Notices nécrologiques - C

Notices nécrologiques des ALMANACHS MATOT-BRAINE

CABARET (Louis Isidore Simon).

Né à Aubenton, le 12 décembre 1830, décédé au même lieu, le 9 mai 1902.

« Des convictions sincères, une fidélité constante aux mêmes idées depuis la jeunesse jusqu’à la mort » a-t-on dit à ses obsèques, firent de M. Cabaret un administrateur respecté de tous. Appelé aux fonctions publiques, il y révéla de réelles qualités que ses concitoyens surent apprécier en l’envoyant à diverses reprises au conseil municipal.

En 1870 se place le plus beau trait de sa vie. Chargé, par le gouvernement de la défense nationale, de la présidence de la commission municipale provisoire, d’employer tous les moyens possibles pour satisfaire aux exigences de l’ennemi qui réclamait d’importantes contributions, M. Cabaret, malgré les menaces que lui fit l’autorité allemande, parvint à différer le versement des sommes reçues jusqu’à l’armistice et grâce à son sang-froid les habitants purent rentrer dans leur argent.

Élu maire d’Aubenton, le 11 mai 1879, M. Cabaret y resta trente ans consécutifs, sauf quelques interruptions, et pendant ce mandat tenu si honorablement, il fit construire l’école des filles en annexe à celle des garçons, l’école de Ribeauville et le sanctuaire de l’église. II fit plus encore par les nombreux services qu’il rendit à la population qui trouvait en lui un guide judicieux et sûr.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.

CADART (Le général Charles Remy).

Décédé le 21 novembre 1898, à l’âge de 85 ans, était l’un de nos plus illustres officiers supérieurs. Sa vie fut celle d’un héros et d’un chrétien : il tenait ces sentiments de vaillance et de foi de son père, hardi soldat qui avait reçu trois blessures à la bataille de Wagram, et de sa mère dont il gardait avec amour les principes de morale.

Sa vocation pour la carrière militaire se manifesta chez lui de bonne heure. Entré, après de fortes études, à l’École polytechnique, il en sortait dans un très bon rang et ayant choisi l’arme du génie, il était nommé, le 1er octobre 1834, sous-lieutenant à l’École de Metz. Dix mois plus tard, il quittait ce poste pour passer en Algérie, où il prit une part des plus actives aux débuts si pénibles de la conquête de la province de Constantine. Ses rares qualités d’observateur, son intelligence toujours en éveil autant que sa constante énergie, le firent nommer chevalier de la Légion d’honneur : il avait 26 ans.

Rentré en France à la fin de l’année 1837, il fut attaché à Vincennes, puis à Paris, où il fut associé aux grands travaux de l’enceinte de la capitale. Là encore, sa conduite, comme le courage et la fermeté qu’il montra pendant la Révolution de Février et les journées de Juin 1848, lui valurent d’être cité à l’ordre de l’armée.

S’étant préparé aux fonctions de major durant un second séjour en Algérie, de 1849 à 1851, il fut reçu le second et affecté au 2e régiment du génie. Cette promotion assurait au jeune officier une brillante carrière.

Nommé lieutenant-colonel en 1877, après avoir été chargé du commandement de d’École régimentaire et s’être distingué dans la conduite des attaques de Bomarsund, on lui confia la direction des services du génie qu’il eut successivement à Toulouse, à Langres, à Toulon et enfin à Paris.

Quelques jours avant la déclaration de la guerre de 1870, Cadart était élevé au grade de général et nommé commandant du génie du 12e corps d’armée. Nous n’avons pas à retracer les tristes pages de cette malheureuse campagne pendant laquelle le vaillant général se maintint toujours à la hauteur de son rôle.

Après nos désastres, il rentra en France et se consacra avec ardeur aux études qui devaient contribuer à la reconstitution de nos ouvrages de défense travaillant, comme l’a dit sur sa tombe, son ancien aide de camp, le général Delambre, jusqu’à la dernière heure avec le même dévouement.

Charles-Remy Cadart était né Reims le 5 avril 1813. Son portrait se trouve à la bibliothèque de sa ville natale.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

CADOT (Joseph Alexis).

Ancien avoué, ancien juge suppléant du tribunal civil de Laon, né à Laon le 18 mai 1799, décédé dans cette ville le 16 juillet 1879, à l’âge de 80 ans.

Il a consacré une longue vie au service de sa ville natale, tant comme homme d’affaires consommé que comme membre du Conseil municipal, administrateur du bureau de bienfaisance, de la commission de surveillance du cours normal d’institutrices, membre du bureau d’assistance judiciaire. Dans sa longue et utile carrière, M. Cadot n’a eu qu’un souci et qu’une pensée ; faire le bien et être utile.

Source : AMB 1880.

CAHEN (Albert).

Ingénieur civil, officier d’Académie, chevalier de l’ordre de Saint-Stanislas de Russie, né à Châlons-sur-Marne en 1848, décédé à Paris en 1891.

Ancien élève de l’École des Arts et Métiers, membre correspondant de la Société d’agriculture de la Marne, ancien sous-lieutenant au 1er bataillon des mobiles de la Marne, M. Albert Cahen était un homme laborieux, un esprit distingué, aux aptitudes variées, auquel était destiné un brillant avenir qu’une mort prématurée a brisé.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

CAILLET (Jean).

Vicaire à Saint-Nicolas de Rethel, né à Villers-sur-Bar le 15 mars 1846, décédé le 4 janvier 1871.

Source : AMB 1872.

CAILLEZ (Léon).

Ancien maire de Soissons, né à Château-Thierry (Aisne), le 1er novembre 1823, décédé à Menton (Alpes-Maritimes), le 24 décembre 1901.

Préparé par de fortes études qui l’avaient conduit à l’École polytechnique, M. Léon Caillez n’avait pu suivre la carrière militaire à laquelle il se destinait, à la suite d’un accident dont il fut victime dans sa jeunesse. Mais la somme de connaissances qu’il avait acquise devait lui servir plus tard et être mise au service de la ville dans laquelle il passa une grande partie de sa vie.

M. Léon Caillez étudia le droit, puis ayant repris à Soissons, en 1855, l’étude d’avoué de M. Cuvilliez, il la conserva jusqu’en 1881. Il en fut pendant vingt-six ans le conseiller précieux et ne la quitta que pour s’occuper des affaires municipales.

Élu maire de Soissons en 1882, M. Caillez qui appartenait au parti républicain s’occupa tout d’abord de faire les réformes que ses opinions lui commandaient ; il laïcisa les écoles primaires, mais il fit aussi des améliorations qu’il est équitable de signaler : dans le développement du Collège municipal, la création des cours secondaires de jeunes filles et surtout dans le démantèlement de Soissons.

M. Caillez résilia ses fonctions de maire à cause de sa santé qu’il avait dépensée en donnant toute son énergie et toute son intelligence.

La ville de Soissons fit à son ancien administrateur des obsèques dignes de lui et la population manifesta, par sa présence, le deuil qu’elle prenait dans la perte de cet homme dévoué aux intérêts publics.

Albert Baudon.

Source : AMB 1903.

CALAND (Virgile).

Né en 1810 à Glaignes (Oise), ancien bibliothécaire de la ville de Soissons, membre de la Société archéologique, décédé le 1er mai 1877.

Destiné d’abord à l’état ecclésiastique, il se livra aux recherches philosophiques ; au bout de plusieurs années, M. Caland abandonna cette carrière pour se consacrer aux lettres ; ses aptitudes le firent nommer sous-bibliothécaire à Soissons ; en même temps il s’occupa du journalisme : il entra à l’Argus Soissonnais, où il fit preuve d’un vrai talent de publiciste.

En 1854, il quitta le journalisme pour devenir bibliothécaire en chef, fonctions qu’il conserva jusqu’en 1870.

Depuis cette époque il s’occupait de questions scientifiques, anthropologiques et préhistoriques ; les résultats de ses observations et de ses études parurent dans de nombreux mémoires, articles ou essais, dans l’Argus et dans les annales de la Société archéologique de Soissons.

On remarquait en lui un grand esprit d’observation et surtout des connaissances approfondies des nouvelles doctrines de Darwin.

Source : AMB 1878.

CALISTI (Attilius Félix Constant).

Décédé à Paris le 1er décembre 1897, à l’âge de 63 ans, ancien sous-préfet de Vouziers, chevalier de la Légion d’honneur, officier d’Académie.

M. Calisti était sous-préfet de Vouziers lors de 1a funeste guerre de 1870 ; tous ceux qui l’ont vu à l’œuvre en ces tristes circonstances, n’ont pas oublié le courage dont il a fait preuve vis-à-vis des envahisseurs.

Sa vaillante conduite lui valut, de la part de ces derniers, une condamnation à mort ; elle fut commuée par le chef allemand, eu égard à la crânerie avec laquelle il se défendit.

M. Calisti, pour sa belle conduite, fut réintégré à son poste après le départ des Allemands et, plus tard, nommé chevalier de la Légion d’honneur.

Son père, inspecteur honoraire d’Académie, fut tué lors du bombardement de Charleville, au collège de cette ville, où il s’était réfugié chez M. Desdouet, alors principal de l’établissement, et dont il était l’ami. M. Calisti lui-même fut blessé aux côtés de son vénérable père.

Source : AMB 1899.

CAMUS (Louis Étienne Victor).

Né à Rethel, le 27 décembre 1807, fut dès 1835 successivement juge à Rocroi, à Charleville, à Metz, puis en 1868 conseiller à la cour d’appel de cette ville et mourut à Mézières quand cette cour y siégeait le 16 février 1872.

Source : AMB 1873.

CANARD (Colonel Henry Philbert).

Commandeur de la Légion d’honneur, ancien gouverneur du Sénégal, né à Rocroi (Ardennes) le 6 avril 1824, décédé à Rochefort le 20 avril 1894, était fils d’ouvriers rémois et s’était volontairement engagé.

Sa vie militaire s’écoula presqu’entièrement en Afrique. Il avait passé 32 ans consécutifs au Sénégal, et pouvait dire à son état-major avec un noble orgueil, en entrant dans le palais du gouverneur : « Voilà la guérite où j'ai monté la garde ».

Entré an service en 1846, au 7e régiment de chasseurs d’Afrique, il passa bientôt à l’escadron de spahis du Sénégal où il était sous-lieutenant en 1855, lieutenant en 1858, capitaine en 1862.Il fut blessé d’un coup de feu à l’avant-bras droit au combat de Launas, le 30 novembre 1865, et fut promu chef d’escadron en 1870, lieutenant-colonel en 1874 il fut nommé commandant de Gorée. Promu colonel en 1878 il fut mis à la tête du 1er spahis, en Algérie. Ce ne fut pas sans émotion qu’après 32 ans de séjour dans cette colonie, il quitta le Sénégal au milieu des ovations que lui firent les habitants non seulement pour sa bravoure, mais pour le dévouement héroïque dont il avait fait preuve pendant l’épidémie de 1878. Il fut appelé, en 1882, au commandement supérieur du cercle de Sfax, en Tunisie ; il prenait sa retraite en la même année et se retirait à Rochefort. Chevalier de la Légion d’honneur en 1854, officier en 1866, il était commandeur en quittant le service.

Le colonel Canard avait épousé une rémoise, et son fils est chef de bataillon au Tonkin.

Les Rochefortois l’avaient en vénération, ses obsèques eurent lieu le lundi 23 avril 1894 ; M. Ballot, gouverneur des colonies, put dire sur sa tombe : « Colonel, vous avez été un homme de devoir dont rien n’a lassé l’énergie ; Dieu vous accordera la place qu’il réserve à ceux qui ont servi leur pays avec un dévouement héroïque ».

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

CANARD (Paul).

Notaire à Rethel, né à Asfeld le 17 février 1841, décédé à Rethel le 23 juillet 1889, à la fleur de l’âge, et dans le plein exercice de ses fonctions.

Il était aussi administrateur de l’hospice.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

CANONNE (François Nicolas).

Médecin-vétérinaire, membre du conseil d’hygiène et du conseil municipal, inspecteur départemental des épizooties, né à Saint-Aubin (Nord) le 30 septembre 1827, décédé à Laon le 28 juin 1882.

Pendant son séjour à l’école d’Alfort, il s’était concilié l’estime de ses maîtres, avec lesquels il continua toujours depuis à entretenir des correspondances sur les progrès de la science vétérinaire ; il y contribua puissamment lui-même en propageant les bonnes méthodes et notamment les idées de M. Pasteur, sur l’inoculation du virus charbonneux.

Les qualités de l’esprit s’alliaient en lui à une loyauté de caractère qui n’avait d’égal que la sûreté de ses relations et un grand désintéressement.

Après 52 ans d’une carrière bien remplie, il mourut avec la réputation d’un homme de bien dont la conduite peut se résumer, selon l’expression de son ami le docteur Hugot, en ces deux mots : dévouement et devoir.

Source : AMB 1883.

CAQUOT (l’abbé Louis Jules).

Le 11 décembre 1900, la population de Vienne-le-Château voyait avec peine disparaître son vénérable doyen qui, depuis plus de quarante ans, exerçait le ministère paroissial. Une assistance considérable que ne pouvait contenir l’église, assistait à ses obsèques auxquelles plus de quarante prêtres de la région étaient venus rendre les derniers hommages.

Sa vie, qui fut celle d’un pasteur dévoué, a été retracée dans un sermon éloquent, par M. l’Archiprêtre de Sainte-Ménehould.

M. l’abbé Caquot avait été élevé à la dignité de chanoine honoraire,

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

CARBON (Abbé Auguste).

Curé de Neuflize, né à Marly (Ardennes) le 26 février 1830, décédé à Neuflize le 14 février 1894. Ordonné prêtre en 1859, il fut nommé curé d’Arnicourt et Sorbon où pendant les 13 ans qu’il y demeura il montra un zèle font apostolique, embellit, répara et consolida son église, fonda à ses frais une école de jeunes filles et prépara la jeunesse à une vie chrétienne.

Il fut nommé curé de Neuflize en 1878 et y apporta la même sollicitude pour sa paroisse, pour ses paroissiens petits et grands, et pour son église.

Dur pour lui, charitable pour les autres, il fit tout le bien qu’il put et mérita les regrets de tous ses paroissiens. La commune de Neuflize se chargea de tous les frais de son enterrement, et sur sa tombe, M. l’adjoint lui adressa au nom de tous les habitants un adieu des plus touchants.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

CARDON (l’abbé Louis Armand Isidor).

Né à Tugny et Pont (Aisne) le 22 novembre 1809, mort à Saint-Quentin le 1er janvier 1895, dans sa 86e année et la 58e de sa prêtrise.

À sa sortie du Grand Séminaire, il fut nommé vicaire de Laon, et, en 1839, envoyé comme vicaire à Saint-Quentin. Il s’occupait en même temps de l’aumônerie du collège ; et quand en 1857, celui-ci fut transformé en lycée, M. Cardon s’y fixa comme aumônier et n’en sortit plus. Il y vieillit entouré de l’estime et de la considération de toutes les générations de professeurs et d’élèves qui s’y sont succédé. Il avait réuni une très belle bibliothèque d’histoire locale.

On lui a fait, dans l’église basilique de Saint-Quentin, de magnifiques funérailles. Un discours fut prononcé par M. Lonjarret, proviseur du lycée Henri-Martin. L’inhumation a eu lieu le même jour au cimetière de Tugny et Pont.

M. l’abbé Cardon était chanoine honoraire de Soissons et officier de l’Instruction publique.

Source : AMB 1896.

CARETTE (Henri).

Ancien membre du Conseil général de l’Aisne, pour le canton de Coucy-le-Château, né en 1832, décédé à Paris en 1891.

Il avait épousé en 1868, la petite-fille de l’amiral Bouvet, lectrice de l’impératrice Eugénie, qui a publié dans ces dernières années deux volumes de souvenirs personnels sur la Cour des Tuileries, pendant le second Empire.

Atteint par des revers de fortune dignement supportés, M. Carette fut obligé de vendre sa magnifique propriété de Nogent et d’accepter un modeste emploi dans l’administration de la Compagnie Transatlantique.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

CARON (abbé Jean-Baptiste).

Curé d’Autréville, prêtre auxiliaire de l’église Notre-Dame de Chauny, né à Béthisy-Saint-Pierre (Oise) le 16 septembre 1839, décédé à Chauny le 3 novembre 1889, à l’âge de 51 ans, tenait une place distinguée dans le diocèse de Soissons. Secrétaire de 1a société académique de Chauny, il laisse une Histoire de Chauny et des environs, qui est très intéressante.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

CARON (Abbé).

Doyen honoraire de Coucy-le-Château, né à Gland, arrondissement de Château-Thierry (Aisne), en 1832, décédé au même lieu en 1894. Fut successivement vicaire à Guise et curé de Villers-les-Guise de 1847 à 1850, vicaire de la cathédrale de Soissons, puis professeur de philosophie au grand séminaire de 150 à 1858, curé de Clastres de 1858 à 1868, de Seboncourt 1868 à 1869, enfin doyen de Coucy-le-Château de 1869 à 1878, époque où des infirmités l’obligèrent d’abandonner le ministère actif et de se retirer dans son pays natal.

Il est l’un des fondateurs de la Semaine religieuse de Soissons, dont il fut pendant quatre ans le rédacteur en chef.

Ses connaissances théologiques et liturgiques jointes au plus aimable caractère font de l’abbé Caron une mémoire vénérée.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

CARON.

Instituteur public, né à Bernot (Aisne) le 10 janvier 1843, est mort le 6 septembre 1895, à Prouvais, où il exerçait les modestes fonctions d’instituteur depuis plus de 23 ans. Il avait occupé le même poste antérieurement à Bernot, à Château-Thierry, à Chivres, à Variscourt, et partout il s’est montré à la hauteur de l’honorable et difficile mission de l’instituteur. Il aurait pu depuis longtemps être appelé dans un poste plus important, et il refusa à cause de l’affection qu’il portait à la commune de Prouvais, affection que, du reste, élèves et parents lui rendaient largement.

Il avait obtenu déjà plus d’une récompense de l’administration, qui appréciait ses services : mention honorable, médaille de bronze et médaille d’argent pour les cours d’adultes ; mêmes récompenses pour les cours du jour.

Il fut enlevé en quelques jours par la terrible maladie : il comptait 34 ans d’exercices.

Plusieurs discours furent prononcés sur sa tombe, un, entre autres, par M. l’Inspecteur primaire.

Source : AMB 1896.

CARRIER-BELLEUSE (Albert Ernest).

Sculpteur, né à Anizy-le-Château (Aisne) le 12 juin 1824, décédé le 4 juin 1887.

Élève de David d’Angers, il débuta au Salon de 1851, par deux médaillons de bronze.

En 1857, il exposait une œuvre magistrale : c’était un groupe intitulé l’Amour et l’Amitié, et plusieurs portraits.

Parmi ses œuvres, on doit signaler une Bacchante (1867) ; Le Messie (1867) ; Entre deux Amours (1867) ; Hébé endormie (1869) ; Psychée abandonnée (1871).

On lui doit un grand nombre de bustes, entr’autres ceux de MM. Renan, Delacroix, Thiers. Les torchères du bas de l’escalier de l’Opéra, sont des groupes dont Carrier-Belleuse est aussi l’auteur.

C’est à lui qu’est due la statue élevée par la ville de Villers-Cotterêts à Alexandre Dumas. Il était directeur des travaux d’art à la manufacture de porcelaines de Sèvres.

C’est là qu’il est mort à l’âge de 63 ans.

Il laisse plusieurs enfants, dont deux, Louis et Pierre, sont des peintres distingués, et une fille qui a épousé le sculpteur Chéret.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

CARTON-FOSSIER.

Pharmacien, ancien maire de Montcornet, né à Montcornet en 1802, décédé le 10 mars 1890.

D’une ancienne famille de médecins et de pharmaciens, M. Carton avait succédé en 1833 à son père qui avait été, il y a plus d’un siècle, pharmacien de l’antique Chartreuse du Val-Saint-Pierre. À l’époque de la Révolution, lorsque les moines eurent été chassés, il transporta sa pharmacie à Montcornet où elle existe encore.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

CARUEL (Jean-Baptiste).

Né à Maubert-Fontaine, le 28 août 1809, mort à Rethel, le 4 mai 1897. Instituteur à Barby, il publia chez Laroche-Jacob, à Sedan, un petit volume ayant pour titre : « Nouveau tarif pour l’évaluation en décistères des bois en grume et équarris » ; plus tard, il fut chef de bureau à la préfecture des Ardennes, puis employé à la recette générale à Mézières, et enfin secrétaire de la mairie Rethel, et, en cette qualité, a rédigé l’inventaire des Archives de Rethel. Ce travail, approuvé par M. le Ministre le 18 septembre 1888, a été publié sous le titre : « Essai sur Rethel (745 à 1890) », volume grand in-8° avec plans, vues (Rethel, 1891. Beauvarlet, éditeur).

Source : AMB 1898.

CASTELIN.

Le capitaine Castelin, né à Mézières le 14 novembre 1812, décédé dans cette même ville le 20 février 1888.

Il y a moins d’un an, la ville de Mézières et la Fédération des sapeurs-pompiers de France, rendaient un éclatant hommage, la première, à la mémoire de l’un de ses concitoyens, dont la vie fut toute de courage et d’honneur, la seconde, à un collègue qui, à toutes les heures du péril, malgré son grand âge, a été un exemple de devoir et de dévouement. C’est au capitaine des sapeurs-pompiers de la subdivision de Mézières, que ce suprême et dernier témoignage de regrets était payé.

Entré à la Compagnie des pompiers en 1830, il la quittait en 1888, au moment où la mort le ravissait à l’affection des siens, et à la sympathie des Macériens. Il gravit pas à pas les échelons de la hiérarchie, et on peut dire qu’il n’en atteignit le sommet, qu’en risquant plusieurs fois sa vie pour essayer d’arracher aux flammes un être humain.

L’honorable M. Mialaret, maire de Mézières, qui a connu dans l’intimité le brave Castelin, et qui, mieux que nous, savait ce dont il était capable, a retracé au seuil de sa tombe la vie du vieux vétéran. « De cette vie si pleine de courage, a dit l’orateur, je me permet de détacher seulement quelques faits, inscrits au livre d’or de nos annales, et qui sont le plus précieux patrimoine qu’un père puisse léguer à ses enfants.

En 1865, dans la nuit du 16 au 17 février, un incendie considérable éclatait à la citadelle. Nous nous souvenons de la panique qui régnait dans notre ville à la nouvelle que le feu menaçait d’atteindre les dépôts considérables de poudre qui, s’ils avaient pris, auraient causé d’incalculables ravages. Tout 1e monde fuyait le lieu du sinistre et même la ville. Mais notre brave compagnie de sapeurs n’hésitait pas à pénétrer dans l’arsenal, et, sous la conduite du brave Castelin et de ses officiers, travaillait activement à sauver Mézières d’un véritable désastre.

Nous nous souvenons de l’intrépidité de nos hommes et de Castelin, qui, debout sur un toit menacé, dirigeait avec sang-froid et habileté le sauvetage.

À la suite de ce fait d’intrépidité et de courage, Castelin recevait du préfet, du général, du maire, du directeur de l’artillerie et de M. le ministre de la guerre lui-même, les plus chaudes félicitations. Cité à l’ordre du jour pour sa belle conduite, il obtenait la médaille de 1ère classe, alors que la croix d’honneur, qu’il ne recevait que plus tard, eût été la légitime récompense d’un pareil dévouement.

Lorsque d’autre part, l’incendie est allumé par le bombardement de l’année terrible, c’est encore notre belle compagnie de pompiers que nous voyons à l’œuvre, disputant, au milieu d’une grêle de projectiles, aux ravages du feu, nos propriétés dévastées.

Dans cette terrible circonstance, Castelin, l’homme du devoir, se portait sur tous les points menacés, ranimait tous les courages, et, au risque de sa vie, stimulait le zèle de ses hommes et veillait à notre sécurité.

Enfin, la ville à moitié détruite, pleurant sur ses ruines et sur la mort d’une centaine de nos concitoyens, fut obligée de capituler.

L’occupation dura deux mortelles années, et c’est au capitaine Castelin, qui, au moment de la libération était le seul et véritable commandant de la place, que fut dévolu l’honneur de remettre la ville au régiment qui venait y prendre garnison, au brave 91e de ligne… » Qu’ajouter à cet éloquent tableau ?

Après une vie aussi noblement remplie, M. Castelin avait bien droit au repos. Il refusa ce repos et, malgré l’âge, malgré une obésité qui, si elle n’était pas une infirmité, ne contribuait pas moins à paralyser la volonté du vieux serviteur, chaque fois qu’un sinistre éclatait à Mézières, à Charleville, s’il n’était pas le premier sur le lieu, on était toujours certain de le rencontrer au poste le plus périlleux, où sa vieille expérience ne manquait pas d’être utile aux jeunes, et son courage un entraînement pour l’accomplissement de leur périlleuse mission.

Nous nous rappelons l’avoir vu à l’incendie qui détruisit l’hiver dernier plusieurs corps d’habitation au Pont-de-Pierre, et, plus récemment, à celui qui anéantit à Charleville un immeuble de la rue Paux.

En maintes circonstances, son courage reçut sa récompense, deux médailles d’argent, une médaille d’or, tel était son bilan, lorsque le gouvernement, reconnaissant les brillants états de service du capitaine Castelin, lui accorda, le 1er janvier 1881, la croix de la Légion d’honneur.

Nulle poitrine ne fut plus digne de porter l’étoile des braves, car que de fois sur ces champs de batailles, où on lutte non pas pour tuer, non pas pour assouvir une ambition, mais pour arracher à la mort un être humain, que de fois, n’avait-il pas risqué de perdre la vie.

En récompense de sa conduite, lors de l’incendie à la citadelle, Castelin fut appelé le 23 juillet, par ses concitoyens, au Conseil municipal, où il fut réélu à chaque renouvellement. Dans cette situation, il s’occupa spécialement du Bureau de Bienfaisance, et, grâce à la considération dont il jouissait, il parvint à lui donner vie. Dévoué au progrès de sa compagnie, il chercha le moyen d’assurer au vieux serviteur une retraite, au brave blessé dans un sinistre, un secours : c’est dans ce but qu’il fonda la Caisse de secours mutuels et une Caisse de secours pour la Compagnie des Sapeurs-Pompiers de Mézières.

C’est après une vie si bien remplie que M. Castelin s’est endormi du sommeil éternel, laissant à sa famille un nom qui sera toujours entouré de respect, et à ses concitoyens l’exemple de la probité et de l’honneur.

Jules Poirier.

Source : AMB 1889.

CATY (Jean Louis).

Adjoint au maire de Romery (Marne), décédé au mois de janvier 1879, fut un poète populaire dont les chansons se vendirent en 1830 sur les places et dans les rues de Reims.

Source : AMB 1880.

CAUCHOIS (Marie Zacharie).

Chevalier de la Légion d’honneur, décédé prématurément, à Châlons, le 20 juin 1872, était né le 27 octobre 1809, d’une famille nombreuse.

Engagé volontaire au 10e cuirassiers. le 22 octobre 1830, un an après, il était nommé brigadier-fourrier ; en octobre 1832, il fit la campagne de Belgique ; maréchal-des-logis-chef, après 4 ans de service ; adjudant-sous-officier en 1837, sous-lieutenant en 1843, lieutenant en 1846, et capitaine le 29 février 1852. Il emporte la haute estime des Châlonnais où il avait pris sa retraite depuis 1861.

Source : AMB 1873

CAURETTE (Adolphe Henry).

Avoué, membre du Conseil d’arrondissement et premier adjoint au maire de Laon, né à Goudelancourt-lès-Pierrepont le 25 mars 1827, décédé le 19 décembre 1878.

Il mourut, comme Berryer, au poste d’honneur, en plaidant devant le tribunal civil. Quand on le vit balbutier, agiter fébrilement les feuillets de son dossier, puis tomber affaissé sur son pupitre, on l’emporta chez lui enveloppé dans sa robe ; il rendait bientôt le dernier soupir.

Ses confrères et le tribunal appréciaient justement son expérience consommée dans les affaires ; il était au moment de sa mort président de la Chambre des avoués, adjoint au maire de Laon et membre du Conseil d’arrondissement.

Source : AMB 1880.

CAYE (Firmin Jean Pierre Théodule).

Commis principal des postes, décédé à Reims, le 24 mars 1903, était né à Montbré, le 31 janvier 1856.

M. Firmin Caye était l’un des employés les plus consciencieux de l’Administration des Postes chez lesquels se trouvent toujours réunis et l’abnégation et le devoir. Sa mort prématurée fut vivement ressentie de ses chefs qui avaient pour lui la plus profonde estime ainsi que de ses collègues dont il était toujours le sympathique et dévoué camarade.

Firmin Caye était entré dans les postes en 1876 et deux ans après il était appelé au bureau de Reims central. Nommé commis principal en 1894, il s’acquitta avec zèle de ses fonctions de chef de poste de la télégraphie militaire auxquelles l’administration, reconnaissant ses remarquables aptitudes, l’avait appelé.

En dehors de son service, M. Caye s’occupait de peinture. Il suivait avec intérêt le mouvement des Beaux-Arts et particulièrement nos expositions locales.

Travailleur des plus consciencieux, il laisse à ses enfants l’exemple d’une vie toute de scrupuleuse exactitude et d’une grande fermeté de caractère.

Sur sa tombe, M. Dubaux, receveur du bureau de Reims, a rendu un éclatant témoignage des qualités de l’employé.

H. Matot.

Source : AMB 1904.

CAZANOVE (abbé de).

Né le 1er décembre 1801, curé de Saint-Juvin depuis 28 ans, est décédé dans cette commune le 23 avril 1870.

M. de Cazanove a laissé par testament à chacune des églises de Vouziers, Chestres, Saint-Juvin, pour les restaurer une somme de 1.000 fr. et à la commune de Champigneul 2.000 fr. pour établir une école.

Source : AMB 1871.

CELLIER (Mme Marie Diette).

Née à Reims le 13 mai 1798, supérieure et fondatrice des sœurs de Bethléem, décédée à l’âge de 72 ans.

Source : AMB 1871.

CERF (Louis Charles).

Né à Reims, le 8 novembre 1824, décédé dans la même ville le 8 mai 1898, dans sa 74e année. C’était un Rémois de race et de cœur, d’une famille où la foi s’unissait au patriotisme. Ses grands parents, il aimait à le dire, avaient, au temps de la Révolution, caché et sauvé plusieurs prêtres, au péril de leur liberté et de leur vie.

L’abbé Cerf fit toutes ses humanités au petit séminaire de Reims. Il s’y montra remarquable par l’amabilité de caractère, le respect pour la règle et les maîtres, et porta les mêmes qualités au grand-séminaire, avec un goût marqué pour les cérémonies ; de l’Église, ce qui décida de son avenir. Car, ordonné prêtre le 14 novembre 1847, il fut immédiatement nommé prêtre-sacristain de Notre-Dame, et dès lors eut la haute direction des grandes cérémonies du culte. C’est ainsi qu’il eut à préparer plusieurs sacres d’évêques.

Le cardinal Gousset, qui l’aimait beaucoup, l’avait dès 1852, nommé chanoine honoraire ; le 25 novembre 1878, Mgr Langénieux l’éleva au rang de chanoine titulaire. Peu d’évènements ont marqué sa vie sacerdotale.

À côté du prêtre, il y avait l’érudit. Aussi, de bonne heure avait-il été appelé à faire partie de l’Académie de Reims, dont il fut même une fois nommé président annuel. Les questions d’histoire locale l’intéressaient plus particulièrement, et il savait trouver les sources où puiser pour l’archéologie et l’histoire de Reims et de ses monuments. Il a écrit beaucoup de livres et de brochures. Ses deux principaux ouvrages sont : « l’Histoire et Description de Notre-Dame de Reims », publiée en collaboration avec l’abbé Ch. Hannesse, et la « Vie des Saints du Diocèse de Reims », récemment publiée. Citons encore, en 1896 le « Livre d’Or des actes de dévouement et de générosité, qui se sont produits dans le Diocèse durant l’invasion allemande », ouvrage qui lui a mérité le prix Monthyon ; « l’Évangéliaire Slave », dit improprement « Texte du Sacre », conservé à la bibliothèque de la ville de Reims ; « Le Vieux Reims, nomenclature des rues, impasses et places » ; etc., etc.

À ses obsèques, dont la cérémonie fut présidée par Mgr Juillet, doyen du Chapitre, Mgr Cauly fit l’absoute et prononça l’éloge funèbre du vénéré défunt.

Source : AMB 1899.

CESSON (Étienne Victor).

Artiste peintre, né à Villeneuve-sur-Fère (Aisne), le 25 mars 1835, mort à Coincy-l’Abbaye (Aisne), le 6 juin 1902.Le goût et les aptitudes qu’il montra tout jeune pour le dessin lui valurent une pension du Conseil général de son département. Cet encouragement lui permit d’aller étudier à Paris. Il suivit les cours de l’École des Beaux-Arts, atelier Picot. Présenté an peintre Amaury-Duval, un des fervents disciples d’Ingres, le maître le dirigea vers l’étude du dessin et lui inculqua l’amour de la forme. Quand le jeune Cesson eut fait ses preuves à cet égard par les copies en fac-simile qu’il exécuta au Louvre d’après Raphaël, André del Sarte, Prudhon, etc. Amaury l’employa à ses grands travaux de peintures murales de l’église paroissiale de Saint-Germain-en-Laye et, plus tard, aux décorations du château de Linières (Vendée).

Il travailla aussi aux grandes pages décoratives de Puvis de Chavannes. Il exposa aux Salons de 1864 à 1872 des paysages : « le Mont Canigou » (Pyrénées-Orientales), les « Bords du Tibre » ; des figures : « Hylas », « Giotto enfant » ; mais Amaury le détournait d’exposer, préférant s’attacher exclusivement ce collaborateur modeste et sûr qui lui était devenu indispensable. Victor Cesson accepta ce rôle effacé avec un dévouement auquel Émile Augier, un familier de la maison, tint à rendre justice dans le discours qu’il prononça le 28 octobre 1885, sur la tombe d’Amaury-Duval.

Cesson fut donc pendant plus de vingt-cinq ans le commensal, l’« alter ego » d’Amaury qu’il accompagna dans tous ses voyages en Italie, en Égypte, en Nubie, en Syrie, etc.

Après la mort d’Amaury-Duval (26 octobre 1885), Victor Cesson revint se fixer à Coincy et y vécut au milieu des souvenirs qu’il avait rapportés de ses voyages, qu’il tenait de ses camarades et, pour la plupart, d’Amaury-Duva1 lui-même. De tous ces dessins, tableaux, esquisses, gravures avant lettre, armes et objets exotiques, faïences anciennes, porcelaines de Sèvres, bronzes, ivoires, etc., il avait formé une collection que les amis qui fréquentaient chez Amaury et lui-même appelaient plaisamment « le Musée de Coincy ».

Cesson avait espéré rétablir au bon air du pays natal sa santé déjà altérée. Il y prolongea du moins ses jours avec des alternatives de répit et de rechutes. Après une dernière année de continuelles souffrances, adoucies autant qu’il se pouvait par les soins dévoués de Mme Cesson, il s’est éteint emportant les regrets de tous ceux qui l’ont connu. C’était un homme aux allures franches et cordiales, bon, désintéressé, qui resta fidèle à ses amitiés d’antan, et que ses amis n’oublieront pas.

Frédéric Henriet.

Source : AMB 1903.

CHAIX d’EST-ANGE (Gustave Louis Adolphe Victor Aristide).

Né à Reims le 11 avril 1800, avocat, ancien député de Reims, conseiller d’État, sénateur, ancien vice-président du conseil d’État, décédé à Paris le 16 décembre 1876.

Après de brillantes études au lycée de Reims, où il fut élevé comme boursier de la ville, ce dont il s’honorait, le jeune Chaix d’Est-Ange, à l’exemple de son père, qui était déjà procureur-général criminel de Reims, se décida à suivre la carrière du barreau. C’est dans le tribunal de cette ville qu’il fit ses débuts, et son premier plaidoyer fut très remarqué. Quand son père mourut, il n’avait que 19 ans. Le jeune avocat se trouvait alors sans appui, sans ressources ; c’est à peine s’il trouva dans la succession de son père, 25 louis, et il avait à soutenir sa mère et une sœur plus jeune que lui.

Doué d’une imagination vive et pénétrante, d’une mémoire fidèle, qualités précieuses pour la carrière qu’il voulait embrasser, il partit pour Paris, où il trouva de suite un champ plus vaste.

Dès 1821 il avait un nom ; il venait de défendre devant la Cour des pairs et de faire acquitter Charpenay, accusé de complot militaire. Il possédait déjà toutes les qualités nécessaires à un bon avocat, l’élan, la verve impérieuse ; il maniait admirablement l’ironie, le sarcasme ; il excellait surtout dans l’art de peindre les passions, de les mettre aux prises et d’en faire sortir la lumière ; il était véhément, subtil, adroit, pressait son adversaire, le forçait à découvrir le défaut de la cuirasse.

Qui ne se rappelle sa brillante plaidoirie dans l’affaire de Benoit le parricide, comme avocat de la partie civile. Il excellait surtout dans les procès à sensations qui mettaient en jeu les personnes, la liberté, l’honneur. – Ses plaidoyers dans l’affaire la Roncière, l’affaire Donon-Cadot, montrent avec quelle habileté il savait faire jouer les ressorts les plus secrets de l’âme. On le retrouve dans toutes les grandes affaires judiciaires qui se sont succédé de 1821 à 1828 : celle de Cauchois-Lemaire, de Touquet, de Pouillet, Darepaire, Caumartin et la grande affaire Fieschi. En 1832, son plaidoyer pour le ministre du Commerce contre Victor Hugo est un chef-d’œuvre de forme ironique et spirituelle. – On a pu dire de M. Chaix d’Est-Ange qu’il était un avocat et n’était que cela ; aussi peut-il servir d’exemple pour montrer la différence qu’il y a entre l’éloquence judiciaire et l’éloquence politique. Sous Louis-Philippe, il fit plusieurs fois partie de la Chambre des députés ; trois fois, en 1834, en 1837 et en 1844, il fut élu député par ses compatriotes, mais il ne joua plus qu’un rôle secondaire. Cet homme de palais aurait dû, ce semble, ne jamais reparaître dans la politique ; cependant il ne put résister aux avances de l’empire. En 1857, il fut nommé procureur-général à la cour d’appel de la Seine, mais ses talents avaient considérablement baissés ; on le vit bien en 1858 dans l’affaire Orsini, où son réquisitoire fut des plus faibles. On prétendit rétablir son éloquence en le faisant parler devant le Corps législatif comme vice-président du Conseil d’État, là encore il trompa l’attente de ceux qui voulaient l’employer ; plus tard, on le fit secré¬taire du Sénat, mais il ne restait plus de lui que le causeur.

En 1868, il reparut comme rapporteur des pétitions qui demandaient la liberté de l’enseignement supérieur ; il conclut contre les pétitionnaires, mais sans la verve et l’éclat d’autrefois : – en un mot, c’était un homme fini. Il avait été commandeur de la Légion d’honneur en 1858, et depuis 1861 i1 était grand-officier de l’ordre. Quelque opinion que l’on se fasse de la carrière et du rôle politique de M. Chaix, il ne faut pas oublier qu’il a été à son temps le premier dans son ordre et l’un des grands maîtres de la parole.

Source : AMB 1878.

CHAMBLAIN (Georges).

Commandeur de la Légion d’honneur, docteur en droit, ancien conseiller d’État, ancien préfet de l’Aisne, né en 1821, décédé à Paris le 14 mars 1889.

Administra le département de l’Aisne, du 8 septembre 1856 au 5 janvier 1861.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

CHAMISSO (Alexandre Hippolyte, comte de).

Ancien capitaine au 3e régiment du génie, né à Paris le 2 juin 1803. Reçu à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr, avec le numéro 1, M. de Chamisso, sur le conseil de ses examinateurs, continua ses études de mathématiques et fut admis l’année suivante à l’école polytechnique, parmi les premiers.

Il était contemporain du maréchal Niel, qui entretenait avec lui des rapports d’amitié.

Lors de son mariage avec Mme Caroline Louise, comtesse de Chamisso, sa parente, M. de Chamisso, donna sa démission et vécut depuis partie à Paris, et le reste du temps dans sa propriété d’Ay. Ami de la solitude et du travail, le comte de Chamisso laisse plusieurs manuscrits.

Les pauvres des paroisses environnantes, Champillon et Saint-Imoges, perdent en lui un bienfaiteur. Il est décédé le 2 mars 1874 en son château de la Malmaison, commune d’Ay.

Source : AMB 1875.

CHAMISSO (Casimir Louis Frédéric de).

Né à Villers-en-Argonne le 11 vendémiaire an XIII, décédé dans son château de Villers-en-Argonne (Marne), le 5 février 1882.

Ancien garde du corps, il quitta le service en 1830 et se retira dans son domaine qu’il tenait de ses ancêtres.

II était maire de cette commune depuis de longues années.

Source : AMB 1883.

CHAMISSO (Ferdinand Casimir de).

Né en 1818, décédé à Rouen le 21 avril 1875, lieutenant-colonel de cavalerie en retraite, officier de l’ordre de la Légion d’honneur.

M. de Chamisso appartenait à une des plus anciennes familles de Champagne. Il fit toutes les campagnes d’Afrique ; pendant la guerre contre l’émir, il fut décoré et mérita par sa bravoure d’être mis trois fois à l’ordre du jour de l’armée. La campagne de 1870 le trouva lieutenant-colonel des chasseurs de la garde.

Envoyé en captivité, il contracta le germe de la longue maladie qui vient de l’enlever.

La famille de Chamisso compte encore des membres dans l’armée, M. de Chamisso, sous-lieutenant au 12e chasseurs, fils du défunt.

Source : AMB 1876.

CHAMORIN (Commandant Hilaire).

Chef de bataillon, ancien archiviste de la 4e division militaire, né à Vertus le 24 juillet 1829, décédé à Versailles, au mois de décembre 1893, originaire d’une famille châlonaise qui avait fourni plusieurs officiers distingués à l’armée et un maire à la ville de Châlons, il avait épousé une nièce du général Herbillon.

Engagé au 1er zouaves en1848, il fit avec ce régiment plusieurs campagnes en Algérie et assista au siège de Laghouat. Sous-lieutenant en 1855, il fut nommé lieutenant en 1856, après la guerre de Crimée. Capitaine, le 13 août 1866, ses blessures l’obligèrent à demander le service des places, et il fut employé comme archiviste de la 4e division, à Châlons-sur-Marne. Promu chef de bataillon au 48e de ligne le 10 juillet 1880, il prit sa retraite en 1885.

Deux de ses fils sont morts officiers au Tonkin, un troisième est aujourd’hui lieutenant dragons.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

CHAMPAGNE (Félix Marie).

Né le 25 janvier 1812, chanoine titulaire de l’Église métropolitaine de Reims, décédé le 17 octobre 1878, à l’âge de 66 ans, à Reims.

Issu d’une ancienne famille rémoise qui a déjà donné à son pays plus d’un homme recommandable, M. l’abbé Champagne fit ses études au Lycée. À la fin de ses humanités, ses parents lui permirent de suivre son attrait pour l’état ecclésiastique, et il entra au Grand-Séminaire. Le 25 mai 1836, il recevait la prêtrise ; peu après il était nommé à la cure de Saint-Brice, qui avait été occupée antérieurement par un autre Rémois, l’abbé Diot, qui fut plus tard évêque constitutionnel.

En 1841, M. l’abbé Champagne reçut sa nomination de vicaire de Saint-Maurice de Reims, où il fut le collaborateur de l’abbé Nanquette.

Le 1er août 1849, il était appelé aumônier de l’Hôtel-Dieu, où il demeura dix années, au milieu des pauvres et des malades de cette maison.

Ce fut le 15 octobre 1859 qu’il fut nommé à la cure de Saint-André, où il resta jusqu’au 10 mai 1875, époque à laquelle il fut nommé chanoine titulaire.

M. Champagne, d’un jugement sain et prompt, était un homme très serviable et d’une charité sans bornes, aimant à faire le bien sans ostentation.

Bibliographe érudit, il s’occupait de littérature.

Source : AMB 1879.

CHAMPENOIS (Paul).

Curé de la paroisse Notre-Dame à Châlons, né le 5 janvier 1802 à Saint-Hilaire-le-Grand (Marne).

Nommé curé de Notre-Dame de Châlons, le 23 février 1833, il a depuis cette époque consacré son temps, les revenus de sa cure et son patrimoine à la restauration de cette église qui lui doit : sa nouvelle flèche, l’orgue, le carillon, les autels, le carrelage en plomb étiré, les carreaux, la grille qui entoure l’édifice, les verrières, etc.

L’abbé Champenois est mort comme il avait vécu en saint et digne prêtre, entouré de l’estime et des regrets du clergé et des Châlonnais. Sa mémoire comme celle du juste est destinée à ne pas périr ; il est mort le 5 octobre 1870.

Source : AMB 1871.

CHAMPENOIS (Paul).

Ancien médecin inspecteur des armées, ancien médecin en chef de l’hôpital du Gros-Caillou, né à Jandun (Ardennes) le 10 octobre 1822, décédé à Paris au mois d’avril 1890.

Champenois avait été reçu docteur en 1847 ; il parcourut brillamment la série des grades de la médecine militaire et prit part à toutes les guerres du Second Empire, lorsqu'il fut admis dans le cadre de réserve, en 1855, il comptait vingt-deux campagnes. Il était commandeur de la Légion d’honneur.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

CHANAL (Louis Charles).

Rédacteur de la « Dépêche sparnacienne », né à Tours-sur-Marne, le 4 juin 1869, mort à 28 ans, le mercredi 14 avril 1897, inhumé le surlendemain à Épernay, avait été successivement rédacteur à deux autres journaux de cette ville : « l’Union républicaine » et « l’Indépendant de la Marne et de la Moselle ».

Source : AMB 1898.

CHANDON de BRIAILLES (Jean Remi Gabriel).

Né le 31 mars 1819, d’une des plus honorables familles d’Épernay, petit-fils de M. Jean-Remi Moët, si célèbre dans le monde entier par son important commerce de vins de Champagne, suivit les exemples de tradition dans la famille.

M. Chandon attacha son nom à l’édification d’un monument destiné à une école communale de filles, à l’édification du Palais de Justice de la ville d’Épernay et se signala par ses libéralités envers les pauvres.

Il habitait le château de Romont, près Mailly, vaste propriété créée par son grand-père qui en fit défricher les dépendances pour y établir un vignoble et une exploitation agricole importante, où il s’occupait de recherches et d’expériences sur la viticulture et l’agriculture.

Chevalier de Saint-Jean-de-Jérusalem, de Charles III d’Espagne et de Saint-Ferdinand, M. Chandon était membre du Conseil d’arrondissement de Reims et maire de Mailly, décédé à Paris le 31 août 1873.

Son corps a été transporté à Épernay et inhumé dans l’ancien cimetière Saint-Laurent dans un caveau de famille.

Source : AMB 1874.

CHANDON de BRIAILLES (le comte Paul).

Né à Épernay le 20 avril 1821, décédé dans la même ville le 9 juin 1895. Son grand-père, M. Moët, était allié par ses ancêtres à la famille du bienheureux Jean-Baptiste de La Salle. Il entra dans la maison Moët et Chandon deux ans après la mort de son père, M. Gabriel Chandon, qui, durant plus de trente années, présida avec M. Jean-Remy Moët aux destinées de cette grande maison de Champagne. Après avoir été associé successivement avec MM. Victor Moët, Gabriel Chandon, son frère cadet, Auban-Moët, il devint, à partir de 1882, avec ses trois fils Raoul, Gaston et Jean, le seul chef de cette maison sans rivale par le chiffre de ses expéditions et son beau vignoble de 700 hectares.

M. Paul Chandon ne se dérobait devant aucune des charges ou fonctions publiques. En 1848, il fut chef de bataillon de la Garde nationale de Hautvillers, conseiller municipal d’Épernay pendant vingt-deux ans, dix ans adjoint, membre du Conseil général, membre de la Chambre de commerce de Reims, juge au Tribunal de commerce d’Épernay, président du Comice agricole d’Épernay, membre de la commission administrative de l’Hospice, délégué cantonal, président du Conseil de fabrique de l’église Saint-Pierre et Saint-Paul, etc. – À l’époque de l’invasion prussienne, il sauva la ville du pillage en payant l’énorme impôt dont elle avait été frappée pour venger la mort de quelques éclaireurs tués à la gare.

Parmi les nombreux titres que l’on peut revendiquer en son honneur, l’un des plus glorieux, c’est cette organisation économique qu’il élabora en faveur de ses deux mille ouvriers, grâce à laquelle leur existence est assurée à tous contre toute éventualité ; organisation qui frappa tellement le jury d’économie sociale à l’Exposition de Lyon, qu’il désigna à l’unanimité le bienfaiteur de la ville d’Épernay pour l’une des croix mises à sa disposition.

Sa bienfaisance était sans limites ; il coopéra largement à toutes les œuvres ou institutions de bienfaisance et, dans ces dernières années il fit construire une église Magenta et une autre à Épernay.

Dans la vie privée, c’était un homme du monde à l’esprit fin et délié, d’un abord sympathique, d’un sens artistique très développé, surtout au point de vue musical.

Ses funérailles furent un deuil public, toute la ville d’Épernay eut à cœur d’y assister. Les cordons du poêle étaient tenus par : M. Mollard, vicaire général de Châlons, représentant le clergé ; M. le comte Werlé, pour le Syndicat des vins de Champagne ; M. Fleuricourt, maire d’Épernay ; M. Lefébure, d’Amsterdam, le doyen des représentants de la Maison ; M. le marquis de Clapied, ami du défunt. L’absoute fut donnée par Mgr Latty, évêque de Châlons, qui présida la cérémonie, à laquelle M. l’abbé Landrieux, vicaire général de Reims représentait le cardinal Langénieux. Sur le cercueil, une croix d’argent, mais ni fleurs ni couronnes, selon l’expresse volonté du défunt. Mgr Latty est monté en chaire, et, dans un émouvant discours, a retracé sa vie toute d’honneur, de dévouement, de foi et de charité.

M. Paul Chandon de Briailles était chevalier de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, grand’croix de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, et commandeur du Saint-Sépulcre.

Source : AMB 1896.

CHANGY (Jean-Baptiste Louis).

Notaire honoraire, membre du Conseil municipal, de la Commission des Hospices et de la Caisse des Incendies, président de la Commission de l’asile départemental des aliénés, suppléant de la Justice de Paix du canton de Châlons, né en cette ville le 23 octobre 1797, et décédé à Châlons le 29 octobre 1884.

Nommé notaire à Châlons en 1825, il exerça cette profession avec honneur pendant 44 ans, et céda son office à son gendre, en 1869, pour se mettre avec plus d’ardeur au service de ses concitoyens.

Toutes les fonctions gratuites dont nous le voyons revêtu, donnent la mesure de son dévouement.

Sur sa tombe, M. Morel, président de la Chambre des Notaires, M. Bornot, juge de paix, et M. le docteur Bonnet, directeur de l’asile départemental, ont fait chacun à son point de vue l’éloge de M. Changy et exprimé le regret que causait à tous la mort de cet homme de bien.

Source : AMB 1885.

CHANOINE (Eugène).

Négociant en vins de Champagne à Épernay, appartenait à une vieille famille de la cité dont son père avait été maire de 1841 à 1848. Il y était né lui-même le 14 juillet 1818, et après avoir dirigé longtemps la maison de commerce de son nom, il mourait le 28 août dernier à l’âge de 83 ans.

M. Chanoine donna aussi sa part de dévouement aux œuvres d’utilité et de charité, soit comme vice-président de la Caisse d’épargne, soit au Bureau de bienfaisance où il remplissait les mêmes fonctions. L’âge et les infirmités l’obligèrent à se démettre de ces dernières, mais il fut nommé vice-président honoraire de la société à laquelle il appartenait depuis près d’un demi-siècle.

À ses obsèques auxquelles assistaient toutes les notabilités de la ville, M. le Dr Evrard prononça l’éloge funèbre en rappelant les qualités éminemment honorables du défunt.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

CHANZY (général).

Au moment où la France était en proie à l’émotion causée par la mort de M. Gambetta, l’ardent patriote qui fut l’organisateur de la Défense nationale, on apprenait avec stupeur, à cinq jours d’intervalle, la mort du vaillant général qui illustra cette lutte héroïque d’une petite armée improvisée contre les légions germaniques, innombrables et disciplinées, répandues sur notre malheureux pays pour l’asservir.

Si le général Chanzy, par ses éminents services appartient à la France entière, il appartenait déjà à la Champagne, par sa naissance dans les Ardennes ; le département de la Marne peut le revendiquer aussi désormais par le début de ses études classiques au collège de Sainte-Ménehould et par sa mort au quartier-général du 6e corps d’armée, à Châlons-sur-Marne.

CHANZY (Antoine Eugène Alfred).

Fils d’un ancien capitaine de cuirassiers du premier empire, naquit à Nouart, canton de Buzancy, arrondissement de Vouziers, le 18 mars 1823.

Après quelques années passées au collège de Sainte-Ménehould, le jeune Chanzy, à l’âge de 16 ans, s’engagea dans la marine ; mais au bout d’un an, il quitta la mer pour s’engager au 5e régiment d’artillerie.

Admis à l’École Saint-Cyr le 13 décembre 1841, il en sortit en 1843 comme sous-lieutenant au 1er régiment de zouave que commandait Cavaignac ; le 1er octobre 1848, il fut nommé lieutenant au 43e de ligne et capitaine le 12 mars 1851. Il fut détaché avec ce grade à Oran, comme chef du Bureau arabe.

Promu chef de bataillon au 23e de ligne le 25 août 1856, il fit en cette qualité la campagne d’Italie ; puis il fut envoyé en Syrie comme lieutenant-colonel du 71e de ligne. Le 6 mai 1864, il allait rejoindre à Rome le 48e de ligne, dont il était nommé colonel.

Lors de la grande insurrection arabe, il revint en Afrique et passa le 1er septembre 1868 au 92e, fut nommé général de brigade le 14 décembre suivant, et commanda dans ces deux derniers grades la subdivision de Bel-Abbès et de Tlemcen.

Telles étaient déjà les étapes de ce vaillant soldat à l’époque de la guerre franco-allemande ; sa connaissance de la langue arabe le mettait à même de rendre de grands services en Afrique, où du reste il se plaisait, quand après la bataille de Sedan, le gouvernement de la Défense nationale le fit général de division, sur la recommandation du maréchal de Mac-Mahon, blessé, et l’appela en France, pour lui confier le commandement du 16e corps d’armée.

Le 9 novembre, il prenait une part brillante à la bataille de Coulmiers, dans le Loiret. Il lança une de ses divisions, commandées par le général Barry, qui emporta à la baïonnette le château de Coulmiers.

Le 1er décembre, dans la série de combats qui se livrèrent autour d’Orléans, le corps du général Chanzy remporta à Patay un avantage marqué sur les Allemands, et quand l’armée française se trouva coupée en deux par les habiles manœuvres du prince Frédéric-Charles, le général reçut le commandement en chef de la 2e armée de la Loire. Avec les débris de l’armée, formée en grande partie de recrues, il tint pied de la façon la plus énergique contre les masses prussiennes, si savamment organisées, et durant deux mois soutint, au cœur de l’hiver, la lutte la plus héroïque. En présence de trois corps d’armée qui le harcelaient de toutes parts et ne lui laissaient aucun repos ; ceux du général bavarois von der Thann, le vaincu de Coulmiers, du duc de Mecklembourg et du prince Frédéric-Charles, il fit face de tous côtés et parfois arrêta avec succès le mouvement offensif des Allemands, notamment aux combats de Beaugency, de Josnes, de Marchenoir, d’Origny. Dans ces marches, où il ne cédait que pied à pied devant des forces bien supérieures et sans trop s’écarter de Paris, qui restait toujours l’objectif du gouvernement de la Défense nationale ; il fit preuve d’une ténacité remarquable et de talents militaires de premier ordre. Quand tout semblait désespéré, il continuait la résistance et obligeait les Allemands à mettre en ligne contre lui jusqu’à 180.000 hommes pour le forcer à reculer. Il soutint à diverses reprises, le 15 décembre à Vendôme, le 27 à Montoire et le 11 janvier au Mans, l’effort de toutes les troupes allemandes, et les avantages qu’il remportait de temps en temps permettaient de bien augurer de la lutte lorsqu’une panique des mobilisés, dans la nuit du 11 au 12 janvier, changea en déroute l’attitude jusqu’alors si résolue de son armée ; cet accident lui fit perdre la ligne de la Sarthe, excellente position stratégique, où il espérait retenir longtemps l’ennemi, l’user en rencontres partielles et attendre ainsi que de nouvelles forces se fussent organisées en arrière. Pendant que le gros de l’armée se repliait derrière la Mayenne, autour de Laval, et reformait ses régiments déjà si endommagés, le général Chanzy ramenait au feu, pour masquer cette retraite, le 16e corps que commandait l’amiral Jauréguiberry, et soutenait durant six jours autour du Mans, une lutte acharnée ; il empêcha ainsi que la déroute ne se changeât en un désastre irréparable. C’est à Laval, où il réorganisait encore une fois l’armée, que vint le surprendre l’armistice ; il s’apprêtait à reprendre l’offensive et ne croyait pas que tout fût désespéré.

Tels sont les faits d’armes, telle fut la noble conduite du général Chanzy pendant la guerre de 1870-71, on peut les lire en détail dans sou livre intitulé : la Deuxième Armée de la Loire.

Nous venons de rappeler brièvement les actes de sa vie ; il avait été nommé grand-croix de la Légion d’honneur dès 1878.

Là ne s’arrêtent point les services rendus par le général Chanzy à la France.

Lors de l’élection du 8 février 1871, il obtint à Paris, sans être élu, le nombre considérable de 60.000 voix ; mais il fut élu dans les Ardennes, son pays, sans s’être présenté, le second sur six, par 44.225 suffrages ; à l’assemblée de Bordeaux, il siégea au centre gauche et fut du petit nombre des députés qui se prononcèrent pour la continuation de la guerre.

Les campagnes de la seconde armée de la Loire, en relevant l’honneur du drapeau français, avaient placé le général Chanzy au premier rang de nos hommes militaires ; aussi fut-il très surpris d’être arrêté, le soir du 18 mars, au nom du Comité central, comme il descendait de wagon à la gare d’Orléans, en se rendant de Bordeaux à Versailles. Son arrivée avait été signalée et peu s’en fallut qu’il ne partageât le sort des généraux Lecomte et Clément Thomas. Emprisonné d’abord dans la mairie de la Barrière d’Italie avec deux compagnons de voyage, le général de Langourian et M. Turquet, député, il fut heureusement protégé par Léo Meillet, futur membre de la Commune, qui fit tenir la foule en respect jusqu’à ce que les captifs eussent été transférés au 9e secteur, puis à la prison de la Santé. Ce ne fut qu’au bout de huit jours de pourparlers, qu’il put obtenir son élargissement, sous le serment de ne point combattre pour Versailles.

À la Chambre, où il était président du centre gauche, il s’est occupé de la dissolution des gardes nationales et de la réorganisation de l’armée.

Il écrivit alors sa Deuxième Armée de la Loire.

Eu 1873, il fut nommé gouverneur de l’Algérie et la même année sénateur inamovible.

Le 18 février 1875, il fut appelé à remplacer le général Leflô, comme ambassadeur à Saint-Pétersbourg, où il laissa à la cour de Russie de bons souvenirs qui pouvaient être très utiles dans la suite pour la France. Il représentait aussi depuis 1875, le département des Ardennes au conseil général.

Dans toutes ces fonctions élevées, il montra toujours le patriotisme le plus pur et le plus désintéressé, c’est un grand éloge que l’on puisse faire de lui que cette courte phrase du Figaro : « Né pauvre, il est mort pauvre. »

Cependant, le général croissait en popularité et sans avoir jamais exprimé la moindre parole à ce sujet, plusieurs voyaient déjà en lui un futur président de la République, quand d’autres comptaient sur Gambetta. En huit jours, ces deux hommes étaient enlevés par la Providence.

Il y avait à peine quelques mois que le général avait été appelé au poste important par sa situation, de commandant du 6e corps d’armée à Châlons ; là, tout en veillant à la frontière comme une sentinelle avancée, il jouissait au milieu des siens qu’il chérissait des joies de la famille, lorsque sans que rien l’eût fait prévoir, après une journée de promenade avec ses aides-de-camp et une soirée passée à la Préfecture, il fut frappé pendant la nuit du 4 au 5 janvier 1883, d’un épanchement au cerveau et le matin, son domestique le trouva inanimé dans son lit ; il était âgé dc 60 ans et paraissait destiné à fournir encore une longue vie.

Il faut renoncer à dépeindre la douleur des siens ; en apprenant ce malheur, Mgr Sourrieu, évêque de Châlons, fut chargé de l’apprendre à Mme Chanzy, qui elle-même était souffrante ; les sentiments religieux du général étant bien connus.

La nouvelle de cette mort subite causa une grande douleur à Châlons où le général était déjà apprécié et aimé.

Toutes les classes de la société sont venues circuler autour de son lit de parade où chacun fut admis à le visiter. Le service d’ordre n’eut qu’à constater le pieux recueillement de la foule ; tout le monde était ému et un grand nombre avaient des larmes dans les yeux.

Parmi les nombreuses couronnes déposées sur le catafalque, on en remarquait une portant l’inscription suivante : « Au général Chanzy, le collège de Sainte-Ménehould ».

Sur ces entrefaites, le Ministre de la guerre fit signer par le Président de la République, un décret dont l’article 1er est ainsi conçu : « Les funérailles de M. le général Chanzy seront célébrées par les soins de l’État et aux frais du Trésor public ».

Les Funérailles :

Malgré le désir formulé par le Conseil des ministres de faire célébrer à Paris ses funérailles, sur le désir exprimé par Mme Chanzy, elles eurent lieu au chef-lieu du commandement le mardi 9 janvier. Si elles perdaient en éclat, elles prirent une expression sincère de deuil public dont Châlons conservera longtemps le souvenir.

Dès la veille, la compagnie des Pompes funèbres de Paris avait orné l’entrée du quartier-général de tentures noires et argent, avec des trophées de drapeaux tricolores et de palmes vertes.

Le matin, un train spécial amenait de Paris plus de 50 officiers _généraux, parmi lesquels on distinguait MM. le général Pittié, représentant le Président de la République, le général Billot, ministre de la guerre, le maréchal de Mac-Mahon, les généraux duc d’Aumale, de Galiffet, Saussier, Appert, comte de Dampierre, etc.

Les ministres s’y étaient faits représenter ; on voyait dans le cortège des délégations de la Chambre des députés, du Sénat, du corps diplomatique et de l’armée. Les préfets de la Marne, des Ardennes, de la Meuse, de la Meurthe-et-Moselle et des Vosges, le Conseil général, les administrations civiles et judiciaires, les délégués du 6e corps d’armée et les corps constitués de la Marne y avaient leur place.

Venaient aussi l’École des arts-et-métiers, le Collège, l’École normale et les pensions.

Les troupes faisaient la haie ; l’artillerie postée en dehors de la ville faisait entendre la voix du canon à intervalles égaux.

Le cercueil était porté par des sous-officiers de la garnison.

La famille du défunt suivait immédiatement le cercueil, on voyait son fils conduit par son oncle, M. Chanzy, receveur particulier des finances de Reims ; son gendre, M. de Crépy, aussi receveur des finances à Fontainebleau.

Sur le parcours du cortège, depuis l’hôtel de la division jusqu’à la cathédrale, l’église Saint-Alpin était tendue de noir, les maisons étaient ornées de drapeaux couverts de crêpes et repliés en signe de deuil ; les réverbères étaient voilés de noir et une foule sympathique et recueillie stationnait d’un bout à l’autre derrière la haie formée par les troupes.

La cathédrale était tendue de noir à l’intérieur et à l’extérieur. Le corps y fut reçu par l’archevêque de Reims, accompagné des évêques de Châlons, de Verdun et de Nancy, entourés du chapitre, d’une partie du clergé du diocèse et des élèves du grand séminaire.

La messe fut dite par M. l’abbé Lucot, archiprêtre de la cathédrale. Après la messe, Mgr Sourrieu, évêque de Châlons, monta en chaire et en quelques paroles éloquentes, proclama le caractère chrétien du général qui, selon l’expression de l’orateur, confondait comme Bayard son épée avec la croix de Jésus-Christ.

Après l’absoute donnée par Mgr Langénieux, archevêque de Reims, le corps fut porté sur la place de la Cathrédrale où des discours furent prononcés par M. le Ministre de la guerre, par M. le sénateur Pelletan, par M. Philippoteaux, député des Ardennes, et par le général Villemot, le chef d’état-major de l’armée de la Loire. M. Neveu, conseiller général des Ardennes, prononça aussi des paroles d’adieu.

Après le défilé, devant le cercueil, par les troupes commandées par le général Berge, commandant par intérim du 6e corps, le corps fut reporté à la cathédrale où il passa la nuit sous la garde d’un peloton d’honneur composé de soldats du 106e de ligne.

Les Obsèques à Buzancy :

Le lendemain, à 8 heures du matin, le corps fut conduit à la gare, accompagné des officiers du 106e, pour être transporté à Buzancy où il devait reposer dans un caveau de famille.

Madame Chanzy et ses enfants accompagnaient le cercueil.

À son passage à Vouziers, une députation offrit une couronne au nom de la ville et M. Terlot, adjoint, exprima dans une allocution émue, les sentiments de la municipalité et des habitants.

Châlons avait fait au général des funérailles dignes d’un soldat ; à Buzancy, le surlendemain, la cérémonie de l’inhumation avait un caractère de famille.

Cependant une partie des officiers généraux et toutes les autorités du département des Ardennes, avaient tenus à accompagner le général jusqu’à sa dernière demeure.

L’archevêque de Reims présida la cérémonie et prononça l’oraison funèbre du défunt que nous voudrions pouvoir reproduire tout entière, où il retrace les principales phases de sa vie de guerrier et fait ressortir aussi ses vertus privées et ses sentiments patriotiques et religieux ; puis on le descendit dans le modeste caveau où reposait déjà un jeune fils arraché de bonne heure à l’affection de sa famille.

Après de telles funérailles, on ne peut disconvenir que cet homme avait gagné la sympathie du pays et que sa mort est une grande perte pour tous.

C. R.

Notes sur le général Chanzy :

M. le général Chanzy était un fervent disciple de Saint-Hubert. C’était un chasseur à tir d’une correction parfaite, d’une grande simplicité, à la manière des Mac-Mahon, des Grévy et de tous ceux qui ne cherchent que leur plaisir sans éclat et sans bruit. Comme tous les vrais chasseurs, la chasse au chien d’arrêt avait ses préférences. Toutes les fois qu’il était en congé ou que les exigences du service le lui permettaient, il allait chasser dans son domaine de Buzancy ; revêtu d’une blouse bleue, coiffé d’une casquette de toile légendaire ; dans les Ardennes, il battait les champs, cherchant du gibier, seul à seul avec son chien, ayant tous les plaisirs laborieux de la quête, de la surprise et du tir.

Comme le maréchal de Mac-Mahon dans son domaine, de la Forêt et M. Grévy à Mont-sous-Vaudrey, il connaissait tons les points de son canton, repaires, gîtes et remises. En Afrique, en route, en expédition on en tournée, il descendait souvent de cheval pour se mettre à la poursuite d’une compagnie de perdreaux rouges on arrêter un lièvre levé par les cavaliers. Souvent aussi, comme le général Marguerite, le plus fort tireur de l’armée d’Afrique, il faisait coup double sans mettre pied à terre. Dans les Ardennes, comme en Afrique, le général Chanzy y était connu, non seulement comme un excellent tireur, mais encore comme un chasseur sage, conservateur du gibier, ne se laissait jamais entraîner : lorsqu’il avait abattu le nombre de pièces qu’il s’était fixé, il rentrait au logis en bon bourgeois, et il était heureux de sa journée.

Source : AMB 1884.

CHAPPELET (Paul Ernest).

Professeur de 3e au collège de Morlaix (Finistère), collaborateur aux Annales Littéraires et au journal le Breton, né à Montcornet (Aisne) le 24 décembre 1850, décédé à Morlaix le 25 mai 1894.

Orphelin à l’âge de 12 ans, il entra au séminaire de Soissons qu’il quitta à cause de la guerre de 1870. Quoique d’une faible santé, il ne resta pas inactif et devint précepteur au château d’Orémont (Belgiqne) ; rentré en France et admis dans l’Université, il fut successivement professeur aux lycées et collèges de Rennes, Saint-Omer, Saint-Servan, Laval, et enfin au collège de Morlaix où il vient de mourir à l’âge de 44 ans, emportant l’estime de tous ceux qui l’ont connu.

Poète à ses heures, il laisse environ 70 pièces de vers dans lesquelles il a souvent chanté la nature, plusieurs ont paru dans les journaux de Bretagne.

Citons particulièrement : Souvenir du foyer ou sourires et larmes ; La mort de Picard ; À Victor Hugo, à Jeanne et à Georges ; Après la lecture de l’Art d’être Grand-Père, pièce à laquelle l’illustre poète, alors âgé de 80 ans, a répondu :

Vers nobles, vers charmant l’homme par leur beauté

Et surtout l’enfant par leur vérité.

Devant un pareil suffrage, on conçoit que notre éloge soit sans aucune valeur.

J. C.

Source : AMB 1895.

CHAPUIS (Aimé).

Conseiller municipal, suppléant du juge de paix, administrateur de la Caisse d’épargne et membre correspondant de sociétés savantes, décédé à Givet, le 5 septembre 1873, dans sa 76e année.

La ville de Givet a perdu en lui un de ses meilleurs conseillers et les pauvres un véritable ami entièrement dévoué aux intérêts de la cité, il a été réélu dans toutes les élections avec une grande majorité au conseil municipal.

Source : AMB 1874.

CHAPUZOT (l’abbé Pierre Joseph).

Aumônier de l’hôpital-hospice Auban-Moët, né à Larzicourt (Marne), le 2 septembre 1822, décédé le 6 avril 1897, à la suite d’une longue maladie. Ses obsèques ont eu lieu en présence de toutes notabilités sparnaciennes. M. Quittat, curé-archiprêtre d’Épernay, a dit la messe et prononcé d’une voix émue l’éloge funèbre du défunt ; il était assisté dans la cérémonie des obsèques par MM. les abbés Nolin et Barré, chanoines du chapitre de Châlons. En tête du cortège se trouvait une délégation de la Société de viticulture et d’horticulture dont M. l’abbé Chapuzot était membre.

Les coins du poêle étaient tenus par M. Luquet, président de la commission administrative des Hospices, M. Véron, chirurgien-chef, M. l’abbé Chapiteau, curé doyen d’Écury-sur-Coole, M. l’abbé Appert, curé de Saint-Alpin, de Châlons. – Cette mort a été vivement ressentie à Épernay.

Source : AMB 1898.

CHARBONNEAUX (Charles).

Paroles prononcées par M. L’abbé Tourneur, curé de Sedan, ami de la famille Charbonneaux, sur la perte si subite qui l’a plongée dans le deuil.

Messieurs,

Interprète des sentiments de la famille, j’ai, messieurs, à vous remercier en son nom de l’honneur que vous avez bien voulu lui faire en rendant avec elle à M. Charbonneaux les derniers devoirs. Vous vous êtes associés de grand cœur à son deuil, parce que vous avez compris l’immense, l’irréparable perte qu’elle vient de faire. Bien des personnes sont frappées aujourd’hui ; mais qui pourrait l’être autant que les siens ? Si le conseil municipal voit disparaître un de ses membres les plus éclairés et les plus utiles ; si l’administration des Hospices regrette en lui l’administrateur actif, intelligent et toujours préoccupé des besoins des pauvres ; si les sœurs hospitalières de nos trois maisons de charité déplorent la perte de celui qui était, pour elles-mêmes, un coopérateur zélé, pour leurs enfants, leurs vieillards et leurs malades, un ami et un père ; si ses nombreux amis pleurent avec nous le cœur le plus aimant et le plus droit, servi par la plus belle intelligence, que ne perdent pas aujourd’hui cette veuve si justement inconsolable ; cette mère trois fois atteinte de coups toujours plus rudes, et ces chers et bien-aimés enfants qui le voient sortir de la vie quand eux-mêmes avaient un si grand besoin de sa tendresse et de son expérience pour les diriger !

Formé dès son plus jeune âge par les exemples d’une mère, modèle accompli de toutes les vertus chrétiennes, et par un père, homme au cœur d’or et au sens droit, M. Charbonneaux sut, en l’aimant, apprendre à lui ressembler. Entré très jeune dans les fonctions publiques et placé par la confiance de ses concitoyens dans les emplois les plus difficiles, il répondit à leur attente et ne cessa pendant plus de vingt ans d’y déployer un zèle infatigable, soutenu par un inépuisable dévouement. Et c’est quand la maturité était venue, quand l’âge ajoutait à ses qualités si précieuses ce je ne sais quoi d’achevé donné par l’expérience, que la mort vient en trois jours nous le ravir ! Dieu l’a voulu ; soumettons nous en reconnaissant une fois de plus que ni la fortune, ni les honneurs, ni les qualités les plus brillantes du cœur et de l’esprit, ne sont rien sur cette terre d’un jour, d’où le moindre souffle nous enlève en un instant ! Heureux celui dont les regrets d’une ville entière et les larmes des pauvres publient, comme aujourd’hui, les bonnes œuvres ; il est allé recevoir sa récompense ! »

Source : AMB 1865.

CHARBONNEAUX (Firmin).

Maître de verreries, chevalier de la Légion d’honneur, membre de la Chambre de commerce de Reims, administrateur de la Banque de France, etc., décédé à Villers-Allerand (Marne), le 18 août 1899, était issu d’une nombreuse famille de Wasigny (Ardennes), où il est né lui-même le 29 juillet 1830.

Tout, d’abord élève à l’École d’Alfort, F. Charbonneaux quitta ces études pour seconder l’un de ses parents, M. Charles Charbonneaux, fabricant de savons à Reims. Il s’initia bien vite à ce métier, nouveau pour lui, en améliora les procédés de fabrication, devint associé et à la mort de M. Charles Charbonneaux, resta l’un des chefs de la maison, jusqu’en 1873.

À cette époque, il créa la verrerie de Reims, en société avec un de ses parents, et, par son intelligence et son initiative, il en fit une des plus importantes de France.

Vers 1837, il fonda dans les Deux-Sèvres une distillerie qui devient rapidement un des éléments de prospérité de ce département, et quelques années plus tard il créa aux portes de Reims un important vignoble qui procure chaque année aux ouvriers rémois un appoint notable de travail.

Les qualités de l’industriel, de l’administrateur et du philanthrope se retrouvent à la Chambre de commerce où il avait été élu vice-président en 1894 ; à la Banque de France et dans les nombreuses sociétés privées qui l’avaient appelé au milieu d’elles. Par son infatigable activité, il a été pendant trente ans mêlé intimement à toute la vie d’affaires de Reims.

M. F. Charbonneaux laisse d’unanimes regrets, et la nombreuse assistance qui l’accompagnait à ses funérailles montrait assez la large place qu’il avait su se créer au milieu de ses concitoyens.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

CHARBONNIER (Jean François).

Né à Vaudemange (Marne) le 24 mars 1790, ancien instituteur, officier d’académie, décédé à Rosnay le 18 janvier 1883.

Ce digne instituteur, aussi modeste qu’éclairé, a débuté dans l’enseignement à Saint-Euphraise-Clairizet, le 1er janvier 1815 ; il est resté, en fonction dans cette commune jusqu’au 31 août 1822. À cette époque, il a été rappelé à Rosnay-Courcelles, où il a exercé jusqu’au 1er novembre 1855.

Source : AMB 1884.

CHARDENAL (A.-C.).

Ancien professeur au collège de Charleville, ancien journaliste, né à Donchery en 1827, décédé en Angleterre, où il s’était retiré à la suite du 2 décembre 1852. Il était alors rédacteur en chef du journal de Charleville. Réfugié à Paris, il fut d’abord secrétaire de Lamennais. En 1853, pour éviter d’être arrêté, il se réfugia en Belgique, puis en Angleterre, où il enseigna le français avec succès. En 1860, il occupait une chaire à l’Athénée de Londres. Il écrivit pour l’enseignement du français dans les écoles anglaises deux ouvrages, qui sont devenus classiques.

Exilé de sa patrie, il avait conservé pour elle un culte particulier ; il avait mis sa propre maison à la disposition de ses compatriotes exilés comme lui.

Il refusa de profiter de toutes les amnisties. Comblé d’honneurs en Angleterre, il y avait acquis en même temps une certaine aisance.

Il mourut subitement en 1889.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

CHARDONNET (Prudent Célestin).

Ancien membre du Conseil municipal de Reims, né à Cormontreuil le 24 novembre 1809, décédé à Reims le 23 avril 1884.

Fils d’ouvrier, ouvrier lui-même, il donna la mesure de ce que peuvent le travail assidu et l’amour du devoir. Dès l’âge de 12 ans, il entrait en fabrique et devenait bientôt contremaître. Après 30 ans de services dans la même maison, celle-ci ayant abandonné les affaires, il entra chez M. Missa, où il demeura encore 29 ans.

Après ces 52 années de travail dans deux maisons seulement, sa santé l’obligea à se retirer, mais il ne resta pas oisif. Il avait fondé, en 1834, la Société de Secours mutuels connue sous le nom de l’Union Fraternelle ; il se consacra dorénavant à la prospérité de la Société économique, dont il était membre fondateur.

Aussi, ses concitoyens voulurent lui témoigner leur reconnaissance en le portant en 1878, au Conseil municipal, qu’il fut contraint d’abandonner en 1880, à cause du mauvais état de sa santé. À ce moment même, il remettait à l’Administration une somme de 1.000 fr. pour être distribuée en livrets de Caisse d’Épargne aux élèves les plus méritants de l’école municipale.

Source : AMB 1885.

CHARLIER (abbé).

Les derniers jours de l’année 1868 ont été signalés à Reims par une de ces pertes douloureuses, irréparables, qui laissent une impression pénible dans les esprits les moins portés aux réflexions sérieuses ou mélancoliques.

Le bienfaiteur, ou plutôt le père des enfants abandonnés, le vénérable abbé Charlier, a été enlevé au monde et à sa chère maison de Bethléem le 19 décembre. – La nouvelle, aussi subite qu’imprévue, du décès de l’archiprêtre de Mézières, M. l’abbé Petit, son compatriote et son émule en charité lui causa une émotion violente contre laquelle toutes les ressources de la science, furent impuissantes. Sa santé d’ailleurs avait subi déjà de graves atteintes. Des ménagements extrêmes, inconciliables avec l’incessante activité qu’exigeait l’accomplissement de son œuvre, auraient pu seuls retarder la catastrophe que nous avons à déplorer.

L’origine de Bethléem remonte au jour de Noël 1837. À diverses époques, mais notamment en 1836 et 1837, l’administration prescrivit le déplacement des enfants trouvés, c’est-à-dire l’échange des enfants déposés au tour existant alors à l’Hôtel-Dieu de Reims, contre un pareil nombre d’élèves des hospices de Châlons et de Vitry-le-François. Ces petits êtres, ramenés à l’Hôtel-Dieu par leurs nourriciers, étaient presque tous chétifs et souffreteux. Ils devaient être transportés au loin, afin de les éloigner des parents qui, malgré toutes les précautions, parvenaient souvent à découvrir leur résidence.

Des philanthropes avaient provoqué cette mesure ; d’autres philanthropes, appartenant à une différente école, la critiquèrent avec amertume. L’abbé Charlier était alors aumônier de l’Hôtel-Dieu. Le spectacle navrant qu’il eut sous les yeux exaltant son zèle évangélique, il voulut devenir le père de ces malheureux enfants. Il y parvint par la fondation de Bethléem, pour laquelle son ardente charité aplanit tous les obstacles.

De généreux protecteurs et un grand nombre de personnes bienfaisantes vinrent à son secours, et l’établissement ne cessa de grandir et de prospérer.

L’administration aussi lui vint puissamment en aide, et, plus tard, quand le successeur de Napoléon Ier put remplir les généreuses intentions exprimées dans son testament par le fondateur de la dynastie, l’établissement de Bethléem devint l’asile des Boursiers-Napoléon. Les enfants entretenus à ce titre à Bethléem sont actuellement au nombre de trente-cinq.

Cet établissement, qui n’avait pas de modèle, car les colonies pénitentiaires n’en diffèrent pas moins par le but que par les moyens, a été célébré dans la langue des dieux. L’académie de Reims ayant choisi l’éloge de cette belle création pour sujet d’un de ses concours, de nombreuses pièces de vers lui furent adressées. Celle qui fut couronnée avait pour épigraphe :

L’œuvre….. c’est l’homme .

Le poète raconte ainsi les humbles commencements de Bethléem :

La veille de Noël mil huit cent trente-sept,

Le soir, dans une grange, et presque sans lumière

Un prêtre et cinq enfants adressaient leur prière

À ce Dieu des Chrétiens, qui du haut de sa croix

Priait pour notre monde et celui d’autrefois...

C’étaient l’abbé Charlier et ses premiers pupilles !...

Bethléem !

Trois fois il t’a fallu changer de domicile

Avant de pouvoir dire : « Ici, je suis chez moi,

Libre, chéri de tous, protégé par la loi ».

Et pour finir l’auteur s’écriait :

O Rheims ! qu’à l’avenir le présent fasse envie !

Bethléem est à toi, c’est ton œuvre .... et tu sais

Que si l’on peut compter tous les jours de sa vie

Dieu seul... du bon Charlier peut compter les bienfaits !

Enfin, cette vie si bien remplie s’est éteinte, mais sa tâche était achevée, ou du moins l’avenir de Bethléem était assuré.

Nous avons dit qu’en 1837 M. Charlier était attaché à l’Hôtel-Dieu en qualité d’aumônier. Il avait précédemment desservi la cure de Bétheny, où il fut envoyé aussitôt après son ordination, en 1832. Ses parents étaient d’honnêtes cultivateurs de Flaignes-lès-Oliviers (Ardennes). Né en 1804, le jeune Charlier ne quitta son village natal et les travaux de la culture qu’à l’âge de 18 ans pour commencer ses études ecclésiastiques. C’est sous ce double rapport d’une origine toute plébéienne et d’une vocation tardive que l’on a pu trouver quelque similitude entre le prêtre modeste, fondateur de Bethléem, et l’illustre prélat que le diocèse de Reims, après deux années entières, pleure encore comme au lendemain de sa mort, et dont le peuple conservera la mémoire avec la plus profonde vénération.

Source : AMB 1869.

CHARLIER (Jean Joseph).

Instituteur public à Châlons-sur-Marne, officier d’Académie, titulaire de plusieurs médailles et mentions honorables, était né à Any-Martin-Rieux (Aisne) le 9 novembre 1816.

Sorti de l’École normale de Laon, il fut nommé inspecteur à Ay où il resta 14 ans. En 1850, il fut appelé à diriger à Châlons l’école mutuelle, qui fut sur ses instances transformée en école primaire.

Il remplit pendant 25 ans ces fonctions avec zèle et dévouement ; et de ses nombreux élèves, plusieurs occupent aujourd’hui des situations élevées dans l’enseignement et dans le commerce.

En 1871, i1 prit sa retraite pour cause de santé. Cet homme de bien est mort à Châlons, au mois de décembre 1893.

Charles Remy.

Source : AMB 1895.

CHARLIER (Pierre).

Ancien médecin-vétérinaire, chevalier de la Légion d’honneur, l’un des doyens du Comice agricole de Reims et jadis l’une des plus grandes notoriétés de l’art vétérinaire, né à Boult-sur-Suippe, le 4 juillet 1814, décédé dans sa commune natale le 15 mars 1893.

Fils d’un maréchal-ferrant de Boult-sur-Suippe, il exerça comme ouvrier la profession paternelle, de 14 à 20 ans. Son habileté et son intelligence le firent remarquer de M. Bouley, un vétérinaire renommé, qui le prit comme élève et lui fit suivre les cours de l’école d’Alfort. À 25 ans, il avait obtenu son diplôme, et dès lors exerça cet art en praticien et en chercheur. Travailleur intelligent et original, il publia de nombreux travaux sur la médecine vétérinaire et l’agriculture, et fit maintes découvertes qui ont illustré son nom, notamment la castration des vaches laitières et la ferrure plantaire, pratiquée aujourd’hui sous la dénomination de ferrure Charlier.

Il fut nommé successivement membre de la Société centrale de médecine vétérinaire de France et de l’Institut vétérinaire de Dorpat (Russie), membre correspondant de la Société d’agriculture de France et de l’Académie de Reims. Le Comice de Reims le comptait depuis longtemps pour un de ses membres les plus zélés et les plus assidus ; on le vit encore à la dernière réunion, siéger au bureau, malgré ses 79 ans, comme président de la section du canton de Bourgogne.

Il vivait, depuis une vingtaine d’années dans son cher village de Bou1t-sur-Suippe, dont il était conseiller municipal.

Charles Remy.

AMB 1894.

CHARNEAU (Mme, voir HANNEQUIN Louise Sidonie).

CHARPENTIER de BEAUVILLÉ (Auguste Marie Charles).

Ancien conseiller de préfecture, ancien maire de Laon, membre de la Société académique, chevalier de la Légion d’honneur, né à Laon le 11 décembre 1796, décédé dans sa ville natale le 15 janvier 1879.

Appartenant à une des familles les plus distinguées du Laonnois, il fit une partie de ses études au Lycée de Reims.

En 1822, il était nommé conseiller de préfecture du département de l’Aisne, mais la Révolution de 1830 rendit M. de Beauvillé à la vie privée.

Il fut porté, pendant le gouvernement de juillet, au conseil municipal de Laon et remplit les fonctions d’adjoint de 1847 à 1848 ; à cette époque, une nouvelle municipalité prit la place de l’ancienne.

Il fut appelé par un décret, en 1852, à la présidence de la Société de secours mutuels de Laon. La même année, il était nommé maire de cette ville, qu’il administra avec intelligence jusqu’en 1863.

II faisait aussi partie de la Société académique de Laon, qui lui doit d’intéressants travaux historiques.

Les services rendus par M. de Beauvillé lui valurent la croix de la Légion d’honneur ; il laisse parmi ses concitoyens le souvenir d’une existence honorée et utile, d’une charité discrète et d’une urbanité rare qui était de tradition dans sa famille.

Source : AMB 1880.

CHARPENTIER de BEAUVILLÉ (Marie Auguste).

Ancien conseiller de préfecture, ancien maire de la ville de Laon, chevalier de la Légion d’honneur, ancien président de la Société de secours mutuels.

Né à Laon le 11 décembre 1796, de l’une des plus honorables familles du Laonnois, M. de Beauvillé fit ses études an Lycée de Reims. En 1822, il fut nommé conseiller de préfecture du département de l’Aisne et s’installa dans sa ville natale, qu’il ne devait pas quitter. Ses connaissances pratiques des affaires le firent nommer successivement adjoint et maire de 1848 jusqu’en 1863.

Pendant toute son administration, M. de Beauvillé fit preuve d’une grande intelligence des affaires, d’une équité parfaite et d’un rare esprit de conciliation.

La Société académique, dont il était membre, lui a dû d’utiles et intéressantes communications.

Source : AMB 1881.

CHARTON (Mme Marie Élisabeth).

En religion sœur Marie, supérieure de Saint-Marcoul. Cette sainte femme née le 7 mai 1814 à Authe (Ardennes), est décédée à Reims le 21 mars 1885. Entrée en 1855 à Saint-Marcoul, religieuse en mai 1856, elle avait succédé en 1874 à Mme Maquart.

Pendant les trente années de sa vie religieuse, la sœur Marie a donné l’exemple le plus complet des vertus chrétiennes. Son dévouement pour les malheureux infirmes n’a eu d’égal que son abnégation.

Source : AMB 1886.

CHASSEPOT de BEAUMONT (Camille Léon de).

Était né à Amiens le 18 avril 1808 Il avait été élevé dans l’intimité de Talleyrand, après la Restauration, et avait, paraît-il, conservé les allures, l’esprit et le léger scepticisme du fameux diplomate.

Entré à Saint-Cyr à l’âge de seize ans, il était le conscrit de Canrobert et l’ancien de Mac-Mahon ; il en sortit officier attaché à un général ami de son père. En 1830, sa famille qui avait compté dans son sein des émigrés, devint suspecte et le jeune officier rendit son épée, mais il la reprit au moment du siège d’Anvers, gagna la croix et fut proposé pour capitaine, à la condition de rétracter ses principes. Il ne le fit point, et fut mis en demi-solde. C’est ainsi qu’il acheva son temps de service.

Il se fit alors agriculteur, fut nommé conseiller général, et s’occupa d’affaires financières.

Déjà sur 1e retour, il se maria à Amiens et fut nommé en 1870, colonel de la garde nationale qui sous son commandement se distingua à la journée du 17 novembre. Il s’occupait de tout : œuvres de bienfaisance, sociétés de tir, courses, agriculture, comités politiques.

Au fond c’était un soldat, mais la destinée lui fit Prendre une autre carrière. Il mourut à 85 ans, le 1er mai 1893.

Charles Remy.

AMB 1894.

CHÂTEAU (Jean-Baptiste).

Quatre vingt-cinq ans, ancien premier commis de l’administration des douanes, ancien conseiller municipal, ayant rempli pendant quarante ans les fonctions d’administrateur de l’hospice de Mézières, décédé en cette ville le 13 mai 1872.

Source : AMB 1873.

CHATELAIN-HARANT.

Né à Aubanton, le 8 mai 1827, mourait à Reims le 6 février 1904. Sous une apparence modeste, sous des traits plutôt froids que la dure carrière de fabricant à l’époque et dans les conditions où il l’exerça, accentuèrent, M. Chatelain cachait des goûts littéraires très prononcés.

Il avait vu la Révolution de 1848 au moment où il achevait ses études ; l’Empire lui parut un contresens. Dans les loisirs que lui laissait l’industrie, il s’occupa de musique, et restaura la société philharmonique.

Elu au conseil municipal, il y resta douze ans, pendant lesquels il présida bien des commissions, fit bien des rapports. Ses aptitudes le désignaient comme membre de la commission du théâtre, il y tint une large place.

L’instruction primaire, base de l’éducation politique, devait aussi le solliciter ; il exerça longtemps les fonctions de délégué cantonal, et ne les abandonna que lorsque son âge et sa santé ne lui permirent plus de sortir.

Alors tout en suivant le mouvement musical moderne, un piano et des partitions toujours ouverts devant lui, il voulut fournir sa contribution à l’histoire locale. Il n’avait point oublié ses bonnes études classiques ; muni de documents qu’il puisait dans une importante bibliothèque composée par ses soins, heureux de travailler près de ses livres amis, il entreprit d’écrire l’histoire du grand cardinal Charles de Lorraine, fondateur de l’Université de Reims. Il a achevé son œuvre, qui fournira un fort volume in-8° de 500 pages.

M. Chatelain était officier d’Académie.

P. D.Source : AMB 1905.

CHAUFFERT (Augustin Léon).

Mort à Reims, le 2 janvier 1900, dans sa 67e année, était l’un des plus recommandables négociants en tissus de notre ville. Son nom reste attaché à la plupart de nos sociétés d’œuvre philanthropiques.

Membre du Comité de secours aux Alsaciens-Lorrains lors de leur émigration en 1871, en territoire français ; commissaire de la Société des Établissements Économiques lors de sa fondation en 1867, puis président de cette société ; ancien président de la Société mutuelle de prévoyance pour la retraite ; ancien directeur titulaire de la Caisse d’Épargne ; conseiller de la Société « la Croix-Rouge », comité de Reims ; membre de la Société Industrielle, tels étaient les titres qui recommandaient M. Léon Chauffert, à l’attention publique et qui lui avaient valu les palmes académiques il y a quelques années.

M. Léon Chauffert, naquit à Saint-Hilaire-le-Petit, le 26 janvier 1833.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

CHAUSSADE (Sœur Jeanne).

Supérieure des religieuses de la providence de Châlons, née à Messigny (Côte-d’Or), est décédée à Châlons-sur-Marne le 24 octobre 1889, dans sa 72e année, après 50 ans de profession religieuse.

Avant d’être supérieure du pensionnat de la Providence, à Châlons, elle avait été supérieure de l’établissement de Saint-Roch à Paris, pendant 17 ans, puis supérieure de l’hospice de Corbie (Somme).

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

CHAUVEAU (Léonard Nicolas).

Commissaire de police à Reims depuis 1834, né à Chatellux (Yonne), le 2 décembre 1808, décédé à Reims le 12 mai 1870.

Monsieur Chauveau avait su dans ses fonctions difficiles se concilier l’estime générale.

Source : AMB 1871.

CHAUVENET de LESDIN (Jean Ernest de).

Ancien président du tribunal de Saint-Quentin, né à Saint-Quentin le 3 septembre 1804, décédé en cette ville le 15 mai 1893, débuta comme substitut à Péronne. Il revint bientôt à Saint-Quentin comme juge auditeur et gravit tous les degrés de la hiérarchie judiciaire sans vouloir abandonner son cher tribunal de Saint-Quentin.

M. de Chauvenet avait la réputation d’un juge d’instruction absolument remarquable. Nommé président après M. de Saint-Merre, il apporta dans ses nouvelles fonctions des qualités qui le distinguèrent, et ne fut pas moins bon juge civil qu’il avait été bon juge criminel.

Il prit sa retraite à la fin de 1874.

M. de Chauvenet était en même temps un érudit et un curieux. Il rassembla avec un goût très pur une belle collection d’antiquités et de tableaux. Membre du conseil de l’École de la Tour, il facilita à plus d’un jeune artiste les moyens de parvenir.

Comme érudit, il s’occupa de l’histoire de la province et devint un paléographe de réelle valeur. On lui doit un catalogue annoté des manuscrits de la bibliothèque de Saint-Quentin, et une monographie de l’église Saint-Jacques de cette ville.

Il passait une partie de l’année dans sa terre de Lesdin, qui n'est pas sortie de sa famille depuis 1643. Chacun de ses deux fils a épousé une des filles de M. le comte Sieyès.

Il est mort dans sa 89e année le 23 mai 1893.

Charles Remy.

AMB 1894.

CHAUVET (Étienne Remi).

Ancien avoué près le tribunal civil de Reims, né à Chigny en 1812, décédé à Reims le 17 décembre 1891.

M. Chauvet avait passé presque toute sa vie au Palais, soit pour y remplir les devoirs de sa profession, soit ensuite comme président du bureau d’Assistance judiciaire, soit comme suppléant du juge de paix.

Il avait pour l’étude des questions judiciaires, un amour profond ; son esprit si actif était toujours à la recherche de la solution vraie et juste ; il y revenait toujours, même dans ses conversations avec ses amis les plus étrangers à la jurisprudence.

C’était aussi un lettré : il écrivit une Histoire populaire de Napoléon Ier, où l’on retrouve son esprit d’observation ; et un savant Traité sur les transports par chemins de fer, par terre et par eau. Il a publié aussi quelques écrits de polémique.

Charles Remy.

AMB 1893.

CHAVANCE (Adolphe Laurent).

Né à Vitry-le-François le 22 juillet 1828, décédé le 20 juin 1889.

Issu d’une famille bourgeoise qui compte dans notre département et dans la Haute-Marne plusieurs notabilités, M. Chavance se destina au notariat ; mais son amour de la liberté l’entraîna vers la culture de la poésie, pour laquelle il avait des aptitudes.

Il avait fait, des vers dans sa jeunesse ; il en fit encore et de bons dans l’âge mûr ; mais il se révéla dans le concours poétique sur le Vin de Champagne, ouvert à Épernay en 1884, où il obtint le troisième prix, sur plus de 1.400 pièces de vers présentées, après Clovis Hugues et Gaston Jolivet, pour sa pièce intitulée Notre vin de Champagne, qui a été insérée dans ce recueil en 1885.

L’an dernier encore, nous étions heureux de reproduire deux pièces charmantes, que nous lui avions entendu lire dans plusieurs Sociétés littéraires. Hélas, c’était le chant du cygne.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

CHAVANCE (Émile).

Émile Chavance décédait à Vitry-le-François, le 20 mai dernier, laissant la mémoire du parfait honnête homme, entièrement dévoué aux intérêts publics.

M. Émile Chavance se destina d’abord au notariat. Notaire à Vitry-le-François depuis 1851, il y exerça honorablement ses fonctions pendant près de trente ans, c’est-à-dire jusqu’en 1880, époque à laquelle il céda son étude à son regretté fils. Cette même année, il était nommé juge de paix du canton de Sompuis.

En 1870, le 14 août, à la veille de l’entrée des troupes allemandes, il acceptait, mission périlleuse alors, le mandat de conseiller municipal que lui avait conféré le vote des habitants de Vitry. Le lendemain de l’évacuation il résignait ses fonctions. Cette simplicité dans le devoir accompli, comme l’a dit à ses obsèques M. Lambert-Boucher, premier adjoint de la ville, se passe de tout commentaire.

M. É. Chavance avait d’autres titres. Capitaine de la Compagnie des Sapeurs-Pompiers de Vitry depuis 1882, il était aussi vice-président d’honneur de la Fédération des Officiers et Sous-Officiers de Sapeurs-Pompiers de France et d’Algérie, et Président de l’Union des Sapeurs-Pompiers de la Marne. Il était; en outre, Président de la Société de Secours Mutuels de Vitry-le-François.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

CHÉMERY (Alfred).

Vice-président du Comice de Sainte-Ménehould, décédé à Moiremont le 4 octobre dernier, était le fils de M. Chémery-Collet, agriculteur émérite qui, lauréat de la prime d’honneur au concours de 1861, avait été comme membre du jury agricole à l’Exposition universelle de Londres, promu au grade de chevalier de la Légion d’honneur.

Son fils avait hérité de l’énergie et de l’intelligence paternelles : sa persévérance dans le travail en devait faire un cultivateur distingué. Sa collaboration au Comice était des plus précieuses, mais à ces qualités mêmes s’ajoutaient encore un caractère affable et un esprit primesautier que tous appréciaient dans les rapports de la vie agricole comme aussi au Conseil d’arrondissement où M. Alfred Chémery était en 1892.

Il était chevalier du Mérite agricole.

À ses obsèques, cinq discours furent prononcés : par MM. Bertrand, député, Fiaux, sous-préfet ; Miche-Bession, conseiller d’arrondissement ; Adolphe Hérault, conseiller municipal de Moiremont, et Payart, président du Comice agricole de Sainte-Ménehould.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

CHÉMERY (Louis Henry).

Né à Vitry-le-François le 11 juillet 1817, décédé à Bar-le-Duc le 24 avril 1887, était d’une famille honorable qui avait des attaches dans la bourgeoisie, le commerce, la magistrature et le clergé, il a joui 1ui-même dans son pays, d’une assez grande notoriété.

Après avoir fait ses études au collège de sa ville natale, son père, qui voulait en faire son successeur dans 1e commerce d’orfèvrerie et de joaillerie, qui s’exerçait de père en fils dans cette famille depuis cinq ou six générations, l’envoya à Paris pour y achever ses études professionnelles.

Revenu à Vitry il s’y maria et se conforma aux désirs de sa famille ; mais peu de temps après la mort de son père, ne se sentant point de vocation pour 1e commerce, il céda la maison paternelle pour se livrer à ses goûts artistiques.

Par suite, il se mit à la recherche des belles choses et créa un cabinet où sont rassemblés des objets d’art et des curiosités de tout genre qu’il voulut léguer à ses petits-fi1s.

Il fut l’ami de tous ceux qui l’ont connu, obligea beaucoup de monde et fit toujours discrètement le bien. Il rendit de nombreux et signalés services, soit dans la vie privée, soit dans les nombreuses fonctions où il fut appelé par le vote de ses concitoyens.

Officier de la garde nationale en 1845, il fut nommé capitaine en 1852.

Membre du conseil municipal de Vitry-le-François en 1855, il fut nommé adjoint au maire en 1858, et ne se démit de ses fonctions qu’au commencement de 1870, par suite de son départ pour Paris, où l’appelaient des intérêts importants.

Pendant la période de 1850 à 1870, il fut l’un des directeurs de la caisse d’épargne, secrétaire général de la Société de secours mutuels dont il était l’un des fondateurs, membre de la commission départementale pour l’extinction de la mendicité, délégué du préfet pour l’inspection des écoles de la ville, membre de la commission d’examen pour le certificat d’études, membre du conseil de perfectionnement de l’enseignement spécial pour le collège de Vitry.

Il était aussi membre titulaire de la société des sciences et arts de cette ville, aux collections de laquelle il a fait des dons précieux.

À Paris, il essuya les rigueurs des deux sièges. Quoique souffrant pour lui et sa femme des difficultés de la situation, il sut se mouvoir au milieu de ces embarras et même être utile dans ces circonstances à plusieurs de ses compatriotes.

En 1871, il vint habiter Bar-le-Duc, à proximité de sa fille.

Il ne tarda pas à y être apprécié comme à Vitry et fut appelé, en 1875, à faire partie de la commission administrative des hospices, dont il fut quelque temps président, et de celle des enfants assistés, dont la tutelle était dans ses attributions.

M. Chémery était alors dans la plénitude de la prospérité, mais Dieu lui réservait de douloureuses épreuves : il perdit successivement son épouse chérie, sa fille et son fils.

Il en conserva un profond chagrin qu’il sut, avec une force remarquable de caractère, cacher aux yeux des indifférents, sous le voile d’un enjouement natif qu’il montrait encore à la surface, mais qu’il n’avait plus dans le cœur.

Cet effort suprême ne fut pas étranger au développement de la cruelle maladie dont il vient de mourir chrétiennement à 70 ans, avec le courage qu’il avait montré pendant sa vie.

Ch. Remy.

Source : AMB 1888.

CHÉMERY (Paul François).

Né à Uthion, dépendance de la commune de Moiremont, près Sainte-Ménehould (Marne), le 19 janvier 1814, décédé au même lieu le 26 avril 1880, agriculteur, titulaire de la prime d’honneur et chevalier de la Légion d’honneur.

Cultivateur laborieux et rempli d’intelligence, il passa toute sa vie sur le domaine paternel. Cohéritier d’un quart de la ferme d’Uthion, il acquit le surplus de ses frères et sœurs et l’améliora tellement par ses travaux et sa lutte contre la routine, qu’il obtint depuis 1847 24 médailles aux différents concours, et qu’il fut en 1861 le lauréat de la prime d’honneur au Concours régional agricole de la région de l’Est, tenu à Châlons. Il y avait 27 concurrents. Ce fut aussi comme cultivateur émérite qu’il obtint quelque temps après la décoration de la Légion d’honneur.

Il était membre de la commission des fermes impériales, du jury des concours régionaux, vice-président du Comice agricole de Sainte-Ménehould, membre de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne ; il était aussi membre du Conseil d’arrondissement. Il siégea pendant 40 ans au Conseil municipal de sa commune, dont il fut maire pendant 26 ans.

Il est mort dans sa 67e année, victime de son obligeance, à la suite d’un accident qui lui survint en voulant porter secours à des voituriers en péril.

Il n’est plus, mais sa mémoire vivra longtemps dans le pays. Plus de mille personnes ont suivi son convoi funèbre, témoignant ainsi que sans quitter la charrue ni le toit paternel, on peut devenir un homme distingué à la charge d’être un homme vertueux et rendre de notables services à son pays.

Source : AMB 1881.

CHENEST (Georges).

Né le 23 août 1850 à Guise, mort à Paris le 15 avril 1896, avait été successivement substitut à Castellane, puis à Digne, procureur à Briançon, avocat général et procureur de la République à Lyon ; procureur général à Douai en 1892, procureur de la République à Paris (13 octobre 1894), enfin avocat général à la Cour de cassation depuis le mois d’octobre 1895. On sait que dans l’affaire Magnier, un détail de procédure oublié obligea le parquet à recommencer l’instruction ; et, à cette occasion, M. Chenest fut remplacé par M. Athalin, conseiller à la Cour d’appel. Loin d’être en disgrâce, il fut peu après nommé avocat général à la Cour de cassation. Esclave de ses fonctions et de la parole donnée, jamais il n’a révélé les détails de ce conflit avec le pouvoir. M. Chenest était chevalier de la Légion d’honneur et officier d’Académie.

Source : AMB 1897.

CHÉRUY-LINGUET (Jean-Baptiste Hubert).

Membre correspondant de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, né à Seuil (Ardennes) le 27 novembre 1827, décédé à Taissy (Marne) le 1er septembre 1889, avait été 20 ans instituteur à Taissy, où il avait su se concilier l’estime et l’affection de tous. Il avait reçu comme instituteur une médaille d’or du Conseil général.

C’était un homme de convictions profondes.

Il était un viticulteur très distingué, s’occupant de la culture de l’ailante et de l’éducation de son ver à soie.

En 1868, il obtint une médaille d’argent pour son mémoire sur l’ailanticulture, de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, qui le nomma membre correspondant.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

CHEVALLIER (Ernest).

Chef de bataillon du génie, décoré de la Légion d’honneur, est mort subitement à Sedan, à l’âge de 62 ans, le 2 mars 1892. Rien ne pouvait faire craindre cette fin soudaine à ses parents et à ses amis.

C’était un homme de haute valeur, de talents rares, de science distinguée. Après d’excellentes études commencées au collège de sa ville natale, poursuivies au lycée de Metz et couronnées par l’École polytechnique, M. E. Chevallier fut un officier très estimé de ses chefs. Un général nous disait un jour : « Votre compatriote aura certainement les étoiles ». M. Chevallier y renonça, pour se consacrer entièrement à sa sœur malade et s’efforcer d’adoucir par des soins délicats, par d’incessantes attentions, ses souffrances morales et physiques ; c’est afin de revenir auprès d’elle qu’il demanda et obtint sa retraite comme commandant du génie. Son dévouement à sa famille a été sans bornes ; il a été en quelque sorte la providence des douze enfants de l’un de ses frères.

Il avait largement payé sa dette à la Patrie ; il l’avait servie dans la paix et dans la guerre. Il avait fait la campagne de Crimée où il avait été deux fois atteint de la fièvre jaune.

D’une religion douce et éclairée, charitable en paroles et en actions, profondément et sincèrement attaché à ses amis, M. Ernest Chevallier a emporté d’unanimes regrets ; il a légué les meilleurs souvenirs, les plus salutaires exemples à tous ceux qui l’ont connu et aimé.

Charles Remy.

AMB 1893.

CHEVIGNÉ (Louis Marie Joseph, comte de).

Officier de la Légion d’honneur, ancien colonel de la garde nationale, ancien président de l’Association des membres de la Légion d’honneur et de la Société de Saint-Nicaise, poète et conteur, né en Bretagne en 1792, mort à Reims en 1876.

Issu d’une famille qui comptait des preux et des guerriers aussi bien que des littérateurs, M. le comte de Chevigné portait pour armes : « de gueules a quatre fusées d’or accolées en fasces, accompagnées de huit besans de même, 4 en chef et 4 en pointe. »

On eut pu tirer de son blason un horoscope véritable : riche des dons de la fortune, il semait autour de lui la bienfaisance, et de son esprit pétillant jaillissaient des étincelles brillantes comme les fusées de son écu.

Parvenu à l’âge de 84 ans, le comte de Chevigné a parcouru une longue carrière, et cependant ce n’est point sans regret que l’on voit disparaître de telles individualités, que l’on est habitué à croire immortelles.

Immortel du reste sera son nom, et ses Contes Rémois ont plus fait pour sa gloire que les plus volumineux in-folio pour les logiciens de l’école.

Le comte de Chevigné épousa en 1817 mademoiselle Clémentine Clicquot, fille unique de la célèbre dame Clicquot-Ponsardin.

Il ne crut point se mésallier en s’associant à une famille où le génie et la grandeur d’âme étaient héréditaires ; ce n’est point à Reims qu’il est nécessaire de faire l’éloge des Clicquot-Blervache et des Ponsardin, qui eux aussi ont un nom immortel.

M. le comte de Chevigné lui aussi s’associa au commerce de vin de Champagne, et sa présence dans les salons de Boursault et de Reims, où s’exerçait une hospitalité prin¬cière, ne fut peut-être point étrangère à la vogue qu’obtinrent le nom de Mme Clicquot et le vin qu’il célébra dans ses beaux vers, sous la forme de contes, auxquels il donna le nom de sa ville adoptive ; il renouvela dans la littérature ce sel gaulois qui devient si rare de nos jours. Il ne fut ni La Fontaine, ni Boccace ; il fut lui-même. Le gai conteur évita le genre grivois sans abdiquer la gaîté et même la spirituelle raillerie ; ses sujets sont parfois d’une moralité douteuse, mais son langage est toujours pur et ses vers feront la gloire du pays.

Que pourrions-nous dire de la vie de M. le comte de Chevigné, sinon que toujours il refusa les honneurs de la vie publique et les combats de la politique ; il resta l’homme de la bonne société, et son urbanité adoucit plus d’un farouche visiteur du château de Boursault, témoin le péril de mort qu’il évita en 1870. Pendant l’invasion prussienne, il faillit y être fusillé dans des circonstances qui méritent d’être notées.

Au moment de l’entrée de l’ennemi dans son département, M. de Chevigné était à Paris. Il s’empressa de revenir à Boursault. Malheureusement, son arrivée chez lui coïncida avec le déraillement d’un train de chemin de fer qui transportait des troupes prussiennes ; ce déraillement se fit à la station voisine du château.

Aussitôt Boursault fut envahi et le comte de Chevigné, arrêté, fut conduit à Épernay pour y être fusillé. L’exécution aurait eu lieu immédiatement sans l’intervention d’un de ses amis, un Polonais, qui, parlant fort bien l’allemand, parvint à inspirer quelque confiance au commandant de la troupe. Il démontra que le comte de Chevigné était absolument étranger à l’accident qui avait fait périr plusieurs de ses soldats ; le comte, après mille pourparlers, fut remis en liberté, moyennant une caution de trente mille francs. Sa captivité avait duré cinq jours, pendant lesquels à chaque instant il s’était vu sur le point d’être passé par les armes.

Boursault était resté en la possession des troupes prussiennes, et là, sans toutefois qu’elles eussent commis de grands dégâts, le comte n’eut pas moins de soixante-dix mille francs à ajouter aux trente mille déjà donnés, ce qui éleva à cent mille francs le chiffre de la contribution de guerre dont il fut personnellement frappé.

Les événements auraient pris une tournure bien autrement grave si M. de Chevigné n’avait trouvé comme sous-préfet prussien d’Épernay le comte Blücher, qui avait été autrefois l’hôte du château de Boursault. Il savait que l’auteur des Contes Rémois était un patriote zélé, courageux, ardent, mais il pouvait affirmer en même temps qu’il était incapable d’être le fauteur d’un guet-apens. C’est à l’intervention du comte Blücher que Boursault dut probablement d’avoir échappé au pillage et à l’incendie.

Il avait laissé une héritière de sa généreuse charité dans Mme la comtesse de Mortemart, sa fille, qui semait les bienfaits autour d’elle, et qui fit aux pauvres à l’occasion de la mort de son père de riches aumônes. Nous apprenons qu’elle aussi vient de mourir, en laissant en héritage à la duchesse d’Uzès, sa fille, avec de grands noms à soutenir et une grande fortune à dépenser, les vertus de ses aïeux à continuer.

Nous en avons dit assez sur ses Contes Rémois, devenus populaires par les nombreuses éditions qu’ils ont obtenues, dont quelques-unes sont magnifiquement illustrées par Messonnier et autres artistes de grand renom.

Les autres publications de M. le comte de Chevigné sont : la traduction en vers de Moretum, de Virgile, des odes d’Anacréon, de l’ode au vin de Champagne de Coffin, de l’ode au vin de Bourgogne de Grenan, une ode sur le cidre, un poème sur la pêche et un sur la chasse.

Mais, c’est dans ses Contes Rémois surtout qu’il a trouvé le secret des jolis vers ; ils ont été traduits dans toutes les langues, même en vers latins.

S’il égaya de temps en temps ses récits

De doux péchés par les curés commis,

Ces curés, a-t-il soin d’ajouter,

Ce sont ceux de Boccace

Bien différents de ceux de mon pays,

Qui sont des saints, je le dis à leur gloire :

Pour un curé qui tombe en purgatoire,

Il en est cent qui vont en Paradis.

II mourut dans des sentiments chrétiens qu’il avait lui même prévus dans les derniers vers de sa conclusion :

Et maint pécheur

Se vit au ciel quand on n’y comptait guère

Quoi qu’il en soit, pour être converti,

N’attendons pas qu’un hasard nous éclaire :

Nous pourrions bien manquer le Paradis.

C. R.

Source : AMB 1878.

CHÉZELLES (M. le Vicomte et Madame la Vicomtesse de).

C’est un double deuil que la famille de Chézelles avait à déplorer le jeudi 16 mars 1899. M. le Vicomte et Mme la Vicomtesse succombaient tous deux dans la même nuit à une attaque d’influenza infectieuse, le premier à l’âge de 67 ans, la seconde à l’âge de 61 ans.

M. Henry de Chézelles, né au château familial de Frières-Faillouë1, avait été officier au régiment des Guides de la Garde Impériale. Lors de la guerre de 1870, nommé commandant du 3e Bataillon des Mobiles de l’Aisne, il était à Laon au moment de la terrible catastrophe de la citadelle qui décima si cruellement son bataillon. Il possédait un vaste château à Glaignes (Oise) ; ses qualités de sportsman distingué étaient connues à Paris qu’il habitait souvent dans son hôtel de la rue Fabert, et où la mort devait venir le ravir aux siens. Mme de Chézelles, elle aussi, était entourée d’une respectueuse affection.

M. le Vicomte de Chézelles possédait dans les Ardennes le château de Wasigny et des propriétés fort importantes aux environs.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

CHINCHOLLE (Charles).

Homme de lettres, né à Chauny (Aisne), le 12 juillet 1845, est mort à Paris, le 26 août 1902, âgé de 57 ans. Il a succombé à une attaque d’apoplexie.

Avec lui disparait une des figures les plus sympathiques du journalisme parisien. D’abord secrétaire d’Alexandre Dumas, il écrivit au journal « Le Mousquetaire », publia plusieurs romans ou livres-humoristiques : « Pensées de tout le monde », « Les Phrases courtes », « La Ceinture de Clotilde », « Les jours d’absinthe », « Le vieux Général », « Femmes et Rois », « Les Survivants de la Commune ».

Entré en 1872 au Figaro, il en devint bientôt un des principaux reporters. Il suivit en cette qualité la campagne boulangiste, et se laissa séduire par le général qui, politique à part, était, assure-t-on, le plus séduisant des hommes.

Il fonda divers journaux : « Le Lucifer » qui disparut bientôt, et « l’Estampe », feuille spéciale, à l’usage des curieux, qui eut la vie plus dure. Il était président du Cercle de l’escrime où il succéda à Aurélien Scholl. Il fut nommé en 1901, chevalier de la Légion d’honneur.

Le service religieux et L’inhumation ont eu lieu le 23 août, à Cergy (Seine-et-Oise).

F. H.

Source : AMB 1903.

CHIQUET (François Amable Maxime).

Né à Chouilly le 27 novembre 1817, ancien receveur municipal à Épernay, est mort dans cette ville le 23 février 1896, dans un 79e année.

Source : AMB 1897.

CHOPPIN (Jean-Pierre).

Né à Germont, canton du Chesne (Ardennes), le 14 août 1791, ancien chef de division à la préfecture des Ardennes, retraité, ancien capitaine des grenadiers de la Garde nationale de Mézières, chevalier de la Légion d’honneur, décédé en cette ville, le 11 décembre 1872.

Ancien sous-officier de l’armée française, M. Choppin en avait conservé les allures militaires. Sa haute taille l’avait désigné pour faire partie et commander cette belle compagnie de grenadiers dont il était un des derniers survivants.

Source : AMB 1874.

CHORON (Marie Pierre Gabriel Étienne).

Avoué honoraire, ancien maire de Soissons, ancien député, membre de la commission des Hospices, ancien président de la Société archéologique de Soissons, né à Puiseux le 18 mai 1811, décédé à Soissons le 26 avril 1891.

M. Choron, après avoir fait à Paris, tant à l’École de droit que dans plusieurs études d’avoués, de fortes études juridiques, vint se fixer à Soissons et succéder à Me Plocq, avoué, en 1846, et ne céda son étude à son fils qu’en 1877, c’est-à-dire après 36 ans d’exercice, et fut nommé avoué honoraire.

Ses plaidoiries et ses consultations étaient des modèles d’érudition, de clarté et de précision ; et il fut lui-même pendant son long exercice un exemple de dévouement, de travail et de désintéressement.

Dès 1848 il était entré au Conseil municipal de Soissons, et pendant les quarante années qu’il occupa cette charge, soit comme membre de la commission municipale en 1870, soit comme adjoint en 1871, soit enfin comme maire en 1878, il s’est constamment occupé des intérêts de la ville avec une sollicitude et une abnégation qui ne se sont jamais démenties. Son intelligence et ses connaissances du droit le mirent à même de rendre à la ville de signalés services.

Élu député en 1877, i1 figura jusqu’en 1881. Rentré dans la vie privée, il donna sa démission de maire et reprit ses études favorites. Il était entré en 1859 dans la Société archéologique de Soissons, où il se fit remarquer par des travaux sérieux et une connaissance profonde de l’archéologie et de l’histoire locale ; il en fut pendant de longues années le président.

Parmi de nombreuses études publiées par lui, il faut citer son œuvre capitale malheureusement inachevée, ses Recherches historiques sur l’instruction primaire dans le Soissonnais, dont trois parties seulement ont été publiées de 1864 à 1875 ; la quatrième partie n’a point été terminée.

Les obsèques de M. Choron furent l’occasion pour la population tout entière de la ville de Soissons d’une belle manifestation en son honneur, sans compter le nombre considérable de ses amis venus de tous les côtés, parmi lesquels on comptait toutes les notabilités du département.

Plusieurs discours furent prononcés sur sa tombe par M. Chocus, président de la Chambre des avoués, à la tête de tous ses collègues en robe, par M. le comte de Barral, qui lui a succédé comme président de la Société archéologique, par M. Letellier, adjoint au maire de Soissons, par M. le Sous-Préfet, et par M. le docteur Marchand.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

CLAUDE-LAFONTAINE.

Financier, décédé à Charleville le 23 février 1870.

Il avait fondé à Charleville en 1830 une maison de banque. Quand les événements de 1848 ébranlèrent des établissements dont la solidité semblait à toute épreuve dans ce moment où l’argent allait manquer au commerce et à l’industrie des Ardennes, il organisa, avec l’aide du gouvernement, un comptoir national qu’il ouvrit le 1er mai 1848 ; par suite de cette combinaison, le travail n’a pas été interrompu dans aucune usine. Deux ans après ce comptoir privilégié fut transformé en comptoir commercial avec une maison à Paris ; établissements qui ont rendu depuis cette époque de grands services à toute la contrée.

Source : AMB 1871.

CLAUTIAUX (Casimir Hippolyte).

Né à Laon le 6 décembre 1818, ancien professeur au Lycée de Reims, pendant 40 ans ; trésorier de la Société philharmonique, officier de l’instruction publique, est décédé 3 Reims le 14 octobre 1884.

M. Trézaune, le doyen des professeurs, prononça sur sa tombe une allocution où il fait ressortir que Clautiaux a bien mérité de l’Université, de la ville de Reims et de ses amis.

Source : AMB 1885.

CLÉMENT (Rigobert).

Curé de Tournes, décédé le 20 août 1870, né à Mézières le 14 septembre 1791. M. l’abbé Clément a passé sa longue carrière sacerdotale dans la paroisse de Tournes, dont il a été nommé curé en 1816.

Source : AMB 1871.

CLÉMENT-WATTEBAULT (Charles Auguste).

Numismate, ancien horloger, directeur-adjoint de la Caisse d’Épargne, membre titulaire de la Société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne, né à Fère-Champenoise le 4 juin 1840, décédé à Châlons-sur-Marne le 15 février 1893.

Jeune encore, il s’était retiré des affaires pour se livrer aux sciences et aux arts pour lesquels il était bien doué. Il était bon musicien, mais son goût le portait vers l’étude de la numismatique. Il s’était, en peu de temps, créé un médaillier de pièces rares ou frappées en Champagne, tout en s’occupant du classement des monnaies appartenant au Musée de la ville, à laquelle il laissa en mourant sa riche et intéressante collection. Il était à l’âge où l’on pouvait attendre de lui d’utiles services ; mais, une maladie qui ne pardonne pas, vint l’enlever à l’âge de 52 ans.

Le discours prononcé sur sa tombe par M. Alexis Rivière, président de la Société d’agriculture, résume la valeur intellectuelle et morale de M Clément et les regrets de tous ses collègues.

Charles Remy.

AMB 1894.

CLIFF (William).

Décédé à Francilly-Salency (Aisne) le 28 septembre 1899, était le propriétaire de la grande manufacture de Saint-Quentin, à laquelle son nom est désormais: attaché.

Né à Werburgh (Angleterre), quelques années avant que son père vint s’établir à Saint-Quentin (1823), M. Cliff, doué d’une grande intelligence et secondé par son frère Edward, améliorèrent et transformèrent l’industrie du blanchiment ; l’invention du molletonnage du revers du piqué et la fabrication des « blondes », étroites bandes de tissu vaporeux, firent leur fortune et leur notoriété. M. William Cliff fut nommé chevalier de la Légion d’honneur.

M. William Cliff n’était pas seulement le fabricant intelligent, il possédait aussi d’autres qualités, celles du cœur, et c’est surtout à ses sentiments d’homme généreux qu’il acquit dans la population saint-quentinoise l’estime et la considération. Ces qualités du cœur, il les avait implantées en son fils Henry, qu’il eut la douleur de perdre, mais qui s’était distingué durant la guerre de 1870-71, alors qu’il était officier d’ordonnance du général Farre, puis de Faidherbe. Il fut blessé à l’armée du Nord et à la prise de Paris par la Commune. Sa brillante conduite lui valut d’être décoré.

M. William Cliff reste le bienfaiteur insigne de la ville de Saint-Quentin. Sur sa tombe trois discours furent prononcés par M. Nobécourt, premier adjoint, M. Mariolle-Gadmer, et M. Malézieux.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

COCHAIN.

Prêtre du diocèse de Soissons, né à Saint-Gobain en 1814. Successivement professeur au séminaire de Soissons, curé de Mercin, aumônier du dépôt de mendicité de Villers-Cotterêts, ancien doyen de Moy, supérieur de l’Institution Notre-Dame-de-Laon, mort à Saint-Gobain le 14 novembre 1872.

Source : AMB 1873.

COFFIGNON (le Docteur Louis Narcisse).

Né à Laon le 20 février 1820, décédé à Marle le 5 novembre 1897, conseiller municipal, maire de Marle, chevalier de la Légion d’honneur. À ses obsèques assistaient en grand nombre ses confrères, ses amis et la plupart des habitants de la ville, ainsi que beaucoup d’habitants des communes du canton et des cantons voisins.

Deux discours ont été prononcés sur sa tombe par MM. Blanquinque et Jénot, tous deux rendant hommage au souvenir de « celui qui a été un véritable modèle de délicatesse, de dévouement et de dignité professionnelle ».

M. le docteur Coffignon était médecin titulaire de la Compagnie du Chemin de fer du Nord.

Source : AMB 1899.

COLIN (Claude Charles Joseph Gustave).

Docteur en médecine, né à Paris le 25 avril 1837, décédé à Châlons-sur-Marne le 23 janvier 1896, dans sa 59e année.

Fixé à Châlons depuis une vingtaine d’années, sa science médicale l’avait fait appeler aux diverses fonctions de médecin en chef de l’Hôpital, de l’École d’arts-et-métiers, de la Compagnie de l’Est, et de l’Asile départemental. Il était en outre membre titulaire de la Société académique de la Marne et président d’honneur du Veloce-Club châlonnais.

Parmi les discours prononcés sur sa tombe, nous signalerons celui de M. Écoutin, vice-président de la commission des Hospices et celui de M. le docteur Langlet, président de l’Association des médecins de la Marne.

Source : AMB 1897.

COLLARD (Émile).

Avocat, membre du conseil municipal et du conseil d'arrondissement de Rethel, né à Rethel en 1806, décédé le 1er janvier 1869.

Source : AMB 1870.

COLLET (Auguste).

Mort à Vitry-le-François, le 28 mai dernier; appartient entièrement à cette ville où il naquit le 21 février 1843.

Conseiller municipal depuis 1888 et maire depuis 1892, M. Collet avait été nommé officier d’académie le 8 août 1897 à l’occasion de l’inauguration du monument commémoratif de la revue de Vitry.

Il s’était vu renouveler son mandat de premier magistrat de la ville de Vitry et c’est quinze jours après qu’il mourait subitement laissant dans tous les partis le souvenir d’un homme de grande bonté, d’un administrateur consommé, vigilant et désintéressé.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

COLLIGNON (Messire Onésime Fulgence).

Chanoine, curé-archiprêtre de l’église métropolitaine de Reims, Supérieur du Monastère de la Visitation, etc., était né à Saint-Etienne-à-Arnes (Ardennes) le 2 juin 1838.

Il commença par administrer la cure de Pévy (doyenné de Fismes), fut pendant trois ans vicaire de Saint-Jacques, puis de là, curé de Villers-Allerand. Titulaire en 1875 à la cure de Givet-Notre-Dame, puis doyen de Fismes de 1885 à 1889, il fut nommé à l’Archiprêtré de Notre-Dame le 27 octobre de cette année.

M. l’abbé Collignon avait été nommé entre temps vicaire-général.

« Et depuis lors a écrit l’un de ses collaborateurs, les Paroissiens de Notre-Dame ont pu voir à l’œuvre et apprécier à sa juste valeur, le prêtre que Son Éminence leur avait donné pour curé. Le bruit, l’éclat, la grandeur, l’apparat, il les a toujours fuis ; ses préférences, inspirées par l’humilité et la douceur, ont toujours été à l’action simple, silencieuse et surnaturelle. Il s’était véritablement fait tout à tous. On l’abordait comme on aborde un ami, un père, avec la même confiance ; et toujours on s’en allait content de l’accueil reçu. Les enfants aimaient sa parole bienveillante et paternelle qui savait si bien trouver le chemin de leur cœur.

Les malheureux étaient assurés de voir exaucer leurs requêtes. Et beaucoup pourraient dire quelle exquise délicatesse il apportait à soulager les peines qui se cachent, et à consoler les tristesses qui ne veulent pas s’avouer ; sa mémoire restera comme entourée de l’auréole de la bonté qui donne et se donne toujours, sans compter, et attire à soi par je ne sais quels mystérieux liens ».

M. l’Archiprêtre Collignon est décédé le 18 février 1904.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

COLLIN (Hubert).

Ancien instituteur, ancien chef de division à la préfecture des Ardennes, bibliothécaire de Charleville, né à Saint-Marceau (Ardennes) le 5 novembre 1811, décédé à Charleville le 24 juillet 1889, était un érudit en matière d’histoire locale. Il a laissé sur les Ardennes une histoire en cours de publication dont le premier volume a paru. On espère que les notes qu’il a laissées permettront de continuer cette publication.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

COLLIN (Jean-Baptiste).

Capitaine en retraite, chevalier de la Légion d’honneur, ancien maire de Passavant, né en cette commune le 7 novembre 1820, décédé au même lieu le 14 mai 1891.

Enrôlé pour son sort le 5 août 1841 et incorporé au 9e de ligne, il fut nommé caporal en 1842, sergent-fourrier en 1843, sergent-major en 1846, adjudant en 1852, lieutenant en 1855, enfin il fut promu au grade de capitaine le 20 janvier 1864.

En 1847, il fut envoyé en Algérie et prit part à toutes les opérations militaires de la nouvelle colonie jusqu’à son retour en France en 1852.

Il partit en 1855 pour la Crimée et y supporta toutes les rigueurs du siège de Sébastopol et sa bravoure lui valut la décoration du Medjida qui lui fut décernée en 1856. En 1859, il retournait en Afrique où il prit part jusqu’en 1863, aux expéditions contre les Kabyles.

Rentré en France, il reçut la croix d’honneur au camp de Châlons en 1866.

En 1870, il faisait partie du corps du général Vinoy qui sut échapper aux Allemands après la bataille de Sedan, et prit part au siège de Paris contre la Commune.

Mis à la retraite en 1872, il fut élu membre du conseil municipal de Passavant et bientôt appelé aux fonctions de maire, dont il ne se démit que lorsque la maladie ne lui permit plus d’en supporter les charges.

Il a toujours cherché à faire le bien, et sut se concilier l’estime de ses administrés.

Charles Remy.

Source : AMB 1892.

COLLINET (Jules).

Peintre portraitiste, né à Reims le 25 novembre 1822, décédé dans la même ville le 16 décembre 1903.

M. Collinet appartenait à une honorable famille de notre ville qui lui fit faire des études assez étendues, études qu’il perfectionna toute sa vie. Placé dans le commerce contre son gré, il suivit néanmoins les cours de dessin de la ville et peignait dans ses moments de loisirs. Quelque temps après il fréquenta l’atelier de M. Herbé qui, ayant remarqué en lui de sérieuses dispositions, l’encouragea dans ses aspirations.

Après trois années passées près de ce maître, il vint à Paris, entra dans l’atelier Picot et suivit aussi les cours de l’académie Suisse.

En dehors de ces cours, tout son temps était consacré au Louvre, où il étudiait les grands maîtres, et s’inspirait à leur génie. Il fit alors plusieurs copies superbes de Téniers, Chardin, Bonington, de Delacroix, principalement celle du Dante aux enfers. Différentes fois il exposa au Salon quelques portraits, entre autres « L’Enfant à la Colombe », qui lui valut les éloges du regretté grand peintre Gérome.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

COLLOT (l’Abbé Jean Marc Louis Victor Onésime).

Né le 24 avril 1813, à Bourg-Fidèle, décédé à Belleville (canton du Chesne), le 10 février 1898.

Il fit ses humanités au Séminaire de Charleville, ses études théologiques au Grand Séminaire de Reims, et fut ordonné prêtre le 9 juin 1838, par Monseigneur de Prilly, évêque de Châlons. Il exerça le ministère sacerdotal d’abord à Olizy-Violaine (canton de Châtillon), puis à Mainbressy-Mainbresson, à Saulces-Champenoises, enfin à Belleville et Toges, où il resta 49 ans.

Dans les loisirs que lui laissait son ministère, il s’occupait d’horticulture et de botanique ; il avait, outre son grand jardin, un curieux champ d’expériences, ce qui lui valut plusieurs récompenses du Comice agricole. En 1888, ses paroissiens, ses amis et ses confrères fêtaient son jubilé de cinquantaine sacerdotale, ses noces d’or. Des obsèques vraiment imposantes lui furent faites le lundi 14. Tout Belleville et Toges s’y trouvait, ainsi que 20 à 30 prêtres.

Source : AMB 1899.

COMBIER (Ernest Amédée).

Président honoraire du tribunal civil de Laon, chevalier de la Légion d’honneur, officier d’académie, ancien président de la Société académique, président honoraire de la Société de secours aux blessés militaires, membre honoraire de la Société de secours mutuels, etc., mourut le 9 juin 1899, à l’âge de 75 ans

Ses qualités de magistrat étaient très appréciées à Laon, où pendant de longues années, il avait rempli les fonctions de juge d’instruction, avant d’être appelé au siège de la présidence.

Suivant le désir du défunt, aucun discours n’a été prononcé, ni aucune couronne déposée sur sa tombe.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

COMMUNAL (Urbain Paul Louis).

Maire d’Hermonville, membre titulaire du Comice agricole de l’arrondissement de Reims, ancien capitaine de la compagnie de sapeurs-pompiers, président de la musique municipale, décédé le 3 décembre 1898, avait rempli son mandat de premier magistrat de la commune pendant plus de vingt ans.

Membre du Comice, il prit une large part dans les travaux de cette association et ses collègues avaient tenu à lui témoigner leur estime en le nommant administrateur de la section cantonale de Fismes. Ses mérites d’éleveur, notamment de l’espère chevaline, étaient bien connus, et ses constants efforts furent d’ailleurs couronnés par de nombreuses récompenses dans nos expositions annuelles.

Comme l’a rappelé sur sa tombe, M. Renard-Matra, qui prononça son éloge en l’absence de M. Ch. Lhotelain, président du Comice, M. Communal possédait une nature d’élite, pleine de délicatesse et de bonté, complétée encore d’une grande élévation de pensées et de sentiments.

M. Communal était né à Amiens (Somme), le 23 mai 1836.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

CONGNET (Louis Henri).

Né à Soissons en 1795, élève des séminaires de Soissons et de Saint-Sulpice, chanoine titulaire et ancien doyen du chapitre de la cathédrale de Soissons, missionnaire apostolique, membre de la société asiatique, décédé le 5 juillet 1870, à l’âge de 75 ans.

Savant helléniste, homme bienveillant et ferme, ami du droit, observateur minutieux de la règle et protecteur né de tout ce qui s’appelle les principes, Monsieur Congnet a voulu laisser un témoignage de sa vive affection à sa ville natale et une preuve éclatante de bienveillance aux amis des arts et des recherches historiques en donnant plusieurs tableaux d’un grand prix et une collection considérable de lettres autographes et plusieurs documents précis ayant rapport à l’histoire contemporaine de Soissons. Peu d’ecclésiastiques ont eu une vie plus remplie que celle de M. l’abbé Congnet, aussi a-t-il laissé un grand nombre d’ouvrages dont quelques-uns ont eu plusieurs éditions. Après s’être longtemps occupé des classiques grecs, dont il a donné en cette langue plusieurs grammaires, on l’a vu publier successivement : l’Enchiridion, Joseph Ruth et Tobie, des cours de thèmes grecs, un Lexique grec-français, le Manuel des verbes irréguliers, la Prosodie, le Pieux helléniste, le livre des jeunes Professeurs, Madame de Bussières ou la femme chrétienne, etc., fruit de son zèle et de sa piété.

Source : AMB 1871.

CONSTANT (Louis Alfred).

Ancien magistrat, né à Rozoy-sur-Serre le 24 août 1821, décédé au même lieu le 13 mars 1893.

D’une famille du Laonnois, i1 débuta comme substitut à Morlaix en 1857, passa au même titre à Savenay en 1859, à Nantes en 1864, et y occupa un siège de juge de 1867 à 1883 ; à cette époque il fut nommé juge honoraire et se retira dans son pays natal où le suivirent les sympathies qu’il avait acquises pendant plus de trente années dans l’exercice de ses fonctions judiciaires. Il y fut nommé conseiller municipal, membre du bureau de bienfaisance et président de la fanfare municipale.

Il rendait de grands services à ses concitoyens qui le consultaient sur tous leurs litiges. Il n'a pas oublié avant de mourir la ville de Rozoy qui gardera le souvenir de son bienfaiteur.

Charles Remy.

AMB 1894.

CONTAMINE de LA HACHE (Charles Auguste).

Inspecteur des Chemins de fer de l’Est, était le dernier représentant d’une famille unanimement estimée à Châlons-sur-Marne.

Fils de M. de La Contamine, percepteur des contributions directes, l’un de ses frères, le capitaine de La Contamine avait succombé aux suites d’un accident de cheval ; un autre est mort à Panama où il était agent de la Compagnie du canal interocéanique.

M. de La Contamine est mort à Saint-Dizier le 9 juin dernier. Il était né à Chaumont (Haute-Marne), le 5 novembre 1860.

Albert Baudon.

Source : AMB 1905.

COPIN (Louis Ange Auguste).

Conseiller de préfecture honoraire, ancien conseiller de préfecture, ancien secrétaire général, chevalier de la Légion d’honneur, né à Écordal (Ardennes) en 1796, décédé à Châlons-sur-Marne le 13 mai 1885.

M. Copin vint à Châlons en 1826 comme conseiller de préfecture et prit sa retraite en 1866, époque où il fut nommé conseiller honoraire.

C’est donc pendant 40 ans qu’il s’occupa des affaires du département, tant comme conseiller que comme secrétaire général ; sous sept préfets, depuis M. le vicomte de Jessaint jusqu’à M. Amelin.

M. Copin n’était pas seulement un excellent administrateur, plein de bienveillance pour ceux qui l’approchaient, c’était aussi un esprit fin et d’une grande délicatesse, c’était un homme du monde de la plus parfaite urbanité, un homme de bien d’une modestie extrême. Il fut l’âme de tous les préfets qui se succédèrent pendant son long exercice, mais en particulier il s’attacha, d’une façon particulière, à MM. de Jessaint et Bourlon de Sarty.

Son goût pour les belles lettres le fit élire, dès 1827, comme membre titulaire de la société d’agriculture, commerce, sciences et arts de la Marne ; il prononça, comme président, dans la séance publique du 3 septembre 1836, un discours sur l’Instruction du peuple. Il fut élevé à l’honorariat en 1857, ce qui ne l’empêcha point d’être pendant longtemps encore assidu aux séances ordinaires, et jusqu’à la dernière limite, il aimait à assister aux séances publiques qui closent l’exercice annuel.

Il a écrit plusieurs notices nécrologiques, entr’autres celles de M. Garinet père, et de M. Bourlon de Sarty. Possédant à fond la langue italienne, il a traduit en français les Mémoires de Benvenuto Cellini et les Comédies d’Alberto Nota.

Suivant son désir formel, ses funérailles furent aussi simples qu’il était modeste. Aucun honneur militaire ne fut rendu à sa dépouille mortelle, et aucun discours ne fut prononcé sur sa tombe.

Source : AMB 1886.

COQUEREL (Athanase Josué) fils.

Pasteur, aumônier du collège Chaptal, chevalier de la Légion d’honneur, docteur en théologie de l’Université de Leyde, décédé à Fismes (Marne) dans sa 55e année, le 24 juillet 1875.

Né en 1820, à Amsterdam, d’un père déjà célèbre comme pasteur et comme écrivain, il se destina dès l’enfance à la carrière que son père avait suivie avec tant d’éclat. Dès son début il obtint au temple de l’Oratoire de brillants succès. Ses sermons et ses homélies ont été réunis en volume. Il laisse aussi des travaux historiques sur Jean Calas, la Saint-Barthélemy, l’Église réformée de Paris, le théâtre de Racine, ainsi que des considérations philosophiques qui toutes affirment les idées du parti libéral protestant, dont il était l’orateur ardent et le vulgarisateur.

Source : AMB 1876.

COQUET (Hilaire de).

Né au Mas d’Agenais (Lot-et-Garonne) le 13 avril 1830, enlevé par une mort prématurée, était venu à Laon en 1861, comme chef du cabinet de M. le préfet Castain ; il fut de 1864 à 1874, après la mort de M. Édouard Fleury, à la tête de la direction et de la rédaction du « Journal de l’Aisne », où il a laissé les meilleurs souvenirs.

Source : AMB 1897.

COQUET, Étienne.

Né à Sacy en 1798, remplissait déjà depuis plusieurs années les fonctions d’adjoint dans la commune de Villedommange, lorsqu’il en fut nommé maire en 1840.

Il resta à la tête du conseil municipal jusqu’en 1872, époque à laquelle il fut de nouveau nommé adjoint, et c’est le 27 avril 1873, dans l’exercice de ses fonctions, qu’il mourut subitement présidant le bureau électoral pour la nomination d’un député.

Homme intègre, droit et excellent administrateur, il a été universellement regretté de ses concitoyens.

Source : AMB 1874.

COQUET.

Inspecteur général des troupes de marine, né à Villers-devant-le-Thour (Ardennes), décédé à Paris en 1882. Il avait fait toutes ses études au Lycée de Reims, d’où il était sorti pour entrer en 1842 à l’École spéciale de Saint-Cyr.

Source : AMB 1883.

CORBET (Gaston).

Né à Outines, arrondissement de Vitry-le-François, en 1814, décédé en janvier 1877, juge d’instruction à Sainte-Ménehould et membre du conseil d’arrondissement pour le canton de Saint-Remy-en-Bouzemont.

Ce jeune magistrat était plein d’avenir et d’un mérite apprécié près le siège qu’il occupait ; les votes de ses compatriotes prouvent l’estime que l’on avait pour lui.

Source : AMB 1878.

CORDA (Jean-Baptiste).

Ancien curé-desservant de Liart, né à Bairon le 19 janvier 1808, décédé à Liart le 19 novembre 1871

Source : AMB 1872.

CORDA.

Né à Vitry-le-François en 1808, ancien magistrat, décédé à Cirey-sur-Blaise (Haute-Marne).

Après avoir fait son droit à Paris, il vint prendre à Châlons, comme officier de la garde nationale, en 1814, une part distinguée à la défense de son pays envahi.

La guerre terminée, il se fixa d’abord comme avocat et comme avoué dans son pays natal ; il fut bientôt nommé procureur du roi à Vassy, et en remplit les fonctions avec une aménité distinguée que ses contemporains n’ont pas oubliée.

À la suite des événements de 1830, il fut nommé juge de paix à Doulevant, où il conciliait les affaires avec un tact et une aptitude remarquables.

Les événements de 1848 le rendirent à la vie privée, mais malgré cela il se dévoua pour ses concitoyens ; il fut encore conseiller municipal et président de la délégation du canton de Doulevant.

Il est l’auteur d’un assez grand nombre de poésies.

Source : AMB 1879.

CORDIER (André Gustave).

Ancien pharmacien à Châlons-sur-Marne, où il était né le 13 juillet 1837, mourait subitement chez une de ses parentes, à Avize, le 21 septembre 1899.

Il fut surtout un fervent républicain et quoiqu’il ne voulut jamais accepter aucune fonction politique, il ne fut pas sans exercer une grande influence dans les luttes électorales et sur la classe ouvrière, vers qui, nous devons le dire, allait son inépuisable générosité.

À ses obsèques, M. le général Mourlan, président de la « Société amicale de la Marne », M. Th. Camus, au nom du « Cercle démocratique de Châlons-sur-Marne », et de l’« Union Républicaine de la Marne », associations qui comptaient Cordier parmi leurs fondateurs, retracèrent l’existence de cet ardent défenseur des idées démocratiques.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

CORDIER (Antoine Paul).

Architecte, né à Plivot (Marne) le 26 mars 1793, décédé à Épernay le 1er avril 1881.

On doit à cet architecte de talent, plusieurs beaux édifices, notamment le château de M. Auban, à Épernay.

Source : AMB 1882.

CORDIER (Louis François).

Prêtre en retraite, membre correspondant des Sociétés Académiques de Châlons-sur-Marne et de Saint-Quentin, chevalier sauveteur de 1ère classe de la Société des Alpes-Maritimes, né à Villeneuve-Saint-Germain (Aisne) le 10 février 1810, décédé à Ay le 8 août 1885.

M. Cordier fit d’excellentes études classiques au collège de Soissons, et entra ensuite au grand séminaire de cette ville. Après quarante ans de ministère dans différentes paroisses de ce diocèse, où il avait su gagner la confiance de tous, il prit sa retraite à Ay, près de sa famille, auprès de laquelle il est décédé le 8 août dernier, à la suite d’une courte et cruelle maladie.

Nous regrettons de ne pouvoir, faute d’espace, insérer ici l’allocution prononcée par M. Plonquet, adjoint au maire de la ville d’Ay, son collègue comme membre de plusieurs sociétés savantes et son ami. Mais nous y puisons les renseignements suivants :

« Nature délicate, tempérament nerveux, l’abbé Cordier était organisé pour l’étude, mais les fatigues de l’intelligence toujours en jeu, jointes à celles de son ministère, avaient contribué depuis longtemps à ne plus mettre au service de ses brillantes facultés qu’une enveloppe et des organes affaiblis. »

M. Cordier a successivement publié : 1° Le Manuel d’Épictète, traduction nouvelle, avec notes et réflexions ; 2° Du Stoïcisme et du Christianisme, rapports et différences ; 3° Saint-Cyprien, ou de l’Unité de l’Église ; 4° Manuel du chrétien et du vrai philosophe.

M. Cordier trouva, dans deux de ses frères, MM. Félix et Victor Cordier, des éditeurs et des propagateurs de ses œuvres. Il fut en outre lauréat de plusieurs concours, et à la suite d’un mémoire sur le Suicide, mis au concours par la société des Chevaliers sauveteurs de Nice, en 1884, il fut proclamé le troisième sur 166 concurrents, et le quatrième dans le 11e concours sur celte question : Où trouver le bonheur.

M. l’abbé Robert, doyen d’Ay, et M. Plonquet, prononcèrent quelques paroles sur sa tombe ; le premier au nom du clergé qui perdait un de ses membres distingués, et le second au nom de ses amis, parmi lesquels se compte celui qui écrit ces lignes.

Source : AMB 1886.

CORNET (Simon Frédéric Alfred).

Inspecteur d’Académie honoraire, chevalier de la Légion d’honneur; officier de l’Instruction publique, mourait subitement le 6 mars dernier à Châlons-sur-Marne.

Son long exercice dans le corps enseignant et son haut savoir en faisaient l’une de nos personnalités régionales.

Reçu à l’École normale supérieure en 1851, il fut successivement professeur à La Rochelle, à Besançon et en dernier lieu à Reims où il demeura de 1863 à 1880. Nommé à cette date inspecteur d’Académie à Annecy, il fut envoyé ensuite à Mézières en 1882 et enfin à Châlons en 1886. Il quitta ce poste important, le 1er octobre 1898, emportant dans la retraite les plus vifs regrets.

« Esprit cultivé, très fin, écrivait au lendemain de ses obsèques, son successeur M. J. Payot, il a travaillé jusqu’à sa dernière semaine, et il se réjouissait de se retremper dans ses auteurs préférés, et comme il le disait en souriant « de recommencer ses classes ».

Un nombreux cortège où on remarquait le directeur de l’École de médecine, le proviseur du Lycée de Reims, les directrices et les principaux de Châlons, d’Épernay, de Sainte-Ménehould, des professeurs de différents lycées et collèges, était venus se joindre à l’élite de la population châlonnaise.

M. Cornet était né à Châlons-sur-Marne, le 29 mars 1831.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

CORNET-PAULUS.

Ancien chef de division à la préfecture, ancien conseiller municipal et ancien adjoint au maire de la ville, qui naquit à Châlons, en 1794, est décédé dans sa ville natale, le vendredi 5 août 1876, à l’âge de 82 ans.

Après avoir fait ses études au collège de Châlons, M. Cornet était entré, à l’âge de 18 ans, comme employé à la préfecture, où il est resté 34 ans. Il était chef de bureau en 1836, à l’époque de la mort de M. Deliége, qu’il remplaça comme chef de division.

Par ses connaissances spéciales, son travail laborieux et ses incessantes recherches, M. Cornet était un des hommes les plus précieux pour l’administration.

Il prit part pendant longtemps aux affaires municipales. Élu conseiller en 1846, il fut nommé adjoint en 1848 et fut constamment réélu conseiller jusqu’en 1874. Lors de son entrée au conseil, il se distingua par son esprit libéral et son dévouement aux intérêts de la cité.

L’instruction et les œuvres de bienfaisance ont eu également en M. Cornet un défenseur et un soutien. En résumé, la ville de Châlons perd un homme de bien et un travailleur actif et infatigable. Il laisse un dictionnaire géographique, statistique et historique de la Marne, et un dictionnaire historique des rues de Châlons.

On lui doit aussi l’établissement de la première lithographie qui ait fonctionné dans le département.

Source : AMB 1877.

CÔTE (Général Paul Antoine).

Commandant la 24e brigade d’infanterie, commandeur de la Légion d’honneur, né à Jeux (Jura), est décédé à Châlons-sur-Marne le 17 février 1889.

Il était sorti de Saint-Cyr en 1853, et en 1888 il obtenait les étoiles de général de brigade, en récompense d’une laborieuse carrière militaire noblement remplie. Il fit les campagnes d’Afrique, de Crimée, d’Italie, de Chine et du Mexique, et prit part à la malheureuse guerre de 1870 contre l’Allemagne.

Depuis peu de temps qu’il était à la tête de 1a 24e brigade, il avait su s’attirer l’estime et l’affection de tous.

Le discours prononcé sur sa tombe par 1e général de Miribel, commandant du 6e corps d’armée, fait ressortir sa vie de dévouement militaire et ses convictions chrétiennes.

M. le général de la Hayrie, général de division à Reims, confirme son existence remplie d’honneur et de patriotisme.

Le général Côte était un vrai soldat, ayant fait de la noble profession des armes un véritable sacerdoce.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

COUET (Ernest).

Notaire honoraire, né à Vouziers le 16 juillet 1836, est mort à Nantes (Loire-Inférieure), le 10 février 1902, où il s’était retiré.

Son père, notaire à Vouziers, lui avait cédé son étude après un long et honorable service. Il suivit les traditions paternelles, se distingua dans sa profession et très sympathique à ses concitoyens, membre du Conseil municipal de 1876 à 1888, puis de 1892 à 1900, fut élu en 1877 conseiller d’arrondissement, et en 1881 conseiller général pour le canton de Vouziers. Il présida la Commission départementale pendant dix ans et le Conseil général lui-même pendant trois ans, de 1898 à 1900. Il ne le quitta que pour raison de santé. Couet était d’une grande amabilité. Après ses études au Lycée et son Droit à Paris, il avait fait une partie de son stage à Reims où il comptait beaucoup d’amis.

À Nantes, devant son cercueil, M. Daniel, avoué à Châlons-sur-Marne, a prononcé des paroles touchantes rappelant les souvenirs affectueux que Couet avait laissés partout.

P. D.

Source : AMB 1903.

COUILLAUD (Dr).

Décédé le dimanche 7 mars à Oiry, était originaire de Chatain (Vienne), où il naquit le 28 août 1827.

Médecin en chef de l’hôpital-hospice, il y a pendant plus de trente ans prodigué les soins les plus entendus et les plus dévoués aux pauvres malades d’Épernay et des environs, remplissant à lui seul les fonctions que se partagent aujourd’hui cinq médecins de la ville.

Il était, en outre, médecin de la Compagnie du chemin de fer de l’Est, médecin de la prison et du parquet, médecin des écoles primaires, médecin des épidémies, membre du conseil d’hygiène et de salubrité. Son activité n’avait d’égale que son dévouement et sa science dans l’accomplissement de ces fonctions pour la plupart honorifiques. Rendant justice à tant d’éminentes qualités, la reconnaissance de ses concitoyens l’envoya à plusieurs reprises siéger au conseil municipal.

À ses obsèques, où se pressait toute la population d’Épernay, M. Luquet, président de la commission de l’hôpital, et M. le Dr Véron, ont rappelé les éminentes qualités du défunt, et bien des larmes coulaient quand ils évoquaient éloquemment le souvenir d’une vie toute d’abnégation et de bien.

Source : AMB 1898.

COULLE (Fulgence).

Garde-général du domaine de M. le duc d’Aumale, né à Haution le 12 avril 1832, décédé à Hirson le 9 février 1889, emporte avec lui la réputation d’un homme bon et sympathique, laborieux et dévoué, qui était depuis 39 ans dans l’administration des forêts de M. le duc d’Aumale.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

COULVIER-GRAVIER.

M. Coulvier-Gravier, décédé à Paris le 12 février 1868, a consacré sa longue carrière à l’observation des étoiles filantes. Né le 26 février 1802, à Reims, la vie des champs au sein de laquelle s’écoula sa jeunesse (il fut d’abord cultivateur et commissionnaire de roulage) l’invita à l’observation de certains phénomènes célestes, et en particulier à celle des étoiles filantes, dont la lueur fugitive et mystérieuse avait frappé ses regards attentifs. La comète de 1811 paraît avoir éveillé sa vocation. Vers l’année 1840, autant que nous nous en souvenons, d’après ce qu’il a lui-même raconté, il vint à Paris, et, présenté à Arago, lui exposa certaines remarques qu’il avait faites du haut de l’arc de triomphe de Jules César, sur les périodes de maximum et de minimum des flux d’étoiles filantes.

Arago pensa qu’il serait utile à la science d’encourager les prédispositions innées de cet observateur qui, comme les pasteurs chaldéens, avait appris de lui-même à connaître exactement la sphère étoilée et tracer rapidement la courbe dessinée parmi les constellations par un bolide ou un pâle météore. Après plusieurs voyages à Paris, M. Coulvier-Gravier abandonna tout à fait la vie de la campagne et vint se fixer à Paris. En 1850, un décret du président de la République, qui s’appelait alors, comme on s’en souvient, le prince Louis-Napoléon Bonaparte, créa l’observatoire météorique du palais du Luxembourg, et y nomma notre astronome, en attachant à cette position un traitement fourni par trois ministères : l’instruction publique, l’agriculture et la marine.

M. Coulvier-Gravier voyait dans l’observation des étoiles filantes une méthode naturelle de prédire le temps à courte échéance, dans l’hypothèse particulière que les étoiles filantes seraient des météores déviés dans les hauteurs de l’atmosphère par les vents supérieurs, et qu’elles indiqueraient des courants dont l’action se produirait ensuite dans les couches inférieures de l’air.

Source : AMB 1869.

COUNHAYE (Jean-Baptiste).

Archéologue distingué, s’éteignit vers la fin du mois de septembre dernier.

Il habitait Suippes depuis plus de cinquante ans, et il y a deux ans, il dotait cette petite ville de la collection d’antiquités qu’il avait recueillies au cours de ses fouilles dans la Marne.

Vers 1860, M. Counhaye eut l’honneur d’entrer en relations avec Napoléon III, alors qu’il explorait les terrains avoisinant le camp de Châlons.

Il laisse le souvenir d’un homme de bien.

Albert Baudon.

Source : AMB 1901.

COUNHAYE (Jean-Baptiste).

Officier d’Académie. Né à Saint-Menges (Ardennes), le 10 mai 1820 ; mort à Bazeilles le 29 septembre 1900.

Faute de renseignements, nous nous sommes bornés, l’année dernière, à mentionner la disparition de l’archéologue Counhaye. Nous complétons aujourd’hui sa notice biographique.

Ouvrier fileur a Reims, puis à Suippes, où il se fixa, Counhaye monta une petite épicerie villageoise qui prospéra. On le rencontrait chaque se mainte sur la route des localités voisines de Suippes allant « faire la place » pour ses marchandises. Laborieux, intelligent, Counhaye eut vite l’emploi, pour ses tournées, d’un équipage modeste, et, au bout de quelques années, d’une voiture bien attelée, pleine de denrées alimentaires et d’autres produits.

Né observateur, il s’inquiétait, au cours de ses étapes commerciales, de ce qu’il pouvait rencontrer de curieux et notait soigneusement dans sa mémoire les on dit et les lieudits villageois.

Plus tard, ses petites affaires prospérant, il se mit à faire des fouilles qui furent très productives, ce genre de recherches et d’études étant alors presque à ses débuts dans la région châlonnaise.

C’est à Counhaye qu’il faut rapporter la première observation d’une sépulture à char, dont il a publié la description. Ses trouvailles avaient acquis une telle notoriété que l’empereur Napoléon III qui travaillait alors à la « Vie de César », rendit visite au modeste épicier suippat et acquit, pour le Musée national de Saint-Germain, une partie de sa collection gallo-romaine.

Les observations du zélé fouilleur furent accueillies favorablement dans les Congrès archéologiques de la Marne (1855-1861-1875). On lui doit des communications nombreuses et des études imprimées sur les tombelles subsistantes dans le département de la Marne.

Un jour, Counhaye se trouva, sans savoir comment, officier d’Académie : « Ce fut là comme une revanche prise par le prolétariat et par le mérite sur l’insuffisance ordinaire des candidats à cette décoration ».

Sur l’amicale insistance de M. le docteur Godart, Counhaye légua à la commune de Suippes, où il avait vécu un demi-siècle, une précieuse collection d’objets trouvés à Bussy-le-Château, Saint-Jean-sur-Tourbe, La Cheppe, Sommepy, Suippes, Laval, Bouy, Auve, Jonchery-sur-Suippes, etc.

Ce trésor archéologique, placé à la maison commune, dans des vitrines spéciales, conservera le souvenir du vieil archéologue.

H. Menu.

Source : AMB 1902.

COURAJOD (Louis).

Né à Paris en 1841, n’était pas étranger au département de la Marne ; sa famille était originaire d’Orbais-l’Abbaye, il y avait des propriétés qu’il venait souvent visiter. Il a même publié l’histoire d’Orbais. Il était conservateur de la sculpture au musée du Louvre et professeur à l’École du Louvre.

Il a rendu de grands services aux monument historiques de la Marne et fréquemment visité la Cathédrale et Saint-Remi pour l’étude de la statuaire du Moyen-âge et de la Renaissance.

Source : AMB 1897.

COURJEAN (Pierre).

Né à Faux-Fresnay le 19 mars 1800, médecin à Sompuis, depuis 46 ans, où il est décédé le 19 novembre 1873, regretté de ses nombreux amis.

Source : AMB 1874.

COURMEAUX (Eugène).

Le 22 novembre 1902, est décédé à Reims, à l’âge de quatre-vingt cinq ans, M. Eugène Courmeaux, député de la Marne de 1881 à 1885.

Fils d’un soldat de la première République, élevé par un de ses oncles, – un des témoins et acteurs de la Révolution, compatriote et ami du conventionnel Saint-Just et qui avait conservé à cette époque les idées philosophiques et les sentiments républicains –, M. Courmeaux faisait partie de cette forte génération de 1848, si généreuse, si ferme et si loyale et avait les qualités et les défauts des hommes qui ont appartenu aux temps héroïques de la Révolution ; il en avait les vues larges, la générosité poussée jusqu’à l’excès, la ténacité et aussi l’intransigeance.

Né à Reims, le 15 février 1817, M. Courmeaux fut bibliothécaire-adjoint (1843), puis bibliothécaire titulaire de la ville (1846). Lors de la Révolution de 1848, il exerça, par intérim, les fonctions de commissaire spécial de la République.

Ardent et sincère démocrate, il devint à Reims le point de mire des attaques du gouvernement du président Napoléon Bonaparte qui l’impliqua dans toutes les émeutes et conspirations, l’emprisonna pendant six mois (1849), le fit destituer (10 janvier 1850) et finalement le força, après maintes poursuites devant les tribunaux, à prendre le chemin de l’exil (1851).

Réfugié à Bruxelles, il connut et partagea le sort des plus illustres proscrits, tels que Victor Hugo, Émile Deschanel, Madier de Montjau, Étienne Arago, etc. Puis il entreprit, pour une maison de vins de Champagne de Reims, une série de voyages en Italie, en Suisse, en Turquie, en Crimée, en Allemagne et en Belgique.

Rentré en France, il rendit, pendant la guerre, de signalés services au gouvernement de la Défense nationale, en s’occupant du ravitaillement des pigeons voyageurs.

Après la conclusion de la paix, ses concitoyens le nommèrent conseiller général du 3e canton de Reims, conseiller municipal, et enfin, en 1881, député de sa ville natale.

Non réélu au scrutin de liste de 1885, il reprit ses fonctions de conservateur de la Bibliothèque, des Archives et du Musée de Reims, que son grand âge le força d’abandonner en 1895.

Bibliophile éclairé, publiciste fin et avisé, polémiste redoutable, M. Courmeaux laisse de nombreuses productions littéraires et politiques ; – les journaux républicains de la Marne conservent la trace de son active collaboration –, et l’importante bibliothèque dont il fut le directeur lui doit plusieurs de ses catalogues, rédigés avec une très grande érudition.

Les convictions profondes et sincères que ce vieux républicain a conservées intactes jusqu’à son dernier jour et qu’il a affirmées maintes fois pendant sa longue carrière, lui ont toujours attiré le respect et l’estime de tous ceux qui l’ont connu, même de ses adversaires politiques.

En 1898, le Gouvernement de la République avait nommé M. Courmeaux chevalier de la Légion d’honneur, en reconnaissance des services qu’il avait rendus à la cause démocratique pour laquelle il avait souffert et au triomphe de laquelle il avait contribué.

Gustave Laurent.Source : AMB 1904.

COURMEAUX (Henri).

Décédé à Parc-Saint-Maur-des-Fossés (Seine), le 14 mars 1901, était le fils de M. Eugène Courmeaux, ancien député, conservateur honoraire de la bibliothèque de Reims. Il naquit dans cette ville le 22 juillet 1843, et après de brillantes études au lycée, entra dans la maison de MM. Dauphinot frères, manufacturiers. Les dispositions qu’il avait manifestées pour le commerce, son aptitude aux affaires en firent un collaborateur actif.

Appuyé par M. Simon Dauphinot, président de la Chambre de commerce, il fut envoyé en 1888, comme représentant de la France, en qualité de commissaire adjoint à l’Exposition de Melbourne, mission dont il s’acquitta avec le plus grand soin et qui lui valut la croix de chevalier de la Légion d’honneur. Il remplit d’autres missions en Nouvelle-Calédonie et à l’archipel des Nouvelles-Hébrides.

M. Henri Courmeaux s’était d’ailleurs signalé pendant la guerre de 1870. Officier d’ordonnance et interprète des généraux Farre et Faidherbe, il avait rendu de réels services. Il laisse sur les évènements auxquels il prit part des notes très intéressantes que l’on peut regretter de ne pas voir livrées a la publicité, car M. H. Courmeaux était un lettré et un homme de goût.

Il était en dernier lieu, président du Cercle des Arts à Paris. Dans ce nouveau milieu, il s’était acquis les plus vives sympathies. Ses connaissances, son jugement, lui avaient concilié l’estime des habitués de ce Cercle, dont le vice-président, M. Céard, se fit l’interprète en adressant les paroles d’adieux au défunt.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

COURVAL (Arthur Constant, vicomte de).

Décédé à Paris le 18 novembre et inhumé à Pinon le 23 novembre 1873. Il était gendre du général Moreau qui fut tué à Dresde par une batterie française alors qu’il était au service des troupes alliées.

Source : AMB 1875.

COURVAL-DUBOIS.

Vicomte de Courval, ancien député et membre du conseil général de l’Aisne, archéologue et sylviculteur distingué, a laissé des notions sur ces matières qui attestent des connaissances particulières. Grand seigneur et par-dessus homme aimable, aimant les arts et accueillant cordialement les artistes et les hommes instruits qui se faisaient un plaisir de venir à Pinon pour y admirer une belle collection d’armures qu’il avait réunies dans une tour bâtie sur l’ancienne forteresse des seigneurs de ce nom, ainsi que la magnifique propriété, qu’il avait su créer et embellir auprès de son château princier. Le domaine de Pinon a une superficie de 1.800 arpents en bois, terres, prés et eaux. Les lacs et la forêt sont des objets curieux à voir. M. de Courval est mort dans un âge avancé, en son château de Pinon en mars 1872.

Source : AMB 1873.

COUSIN (Mlle Victoire).

Née à Charleville, et décédée le 10 septembre 1873, à Florenville (Belgique), a légué par testament, en 1870, à l’Hôtel-Dieu de Charleville, sa fortune qui s’élève, dit-on, à une somme considérable.

Source : AMB 1874.

COUSIN.

Docteur en médecine, se rattache par son origine au département de l’Aisne : son bisaïeul exerçait à Crépy-en-Laonnois la profession de médecin, son aïeul fut médecin en chef de l’Hôtel-Dieu de Laon ; son père médecin distingué, était lui-même né à Laon.

Adolphe Cousin, naquit à Boulogne-sur-Mer, en 1842, décédé le 25 juin 1875 à Paris. On a de lui un traité approfondi des maladies de l’oreille et une étude complète de la lithotritie.

Source : AMB 1876.

COUSINARD (Jean Nicolas).

Chanoine honoraire de Reims, curé-doyen de Signy-l’Abbaye, décédé le jeudi 3 octobre 1878, à l’âge de 38 ans.

M. Cousinard était né au Chesne (Ardennes) le 18 octobre 1790 ; ordonné prêtre en 1815, il fut curé de Launois pendant 12 ans.

Appelé le 29 octobre 1827, par le cardinal de Latil, à l’importante cure de Signy, il y fit pendant 51 ans honorer son ministère par sa vie éminemment sacerdotale.

Source : AMB 1879.

COUTIER-MARTEAUX (Jean-Baptiste).

Ancien huissier, ancien préposé en chef des octrois de la ville de Reims, ancien conseiller municipal, ancien adjoint au maire de cette ville, maire de Merfy, né à Château-Porcien, le 7 octobre 1805, décédé à Reims le 27 février 1890.

Venu à Reims à l’âge de 16 ans, il était entré comme petit clerc dans l’étude de Me Tourtebatte, huissier, qu’il reprit en 1831. Il exerça son ministère d’huissier jusqu'en 1845, époque à laquelle où il céda son étude à M. Laignier-Gendarme. Durant son exercice, son caractère ouvert, affable et libéral, lui valut non seulement l’estime mais aussi l’amitié de personnes avec lesquelles il était en relations, et, lorsqu’il quitta ses fonctions, le titre d’huissier honoraire lui fut conféré, quoique son exercice eût été inférieur à la durée réglementaire.

Appelé par ses concitoyens au conseil municipal après 1848, M. Coutier devint bientôt adjoint au maire ; il remplit ces fonctions durant 3 ans. En 18952, M. Werlé, qui avait reconnu ses aptitudes aux affaires, lui fit accepter la place de préposé en chef de l’octroi, qu'il exerça pendant 25 ans. Tout le monde a le souvenir de sa bienveillance, n'excluant pas la rectitude qu'il apporta dans l’exercice de ses attributions.

Retiré des fonctions publiques, M. Coutier ne put se résoudre à l’inactivité, il accepta dès lors divers mandats absolument gratuits dont il s’acquitta avec beaucoup de dévouement.

Depuis quelques années, il était président du comité des écoles chrétiennes libres et du conseil d’administration de l’orphelinat de Bethléem, fonctions dans lesquelles il déploya un zèle et une activité méthodique dont il ne se départit jamais et qui lui valurent la décoration de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand. Le salon littéraire, dont il était aussi le président, lui doit sa reconstitution. Il acquit pendant sa longue carrière l’estime de tous, la confiance des familles les plus recommandables et des personnalités les plus élevées de la ville de Reims.

Charles Remy.

Source : AMB 1891.

COUTIN-FOULON (Claude).

Ancien avoué, avocat et juge suppléant, né à Acy, décédé à Rethel le 16 février 1870, âgé de 86 ans.

Source : AMB 1871.

COYON (Théophile).

Ancien militaire, décoré de la médaille militaire, né à Tilloy-Bellay (Marne) en 1821, décédé à Coucy-le-Château en l889, avait été 29 ans soldat. Il avait fait les campagnes d’Afrique, de Crimée, de Rome, d’Italie, et la guerre de France en 1871. Il comptait douze campagnes.

À la reddition de Metz, il était maître-armurier de l’un des régiments assiégés dans cette ville. Emmené prisonnier en Prusse avec ses camarades, il parvint à s’évader. Il avait bien gagné sa pension et sa retraite qu’il prit à Coucy-le-Château où il vient de mourir.

Charles Remy.

Source : AMB 1890.

COZE (Émile).

Né à Holzheim (Bas-Rhin), le 27 août 1827, directeur honoraire de la Compagnie du gaz de Reims et directeur effectif de la Société des Usine à gaz du Nord et de l’Est, est mort à Vauxbuin, près du Soissons, le 2 septembre 1898, et y a été accompagné à sa dernière demeure par une nombreuse assistance d’amis, de collègues, de vieux employés, venus de Lyon, de Paris, de Reims, d’Épernay, etc. On remarquait dans le funèbre cortège MM. Diancourt, sénateur ; Sabatier, maire de Vauxbuin ; le Conseil municipal ; la Compagnie des Sapeurs-pompiers, ainsi que M. le Président du Conseil d’Administration de la Société des Usines à gaz de l’Est et du Nord ; M. Bouvier, administrateur délégué par le Président du Conseil d’Administration de la Compagnie du gaz de Reims ; les Directeurs des usines, le haut personnel, les vieux employés, médaillés ou décorés pour la plupart, des Usines de Reims ou de Soissons.

Au cimetière, quatre discours ont été prononcés.

Dans ces discours ont été louées les qualités maîtresses du défunt. M. Diancourt a montré au prix de quels efforts intelligents il avait transformé la petite usine de Reims, en une des plus importantes de la France. Il a ajouté qu’il était heureux de voir cette belle tradition continuée par son fils aîné, M. André Coze.

Rappelons, en terminant, que M. Émile Coze avait été l’instigateur de la ligne de chemin de fer de Beyrouth à Damas.

Source : AMB 1899.

CRÉDO (Émile Pierre).

Né le 28 mars 1838 à Montmort, décédé curé de Bannes le 10 décembre 1871.

Source : AMB 1873.

CRISENOY (Jules de).

Quoique étranger d’origine à notre région, M. Jules de Crisenoy y avait des attaches que son séjour comme préfet de l’Aisne y entretint jusqu’à sa mort. Il avait fait son entrée à la Préfecture de l’Aisne le 26 mai 1873, au lendemain de nos infortunes, succédant aux courtes administrations de MM. Anatole de La Forge, Félix Achart et Audoy.

Les efforts qu’il fit pour effacer, par une gestion dévouée, les traces qu’avait laissées l’année terrible dans la région, n’ont pas été oubliés, et c’est avec regret que la population laonnoise le voyait quitter sa résidence. Appelé à la préfecture de Seine-et-Oise, il y resta jusqu’à sa nomination comme directeur de l’administration départementale au Ministère de l’Intérieur. Il fut ensuite nommé Conseiller d’État.

Lorsqu’il prit sa retraite, M. de Crisenoy ne se tint pas dans l’inaction, c’est tout entier qu’il se dévoua aux œuvres charitables et sociales dans sa collaboration à la société de Sauvetage des Naufragés que dirigeait l’amiral La Roncière de Noury et dans sa participation comme membre du Conseil supérieur de l’Assistance publique.

M. Jules de Crisenoy, décédé à Paris, à l’âge de 71 ans, était chevalier de la Légion d’honneur.

Albert Baudon.

Source : AMB 1902.

CRÉQUY.

Docteur en médecine, né à Château-Porcien (Ardennes), décédé à Charleville le 11 décembre 1869, à l’âge de 70 ans.

Médecin légiste du département des Ardennes, M. Créquy était d’un dévouement absolu à ses semblables, d’une austère probité, d’un désintéressement et d’une indépendance à toute épreuve.

Source : AMB 1871.

CROISY (Aristide).

L’éminent statuaire ardennais, était né à Fagnon, non loin de Mézières, le 31 mars 1840.

Après Deperthes, Deloye, Damas, il fallait que la mort vint encore nous enlever l’artiste laborieux dont la place est marquée parmi les grands sculpteurs de notre époque et qui laisse sur notre sol d’Ardenne et sur d’autre champ de bataille de France, des monuments d’héroïques et sanglants souvenirs.

Croisy, l’auteur du « Monument à l’Armée de la Loire », son œuvre capitale, était passé par l’École des Beaux-Arts où il eut pour maîtres, Dumont, Gumery et Toussaint. Il y obtint le second grand prix de Rome en 1863 avec le sujet « Nisus et Euryale », et deux ans après, le premier grand prix.

Il débuta au Salon en 1867, avec un bas-relief en marbre, « la Fondation de la Ville de Marseille », et exposa dès lors régulièrement.

Nous pouvons citer son groupe commémoratif, « Aux Ardennais morts pour la Patrie » (salon de 1873), érigé a l’extrémité des Allées de Charleville ; « le Nid », charmante et originale composition qui à les honneurs du Luxembourg, les statues du général Chanzy à Buzancy et à Nouart, la statue de Méhul à Givet, et surtout le monument du Mans, dont nous parlions plus haut, et qui, à lui seul, suffit à immortaliser son nom.

Énumérons au hasard ses autres envois : « la Prière d’Abel » ; « Néréïde » (1869), « Psyché » (1870), « l’Invasion », « Paolo Malatesta et Francesco di Rimini », « Fille aux Raisins », etc. œuvres aimables et gracieuses.

On lui doit aussi les bustes de M. Tirman ; Plançon, de l’Opéra ; du général Boulanger ; de M. G. Gailly ; d’Émile Augier, etc. Moins connu est le groupe en marbre blanc élevé par la piété familiale au cimetière de Rethel, à la mémoire d’Hippolyte Noiret, élève de l’École française de Rome. C’est dans le même esprit et dans le même sentiment d’élévation, qu’il exécuta « le Calvaire », ce monument que lui avait commandé un riche philanthrope de Moscou et dont il exposa les fragments à divers Salons.

Ses dernières œuvres furent la « Statue de Bayard », placée dans un square de Mézières, et le « Monument de Sedan », exposé au Salon de 1895.

Dès cette époque, Croisy, terrassé par la maladie, dut renoncer à son art. Après de longues souffrances, il mourut à Fagnon, son village natal, dans la nuit du 6 novembre 1899.

Il était chevalier de la Légion d’honneur.

Albert Baudon.

Source : AMB 1900.

CROMER.

Avoué à Rethel, membre du conseil municipal, décédé le 14 avril 1869 à Rethel.

Source : AMB 1870.

CROUY-CHANEL de HONGRIE (François Claude Auguste, prince de).

Était né à Duisbourg (Prusse), le 31 décembre 1793, de parents émigrés. Il avait par conséquent, à sa mort, près de quatre-vingts ans.

Le 26 septembre 1873 on enterrait à l’église Notre-Dame-des-Champs de Paris et avec une simplicité spartiate un homme appartenant à la famille que tous les vieux Laonnois ont bien connue, qui a longtemps tenu une certaine position dans la ville de Laon. C’était M. de Crouy-Chanel, fils de M. Crouy-Chanel, conservateur des eaux et forêts à Laon sous la Restauration ; nous empruntons cette curieuse biographie au savant M. Éd. Fleury :

M. Crouy-Chanel descendait de l’ancienne maison souveraine de Hongrie. Rentré en France sous le Consulat, il fit ses études à Grenoble. Après 1814, il fit partie de la Maison militaire de Louis XVIII, en qualité de garde du corps. Il donna sa démission en 1817, voyagea par toute l’Europe et embrassa en 1821 la cause de l’indépendance hellénique.

En 1823, il s’associa à des affaires financières et industrielles, dans lesquelles il fit une grande fortune qu’il perdit ensuite.

En 1830, il entra dans l’intimité du prince Louis Bonaparte, aux diverses entreprises duquel il fut mêlé. En 1848, il contribua à Rome à faire reconnaître la nouvelle République par le pape.

Plus tard, M. de Crouy-Chanel éleva des prétentions sur la couronne de Hongrie et le duché de Modène. Cette tentative de revendication fit beaucoup de bruit.

Depuis longtemps le prince avait cessé toute affaire publique, il vivait modestement rue de Vaugirard, 89, où il occupait avec la princesse un appartenant de 400 francs. C’est là qu’il vient de mourir.

Son enterrement, nous l’avons dit, a été des plus modestes. Pas d’exposition, pas de tentures. – « Le descendant des rois de Hongrie, avait-il dit, ne doit pas servir d’objet à la curiosité publique. » Vingt personnes au plus, l’ont accompagné à l’église Notre-Dame-des-Champs, et de là au cimetière de l’Ouest.

Le prince de Crouy-Chanel de Hongrie était chevalier de Saint-Louis depuis 1816, et commandeur de Saint-Grégoire-le-Grand depuis 1848. Ses deux filles, dont l’une a épousé M. de Ribières, son cousin, ont été reconnues princesses et citoyennes romaines par S.S. le pape Pie IX.

Source : AMB 1874.

CRUSSAIRE (Joseph Louis Henri).

Ancien notaire et ancien maire de Suippes (Marne), chevalier de la Légion d’honneur, est né le 20 mars 1800, à Briquenay (Ardennes), décédé le 20 février 1878. Il fit ses études au collège de Charleville, où il eut pour condisciple et ami Mgr Bara, évêque de Châlons. Se destinant au notariat, il alla à Reims, où il resta en qualité de clerc jusqu’à l’âge de 29 ans. Il quitta cette ville pour Suippes, où il acheta en 1829 une étude qu’il dirigea jusqu’en 1860, époque à laquelle il la céda à son fils. D’une intelligence vive, d’un sens droit, d’un caractère plein d’aménité, M. Crussaire eût bientôt fait de ses clients autant d’amis, et par suite put devenir leur maire. Il le fut, en effet, depuis 1845 jusqu’en 1871, c’est-à-dire pendant plus de vingt-cinq ans. Pendant ce long espace de temps, il montra de rares qualités d’administrateur. D’un esprit lucide et pratique, il simplifiait tout ce qui pouvait l’être ; très pacifique, il sut entretenir l’harmonie entre ses administrés, et Suippes ne connut jamais ces querelles intestines, ces animosités qui divisent en deux camps ennemis les habitants d’une même commune. Sous son administration intelligente et économe, la ville de Suippes put s’embellir ; elle vit s’élever un hôtel de ville et des écoles pour les enfants des deux sexes. Mais les plus beaux titres de M. Crussaire à la reconnaissance des habitants de Suippes sont la restauration de l’église, monument très intéressant du Moyen-Âge, et le passage par leur ville du chemin de fer de Reims à Metz. Ses démarches, unies à celles de M. Charles Bourgeois et des autres notables de Suippes, ont puissamment aidé à obtenir ces importants résultats.

Source : AMB 1879.

CUISSART (Eugène Philippe).

Député de l’Aisne, chevalier de la Légion d’honneur, officier de l’Instruction publique, ancien membre du Conseil supérieur de l’Instruction publique, président d’honneur des associations républicaines des cantons de Laon et Marle, conseiller général du canton de Rozoy-sur-Serre, né le 24 septembre 1835, au Thuël (Aisne), décédé à Paris, chez les Frères de Saint-Jean de Dieu, le 14 décembre 1896.

D’une humble et laborieuse famille d’ouvriers agricoles, il n’avait suivi que les classes de la petite école de son hameau, lorsqu’il se destina à l’enseignement. Dès l’âge de 16 ans, nous le voyons instituteur-adjoint à Liesse, et bientôt, par son travail opiniâtre et personnel, il obtint tous les titres de l’enseignement primaire, et même le baccalauréat ès-sciences. Il fut successivement professeur, puis directeur de l’école primaire préparatoire du lycée de Saint-Quentin ; M. Duruy, ministre de l’instruction publique, le nomma, en 1865, inspecteur primaire à Nyons. Il passe à Grenoble de première classe en 1872, puis à Lyon en 1873, et enfin à Paris en 1880. Par trois fois, il est élu membre du Conseil supérieur de l’instruction publique. Il est auteur de nombreux ouvrages d’enseignement primaire très estimés et fort répandus ; il a aussi écrit, sous le pseudonyme de Jean-Louis, des articles de vulgarisation politique. Enfin, le 20 août 1893, les électeurs de la première circonscription de Laon l’envoyèrent siéger à la Chambre des députés. Sa vie honorable, toute de travail, son dévouement sans bornes, son caractère facile et désintéressé lui avaient acquis une juste popularité. Aussi ses obsèques (16 et 17 décembre 1896) eurent le caractère d’un véritable deuil public, tant la foule était nombreuse et contristée. Quatorze discours furent prononcés :

À Paris, par MM. le Dr Laurens, sénateur, Drouard, inspecteur primaire délégué, et Boudréaux, maire de Lislet ;

Au Thuël, par MM. :

Macherez, sénateur, au nom du parti républicain de l’Aisne ;

Morlot, au nom des députés de l’Aisne ;

Malézieux, au nom du Conseil général ;

Brasseur, conseiller d’arrondissement du canton de Rozoy ;

Babillot, au nom du conseil municipal et des habitants du Thuël ;

Proriot, inspecteur primaire, au nom du corps enseignant ;

Laureau, au nom de l’Association amicale des anciens militaires ;

Tranchart, instituteur à Rozoy-sur-Serre ;

Caustier, au nom de l’Union de l’Aisne, de Paris ;

Bellard, au nom des associations républicaines de la première section de Laon ;

Le Dr Gérard, maire de Montcornet, ami particulier de M. Cuissart.

Source : AMB 1898.

CUNIN-GRIDAINE (Charles).

Décédé à Sedan le 24 février 1880, dans sa 76e année. Fils de l’ancien ministre du Commerce sous Louis-Philippe, ancien membre du Conseil municipal de Sedan, conseiller général des Ardennes, ancien membre de l’Assemblée législative de 1849, élu sénateur aux élections de 1875. Orléaniste au fond, il s’était rallié à la République. Ancien président de la Chambre, puis du Tribunal de commerce, membre des commissions administratives de l’Hospice et du Bureau de Bienfaisance, président de la Société de secours mutuels, président de l’Association amicale des anciens élèves du Collège, nommé officier de la Légion d’honneur sous l’Empire, il eut, on le voit, une carrière très honorifique et très remplie. Il était charitable et d’un commerce facile : sa mort fut considérée comme une perte réelle par le plus grand nombre de ses concitoyens.

Source : AMB 1881.

CUNIN-GRIDAINE (Mme) née Louise-Alexandrine GOUIN.

Décédée à Sedan le 11 avril dernier, à l’âge de 88 ans.

Mme Cunin-Gridaine était la veuve de M. Charles Arnould Cunin-Gridaine, officier de la Légion d’honneur, ancien sénateur et ancien ministre du commerce.

Albert Baudon.

Source : AMB 1904.