l’on conservait les traditions de la noblesse et dont plusieurs de ses membres occupèrent les plus hautes fonctions dans l’administration de la cité. On compte parmi eux plusieurs lieutenants des habitants, un grand prieur de Saint-Remy ; elle était alliée à celle du Bienheureux Jean-Baptiste de la Salle, fondateur de l’institut des frères des écoles chrétiennes. Sa sœur, Mme de Beffroy, elle aussi, fut en 1851, l’une des fondatrices à Reims, des institutrices de la Divine Providence.

Elle avait épousé M. de Muizon qui, lui aussi, est d’une famille distinguée dont l’armorial de Châlons cite plusieurs fois le nom.

Mme de Muizon était connue à Reims par sa grande piété et son inépuisable charité. C’est en se rendant le dimanche 14 décembre 1890 à la messe du matin, qu’elle tomba inanimée sur la place des Marchés, succombant à une congestion occasionnée par le froid. Elle portait comme toujours ce fameux sac, connu de tout Reims, où elle enfermait ce qu’elle devait distribuer chaque jour dans ses visites aux pauvres familles.

C’était tomber comme le soldat sur la brèche.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

LESSIEUX (Pierre Émile).

Avocat, juge-suppléant au tribunal de Rethel, né à Rethel le 3 avril 1850, où il est décédé le 28 octobre 1889, à la suite d’un accident, il avait donné de bonne heure la mesure d’un grand talent comme avocat et comme jurisconsulte.

Les regrets exprimés sur sa tombe témoignent de la perte que font en lui le barreau et sa ville natale, qu’il n’avait jamais voulu quitter pour courir vers un avenir plus brillant.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

LESURE (Alfred).

Docteur en médecine, ancien conseiller municipal, ancien conseiller d’arrondissement, membre du Conseil général des Ardennes, né à Attigny en 1839, décédé au même lieu le 12 juillet 1885.

Lesure fit ses études classiques à Senlis, dans une maison d’éducation renommée, où il se signala par une originalité dans l’esprit et les idées, que ses professeurs s’attachèrent à diriger.

Cette originalité le fit remarquer dans sa thèse de doctorat en médecine dont le sujet et la forme la firent condamner par les examinateurs à en refaire une autre où il fit amende honorable à la Faculté, tout en conservant, pendant toute sa vie, une indépendance d’idées qui lui faisait aimer les études sérieuses. Grâce à son activité secondée par un tempérament vigoureux, il parcourut une carrière médicale très bien remplie, dans son pays natal.

En 1879, il fut nommé membre du Conseil d’arrondissement et en la même année, il échangeait ce titre contre celui de conseiller général. Il était aussi membre du Conseil municipal d’Attigny, membre de plusieurs sociétés savantes et en particulier de la Société pour l’avancement des études géographiques. Il ne recula jamais devant les démarches nécessaires pour assurer le progrès de la science.

Il était membre fondateur, à Attigny, du Comité de la Bibliothèque cantonale et du Comité d’études sociales.

Source : AMB 1886.

LESURE (Pierre).

Docteur en médecine, conseiller général du canton d’Attigny, né le 27 juin 1816.

La mort de M. Lesure est un de ces événements qui répandent le deuil sur toute une contrée.

Né à Attigny, il y a 62 ans, d’une très honorable famille, il quitta sa ville natale de bonne heure, pour aller se livrer aux fortes études, qui furent la passion dominante de sa belle et brillante intelligence.

Brillantes aussi furent ces études, même à leur début. On se souvient encore à Reims de l’élève distingué, de l’élégant sergent d’études qui faisait une des gloires du Lycée. Pour ma part, je n’ai jamais vu s’éloigner de mes souvenirs d’enfance cette remarquable figure d’étudiant avec le chapeau claque sur l’oreille et l’épée au côté : car le règlement le voulait ainsi à l’égard de celui qu’un mérite bien et dûment constaté plaçait en dehors et au-dessus de ses compagnons de travail.

Lorsque le moment arriva de donner à ses études une direction spéciale, lorsque M. Lesure eut à prendre une détermination irrévocable sur la profession qu’il entendait suivre, il n’eut pas, comme beaucoup d’autres, les embarras du choix, les angoisses de l’indécision. La pratique de la médecine était la principale vertu de sa famille ; il n’eut qu’à tendre la main à cette profession héréditaire, qui lui souriait encore plus sous le point de vue humanitaire que sous le point de vue scientifique et purement technique. Il partit donc pour Paris avec la ferme volonté d’y devenir médecin : il en revint docteur.

Son retour fut un triomphe dans sa famille et un cri d’espérance dans tout le pays, car M. Lesure, alors si grand d’avenir, était resté modeste dans ses prétentions, qui ne lui assignaient d’autre théâtre pour expérimenter une science si glorieusement acquise que celui qu’avait choisi son père et qu’avait rempli son aïeul : il se fixait à Attigny.

Peu d’hommes peuvent se flatter d’avoir eu une existence aussi remplie que celle de M. Lesure à partir de cette phase de sa vie d’études, laquelle, au surplus, embrassa toute sa carrière.

Les épidémies qui depuis quarante ans ont désolé notre pays, notamment celles de 1849 et 1854, qui ont semé la désolation et l’épouvante parmi nos populations, l’ont toujours trouvé à son poste, prêt à les combattre. Il en a été de même dans toutes les occasions de moindre importance où son concours était nécessaire. Il savait faire un emploi tellement bien ordonné de son temps qu’il paraissait se multiplier, et il se multipliait en effet par la promptitude de ses décisions.

Une conduite aussi généreuse, aussi désintéressée, ne pouvait manquer de lui attirer une prompte et sincère popularité, laquelle se traduisit par un mandat de conseiller municipal et bientôt après par celui de conseiller général, où il se distingua en toutes occasions. Sa ville natale le voulut aussi pour son premier magistrat. Sa santé déjà compromise lui interdisait en quelque sorte d’accepter cette nouvelle charge ; il le fit cependant par devoir, y resta plus longtemps qu’il n’eût voulu, à cause des sollicitations qui le pressaient de toutes parts, et n’y renonça enfin qu’au moment où il arrivait au bout de ses forces.

Les obsèques du docteur Lesure ont eu lieu le 17 juillet 1878, au cimetière d’Attigny, en présence d’un grand concours de personnes qui tenaient à rendre un témoignage public à la mémoire du regretté défunt.

Pour se conformer à une de ses dernières volontés, aucun discours n’a été prononcé sur sa tombe. Mais avant de se séparer, les assistants ont appris avec satisfaction qu’une somme de quatre mille francs avait été léguée au Bureau de Bienfaisance d’Attigny, en souvenir de la sollicitude toute particulière que M. Lesure avait eue toute sa vie pour cet établissement.

Bruge-Lemaître.

Source : AMB 1879.

LÉTACHE (Alexandre).

Ancien professeur de l’Université, officier de l’Instruction publique, né à Dormans le 2 mars 1804, décédé à Sainte-Ménehould le 1er novembre 1881.

Reçu bachelier en 1825, il débuta comme professeur par intérim de la classe de seconde au Collège de Châlons-sur-Marne, en 1825 il était nommé titulaire de cette classe au Collège de Sainte-Ménehould, qu’il professa jusqu’en 1828.

A cette époque, il subit une grave maladie qui influa pendant tout le reste de sa vie sur sa santé, car il dut prendre toujours de grands ménagements. Il ne quitta pas pour cela le collège de Sainte-Ménehould, où il demanda à professer les classes de cinquième et de sixième.

En 1815, menacé de perdre la vue, il quitta l’Université, mais il resta attaché à l’enseignement comme membre du Conseil de perfectionnement du Collège et comme membre du Conseil supérieur de l’instruction publique, pour l’arrondissement de Sainte-Ménehould; il faisait partie de la Commission d’instruction primaire comme délégué près des écoles de la ville.

Il était en même temps membre de la Commission des prisons, du Bureau de bienfaisance et de plusieurs autres sociétés.

Nous ne pouvons nous étendre aussi longuement que l’exigerait une notice sur cet homme vertueux ; d’autres entreprendront peut-être dc montrer sous toutes ses faces un homme qui rendit de si grands services à sa ville adoptive. Nous dirons que ses concitoyens n’attendirent point sa mort pour l’apprécier et qu’ils sauvegardèrent sa modestie en le comblant d’honneurs, qui étaient en même temps des charges où il put dépenser à leur profit son cœur généreux.

Par son testament, il institua comme légataires, à titre particulier, l’Hospice de Sainte-Ménehould, la Fabrique, le Bureau de bienfaisance et la Crèche, comme aussi la Fabrique de La Neuville-au-Pont, en mémoire de son père qui en était originaire.

Sa mort fut un deuil public, et ses obsèques furent un triomphe. Toute la population de la ville et des environs, assista à son enterrement, les pauvres de la ville suivirent son cercueil avec les enfants de la Crèche sur les bras de leur mère. Deux discours furent prononcés sur sa tombe ; le premier au nom de la ville par M. Margaine, maire et député, l’autre au nom des ses amis par M. Gandon, inspecteur-général de l’Université, en retraite.

Nous regrettons de ne pouvoir donner ici le texte des deux discours, nous détacherons seulement quelques lignes de chacun, comme marquant ses traits principaux du portrait de cet homme de bien.

Après avoir énuméré ses titres, M. Margaine ajoute :

« Tels sont les services civils de cet homme de bien. Qui pourra dire quels ont été ses services privés ? Qui pourra énumérer les actes de bienfaisance accomplis par lui ?

Sa charité était inépuisable : sous toutes les formes il a secouru son prochain. Les pauvres ont perdu en lui un bienfaiteur; mais ceux qui perdent le plus, ce sont ceux qui, atteints par le besoin, dans les différentes circonstances de leur vie, s’adressaient à lui pour leur venir en aide ; combien d’enfants ont reçu de lui les moyens matériels de s’instruire ! Combien de jeunes maîtres ont eu leurs débuts moins pénibles, grâce à sa générosité !

M. Gandon, son ami personnel, s’exprime ainsi : « Oublieux de lui-même, il consacrait tout ce qu’il possédait, son temps, sa fortune, son intelligence à faire le bien autour de lui, à secourir et consoler ceux qui souffraient. »

C’est en effet le deuil d’une ville entière, dont il fut plus de quarante ans, l’un des administrateurs les plus dévoués.

C’est aussi le deuil de l’humanité à laquelle il a rendu tant de services.

Enfin c’est le deuil des pauvres, auxquels il distribuait, chaque jour et en secret, d’abondantes aumônes, qu’il logeait, nourrissait, habillait, dont il élevait, établissait les enfants.

Mais qui pouvait lui inspirer ce dévouement ? Pour lui la source du bien, c’était sa religion, et c’est dans l’amour de Dieu qu’il avait trouvé l’amour du prochain. »

Après cc portrait, nous n’ajouterons plus rien. M. Létache est suffisamment connu.

C. R.

Source : AMB 1882

LETAUDIN (Pierre Henri).

Ancien instituteur, chevalier de la Légion d’honneur, né en 1788, mort le 23 décembre 1874 à la Cheppe (Marne).

« La science archéologique a fait une perte sérieuse en M. Letaudin. C’était le cicérone le plus infatigable, le plus dévoué et le mieux renseigné qu’on pût rencontrer pour visiter le camp d’Attila et les antiques champs catalauniens. Son grand âge n’avait affaibli ni son ardeur, ni son intelligence ; il se plaisait à développer au profit de tous les amateurs les connaissances qu’il avait recueillies par l’exploration quotidienne d’une contrée qui est peut-être bien le lieu d’origine des Catalauni ». Il reste bien de M. Letaudin un livre sur le camp d’Attila et ses environs, mais rien ne viendra remplacer ses explications de vive voix.

Source : AMB 1876.

LETÉ (Victor Sosthène).

Né à Venteuil, près Épernay (Marne), le 1er janvier 1818, était venu se fixer à Laon pour succéder à son père, comme avoué près le Tribunal de cette ville. Il exerça les fonctions pendant trente années avec une honorabilité, une capacité et un zèle auxquels on ne saurait trop hautement rendre hommage.

En rentrant dans la vie privée, M. Leté n’en continua pas moins à rendre des services à la chose publique, notamment au Tribunal de Laon, auquel il était attaché comme juge suppléant, et à la Caisse d’épargne dont il était l’un des directeurs. Il est décédé dans cette ville le 5 février 1885.

Source : AMB 1886.

LETELLIER (Louis).

Receveur principal des postes en retraite à Laon, administrateur de la caisse d’Épargne, membre honoraire de la compagnie de sapeurs-pompiers, avait adopté pour résidence, après sa sortie de la vie publique, la ville de Laon à laquelle il rendit encore de longs services dans les fonctions gratuites qu’il voulut bien accepter.

Il est mort dans cette ville, le 11 mars 1887, dans sa 81e année.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

LÉVÊQUE (Alfred Emmanuel).

Après avoir fait de bonnes études au collège de Soissons était entré à l’École centrale d’où il était sorti ingénieur des plus distingués.

Il fut d’abord attaché à la compagnie Péreire, puis envoyé à Smyrne pour la reconstruction du port de cette ville et enfin au Chili où il exécuta des travaux importants.

M. Lévêque mourut à Versailles, le 16 août 1899, à l’âge de 56 ans. Il comptait de nombreuses sympathies à Soissons.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LÉVÊQUE (Louis Hormisdas).

Décédé à Togny-aux-Bœufs le 3 novembre 1892, appartenait à une famille dont les membres exerçaient la médecine depuis plus d’un siècle dans ce village.

Né le 8 mai 1816, il étudia la médecine à Châlons avec Adrien, puis à Paris, et pendant 50 ans il exerça lui-même dans son village natal.

« Admirablement doué de la nature, a dit le Dr Richard sur sa tombe, il fut toujours dispos, prêt à partir au premier appel de ses malades ; le jour comme la nuit, la nuit comme le jour, par tous les temps, par tous les chemins, il allait de village en village, des rives de la Marne aux bords de la Coole. D’une humeur toujours égale, d’un cœur à toute épreuve, d’une franchise rare, il sut captiver l’amitié de tous ceux qu’il approchait ».

Charles Remy.

AMB 1893.

LÉVÊQUE (Prudent).

Curé de Boué pendant 12 ans, né le 18 avril 1808 à Aubencheul, décédé le 17 mai 1878 à Boué (Aisne). M. Lévêque avait été nommé prêtre en 1833 ; il fut appelé à la cure de la Hérie le 1er janvier suivant, ensuite nommé le 17 juin 1836 à la cure importante de Boué. Cette commune n’oubliera jamais le dévouement déployé par l’abbé Lévêque 1ors de la cruelle épidémie du choléra qui décima le pays en 1854, durant cinq mois, pendant lesquels il déploya beaucoup de courage en restant près des malades pour leur prodiguer ses soins et ses consolations.

Source : AMB 1879.

LEVIEUX (Pierre Julien).

Ancien notaire, membre du conseil général du département des Ardennes, adjoint au Maire de Rethel et conseiller municipal, né à Reims et décédé à Rethel le 24 Juillet 1872, dans sa soixante-et-unième année.

Source : AMB 1873.

LEVIEUX-LECLÈRE (Jean-Baptiste Marie).

Né à Fismes, le 9 septembre 1817, décédé dans celle ville, le 7 avril 1898.

Ancien cultivateur, administrateur du Comice agricole de Reims pour la section cantonale de Fismes, M. Levieux-Leclère était le plus ancien secrétaire du Comice ; il se distinguait toujours par sa connaissance approfondie des hommes et des choses, par ses observations judicieuses ; il aimait à rendre service à tous ceux qui faisaient appel à ses connaissances spéciales.

À ses obsèques assistaient M. Sarrazin, président du Conseil général, M. Lhotelain, président du Comice, MM. Simon, Couvreur, Guillaume Lelong, Huet, de Fismes ; trois discours furent prononcés sur sa tombe, dernier hommage de reconnaissance à cet homme de bons conseils.

Source : AMB 1899.

LEYDIER (Henri Joseph Victor Marius).

Chanoine titulaire de la cathédrale de Châlons, né à Buis-les-Baronnées (Drôme) le 5 septembre 1798, décédé à Châlons-sur-Marne le 6 novembre 1883.

M. Leydier, ordonné prêtre à Avignon en 1821 était professeur de séminaire de cette ville, quand Mgr de Prilly fut nommé évêque de Châlons ; il suivit ce prélat qui le nomma chanoine de la cathédrale et secrétaire général de l’évêché le 13 mars 1824 ; il aurait donc atteint dans 4 à 5 mois la soixantaine de canonicat ce qui en faisait le plus ancien chanoine de France.

M. Leydier était un homme de goût, s’occupant d’histoire et d’archéologie. Il a publié dans le Journal de la Marne en 1854, une notice sur le peintre châlonnais Simon, né au XVIe siècle, contemporain des Clouet et autres maîtres distingués, auquel on doit plusieurs œuvres d’un rare mérite et dont la plupart se voient encore à Avignon. M. Leydier était en outre un homme d’une exquise urbanité.

Source : AMB 1884.

LHOSTE (abbé).

Né à Reims, curé de Vieil-Saint-Remy, où il est resté 26 ans, a légué 1.000 fr. au Grand séminaire ; 1.000 fr. au Petit séminaire et 1.000 fr. au presbytère de Saint-Remi.

On a de lui plusieurs mémoires historiques qu’il a présentés à l’Académie de Reims, décédé en septembre 1873.

Source : AMB 1874.

LHOTE (Auguste Alexandre).

Né à Châlons-sur-Marne le 8 octobre 1815, vétérinaire militaire en retraite, chevalier de la Légion d’honneur, décédé à Reims le 14 février 1877.

Après avoir fait ses études à l’école vétérinaire de Lyon, M. Lhote fut nommé aide-vétérinaire le 6 décembre 1838.

Incorporé l’année suivante dans le train des équipages, en garnison à Philippeville (Algérie), il fit la plupart des campagnes de cette province avec le général Herbillon, son compatriote. Après un séjour de quatorze années sur le sol de l’Afrique, M. Lhote rentra en France le 12 avril 1852, avec le grade de vétérinaire au 5e régiment de cuirassiers.

Le 11 août 1855, il est reçu chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur, ayant 28 campagnes et 18 années de service. Deux ans plus tard, il est nommé vétérinaire de 1ère classe ; en 1864, incorporé au 17e d’artillerie, en garnison à La Fère, où il reçut sa retraite en 1868, après une durée de 31 ans de service effectif.

Il était membre du bureau de bienfaisance de Reims et membre de la Société des Vétérinaires de la Marne, dont il remplissait les fonctions de trésorier.

Source : AMB 1878.

LHOTE (Pierre Armand).

Agriculteur et fabricant de sucre, maire d’Aulnois, membre de la Chambre de commerce de Saint-Quentin et de la Chambre syndicale des fabricants de sucre, membre du conseil d’administration du Courrier de l’Aisne, de la Société des secours mutuels et président du Comice agricole de Laon, né à la ferme de Prérobert, dépendance de Laon, le 25 janvier 1849, décédé à Laon le 17 juillet 1893.

Les nombreuses fonctions énumérées plus haut donnent la mesure de sa haute compétence et de sa grande influence dans l’arrondissement de Laon.

Mais c’est surtout comme secrétaire, puis comme vice-président et ensuite comme président du Comice agricole, qu’il se fit remarquer par ses hautes capacités dans les questions touchant à l’agriculture, par ses rapports d’une lucidité qui faisait ouvrir les esprits les plus rebelles à la vérité ; on remarqua surtout en leur temps deux rapports remarquables et au-dessus de toute critique sur la protection due à l’agriculture. Il traita aussi, en homme connaissant la théorie et la pratique, diverses questions au sujet des essais sur la culture intensive.

Il était associé à la fabrique de sucre d’Aulnoy, dont il devint bientôt le gérant, et comme fabricant il a toujours appliqué les méthodes progressives en distinguant toutefois celles qui étaient destinées à rester dans le domaine de la théorie.

Tant de précieuses qualités l’avaient désigné à la confiance de ses concitoyens pour les nombreuses fonctions qu’il remplissait avec une si grande compétence.

Il se consola aisément du seul échec qu’il éprouva devant le suffrage universel. Il avait fait un très grand sacrifice en acceptant la candidature à la députation. Sa fidélité à la cause vaincue et son attachement aux idées libérales lui firent préférer un autre candidat.

Tel était cet homme supérieur sur les services duquel on avait le droit de compter encore pour longtemps, lorsqu’il fut atteint par une mort prématurée à l’âge de 44 ans.

De nombreux discours furent prononcés sur sa tombe, qui, chacun dans sa sphère, rappelèrent toutes les qualités du défunt, tous les services rendus par lui, en même temps que les profonds regrets qu’inspira sa perte.

Charles Remy.

AMB 1894.

LHOTELAIN (Charles Remi).

Ancien cultivateur, ancien conseiller municipal, membre du Comice agricole de Reims, né à Reims le 20 mai 1812, décédé au même lieu le 28 juin 1894, était un des agriculteurs les plus experts de la région.

C’était le père de l’honorable président du Comice de l’arrondissement de Reims. Il a inculqué à son fils ses goûts pour l’agriculture et lui a apporté le secours de son expérience qui lui servit de guide dans la pratique et de terme de comparaison dans ses hautes études théoriques.

La veille même de sa mort, on pouvait le voir, malgré ses 83 ans, visitant à pied les moissons autour de la ville.

Suivant une vieille et respectable coutume, les cultivateurs de Reims suivirent son cercueil en portant les flambeaux traditionnels de la confrérie de Saint-Éloi. M. Théodore Maldan, vice-président du Comice, a prononcé sur sa tombe son éloge funèbre.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

LHUILLIER (Antoine Honoré Jean-Baptiste).

Né à Reims (ancienne paroisse Notre-Dame) le 24 janvier 1792, décédé le 18 novembre 1873, ancien comptable, a laissé 20.000 francs aux pauvres de Reims.

Source : AMB 1875.

LHUILLIER (Louis Marie Edmond).

Né à Melun le 23 septembre 1846, chef d’escadron d’artillerie en retraite, chevalier de la Légion d’honneur, décédé à Montcy-Saint-Pierre le 12 mai 1896, dans sa 50e année.

Ancienne élève de l’École polytechnique, il avait choisi la carrière de l’artillerie. Il se distingua dans la guerre de 1870, surtout à Sedan, et fut décoré. C’était un soldat loyal et franc. Obligé de prendre sa retraite pour infirmités contractées au service, il se fit journaliste, et combattant par la plume comme il avait combattu par l’épée, il devint le directeur fort apprécié de la « Croix des Ardennes ».

Source : AMB 1897.

LIBOTTE (Jean-Baptiste).

Prêtre-sacristain de Saint-Jacques de Reims, né à Écly le 29 décembre 1796, décédé à Reims le 23 mai 1871.

Source : AMB 1872.

LIBRAN (d’ABEL de).

Né à Aix-en-Provence, le 7 février 1835, mort à Dinan, à la veille de prendre sa retraite et de se retirer à Marseille, près de son frère, vice-amiral.

Le général d’Abel de Libran entré à Saint-Cyr en 1855, en sortit comme sous-lieutenant de cavalerie le 1er octobre 1857, et fut promu successivement lieutenant le 14 mars 1864, capitaine le 12 mars 1870, chef d’escadron le 17 avril 1877, lieutenant-colonel le 12 avril 1882, colonel le 29 décembre 1887, général de brigade le 26 décembre 1893.

Nommé chevalier de la Légion d’honneur le 3 juin 1871, il avait reçu la croix d’officier le 18 janvier 1881.

Les Rémois n’ont pas oublié sa brillante entrée à Reims, à la tête du 14e dragons, le 18 avril 1893.

Source : AMB 1898.

LIGNIÈRES (de), voir LENFUMÉ.

LIMASSET (Pierre Alexandre Théodore).

Officier d’Académie, ancien directeur du petit lycée de Reims, membre du conseil de fabrique de Saint-Remi, décédé à Reims, le 10 juin 1893, dans sa 67e année, dirigea pendant longtemps les premiers pas de l’enfance dans la voie de l’instruction et de l’éducation au petit lycée de Reims.

Il était né le 27 mars 1837, à Vereux (Haute-Saône).

Toute la génération d’élèves qu’il a élevés a conservé de cet homme de bien les meilleurs souvenirs et la plus grande estime.

Charles Remy.

AMB 1894.

LIMBOUR (Paul Henri).

Décédé à Saïgon (Cochinchine), 1e 31 mai dernier, était ardennais. Né à Sedan, où son père était pharmacien, le 11 mars 1858, il avait fait de brillantes études, au Collège Turenne de cette ville. Entré à l’École de Saint-Cyr, il en sortit le 1er octobre 1880.

Nommé lieutenant le 1er mars 1883, capitaine le 5 septembre 1887 et chef de bataillon le 23 août 1899, M. Limbour passa la plus grande partie de sa vie en Indochine. C’était un officier distingué. Sa mort a été douloureusement ressentie dans la population sedanaise.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

LINARD (Adolphe Désiré).

Sénateur, né à Fromelennes, le 29 octobre 1836, décédé à Rethel, le 30 avril 1898, dans toute la vigueur de l’âge et de l’intelligence. Rien ne faisait présager cette catastrophe et la veille encore il siégeait au Conseil général. Son absolue compétence dans les questions agricoles et ouvrières, lui avaient acquis une grande autorité. Il fut entre autres le rapporteur de la loi sur l’hygiène et la salubrité des travailleurs dans les ateliers et les manufactures. Sa générosité s’était maintes fois affirmée dans des œuvres utiles, telles que l’école d’agriculture qu’il fondait à Rethel et l’hospice-hôpital de Saint-Germainmont. Sa bourse était toujours largement ouverte pour soulager les infortunes qui venaient frapper à sa porte.

Source : AMB 1899.

LINARD (Jules).

Fabricant de sucre, ingénieur, décédé à Paris le 13 février 1882, inhumé à Fromelennes (Ardennes).

Né le 2 février 1832 à Givet, dans la condition la plus modeste, il fut l’artisan de sa fortune et ne dut qu’à ses efforts la carrière étonnante qui lui a été donné de parcourir.

Sorti en 1850 de l’école des Arts et Métiers de Châlons, il entra l’année suivante comme dessinateur à la maison Cail où il devint rapidement un des ingénieurs de cette maison qui s’occupait des constructions mécaniques pour les sucreries et pour lesquelles elle avait alors une supériorité incontestée.

M. Linard était à cette époque un des ingénieurs le plus en renom de la sucrerie. Il voulut aussi être fabricant de sucre.

Soutenu dans cette voie par la maison Cail, il monta successivement les fabriques d’Auffray, de Saint-Germainmont (Ardennes) et de Montcornet (Aisne), où il inaugura la première application du transport des jus par une canalisation souterraine. Il perfectionna son système dans les nombreuses usines plus importantes les unes que les autres qu’il fonda ensuite à Flavy-Martel, Origny-Sainte-Benoîte, Montescourt, Cambrai, Abbeville, etc., et dans tout le Nord de la France.

Il dirigeait en même temps comme associé, 14 sucreries, et durant sa carrière, il installa près de 150 usines, consacrant tout à fait sa vie et son talent à l’industrie sucrière.

Le gouvernement récompensa ses mérites en le nommant chevalier de la Légion d’honneur. Lauréat à l’exposition de 1867, il a obtenu à celle de 1878 le grand diplôme d’honneur.

Source : AMB 1883.

LINGE (Louis Joseph).

Né à Mézières le 20 octobre 1819. Artiste graveur lithographe distingué, décédé à Sedan le 21 novembre 1871.

Source : AMB 1872.

LINIERS (Charles Philippe Édouard, marquis de).

Général de division, né à Margerie (Marne) le 2 messidor an XIII (1805), décédé à Beaucamp, près de Vitry (Marne).

Il était commandant de la division de Châlons, lors de la guerre de 1870.

Source : AMB 1883.

LION (Eugène).

Religieux dominicain, archevêque de Damiette, délégué du Saint-Siège en Mésopotamie, en Arménie et dans le Kurdistan, administrateur de l’archidiocèse de Babylone, chevalier de la Légion d’honneur, né à Reims le 1er juin 1826.

Après de bonnes études à Saint-Vincent de Senlis, il suivit les cours de la Faculté de médecine de Paris. Pendant son séjour dans la capitale, il préluda à sa vie de dévouement en se mettant généreusement au service des cholériques.

Se sentant de la vocation pour la vie religieuse, il entra dans l’ordre de Saint-Dominique, et en 1856, il partit pour Mossoul ; son noble caractère, sa droiture non moins que sa science dans l’art de la médecine, lui attachèrent vivement ces populations retombées dans la barbarie en devenant musulmanes. Aussi, étant de retour en France, sur l’ordre de ses supérieurs, il fut si instamment réclamé par les habitants de ces contrées, que ses supérieurs se virent obligés de le renvoyer à Mossoul, son dévouement lors de l’épidémie cholérique de 1873, le fit signaler au gouvernement français et i1 reçut alors la décoration de la Légion d’honneur.

Mgr Lion est tombé les armes à la main. Il parcourait son immense district quand la mort vint l’enlever rapidement le 5 août 1883, à l’affection de tous ceux qui le connaissaient.

Source : AMB 1884.

LOBERTREAUX (Françoise).

Née à Reims, 2 septembre 1821

Notre Nécrologie serait incomplète si nous passions sous silence cette brave et courageuse femme qui dans le cours de son existence a montré ce que peut faire une âme patriotique et bien trempée.

Entrée en fabrique à l’âge de 14 ans, elle en quittait en 1850 pour se marier avec Michelet (Nicolas Joseph), caporal-tambour au 7e léger. Elle partit la même année pour l’Afrique, où elle resta jusqu’en 1854 avec son régiment qu’elle suivait en qualité de cantinière, quand il reçut l’ordre de partir pour la Turquie.

À peine arrivée, elle eut à faire deux fois le trajet de Gallipoli à Varna, puis, suivant toujours son mari et à pied, elle arriva en Crimée même année. À la fin de la guerre, elle revint en France et se rendit à Reims, où son mari obtint un emploi dans l’administration des postes.

Décorée de la médaille commémorative de Crimée, elle fut choisie pour être cantinière des sapeurs-pompiers volontaires de la ville de Reims : elle conserva ce poste jusqu’en 1873, le 27 avril, époque de sa mort.

Source : AMB 1874.

LOCHE (Charles Stanislas).

Ancien notaire, négociant en vins, adjoint au Maire de la ville de Reims, président du Tribunal de commerce et membre de la Chambre de commerce, né à Reims le 17 août 1828, décédé à Reims le 5 mars 1881.

Il fit ses études au Lycée de Reims et acquit une charge de notaire en cette ville, mais il quitta bientôt le notariat pour se livrer au commerce. C’est surtout dans la vie publique qu’il se révéla un homme doué d’une grande aptitude des affaires. Il fut pendant 9 ans membre ou président du Tribunal de commerce ; il y apporta des connaissances profondes dans les sciences juridiques et économiques, un jugement plein de rectitude et une très grande facilité de conception ; avec cela une délicatesse et une urbanité qui le rendaient très précieux dans les assemblées délibérantes où son avis prévalait toujours sans être jamais imposé.

C’est à cette réputation qu’il dût d’être élu au Conseil municipal et d’être appelé comme adjoint à l’administration de la ville, il y apporta toutes les qualités de son esprit et de son intelligence ; il avait aussi les qualités d’organisateur et en dernier lieu il déploya toutes ses ressources, jointes à toute son activité pour la création de la Compagnie des Assurances rémoises.

Il venait d’être élu membre de la Chambre de commerce, où il ne siégea pas longtemps, quand il fut enlevé par une mort inopinée ; la lame avait usé le fourreau, suivant l’expression de l’un de ses amis. Il aurait pu arriver aux plus hautes destinées.

Source : AMB 1882.

LOCHET (Charles).

Né à Reims le 13 mars 1807, décédé le 28 février 1880, dans sa 73e année.

Cet homme de bien cachait, sous l’apparence la plus modeste, un grand esprit et un grand cœur. Ses concitoyens surent mettre à profit ses connaissances et son dévouement. Ils le firent tour à tour président du Conseil des Prudhommes, président du Tribunal de commerce, membre de la Chambre de commerce, conseiller d’arrondissement, conseiller municipal, membre de la Commission administrative des Hospices, de celles du Lycée, du Mont-de-Piété.

M. Charles Lochet s’acquitta de toutes ces fonctions désintéressées avec autant de zèle que d’intelligence ; aussi tout le monde applaudit quand le gouvernement, pour le récompenser, lui décerna la croix de chevalier de la Légion d’honneur.

M. Charles Lochet fut le type d’un homme accompli ; si personne ne s’est montré administrateur plus intelligent, plus actif, plus complaisant, personne non plus ne s’est montré plus loyal, plus entendu dans les affaires ; personne ne s’est montré meilleur pour les siens, meilleur pour ses amis.

Source : AMB 1881.

LOCHET (Louis).

Ancien négociant, ancien président du Tribunal de commerce de Reims, ancien vice-président de la Chambre de commerce, né à Reims le 17 novembre 1802, décédé à Reims le 6 avril 1882.

M. Louis Lochet parcourut une carrière commerciale des plus honorables, son assiduité laborieuse à ses devoirs professionnels, sa vie simple et patriarcale avaient pendant longtemps laissé méconnues, ses qualités éminentes et ses connaissances spéciales.

Mais ses traditions de famille devaient tôt ou tard l’amener à siéger au Tribunal de commerce, d’abord comme juge et bientôt comme président.

Tout le monde commercial a pu apprécier avec quelle conscience, quelle droiture et quelle fermeté il a rempli ses éminentes fonctions ; son aimable simplicité, sa rare modestie, sa bienveillance pour tous lui avaient bientôt concilié l’estime et la confiance de toutes les notabilités.

Il fut ensuite appelé à la Chambre de commerce, dont il fut élu vice-président ; son expérience et ses vastes connaissances, la rectitude de son jugement promettaient pour longtemps à ses collègues un concours précieux ; mais une maladie impitoyable vint l’enlever à sa famille, à ses amis et à ses collaborateurs.

Source : AMB 1883.

LOCHET de SAINT-WALLON (Pierre Henry Furcy).

Né à Épernay (Marne) ancien négociant en vins, ancien président du Tribunal de commerce de la même ville, membre de la commission des hospices, décédé célibataire à Reims, le 9 Juillet 1872, à l’âge de soixante-trois ans.

M. Lochet était fils d’Henri-Casimir Lochet de Saint-Wallon et de Marie-Claire-Charlotte de la Jonchère, deux des plus anciennes et respectables familles de Reims.

Source : AMB 1873.

LOGETTE (l’Abbé Charles Justin).

Curé de Vadenay, né à Servon le 26 janvier 1826, décédé à Vadenay le mardi 24 mai 1898, à l’âge de 72 ans.

Ordonné prêtre en 1853, M. l’abbé Logette avait été la même année nommé desservant de Vadenay, commune qu’il n’a plus quitté depuis cette époque, c’est-à-dire depuis 45 ans.

Sous l’Empire, il avait su obtenir de Napoléon III les fonds nécessaires pour la reconstruction des églises de Vadenay et de Cuperly.

Source : AMB 1899.

LOISSON de GUINAUMONT (Paulin).

Ancien vicaire général du diocèse de Châlons, vicaire général honoraire, chanoine titulaire et doyen du Chapitre, né à Châlons en 1789, décédé en cette ville le 12 octobre 1886.

Il fut ordonné prêtre en 1829 et, dès 1831, Mgr de Prilly le nommait son vicaire général. Il remplit ces fonctions jusqu’en 1850, époque où il fut nommé chanoine titulaire de la cathédrale. En 1870, il était élu doyen du chapitre.

Pendant sa longue carrière ecclésiastique, il rendit de grands services au diocèse, et fit un noble usage de sa fortune ; la fondation du petit Séminaire de Saint-Memmie et la maison de refuge de Saint-Joseph en font foi.

Parvenu à l’extrême vieillesse, l’abbé Loisson de Guinnaumont avait conservé cette distinction qu’il devait à son éducation. Il était issu d’une famille champenoise anoblie au XVIIe siècle, et qui avait possédé depuis longtemps à Châlons, les diverses charges des finances de la robe et de l’administration.

Cette famille possède encore aujourd’hui le château de Mairy et de nombreuses propriétés en Champagne. Son père a enrichi le pays par de nombreuses plantations de sapins.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

LOITIÈRE (Georges Maurice).

Né à Sierck (Alsace-Lorraine), décédé à Mézières le 18 octobre 1895, été juge de paix du canton de Mézières.

Il fut décoré de la médaille militaire pour faits de guerre pendant l’Année terrible et expulsé par l’autorité prussienne. Nommé à 30 ans juge de paix à Arc-en-Barrois, puis à Wassy et finalement à Mézières, il remplissait ces délicates fonctions depuis 8 ans ; magistrat intègre et consciencieux, dont la conduite privée était au-dessus de toute critique, M. Loitière avait su gagner la sympathie de tous.

Source : AMB 1897.

LONGUET (Remi Édouard).

Médecin de l’École de Guerre, né à Attigny (Ardennes), le 12 novembre 1849, décédé à Paris le 27 mars dernier, s’était conquis une place notoire dans l’armée.

Voici ses états de services : Médecin aide-major de 2e classe le 31 décembre 1874, médecin aide-major de 1ère classe le 31 décembre 1876 au 2e spahis, médecin-major de 2e classe le 5 octobre 1882 au 14e escadron du train des équipages, médecin-major de 1ère classe le 2 mai 1889, membre da la Section technique du Service de Santé au ministère de la guerre, il fut chargé du service médical de l’administration centrale du ministère de la guerre, et nommé médecin principal de 2e classe le 10 juillet 1898.

M. Longuet avait été décoré de la Légion d’honneur le 20 décembre 1890 ; il comptait vingt-et-un ans de services et six de campagnes.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

LONGUEVILLE (Jean Victor).

Greffier de justice de paix du canton du Chesne, né en 1837 à Mairy (Ardennes), décédé au Chesne le 13 mars 1895, à l’âge de 57 ans.

Il occupait depuis de longues années ce poste, où il avait succédé à son beau-père, M. Meunier. Ses connaissances juridiques, sa longue expérience, son esprit conciliant lui permettaient de rendre de nombreux services aux habitants du canton, qui perdent en lui un homme dévoué et de bon conseil. On dit même qu’il a été victime de ce dévouement ; à peine convalescent d’une sérieuse maladie, il s’était remis trop vite au travail et avait ainsi provoqué une rechute mortelle.

Un détail caractéristique. Une heure avant sa mort, il donnait ses ordres pour la préparation de l’audience du jour.

Source : AMB 1896.

LORENTZ (Achille Jules César).

Né à Pontivy (Morbihan), le 22 juillet 1844, mort à Givet (Ardennes), le 17 avril 1901, le colonel Lorentz emportait avec lui un souvenir ému des troupes du 148e de ligne ainsi que les regrets les plus sincères de la population givetoise. C’est que ce vaillant soldat possédait au suprême degré les qualités du cœur.

Officier de grand mérite, il était sorti de Saint-Cyr en 1863 et avait rapidement conquis ses grades. Sous-lieutenant le 1er octobre 1865, il fut nommé lieutenant le 10 août 1868 et fit la campagne de 1870 dans laquelle il prit part à tous les combats livrés autour de Metz. Capitaine le 13 juillet 1872, il servit en Afrique du 24 février 1875 au 27 septembre 1880 et devint chef de bataillon le 31 décembre 1883. Il fut promu lieutenant-colonel le 29 décembre 1891 et enfin colonel le 5 octobre 1895.

Le colonel Lorentz, chevalier de la Légion d’honneur le 24 juin 1886, reçut la croix d’Officier le 24 septembre 1897.

Ses obsèques célébrées au milieu d’un grand concours de population et des autorités civiles et militaires eurent un caractère imposant. Les cordons du poêle étaient tenus par MM. le colonel de Percy, commandant le 91e de ligne et le lieutenant-colonel Lefournier, du même régiment ; M. Melcot, sous-préfet de Rocroi ; M. A. Fenaux, maire de Givet ; M. le colonel Vautier, du 132e de ligne et M. le lieutenant-colonel du 147e. à l’église, la brillante carrière du colonel fut retracée en termes éloquents par M. l’abbé Goulet, curé-doyen, et à la gare, avant le départ du corps pour Vaucouleurs, où avait lieu l’inhumation, par MM. les commandants Proye et Chabrié, M. le général Harschmidt et M. Fenaux, maire de Givet.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

LORIQUET (Jean Charles).

Né à Reims le 17 mai 1818, mort en cette ville le 16 février 1889, érudit, archéologue et bibliographe d’une haute compétence et d’une réelle valeur. Il a consacré sa vie entière à sa ville natale, et à la science, d’abord comme professeur d’humanités, ensuite comme conservateur de la Bibliothèque, des Archives et du Musée de Reims (1853-1886), et en même temps comme membre titulaire, secrétaire général et président de l’Académie nationale de Reims (1849-1889). Les services rendus pendant cette laborieuse carrière à la cause du savoir et des antiquités se résument dans un grand nombre d’ouvrages, la plupart publiés dans les volumes de l’Académie : L’Éclairage chez les Romains, Mémoires de J. Pussot, le Tombeau de Jovin, Reims pendant la domination romaine, la Mosaïque des Promenades, les Artistes rémois, Mémoires de O. Coquault, les Tapisseries de la Cathédrale, R. Nanteuil, J. Lacourt, etc. Il faut joindre à cette liste la publication des Catalogues des Belles-Lettres et des Sciences philosophiques et sociales de la Bibliothèque municipale. Cet établissement doit à M. Loriquet ses accroissements les plus importants, eu égard à sa longue gestion et à ses soins assidus. Le Musée lui doit également la mise au jour en 1881 de son Catalogue des Peintures, Sculptures, Dessins et Toiles peintes. Aussi le souvenir de tant de travaux consciencieux ne s’effacera pas en notre ville, et nos concitoyens seront toujours heureux de compter ses œuvres parmi les plus recommandables et les plus utiles. Ils trouveront son portrait (remarquable dessin de Mlle Hopf) installé dans la salle de lecture de la Bibliothèque de la Ville, comme un témoignage public de sincère et durable gratitude.

H. J.

Source : AMB 1890.

LOUETTE (Pierre Gabriel)

Ancien notaire à Saint-Gobain, propriétaire à La Fère et administrateur des Hospices, né en 1820, décédé dans cette ville, le 5 janvier 1877.

Source : AMB 1878.

LOUIS (Jean Nicolas Isidore).

Était un vétéran du corps enseignant. Il avait d’abord professé à Sedan, puis de là, à Saint-Pol, à Charleville, à Abbeville, à Saint-Omer et en 1879 il était revenu à Charleville, chargé du cours de philosophie au Lycée Chanzy. M. Louis prit sa retraite le 1er octobre 1889 et devint alors conseiller municipal, directeur de la Caisse d’épargne et membre du bureau d’administration du Lycée Sévigné. Il mourut le 4 décembre 1898.

Professeur consciencieux, il se fit aimer de ses élèves durant son passage au Lycée de Charleville, du même qu’il acquit de nombreuses sympathies dans ses rapports d’administrateur pendant les dix ans qui suivirent sa retraite. Il avait été récompensé de ses longs services par la rosette de l’Instruction publique.

M. Louis s’occupait aussi d’histoire locale ; il avait à cœur de terminer l’« Histoire de Saint-Étienne-à-Arnes, son village natal, mais le mal vint interrompre ses travaux et le 4 décembre 1898, il succombait sans voir réaliser son rêve. Sa veuve, dévouée à la mémoire littéraire de son mari, saura faire éditer ce travail avec le soin qu’il mérite.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

LOUIS-PERRIER (Jean Philippe Armand).

Avocat, né à Ay le 19 mai 1791, décédé à Épernay le 22 juin 1878, dans sa 88e année.

Nous ne pouvons mieux faire pour retracer les qualités éminentes de cet homme de bien que de reproduire les principaux passages du discours de M. Laforest :

….Ayant embrassé la carrière du barreau, il vint s’établir à Épernay à l’âge de vingt-huit ans ; peu d’années après, il épousait Mlle Virginie Perrier, de la nombreuse et honorable famille Perrier de Châlons.

Il ne tarda pas à entrer au Conseil municipal d’Épernay. En 1831, il était nommé adjoint, et, je dois le dire ici, il fut la lumière du Conseil : instruit, doué d’une mémoire prodigieuse, d’un esprit droit, d’une grande ardeur pour le travail, il devint en quelque sorte l’encyclopédie du Conseil ; il savait tout, aucune question ne lui était étrangère.

Pendant quarante-cinq ans il fut membre du Conseil municipal, et il ne se retira que lorsque son grand âge ne lui permit plus d’apporter la même somme d’activité et de travail.

Il remplit à diverses reprises et pendant trente-deux ans les fonctions d’adjoint ; il ne voulut jamais être maire, car le propre du caractère de M. Louis était une excessive modestie ; son commerce facile, la douceur de son caractère, son savoir le faisaient estimer et rechercher de tous.

Il fut aussi membre du Conseil d’arrondissement ; pendant vingt-deux ans il en fut le président et en dirigea les travaux. Souvent nous l’avons vu remplir les fonctions de sous-préfet.

Les connaissances de M. Louis étaient si variées, son obligeance était si grande, que tous les services administratifs le réclamaient : il fut directeur de la Caisse d’épargne, membre du bureau d’administration du Collège, membre de la Commission d’hygiène, membre de la Commission de surveillance de la prison, vice-président de la Société de secours mutuels de Saint-Vincent, directeur de la Caisse des incendiés pour l’arrondissement d’Épernay : il apportait dans ce dernier service un zèle, une ardeur incroyable ; l’année dernière encore, il stimulait les quêtes, il faisait ses rapports.

Et, enfin, les fonctions qu’il a remplies jusqu’au dernier jour de sa vie, qu’il affectionnait par-dessus tout, parce qu’elles lui permettaient de soulager les malheureux, de suivre les mouvements de son cœur, sont celles de membre ordonnateur de la Commission de l’hospice.

Aussi, Messieurs, lorsque M. Louis a été décoré de la croix de la Légion d’honneur, pour ses longs et loyaux services, tout le monde à Épernay a proclamé que cette distinction n’avait jamais été mieux méritée.

Nous ne saurions trop le répéter à sa louange, M. Louis a bien mérité da la ville d’Épernay ; il fut un citoyen dévoué, entièrement consacré aux intérêts de la cité ; jamais il n’a épargné sa peine : ce sera toujours un titre d’honneur pour sa famille.

Je ne vous ai parlé jusqu’ici que des services administratifs rendus par M. Louis ; il ne s’est pas moins distingué dans la carrière judiciaire : c’était un avocat solide ; sa profonde connaissance du droit le faisait rechercher ; de toutes parts l’on venait le consulter, et dans les causes dont il consentait à se charger, l’on pouvait être assuré du succès. Il fut aussi membre du Tribunal civil d’Épernay ; pendant dix-sept ans il fut juge suppléant ; ce n’est pas qu’il ne fût digne d’être juge et même président, mais il ne voulait pas quitter Épernay ; il arrêta ainsi sa carrière judiciaire. Depuis 1847, il était le doyen du barreau d’Épernay.

Si nous prenons M. Louis dans l’intérieur de sa famille, nous le verrons y donner l’exemple de toutes les vertus, de tous les dévouements ; un fait seul vous peindra l’homme : après trois ans de mariage, il eut la douleur de perdre sa compagne ; quoique jeune encore, il ne voulut pas se remarier pour se consacrer tout entier à sa fille.

Pour tous ses parents, c’était un ami sûr, désintéressé, toujours prêt à faire les plus grands sacrifices pour obliger, et les faisant sans en parler.

Ses parents, ses amis n’entreprenaient rien sans le consulter, tant était grande leur confiance dans ses lumières, dans son jugement.

Aussi M. Louis a atteint les dernières limites de l’âge entouré de l’estime de tous et de l’affection des siens : il n’a laissé que des regrets !

Source : AMB 1879.

LOUPOT (Félix Jean-Baptiste).

Chanoine de l’église métropolitaine de Reims, officier d’Académie, ancien curé-archiprêtre de Rocroi, ancien supérieur du petit séminaire de Charleville, ancien aumônier du lycée de Reims, né à Gernelle (Ardennes) le 15 mai 1827, mort à Reims le 3 mars 1882.

Après avoir débuté à Sedan, comme vicaire, sous Mgr Nanquette, mort évêque du Mans, M. Loupot vint au même titre à la Cathédrale de Reims où il eut pour curé Mgr Bara, mort évêque de Châlons.

En 1855, au départ de M. Tourneur pour la cure de Sedan, il devint aumônier du lycée et occupa utilement ce poste pendant 12 ans. S’il a su conquérir l’estime de l’Université qui lui décerna les palmes d’officier d’Académie, il a su s’attirer aussi le respect et la reconnaissance de tous les élèves qu’il a formés, C’est pendant son séjour au lycée que M. Loupot a présenté à l’Académie de Reims qui les a couronnés, ses travaux sur Gerbert et sur Hincmar.

En quittant le lycée, M. Loupot fut nommé successivement supérieur du petit séminaire de Charleville et archiprêtre de Rocroi, puis chanoine de la cathédrale de Reims. Il occupa ce dernier poste de 1878 à 1882.

Source : AMB 1883.

LUCAS (Joseph Louis ).

Ancien notaire à Reims, antiquaire et bibliophile distingué, ancien membre titulaire de l’Académie de Reims, ancien président de la Société des Études historiques de Paris, mort à Dijon, le 24 mai 1893, dans sa 77e année. Il avait formé à Reims une riche collection de livres, d’œuvres d’art et d’antiquités, et il ne cessa de s’intéresser en tous lieux aux travaux de l’esprit et de l’érudition littéraire ou historique. Plusieurs de ses écrits se trouvent dans les Travaux de l’Académie de Reims, notamment le rapport qu’il publia en 1852 sur le projet de la statue de Colbert et qui provoqua l’érection de ce monument en 1860. Allié à l’une des plus honorables familles de Reims, il laisse un fils, M. Paul Louis Lucas, professeur adjoint à la Faculté de Droit de Dijon, auteur de remarquables études sur l’histoire du Droit.

H. J.

AMB 1894.

LUCAS-BILLET (Edmond).

Ancien manufacturier, ancien président du Tribunal de commerce, ancien membre de la Chambre de commerce de Reims, ancien administrateur de la succursale de la Banque de France, chevalier de la Légion d’honneur, né à Reims le 29 novembre 1802, décédé dans sa ville natale le 30 juillet 1883.

Il semblerait après l’énoncé des titres de M. Lucas, que son éloge est complet et qu’il n’y a plus à ajouter un mot pour le louer. Cependant, nous devons à la vérité de dire qu’il avait encore plus de vertus que de dignités, bien plus d’honneur que d’honneurs.

Cet homme de bien, cet industriel loyal et intelligent, n’a eu dans toute sa vie qu’un seul tort, il a consacré tous ses instants au travail, il n’a jamais su se reposer, si, après avoir cédé son établissement, il se condamna à la retraite, se promettant de terminer heureusement sa vie entre la meilleure des épouses et le meilleur des fils ; mais les infirmités l’empêchèrent bientôt de jouir de ses dernières années, il eut surtout la douleur de survivre à sa compagne dévouée qui vint à mourir tout à coup, le précédant de quelques mois dans la tombe.

Si sa famille honorable avait pu être consolée de sa perte, elle l’eut été par l’affluence de toutes les personnes accourues pour rendre les derniers devoirs à cet homme qui comptera à jamais parmi ceux qui ont le plus contribué au développement de l’industrie rémoise et parmi ceux qui se sont montrés le plus généreux envers les pauvres.

Il est bon de rappeler aussi que le premier fil de laine peignée mécaniquement en France est sorti en 1811 de l’établissement de Bazancourt, de MM. Jobert et Lucas ; aujourd’hui dirigé par MM. Legros et fils.

Source : AMB 1884.

LUDET (Auguste).

Avocat, commissaire-délégué du ministère public près le tribunal de police de la Seine, chevalier de la Légion d’honneur, né à Bussy-le-Repos, arrondissement de Vitry-le-François, en 1820, décédé à Paris le 30 avril 1877.

II remplit avec beaucoup de tact et de dévouement pendant 30 ans les fonctions de commissaire de police à Paris, dans le quartier des Halles et ensuite dans celui de la Madeleine.

Ses bons services le firent nommer en 1868 chevalier de la Légion d’honneur, et son aptitude le fit désigner pour porter la parole au nom du gouvernement dans les audiences de simple police.

Mais il a d’autres titres plus puissants au souvenir de ses concitoyens : la noblesse de ses sentiments, la bonté de son cœur, son obligeance sans bornes au service de ses amis, de ses condisciples et de ses compatriotes.

C. R.

Source : AMB 1878.

LUDINART (Ernest).

Chef de bureau de l’état civil à la mairie de Reims, président de la Fourmi rémoise et membre du conseil de fabrique de la paroisse Saint-Thomas, né à Sorbon (Ardennes) le 25 décembre 1836, décédé à Reims le 17 juin 1893.

Ancien clerc d’avoué, il avait conquis une grande expérience dans les affaires, et comme président du conseil d’administration de la Fourmi rémoise, il fit profiter cette société de ses éminentes qualités d’assimilation, de son excellente méthode de travail et de son jugement pondéré. Longtemps chargé du bureau de l’état civil à la mairie de Reims, il y déployait beaucoup de complaisance pour tout le monde. Aussi grâce à ses fonctions délicates, était-il connu et estimé.

Depuis quelque temps, il était atteint d’une maladie incurable qui eut bientôt raison d’une constitution qui paraissait robuste.

Charles Remy.

AMB 1894.

LUDOT (Abbé Remy Savinien).

Curé de Chaudefontaine, né à Outines le 29 février 1808, décédé à la Neuville-au-Pont le 12 janvier 1890.

Il avait été ordonné prêtre en 1833 et nommé curé d’Outines son pays natal ; il passa en 1841 à Vouillers, puis fut attaché au diocèse de Troyes en 1858.

Rentré dans son diocèse en 1877, il fut nommé curé de Chaudefontaine, où il resta jusqu’en 1885, époque où il prit sa retraite à la Neuville-au-Pont, non loin de son ancienne paroisse.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

LUDOT (Alexandre Auguste).

Docteur en médecine à Sainte-Ménehould, mourait subitement le 22 août dernier. Ses obsèques célébrées le surlendemain, réunissaient sur sa tombe le monde médical de la région. Au nom de celui-ci, M. le Dr Langlet, de Reims et M. le Dr Colin, de Sainte-Ménehould, retracèrent sa vie, honorablement consacrée au devoir professionnel. M. le Dr Ludot, resté le médecin de l’Hôpital, alors qu’il lui avait fallu abandonnée sa clientèle pour raisons de santé, était né à Fains le 11 novembre 1854. Il n’avait donc que 46 ans.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

LUNDY (Jean-Pierre).

Dont le nom, jusqu’alors assez obscur, a eu cette année un grand et si juste retentissement dans la région rémoise, en raison des bienfaits dont il a comblé sa ville natale, est né à Remis le 17 octobre 1809.

Nulle existence ne fut plus simple, plus calme et plus laborieuse que la sienne.

Ses études terminées, il entra dans les affaires et fit à Paris son apprentissage commercial. Quelques années après, il revenait à Reims, où il se fit négociant en tissus, dans une maison de la rue du Barbâtre, qui porte aujourd’hui le numéro 42.

Malgré ses habitudes d’assiduité au travail et d’économie rigide, il fut une fois sur le point de liquider dans des conditions désastreuses. Une circonstance heureuse le sauva au moment où on le croyait perdu. Il eut la main heureuse dans le choix de quelques articles d’exportation, dépréciés et dédaignés par ses concurrents, et qu’il eut l’art de placer sans bruit à l’étranger eu quantités considérables, plusieurs années de suite, avec un bénéfice inespéré.

Au grand ébahissement de ses amis eux-mêmes, sa fortune était faite !

Depuis lors, après quelques années passées encore à Reims, dans une habitation confortable (impasse du Carrouge), M. Lundy se fixa à Paris.

Au milieu de ses loisirs, il se prit d’un goût très vif pour la peinture des artistes contemporains. Il suivait les expositions et les ventes. Guidé par un sentiment éclectique qui s’était épuré et développé à l’aide d’études et de comparaisons incessantes, servi par un concours de circonstances particulièrement heureuses et par ce flair de l’amateur à l’affût des bonnes occasions, il sut profiter des débuts d’un groupe de jeunes peintres distingués dont plusieurs devinrent des artistes célèbres, et dont les toiles ont depuis atteint des prix très élevés. C’est ainsi qu’il put se composer, à bon compte, une charmante collection, une collection exquise, où l’on compte des Corot, des Daubigny, des Ziem, des Diaz, un Courbet, des Fromentin, des Rousseau, des Dupré, des Lambinet, des Anastasi, des Frère, des K. Girardet, des Van-Marcke, un Jacque, un Isabey, etc.

L’ensemble des toiles qu’il possédait au moment de sa mort représente aisément une somme de 230 à 250.000 francs.

M. Lundy habitait au n° 74 du boulevard Haussmann.

Le jeudi 4 mai 1871, l’armée de Versailles bombardait Paris. Au moment où dans son salon il contemplait ses tableaux chéris, un énorme obus fit irruption dans la pièce où il éclata en dix-huit morceaux sans blesser personne, mais en atteignant une toile de Daubigny et une de Lambinet qui, Dieu merci, ont été restaurées le mieux du monde et qui figurent au Musée.

Déjà la maison de campagne que M. Lundy possédait à Louveciennes, près de Marly, avait été entièrement saccagée en 1870-71 par les Prussiens, et les tableaux et objets d’art qu’elle contenait avaient disparu.

C’est en 1869 que notre ami vint habiter le boulevard Haussmann. C’est là qu’il mourut le 21 décembre 1886, après avoir laissé à sa ville natale, non seulement sa ravissante galerie de tableaux, qu’on apprécie chaque jour davantage, mais encore la plus grande partie de sa fortune (plus de 400.000 francs) en faveur des hospices.

Sensible à ces généreuses marques d’affection, la ville de Reims n’a fait que remplir un devoir eu donnant, pour honorer la mémoire de son bienfaiteur, son nom vénéré au plus beau de ses boulevards.

Ce nom est sûr de ne pas périr, et le témoignage de notre gratitude durera autant que le souvenir de notre bien-aimé compatriote.

E. Courmeaux.

Source : AMB 1888.

LUNDY (Jules).

Né à Reims, décédé à Paris le 11 décembre 1890, était le frère de M. Lundy aîné qui avait légué à sa ville natale la remarquable collection de tableaux de maîtres modernes qui est installée au Musée et d’une somme de 500,000 francs destinée à la construction d’une maison de convalescence.

Il avait légué à M. Jules Lundy le reste de sa fortune en stipulant qu’au décès de celui-ci tout ce qu’il avait hérité de son frère retournerait aux hospices de la ville de Reims.

Ceux-ci viennent donc d’hériter de M. Jules Lundy une somme importante.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

LUQUET (Louis Isidore).

Chevalier de la Légion d’honneur, officier d’Académie, né au Breuil (Marne), le 20 avril 1821, décédé à Épernay, le 10 mai 1902.

M. Luquet tenait un rang des plus honorables dans la cité sparnacienne. Sa connaissance des affaires publiques l’avait attaché à la plupart des services administratifs de la ville.

Président de la délégation cantonale, de la Caisse des écoles et de la mutualité scolaire, vice-président de la commission des hospices, membre da bureau d’administration du Collège de jeunes filles, il faisait également partie du conseil municipal.

M. Luquet apporta dans l’accomplissement de ces différentes fonctions, un tact et un zèle remarquables. Son dévouement fut récompensé par les palmes d’officier d’Académie, puis par la croix de chevalier de la Légion d’honneur.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.

LUTHEROTH (Henri).

Décédé à Paris le 13 février 1889, à l’âge de 86 ans. Beau-père de M. Waddington, sénateur de l’Aisne, il avait habité longtemps son château de Bourneville, près la Ferté-Milon. C’était un écrivain polémiste qui fonda à Paris le Semeur, journal hebdomadaire de politique, de philosophie et de littérature, qui est resté pendant de longues années l’organe du protestantisme. Il était 1e type du libéralisme le plus large et le plus élevé appuyé sur de fortes croyances.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

LUTON (Dr Etienne Alfred).

Né à Reims le 13 février 1830, chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique, directeur de l’École de médecine et de pharmacie, membre de l’Académie de Reims, etc., décédé à Reims le 16 avril 1896, dans sa 67e année.

Après d’excellentes études au Lycée de Reims, il entra à l’École préparatoire de médecine de Reims, à la fin de 1848 ; puis, il continua d’une façon brillante à Paris ses études médicales, tout en trouvant moyen de se faire recevoir licencié ès-sciences physiques. Il arriva deuxième au concours de l’internat des Hôpitaux de Paris (22 décembre 1854), dans la même promotion que M. Peter, reçu premier avec M. Marcy, l’illustre professeur au Collège de France, avec qui il avait conservé d’excellentes relations et avec qui, s’il fût resté à Paris, il eût suivi la brillante carrière du savant qui était en lui et que le séjour en province n’a pas réussi à faire disparaître.

Docteur en 1859, il revint à Reims où il fut presque aussitôt nommé professeur suppléant de la chaire de clinique médicale, dont il devait plus tard devenir le titulaire.

Lorsque M. Maldan, directeur de l’École de médecine, vint à succomber en 1881, c’est le docteur Luton que l’École présenta à la nomination du Gouvernement, voulant mettre un homme déjà connu du monde scientifique, et prouver la vitalité d’une institution à qui l’on ne ménageait pas les attaques.

Travailleur et savant, il a produit de nombreux travaux scientifiques, notamment, de nombreux et importants articles du « Dictionnaire de Médecine et de Chirurgie », et son remarquable ouvrage sur les injections hypodermiques, le premier traité complet sur cette méthode thérapeutique. Les injections au sérum artificiel si à la mode aujourd’hui, il y a 25 ans qu’il les avait préconisées ; son nom doit rester à côté de celui de Pasteur, attaché à ces découvertes si fécondes en merveilleux résultats.

Il se passionnait pour tous ces grands problèmes qui se posent chaque jour dans la science médicale, et nous signalerons dans cette voie ses injections cupriques contre la tuberculose, et ses essais de guérison de l’alcoolisme par la strychnine. Son autorité scientifique était si considérable qu’une foule de savants étrangers le regardent comme l’illustration principale de Reims moderne.

L’importante réorganisation de l’École fut surtout son œuvre : grâce à lui, ce bel établissement est en voie de retrouver la prospérité et la renommée de l’ancien Université rémoise. Il est mort, pour ainsi dire, sur le champ de bataille, puisque le matin de son dernier jour, il a fait encore la visite aux malades de son service.

Les obsèques ont été célébrées avec une pompe et une affluence en rapport avec la haute situation qu’il occupait. Des discours ont été prononcés par :

M. Cornet, inspecteur d’Académie ;

M. le Dr Decès, au nom de l’École de médecine ;

M. le Dr H. Henrot, maire de Reims ;

M. le Dr Pitoy, président de la Société médicale ;

M. Jadart, au nom de l’Académie ;

M. Guénard, prosecteur de l’École de médecine de Reims.

Source : AMB 1897.

LUTON (Étienne).

Ancien imprimeur-typographe, à Reims, né dans cette ville le 23 juin 1803, décédé à Soissons le 22 mai 1883.

Après de très bonnes études au lycée de Reims, il commença son instruction technique à Soissons, dans l’imprimerie de l’Argus Soissonnais, qu’il compléta dans différentes maisons de la Capitale.

M. Luton était revenu à Reims reprendre l’imprimerie Jacquet où il exerça honorablement son art pendant 40 ans. Ami des lettres et connaissant à fond son métier, ses presses eurent à son époque le monopole de l’impression des livres à Reims ; il fut dès la création, l’imprimerie du journal l’Indépendant Rémois, qu’il imprima pendant six années.

Homme d’une parfaite loyauté et d’une grande modestie, il a laissé parmi nous le souvenir d’un confrère érudit et sympathique et parmi nos concitoyens une réputation intègre et honorable.

Source : AMB 1884.

LUZURIER (Madame Veuve).

Née Marie Hublot, propriétaire à Trigny, née à Courville, près Fismes, le 25 septembre 1787, est morte le 25 mars 1889, à l’âge de 101 ans 6 mois précis.

Il y a 18 mois, elle fêtait sa 100e année, entourée de 52 enfants et petits-enfants.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.