1889 à 1898

Extraits inédits de "La Vie Rémoise" d'Eugène Dupont.

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1889

Nous récupèrerons par les mariages les pertes du cheptel rémois.

Glanons çà et là quelques noms plus ou moins ronflants parmi ces heureux approximatifs qui, le cœur en liesse et l’œil extasié, affrontent les combats de la vie au côte à côte, prêts au devoir comme au plaisir, à la douleur et aux sacrifices comme aux agréments.

Rue du Jard, 26, existait dès 1869 une gargote pour employés tenue par la Veuve Chopin, laquelle, par la suite, devait céder son fonds à une nièce, Mme Brunet-Lécossois. À celle-ci succède, en 1889, Marie Schirmeyer, Suisse d’origine, qui vient d’épouser Nestor Pointilliart, de Trigny (cette personne, veuve avant-guerre, habite, en 1935, rue des Augustins, 8). Les époux déménagèrent du Jard pour tenir une épicerie rue du Barbâtre, 14. Ce 26 rue du Jard, propriété des Dupont-Aumont, était occupée, à l’angle de la rue Brûlée, et de temps immémorial, par une boucherie dont l’exploitant, en 1889, dépose son bilan, et laisse place libre pour Désiré Dupont. Un an après, boucherie hippophagique, avec Jules Péry, puis Potdevin. En 1902, ce vieil immeuble, à peine effleuré pendant la guerre par les bombes allemandes, devient la proie du teinturier apprêteur Lucien Paquot.

Aristide Thiébault, coiffeur, place du Parvis, épouse Eugénie Husson, repasseuse lingère, rue des Cordeliers, 13. La jarretière de la mariée, mise aux enchères, décroche 68 fr. dont 20 seront consacrés à la statue projetée de Jeanne-d’Arc, et le reste aux écoles communales, sans distinction de communions. Thiébault vendait, comme ses confrères, une pommade merveilleuse dont il se gardait de faire personnellement emploi, décidé à conserver, par esthétique, son crâne aussi chauve que le Mont-Pelé. Dans le même ordre d’idées, il est des marchands de vins qui ne boivent jamais de leur marchandise. Thiébault était, avant-guerre, rue Chanzy, 27, ayant dans sa clientèle certain capitaine du 132e R.I. en retraite, du nom de Fritsch, qui faisait l’agrément du salon par ses humoristiques et bocquillonnesques confidences. Après-guerre, le coiffeur a repris ses fonctions dans le 4e canton, proche le Pont-Huet et l’église Saint-Benoît. La rue s’honorait alors du nom de Danton, mais un robespierriste, rivalisant de zèle babouviste, guillotine à nouveau le conventionnel, en l’honneur du dieu de son culte, et Reims a son boulevard Robespierre. O bonheur suprême ! La justice immanente a de ces retours !

Un artiste ciseleur sur métaux, Auguste Fourain, de Metz, ami et compatriote de J. Wibrotte, place d’Erlon, 40, et Malina Jacquot, place de la République, 2. Eurent un brillant étalage d’émaux et bijouterie d’art rue Colbert.

Victor Baudet, comptable chez Pommery, impasse de l’Esplanade, 7, et Marie Dupuit (Ludivine Antoinette) sœur de l’abbé Dupuit, vicaire à Notre-Dame, futur curé de Saint Benoît. C’est cette artiste qui peignit les fresques de cette église. Écrivain et dessinateur de talent, elle publia un livre plein de pitié et d’amour fraternel pour les Gueux, ces malheureux dont on rencontre les silhouettes pâles et inquiètes dans les rues de grandes villes. Les Allemands ont massacré cette fille du Christ, certain jour qu’elle menait à l’ambulance un soldat français blessé dans le bombardement de Reims. C’était en 1915, sur la place de la République. Son nom devrait être gravé sur les pylônes du Monument aux Morts civils du Reims assiégé !

Georges Dupuy, de la laine, ex-placier chez Ernest Garnier, et chez les Marteau, associé à A. Gigot, rue Saint-Symphorien, 20, et Eugénie Delouvin, de Damery.

Aimée Églantine Despicq, fille du marchand de cuirs et crépins, rue Chanzy, 37, et Louis Chauderlot, épicier à Verzy. Le voisinage des Dupont-Aumont, même rue, avait songé à Églantine pour un mariage avec leur fils Eugène : mais l’entrain manquait à ce dernier, qui, au surplus, avait des attaches sentimentales ailleurs !

Léon Buirette, ex-cuirassier devenu employé à la préfecture de Versailles, et Zélie Gautier, sage-femme audit lieu. Il était le benjamin d’une famille dont l’aîné fut curé d’Aussonce (Ardennes) ; le cadet courtier en tissus, et le 3e, Charles, d’abord encaisseur et démarcheur à l’usine d’apprêts De Tilly, puis marchand de charbons. Leur père, ex-gendarme et chef piqueur des balayeurs de Reims, habitait rue Boulard.

Désiré Raguet, garde-champêtre à Stenay, et Marie-Rose Valentine Haimaet, femme de chambre rue Cazier, 14. En 1914, Raguet été garde-champêtre du 3e canton de Reims, et demeurait rue de Venise, 9. Leur fille Fernande, institutrice, faisait la classe sous les bombes, de 1914 à 1916 pendant que sa mère, elle, tenait le gardiennage de l’immeuble au n° 100, rue des Capucins, propriété et demeure de Léon Numa Aubert-Picard.

Henri Moreaux, horticulteur en succession de Gaston Deneux, rue du Jard, 43, et Hélène Demain, couturière à Witry-lès-Reims, sœur du Dr Demain et de Mme Baudet, de Sault-Saint-Remy.

Edmond Andrieu, fils unique et Andrieu-Appert, rue Chanzy, 24, employé chez H. Picard-Goulet fils, et Adèle Marie Laviarde, de Châlons, fille d’un capitaine d’infanterie cousin lui-même de Achille Laviarde, roi d’Araucanie, et sœur de Henri Laviarde, ex-voyageur en quincaillerie, rue des Murs, 15, en 1935. Edmond Andrieu est mort avant-guerre à Pontgivart, où il vivait depuis son retour d’Argentine comme acheteur de laines.

On rappellera à ce sujet qu’à certaine époque proche de 1889, le change sur l’or étant à 330, les Goulet rassemblèrent un million en pièces d’or qu’Andrieu fut chargé de porter à La Plata pour en opérer l’échange contre de la laine brute. À ce taux, un kilo en peigné de La Plata, coûtait, rendu Reims, 2 fr. 50, et se cotait 6 fr. au marché à terme de Roubaix.

Un des doges actuels de l’alimentation à Reims , Théodule Léopold Raveaux, rue de Neufchâtel, 70, commis à l’épicerie Quentin & Georget, épouse à Guignicourt Eugénie Savoye, femme de chambre.

Louis Antarisse (?) Trentelivres, dit l’Homme d’Osier, retraité des affaires d’osiérie, rue Clovis, 15, épouse en 2èmes noces la Veuve Pagès-Busson, hôtelière rue Buirette, 10.

Albert Bécret, des laines, rue Ponsardin, 19, et Blanche Mathelin, fille de l’apprêteur rue Gambetta.

Léon Jules Duvillé, typo, avenue de Laon, et une fille du meunier Binet, rue de La Neuvillette, 32, qui décédera en 1922. Duvillé était après-guerre metteur en pages à l’Indépendant rémois ; devenu veuf, il reprit du service chez Matot-Braine, et décéda le 13 décembre 1933.

Mlle Barbelet, cadette de Charles, huîtres, escargots et tisane place Royale, devenu marchand de champagnes rue de l’Avant-Garde, épouse l’officier de santé Henri Mouflier, de Saint-Simon (Aisne), frère du pharmacien rue Chanzy, 89, prédécesseur de Amand Bertin, de Fougères. L’immeuble détruit par les obus allemands a été reconstruit par l’acheteur aux dommages de guerre, sinistré lui-même au Barbâtre, 36, Quenardel, qui l’habite avec sa fille Geneviève, professeur de piano, et son mari Suisse.

Maurice Salaire, fils unique du fabricant de la rue de l’Université, 35, et Hortense, fille de Raymond Aubert, chaussée du Port. Salaire était commandant des Pompiers quand, en 1914, une bombe le tua, en service, rue de Vesle, près la Rivière-Brûlée.

Barthélemy Glad, de Metz, plombier rue de Mars, 57, et Marie Picard, Messine, couturière, rue de l’Arquebuse.

Henri Carnot, ex-chass’d’Af’, des Ponts et Chaussées, à Sfax (Tunisie) et Marie Thérèse Tomes. Carnot, revenu à Reims, prendra la succession de Lefèvre-Viville, au Théâtre des Variétés.

André Parisot, de Metz, serrurier, rue de l’Écrevisse, 17, marie sa fille Élisabeth Augustine à Zacharie Mommelien Vanhove, serrurier, rue Dorigny. Quoique que n'ayant qu’un tout petit bout de nez au milieu du visage, et point belle, elle avait eu assez de flair pour dégoter ce gentil époux !

Divorce du lainier Gustave Paubon, route de Neufchâtel, 131, et Louise Moreaux, rue de Mars, 36. Paubon, en 1914, s’était réfugié à Villechétif (Aube) chez les époux Gravelle ; il se rapprocha de Reims, à Bezannes, en 1919, avant de se réinstaller à La Neuvillette. Aux côtés de son frère Victor et le même jour, Eugénie Baudet, des Baudet-Paquis, épouse Émile Defrance, de Villers-devant-Orval (Belgique).

Pierre Jules Halluitte, capitaine au long cours, à Bois-Guillaume (Seine Inférieure) et Lucie Nérot, fille de Gustave, passementier et musicien à la Philharmonique, rue de Vesle, 22. Quels Rémois auraient pu être aveugles au point de ne voir et admirer la farandole des superbes enfants issus de ce mariage tardif, – les époux naviguant entre trentaine et quarantaine, alors que leur mère les promenait, par rang de taille et dans le même costume bleu marine, autour de leur cottage à Hermonville, tout proche la propriété des Renard-Gamahut ! De taille graduée par les âges, tous se ressemblant et d’une joliesse impeccable, ces éphèbes auraient pu servir de témoignage à cette race française que trop d’esprits timorés déclaraient déjà frappée de décadence : cette lignée restituait auprès de leurs compatriotes cet idéal greco-romain qui a suscité tant de chefs-d’œuvre esthétiques en sculpture et peinture !

Clément Karleskind, restaurateur au buffet de Charleville, d’origine russe, et Hélène Marguerite Meyer, demoiselle de magasin chez le confiseur Deléans, rue Cérès, 20. Leur fils épousa en 1921, à Reims, une fille à Adrien Polonceaux, de l’Hôtel-du-Commerce-et-Métropole, rue Robert de Coucy. Le jeune couple étrennait ce jour-là les orgues provisoires à l’électricité, installées sous le buffet de Notre-Dame, et inaugurées par l’abbé Lartilleux, mutilé de guerre : ils reprirent à la suite du père, au buffet de Charleville. Karleskind publie, en 1935, un livre de Souvenirs de l’occupation allemande, à Charleville, de 1914 à 1918.

Le sculpteur Auguste Coutin, rue du Ruisselet, 3, et sa cousine Clotilde Julie Collinet, fille du vieil artiste peintre rémois auquel l’art doit, entr’autres œuvres régionales, le tableau du Peigneur de laines, destiné à perpétuer le souvenir de cette profession, jadis villageoise et industrielle, du peigneur à la main. Leur fils Robert a terminé en 1929 l’Enfant studieux en pierre accoté au mur de façade de l’immeuble Druart, cours Langlet, 40, et quelques années plus tard, en 1932, le bas-relief en bronze accroché dans la galerie préhistorique du Musée de Reims, le bon Conteur rémois, réplique à l’Enfant studieux, et qui reproduit les traits du vieux Rémois qui tape ces lignes (Ah ! ces ambitions séniles de se prolonger dans la mémoire des hommes, si menu et chétif qu’on soit ! Faut-il en demander pardon ?). Robert Coutin avait alors son atelier rue Chevert, 23, dans le voisinage du boulevard La Tour-Maubourg, où habite, au 88, Pol Neveux notre concitoyen. De son atelier, Robert peut apercevoir, de temps à autre, la silhouette élancée, et à la mèche frontale, prenant l’air à une fenêtre de sa cuisine. Les Coutin-Collinet sont restés à Paris après-guerre, et habitent au Grand-Montrouge, aux approches de l’atelier paternel. Avant 1914, Auguste Coutin consacrait son talent à la réfection, sur notre Cathédrale, des statues des rois de Juda, surnommés par les professionnels rois de Coutin, auxquels celui-ci s’efforçait de rendre leurs organes primitifs, dévorés par la lèpre du temps. Que d’oreilles et d’orteils, de doigts et de nez mutilés ou effacés à raccommoder ou reconstituer !

Anatole Chemin, fils des tenanciers du jardin-bal-concert de l’Embarcadère, marchand de laines, rue Cérès, et Berthe Hélène Maria Fournay, ex-modèle chez le peintre Charles Daux, qui l’accompagnait aux ventes publiques de laines coloniales à Londres.

Thiérus, marchand de moutons à Thillois, et Mlle Hérisson, faubourg d’Épernay, 136. Grand et rougeaud gaillard, en bottes courtes et longue blousse bleue, fouet en main et casquette sur l’oreille, criard, malin maquignon, toujours donnant sa marchandise pour rien, sans toutefois n’y rien perdre, et gagnant presque à tout coups, en excellent fils d’Israël déguisé en goïm de bon aloi !

Enfin, pour clore ce résumé : Charles Brabant, charcutier, rue Saint-Thierry, 32, qui épouse la veuve de l’organiste de Gueux, Mlle Carré, femme Victor Édouard Dissiry. Une Cécile Dissiry, nièce du préopinant, est une poétesse régionale qui appartient à l’anthologie champenoise, et fait partie de ce groupe de concitoyens aux instincts plumitifs et rêveurs qui caressent des muses aux mœurs faciles et pincent du luth aux heures de loisir et langoureuses. Un brin de poésie dans la soupe littéraire parfume les idées comme le thym dans le pot-au-feu. Distraction appréciable dans une agglomération industrielle et commerçante absorbée par des calculs purement mercantiles, aiguillonnés par un honorable souci de devenir riche en cinq secs, afin d’avoir sa petite auto et son chalet dans le vignoble !

1890

Suivant la formule administrative sont unis par les liens du mariage sous l’encourageant sourire de M. l’Adjoint Desteuque, l’œil bovin et paternes du secrétaire-chopinard Dravigny, ex-instituteur, et la moustache effilée de l’appariteur Chéruy, les sieurs et demoiselles :

Ovide Lépargneur, maréchal-ferrant à Pomacle, et sa cousine Léonie, institutrice à Cernay-lès-Reims.

En 1928, cette dernière, veuve, tient une classe maternelle au Jard, sous M. l’Inspecteur Bertin ; son fils Joseph est instituteur à l’école Carteret, directeur Paul Muzart.

Prosper Fert, qui fut libraire rue des Tapissiers et sous les loges, a laissé une progéniture abondante, dont un fils, Edmond Ferdinand, employé de commerce rue de l’Écu, 17, chez son oncle l’abbé Raunet, chapelain au Cimetière du Nord ; il épouse une demoiselle Rix, cuisinière chez les Tassigny, place Royale, 13. Cette Rix est la nièce d’une veuve de ce nom, Marie-Anne Détourbay, décédée en 1887 rue Jeanne-d’Arc, 15, laquelle était la mère de la comtesse de Loynes, personnalité fort remuante du monde galant sous l’Empire et la IIIe République, née en 1837 rue Neuve, 58.

Un ex-élève des Frères du Jard, silencieux, studieux, obéissant, calligraphe émérite, Victor Desprès, rue d’Anjou, 14, et demoiselle David, cuisinière à Paris. Les Desprès étaient d’origine belge, et le père, cordonnier rue des Cordeliers. Mme mère vivait encore après guerre, seule au monde, leur fille Eugénie et le fils étant morts, et décéda en 1929, à l’orée de ses 100 ans, aux Petites-Sœurs des Pauvres. En 1869, Victor avait été victime d’un accident dû à une de ces imprudences comme en commettent souvent les enfants. Après avoir, dans un moule en craie, taillé au couteau, fondu un tube de plomb, il le bourra d’une poudre provenant d’une fusée décortiquée, et, mettant le feu à la mèche, il attendit le résultat de l’expérience. Ce qui devait arriver arriva : le tube éclata, et l’œil droit atteint par la déflagration. Coût : 6 mois de détention sévère dans la clinique de l’oculiste Delacroix, rue du Bourg-Saint-Denis, 98, pour soins à un iris crevé ! On insiste sectairement, dans des milieux dépourvus du sens critique expérimental, de l’ardeur outrée en son prosélytisme rituel et clérical des éducateurs du peuple que furent les Frères des Écoles chrétiennes. Apportons ici un fait, insignifiant en lui-même mais qui ouvre des horizons à l’esprit critique non obturé par la passion, et indiquerait que cet enseignement, dénoncé comme étroit et tyrannique, ne donnait pas, en toutes circonstances, les résultats anti-neutres qu’on redoutait, dans les milieux laïcs. En leur dernière année de classe au Jard avant l’entrée sur la piste où on lutte pour le pain quotidien, trois élèves de cette école, obtinrent la permission d’aller seuls, la veille de Pâques, à la cathédrale, pour accomplir l’acte de confession qui doit précéder la communion pascale. En ce trio, Victor Desprès. À l’église, les catéchumènes se mettent en quête d’un confesseur et de son confessionnal. L’abbé Cerf, prêtre-sacristain, déambulant dans l’une des nefs, et devinant l’intention de ces enfants, la prévient en s’introduisant dans son discret édicule, sorte de guérite douillette... Il attend. Voyant ce geste, les gamins se consultent pour décider lequel d’entre eux passera le premier au tribunal de la Pénitence. Toi ! – Non. Toi plutôt. – alors, toi, Victor ? Chacun se récuse. Et la scène dure 5 minutes, pendant lesquelles le prêtre se morfond… Il se morfondra à jamais, car les trois anabaptistes ont fini par se mettre d’accord, mais suivant une formule contraire à la règle : ils sortent du temple, et, peut-être bien que, de longues années, ou jamais, ils ne se retrouveront plus devant le problème à résoudre qui, ce jour-là, fixait le destin de leur pratique religieuse ! Leurs maîtres ne connurent rien de cette petite scène, et la morale de cette histoire paraît devoir être la suivante : la couche cléricale imprégnée sur les consciences de leurs pupilles par ces religieux est beaucoup plus mince qu’on affecte de le croire. Au surplus, rapportons-nous-en, à ce propos, à l’opinion d’un publiciste, Édouard Drumont, catholique bon teint, prétendant que la Commune de Paris (1871) fut l’œuvre, en ses partis mystiques, d’anciens élèves des Frères.

Jules Grison, organiste de Notre-Dame, demeurant cour Chapitre, 8, marie sa fille unique à Joseph Geldreich, sous-lieutenant porte-drapeau aux 132e R.I. rue Petit-Roland.

Un jardinier du Jard, Théodore Philbert, et une rurale d’Hermonville, qui veillera à l’entretien de ses plants d’asperges.

Le capitaine Bauche (Léon) du 3e R.I. de marine et collègue de Julien Viaud (Pierre Loti) à Rochefort, épouse, à Saintes, Amélie de Saint-André. La République se nantit peu à peu d’aristocraties nouvelles, qui formeront l’élément essentiel de son athénisme.

Émile Bazin, frère du musicien et marchand de tissus rue Cérès, 38 (les Damoy actuels) veuf, se remarie avec Mlle Olivier, rue de Vesle, 22.

Un grand gaillard, au nez déjà teinté de rose, qui s’était essayé à divers emplois sans trouver chaussure à son pied, Louis Tellier, se décide à courir fortune aux antipodes. On lui a décroché un poste officieux en rapport avec ses tendances aventureuses qui sera de tout repos pour ses facultés intellectuelles, ne dépassant pas la moyenne : commis de 1ère classe à la Chancellerie du Cambodge. Son domicile légal est à Asfeld. Il épouse une Rémoise, Clémence Courtin, dont le père avait tenu, avant Richard, de Verzy, le Café Courtois. Un souvenir reconnaissant à l’orgue de cet établissement de luxe, réputé pour sa décoration artistique en vitraux peints émaillés. L’orgue à cylindres, du coût primitif de 30.000 fr. attirait les mélomanes par son exécution irréprochable d’ouvertures d’opéras, telles que : Le Cheval de bronze, Guillaume Tell, Zampa, la Chasse du jeune Henri, le Barbier de Séville, et autres magistrales symphonies, dont nos oreilles se réjouissaient au moins autant que, de nos jours, des polyphonies assourdissantes et foudroyantes des Stravinsky et consorts, que le Diable patafiole ! Louis Tellier avait été, en 1882, gérant d’une éphémère Revue rémoise.

Nos jeunes Rémois convolent à tour de valses ; c’est une émulation sans pareille, et les scribes de l’état civil ne savent où donner du bec... de plume !

André Stocanne, comptables aux tissus Prieur & Mellinette, et Marie Augustine Tonnelier.

Charles Sohet, de la Société des Déchets, rue de Venise, 60, et Marie Navelot. Les Sohet père habitèrent longtemps rue Marlot, où naquirent les enfants ; les Navelot étaient de la rue de Vesle. Un fils Navelot, buraliste, fut un excellent violoniste, prêtant son concours à tous.

Charles Jouniaux, de Fourmies, rue de Monsieur, 25, en meublé. Il succédait aux frères Dupont, chefs trieurs à la maison Picard-Goulet fils, rue du Barbâtre, 36, et, plus particulièrement à Ernest Dupont, appelé au service militaire au 94e R.I. à Bar-le-Duc. Aucun des 5 frères Dupont n’avait échappé à ce lourd impôt, sauf Edmond, qui, bénéficiant de la présence au 4e Hussards, à Nancy, de son frère Désiré, n’eut à accomplir qu’une période de réserve, avantage réel, qui lui permit de se créer une situation dans la laine, à Sedan.

Eugène Génot, caissier à l’Indépendant rémois, rue des Augustins, 13, et Blanche Hoé, ourdisseuse, cour Sainte-Claire, à Clairmarais.

Un de ces humoristes du dessin qui remplissent de leur saillie les journaux caricaturistes de cabaret, « le Rire » par exemple : Gustave Louis Géry, fils du directeur de l’usine Lelarge, boulevard Saint-Marceaux, 11, et Estelle Bloch, fille d’un brasseur à Sedan. Résultat : le dessinateur humoristique et plein de talent se mue en brasseur, et, comme il ne connaît rien à ce métier, tout en gardant ses goûts artistiques et l’amour de la Bohême, et on le reverra à Reims, quine mais point penaud, réfugié rue Houzeau-Muiron, dans un appartement au 2e étage, d’une maison dont le rez-de-chaussée est une buvette-restauratoire tenue par la mère des trieurs Mme Aubert-Delahaye, de Branscourt. Il a repris sa plume fine, et, souvent, descend prendre des croquis du monde ouvrier, en buvant chopine avec les clients. Papa Géry fera le reste. Lui-même mourut jeune encore, avant-guerre. Il y a tout lieu de penser que René Druart n’oubliera pas cet artiste rémois dans sa Galerie d’Illustrateurs de notre région champenoise. Entre Forain et Lemot, il y a place pour un Géry.

Jules Cordier, secrétaire du capitaine trésorier au 132e R.I. et Mlle Var, de la ruelle Belle-Tour. Cordier, bel et sympathique tourlourou, a fini dans la peau mûre d’un capitaine en retraite, conseiller municipal en raison de ses loisirs rentés.

Louis Couten, directeur des Moulins de Verdun, et Mlle Philippe, de l’alimentation, rue de Vesle, 200. René Druart est le propre neveu de la mariée.

Paul Berge, fils du général baron Berge et capitaine d’état-major au 7e corps, à Besançon, épouse Pauline Gabrielle de Job, fille d’un juge au siège de Reims et violoniste, qui fut de la Philharmonique. Le mariage religieux se fait à Saint-André le 2 juin, avec, à l’orgue, le pianiste Belleville, le baryton Havart et le violoncelliste Félix Stenger. Témoins : général Jamont, commandant du 6e corps, M. de Faÿ, le juge d’Hostel et le sénateur Kolb-Bernard.

L’inspecteur primaire Eugène Alphonse André, rue Buirette, 33, et Gabrielle Juliette Druart, rue Hincmar, 22, sœur d’Émile et tante de René et Henri, comme de Mme Pellot.

Victor Louis Lefils, de la laine (maison J. Rémond) place de l’Hôtel-Dieu, 6, et Jeanne Camille Thiérot, rue Gambetta, 35, fille du peintre en bâtiments, propriétaire de cette petite maison où la mère Perron tenait jadis une garderie de gosses (il y a 75 ans). Lefils avait un caractère assez personnel, trop pour s’accorder avec tous, même pas avec son épouse, car ils divorcèrent. La maison est occupée en 1935 par les deux sœurs Thiérot, dont l’ex-Mme Lefils. On le vit à la Société des Déchets. En temps de guerre, il fut employé aux réquisitions de laines pour l’État. Ayant pris sa retraite dans la Maison de la rue Simon, 26, il n’y fit qu’un court séjour, les gens ni la nourriture ne le satisfaisant, et il arpente nos rues, à la recherche de distractions gratuites, – car il est serré, – et a mis ses affaires en ordre. Ne voulant pas que quiconque prît la peine de le faire enterrer, il a chargé à l’avance de ce soin la Compagnie des pompes funèbres moyennant un forfait de 3.000 fr. dont l’intérêt à 3 % lui est versé annuellement. Avis aux amateurs !

Léopold Lux, ex-élève des Frères de la rue Large, ex-enfant de chœur à Saint-Jacques, président de l’Amicale de leurs anciens élèves, employé depuis des ans chez les Jallade & Collomb, tissus, demeurant rue Buirette, 8 (en 1935 rue de Chativesle), épouse Catherine Vauthier, rue Coquebert, 82.

Paul Wibrotte, de Metz, frère de Jules, directeur du Jard et marchand de vins à Châlons, et Pauline Lacaze, rue Clovis, 73.

Rue Ponsardin, 64, une auberge à laquelle on accède par un escalier de pierre à rampe, exploitée par Gaston Adolphe Sarment, la veille encore contremaître d’apprêts, qui épouse Dlle Hubert, de Vaudesincourt.

Édouard Charles Peltier, laines, rue de Monsieur, 18, et Marie-Louise Leroux, rue des Chapelains. Malingre, jaunion, ce jeune fils d’Édouard Peltier, dont les magasins sont rue de Luxembourg, mourra prématurément. La Société Générale eut un temps ses bureaux dans cet antique bâtiment bourgeois avant d’aller place Royale.

Raymond Verbaeys, de Roubaix, trieur de laines, rue Ruinart, 37, et Mlle Houlard, cuisinière à Saint-Dizier. Encore un qui veut (ou espère !) s’assurer du bon fricot ! – qu’il se méfie du proverbe : Cordonnier mal chaussé !

Eugène dit Alphonse Souris, peintre-décorateur rue Cérès, 16, fils d’un vieux lainier et trieur originaire de Sommepy, et Marie Dosne. Sa veuve habite, depuis 1922 à Reims rue de Contrai, 8, avec ses enfants, les époux Guiot-Souris. Guiot est aux tissus chez les Lelarge, rue des Filles-Dieu.

Théophile David, israélite et marchand de biens, rue de l’Arbalète, 8, et Léna Brisac, de Monneron (Lorraine). Après-guerre, son dossier de dommages de guerre, assez copieux en raison de ses terrains à bâtir et immeubles hypothéqués, passera sous les yeux de son beau-frère Brisac, préfet de la Marne.

Le pétulant et vermillonné Émile Henri Guiffrey, lieutenant porte-drapeau au 132e, et Dlle Descotis, rue de Vesle, 106.

Eugène Sénéchal, cordonnier, rue Saint-Symphorien, et Adèle Bidoit, rentrayeuse, sa voisine au n° 13. Leur fils Adrien est un de nos meilleurs artistes évocateurs de la destruction la cathédrale. Après-guerre, ils habitèrent rue des Augustins, 16 ; le père mort, mère et fils sont rue Marie-Stuart.

Albert Galland, garçon pâtissier chez Martin-Pâris, rue Chanzy, 32, et Geneviève Boudin, à Tartier (Aisne). Albert habite rue des Moulins, 21, et son père fut ferblantier rue du Bourg-Saint-Denis, 89 ; il est doué d’un gentil talent de peintre de natures mortes, et laisse des vues de coins rémois, du 3e canton, où il a tenu un cabaret rue du Barbâtre, 144. Jamais homme plus heureux que lui, au sortir de la commission cantonale des dommages du 3e, il est possesseur d’un titre de 50.000 fr. pour un immeuble des plus vétustes payé 4.000 francs! À son père le ferblantier avait succédé un charcutier, le bel Alfred Comot, marié depuis à Saint-Dizier.Galland, lui, mourut en 1928. Avis aux dénicheurs : cet amateur avait de la patte et du coloris.

Le musicien Charles Eugène Latarget, rue Chanzy, 3, ex-bureaucrate à la Mairie, puis cantinier au 132e, et Louise Richard, rue des Telliers, 39.

Léopold Robin, clerc d’huissier, rue Saint-Bernard, 39, et Berthe Randoulet, couturière, rue de Metz, 64, jolie caille grassouillette, brune à peau blanche, vivant avec sa mère et son frère Georges, en compagnie du vénérable trieur de laines Denis Lantenoy.

Paul Érard, des tissus, rue de l’Université, 20, et Lucie Chauffert, rue Chanzy, 6, fille du négociant en tissus dont le cuisinier, Gérard, était de parenté avec le Tueur de Lions. Les deux négociants s’associèrent un de leurs meilleurs voyageurs, Jules Vitry, du 3e, qui eut, pendant la guerre, à maintenir la raison sociale à Paris, rue d’Aboukir. Vitry a perdu sa femme en 1934, mais, encore alerte malgré ses 80 ans, il arpente, par beaux jours, les rues d’une vieille mère-ville qu’il porte dans son cœur. Hardi, Vitry, et vas jusqu’au 100e !

Si le Ciel le mène ainsi aux extrêmes de la vie, il n’en demandera pas plus, sachant qu’au-delà d’une certaine limite vivre est une superfétation, contraire à l’ordre social !

Salomon Créange ex-tailleur d’habits à Saint-Mihiel, chand’habits et meubles neufs et d’occasion au faubourg Cérès, vis-à-vis la Bibliothèque Holden, et sa cousine Brunette. Mariage entre coreligionnaires, de coutume en Israël.

Émile Gustave Drouin, clerc d’huissier, rue Saint-Symphorien, 17, et Flore Virginie Alfrède Vincent, fille de l’antiquaire Louis Vincent, rue de Contrai, 20. Drouin fut membre actif d’une société d’amateurs d’art dramatique, qui tint la rampe plusieurs années avant guerre.

Octave Christophe, Belge d’origine, trieur de laines venu de Roubaix chercher pitance à Reims, rue Dorigny, 29, et Eudoxie Jupin, fille des vanniers de la rue de Contrai, 22. Christophe était en 1914 chef trieur chez le père Gosme et obtint, en 1922, 1e prix Buirette de 2.000 fr. À cette date, il tenait un cabaret dans le faubourg de Laon ! Paraîtrait que ce prix n'avait pas eu de candidat ! Et cependant, dans la profession, combien de purs Français, plus méritants à tous égards ! Comme disait Clemenceau, on a vécu sous le signe de l’incohérence.

La vraie charité exige qu’on se donne la peine de chercher ceux qui sont dignes de ses bienfaits ! La bureaucratie s’en f… !

Gabriel Gautier, violoniste, contrebassiste, saxophoniste, et, par-dessus le marché, trieur de laines, ce qui, pour toutes ces raisons, le classe comme bec-salé, – né à Metz en 1860 du maître à danser François et de la blonde Marie Schüller, tous deux Messins, est témoin aux noces de son ami et émule Kimmel (Albert), pistonniste réputé, et d’une polonaise, Casimire Chalsowta, rentrayeuse, chaussée Saint-Martin, à Fléchambault.

Narcisse Esteva, bouchonnier, et Charlotte Namur, d’Épernay.

Paul Chevrier, frère du médecin, de l’Isère, sous-lieutenant démissionnaire, à Soissons, et Lucie Clémence Champion, des champagnes, à Dieu-Lumière.

Auguste Hiraux, ex-élève de l’École professionnelle, garçon pâtissier, rue Chanzy, 115, et Clarisse Zénobie Didier, de Vouziers. Plus tard, excellent pâtissier rue Gambetta, en face Saint-Maurice.

Jules Paul Fusy, basse en si bémol aux Pompiers, bottier à façon, connu après-guerre sous le surnom de Vieux Cordonnier rémois établi rue Courmeaux, où la catastrophe de 1914 vint le surprendre, confectionnant une paire de bottines en chevreau pour son copain Charles Lecomte, – né rue Buirette, 42, où son père, chantre à Saint-Jacques, cordonnait de même, y demeurait en 1890, – il épouse Célestine Sohier, couturière, rue du Temple, 5. Court de taille et de souffle à cause d’une obésité qui s’accentuera jusqu’à nos jours, c’était un musicien remarquable, un des piliers de l’Harmonie municipale. Pendant les premiers mois du bombardement de Reims, en 1914, s’étant obstiné à ne pas fuir le danger, il continua à façonner des chaussures pour le compte de marchands parisiens, ce qui lui permettait de donner, à Paris même, des tuyaux sur les sévices subis par le mobilier ou l’appartement de ses nombreux amis, qu’il rencontrait boulevard du Temple, sur le trottoir longeant le Restaurant Bon-valet, remplaçant pour tous le trottoir des loges de l’Étape ! Il s’abritait dans une baraque en bois de jardinier, rue Vernouillet, vis-à-vis l’usine des Goulet-Turpin. Il fallut pourtant, certain jour, se résigner à faire comme les vieux frères, et fuir les rafales d’obus qui, à l’instar des Martiens de Wells, cherchaient à tâtons leur proie dans tous les coins et recoins des rues. Revenu des premiers après l’armistice, il élargit ses conquêtes parmi la gent aux pieds fins, et prit encore du ventre. Lâchant un moment la forme et l’empeigne, il avait repris le fonds de cabaretier de feu Victor Delvincourt, rue du Cadran-Saint-Pierre, démoli pour laisser passage au cours Langlet. Alors, il se fit marchand de chaussures rue des Poissonniers : il y est encore, soufflant de plus en plus des pois, gros comme des jacquots et rond comme une barrique.

1891

Louis Arnould Chenu, 55 ans, bonnetier à Puteaux ; Albert Poullot, de Reims, 25 ans ; Lucien Limasset, 37 ans, à Châlons ; – sont témoins aux noces d’Émile Allais, 32 ans, de Béville-le-Comte, notaire à Reims, rue des Telliers, 35 bis, fils de J. Émile Allais, ex-notaire décédé à Neuilly, et de sa veuve Ambroisine Chenu. Allais épouse Berthe Poullot, 20 ans, boulevard Gerbert, 30, le 19 janvier 1891. Autre témoin : Jules Allais, ex-meunier à Épernay.

Sylvain Hammel, 32 ans, distillateur, rue Clovis, 44, et Alix Mendel, 21 ans, fille du lithographe Abraham Mendel-Lambert, rue Sainte-Marguerite, 8. Sylvain, né à Mulhouse ; a pour associer son frère utérin, Mathieu Dietisheim, 27 ans, rue Boulard, 27. Témoins : Armand, brasseur, rue Vauthier-le-Noir, 4 ; Isaac Lambert, 44 ans, voyageur de commerce, place d’Erlon, 11, et l’oncle maternel Léopold Simonin, marchand de nouveautés, rue des Capucins, 19.

Jean Ulysse Desmonts, des tissus à la maison Walbaum & Desmarest, rue de Berru, 30, et Berthe Léonie Freyburger, couturière à Paris. En 1935, retiré du travail, habite sa propriété rue Abbé-de-L’Épée.

M. J. Henri de Carbonnières, 30 ans, de Jayac-Salignac en Dordogne, ostréiculteur à Dangon, près Vannes, et Berthe de La Morinerie, 21 ans, à Cormontreuil. Ce Carbonnières à un beau-frère à particule, comme lui, Joseph, baron du Rien (!) de Meynadier, à Bergerac, et un oncle Jules Fougereux, châtelain de Campigneulles, écuyer à 73 ans, non loin de Montreuil-sur-Mer : tout ce monde de la parenté de Cyrano.

Émile Français, fabricant, rue Cérès, 32, et Lucie Roger, à Épernay.

Gustave Demouzon, des champagnes, place d’Erlon, 53, et Gabrielle Raive, rue Clovis, 29.

Elphèse Ode Antonin Joachim (et puis, quoi encore avec cela ?) Péan, marchand de vins à Mer (Loir-et-Cher) et Berthe Lucie Couronne, rue Salin, 7.

L. N. Constant Billet, des tissus, à Paris, et Clémence Alice Harant, rue Saint-Symphorien.

Xavier Albert de Longeaux, sous-lieutenant au 62e Chasseurs à cheval, et Marie-Madeleine Voisin, fille du général. Témoins : colonel de Ville ; vicomte Paul de l’Estoile ; le général Jamont et l’oncle Ch. H. Voisin.

Gustave Renard, sous-lieutenant au 84e à Avesnes, et Élise Balardelle, rue du Jard, 140.

François Gaillot, comptable chez l’escompter Simon Bouvier et fils de Ferdinand, tonnelier rue Chanzy, 60, et Anne Modro à Épernay.

Max Isidor, tissus, en solde, rue de l’Écu, et Anna Esther Moch, à Verdun.

Ernest Dowling, des champagnes Pommery, rue du Barbâtre, 118, et Augustine Adeline Guiette, rue des Deux-Anges, 19.

Joseph Rémond, de Bussy (Côte-d’Or), des laines, place Godinot, 1 bis, et Anne Angélique Philiberte Delautel, rue du Levant, 14. Son frère Pierre Delautel est à la banque Chapuis, où il laissera de mauvais souvenirs, vers 1933.

Jules Cornet, 24 ans, rue de l’Université, 3, fils de feu Édouard Cornet-Bougy, – la veuve s’étant remariée avec Beuloir, – et Virginie Francotte, 20 ans, rentrayeuse, fille de Jean Laurent Francotte-Gérard, ex-épicier, rue Fléchambault, 36, anciennement 24.

Il y a là, comme témoins : Georges Riégel, des laines, 28 ans, rue du Jard, 22, fils du jardinier Jacob et décédé à Paris, en 1917 ; Albert Bougy, employé, rue de la Briqueterie, 20 ; Auguste Didier Francotte, frère de la mariée, caviste, rue Saint-Julien, 7, et depuis, aux caves Saint-Marceaux ; le trieur Paul Pouillard-Francotte, 41 ans, rue David, fils de l’acheteur de laines et chef trieur à la grande maison des Grandjean.

Émile Henri Draveny, 23 ans, rue Gambetta, 138, fils de feu Eugène Victor Draveny, sous-brigadier de police en 1870, et Jeanne Louise Germain, 22 ans, née à Plantières-et-Queuleu, sous Metz, percheuse de tissus, rue Saint Sixte, 6.

Germain père était collègue de Draveny à la police.

Mathurin Alfred Commun, ex-comptable chez F. Lelarge, puis associé lainier, boulevard Saint-Marceaux, 27, marie sa fille Francine Jeanne, 18 ans, à Frédéric Lallement, de Rethel, employé de fabrique, chez Walbaum, et fils de Lallement-Billaudel, serrurier.

Albert Broglie, 28 ans, de Stauglen (duché de Bade), rue de Sedan, 7, naturalisé suisse, interprète chez Lüling-Walbaum, fils de Sigismond Broglie-Haas, – et Marie Augustine Védie, 20 ans, fille de Védie-Gellé, ex-épicier, rue de Courcelles, 15.

Témoins : Gaspard Vanny, 30 ans, comptable, rue de la Renfermerie, 21 ; l’oncle Charles Védie, 52 ans, ex-cultivateur à Saint-Pierre-lès-Elbeuf, Martin Josenhaus, comptable, rue Chabaud, 56.

Paul Dubar, 19 ans, rue des Créneaux, 13, fils de Dubar-Brion, doreur sur bois. Un frère, Charles Ernest Dubar, 26 ans, est cordonnier, et l’autre témoin, Albert Lelièvre, est typo, rue Fléchambault, 72.

André Givelet, 27 ans, boulevard Cérès, 12, chez son père, Edmond Givelet, fabricant, et Marie Élisabeth Henriette Heidelberger, 24 ans, rue Libergier, 41, fille de était Heidelberger-Lambey, des champagnes. Edme Lambey est propriétaire à Troyes. Un cousin du côté maternel, Alexandre Guibout, château de Fraizières (Loiret).

Eugène Henri Lion, 23 ans, couvreur, rue du Jard, 64, fils de Lion-Satabin, camionneur, rue Grandval, 77, et Marie Dautel, 21 ans, de Metz, fille de Jean-Pierre, aiguilleur à l’Est, et de Marie Barbe Boileau, lingère, rue Victor-Rogeret, 14. L’oncle Jean Boileau est bourrelier à l’Est, à La Villette, rue Buzelin, 3. Un Dautel est facteur- enregistreur à la même compagnie, à Reims ; un autre Dautel, au peignage Isaac Holden, sera après-guerre, vendeur ou Petit-Paris, du père Cahen le Messin.

Une demoiselle Boileau, rue des Murs, Messine également, ami des Gautier les musiciens, a recueilli un neveu, qui, ayant pris des leçons auprès de Lucien Gautier, fut un bon violoniste.

Théophile Lallement, 34 ans, du Gros-Raisin, rue des Deux-Anges, veuf de Lucie Prévoteau (1888) et Laure Danton (Marie Agnès), 20 ans, de Rosnay, à Menneville, veuve de Camille Déprez, mort le soir même de ses noces, en 1890 à La Ville-auix-Bois, et fille de Octave Elphégée Danton-Beaufort.

Lallement mourut à son tour en 1931 ; elle habite rue de l’Arbalète en 1936.

Édouard Jonval, 68 ans, trieur de laines, rue Macquart, 7, ex-concierge chez Henri Mennesson, laines, esplanade Cérès, et originaire de Poix-Terron, où l’un de ces oncles, aubergiste, tenait l’Hôtel du Cheval-Blanc. Aussi bien disait-il : Le Cheval blanc, c’est mon oncle. Il est fils de Jean François Jonval, ex-capitaine de dragons et maire de Poix, décédé en 1824, et de Élisabeth Daux, morte à Rethel. Sa fiancée, la troisième en date, est Eugénie Chauvet, 62 ans, de Ludes, blanchisseuse rue de La Fontaine, 24. Ses témoins sont : Auguste Fritsch, comptable chez Moch ; Arthur Mollet, emballeur au 62, rue Ponsardin, à l’autre angle de la rue Belle-Tour, dont l’autre coin venait d’être quitté par Eugène Dupont.

Édouard Ulmer, de Rosheim, près Sélestat, boulanger, rue Gambetta, 14, et Marie Elise Syrren, 20 ans, de Schwighausen (Haut-Rhin), rue d’Alsace-Lorraine, 94, fille de Syrren-Kaebelé, contremaître de tissage.

Veuf depuis, Ulmer était remarié, et resta sous les bombes en 1914. Après-guerre, il s’établit même rue, angle des Orphelins, en remplacement de Lahaye. En 1936, il porte sur son crâne dénudé, une calotte de drap, et a conservé son accent alsacien prononcé, comme beaucoup de ses compatriotes.

Raymond de La Morinerie, 26 ans, et Marie Sophie Pinon. Il est beau-frère de P. Pinon et Paul Thiénot.

Émile Aristide Gélu, 42 ans, restaurateur très estimé de la rue Nanteuil, 13, fils de J.-B. Gélu-Collin, et né à la ferme de Moscou, près Reims, – et Léontine Marthe Maquin, – la mère Gélu ! – servant chez Ernest Irroy, boulevard Lundy, 46, dont Pierre Chaix est le concierge. Violoniste et compositeur de menues romances sentimentales, musicien de nos sociétés et fils d’un trieur, ayant appris même à trier avant de se faire professeur.

Aimé Achille Lély, 28 ans, né à Soissons, demeurant rue du Temple, 54, et Léonie Barr, de Rilly-la-Montagne.

Léon Jules Pottelain, 31 ans, de La Selve, près Sissonne, restaurateur, rue de Pouilly, angle Carrouge, face à un autre restaurant, réputé celui-là.

Il épouse une veuve haute en couleur, grande, charnu, râblée, puissante Hébé aux lèvres estompées, imposante en diable, qui eût été magnifique en cuirassier de Reischoffen, verbe sonore et hardi, forte en expressions, déclarant sans vergogne qu’elle préfère, physiquement et charnellement, quatre hommes à une femme, si belle fût-elle ! elle a 35 ans, et naquit à Villers-en-lieu, – confins de Marne et Haute-Marne, – Léontine Thévenin, fille de Thévenin-Dreux, de Châtellerault.

Elle a une fille, Marie, assez jolie, âgée de 15 ans, à laquelle François Gautier donna des leçons de violon et qui en pince assez joliment pour se produire honorablement en ces petits concerts de famille qui sont la joie de notre menu peuple rémois. Elle chante comme un chardonneret et débute un soir à l’auberge des Trois-Poissons, au bas de la rue de Vesle, à droite, rendez-vous des mariniers. On eut de cette aimable enfant, à l’époque, une photo grand format la représentant en Carmen, agitant un éventail au-dessus de sa tête fleurie et rieuse.

Aux témoins : cet Alexandre Detz, 35 ans, conducteur de trains, à la Compagnie de l’Est, qui, en 1914, fit en hâte rentrer en France, par l’Alsace-Lorraine où cette rame était en chauffage pour partance, un train de marchandises qu’auraient capturé nos aimables voisins, les Boches ! Detz est mort à Reims vers 1924-25.

Émile Henri Galis, 29 ans, d’Épernay, viticulteur, fils des Galis-Rassicod, et cette superbe brune, aux cheveux noirs comme jais, avec des yeux d’Andalouse, et une taille de guêpe, Zénaïs Eugénie Jeanne Bazin, 26 ans, fille de notre très aimé Gustave Bazin-Anduze, chef de la Musique municipale, rue du Temple, 23. Les frères Bazin sont : Charles Paul Eugène, négociant en vins à Pontgivart ; Émile, des tissus, rue Cérès, 34.

Le grand et gros Foucher, bouchonnier, rue Gambetta, 3, marie sa fille Caroline Lucie à Gabriel Bureau, 28 ans, de Bourges, lieutenant au 77e de ligne à Cholet. Si nous ne nous égarons pas, il est l’EGO du directeur du journal rémois le Nord-Est .

Aime Théophile Odet de Saint-Sauveur, 47 ans, de Bayeux, ex-officier de cavalerie, rue des Capucins, 29, fils du comte de Saint-Sauveur, consul à Séville, demeurant à San Lucas de Barrameda, et de Marie Athénaïs de Béville de Pont, à Bayeux, – et Maria Anna Bague del Campo, 45 ans, à Mahon (Minoruqe), dont le père est mort à Philippeville.

L’aubergiste des Trois-Poissons, rue de Vesle, 216, Eugène Clicquot, de Bourgogne (Marne), et Adélaïde Lefèvre, 23 ans, de Boncourt (Aisne).

Clovis Aimé Lefebvre, 25 ans, de Dommoy, près Signy-l’Abbaye, boucher rue des Poissonniers, 3, et Marie Louise Célina, 23 ans, fille de Main-Dupuis, épicier rue Gambetta, angle rue des Moulins, lequel, bonapartiste à tous crins, se refusa à reconnaître le nouveau nom de baptême infligé à la rue Neuve, et le spécifia en tête de ses notes et factures : rue Neuve, dite Gambetta.

Main père, très sociable d’autre part, et jovial comme il convient quand on veut réussir dans le commerce de détail, où l’on a affaire à des commères qui ne veulent pas s’embêter, était de ceux dont on dit, physiquement parlant : Deux pouces de jambes, et le cul tout de suite. Il avait une tête chevaline, allongée de la barbiche à la Napoléon III ; le front paraissant chargé de nuages alors qu’il en plissait l’épaisse peau rugueuse, comme Jupiter tonnant, sorte de parchemin souple, s’allongeant et se rétrécissant à volonté : cet excellent détaillant, qui vendait 3 fr. l’articles lui coûtant 12 sous, était un fier concitoyen de ce pisse-froid rigolo, précurseur d’Alphonse Allais et de Georges Courteline : Jules Fleury, dit Champ-Fleury, pour les dames.

Ernest Eugène Drouin, 27 ans, de Laon aussi, comme Main et Fleury, commissionnaire du Mont-de-Piété, rue des Fusiliers, 29, en remplacement de Olive Gavroy-Lheureux, ce dernier succédant lui-même à son cousin Victor Doré, le Bossu, et à sa tante, la longue, sèche mais fondante Mlle Lahaye, – et Adeline Painvin, rue de Thillois, 11.

Drouin était fils de Eugène Édouard Drouin, représentant de commerce, et sa mère fut longtemps marchande de volaille aux halles ; il est né le 27 février 1865. Réfugié en 1914 rue Fléchier, près Notre-Dame de Lorette, à Paris, il rentra à Reims et vécut par intermittences, entre deux séances de cantonales, pour veiller au grain, –ses dommages de guerre.

Il loua le terrain de sa maison détruite, rue de Contrai, 7, à un restaurateur italien Gelpi, dont les tuyaux de poële enfumèrent alors les infortunés voisins de face, dont l’architecte Adolphe Prost, qui n'en dérageait pas !

En 1925, il en restait encore une sorte de gargotier péninsulaire, affligé d’un pianola outrancier, dont les miaulements et les rugissements absorbaient la tranquillité de ce quartier de travailleurs ressuscités de la grande débâcle, rabattant les oreilles humaines et chatouillant les nerfs de tout un chacun.

Gelpi avait un fiston de 15 ans auquel Prost s’efforça en vain d’inculquer les principes architecturaux qui firent la gloire des Viollet, des Ballu, et la renommée de son professeur même.

Drouin et sa grasse épouse, blonde comme les blés, et lui myope comme une citrouille, ne négligent pas les soins dus à une double bedaine majestueuse, et à eux deux, ils chargent la bascule d’au moins 200 kilos : on ne s’en fait pas !

Comme son voisin le boulanger Cottel, dont le fils Maurice, beau comme Phébus, fut sous-lieutenant d’infanterie pendant la guerre, il cesse de s’intéresser aux revenants, pour ne songer qu’aux revenus.

Et à côté du gargotier, on a un chifforton, dont la cambuse en torchis et planches pourries, tout contre une pissotière indiscrète et souvent immodeste, dilue des émanations peu aromatisées. Bah ! c’est encore la guerre : il ne faut pas trop s’en déshabituer, afin d’être moins surpris quand nos excellents frères en J.-C. les Boches, vont nous en remettre une tasse ! Bigre de bigre !

Léon Margotin, de la génération rémoise datant de la guerre d’Italie, mais né, par hasard à Montmartre, architecte, professeur de dessin à l’École régionale de la rue de Talleyrand, et demeurant rue de l’Arquebuse, 37, fils de Antoine Margotin, sculpteur à Paris, rue Leclerc, 1, et de Marie Hérail, artiste peintre décédée en 1887, – et Marie Suzanne, 28 ans, fille de l’architecte diocésain Édouard Thiérot, et de Suzanne Clouet. Il deviendra le successeur de son beau-père.

À la noce, nombre d’artistes rémois, et, en plus, le statuaire Alexis Auguste Tranchant, 33 ans, de l’École régionale ; Gabriel Vauvillé, excellent artiste sur le violon comme sur la toile, et ses beaux-frères : Félix Albert Copin, à Cernay-Chevreuse, près Rambouillet ; Émile Faupin, commis greffier, à la tignasse épaisse et frisée sur une dure et ronde caboche aux yeux bovins et à cou de taureau, – le garçon le plus pacifique du monde, un peu renfermé, comme les bonnes gens disent des caractères sombres.

Jules Auguste Wiernsberger, 34 ans, de Mulhouse, professeur de piano, rue Chabaud, 50, fils de feu J.-B. Wiernsberger-Lorentz (1890), – et Clémentine Maufroy, 22 ans, né à Yerres (Seine-et-Oise) fille du directeur de tissage rue des Moulins, usine Simon Dauphinot, en retraite rue de l’Arquebuse. Témoins : son cousin Dornbirrer, organiste à Saint-Maurice ; Frédéric Amsler, des papiers, au Château-d’Eau ; son beau-frère Ernest Bertrand, chef de caves chez Kunkelmann, rue de Bouzy, et, après-guerre, à Cannes, de même que son frère Edmond est à Antibes. Enfin, un grand-oncle Armand Devaux, rentier à Paris.

Édouard Henri Modaine, futur marchand de chaussures à Paris, Aux Pieds sensibles, rue Notre-Dame-de-Lorette, 34 ans, rue de Seine, 39, fils de feu François Xavier (1861) et de Zénaïde Mathieu, de Lille, – et Ismérie Azélie Charlier, de Machault, 33 ans.

Les Modaine, nombreuse famille, habitèrent rue du Jard, en face le calvaire. Il y eut Jules, l’aîné, trieur, qui ayant une mauvaise vue, quitta la profession pour devenir forain : à l’instar de Driguet, il eut, sur les champs de foire, un tir aux volailles, où il amassa un petit bien ; il a eu un fils devenu cuisinier sur un transatlantique.

Avec Édouard et Henri, leurs deux sœurs, belles et grandes demoiselles qui firent l’orgueil du quartier. Édouard tint longtemps à Reims le dépôt des Machines agricoles, angle Libergier-Capucins. Le cadet, Paul, était magasinier aux laines, chez Gosme. Henri vendit son fonds à Paris dès les premières incursions des gothas dans le ciel parisien, en 1918.

Étienne Bittler, de Lutzelhausen (Lorraine), 25 ans, dessinateur en tissus à l’usine Lelarge, et demeurant rue Ponsardin, 120, fils de Bittler-Oulmann (1865), et Amélie Maujean. Témoins : Charles David, 36 ans, contremaître de tissage, rue de Courcelles, 129 ; Victor Jacta, de la banque Chapuis, rue Croix-Saint-Marc, 94, – le beau Jacta aux longs cheveux noirs et bouclés à la romantique, bourreau des cœurs ; Léon Ferlin, rue des Tapissiers, 4.

Enfin, et parmi les ultimes artisans de la Vie rémoise, dont les binettes nous furent des plus sympathiques, – Adrien Godfrin, mort poussif et président d’honneur de l’Harmonie renouvelée du 3e canton, après-guerre, lequel, né à Boulogne-sur-Mer, a 23 ans, est tonnelier de son métier, auquel de copieux dommages de guerre ont permis de se construire quelque chose de urf, rue de Sillery.

Il met dans le mille en épousant une brune des plus accortes et sociables, Juliette Soumillard, 19 ans, née à Grandpré de Pierre Gabriel et Aglaé Lehault. Godfrin est fils de Godfrin-Fenaille, rue des Grands-Murs-Saint-Remi, 21 : c’est tout à fait le crafouillat de Par-en-Haut. Son beau-frère, Olivier Mohain, avait épousé la cadette de ces Soumillard, dont le père fut employé d’octroi à la porte Gerbert, en succession du gabelou Philogène Henry, de Liry. Un oncle, Eugène Husson, est lamier, rue des Cordeliers, 11. Pour lui, un de profundis bien tassé. Trop gras, trop gros, Puyjoli !

Et maintenant, quittons ces joies et ces espoirs pour parcourir, tête basse, le champ des morts. Mais, halte-là ! En voici qui réclament contre toute omission : revenons sur nos pas.

Georges Charbonneaux, 25 ans, fils de Firmin et frère d’Émile, rue Chanzy, 98, et Marguerite Lelarge, fille de Frédéric : ce qu’on appelle un grand mariage, mettant en liesse toute la grande bourgeoisie rémoise.

Le bouif et chantre à Saint-Jacques, Jules Delphin Paul Fusy, de Rethel, 24 ans, rue Buirette, 42. Il est fils de André Fusy-Verjus, et son cousin Grandmaison (Adolphe) est plombier rue des Créneaux, 32, 57 ans.

Pierre Louis Augustin Petitjean, 24 ans, place Royale, 15, fils du pain-d’épicier Alphonse (1890) et de Pauline Joséphine Narey. C’est de ce nom qu’il signe ses dessins à la plume, Me Pierre, créateur, après-guerre, du Cercle Chevigné, et les dessins qui ont illustré Ces Messieurs de la Fabrique, de Pierre Delautel. Il épouse sa cousine Marie-Louise, fille du maître verrier Arsène Théodore Petitjean-Mennesson, rue du Cloître, 2. Son frère Paul Petitjean est avocat à la Cour d’appel, à Paris, rue d’Amsterdam, 33. Les produits de cette consanguinité sont fameux, tant au féminin qu’au masculin, dans les arts du dessin et de la prose rythmée.

Paul Henri Bardoux, 29 ans, de Rilly-la-Montagne, vigneron, fils de Victor Bardoux-Dupont, – et Marie-Thérèse Ninet, 20 ans, fille de Eugène Ninet, de la Société des Déchets et de Marie Clémence Mergen. La mariée a deux frères : Eugène, qui fait des champignons en gros, 36 ans, rue du Barbâtre, 29, et Léon, 29 ans, qui sera capitaine des Pompiers, rue Gerbert, 24.

Émile Charbonneaux, frère de Georges, 28 ans, et Marguerite Henrot, 18 ans, fils du Dr Henri Henrot, maire de Reims, rue Gambetta, 73. L’oncle du marié, Devivaise, directeur de la Caisse d’Épargne ; Jules Henrot, et l’oncle Ernest Bourgeois, fabricant de cardes, rue Werlé, 12, et le cousin Isidore Charbonneaux, des tissus, rue Boulard, 17.

Paul Wattiez, 27 ans, bouchonnier, faubourg d’Épernay, fils de feu F. Wattiez-Hocry, marchand de bois chaussée du Port, chez lequel débuta, comme commis, Raymond Aubert, de Neuville-sur-Ornain (Meuse) avant de remplacer son patron, mort en 1869, – et Marguerite Lafon, 26 ans, fille de Lafon-Georgin. Témoin : Xavier Xicoira, bouchonnier, rue Gerbert, 6.

Paul Lobet, 26 ans, de Germaine, fils de Lobet-Barangé, chef de train, et J. L. Adeline Millet, 22 ans, fille du chef trieur à la maison Leget, Henri Millet, de Sommepy, débitant rue Henri-IV, 5 : elle a deux frères : Paul et Henri, dans la laine et le gaz.

Les Barrois-Mailfait sont oncles de la mariée. Témoin : un Ponéta, cordonnier, 49 ans, rue Henri-IV, 17, est père du Ponéta qui est trombone aux Pompiers, et triangle au Théâtre.

Paul Millet, blond avantageux et féru de ses avantages physiques, un peu gascon et de ceux devant la porte desquels il ne pleut jamais, avait fait son volontariat, en 1879-80, à Nancy, 26e de ligne, avec Raymond Poincaré, et quelques Rémois qui furent des nôtres. Ayant débuté dans la laine, maison Leget, il en quitta aussitôt marié, pour entrer à la Compagnie du gaz. Bon parleur, suffisant, mais bon garçon, ayant droit comme nous tous, à quelques travers, qui sont le cadre de nos… mérites ou vertus !

Son frère Henri resta trieur, après avoir fait un peu de chapellerie ; la guerre l’a déporté en Saône-et-Loire : il avait la manie du grivelage en allumettes, dans les cabarets. Emportant parfois les pots ! Innocence !!!

Georges Gaillet, 31 ans, de Sommepy, neveu du marchand de laines de ce nom, rue Rogier, 18, fils de Gaillet-Gadret, ramasseur de laines tonte français dans sa région, pour le fabricant Jules Poullot, qui est aussi de Sommepy, et Elisa Broyé, 24 ans, fille de feu Émile Broyé- Malherbe (1878), rue du Temple, 10, qui était brasseur chez son père J.-B. Broyé, maire d’Attigny.

Henri Gaillet, l’oncle, associé de Louis Ponsart, rue du Cardinal-Gousset, fut retrouvé pendu à une poutre de son magasin de laines, à la suite de revers d’affaires ayant entraîné la ruine des siens, et de prêteurs, parmi ses trieurs. Bon et brave homme, qui ne put supporter cette diminution, provoquée par la baisse continue de laines, vers 1900. Ne voulant pas vendre à perte, dans l’espoir d’une reprise trop lente à venir, il quitta volontairement ce monde. Louis Ponsart, plus patient et optimiste, résista, et put se dégager quelque peu ; il ne mourut qu’après-guerre.

L’une de ses filles avait épousé un jeune et brave fabricant rémois, Lucien Sacy, qui, acculé de la même façon après le bluff de la hausse de 1920, reperdit tous ses bénéfices précédents, et au-delà ! On le retrouva un matin mort de la même façon que son beau-père en son usine des Moulins à Fléchambault.

Le père Sacy, lui, survécut, et s’éteignit à un âge fort avancé.

Mme Henri Gaillet, qui avait subi ces désastres, survécut, rue Ponsardin, 78, jusqu’en 1932. Vieillie et chancelante, elle fréquentait quotidiennement aux offices religieux de la chapelle des Sœurs de la Réparation, qui ont leur couvent avec chapelle dans l’hôtel habité, avant-guerre, par Henri Rogelet, rue Ponsardin.

Un abbé Broyé fut chapelain au Lycée.

Témoins au mariage Gaillet-Broyé : Louis Aubertin, fabricant associé de son oncle Godbert jeune, rue Ponsardin, 25.

Pendant la guerre, Georges Gaillet habita à Paris, rue du Faubourg-Saint-Denis, 218, où il perdit sa fille cadette. Leur fils Émile, entré chez Moch, est acheteur de laines en Australie.

Georges Gaillet, aidé de ses 2 demoiselles, fonctionna pour l’État, au temps de la réquisition des laines (1916-17-18). Ayant amassé un petit bien, il a pris la retraite du sage, et le couple vit à Saint-Thierry, d’où il descend reprendre contact de temps à autre.

Émile Eugène Croy, 24 ans, de Condé-lès-Herpy, maçon au Petit-Bétheny, fils d’un berger et de Dlle Lotte, ménagère, – et Léonide Émilie Lamoitié, 22 ans, de Borgaro-Torinere, près Turin, rue Pluche, 4, fille de F. Quentin Émile Lamoitié, filateur de laine à Saint-Quentin, et de Françoise Gauvain.

Une Lamoitié, veuve, épousa le veuf Émile Albeau, entrepreneur de bâtiments, rue David, 8, dont il eut une fille Berthe, qui, veuve de guerre, épousa un divorcé Collinet, Émile Deveaux, architecte, lequel la fit veuve à nouveau en 1931, lui laissant une fortune, qu’elle utilise en voyages au long cours, faisant son tour du monde, en laissant sa maison de la rue Guillaume-de-Machault, à Reims, pour habiter à Gênes.

Nazaire Franquet (Eugène pour les dames), aujourd’hui conseiller d’arrondissement pour le 2e canton de Reims (1926), alors âgé de 25 ans, de Morangis, instituteur rue de Neufchâtel, 101, fils de Franquet-Leblanc, épicier à comptoir de zinc, même rue, 104, – et Marie Clotilde Villet, fille d’un troquet, Villet-Carlier. Leur fils est médecin à Reims, et un écrivain pamphlétaire, Mme Lefèvre, – Lucienne Ercole, divorcée Amoretti, et Corse d’origine, l’a pris à partie, au chapitre dichotomie, dans le roman qui a fait fureur en la semant dans le monde médical rémois, ces années-ci, dans les Œuvres libres, sous le titre : Les Augures en veston. A suivi, en 1935, dans la même collection, et du même auteur féminin, plein de talent : La Dame aux Violettes – alias la comtesse de Loynes, fille de Reims.

Henri Franc, d’Épernay, des Docks Rémois, 26 ans, rue Henri-IV, 11, fils de feu Franc-Bourg, peintre, – et Marguerite Aupetit, 18 ans, fils de Aupetit-Fontaine, gérant d’une succursale de ces Docks. Veuve, cette dame reprit le cabaret Godinot, à l’angle rue des Anglais, qu’elle céda à Curien, pour occuper à Cormontreuil le restaurant Lapie.

Alfred Piesvaux, 30 ans, rue des Trois-Raisinets, 1, fils du mesureur de tissus Piesvaux-Brochet, – et Virginie Anne Rémont, 25 ans, de Clermont-en-Argonne, fille de Rémont-Rogier, ferblantier, rue Jacquart, 45. Son frère le poète Georges Piesvaux, 29 ans, est commis-architecte, et un autre, Henri, jardinier fleuriste, soldat au 91e R.I.

Léon Tixier, 25 ans, de Murat (Creuse) né le 2 octobre 1865, employé à Paris, rue Roussel, 20, fils de Jean, maçon, et de Marie Planche, ménagère, – et Eugénie Vassal, 20 ans, rue Buirette, 50, fille du chapelier Désiré Vassal, rue Montoison, 18. Tixier a un beau-frère, Martial Faure, maçon, rue de Venise, 60. Témoins : Eugène Lemasson, cousin et épicier-bistrot rue Favart-d’Herbigny, 43 ; Jean Jouannetaud, 44 ans, rue de Venise, 60 ; Louis Barbier, menuisier, rue des Carmélites, 6.

Les Cabasse. Victor Alfred Legret, 26 ans, caviste, route de Louvois, 44, et Louise Cabasse, de Strasbourg, 28 ans, repasseuse, rue Gambetta, 107, fille de feu Cabasse-Laengel (1869). Témoins : les frères Paruit, tapissiers, rue de Louvois, 37 ; Louis Auguste Cabasse, 26 ans, sergent au 146e R.I. à Frouard, puis adjudant au 132e lorsqu’il épousa Pauline Boulogne, des Bains, et dont il eut un fils, locataire mauvais-payeur du n° 120, rue de Neufchâtel, devenu par la suite propriété, par don, de Arthur Gautier, de la Société Rémoise d’Épicerie. Pauline, veuve, est infirmière à la Maison de retraite. Son fils, alors mécanicien, a épousé une Valton, de Sedan ; il est, en 1936, à Verzy, cabaretier et conducteur de taxi-auto.

Jean-Paul Védie, né à Reims le 15 septembre 1835, rue du Barbâtre, 127, ex-épicier rue du Jard, avec sa première épouse, Louise Joséphine Goffard, décédée à Monchy-Saint-Éloi près Liancourt (Oise), – fils de Louis Auguste Védie-Oudart, fabricant (1873 et 1886) – se remarie, assez âgé et tout gris, avec Cécile Adélaïde Niverd, de Chaumuzy, professeur de piano, veuve de Edmond Jules Brié, violoncelliste à Reims, mort à Vouziers le 13 août 1880, et mère d’une splendide rousse, Isabelle.

Le papa Niverd est rue Gambetta, 54.

Une toute jeune sœur de Cécile, Juliette Marie-Rose, 23 ans, née à Vouziers, épouse Alfred Jonoux, 28 ans, ex-élève du Jard, où ses parents habitaient au n° 28/38, né à Givonne, le 30 août 1862, fils de Jonaux-Rousselle, contremaître de filature. Alfred est, en 1914, chef magasinier au peignage Jonathan Holden. En 1926, à Elbeuf.

Émile Henri Lasselle, 23 ans, typo, rue Chanteraine, 12, fils de Lasselle-Grigaut, allumeur à la Compagnie du gaz, rue du Pistolet, 9, et Eugénie Léonie Martin, 20 ans, dont le père est journalier. Autrement dit, bricoleur, comme Haps.

En 1914, Lasselle est chef à l’imprimerie Lüling, du Progrès de l’Est, rue Buirette, et, en 1920, à l’imprimerie de l’Indépendant rémois. Il mourra en fonctions vers 1930.

Eugène Albert Debay, 26 ans, horticulteur, rue de Courcelles, 65, et Dlle Barthélemy, de Meaux.

Peu avant-guerre, sa veuve louait des tranches de terrain pour jardinets, rue Vernouillet. Les frères Ernest et Eugène Dupont y avaient 15 mètres sur 15 mètres, à raison de 25 fr. chacun par an, pour y passer leurs loisirs en faisant pousser légumes, fleurs et fruits, car on avait 4 arbres fruitiers dont un abricotier-pêcher de toute première valeur.

On y passait les dimanches et les amis y venaient se distraire quelques heures auprès de nous.

D’aucuns, parmi nos trieurs du chantier Moch apportaient leur tribut, soit un litre de bière, soit quelque brioche.

On eut jusqu’à 700 poireaux certaine année. Des rosiers en nombre, et, en haie, des flocks, des groseilliers, des dahlias. Pas un pouce aride !

Le jardinier en chef était Ernest ; l’aide, son frère Eugène spécialisé à la pompe à eau, – ce qui n’était pas une sinécure !

1914 vit la fin de ces choses.

Pendant plusieurs jours de septembre, Ernest s’y transporta loin des arrosages de fonte, ne pouvant s’en arracher : il fallut tout de même partir, le jeu devenant dangereux.

Pendant un temps, un camarade tenace vint y façonner les souliers de luxe de sa fabrication, au son des bombardements, venant chaque semaine s’approvisionner de matière à Paris, et apporter des nouvelles de la dévastation aux Rémois qui se distrayaient au mieux de leurs soucis sur l’asphalte du boulevard du Temple, Aux Marnais. Il lui fallut à son tour déguerpir.

Tous se retrouvèrent les premiers de retour en nos ruines : Fusy reprit boutique rue Jeanne-d’Arc, ayant quitté son échoppe de la rue Courmeaux : il est rentier, poussant du ventre et du col, soufflant toujours de la basse en UT à la Musique municipale.

Ernest Dupont prit du service chez le charpentier Reinneville, rue Prieur-de-la-Marne ; il logea rue de Châtivesle, 22, dans l’appartement dévasté à demi du camarade Alfred Déquet, resté à Bois-Colombes, et le frère Eugène se mit à écrire ses Échos et Visions du Passé, en attendant de reprendre le collier souple et chaud de la laine : les revenus de 60 ans de travail étant trop courts pour assurer une vie digne d’être vécue.

Et cela continue, non sans déboires, mais aussi non sans satisfactions intellectuelles, physiques, morales, sentimentales et autres, dont il remercie la Providence, en attendant...

Gaston Demouzon, condisciple de Émile Cauly à l’École professionnelle, et plus tard son exécuteur testamentaire, né à Étrayes, près Damvillers (Meuse), le 30 mars 1861, employé à la maison Pommery, et chargé spécialement de l’accueil aux visiteurs des caves, place d’Erlon, 33, fils de J.-B. Demouzon, ex-instituteur, puis épicier marchand devins à Reims, et décédé le 8 juin 1889, – et Catherine Séverine Baldé.

Charles Bourgeois, caviste, 24 ans, et Dlle Fresson, fille de Paul Fresson-Civillier, trieur de laines, et bistrot rue de l’Équerre, angle Venise, dans une des tannières dite du père Levieux.

Il y avait deux Fresson dans la corporation des trieurs, qu’on distinguait en tant que riche ou pauvre. Le pauvre, c’était le cadet, Edmond. On disait que le comptoir du bistrot était en argent, et c’était là matière à rigolades ! Témoins : Louis Gardeur, un gros type de Dieu-Lumière, roux comme les blés en août, placier-liquoriste, 31 ans ; le chef trieur de la firme Thuillier, place Godinot : Félix Thuillier, fils d’un boulanger du faubourg du Bourg-Saint-Denis, 47 ans, célibataire, rue de l’Équerre, frère d’une superbe créature qui le désola en entrant aux Carmélites.

D’après ce chef trieur compétent, les qualités de la laine d’Australie se jugeaient au toucher, et à certaine impression tactile, variant du cotonneux au velouté. Il allait de claie en claie, coiffé de sa casquette plate et crasseuse, vêtu de sa longue blouse noire ombrée de suint, un flot de laine sous l’aisselle : Voyez ! c’est avec çà qu’on fait la « prime ». C’est cotonneux ! Touchez ! palpez ? hein ! est-çà ! Oui ! c’était çà, et des sourires se dessinaient au long des claies, au-dessus des hautes corbeilles en osier.

Arsène Ménétrier, 25 ans, des Vieux-Anglais, où il était, en 1914, chef magasinier, rue des Moissons, chargé de distribuer les balles de laines dans les différents chantiers de triage. Il habite rue de Strasbourg, en ce quartier de Cernay peuplé de trieurs et peigneurs, à proximité de l’usine J. Holden. Il était fils de Ménétrier-Frénois, rue Saint-Nicaise, 4 : de la vraie graine de crafouillats ! Sa femme est une Bouvier.

En 1914, ce garçon, au type chasseurs à pied, au physique tuberculeux, dirigeait le personnel des manœuvres chargés d’emmagasiner les laines brutes destinées, après passage dans les chauffoirs, pour décoller les toisons que la presse mécanique d’emballage, avant mise en bateau, avait collées comme sardines en boîte, dans des bâches en jute.

Le magasin était au rez-de-chaussée rue des Moissons, s’étendant jusqu’au boulevard Saint-Marceaux. Au premier, les différents ateliers de triage. Un ascenseur faisait le service, assuré par Ménétrier et ses hommes, armés d’une longue pique en bois, à crochet de fer en demi-cintre. Les hommes étaient outillés de crochets à dents ; on mettait les colis par étages, jusqu’à 6 et 7 en hauteur.

Des chauffoirs à vapeur, au rez-de-chaussée, recevaient les colis, dont l’emballage était fendu sur les angles, pour laisser pénétrer la chaleur dans et entre les toisons plaquées comme des dalles de pierre. Le chauffoir est à murs rectangulaires de briques, coupé en long par un sentier où roule la brouette d’introduction. De droite et de gauche, des cavités où roulent les chaudes effluves, sous des plaques en tôle épaisse ajourées, avec parfois une température de 70°.

Par l’ascenseur, ces balles, après séjour d’une nuit, étaient sorties au diable (petite brouette basse étroite à 2 roues), étaient livrées aux trieurs. Ces balles, arrivant d’Australie par bateau, à Dunkerque, Bordeaux, Marseille, Boulogne, avaient, au préalable, étaient dépouillées de leurs 5 cercles de tôle plate, larges de 2 à 3 centimètres, avaient ainsi pris autant d’ampleur qu’un ventre humain débarrassé d’un corset. Les laines qui avaient passé par les docks de Londres, y étaient décerclées sur place.

Ces triages de la rue des Moissons, à Reims, furent incendiés en 1914, non sans qu’auparavant, des sauveteurs improvisés en aient sorti, non sans danger, le contenu, pour être expédié dans les centres de fabrication de draps de troupe ou civils.

Charles Émile Mennesson, 45 ans, assureur du Phénix, rue Saint-Hilaire, 8, veuf de Laurence Olympe de Vertus (1888), fils de Jules Mennesson (Les Mesneux, 1874) et de Nicole Dupont, – et Berthe Henriette Lefèvre, 34 ans, de Paris, rue des Jeûneurs, et habitant avenue de Laon, 45, fille de Henri Lefèvre-Senart.

Louis Henri Le Boîteux, 32 ans, de Rilly-la-Montagne, rue du Barbâtre, 83, fils d’Aimé, courtier en vins, et Céline Victorine Tricot, 23 ans, rue des Gobelins, 19, fille de P. Joseph Tricot-Schlemmer, fabricant de produits chimiques, et sœur d’André, le trieur. Nièce de deux ajusteurs-mécaniciens : Victor et Louis-Napoléon Tricot.

Léon Marsal, de Metz, 33 ans, limonadier, Café du Commerce, quelques mois tard, faubourg Cérès, mais demeurant rue Brûlée, 16 ; et Catherine Virginie Hartz, de Metz également, 32 ans. Fils de feu Sébastien (1870) et de Thérèse Becker. Un Claude Marsal, 80 ans, est à Vouziers.

Léon Camuset, 34 ans, banquier, fils d’Isidore et de Antoinette Martine Mennesson, rue Linguet, 10, et Lucie Jeanne Maillet, 18 ans, fille de Maillet-Valser, rue Boulard 23. Le mariage a lieu le 3 février. Georges Maillet, ingénieur des ponts et chaussées, rue du Cardinal-Lemoine, à Paris, et Eugène Gallot, architecte à Châlons. Maillet-Salleron, frère, est à Sarry, depuis la guerre.

Paul Villain, 25 ans, filateur aux Venteaux, rue Jacquart, 53, fils de Louis et de Marie-Louise Petit, décédée à Sacy, ayant appartement rue Chabaud, 7, – et Clémence Octavie Camus, de Paris, couturière, rue du Jard, 18. Témoins les 2 frères Eugène et Albert Veidner, de la laine ; Paul Léon Mothé, rue de Vesle, 59 ; Louis Eugène Lhermitte, épicier, rue du Jard, 7, en retraite au n° 18, 56 ans.

Léon Rendeux, 24 ans, menuisier, rue de Contrai, 7, où furent jadis son père, Alfred Rendeux-Chevilliot, et le prédécesseur Poitaux, – et Blanche Clotilde Chédeville, fille du charcutier Chédeville-Barbelet, rue de l’Université, 47.

Sa mère, Mme Rendeux, est morte dans sa maison rue de Contrai, 8, à 82 ans, en 1924.

Il y eut divorce pour incompatibilité d’humeur, après qu’une fille de cette union eût épousé un Raillard (Lucienne). Léon se remaria, mais décéda avant-guerre.

La sœur de la mariée se maria deux jours après : on avait écarté l’idée du mariage en commun, sous prétexte que cela porte malheur !

Jeanne Félicité Chédeville épouse, à 17 ans, Désiré Brodeau, d’Inaumont, près Rethel, 25 ans, garçon charcutier à Vailly, fils de Simon Brodeau, instituteur à Gespunsart, et il reprendra la charcuterie de la rue de l’Université, Chédeville s’installant rue de Cernay. Brodeau avait la spécialité du cochon de lait à la gelée, débité par tranches comme du jambonneau. Lui aussi se vit contraint de divorcer !

Mère et filles avaient la peau blanche, piquée de taches de son.

Lucienne eut son mari, le jeune Raillard, tué en guerre, et vit avec sa mère, veuve, rue Houzeau-Muiron, 20 : elle est devenue propriétaire de la rue de Contrai, 8. Leur jeune fils est élève dentiste ou mécanicien-dentiste chez le voisin, Harlequint, spécialiste de dentiers.

Témoins : Lingat-Rendeux, Alexis Marlé, cousin des Chevillot, vigneron à Binson-Orquigny, qui hospitalisa Mme Rendeux-Chédeville en temps de guerre, lorsqu’elle dut quitter Reims bombardé, pour se réfugier, en 1918, à Chargey-lès-Gray ; Hippolyte Barbelet charpentier à Vailly ; François Nicolas Chédeville, 55 ans, conducteur des ponts et chaussées.

Paul Manteau, 27 ans, d’Asfeld, de l’usine Rogelet, rue des Consuls, 19, fils de Charles Manteau, ex-arpenteur géomètre, puis représentant de commerce à Amsterdam, et Marie Rogier, décédée à Turin en 1885. Il épouse Louise Constance Marthe Claude, 21 ans, rue du Jard, 29. Fille de Eugène Claude-Ciret, comptable. L’aïeul J. F. Rogier, ex-agent de recouvrements à Asfeld ; Louis André Souris, marchand de meubles, rue Gambetta, 47 ; Robert Bücholz, 45 ans, de la laine, d’origine autrichienne, rue du Champ-de-Mars, 158, futur associé de Albert Dazy, pour une marque de champagnes, et, auparavant, placier à la firme Hecht, de Sedan, rue de Bétheny.

Un second fils de Camuset-Mennesson, Fernand, 37 ans, rue Linguet, 10, et Camille Savoye, 20 ans, rue Libergier, 58, fils de Amédée Victor Savoye-Machet, lithographe.

Paul Pocquet 24 ans, de Pontfaverger, fils de Pocquet-Barbreux, frère de Mme Gustave de Bohan, et Marie Louise Pézard, 23 ans, de Montbré, fille de Prosper Honoré Pézard-Prévoteaux, voyageur de commerce, rue Gambetta, 42. Témoins : Gustave de Bohan, 42 ans, maire de Fresnes ; François Benoni Briois, à Tagnon, Jules Monjot, filateur à Signy-l’abbaye, Eugène Ernest Hanrat, de Pontfaverger.

J. Antoine Espérance Quenoble, 58 ans, de Cuisy-lès-Vic-sur-Aisne , industriel à Roubaix (jadis rue Cérès, à Reims), fils du meunier Quenoble-Labbé, – et Clémence Destable, 52 ans, de Sedan, place Royale à Reims et fille d’un huissier de Sedan. Témoins : Eugène Wiet, 63 ans, rue des Moulins, 25 ; Alcide Attila Poirrier, 68 ans, des Parisiens rue Clovis, habitant rue des Orphelins, 28, et cousin des Destable ; Magloire Victor Destable, ex-boulanger sous les loges, réputé pour ses darioles de la Quasimodo, 71 ans, rue Buirette, 7.

Marguerite Catherine Esther Dupuis, fille du négociant en tissus associé de Varin et Senart, mort en 1926 à 90 ans, et Paul Victor Henri Lecomte, rue Buirette, 37.

Armand Arsène Vauvillé (Gabriel), 49 ans, comptable rue de l’Arquebuse, déjà veuf deux fois, fils d’Armand Xavier Vauvillé-Definance, artiste peintre, et Marie-Thérèse Hincelin, de Braine, dont le frère Armand Julien est pharmacien à Lonjumeau.

Paul Nestor Cayaux, 26 ans, de Maubeuge, adjudant de riz-pain-sel à galon blanc, rue David, veuf de Marie Philippe, et Marie Camille Lefebvre, 19 ans, rue de Mars, fille du marbrier Lefebvre-Klein, et sœur d’Alfred à qui l’on doit le monument au Poilu de 132e R.I. aux Éparges, et celui de Reims.

Les Magis, de Warmeriville, on fourni des trieurs, mais aussi des bouchers hippophagiques. J. F. Magis, de Luxembourg-Marche, boucher faubourg Cérès, 15, fils d’Englebert Joseph Magis, – et Célinie Euphrasie Millar, 17 ans, fille du peintre et droguiste de la rue Charlier, 8. Parmi les trieurs, il eut Joseph et Théophile.

Georges Wallon, 32 ans, de Pisseleux, près Villers-Cotterêts, le commis aux laines chez Alfred Charles Brunettte, rue de la Renfermerie, 4, fils de Émile Victor, cultivateur à Cugny-lès-Crouttes (Aisne) et Jeanne Faupin, 20 ans, rue de Vesle, 27, fille de feu Faupin-Blanchin (1876). L’oncle Wallon, notaire à Paris. Le cousin de la mariée, Jules Neveux, 60 ans, boulevard de la République, Paul Faupin ; Émile Faupin, le 1er lainier chez Adolphe Prévost ; le 2e, 35 ans, commis-greffier au Tribunal civil.

Eugène Florentin Ballon, 24 ans, de Selles, vigneron à Ludes, domicilié à Époye, fils de Lambert Ballon-Paul, cultivateur, et Henriette de Truchsess, 31 ans, de Mulhouse, fille de François Guillaume, et graveur sur rouleaux, et retraité de la Compagnie de l’Est. Un beau-frère de la mariée, Bâteau, homme de lettres à Paris, rue du Commerce, 34, et son frère Camille, brigadier au 12e cuirassiers à Lunéville.

Eugène Gyss, d’Obernaï, boucher, rue de Vesle, 181, fils de Gyss-Dietrich, boucher à Obernaï, épouse Marie Blanche Foret, 22 ans, rue du Ruisselet, 1, fille de Foret-Martin, marchand de nouveautés même maison. Témoins : Auguste Cerf, chevillard à l’Abattoir, et Pommier, aubergiste à Cernay-lès-Reims.

Claude Masson, 30 ans, de Tournes, près Mâcon, qui se dit chausseur, rue de l’Université, 56 ; son échoppe prend jour sur rue des Anglais (Saint-Just). Il marie Marie Elvire Ossonce, de Villers-Franqueux, dont le boucher Jules Polonceaux est l’oncle, rue Legendre, 6.

Masson moulait la bottine de luxe, à 30 fr. la paire, et, en 1914, avait pour client, l’associé de F. Moch, Jean Dreyfus, d’Elbeuf, cousin du capitaine. Bonhomme très libre d’idées, fréquentant peu la synagogue, juste ce qu’il fallait pour ne pas faire scandale dans la tribu. Il conta qu’au temps de l’Affaire, son frère aîné, cavalier à l’École d’application à Fontainebleau, était mort au manège, de sa culbute du dos d’un cheval dangereux, qu’un officier anti-dreyfusard lui avait fait monter contre toute prudence. Le coupable vint, plus tard, s’agenouiller devant Mme Dreyfus mère, lui demandant pardon ! Jean, officier d’artillerie, mourut au front, en octobre 1914. Un saligaud, dont on ne dira pas le nom ici, appela la veuve de Jean, une Blum, vivant à Elbeuf, la Veuve joyeuse. Il eût mieux fait, ce tartuffe, de veiller à ce que son épouse se saoulât moins souvent !

Prosper Albert Bâteau, 24 ans, journaliste à Paris, fils de Bâteau ex-hôtelier à Ablon, et Caroline de Truchsess, de Mulhouse, 27 ans, fille de François Guillaume de Truchsess, rue de Mars, à Reims.

Paul Lingat, 24 ans, comptable, rue des Augustins, 10, et Marie Louise Pétré, lingère. Il est fils de Fulgence Lingat et de Joséphine Léonie lise Rendeux, sœur du menuisier Rendeux-Chevillot. Marie-Louise Pétré a 24 ans, habite chez ses parents les Pétré-Debay, rue du Barbâtre. Les Pétré, par ces Debay, sont en parenté avec les frères Renard : Célestin, qui fut contremaître de forge chez le fondeur Lesieur-Lermusiaux, avant 1870, et Renard, le célèbre ténor de l’Opéra . Les deux mariés légitiment Maurice Paul Pétré, né le 30 mai 1890. Témoins : Alfred Rendeux, 52 ans, menuisier, rue de Contrai, 7 ; Émile Petit, mécanicien, 40 ans, rue de Courlancy, 87.

Henri Louis Hamaide, 29 ans, de Fumay, licencié en droit à Rethel, plus tard avoué à Reims, et ayant pour devise : Laisser pisser le mouton ! fils de Émile Hamaide, brasseur et directeur d’ardoisière, décédé à Haybes, et Charlotte Jeanne Marie Verdelet, 20 ans, fille de P. Verdelet-Lamare, des Sœurs de Charité, rue du Grand-Saint-Pierre, 24, et d’Angéline Antonina Gabreau. Hamaide a plusieurs frères ; Just Honoré, médecin à Rocroi ; Léon Aimé, brasseur à Bazancourt, époux de Mlle Bourbon, nièce de Jules Caÿde, des Pompiers de Reims.

Émile Derungs, 26 ans, né à Châlons, le 11 mars 1865, fabricant de biscuits, rue Dieu-Lumière, 22, fils de Jules Louis, décédé le 6 décembre 1888, et de Lucie Lalire, – et Marie Félicie Lamaudière, 18 ans, de Châlons, fille de Lamaudière-Herbet, directeur du Service des Eaux, au Château-d’Eau, à Reims. Son frère Albert, 30 ans ; Arthur Péchenart, 35 ans, placier en champagnes, frère du vicaire général, et surnommé La Trogne, rue de l’Université, 56 ; Ignace Herbet, 38 ans, de la Compagnie de l’Est, à Châlons ; Antonin Triaud, 48 ans, rue de Cernay, 46.

Jean Émile Guillaume, 38 ans, né à Witry-lès-Reims, le 16 mars 1853, épicier-buvetier, rue des Moissons, 1, fils de Toussaint Guillaume, cultivateur, et de Louise Adonisse, ménagère à Witry, – et Anna Faugère, 33 ans, de Tonnerre, née le 15 octobre 1857, habitant rue Chanzy, 10, fille de Adrien André Faugère et de Marie Madeleine Lecointe.

Faugère était au service des Cusenier et le doyen des voyageurs de commerce, honoré de son portrait et de sa biographie dans le Petit-Journal. Il habita rue de Contrai, 8, et mourut à 85 ans, rue Gambetta, 24, avant-guerre. En 1885, Anna Faugère avait été demoiselle d’honneur au mariage Paul Dazy et Émélie Pothier, ayant comme cavalier Eugène Dupont encore célibataire à l’époque.

Les Guillaume tinrent boutique de mercerie, peu achalandée, rue Chanzy, 82.

Mme Dazy mère avait rêvé d’un mariage pour les garçon et demoiselle de son fils ; Anna, brave et modeste filles, belle et imposante, un peu vermillonnée au visage, teint clair sous une épaisse chevelure noire : le destin ne s’y prêta pas. On n’y peut rien.

Louis Ovide Bouvy, 56 ans, boutiquier en lingerie à Pontgivart ; Léon Regnault, 30 ans, inspecteur de police, rue du Petit-Four, 14 ; Jules Faucheux, cultivateur à Acy-Romance, cousin des Lecointe ; Auguste Galantin, tailleur, rue de Monsieur, 16, témoins irresponsables.

René Courtalon, 27 ans, de Puteaux, demeurant rue du Levant, 5, fils de Courtalon-Briquet, fabricant, et Jeanne Henriette Jacquemart, 20 ans, fille de l’ex-marchand de laines Jacquemart-Ponsin, place Godinot, 4, et altiste à la Philharmonique. Témoins : Charles Bourdonné, 58 ans, qui d’associé-fabricant à Verrière fils, passa au service de Simon Dauphinot, et chez Pommery ; Victor Marteau, 43 ans, filateur, ingénieur, lettré, violoniste, rue de Chativesle, 39 ; Ernest Brunette, fils de Narcisse, architecte, place Royale, 2.

Léon Doucet, 25 ans, sculpteur, rue des Boucheries, 2, fils de Charles Doucet-Frippier, sculpteur avec Havot à Notre-Dame, et Marie-Louise Breton, 24 ans, rue de la Renfermerie, 2.

Paul Ledoux, 25 ans, rue Saint-Bernard, 3, fils de l’épicier-buvetier Adonis Ledoux-Béchard, et Constance Évelina Princiaux, 22 ans, d’Auboncourt-Vauzelles, près Novion-Porcien, fille du musicien Princiaux-Achart, rue de Venise, 24. Témoins : Charles Poterlet, 32 ans, marchand de vins en gros, fils du père Poto, rue des Romains, 4, et Maurice Gallet, 57 ans, concierge au Pensionnat des Frères.

Dumoutier, fils de Dumoutier-Paulus, tonnelier mort en 1889, et Thérèse Éloïse Cognette, 20 ans, de Bar-le-Duc, fille du cabaretier Cognette-Ménet, rue de Vesle, 81, vieille bâtisse dont le mur méridional retenait un obus lancé par les Russes en 1814. Cet immeuble crasseux, aux murs de craie, fut abattu à la fin du siècle. Tout contre se dressait une usine de teinture d’aspect non moins vieillot et vétuste, que l’on vient d’abattre en mars 1936. Ce coin se trouve modernisé à fait.

Jérôme Naviaux, 23 ans, Belge d’origine, charbonnier rue Saint-Sixte, 17, fils de Naviaux-Belva, et Eugénie Collard, 21 ans, fille d’Alexandre Collard-Boquet, de Sommepy, trieur. Jérôme est en meublé chez cet autre Sompinat et trieur, Louis Alexandre Linotte, débitant-aubergiste, angle rue des Salines. Linotte à 62 ans.

Jérôme a fait maints métiers : on l’a vu marchand de coke à la Compagnie du gaz, roulant en voiturette chargée de sacs, criant sa marchandise, d’une voix de stentor : S’carbilles-côke ! puis vendeur de journaux, et terminant, après-guerre, par un stage en tablier bleu, comme bistrot rue Gambetta, n° 200, ou approchant.

Nicolas Deck, 25 ans, de Guebwiller, directeur de filature à Sissonne, fils des Deck-Monnet, ex-vitrier, et sa cousine à Marthe Élisa Deck, 24 ans, de Warmeriville, fille de Deck-Althoffer. Cette belle famille aligne : Émile Théodore Laignier-Deck, 35 ans, rue Gambetta, 54, réfugié à Elbeuf en 1914, et de retour à Reims en 1920, à la recherche d’un emploi, après avoir servi un temps, à salaire de famine, chez Paul Pinon, marchand de houille. Il renoncera par la suite à revivre dans son pays natal.

Les demoiselles Deck furent aux noces de Émile Petit, cousin des Dupont-Aumont, en 1885 ; l’une d’elles, devenue Mme Litty, y fut demoiselle d’honneur avec Eugène Dupont. Un frère, André, a 29 ans, et un oncle Deck mercier, rue de Vesle, 71.

Aux témoins, on distingue la silhouette d’un aimable farceur, Léon Hécart-Lhoste, fils du peintre artiste, fabricant rue des Cordeliers, 12, en association avec de Vertus, après avoir été vendeur aux tissus chez les frères Givelet, rue de la Peirière, puis chez Edmond Givelet place Belle-Tour, où le personnel de bureau comporta, un temps court, vers 1874 : Raphaël Mouton-Hubert, comptable ; Louis Tourneur, attrape-science, et le petit Eugène Dupont.

1892

Louis Gabriel Chemin, boulanger, rue Gambetta, 152, et Mathilde Jacqueminot, à Ville-en-Selve.

Edgar Rolin (Adonis Victor), employé au peignage Jonathan Holden, chez son père, rue Rogier, 14, et Marie Zéna Pérard, à Cernay-lès-Reims. Rolin succéda, pour la direction des chargements et magasinage à Abel Esteulle, pour devenir directeur commercial jusqu’en 1927. Remplacé au pied-levé par Flandre-Limasset, neveu d’Albert Poullot, l’un des principaux administrateurs.

Albert Poullot, industriel, boulevard Gerbert, 20, et Marguerite Hortense Fanny Rousseau, à Laon.

Eugène Gellier, – un peu lourd d’allures, teint blême comme d’un malade du foie, cheveux d’une pâle couleur, usée, semblerait-il, employé aux tissus, rue des Capucins, 79, et Thérèse Michel, rue de Vesle, 49. Ex-élève des Frères du Jard.

Émile César Lescuyer, instituteur à Pontgivart, et Aimée Sépierre, rue Clovis, 20.

En 1914, à Saint-Thierry, sous Gabreau, maire, dont il était secrétaire. De graves démêlés naquirent entre eux, à la suite d’accusations de malversations, dont il fut lavé par ses pairs. Tel relieur rémois avait été surpris d’apprendre par le maire qu’il était porté comme créancier pour une reliure de registres, dont il n'avait jamais eu connaissance. Ces bruits, colportés, causaient un tort réel à ce fonctionnaire. Gabreau fut mis en demeure de rectifier, – ce qu’il fit, en arguant du devoir d’un magistrat municipal, qui veut éclairer sa lanterne. Et tout s’assoupit. Lescuyer fait partie de la Loge : La Sincérité. Depuis 1931, il est conseiller municipal de Reims, – beaucoup se sont demandé à quel titre, et sans chercher à comprendre.

Auguste Remi Charles Véron, neveu de Arthur Dagot et futur directeur de la filature des Longuaux, rue du Jard, 63, et Jeanne Marthe Faÿ, rue de Contrai, 34.

À Paris, rue Dulong, 19, J.-B. Thibeaut, tôlier, épouse Pauline Thibaut, fille des Thibaut-Lanser, rue Chanzy, 58, à Reims. Elle est sœur de Marie, épouse Désiré Dupont, et, en 1914, habitait rue Jouffroy, à Paris.

Louis Tellier, directeur d’agence lyrique et dramatique à la Chaux-de-Fonds (Suisse) et Laure Olga Ducommun, tailleuse, même endroit. En 1882, Tellier était gérant de la Revue rémoise. Grand dadais à la face violacée, légère moustache châtain-cendré. On le retrouvera fonctionner au Tonkin. Pierre roulante...

Émile Ledru, 25 ans, trieur, rue de Cormicy, 5, fils de Ledru-Houppé, rue Lesage, 18, et Eugénie Élise Labiausse, 22 ans, rentrayeuse, rue Favart-d’Herbigny, 11.

Remontons à 1885 pour donner un souvenir à cette Louise de la rue Simon, proche le café de la Grosse-Écritoire, où, en petite ouvrière de fabrique, orpheline désorientée, qui, pour égayer ses soirées, reçoit en son giron d’aimables éphèbes pleins d’ardeur. Une nuit, vers les deux heures du matin, alors que Morphée a congédié Vénus, repose côte à côte avec l’un de ses chéris occasionnels, un coup discret est frappé à la porte du meublé qu’elle habite : c’est Émile qui frappe à l’huis alors que son ami Pierrot se remet de ses exploits contre les flancs de la belle. Il fait un joli clair de lune ; mais, trop tard à la soupe, petit ! tu repasseras un autre soir. Ah ! jeunesse, que de surprises te réserve la chasse aux belles amours de printemps !

Arthur Stanislas Marchand, 39 ans, entrepreneur de maçonnerie, rue de Beine, 14, et Clémentine Hornung, 43 ans, rue Jacquart. Ce Marchand avait été élève aux Frères du Jard avec Edmond Dupont et Édouard Masson, à la 2e classe. Habita rue de Contrai.

Joseph Maurice Boscher, 30 ans, de Saint-Mayeux, près Loudéac, marchand de fromages, rue du Faubourg-Cérès, 108, et Laure Eugénie Desormeaux, 26 ans, de Cambrai, épicière, rue Coquebert, 75 , veuve de Baldomero Estradey Carreros, décédé à Cassade La Serva, près Girone (Espagne), fille de Edmond Carron, rue Villeminot-Huart, 2. Témoins : Jean-Baptiste Thibaut, 30 ans, marchand de fromage, Faubourg-Cérès,101, et Alphonse Guillaume, 47 ans, charcutier, rue du Jard, 71.

Avant et après-guerre étaient marchands de fromages, marolles et autres, rue Legendre, associés à Le Foll. Avec leurs dommages, l’architecte Adolphe Prost leur construisit une superbe maison à caves superposées, modèle du genre pour ce commerce, proche le Boulingrin et les nouvelles halles.

Paul Amédée Casalis, sous-inspecteur des Forêts à Valenciennes, et J. L. Georgette Meurisse, chez son frère, courtier en laines, boulevard de la République, 35.

André Cocâtre, fils et co-directeur de Eugène, aux Capucins, et Marie Louise Victorine Moreau, rue Chabaud, 33. Avant-guerre, Cocâtre étaient installé sur la Côte bretonne dite d’Argent, pour la fabrication des engins de pêche. Roux comme papa, visage pâle, et, comme papa, cassant, autoritaire, peu sociable avec les ouvriers, et convaincu de sa haute valeur, réelle, mais un peu moins élevée !

Marie Élisée Eppe, papetier, rue de Vesle, 60, et Laurence Rousseau, à Percey (Yonne). Son aîné Jules était rue de Talleyrand, 8, et, avant 1914 à Tours. Leur sœur tenait une succursale rue de l’Université, en 1914.

Le brasseur Frédéric Veith, en pleine maturité et veuf, se replonge dans l’esclavage conjugal en se doublant d’une vigoureuse gaillarde alsacienne, la futée Marie-Thérèse Martz, qui conduira la barque avec une maîtrise remarquable, et, veuve, sut défendre ses intérêts devant la Cantonale, en 1922.

Eugène Compagne, frère utérin de J. Delemme, ex-sous-chef de musique militaire, et Elise Bile-Reddat, de Nîmes. Il avait suivi les classes chez les Frères du Jard, avec son frère Delemme. Leur père, Compagne, était boulanger rue Dieu-Lumière, angle rue Anot, où il fut remplacé par Pierlot. On fabriquait là des darioles à 0.15 c. qui rivalisaient de haut avec celles de Colmart.

À la musique des Frères, Eugène Compagne jouait de l’alto en cuivre, et Delemme du piston. Avant-guerre, étant retraité de l’armée, il conduisait l’orchestre de danse des Folies-Bergère, rue Gambetta, sous le cabaretier Legras.

Antoine de Bouët du Portal, rédacteur aux PTT à Paris, et Henriette Louise Eugénie Petitjean, des biscuits, rue du Cloître, 2. Témoins : l’avocat Lasserre, 41 ans, avocat à la Cour d’appel, cité Pigalle, 8, cousin du marié, et le frère de la mariée, André Jules, 23 ans, sous-lieutenant d’artillerie à Fontainebleau, et son cousin Pierre, 26 ans, place Royale, 15.

Gaspard Borgniet, typo, place d’Erlon, 9, et Léonie Hor, couturière, cour Sainte-Claire, à Clairmarais.

Édouard Goudstikker, rue Taitbout à Paris, et Mathilde Lévy, rue des Tapissiers, 15. Ils tiendront une luxueuse boutique d’orfèvrerie et bijouterie de Talleyrand, angle rue de Vesle, là où fut le tailleur Neymarck.

Auguste André Taponier, 23 ans, de Beaumont, près Saint-Julien (Haute-Savoie), au hameau de Châble, artiste photographe, rue des Élus, 14 , et Emma Julie Trompette, d’Alençon, 21 ans, fille du flûtiste Joseph Trompette-Chaubert, rue de Talleyrand, 18. Ils étaient à Cannes en 1920. Il meurt à Paris en 1931 (janvier) écrasé par une automobile.

Trompette était mort en 1891 en sortant de son atelier, après déjeuner. Véritable artiste, reproducteur des statues de Notre-Dame.

Paul Houzeau, pastoraliste à Puntas Arenas (Patagonie) et Gabrielle Verlon, à Vitry-le-François.

Paul Gustave Bouchette, 23 ans, rue David, 31 bis, fils de Bouchette-Plonquet, marchand de meubles, – et Marie Émilie Lucie Lallement, 19 ans, fille de Lallement-Conart, dégraisseur d’étoffes. Son frère Gustave Bouchette est tapissier rue Bertin, 2.

Alphonse Dominique Simon, de Metz, 30 ans, réparateur de malles, rue Buirette, 4, et dont la mère, une Masson, décéda à Metz en 1870, – et Céline Anne Coutier, 26 ans, repasseuse, rue de Vesle, 75, fille de Coutier-Lobjeois, peintre. Simon habite après-guerre, rue Libergier, 61, immeuble appartenant à Gustave Goërg, et habité, au 1er étage, par Achille Mignot et sa sœur Julie, décédés depuis.

Eugène Jacquinet, apprêteur, 27 ans, rue de Trianon, fils de Jacquinet-Vuarnesson, ex-apprêteur rue des Moulins, – et Marthe Adam, de Buzancy, rue des Moulins, 86, fille de Adam-Labbé. Émile Clément Jacquinet, 44 ans, est apprêteur, boulevard de la République, 65. Témoins : François Anselme Concé, 62 ans, associé apprêteur rue des Moulins, 75, et Julien Dubois, maître maçon, rue des Moulins, 82. Le couple divorce en 1904.

Eugène Henri Galis, 32 ans, de Sainte-Ménéhould, notaire à Jonchery-sur-Vesle, fils de Galis-Brémont, percepteur, et Marie Anne Marguerite Jallade, 20 ans, rue Noël, 10, fille de feu Jallade-Bailly. Témoins : l’oncle Émile Galis, ex-greffier à Épernay ; le frère Georges Camille, 21 ans, étudiant à Paris. Paul Hubert Bailly, bijoutier, rue Colbert, et Léon Détré, 38 ans, teinturier, rue de Vesle, 127.

Remi Camille Henri Martin, 25 ans, ingénieur des ponts et chaussées, rue Ponsardin, 68, fils de Martin-Croutelle, directeur de filature, – et Marguerite L. Augustine Gosset, 23 ans, rue des Templiers, 9, fille de Gosset-Francart. L’aïeul Félix Croutelle, 87 ans ; l’oncle Jules Martin, 59 ans, esplanade Cérès ; l’oncle François Aubert, et cet autre, Paul Osouf, rue des Capucins, 147.

Raoul Alvin, 26 ans, rue des Orphelins, 34, fils de feu Gaspard, et Marie Jeanne Bonnet, née à Paris, rue de l’Étape, 32 ans, – l’oncle Aristide Alvin, trieur, 55 ans, rue Saint-Remi, 2.

Paul Misset, de Sorbon, 34 ans, cultivateur à la ferme de Vigne, à Chappes, près Chaumont-Porcien, fils de Misset-Dété, à Tagnon, et Marie Louise Alexandrine Hécart, 33 ans, fille de l’artiste peintre Clovis Hécart-Gaillot, décédé en 1882, rue de l’Esplanade, 18. Son frère, Léon, 51 ans, vendeur de tissus chez Edmond Givelet Frères, rue de la Peirière, 5, et place Belle-Tour, associé à De Vertus, rue des Cordeliers, 12, en remplacement de l’oncle de sa femme, Lhoste-Hannesse, dit le père Bon Dieu.

Louis Henri Fourny, 27 ans, de Nancy, voyageur de commerce, rue de Bétheny, 4, et Zélie Victoire Vanny, 20 ans, fille de Napoléon Vanny-Souliac, restaurateur, même maison.

Auguste Charles Véron, 28 ans, fils de Véron-Grimpret, aux Longuaux, et Jeanne Marie Payen, 18 ans, de Sedan, fille de Payen-Baury, rue de Contrai, 34.

Gaston Hédin, 36 ans, de Verzy, neveu du père Hédin, au nez en tubercule qui a des repousses, et Marie Alexandrine Barancourt, d’Ambonnay, modiste, rue de l’Université, 80, fille de Barancourt-Varlot, mort à Bois-Colombes en 1870. Hédin, marchand de laines, rue des Murs, était veuf de Eugénie Boulangé, dont il a un fils, Robert.

Joseph Blaise Rinn, 25 ans, de Innenheim, près Sélestat, garçon boulanger place d’Erlon, 22, et Caroline Wagner, 28 ans, de Stunwiller, près Mulhouse, lingère, impasse Saint-Pierre, 5. Rinn était, en 1914, boulanger, rue Chanzy, 104, et il y eut un mitron tué à son pétrin, le 14 septembre.

Raoul Varin, 26 ans, graveur, de Crouttes (Aisne), fille de Eugène Varin-Tardy, et J. Eugénie Bergeronneau, 24 ans, rue Clovis, 13.

Le 19 octobre 1858 était venu au monde, rue du Jard, 27, Amédée Pothé ; il avait épousé, pour en divorcer en 1892, Eugénie Bischoff, 25 ans, lingère, rue Victor-Rogelet.

Cette nombreuse famille des Pothé subit nombre d’aventures déplorables. Braves gens que les circonstances menèrent à sortir du droit chemin, à commencer par le père, qui, acculé à des besoins d’argent pour satisfaire à l’entretien d’une belle-mère, de femme et enfants, commit quelques indélicatesses de comptable des deniers de son patron, le marchand de laines Ernest Gadiot.

Plus tard, Charles Pothé, cadet des fils et relieur d’art, finit, par faiblesse de caractère, dans l’étang de Trigny.

Deux filles, d’autre part, furent bien mariées ; l’une d’elle avait son mari employé et concierge chez Blondel, successeur de Colin, marchand de bois, chaussée du Port.

Amédée eût pu avoir une jolie carrière ; il était joli garçon, gai de caractère, sympathique, et assez instruit, sortant des Frères du Jard.

Au Cercle des Arts, fondé à la Taverne alsacienne, rue de Talleyrand, proche le vieux théâtre, par Fossier l’architecte et des collègues des Régates rémoises, il y joua fort bien le vaudeville et débita gentiment la chansonnette.

Cette taverne connut de beaux soirs, dès 1884, tenue par Veuve Ehrard, sous l’enseigne : Taverne d’Alsace. De petits employés et ouvriers y venaient, surtout le dimanche, tailler des banques à 0.10 de mise, pour payer les bocks à 0.10 c. parfois en nombre imposant, par entraînement de joueurs qui, angoissés de leurs pertes, et voyant la pile de soucoupes monter au plafond, poussaient la mise jusqu’au moment où la chance, par un quitte ou double les remettait à flot.

Nous y vîmes l’ami Albert Dubois, suant de tous ses pores, jouer d’un coup de cartes, le contenu de son maigre porte-monnaie, garantie de ses 40 soucoupes. Il y gagna !

On vit là un Numa Aubert, les Albert Théis, Nancy, dont le père était gros fonctionnaires à la Compagnie de l’Est ; Léon Divoir, Louis Aubry, trieur, etc.

Nancy était le riche de l’équipe, et risquait des enjeux de 10 fr. sans sourciller. Tel autre se risquait en tremblant, car, le prêt de sa semaine ne dépassait pas encore les 5 francs ! et il avait une bonne amie à régaler le dimanche soir, au Bal-Français ou à Cormontreuil, d’un sirop d’orgeat, et, rarement, d’un amphithéâtre chez Blandin ! Ah ! nos jeunesses d’aujourd’hui ne se contenteraient point de ce brouet !

Notre Amédée, lui aussi fit connaissance des chats-fourrés et disparut de son pays natal. Oncques ne le revit-on : on sut seulement qu’il mourut jeune encore.

Émile Édouard Dowling, de Londres, comté de Bow et Bromley, dans le Middlesex, 35 ans, rue du Barbâtre, 116, employé traducteur chez Pommery, et Augustine Adeline Guiette, 32 ans, rue des Deux-Anges.

Eut longtemps une fort jolie maîtresse, ouvrière de fabrique, qu’il logeait en garni chez Détrée, horloger, rue Chanzy. Et c’est elle que, finalement et bravement, il épousa, en loyal Britannique. Témoins : Leslie Horace Dowling, 25 ans, tonnelier, rue du Barbâtre, 46, et Urbain Nourry, 39 ans, chef de caves ; Victor Lambert, 66 ans, et Louis Duhoux, place de l’Hôtel-Dieu, comique-amateur aux Variétés.

Cet excellent Goddem, à la face colorée et fleurie, bedonnant, avec une de ces barbes de jardinier aux allées élargies, yeux ronds et rêvasseurs suivant les fummelles de sa pipe de bruyère des Vosges où le cigare, au Café Courtois, flegmatique et peu causeur, aimant évidemment le rosbif et le pale-ale.

Joseph Rémond, 31 ans, de Bussy-le-Grand (Côte-d’Or), où son père était ramasseur de laines du Châtillonnais, mort en 1873.

Venu jeune à Reims, on le trouve placier chez Ponsart & Gaillet, rue du Cardinal-de-Lorraine, qu’il quitte pour s’essayer à gravir quelques échelons dans la partie. Il y réussira, grâce à une énergie farouche, et une compétence reconnue, avec l’aide d’un compatriote bourguignon, fabricant, qui fut maire de Reims, Maurice Noirot.

En 1891, il fut au service des Docks des Laines, aux Magasins-Généraux, comme expert, en remplacement du trieur qui avait étrenné ces fonctions.

Ce prédécesseur avait été désigné aux courtiers-vendeurs par Henry Picard, des laines, chez qui il avait été chef-trieur, de 1884 à 1886-87. On vint le chercher au triage des Vieux-Anglais, où il travaillait au chantier Adolphe Prévost. Salaire : 300 fr. par mois d’engagement. On lui donna, à cet expert, comme directeur, une espèce de ligorgneau du nom de Le R., ingénieur sans emploi, qu’une sucrerie ardennaise avait dû licencier, en raison d’une gestion défectueuse.

Le principal acte de cette direction fut l’emplette d’une balance grand format automatique et à cadran, due à l’imagination de son occupant. Ce directeur avait des opinions cléricales prononcées, et un caractère propagandiste accentué. Or, un jour, il mit ses méthodes en pratique en glissant sournoisement dans les pupitres du personnel une pétition tendant à réclamer le rétablissement des processions : il n'avait pas osé opérer de vive voix. Son succès fut nul, et il n’eut plus qu’à suivre le chemin du retour en arrière, en reprenant en cachette les pétitions non signées là même où il les avait glissées ! Joseph Rémond avait fait son volontariat en 1878. Célibataire, il prenait pension chez la Mère Gélu, rue Nanteuil, aux côtés de Maurice Noirot, encore garçon. Il épouse la sœur de Pierre Delautel, de la Chambre de commerce, Angélique Philiberte, 24 ans, née à Paris de Gustave Antoine Edme, négociant en tissus rue du Levant, 10, et de Dlle Clément, décédée en 1871. Son oncle Garnier est marchand de tissus à Vitteaux (Côte-d’Or). Témoins : Jean Pierre Hubert, fabricant de molleton rue Saint-Symphorien, 4 ; Charles Laval, 45 ans, teinturier rue du Couchant, 19, et Victor Diancourt.

Georges Gledhill, 21 ans, de Westbrook (Yorkshire), rue Houzeau, 24, fils de Thomas Gledhill-Bentley, et Marie Anna Foster, 35 ans, de Mabgate, à Leeds, fille de Foster Édouard, décédé à Croix (Nord) en 1871, et de Dlle Thackeray (1869). L’oncle John Bentley, 31 ans, rue de Berru, 19, et le cousin Tom Whitaker, 23 ans, rue des Moissons, 33 ; John Whitaker, oncle de la mariée et Salomon Rayner Smith, 30 ans, cousin, boulevard Saint Marceaux, 86. Tout ce monde est au service du peignage Isaac Holden. Rayner Smith, qui avait ajouté le nom de sa mère à Smith, était resté d’origine anglaise, étant né à Croix, ayant fréquenté les classes de l’instituteur Thomas, rue Ponsardin : il est visiteur de bobines de peigné et réputé pour son intransigeante impartialité et honnêteté. Il aida son ami le traducteur de : À Thousand Miles up the Nile, de Miss Blandford Edwards, et des Anticipations de H. G. Wells (Disons Michel, et non Thomas). Smith-Rayner, marié, eut trois fils et une fille, et tous furent éprouvés par la guerre. Ses fils, Français, furent : Edwin, fauché d’une jambe ; Marcel, sous-officier aux 106e R.I., tué en 1914 à Rambercourt-aux-Pots ; Harry, blessé à Tahure en 1915 (septembre,) mourut de cette blessure. Sa fille Mabel a épousé après-guerre, un Américain, et, mère de famille, elle habite, en 1935, avenue des Champs-Élysées, près la station Maillot. Lui, veuf, rue Oberkampf, 20, après avoir été interprète au tourisme Cook. Tous leurs biens furent incendiés.

Jules Eugène Maurice Cosserat , 30 ans, d’Amiens, épouse Marie Thérèse Benoist, 21 ans, rue Saint-Symphorien, 18, fille des Benoist-Fréminet, du Mont-Dieu. Ses frères Albert et Paul ont respectivement 39 et 38 ans. Paul est mort à 53 ans ; Albert en 1932. Le dernier, Georges, est mort à Paris, ingénieur, il y a quelques années.

Élie Jean Marie de Pindray, de Granville (Manche), 29 ans, au château de Malvillars, à Bois (Charente-Inférieure) et Marie Ernestine Yvonne Fortel, 20 ans, rue Noël, 7, fille de Fortel-Mahieu. Témoins : l’aïeul Fortel ; Dr Thomas ; Louis Bertrand comte de Reboul, 31 ans, lieutenant au 14e Chasseurs à cheval ; René Ch. vicomte de Carfort, lieutenant de vaisseau à Vienne (Isère) beaux-frères de la mariée.

Jules Gabriel Lefèvre, 23 ans, né à Charleville, fils de Clément Lefèvre-Laumonnier, rue des Trois-Fontaines, 24, et Marie Angélique Clotilde Dubois, 24 ans, à Saint-Brice, couturière, fille de Dubois-Pinot. Témoins J. B. Allard, 47 ans, trieur de laines, rue de Berru, 25, et Aristide Camille Billet, rue Croutelle, 44.

Désiré Génaux, de Quiquengronne-Wimy, près Hirson, 29 ans, caviste, avenue de Laon, 189, fils de Génaux-Mofflard, décédé à Fourmies en 1874, et Marie Augustine Sophie Allart, 23 ans, rue d’Anjou, 14, fille de Michel Allart-Gosset. La mère, une courtaude fort brune et maîtresse femme, s’opposait à ce mariage. Son père, Michel Allart, ex-porte-mitre de l’archevêque Landriot, puis valet de chambre chez Henri Goulet, fut magasinier chez H. Picard-Goulet fils, laines. Le fils, Émile, au service des Picard et de Bécret, habite à Paris, depuis la guerre ; il avait été mobilisé à Fougèrs en 1914.

Les Génaux ont une fille, Hélène, employée à Paris aux magasins : À la place Clichy. Ne revinrent pas à Reims. Témoins : Ch. Plattner, 39 ans, Suisse, des champagnes Saint-Marceaux, avenue de Sillery, et Louis Ch. Thomas dit de Revoge, avenue de Laon, 44.

Jules Arthur Pollion, 23 ans, trieur, de Ribemont, fils de César Pollion-Gauthier, rue de Nogent, 15, et Félicie Adonia Deleforge, de Loos-Haubourdin, rue Flodoard, 5, rentrayeuse, 24 ans, fille d’un serrurier. Se sont fixés à Elbeuf. Trieur hors ligne, tête chaude, ex-sous-officier au Chasseurs d’Afrique, cassé à plusieurs reprises. Ménage souvent sur le pont, mais par boutades et époux attachés. C’est un esprit infernal, se plaisant à l’arbitraire des choses, mais cœur généreux. Il lui sera beaucoup pardonné ! Aime Reims, où il revient souvent. Son oncle Abel Pollion, chef trieur d’occasion. Guillaume Schnetzler, Alsacien se croyant autorisé à juger des choses et des gens de Reims, disait un jour : Je ne connais que deux trieurs absolument hors pair, sous tous rapports : Abel Pollion et... vous ! Le vous, c’était Bibi. Très flatté !

Divorce Adolphe Warnier, 41 ans, et Alice Guéry, 31 ans, celle-ci demeurant à Genève, rue de la Tour-Maîtresse. Ils ont une fille, Camille, confiée au père et élève au Lycée de Jeunes Filles, à Reims.

Autre divorce, d’un crafouillat : Edmond Détraigne et Victorine Lefèvre. Edmond avait des vices à la J.J. et, à l’école du Jard, s’en satisfaisait sur de tout jeunes gamins ; maigre, les yeux brûlants, pâle, les muscles frémissants. Il eut une vilaine mort et finit, comme disent les gens d’atelier, en poisson, c’est-à-dire dans le canal. Pauvre diable !

Ernest Aimé Bigelot, 24 ans, pâtissier place d’Erlon, 4, fils de Victor Bigelot-Hayon, et Zélie Eugénie Vignon, ourdisseuse, rue Gambetta, 60. Témoins : le ténor Sagnier, 50 ans, rue Aubert, 10 ; à ce moment, son frère Victor, époux de Eugénie Codan, de Saint-Germainmont, couturière, divorce. Sa sœur, la petite brune Bigelot, nièce de Soulet, du 9.90, est la femme de Auguste Jamard, coiffeur rue Chanzy, 94, dans un vieil immeuble appartenant à Léonie Loth, Veuve Dupont, ex-charcutière dans le Jard.

Paul Amsler, de Strasbourg, fils d’Amsler-Yundt, fabricant de papier au Château-d’Eau, et Marguerite Diémer, de Guebwiller, fille de Diémer-Heimann.

Lucien Arthur Gaignière, typo, rue de Contrai, 16, et Joséphine Brignon, 23 ans, de Lutzenhausen. Témoin, l’albinos Louis Herbin, 34 ans, rue du Barbâtre, 63.

Amand Pilard, de Dom-le-Ménil, tonnelier rue des Capucins, 3, et Marie Joséphine Sidonie Petit, 29 ans, de Gros-Faÿs, près Dinant, cuisinière à Bruxelles, Veuve Goffin. On les retrouve, en 1919, même rue des Capucins, travaillant d’arrache-pied.

Octave Léon Fontaine, 37 ans, de Péronne, courtier en laines rue de Bétheny, 4, et laure Zénobie Nivoix, de Semide (Ardennes), 29 ans. Acheteur de laines à Londres, aux ventes de Coleman street, verbeux et fort allant, roux, faiseur, fils d’un lainier de Paris, Bruno Oscar.

Eugène Redont, 32 ans, cultivateur à Champigny, près Reims, fils Louis Redont, lessiveur, et de Dlle Malézet, buandière, – et Marie Augustine Céleste Colin, à Jandun, près Signy-l’Abbaye. Frère de Édouard Redont le célèbre paysagiste.

Enfin, et pour la bonne bouche et en récompense des mérites du dactylo de ces lignes, le nom de sa cousine germaine ; – une sœur pour lui ! – Maria Dupont (Joséphine Catherine), charcutière rue du Jard, 24, angle rue Brûlée, née le 28 mai 1860 de Eugène Dupont et Léonie Lothe, veuve de Ernest Foisy (18 novembre 1890), épouse Armand Guiot, 27 ans, son garçon charcutier et ex-secrétaire du Syndicat des garçons charcutiers de Paris, né à Bazoches-les-Hautes, près Orgères (Eure-et-Loir) le 27 juillet 1865, demeurant place d’Erlon, 65, fils de Arsène Guiot et de Séraphine Euphrasie Julie Vanneau, ménagère, le père jardinier, rue de la Tuilerie à Montfermeil, chez les Canivet. Témoins : Eugène Dupont, 34 ans, rue d’Anjou, 14, et Ernest

Ledru, 38 ans, charcutier à la Haubette, en remplacement de Rochet. Après des avatars, les époux, s’étant laissé séduire par les avantages supposés d’une charcuterie rue Geoffroy-Saint-Hilaire, à Paris, finissent par échouer sur l’héritage de Montfermeil, où Maria mourra en 1927, et y sera inhumée pour l’éternité, perdue pour le sol des ancêtres !

Mélancoliquement, quittons ces pâles et peu réconfortants souvenirs, et franchissons le cap de 92/93.

1893

Thomas Eugène Cocâtre, 57 ans, directeur de filature aux Capucins, veuf d’une Tavernier (1888), fils de Nicolas Antoine (1843) et de Françoise Victorine Lajoye (1863) – et Marie Louise Desons, 43 ans, de Rocquigny (Aisne), rue Chabaud, 33, veuve de Casimir Victor Moreau (1890) et fille de Desons-Piéton. Côté paternel, l’aïeul Pierre Cocâtre-Legros, et maternel, Lajoye-Delarzille. Deux fils : Eugène Georges, 29 ans, fabricant de produits pharmaceutiques à Paris, et André, 26 ans, son sous-directeur. Avant-guerre, André sera en Bretagne fabricant de filets de pêche. Camille Desons est notaire à Grandpré, et Léon Barellier, laines, à Fourmies.

Quand, au sortir de l’école du Jard, septembre 1873, les Frères placèrent Eugène Dupont chez Edmond Givelet, à 50 fr. par mois, Eugène Cocâtre était directeur de l’usine de tissage à Rethel dite Cayenne, en raison du régime qu’on y imposait aux ouvriers. Rébarbatif, haineux, sournois, redouté pour sa sévérité, Cocâtre était de haute taille, à collier de barbe blanche, yeux verts et inquisiteurs, véritable garde-chiourme. Aux Capucins, sa silhouette de chien de quartier était antipathique ; il était blanc de peau et roux de poil. Tous bons ou tous méchants !

Diter fils, épouse Mlle Cécile Rancy, 20 ans, de Denain, écuyère au cirque Diter, à Reims, fille de Émile, chef d’orchestre. Gabriel Diter a 26 ans ; il est d’Ypres, et clown chez son père, Jules Diter, de Louvain, décédé en 1869, mais dont sa sa femme, écuyère, Thérèse Virginie Pérès, avait continué l’exploitation. Témoins : Noël Paul Hans, marchand de grains, rue Jeanne-d’Arc, 8, et Félix Varlet, couvreur, rue des Poissonniers, 21. Alphonse Rancy, 23 ans, écuyer, à Denain, et Constant Redenbach, 31 ans, directeur de ménagerie à Poitiers.

Georges Yung, 27 ans, de Truchtersheim, près Strasbourg, bistrot faubourg Cérès, 186, et Constance Bisch, à Luterbourg. Témoins : Valentin Auguste Mittelhauser, 50 ans, commissaire de surveillance en gare de Reims ; Louis Camax, cabaretier rue Libergier, 10 ; Aloïse Wackenheim, professeur d’allemand à Charleville ; Léon Kessler, tonnelier faubourg Cérès, 189.

Louis Arthur Rêve, 23 ans, laitier faubourg Cérès, 89, né à Bazancourt de N. J. Rêve-Lancelot, laitier, – et Henriette Cottrez, 24 ans, tisseuse au Cateau.

P. Léon Girardot, 30 ans, quincaillier place des Marchés, 17, fils de Virgile Sébastien Girardot-Dervin et Marie Léontine Bourdonné, 20 ans, fille de Bourdonné-Lapie, rue Chanzy, 14. Alexandre Sichard, 65 ans, tissus, rue Cérès, 19 ; Pierre Désiré Lelièvre, 64 ans, ex-notaire, rue Hincmar, 10 ; Albert Dominique Halbardier, 36 ans, laveur de laines à Courlancy ; Dominique Henri Vasnier, 60 ans, des champagnes Pommery, boulevard Lundy, 72.

Eugène Cautel, 24 ans, de Cernay-en-Dormois, boulanger rue Saint-Bernard, 2, fils du menuisier Cautel-Mercier, et Léa Théodorine Marsaille, de Damery, 23 ans, fille de Marsaille-Dubois.

Adrien Vuibert, 23 ans, équarrisseur, rue de Vesle, 131, fils de Nicaise Prosper Vuibert-Tellier, à la Carcannerie, et Amélie Venandier.

Louise Adolphine Dupont, 20 ans, de Sains-du-Nord, fille de Aristide Dupont-Wattiaux, rue de Bétheny, 34, grand et fort, représentant de la maison de déchets Sandrart, épouse Édouard Podvin, 23 ans, de Trélon. Témoins : le trieur Camille Dupont, bègue et borgne, 43 ans, faubourg Cérès, 39 ; Alexis Morlet, de Hauviné (Ardennes), chef trieur chez Adolphe Prévost, 56 ans, rue Saint-Pierre-les-Dames.

Ce grand et fort homme, poussif, trogne colorée, ex-garçon de magasin, avait conscience de l’importance que lui donnait une telle situation, et le faisait sentir à ses sujets. Autocrate dans sa petite sphère, quelque peu dégrossi, se frottant à tous ceux qui faisaient de la musique et avaient des rapports avec les artistes, amateur de théâtre, il était chargé des achats de laine en ferme, dans un rayon compris entre Rethel et Vouziers. Ce fief lui était réservé par les concurrents, notamment Pouillard, de la Grande-Maison et Audry, des Poullot. Il y avait collusion entre acheteurs pour éviter toute concurrence, et il fallait bien que nos éleveurs d’ovins en passassent par là. Un de ceux-là Lamiable de Coucy, ayant regimbé sous ses volontés, il le mit en quarantaine, d’accord avec les copains. Pendant deux ans, l’infortuné hors-la-loi dut garder sa laine. Cet ostracisme, il fallait s’en défendre, et notre homme, citoyen d’importance dans la région, maire de sa commune, frère du médecin de Château Porcien, s’aboucha avec un courtier en laines, Ch. Loilier, et, toutes mesures prises, après s’être assurés le concours d’un technicien, Eugène Dupont, ils rassemblèrent 13.000 kilos de laine lavée pour être travaillée en commun et vendue de même à la fabrique. Un fabricant de Rethel, Hippolyte Noiret, leur prêta main-forte en achetant à bon prix leurs produits, qui, de cette façon ingénieuse, obtint des prix supérieurs à ceux du négoce. Ainsi apparut le germe de ce qui, en 1921, prit le nom de Syndicat des producteurs de laine de France, dont on apprécie les bienfaisants effets. Gustave de Bohan avait mis le doigt sur le merle blanc, qui ne dévoilera pas ici son nom, voulant laisser au chercheur le mérite de le découvrir ! Qui fut, alors et depuis, quinaud ? Quant à Alexis, son zèle pour des patrons qui se servaient de son autorité sans estimer son caractère, et, d’autre part, indifférents aux intérêts de leurs serviteurs, ils le laissèrent tomber quand, ayant perdu sa fille et devenant hypocondriaque, Alexis s’accrocha à une corde : il valait mieux que cela ! Il avait fait confidence de ses rancœurs à son confrère de la maison Picard-Goulet fils, vers 1885. Ne vous donnez pas tant de peine pour ces gens-là ; jeune homme ! ils ne vous sauront aucun gré ! Il n'en fut cependant pas ainsi ! Plus tard, le confident devait entendre à peu près les mêmes exhortations d’un brave et honnête professeur d’agriculture à Reims, Moreau-Bérillon, concernant les paysans qu’il allait grouper en syndicat des producteurs de laine en 1921. Là encore, le prophète eut tort. Le monde est meilleur qu’on ne le croit... Heureusement !

Trieur en son chantier, Eugène Dupont n’eut qu’à se louer des égards de son confrère de la veille, et en remercie son ombre !

Jules Baudet, de Saint-Imoges, 25 ans, voyageur de commerce, puis caviste, fils de Baudet-Prévot, bûcheron sur la Montagne de Reims, et Pauline Angélique, dite Zélie Thibaut ; 23 ans, fille de feu Thibaut-Lanser, fumiste, rue Chanzy, 58.

Baudet a deux frères, tonneliers : Charles Émile à Épernay ; Arthur Edmond à Châlons.

Zélie, délicieuse créature, toute gentille et beauté, avec une figure angélique, aux traits fins et purs, un bijou ! mais affligée d’un raccourci de la jambe droite, ce qui fait chavirer sa marche, sans lui rien enlever de son pathétisme, était l’adoration de cette belle famille de travailleurs honnêtes, d’ascendance belge, centre d’Arlon.

Le père, visage fin allongé d’une barbichette et cheveux bouclés ; la mère, une grasse commère réjouie, adorant ses enfants qui le lui rendaient au centuple ; parlant de son mariage, elle contait qu’avant la cérémonie, il lui avait fallu retourner au catéchisme de son enfance, sans quoi refus d’assistance du prêtre !

Le fils aîné, Ferdinand, grand comme un échalas, un peu nonchalant, intelligent ; le cadet, Michel, un minus habens, bègue, simple d’esprit, pour qui sa maman était la Mée ; l’aînée des filles, toutes fort belles, Justine, âme forte, majordome familial, qui épousa Dasnoy, des tissus chez Sichard ; Marie, un Raphaël, un peu gnian-gnian, se laissant bichonner et admirer, épouse de Désiré Dupont ; Pauline, marée à Paris, et cette bien-aimée Zélie, morte avant-guerre en maison de santé à Châlons.

Ferdinand fut l’époux de Catherine Mertens, dont une sœur était dame de compagnie d’Henri Menu et eut deux fils et une fille, l’aîné des garçons est Jean Thibaut, qui embrassa la carrière sacerdotale, et en 1935, il est curé de Cormontreuil et professeur au grand séminaire.

Les Baudet eurent un fils, Pierre, et une fille, Gabrielle.

Pierre, beau comme Antinoüs, fin, sportif, était trieur de laines à la mobilisation de 1914. Il fut tué en Argonne, d’une balle reçue en plein front au ras d’une tranchée d’où il voulait explorer l’horizon, en 1915. Crime atroce, ajouté à des millions d’autres, dont une éternité d’Enfer suffirait à peine à châtier les responsables !

Eugène Postal, de Saint-Léger, près Arlon, 23 ans, au roulage Walbaum, rue du Faubourg-Cérès, 55, fils de Louis Postal-Zintz, – camionneur et ménagère –, et Irma Robert, de Vouziers, 23 ans, fille de Clément (1889) et Victorine Cendre, lessiveuse, rue de Venise, 5 (Maison Levieux, où, en 1845, habitaient L. J. Dupont et Auguste Petit).

Pendant la guerre, Postal eut à assurer quantité de déménagements de mobiliers rémois, qu’on voulait sauver du désastre, et leur retour en Reims, aussitôt l’armistice.

Serviable, gai et jovial, prenant gens et choses du bon côté, aimant la vie, et le bon vin de pays, il mourut, jeune encore, en 1925.

En 1914, il habitait rue Marlot, 37, un particulier appartenant au boulanger Henri Roland-Bréart, précédemment occupé par l’architecte Routhier, et, en 1935, par Marcel Voisin, historien de la Bataille de Reims – 1918 –.

Charles Constant Guillaume, de Dreux, 68 ans, trieur, impasse Sainte-Claire, 25, où il jardine, à Clairmarais, et Marie Louise Dufour, 62 ans, Veuve Bertin, marchande d’oublies ambulante, offrant son tourniquet aux chances des moutards gardés par leurs bonnes dans les Promenades.

Il nous souvient que vers 1886, alors que Jules Benoist nous avait confié à l’usine des Capucins, le triage des laines d’agneaux, Guillaume, faisant partie de l’équipe des trieurs, apportait, les lundis au matin, pour le petit déjeuner au cabaret voisin de Gautier (du Comice agricole), des fraises de son jardin, qui, humectées au préalable de vinaigre, jetaient un jus divin, dont on se pourléchait les babines. Un autre de ces camarades d’atelier, Charles Bouqsin, lui, les mêmes jours, apportait des hotus de la rivière d’Aisne, pêchés à Château-Porcien, et des pigeonneaux de son colombier, à 0.50 pièce. La vie du travailleur n'est pas uniquement tissée de durs labeurs et de privations matérielles ou intellectuelles !

Paul Ventouroux, de Béthune, 32 ans, sous-chef de musique au 132e R.I., et Louise Julie Hanlet, 23 ans, rue des Élus, fille de François, ancien fileur, et de Victorine Codant, rue Gambetta, 87. Son chef est Louis Albin Flament, 31 ans, rue David, 7. Grand ami à Charles Lecomte-Lerzy, piston aux Régates, de la laine, mort en 1915 à Aix-en-Provence, chez un instituteur, gendre de J. Maupinot, administrateur du Bureau de bienfaisance, répétiteur au Lycée. Rentré dans la vie civile, Ventouroux, blond comme les blés, se retira d’abord à Pontfaverger, où il dirigea l’Harmonie, puis, revenu à Reims, y fut directeur économe à la Maison de convalescence, où la guerre le mobilisa en 1914.

Jules Fonck, 26 ans, de Doncourt-lès-Conflans (Meurthe-et-Moselle), manœuvre, place Saint-Nicaise, 16, – et Eugénie Bouchy, 22 ans, ménagère, Veuve Leclaire, fille de Louise Bouchy, morte en 1881. Des groupes Bouchy et Hodin.

J.-B. Hubert Courtois, de Warmeriville, 45 ans, surveillant à la Compagnie de l’Est, rue Buirette, 50, et Emma Chenevard, de Corcelles (Suisse), 33 ans, cuisinière, rue Caqué, 9.

Doué d’une voix de stentor et eugénique, on l’a mis au poste d’avertisseur de départ des trains à la gare. En 1920, rentré à Reims et d’une santé détruite, rue de Châtivesle, 22, dans une maison appartenant à Alfred Déquet, il geignait continuellement, émotionnant les voisins, de jour et de nuit. Sa femme fut admirable de dévouement, aidée par des âmes charitables et pieuses, dont Paul Givelet.

Un Messin, Théodore Vanier, 51 ans, typo, rue de Courcelles, 35, et Isabelle Aquaire, de Savy (Aisne).

Maurice Martin, des tissus, 30 ans, esplanade Cérès, 14, les fils de Martin-Ragot, – et Jeanne Drouin, de Paris, 25 ans, fille du percepteur rue de l’École-de-Médecine. Neveu du docteur Bienfait et cousin de Frédéric Lelarge.

Onézime Ernest Lefèvre, compositeur de musique, etc. né à Reims le 7 juin 1853, fils de feu Valéry et de Salaberge Delhorbe (1874), et Louise Dérodé, née à Reims le 23 mai 1870, rue de l’École-de-Médecine, fille de Anatole, officier de marine, mort en janvier 1877, et de Marie Amélie Fournier. Témoins : Eugène Gosset, laines, 55 ans, place Godinot, 6 ; Dr Paul Lévêque, 48 ans, rue du Clou-dans-le-Fer, 20 ; Nicolas Louis Dérodé, propriétaire à Ludes, et le cousin P. Joseph Chopart, rue de Courcelles.

Henri Wattiez, 25 ans, bijoutier, rue Colbert, 28, fils du marchand de bois, et Marie Juliette Caurier, 22 ans, même rue, 35, dont les parents, Charles Philippe et Dlle Gence sont tailleurs-couturiers. Une sœur de la mariée épousa Ch. Couvreur, dont on a un tableau remarquable : Les Halles de Reims sous Louis XV.

Lucien Alcide Gadiot, 23 ans, comptable, fils du chanteur amateur (1882), et Virginie J. Grandremy, 21 ans (divorce en 1913), fille de Grandremy-Carlier, mesureur de tissus, rue des Cordeliers, 24.

Léon Dufour, 46 ans, trieur, chantre à Saint-Maurice, basse précieuse aux Bilots, rue d’Ay, 60, veuf de Torine, Victorine Turquin, la mère de ses gouris, – et une pauvre garce de 58 ans, qui aime bien les rigolos, Marie Émilie Lambert, Veuve Boulet. Elle fut bien servie ! Maigre et boutonneux, sans grand souci du lendemain, tapeur abusif de l’excellent homme Ambroise Petit, qui, d’ailleurs n’eût pas consenti à le perdre pour un empire ! Il présida une société de chant, se réunissant le dimanche au Café Bolâtre, rue Fléchambault, donnant, d’un ton magistral, le tour de chant à l’un ou l’autre de ces messieurs ou dames. Mme Landois va chanter, avec le talent qu’on lui connaît, la romance des « Blés d’Or ». À M. Untel pour la suivante. Qui n’a pas connu çà ne sait rien de la vie rémoise chez les crafouillats ! Dufour, aimant les petits cricks, n'avait jamais assez de pièces de 2 sous pour régler comptant ; dès lors, le pouf était dans ses moyens et cordes : comme on dit dans le grand monde : il plantait des drapeaux chez maints bistrots, ce qui l’obligeait à changer tous les jours d’itinéraire. Il avait eu le bonheur d’avoir une épouse gaie et sans souci, qui le trouvait toujours à son goût. Malheureusement, Torine mourut épuisée d’enfanter et de soins à son Léon ! Il eut une fin fâcheuse, à Halluin-Canal, de Roubaix. Bon enfant par ailleurs, la joie des chantiers de trieurs, serviable dans ses moyens plutôt réduits, et pour cause de licherie, excusable pour un chanteur doublé d’un trieur ! Ah ! vieux Léon, il te sera pardonné par Ambroise et bien d’autres !

Paul Lutta (Mathieu), 23 ans, rue Chabaud, 13 (même maison que Mme Veuve Pierre Dubois et Albert, son fils), fils de feu Léonard Lutta-Descombez, de religion réformée, et Jeanne Isoline Auger, 21 ans, d’Épernay, boulevard Carteret, 5, fille d’un tapissier décédé à Mareuil-sur-Ay en 1868, et de Flore Héloïse Labruyère. Mme Lutta jeune meurt en 1935, rue Eugène-Desteuque, 18. Paul Gilbert, ex-élève des Frères du Jard, 31 ans, architecte et métreur, rue Chabaud, 6, fils de l’antiquaire du Barbâtre, 43, avait épousé la sœur de Lutta. J. Gonin, témoin de Lutta, est fabricant de broderies à Tarare (Rhône). Un pasteur du nom de Gonin, à Reims, prend sa retraite en 1935. Le traducteur de Miss A. Betham-Edwards doit à Lutta l’impression, dans le journal protestant de Eugène Réveillaud, Le Signal, des romans historiques : Mlle Pernelle et Airelle et Charlotte. Il fut, auprès du même, à l’époque d’élections, l’interprète du Consistoire de Reims, qui voulait savoir, d’un membre de l’Université populaire, en contact permanent avec les trieurs, ce qu’on pouvait espérer de Camille Lenoir. La réponse fut : C’est un primaire, peu lettré, mais intelligent, et qui saura s’adapter ! Lutta a été élevé en Hongrie par une tante. Employé aux champagnes H. Goulet & Mareschal. Président, longtemps, du Cercle de l’Union chrétienne, rue Andrieux, à l’époque où Charles Stenger y dirigeait un petit orchestre symphonique d’amateurs ; ou Eugène Dupont faisait une partie d’alto. L’esprit de prosélytisme règne en souverain dans ces milieux, bigots à leur façon. Au point qu’on crut aux possibilités d’acceptation de la religion réformée pour cet altiste ! et, il ne fut pas peu surpris, un soir que, rue des Fusiliers, 41, au moment où il se préparait pour la représentation, le 28 février 1899, de son drame : Danton à Arcis, au Théâtre de Reims, de recevoir la visite intempestive de l’évangéliste Forget, accompagné de son père, venus tous deux pour un prêche de conversion ! Reçus poliment, évidemment, ils disparurent en 5 secs, laissant leur petit souvenir de passage : une bible à bon marché, qui entra de suite, dans les rayons déjà fort garnis de la petite bibliothèque du lieu !

Émile Dubois, 28 ans, professeur à l’École professionnelle, rue Hincmar, 71, fils de Dubois-Labassé, et Jeanne Aline Albert, 19 ans, rue Colbert, 1, fille de Arthur Albert-Cotréaux, dégraisseur de laine et d’échées, anciennement rue de Contrai, 6, et patron d’une petite coursière, vers 1875, Zéna Étienne, dite Papillot, future épouse de Léon Templie, trieur, puis soubrette aux Variétés, au temps de la représentation (1882) d’une comédie : On demande un Mari ! essai d’un jeune plumitif, qui, de nos jours, s’acharne à taper ses Vie rémoise. Vains regrets ! chanterait Hamlet. L’âge passe, en emportant des monceaux d’illusions !

L’aimable fillette, devenu grande, disait à ses confidents improvisés : Mon cœur est un artichaut ; ses feuilles sont à ceux qui m’aiment ! Pas une raison pour qu’on mangeât ce savoureux légume !

Dubois a pour témoins de Jules Irénée dit René Leblanc, 46 ans, agrégé de l’Université de Paris, et l’épouse, son aïeul, Simon Albert, rue Bacquenois, 19.

Léon Boudard, de Trélon (Nord), 34 ans, trieur, rue de Cernay, 85, et Dlle Hein, de Dieuze, – divorcée ?

Boudard était un très bel homme, aux cheveux abondants, noirs et frisés, en parenté avec les Boudard du bâtiment, dont une fille, Ferdinande, décédée rue Émile-Cazier, à Reims, vers 1930, avait épousé, en 1873, Jules Petit, mesureur de tissus, fils d’Auguste Petit-Rousseau. Séparés de corps en 1876, Jules mourut l’an d’après, d’appendicite, diagnostiquée en ces temps primitifs, coliques de miserere ou de plomb.

Léon Lamotte, 24 ans, rue David, 15, fils d’Alexis et de Marie-Thérèse Collard, tous deux de Sommepy, lui, trieur et frère de l’acheteur de laines à Londres de la firme Albert Marteau. Lamotte épouse une des beautés de notre ville qui n'en manque certes pas : Alphonsine Georgina Coralie Michel, rentrayeuse de 22 ans, fille naturelle d’Ernestine, ourdisseuse, rue Victor-Rogelet, 15.

Légitimation d’une fillette de 2 ans. Pour la mariée témoigne Julien Tangre, 33 ans, des Assurances rémoises, ex-élève des Frères à Saint-Thomas, et ami intime de Prudent Queutelot, rue Landouzy, 15. Rousse à la Titien, moins l’épaisseur des chairs, donc très svelte, fine mouche, aguichante et coquette, séduisante. Quand son jeune époux fut associé à la firme de tissus Balourdet, ce fut le temps des folies ! Toilettes éblouissantes, robes et manteaux de fourrures, bijoux et bourse garnie de jaunets. Feu de paille !

Étienne Maurice Collet, 26 ans, rue des Cordeliers, 18, fils de Collet-Canonne, et Louise Jeanne Huet, 24 ans, fille de Huet-Michel, tonnelier rue d’Alsace-Lorraine, 16.

Louis Amédée Simonin, de Sanry-lès-Vigy, près Metz, 31 ans, notaire à Attigny, et Marie Henriette Depoix, fille de Memmie Depoix, ex-huissier à Vouziers, puis commissaire-priseur (la tribu des corbeaux) à Reims, rue des Orphelins, 12, et Marie Amélie Quentin, morte à Trois-Puits, en 1889. Lacoisne, beau-frère de la mariée, est notaire en son voisinage.

Ernest Eugène Devraine, 26 ans, peintre rue Chanzy, 84, et Claire Henriette Gougelet, 19 ans, fille de Cyrille Alexis Gougelet-Bara, chef d’emballage maison Heidsieck. J. B. Godart, l’aïeul, chef de caves, rue du Barbâtre, 87, et Albert Florens Lüling, 33 ans, à Sapicourt.

Adolphe Postal, 39 ans, comptable, rue du Barbâtre, 215, fils de Postal-Marque (Paris, 1892) et Marie Marguerite Goujon, 34 ans, rue de Louvois, 38, fille de Modeste (1864) et C. Lobjois. Le frère Raymond Postal, 38 ans, est assureur ; tous deux avaient été élèves des Frères de le rue Perdue.

Louis Eugène Émile Fromonnot, 22 ans, né des époux Fromonnot-Gautherot, des ponts et chaussées à Buxières (Aube), et Marie Eugénie Mathurine Mouginot, de Châtenois (Vosges), fille de Th. Hégésippe Mouginot-Dutrey, marchand de meubles rue de Vesle, 137. Fromonnot est devenu l’un des plus commerçants tapissiers de Reims, mais... qu’il est donc vilain ! Visage pustuleux, nez en topinambour ; le tout en cratères éteints, lèvres nègres en cul de singe à hémorroïdes, Dieu nous pardonne ! Sa femme est morte jeune, avant-guerre. Il se réfugia dans sa famille paternelle et reprit boutique à son retour. Agrandi en 1933, il n'eut pas la joie de tirer lui-même parti de son superbe magasin de rue du Cadran-Saint-Pierre : la mort s’interposa. Le vieux Mouginot mourut à la Maison de retraite en 1925, à la forte pension, fixée alors à 4.000 fr. et depuis à 6.000. L’hospice faisant des entorses au règlement en faveur de gros rentiers, venus là par raison d’économie. L’excuse est que ces gros prix aident à boucler un budget onéreux, – la gent donnante ayant détourné ses dons au profit d’œuvres congréganistes, depuis sa retraite forcée du pouvoir municipal.

Paul Georges Jodry, de Givet, 26 ans, amateur intellectuel, écrivant des choses rémoises et les illustrant fort bien de son crayon, fils de Jodry-Prudhomme, de Metz, et Léonie Pauline Schrüb, 24 ans, rue Saint-Thomas, 71. Jules Appert-Tatat, fabricant rue Montoison, témoigne pour son employé.

Léon Doville, du Cateau, 29 ans, le beau Doville ! trieur, rue Sain-Thierry, 3, fils de Doville-Wanesse, fileur, et Louise Saguet, 20 ans, fille de Saguet-Barrois, tonnelier, rue Saint-Jean-Césarée. Il légitime Jeanne Magda, née en 1891. Veuf, il se remariera après guerre avec une femme jeune encore, en prévision des besoins futurs. Brave type, et voulant assurer le sort de sa compagne après sa mort, qu’il estime devoir précéder celle de sa femme ; il achète un immeuble dont il lui fait donation. Soudain, en 1933, le voici veuf à nouveau, et, en qualité d’héritier de la défunte, le fisc est heureux et fier de lui infliger une sale farce : paiement de droits de succession sur une propriété achetée de ses propres deniers !

Armand Régnier, de Verviers, 24 ans, violoniste au Théâtre, rue Saint-Crépin, 3, et Blanche Percebois, 19 ans, rue du Faubourg-Cérès, 60, fille du tonnelier et de la couturière Lebrun. Régnier est mort en 1934, rue de Contrai, 10, en sa maison. Témoins : Pierre Lecomte, régisseur au Casino, rue de Vesle, 10 ; Joseph Surmont, violoniste, rue Coquebert, 62, Belge aussi. Léon Eugène Charlier, 52 ans, hautboïste et clarinettiste, rue de Talleyrand, 4 ; Olivier Lawabrée, 29 ans, chantre au lutrin de Saint-André, rue Ruinart, 77.

P. Ch. Julien Bernier, de Vienne-le-Château, boucher, 27 ans, et Marie Louise Menuet, de Loivre, 27 ans, domestique rue de Talleyrand, 19, fille d’un verrier à La Neuvillette. Légitime Marcelle, née à Courcy.

Louis Lucien Pierron, 22 ans, serrurier chez son père le gros pansu rue des Fusiliers, 36. Cette maison est disparue depuis ; l’atelier était à l’angle de la Fleur-de-Lys. Sa mère était une Dagot. Il épouse Marie Louise Vuiblet, 24 ans, fille de Vuiblet-Coppin, voiturier rue des Trois-Raisinets, 18.

Léon Roussel 28 ans, rue Hincmar, 51, employé au Comptoir Chapuis, et Eugénie Person, 30 ans, repasseuse, fille de Narcisse Person (1880) et de Madeleine Boyeldieu. Témoins : Halbardier, laveur de laines ; Léon Piesvaux, de chez Chapuis ; Nicolas Coutier, peintre, 67 ans, et Eugène Ledoux, maître maçon. Roussel est mort à Paris en 1931.

Victor Weber, de Metz, 26 ans, horloger rue Colbert, 31, fils de Weber-Brelmann (1875) et Marie Niclosse, 20 ans, de Metz.

Émile Mignot, de Metz, 30 ans, frère de Achille, Jeanne et Julie, placier de publicité chez Henri Matot, fils de Jérôme Mignot, mort le 28 juillet 1888, et de Barbe Noël (9 mai 1893), et Marie-Thérèse Sodoir, de Beauraing (Belgique), 30 ans, femme de chambre des Gibert, place du Château-de-Porte-Mars, et demeurant boulevard Jules-César, 2. Témoins : Eugène Dupont, ami de la famille Mignot ; Charles Philippe, pianiste ; Joseph Baudry, teinturier, rue Piper, et Achille Mignot, 37 ans, rue Clovis, 12. Réfugié à Bourges en 1914, il y meurt en 1915, veuf depuis 1913.

Paul Constant Bellavoine, 27 ans, rue des Consuls, 17, fils de Charles Théodore Élysée Bellavoine-Vignot, buraliste et limonadier, frère de Constant Bellavoine, du Bal-Français, et Berthe Joséphine Petitfils, 21 ans, chaussée du Port, 53, fille du courtier Petitfils-Ranchet.

Charles Marie Félix Dupuis, 28 ans, lieutenant au 132e R.I., rue du Temple, 35, fils de Dupuis-Henry, et Camille Adélaïde Jamas, de Cramant, rue de la Gabelle, 6, sœur du graveur aquafortiste Abel Jamas, et fille de Jamas-Fierfort, directeur du Clou, alias Mont-de-Piété. Témoins : Abel Jamas, 31 ans, boulevard de Vaugirard, 99, à Paris ; Émile Bazin, des tissus, frère du musicien Gustave ; Félix Langlet, directeur de la voirie, rue des Augustins, 23.

Jacques Amsler, reconnu par Heilmann-Ducommun, manufacturier à Mulhouse, – né le 13 août 1869 à Strasbourg, fils de Frédéric Camille Amsler-Yundt, et Sophie Heimann, décédée à Paris.

Henri Victor Eugène de Bonaffos de La Tour, 34 ans, sous-préfet de Reims, homme de lettres, rue Chanzy, 94, originaire de Paris, et Léontine Antoinette Irma Veyron, 35 ans, de Montpellier, même maison. Témoins : le commissaire central Édouard Buzzini, 52 ans, rue Chanzy, 1, et le directeur de la Compagnie des tramways, 35 ans, avenue de Laon, 217.

Émile Bourboin, 28 ans, métreur, rue du Barbâtre, 14, fils de Désiré Célestin Bourboin-Gérard, et Claire Louise Vallart, de Fismes. Eut un fils tué sur le front de France. En décembre 1915, jouait sa partie de cartes au Café de la Petite-Poste, rue Gambetta, avec d’autres têtus héroïques.

Édouard Minet, de Beauraing, pain-d’épicier place Royale, 15, chez Petitjean, et Angélique Liégeois, 28 ans, de Liry (Ardennes), cousine des Dupont-Aumont, femme de chambre rue de Châtivesle, 63, fille de Pierre Félicien Liégeois-Champenois. Son beau-frère Jacques Martial Lacroix, de Liry, menuisier, 51 ans, boulevard Carteret, 23.

Georges Frédéric Kanengieser, de Gausheim, près Mulhouse, 31 ans, associé fabricant avec Lelarge, rue des Trois-Raisinets, 10, et Jeanne Marie Burnod, 21 ans, rue des Élus, 23, rouennerie.

Mme Kanengieser se dévoua, en 1914, pour sauver de l’incendie les plus précieux souvenirs artistiques de Paul Dazy, dont son piano et le portrait à l’huile de Gounod.

Félix L. Antoine Postel, de Jouars-Pontchartrain (Seine-et-Oise), tissus à Houdan, et Rose Henriette Lucie Jallade, 20 ans, rue Noël, 10.

Henri Georges Bègue, 26 ans, architecte associé à Ernest Kalas, rue de l’Échauderie, 7, fils de Bègue-Machu, architecte, et Marie Henriette Launois, d’Avenay, 19 ans. Son frère Jules est marchand de vins en gros rue Hincmar, 13.

Achille Florent Menu, de Fourmies, 30 ans, rue de Contrai, 8, fils de Achille Parfait Menu-Meunier, filateur à Avesnes, et Jeanne Delaval, de Sainte-Ménehould, 28 ans, rentrayeuse, rue du Faubourg-Cérès, 206, où sa mère, Camille Lallement, tient le débit de boissons à l’enseigne : O.20.100.O., terminus tramway, – site agréable à ceux qui, descendant du car pour aller au peignage Jonathan Holden, aimaient y faire arrêt, vers 1884, à l’époque où Henri Picard-Goulet y faisait diriger un important triage de Buenos Aires par son chef trieur Eugène Dupont que le lecteur va sans doute reconnaître.

Jeanne était alors courtisée, pour le bon motif, par Théophile Pêcher, employé chez Lelarge, et qui, en 1882, fit partie de la candide rédaction de la Revue rémoise.

Le fourmisien lui coupa l’herbe sous le pied. Pêcher signait ses proses : Delaval.

Une sœur de Jeanne épousa un marchand de cafés, Louvet, futur conseiller municipal. Elle est propriétaire en 1923 du café dit Français à l’angle de la Fleur-de-Lys, tenu par Houdinet fils, à la suite de Bouchard-Louvet, de Périgueux.

Léon Louvet était marié avant que Jeanne épousât Menu ; il avait en 1893 28 ans et habitait Faubourg-Cérès, 198.

Henri Delaval, frère, 36 ans, était mécanicien rue de Cernay, 80.

Achille Menu fut comptable chez Oury-Dufayt. Pendant la guerre, il courtaillait de Paris, habitant à Longjumeau. Veuf avant-guerre, il s’était remarié, et, après, fut, à Reims, attaché quelque temps au Nouveau-Peignage.

À propos de ce cabaret Delaval, le Conteur rémois va nous prouver qu’un bienfait n’est jamais perdu.

De temps à autre, il offrait un bock au receveur du car. Ce n'est pas faire merveille, mais c’est provoquer quelquefois d’agréables surprises.

Oyez ! Revenant de promenade, avec femme et amis, et ce hâtant vers le train de retour à Rilly, le groupe reste le bec en l’air, à hauteur de Villers-Allerand, voyant dans le lointain, la fumée du train qui venait de démarrer pour Reims. Que faire ? sinon se résoudre au retour pédibus cum jambis.

Courageusement, on abat les kilomètres, quand, soudain, une des dames, exténuée, et les pieds meurtris, s’arrête, et, après un regard sur la route déjà parcourue, pousse un cri, cri de foi, d’espérance, et de confiance en la charité.

Là-bas, à un kilomètre de Champfleury, au seuil duquel venait de s’effectuer l’arrêt, un landau à deux lanternes allumées s’avance dans la direction des naufragés de la terre. Hourrah ! c’est le salut.

Sûrement, dit la voyante, on va nous recueillir et ramener à Reims ! Petite vague de scepticisme, mais on attend.

Arrivé à hauteur du groupe, le landau s’arrête, et une voix interpelle l’un des piétons : Allez ! M. X.... montez tous les quatre ! Le miracle s’accomplissait.

Quel soupir de soulagement ! et que de questions l’on se pose sur l’auteur de ce bienfait !

Un quart d’heure plus tard, au trot de deux superbes chevaux, on atteignait le Café de la Poignée de main, à l’angle des rues du Jard et Gambetta.

On fait servir un verre de vin à l’obligeant automédon, qui nous révèle le secret de son acte gracieux : le cocher était tout bonnement ce receveur de tramway qui, jadis, avait été l’invité chez la mère Delaval ! Le landau venait de conduire à leur propriété de Villers-Allerand les époux Godbert jeune, et rentrait à Reims, à vide... du moins jusqu’à Champfleury.

Actions de grâces et réflexes philosophiques devant quelques verres de bière fraîche et mousseuse.

Ah ! si les pieds de Nini Gautier avaient eu le don de la parole !

Jules Guichard, de Bourmont (Haute-Marne), 22 ans, instituteur avenue de Laon, 47, fils de Guichard-Bailly, et Marie Astérie Louise Janin, 20 ans, place d’Erlon, 48, fille du cafetier Janin-Bar, de Loisy. Un frère, Ch. Émile Guichard est à Bourmont. La petite histoire de Jules est écrite dans les annales du Reims de 1900 à 1933.

Paul Louis Devraine, 59 ans, peintre rue Chanzy, 84, veuf le 25 février 1889, se remarie avec Éléonore Lelez, de Osly-Courtil (Aisne), 53 ans, rue Clovis, 5.

Georges Norbert Tabourin, de Bar-le-Duc, 34 ans, propriétaire d’usine à gaz à Neufchâteau, et Berthe Léontine Langlet, 24 ans, rue Hincmar, 31, fille de Langlet-Lafolez, premier vendeur aux tissus chez Walbaum, rue des Marmouzets, ayant comme sous-ordres le caissier Breteaudeau, Désiré Delacour, Albert Dubois, Desmonts, Félix X... et leur Gugusse, ce cher et jovial, caustique et mordant Édouard, qui a toujours la petite anecdote à leur conter sur les faits et gestes de ses copains de soirées et bals bourgeois ! Ah ! la mauvaise langue !

Henri Ernest Gérardin, de Saint-Dizier, 29 ans, juge à Épernay, et Renée Adeline Dutemple, 19 ans, fille du directeur des Assurances rémoises.

René Ernest Bourquin, 23 ans, représentant de commerce rue Chanzy, 85, fils de feu Bourquin-Renard (27 septembre 1893), et Julie Delphine Puce, 20 ans, fille de feu Désiré Puce-Launois, menuisier rue de Contrai, 26. Témoins : Louis Destable, farines, rue du Trésor, 3 ; l’oncle Nicaise Puce-Notaire, 62 ans, cultivateur à Cormontreuil, Charles Destable, clerc de notaire.

Alfred Parizy, 31 ans, peintre rue du Cerf, 30, fils de Parizy-Gaudron, tisseur, et Albertine Davenne, 23 ans, couturière rue des Élus, 23, fille de Davenne-Fournier, peintre. Un Davenne (Hubert Antoine) est employé des tissus chez Berney, Gérard & Bazin, et demeure rue Gambetta, 25.

Habitaient en 1914 rue d’Anjou, 14. À Paris, réfugiés, rue Christiani, près Dufayel.

En 1918, Parizy rentra à Reims le 18 novembre, en compagnie d’autres Rémois, pour mettre ses pinceaux et couleurs au service d’Émile Charbonneaux, rue Libergier, où il fut logé provisoirement.

Dans quelles catacombes pénétrions-nous alors ? et qui donc en France, surtout hors des régions où l’on combattit et souffrit, se rendra compte des souffrances endurées !

Jules Thomas, de Yerres (Seine-et-Oise), 45 ans, courtier en blousses de laine, maison Lhuire-Houbart, Faubourg-Cérès, 11, et Jeanne Blanche Guyot, dite la Marquise, 25 ans, rue Clovis, 71, fille du Guyot-Peltier, architecte. Témoins : de la laine, Eugène Gosset, Gaston Hédin, Arthur Sal, et le lieutenant Carrière, du 132e R.I. Au moment de la fièvre boulangiste, notre gaillard, dit, en raccourci, J. T., se mêla au mouvement, en compagnie de Georges Bonjean. Il ne cachait pas ses opinions politiques, les affichant dans son étroit et sombre bureau, au moyen d’un portrait du Comte de Paris. Mort à Paris-Neuilly pendant la guerre. Excellent cœur, un peu léger de caractère, serviable à tous.

Valentin Schilling, de Moosch (Alsace), 24 ans, rue Savoye, 28, et Marie Aurélie Preinsler, 26 ans, l’aînée des demoiselles de Preinsler-Arnoult, cafetier rue de Vesle, À l’Industrie, angle Capucins. Comptable chez Georges Wallon, marchand de laines, rue César-Poulain, 1.

Émile Bastin, de Dinant, 21 ans, tailleur rue du Barbâtre, 3, et Dlle Marie Lucie Vieillard, 18 ans, giletière, fille d’un trieur de la même rue, 10. Veuf, il épousa la plus jeune fille d’un trieur, Hobert, dont l’unique fils est, en 1935, conseiller municipal de Reims . Après mobilisation et guerre, il resta à Paris, où il est mort vers 1923.

Louis Jean Bron, de Porel, commune de Savigny, canton de Vaud (Suisse), 32 ans, commis-libraire à Reims, et Eugénie Marthe Bourquin, 26 ans, fille de Bourquin-Renard, représentant de commerce, rue de Chanzy, 85. Témoins : Georges Guerlin, 39 ans, libraire ; le pharmacien Octave Mary, rue de Tambour, 11 ; J.-B. Bourquin, agriculteur à Saint-Thibault (Aisne) et le riz-pain-sel René Bourquin, 23 ans, son frère.

Ch. Thomas Robillard, de Ménil-Lépinois, 59 ans, tenancier de l’Hôtel de Paris, rue du Barbâtre, 29, veuf de Hortense Thérèse Briet, fils de Robillard-Hourlier, mort à Aire (1873) et Émélie Flavie Labbé, Saint-Juvin, 57 ans, rentière, rue Mennesson-Tonnelier, 17, divorcée d’Augustin Poirot, de Rethel (1884).

Lucie Damien, de Metz, 33 ans, couturière, rue Saint-Thomas, 82, fille de François Damien, de Plantières (1871), et de Madeleine Lacour, – et Jules P. Ch. Corneille, de Dinan, 40 ans, boulevard de la République, 43, divorcé de Félicité Élisa Boileau.

Édouard Lupette, horloger, 25 ans, rue de Venise, 50, fils de Lupette-Schmidt, couvreur, et Marie Blanche Rennesson, 16 ans, rentrayeuse rue Gambetta, 90, fille de Rennesson-Dufez.

Raymond Postal, 38 ans, des Assurances rue des Augustins, 7, et Marie Émilie Roby, 33 ans, rue Marlot, 20, fille de Roby-Palloteau (1884). À Saumur en 1926.

Ch. L. Aimé Lemaire, 24 ans, apprêteur, rue de Normandie, 23, et Juliette Soumilliard, de Grandpré, dite le Turco à son teint d’Algérienne, 29 ans, couturière, boulevard Carteret, 3. En 1884/85, Juliette était coupeuse de marques de toisons au triage Picard-Goulet fils, rue du Barbâtre, 36. Belle brune, yeux flambants, un type de Carmencita. Son père, Pierre Gabriel Soumilliard était cordonnier-savetier. Une sœur, au moins aussi jolie, épousa un brave homme, menuisier, Arthur Adrien Godfrin, qui, en 1893, a 26 ans et habite rue Montoison, 10 : il est mort du gras-fondu en 1925.

Marie Joseph Arnould, d’Éloges, près Remiremont, encolleur d’étoffes, boulevard Saint-Marceaux, 3, et Catherine Marthe Leven, de religion réformée, 21 ans, ourdisseuse, rue Coquillard, 2, fille de Arnould Leven-Boquel, valet de chambre. Vinrent habiter 14 rue d’Anjou. Un frère Leven est à la maison de laines Wenz.

J. P. de La Morinerie, 26 ans, champagnes, rue Libergier, 43, et Marie Sophie Louise Lefebvre, 25 ans, rue de l’École-de-Médecine (angle des Anglais), fille de Lefebvre-Lucas, ingénieur civil, un grand maigre, barbe grise, courbé légèrement. Les Adolphe de Tassigny ; Jules Conrad Burchard ; Marguet, notaire, et l’oncle Victor Lucas (Henri), 50 ans ; rue du Cardinal-de-Lorraine, 9. On sait que Henri Lucas donna au Cardinal Luçon l’hôtel dit du Corbeau et ses dépendances, lorsque le prélat dut quitter l’archevêché.

Divorce d’un lainier, Léon Ernst, de Clavy-Warby (Ardennes), 30 ans, rue des Poissonniers, 14, et Marie Marceline Gossart, 28 ans, à Saint-Ouen.

J. Maurice Louis Thomas, dit Derevoge, de Pontfaverger, 53 ans, receveur des finances, retraité de la Chambre des députés, donc cumulard et F. Trois-points, rue Chanzy, 15 (maison Alfred Gérard), veuf de Delphine Machet (1880), fils de Ch. Camille Thomas, de Revoge (Vosges), ex-notaire, et de feue Caroline Chapdoye (1866) – et Alexandrine Marie Eugénie Faille, de Pontfaverger, 24 ans, professeur à l’École normale. Témoins : Jules Pasquier, 54 ans, député, à Laon ; Dr Lévêque, 37 ans, de Fismes ; Alexandre Donatien Himonet, 44 ans, représentant de commerce, à Pontfaverger, – Pontverger, disent les aborigènes.

Eugène Riégert, buraliste, rue du Jard, 50, angle rue Marlot, et Marie Antoinette Hourlier, de Château-Porcien, modiste, rue Clovis, 133, et sœur de Mme Alfred Dequet.

Henri L. Jules Fiévet, assureur, esplanade Cérès, 5, et Charlotte Julie Louise Favart, de la laine, rue Coquebert, 12.

Victor Charlier, sous-bibliothécaire à la Ville, peintre amateur, et Eugénie Teutsch, de Caudebec. Leur fille Isabelle sera portraitiste de talent. Polémique, après-guerre, à propos du sauvetage partiel de la bibliothèque entre lui et H. Loriquet. Charlier en a fait une plaquette, et Loriquet, un mémoire (inédit). Un tableau : Troupeau de moutons aux Trois-Fontaines, de lui, est la possession de Ernest Dupont, rue de Venise, 9.

Eugène Ch. Joly, typo, rue de Strasbourg, 25, futur conseiller prudhomme et imprimeur rue Gambetta, 21, – et Hélène Olivier, rue Favart-d’Herbigny. Leur fils André a repris son atelier de la rue Coquebert, 30.

Abel Jamas, graveur et dessinateur, fils du directeur du Mont-de-Piété, et Charlotte, fille de l’architecte Marette. Parmi les invités : Warnock, de l’Opéra, et Barret, fils d’un graveur.

Édouard Bonneterre, fils de Ponce le musicien, rue de Venise, et Mathilde Choquart, de Soissons. Choquart père avait installé une agence de transport rue Chanzy, pour y placer son gendre.

Gaston Marcelot, plombier de la Ville, rue Gambetta, qui fut à la peine sous les bombes pendant le bombardement et qui devait mourir d’accident de voiture, rue Gambetta, 10, et Joséphine Garnier, de Germaine.

Brigitte Ulmer, cabaretière à Rosheim (Alsace), et le mitron Joseph Kutter.

Henri Chauvry, violoniste, rue Brûlée, 42, et Amélie Caillot, de Charenton.

Henri faisait tourner les tables, du moins lorsque ne s’opposaient pas au mouvement la présence narquoise de certains mécréants, qui chez Thérèse Roby, couturière rue des Fusiliers, 50, certain soir qu’il faisait des miracles, mais, eux, esprits contrariants, s’ingéniaient, de toute la résistance de leurs mains aux doigts écartés, à empêcher la table de suivre l’impulsion donnée par les autres mains croyantes !

Henri Chauvry fut aux premiers violons de l’orchestre du Théâtre, en 1914. Réfugié à Paris, il y est encore.

Caillot père était comptable à l’usine Neuville frères ; pendant et après la guerre, on le retrouve photographe à Fontainebleau, en même temps que Ernest Kalas était conservateur par intérim du musée.

Paul Goulet, épicier, avenue de Laon, 124, et Dlle Grare, de Noyon.

Henri Bür, directeur du portefeuille chez Moët & Chandon, et Henriette Panis, rue du Jard, 19.

Alfred Pestre, banquier, rue de Talleyrand, 6, et Élisabeth Chleq, de Longuyon.

Émile Petit, dont la mère était repasseuse rue de Contrai, 28, et Gabrielle Pagnier, rue Buirette, 6. Petit est depuis 1931 rue Chanzy, et à la tête de sociétés musicales, dont l’Harmonie du 3e canton, président.

Léon Vallé, vigneron à Verzy, et Hélène Douillat, giletière, rue des Fusiliers, 41. Gustave Douillat, frère d’Hélène, est aux tissus chez Vitry. Leur mère, forte femme, veuve de bonne heure, vit encore, à Verzy, en 1935, nonagénaire. Vallé, lui, est mort. Ils eurent un fils qui fut as d’aviation pendant la guerre.

Douillat père a été inhumé dans un terrain de famille au Cimetière du Nord, tout contre le terrain des Langlet. Sa fosse est ornée d’un sarcophage en marbre blanc, portant gravées sur ses flancs deux mains qui se lient à jamais.

C’est en visitant cette tombe, un jour de 1930, qu’avec un ami présent, ils purent constater avec émoi le degré de relâchement dont était entouré le tombeau de J.-B. Langlet : les herbes folles le recouvraient, débordant sur les tombes voisines, et leurs protestations atteignirent l’oreille du conservateur. Trois mois après, on avait enfin remédié à ce déplorable état de choses.

Les touristes curieux qui apportaient leur hommage à la dépouille de l’héroïque maire de Reims durent prendre une fâcheuse idée de la piété filiale et de la reconnaissance des Rémois !... Mais, tout est bien qui finit bien !

1894

Qu’il vente ou pleuve, que les temps soient prospères ou catastrophiques, ces contingences n’empêchent le petit dieu des amours de percer les cœurs !

Bonne affaire pour le peuplement de notre cité et le commerce alimenté par les cérémonies conjugales.

Mariages nombreux, perspectives de bonheur !

Allez dire à ma mie que je l’aime toujours, et que jamais on n’oublie les premières amours !

Ce ravissant refrain va se chanter aussi bien sur les routes que dans les festins de noces ! Allons-y !

Jean Lampietti, de Mesocco, dans les Grisons (Suisse), peintre, et Berthe Vassogne, 21 ans, professeur de piano, rue de Tambour, 22.

Charles Heidsieck, 38 ans, rue Andrieux, veuf de H. F. Jacquemart (1892), fils des Heidsieck-Henriot, et H. Dières-Monplaisir, 24 ans, née à Ludes de Dières-Monplaisir-Abelé, et habitant rue de l’École-de-Médecine, auparavant à La Tremblade (Charente Inférieure). Témoins : Nicaise Henriot ; Heidsieck-Henriot ; Ch. Marc Mathias Abelé.

À son tour, Charles Heidsieck-Henriot, 26 ans, et Marguerite Heidelberger, 21 ans, rue Libergier, 41, née à Reims de feu Heidelberger-Lambey (mort à Londres).

L. Alfred Albert Thimmès, 27 ans, d’Alincourt (Ardennes), voyageur de commerce, rue Sainte-Marguerite, 35, fils de Thimmès-Trussy, cultivateur à Witry-lès-Reims, et Julie Thérèse Lazarus, 22 ans, fille d’Antoine et Caroline Beyerlin tailleurs rue de Vesle, 45. Eugène Quénet, éleveurs de moutons mérinos à Saint-Clément-à-Arnes (Ardennes) et les oncles Lazarus, de Metz, Joseph et André, tailleurs.

Arthur Kêwe, 32 ans, de Vireux-Molhain, peintre, rue Gambetta, 117, veuf, fils de Kêwe-Manceaux, archiviste à Mézières, et Berthe Marlier, 24 ans, modiste, fille cadette des époux Marlier-Henry, cabaretiers rue Chanzy, 55 (passage Marlier).

Kêwe, grand bel homme, intelligent, instruit, inconscient et de moralité légère, inconstant, et peu enclin au travail, artiste dévoyé, passant le temps au cabaret à peindre des intérieurs d’œufs vides de gracieuses frivolités, devait rendre ce mariage désastreux.

Berthe, sentimentale blonde, s’en était amourachée follement ; elle fut un jour abandonnée avec deux enfants à élever. En 1926, elle était concierge à la clinique Bouvier.

Son fils aîné Marcel fut tué à la guerre. Son dernier, Georges , marié, habite avec elle dans le quartier de Tunisie, entre le faubourg Cérès et le pont Huet. Sa fille Suzanne est mariée.

De Kêwe, oncques ne revit-on trace : il y a ainsi des salauds qui sèment chagrins et peines sans souci de ce qui se passe derrière eux ! D’où tant de misères !

Désiré Marlier, le père, mourut le 21 février 1885. Octavie Henry, la mère, en 1897.

Témoins : le cousin du marié, L. Adolphe Cuvillier, comptable, rue Ruinart, 17 ; l’oncle, mari de Élisa Henry, de Lançon (Ardennes), 45 ans, ex-receveur aux omnibus, aubergiste Au Cheval-Blanc, faubourg de Laon, puis loueur de chevaux et voitures à la Porte-Paris ; Auguste Chastagner, mari de Amélie Marlier, sœur aînée de Berthe, 31 ans, ex-sergent major au 132e, employé de magasins, rue des Pyrénées, 212, à Paris, puis rue d’Annam, 5, où sa femme mourut en 1920.

Rue Houzeau-Muiron, 7, le veuf Paul Le Roy, de Ballay (Ardennes), 39 ans, ingénieur civil, et Marie Demaison, 29 ans, fille de Demaison-Gardet, rue de Bétheny, 23.

Avait été remplacé à la sucrerie des Ladoucette à Vouziers par le fermier Caquot, dont l’un des fils était encore en 1933 au service de l’aviation, et l’autre, Fernand, président de la Chambre d’agriculture des Ardennes.

Casé aux Magasins Généraux de Reims par les soins de son cousin Henri Picard, il présida aux premières ventes publiques de laines, en 1890.

Sec, glabre, cassant et suffisant, dévot à la Molière, ce falot personnage a dû survivre ou surnager par les bons soins des siens. Vieillard, il rôde pesamment dans nos rues, à notre façon les vieux de la Montagne, qui nous amenuisons de jour en jour.

Il a un frère, Hubert Julien, cultivateur à Landèves (Ardennes), lequel coupe son nom en deux pour s’évader de la roture. Grand bien lui fasse !

Sont de la noce l’oncle Jules Demaison, 69 ans, rue Rogier, et le pétulant archiviste d’Arras, Henri Loriquet, âgé de 37 ans.

Le trieur Désiré Dehan, 27 ans, rue du Jard, 68, fils de son professeur Dehan-Perlot ; et Marie Victorine Charlotte Huyon, de La Capelle, 28 ans, rentrayeuse, rue du Barbâtre, 147, divorcée du trieur Georges Colle.

Le vieil et sympathique trieur Xavier Lagrange, 63 ans, rue Coquebert, 38, témoigne.

Désiré Dehan travaille encore de son métier, en 1935, au chantier du Syndicat des producteurs de laines sous l’œil de son vieux copain l’expert de ce syndicat, Eugène Dupont.

Théodore Chéri Génin, de Futeau (Meuse), 50 ans, plombier rue de Vesle, 75, se remarie avec Georgette Devaux, 28 ans, courageusement.

C’est un jovial compagnon, ancien beau garçon aux cheveux en poil d’Astrakan noir, gros et bedonnant, aimant blague et chopine, au parler traînant des faubouriens de l’Argonne, l’homme sur le toit duquel il ne pleut jamais, ou alors d’une pluie avantageuse.

Félix Piard, de la Sûreté, est assez de ses amis pour lui donner sa signature au bas du contrat, sans en garantir une stricte observation : lui sage !

Alfred Tortuyaux, de Château-Porcien, 39 ans, Faubourg-Cérès, 174, fils de Pierre (1885) et Marie Grison, épouse en 2èmes noces J. L. Pageot, de Paris, 29 ans.

Tortuyaux est chef trieur à l’usine Marteau, chemin de Saint-Brice (rue Ernest-Renan) où il eut son repassage que le trieur Eugène Dupont. En ces temps (1885), l’acheteur de laines de cette firme était Benjamin David, violoncelliste, actuellement octogénaire aveugle (50 ans après !), rue Caqué, 17.

Henri Rocher avait été, avant Tortuyaux, chef trieur pour les Marteau.

Dans cet atelier, faisant partie de l’usine, Rocher avait appris le métier à Paul Jacquemart, dont la sœur avait épousé Victor Marteau.

Du temps de Tortuyaux, vers 1885, on y tria des laines de Buenos-Aires, en grosses balles cerclées de lames de fer, pesant 400 kilos.

Le triage se trouvait au 1er étage d’un bâtiment éloigné des chaudières. Sur ces chaudières, il fallait transporter, à dos, par ½ quarts de balles, la laine à y faire chauffer suffisamment pour que les toisons pussent se décoller entre elles, et, isolées, se déplier sur la claie, être développées, de façon que les diverses parties de leur laine pussent être vues du trieur.

Ce transport, par descentes et montées d’escalier, en traversant cours et magasins, était parfois exténuant, surtout en saison chaude.

On y gagnait de bonnes journées, au prix de façon de 2.75 les 100 kilos ; en petite journée de février, le trieur subtile se faisait un salaire de 10 à 11 fr. par 9 heures de travail quotidien ! Mais, il fallait être musclé suffisamment, et ne pas être... paresseux !

Et cela donnait soif, d’autant que la laine chauffée contribuait à altérer le travailleur.

On avait dans le voisinage un relais, nom de poste, mais de breuvage, certain vin rouge de pays à 16 sous le litre, dont on faisait une consommation abondante.

La note du débitant, en fin de semaine, était assez chargée, et cette dépense réduisait le salaire d’autant.

De nos jours, le trieur, hygiéniquement logé, auquel on a réussi à supprimer nombre de bricoles fatigantes, et, qui, en raison de tarifs rémunérateurs, se trouvent moins astreint à une forte production, peut économiser sur son salaire à proportion du bien-être résolu ainsi. Moins de mal, moins d’heures de travail, moins de dépenses, plus d’heureux résultats.

L’usine étant éloigné des quartiers centraux de la ville, et moins proche de tout ravitaillement, on allait, à midi, déjeuner chez une commère de 40 ans, bonne femme, Mme Dubois, aimable veuve, qui tenait gargote à 200 mètres de là. La soupe aux choux était souvent sur le menu !

Pour la boisson, une autre débitante, à mi-chemin de sa consœur, la mère Michel, fournissait à tous les besoins.

Le ravitaillement s’opérer au moyen d’une longue corde manœuvrée par l’un des trieurs, du haut de l’étage sur route, par une porte-fenêtre, et les litrons étaient ainsi introduits dans le chantier sans que le commissionnaire ait à les faire voir au concierge, le père Nicolas Becker, papa du courtier de ce nom .

Les noms de ces héros de la crotte de mouton méritent de passer à la trop courte postérité que méritent ces papiers.

Citons : Alexandre et Ovide Collard, deux cousins de Sommepy ; Cladt l’Alsacien (Moi, blis Vrance gue doi !) ; le petit Henri Leclerc, surnommé Raphaël, parce qu’il tenait le pinceau a marquer les numéros sur les balles de trié. Abel Bonjean, maître de natation aux temps chauds, Edmond Fresson, dit le Pauvre, en opposition à son frère Paul le Riche. Et quelques autres, dont un bien connu du lecteur rémois.

Tous lapins à poil ! On était gais, le vin de la Montagne y contribuant ; on prenait de la peine, mais, on rigolait ferme. Cette profession manuelle laissait du bon temps à ses tenants, et elle était libre, le salaire étant aux pièces, les techniciens en petit nombre, tous de tempérament Gaulois, aimant l’air pur, et le franc parler !

Les noces du grand et maigre Tortuyaux furent joyeuses et bien arrosées.

Lui-même avait jadis, en temps de chômage, travaillé aux caves, dans les sous-sols ou celliers à champagne, et avait pris goût au vin blanc sec servi à cette catégorie de travailleurs : il en avait même acquis un tremblotement nerveux des mains gênant parfois, nocif et menant à une fin précoce. Notre homme n’y échappa point.

Les témoins étaient de la partie ; J.-B. Henry, 57 ans, dit le Vert-Galant, pour sa ressemblance avec le Béarnais (en ces temps remarquables, les trieurs avaient des connaissances !) ; Jacques Clément Lametz, 63 ans, et, dans la bagarre, un tisseur, Alexis Douté, fort comme un Turc : Jules Gobe, qui adorait le bifteck de cheval. Charles Violette, père de sa première épouse.

Il y eut un lendemain là-haut, à Saint-Lié, sur la côte de Villedommange, avec station au retour à Écueil, chez un Labassée qui avait un rouge aussi foncé que du Bourgogne !

Comment tous ces joyeux drilles rentrèrent-ils à domicile ? la chronique l’ignora, et eux aussi, d’ailleurs !

Louis Albert Lamblot, de Hauviné (Ardennes), 26 ans, fils de Lamblot-Mauroy, et Colette Bourgeois, 18 ans, couturière, avenue d’Épernay, 86.

La mère Lamblot fabriquait des fromages de pays lesquels lorsqu’ils sont à point, c’est-à-dire qu’ils ont passé du blanc au jaune par le vert-fondant, constituent un régal pour les amateurs compétents.

Lamblot fut rédacteur au Courrier de la Champagne avant d’obtenir un poste officiel au Tonkin, où Annam ?

Albert Auguste Harth, 36 ans, ex-brasseur à Courlancy, fils de Harth-Muzart, et Salomé Lejeune, de Schiltigheim (Alsace), fille de Conrad Leguène et d’Élise Meyer.

Antonin Reinneville, 24 ans, rue de Cernay, 32, fils de L. Reinneville-Gadiot, maître charpentier, et Blanche Léonie Bourquin, 19 ans, femme de chambre, rue Macquart, 9, fille de Bourquin-Charpentier, caviste. Témoins : François Cromer, 40 ans, tailleur de limes, rue des Moissons, 2 ; Albert Gougelet, vannier, tous deux beaux-frères du marié ; Edmond Louis Bourquin, 29 ans, caviste, chanteur de société, rue de Venise, 22.

Charpentier, Reinneville fut l’un des premiers à fonctionner, après-guerre, rue Prieur-de-la-Marne, et, rentier neuf, eut le malheur en mars 1935, d’être écrabouillé à Nice par un chauffard !

Auguste Oscar Démétrius de Clugny, 38 ans, de Paris, et chevalier de Malte, fils de Léopold marquis de Clugny et de Sophie d’Arsenieff, – et Marie Anne de l’Escale, d’Éclaron, 20 ans, fille de Pierre de l’Escale et de Pauline de Hédouville, elle-même fille de feu Gerdret de Laprairie.

Dimitri Gaston de Christiani, le souffletteur de Marie Loubet, est, à Paris, rue de l’Arcade, son cousin. – Autre cousin du marié : Paul Philippe Royer-Collard, 84 ans, ex-magistrat, rue d’Anjou, 8 ; Antoine comte de l’Escale, au château de Guénance (Morbihan), oncle ; et le vicomte Charles de Hédouville, 74 ans, à Éclaron. Reims a de hautes relations.

Gaston Vauché, de Sedan, 31 ans, débitant de boissons rue de l’Avant-Garde, 9 (bicoque à l’angle de la rue Legendre) et Marie Stéphanie Poulet Veuve Bantz, de Sedan. Sa sœur Rose Vauché est professeur de piano, et lui fournira, comme témoin, l’accordeur Louis Hector Manceaux, 59 ans, presque aveugle, rue Chanzy, 57.

Un caviste, fils de Lacroix-Leclerc, Alexis Lacroix, de Liry, 23 ans, et Eulalie Joséphine Lambin, 22 ans, boulevard Carteret, 15, fille de Lambin-Leblanc, mesureur de tissus. Témoins : Constant Lacroix et Paul Lefèvre, garçons de culture à Liry ; le grand-oncle Victor Émile Lambin, ex-piston aux Pompiers, rue Gambetta, 56 et Arsène Leblanc, tonnelier à Épernay.

Charles Fosse, de Sainte-Marie-à-Py, 24 ans, trieur, rue Favart-d’Herbigny, 75, et Marie Louise Albeau, couturière rue Linguet, 2, fille d’un menuisier.

En 1914, Fosse était chef trieur à la firme Laîné. Témoins : Charles Fourcart, emballeur de tissus, rue des Augustins, 14 ; Carolus Émile Fosse, 60 ans, charpentier à La Neuville-au-Pont.

P. H. Xavier Grandremy, 32 ans, imprimeur, rue de l’Université, 10, fils de Grandremy-Larangot, et Marie Marthe Leloup, 24 ans, rue de Belfort, dont le père est caissier chez les Thuillier. L’oncle des Grandremy, Simon Bouvier, père du Chirurgien, 48 ans, banquier rue Chanzy, 99, et Émile Wéry-Mennesson, 62 ans, graveur d’art, rue de Pouilly.

Alfred Alexis Demogue , de Boult-sur-Suippe, 54 ans, rue Payen, 16, fils de Demogue-Gaillard, concierge à Isles-sur-Suippe, et Marie Léontine Gilles, ouvrière en robes à Beine.

Un trieur, long et maigre comme un jour sans pain, plat comme une limande, au nez cartilagineux et busqué, avec des pattes de sauterelle en guise de bras et jambes, l’œil pétillant de malice, la réplique astucieuse et brève, en un mot : f... comme 4 sous ! tel était le père Ocquident, tel fut le fils Ernest, 25 ans, rue du K-Rouge, 21, et Ernestine Deleaux, 20 ans, ourdisseuse rue du Barbâtre, 157.

Mort à Reims, en 1925. Pendant la guerre fut trieur chez les Floquet mégissiers à Saint-Denis.

Albert Ernest Deville, 31 ans, artiste sculpteur, fils du trieur Narcisse Deville-Colin, de Sommepy, rue de Berru, 13, et Augustine Delhaye, de Horme (Belgique).

Jules Person, 24 ans, rue des Fusiliers, 24, fils de Narcisse Person-Boyëldieu, et Léonie Éliet, 22 ans, ourdisseuse rue Jacquart, 36.

Musicien il fit partie de Pompiers, joua dans les orchestres de bal, et, en 1920, était des premiers à reconstituer l’Harmonie du 3e canton.

Charles Couvreur 23 ans, rue de Contrai, 24, fils d’Alfred, épicier, et de Adeline Guillaume, dite Léocadie, et Marie Louise Caurier, 20 ans, rue Colbert, 25.

Sec, maigre, peau bistrée, on disait dans le quartier que ses parents, lorsque tout-petit, le couchaient dans un tiroir de commode. Un autodidacte, peintre et revuiste théâtral, a fignolé un Marché de Reims sous Louis XV, qui fera la joie d’un amateur quelque jour.

Vers 1900, il était l’associé de Mathieu, garage des Dion-Bouton, rue Buirette, et, à la mort de celui-là, il collabora avec la veuve, – une Junon de toute beauté –, au renom de la firme.

Après-guerre, on lui doit la construction, place d’Erlon, de l’hôtel Crystal.

Pinçait aussi quelque peu du violon, ayant été l’élève de l’infortuné Lucien Gautier, brûlé vif en l’incendie de Bary (1889).

René Léopold Sinet, de Mont-Saint-Jean, près Vervins, 22 ans, rue des Capucins, 184, et Pauline Émilie Dardenne, 18 ans, fille de Dardenne-Debray, peintre.

Eugène Victor Feller, 25 ans, rue des Filles-Dieu, 20, du roulage Walbaum, fils de Pierre Feller-Postal, garçon de magasin, et la svelte, élégante, jolie, fine, distinguée (genre comtesse de Loynes, en blonde), Berthe Boutillot, de Sainte-Marie, près Vouziers, 21 ans, modiste, à la taille de guêpe et au teint pétri de lys et de roses, à l’instar de Mme Wisner, fille de Constantin Boutillot-Gaillot, voyageur de commerce.

Adolphe Feller frère est caissier chez le lainier Eugène Gosset, et habite 13, rue Houzeau-Muiron ; il a 31 ans. Résistera quelque mois au bombardement de Reims, mais, à la fin du fuir à Paris. Il revint à Reims en 1924.

Il y a un Nicaise Feller, 37 ans, valet de chambre, rue de la Renfermerie, 10.

Paul Albert Reinneville, 27 ans, charpentier rue David, 50, fils de Savinien Antonin Reinneville-Bouillon (1874 et 1881), et Julie Léonie Morlet, 17 ans, rue David, 56, fille de Morlet-Hérold, jardinier. Son oncle Louis Reinneville, 66 ans ; Adrien Hugot, oncle de la mariée, revendeur Faubourg-Cérès, 123, et P. X. Morlet, maître boueur rue des Courtes-Martin.

Jules Fernand Blondeau, d’Aÿ, et des champagnes, 30 ans, boulevard Lundy, 54, fils de J.-B., maire d’Aÿ, et de Florimone Bertault, d’Aÿ, – et Lucie Henrot, 19 ans, fille de H. Henrot-Bonnaire, rue Gambetta, 73. Ernest Irroy, 64 ans, commandeur d’Isabelle-la-Catholique, vice-consul d’Espagne, boulevard Lundy, 46 ; l’oncle Jules Bertault, d’Aÿ ; Jules Henrot, ex-pharmacien ; Ernest Bourgeois, oncle, 48 ans, rue Werlé, 12.

Léon de Bonnay, de Château-Porcien, 28 ans voyageur de commerce rue Dorigny, 27, et Mathilde Thilly, de Contreuve (Ardennes), 21 ans, fille de Thilly-Béguin. Témoins : Gustin de Bonnay, plombier, place du Chapitre ; Alexandre Lévy, bimbelotier, rue de l’Arquebuse, 12 ; Louis Thilly, garçon de café rue de Pouilly, 4 ; Louis Thilly employé rue des Deux-Anges, 9.

Lucien Sacy, 30 ans, fabricant rue de l’Université, 21, fils de Adolphe Sacy-Dodement, 33, rue Hincmar, et Marie Louise Gaillet, 21 ans, rue des Templiers, 17, fille de Henri Gaillet-Machet, marchand de laines rue du Cardinal-de-Lorraine, associé de Louis Ponsart, tous deux de Sommepy. Témoins : René Marcel Sacy, à Verzy ; Ludovic dit Lucien Meunier, fabricant, rue de la Tirelire, 20 ; François Aubert-Gaillet, grand-oncle, 80 ans, rue de Cernay, 36, et Jules Honoré Gaillet.

Sacy fut l’un des premiers fabricants de retour à Reims après-guerre, et travailla rue des Moulins.

Après une hausse formidable des laines au début de 1920, c’est ensuite une baisse qui ramène les prix au plus bas : il y eut des ruines sans nombre, et, aussi, des mauvais payeurs qui refusèrent de prendre livraison des achats faits à la hausse. Sacy en fut victime, et ruiné du coup !

Les Sacy furent des plus honnêtes citoyens de Reims. Lucien avait fait partie du Tribunal de commerce, comme son père, quand une mort volontaire vint l’abattre, un matin de désespoir, au regret de tous. Son père lui survivait ! Chose étrange ! dans les mêmes conditions, pour des motifs presqu’identiques, son beau-père mourut de la même façon. Sa veuve habitait en 1932 rue Ponsardin, 78.

Jean Chandon, de Reilhac, par Aurillac, 42 ans, rue Jeanne-d’Arc, 30, et Victorine Alphonsine Escalas, de Villers-aux-Nœuds, 37 ans, fille de Escalas-Deligny, maréchal-ferrant, rue Fléchambault, 68.

Gustave Célestin Fournier, 21 ans, rue des Moulins, 49, et Mathilde Bombaron, 22 ans, rue Gambetta, 42, fille du musicien Léopold Bombaron. Un oncle, Émile Pilton, rue d’Aÿ ; Amigues, des tissus ; Désiré Bombaron fils, musicien, 28 ans, myope comme une taupe, à Magneux-lès-Fismes ; et l’oncle Désiré Bombaron, 58 ans, sous-adjoint au palais de Compiègne.

J.-B. Marguet, de Liry, 29 ans, pharmacien à Vouziers, fils de Pierre Constant Marguet et de Marie Élise Henry, de Liry, sœur de Basélide et Philogène Henry, receveurs d’octroi à Reims, – et Jeanne Cécile Kohl, 21 ans, rue des Moulins, 3, fille de feu Philippe Kohl-Collot (Delle, 1886).

Témoins : Philogène Henry, receveur d’octroi Porte-Gerbert, en retraite, rue Pierret, 13, Étienne Daudet, 47 ans, maçon charpentier à Liry ; Justin Vassart, 44 ans, aubergiste Au Cheval Blanc, époux de Lisa Henry, cadette de Basélide.

Émile Allart, de Cormicy, 45 ans, rue des Murs, 34, comptable chez le lainier Charles Brunette-Goërg, et, en 2èmes noces, Eugénie Guillaume, à La Berlière (Ardennes). Était voisin, vers 1890, de Veuve Dupont-Aumont, rue Gambetta, 54.

Charles Depermontier, de Roubaix, 25 ans, tailleur, rue Coquebert, 46, et Marie Louise Belloy, 22 ans, fille de Philogène, trieur, de Liry, dit la Bécane (4 février 1891) et de Pauline Rennesson. On reconnaît deux prématurés : Gaston (1886) et Charles Louis (1893). Témoins : Louis Belloy, trieur devenu caviste pour cause d’affaiblissement de la vue, frère de la mariée, rue de Strasbourg, 18. Martial Duquesne, de Roubaix, trieur, 43 ans, rue de Cernay, 120, plus tard gargotier à l’angle des Gobelins et rue de Witry.

Alfred Sagnier, 52 ans, fameux ténor local et charpentier : chapeau mou à l’artiste sur de longs cheveux plats, veston et pantalon de velours à la zouave, le mètre linéaire émergeant d’une poche, Marie Alphonsine Liquette, 21 ans, couturière, de Saint-Quentin, rue de Normandie, 7, – une grosse dondon, bonne voisine se chargeant de toutes les courses désagréables, notamment l’emprunt sur objets mobiliers au Clou c’est-à-dire au Mont-de-Piété : elle aimait les voix de ténor !

Sagnier, dit g… de zinc, rue du Barbâtre, 56, était veuf de Eugénie Ponsart (1892).

Témoins : André Fuzy, 59 ans, court et le dos dans les épaules, chantre au lutrin de Saint-Jacques, rue Buirette, 42 ; Charles Eugène Pavot, baryton à l’Union chorale, des tissus Sichard, 39 ans, avenue de Laon, 82 (Mort en 1932 rue Belin). Constant Houpillard, 63 ans, ouvrier d’art luthier chez Émile Mennesson, rue des Poissonniers, 31 ; Victor Regnault, 55 ans, ouvrier typo, en retraite, écrivain et poète minor local, s’imprimant lui-même, – sacré avantage pour les barbouillats !

C’est l’adjoint Charles Richard qui préside à ses noces musicophiles.

François Gros, de Metz, 45 ans (mort à Reims en 1925, rue Chanzy, 16), photographe retoucheur chez Courleux, fils de Gros-Antoine (1889 et 1887), et Léontine Pottelet, de Bucy-lès-Pierrepont (Aisne), 33 ans, Veuve Cartier, débitante rue de Bétheny, 147.

Témoins : Joseph Antoine Gros, photo avenue de Laon, 61 ; Samuel Caron, contremaître de tissage Walbaum, rue de Bétheny, 78, et Jules Pottelet, à Bucy.

Urialle Victor Crombée, de Marchiennes (Nord), 27 ans, boucher rue des Créneaux, 15, et Madeleines Lengler, de Bosbellain (Luxembourg), 26 ans.

Furent établis dans la vieille maison de bois à l’angle rue Saint-Julien, restaurée après guerre par Adolphe Prost, en même temps que celle à l’angle rue Saint-Sixte, gérée en 1930 par leur fils, pharmacien.

Mme-Mère était si flattée du travail artistique de Prost, qu’elle alimentait, gratis, le ménage de l’architecte de ris-de-veau et filet de bœuf !

La voisine, boulangère aux darioles, Mme Alfred Colmart, était jalouse de sa commère, car Dourcy l’avait logée dans une reconstitution quelconque, alors qu’elle eût désiré, comme tous les Rémois d’ailleurs, que fussent rétablies les vieilles arcades avec immeuble en retrait.

Il apparut que l’alignement dut être reculé pour assurer le passage du tramway de Dieu-Lumière.

On proposa en vain à l’architecte Dourcy l’apposition en façade d’une mosaïque reproduisant l’ancienne maison avec arcade d’avant-guerre.

Isidore Descazeaux, de Choisy-le-Roi, 31 ans, faïencier, avenue de Paris, 107, et Clémence Olympe Eugénie Boulogne, 28 ans, fille de Dominique Narcisse Boulogne-Boutard, des bains, rue Gambetta, 51.

Alfred Boulogne, le plus jeune des fils, entretient le service des bains et lavoir au 80. Le voiturier du n° 51 est Remy Ch. Harlequint, lequel sera en nom à la mort de Narcisse.

Louis Jean Celse Panis, 28 ans, sous-directeur des Magasins généraux sous Leroy, rue de Venise, 11, fils de Ch. Panis, ex-négociant, et de Laure Élisabeth Gabrielle de Brunet , et Marguerite Adélaïde Alard-Plumet, laines, rue Chanzy, 75. Son oncle le Dr Panis, et l’avoué Rome, son cousin.

Victor Deveaux, de Nouillonpont, par Montmédy, percepteur à Sommesous, 31 ans, et Jeanne Marie Amélie Gamain, 23 ans, rue Hincmar, 12, fille de l’épicier Gamain-Griffon, maison d’alimentation, rue de Talleyrand. Du marié, le beau-frère Dr Crucis, à Étain ; Émile Lejeune, président du Tribunal civil à Charleville. Puis, l’avoué Brémont et l’épicier en gros Ovide Clos, rue Thiers.

Félix Renaud, de Médonville, par Neufchâteau, 39 ans, capitaine d’état-major à Vincennes, et Colombe Célinie Givelet, de Cormontreuil, 32 ans, fille de Edmond Givelet, boulevard Cérès, 12.

Témoins : Ch. Renaud, 50 ans, professeur à Toul, officier d’artillerie ; Léon Gisclard, chef de bataillon du génie, rue du Couchant, 11.

Fernand Auguste Rigaut, de La Fère, 26 ans, industriel, et Jeanne Margotin, 20 ans, fille de Margotin-Botz, boulevard Cérès, 7. L’oncle Pierre Margotin, 36 ans, rue des Trois-Raisinets, 3. J. Ernest Auguste Lefrant, fabricant d’huiles à Muille-Villotte, par Ham, oncle maternel ; Léopold Ch. Henrivaux, directeur de glaceries de Saint-Gobain.

Octave Chaumont, d’Anor, 43 ans, gardien du tir, Faubourg-Cérès, 247, et Élisabeth Peltier, d’Auxelles, par Belfort, 34 ans, épicière même Faubourg, 210.

Jules Machuel, d’Amiens, 37 ans, chez sa mère Faubourg-Fléchambault, 2, fils de J.-B. Machuel-Houpin (Juliette Henriette) et Eugénie Émilie Houpin, sa cousine, 26 ans, rue Fléchambault, 102, fille reconnue de Ernest Houpin (1890) et de Clotilde Hainque, rue Saint-Maurice, 6. Témoins : Louis Lucien Georges Guilbert, 43 ans, compositeur typographe à Rueil (Seine-et-Oise) et Paul Alcide Hautein, cousins. Edmond Leleu, 61 ans, et Frédéric Tulpin, ingénieur à Rouen.

Eugène Ch. Riégert, de Bazancourt, 36 ans, débitant buraliste rue du Jard, angle rue Marlot, et Marie Antoinette Hourlier, de Château-Porcien, 38 ans, modiste, rue Clovis, 33, fille de Hourlier-Cocu. Sa sœur est l’épouse de Alfred Déquet et tient boutique de mercerie à l’autre coin de rue (anciennement la mère Protin) .

Étienne Théophile Édouard Martin, 24 ans, entrepreneur de plomberie rue Saint-Jacques, et Marguerite Cury, de Bazancourt, 24 ans, boulevard du Temple, 25, à Paris, fille du professeur de musique Cury-Ocquident, et en parenté avec Saint-Saëns. Un oncle, Émile Cury, est médecin à Liart.

Henri Fiévet, 27 ans, professeur de mathématiques, esplanade Cérès, 5, fils de Henri Fiévet, greffier du Tribunal civil à Lille, et Charlotte Julie L. Favart, 28 ans, fille de Léon Favart, marchand de laines devenu agent d’assurances, et auquel son gendre succédera. J. Félix Fiévet, curé du Quesnoy-lès-Hesdin ; l’intendant Godin, rue du Grenier-à-Sel, 5 ; Ch. Lhotelain et Ch. Désiré Favart, oncle et frère .

Ch. Nestor Coutte, de Holmon (Aisne), professeur d’agriculture à Rethel, plus tard à la Bergerie de Rambouillet, – et Marthe Phibracq, 26 ans, rue Robert-de-Coucy, fille de Phibracq-Paquet.

Devenu veuf, il se remariera avec une Perseval de la rue des Fusiliers.

En 1912, le lot de laines de Rambouillet lui fut acheté, par Eugène Dupont de La Laine de France pour être cédé à Pierre Lelarge et Noirot, désireux de se rendre compte exactement de la valeur et du rendement de cette superbe matière. En raison du suint de la toison, c’est toujours la mauvaise affaire, – une fantaisie ! C’est généralement la draperie d’Elbeuf qui a ce luxe de se l’offrir en toute occasion. Coutte, cette année-là, tenait à faire plaisir à l’ancien voisin de sa jeune femme.

La laine fut payée 2 fr. le kilo, moins 5 % de droits d’achat, suivant la coutume de l’époque, laquelle devait disparaître du marché par l’initiative du même Eugène Dupont, en 1916, alors expert pour les réquisitions de l’État (1916-1918).

Camille Brulfer, né à Metz le 12 janvier 1871, fils de Isidore Brulfer-Joly, tailleur et sapeur-pompier, rue Chanzy, 107, épouse le 21 avril Berthe Louisa Cléty, 22 ans, très aimable modiste et blanche fille de marbre, née à Saint-Omer, rue du Couchant, 1, fille de feu Cléty-Fasquel, mort à Tourcoing en 1890. Témoin : Jules Pierre, 34 ans, rue Chanzy, 44.

Camille fut dans les champagnes chez Arthur de Bary, puis directeur du Théâtre de Reims et de la Comédie-Mondaine avec Neuillet, jusqu’à la guerre. À Paris, dans le commerce des peaux de lapins mégissées, rue d’Hauteville, 86.

A fait remettre à la Bibliothèque municipale de Reims sa collection de programmes et journaux de théâtre. Mort il y a quelques années. Écrivain et poète, auteur dramatique, il fut aussi président de la Chéchia.

Fut également candidat au Conseil municipal, individuellement, et, naturellement, sans électeurs !

Gaston Dabancourt, de Courtémont-Varennes (Aisne), 31 ans, conducteur de travaux publics, fils de Dabancourt-Monnera, vigneron, et la veuve de l’artiste peintre Pujo (1890), Eugénie Gosset, dont le père est maître paveur.

Jules Vignot, de Paris, où il est dentiste, rue Dubourg, 18, et Rose Pothier, 22 ans, rue de Belfort, 3ème fille de Etienne Pothier et belle-sœur de Paul Dazy et Camille Venain. Belle et grande à la Marie-Antoinette, spirituelle et piquante, comme une vraie champenoise de Reims, elle a suivi son mari à Saint-Brieuc.

Georges René Jacquinet, de Suippes, 30 ans, interne à Paris, rue du Vieux-Colombier, 6, fils de Jules Édouard Jacquinet-Vasset, maire et industriel à Suippes, et Marie Louise Jeanne Poullot, 23 ans, boulevard Gerbert, 30 (morte en 1920). Elle était fille de Jules Poullot, fabricant à Reims.

Témoins : son frère Jules Ernest Jacquinet ; le cousin Coïon, de Suippes ; Albert Poullot, 28 ans, rue des Augustins, 27 ; Charles Lucien Limasset-Poullot, ingénieur à Châlons.

Camille Bonhomme, de Monthois, 41 ans, trieur passé dans les bureaucrates, rue Thiers, 21, fils de Louis Bonhomme-Lalbatry, ex-cordonnier rue du Barbâtre, 49, et suisse à Saint-Maurice puis au repos à la Maison de retraite, – et Marie Louise Justinart, 45 ans, rue de Vesle, fille de Justinart-Gobin (1866 et 1867).

Adolphe Célestin Lorson, 26 ans, matelassier, rue Croix-Saint-Marc, 3, fils du joueur d’Ombres Alfred Lorson, matelassier également, et Adelina Maréchal, ménagère, le ménage paternel habitant rue du Cerf, 3, – et Jeanne Léonie Péqueux, 22 ans, tisseuse à Étreux (Aisne).

Témoins : Octave Gobeau, 59 ans, sculpteur, rue du Chalet, 29, et Édouard Eugène Morin, 25 ans, cambrurier, rue Saint-Nicaise, 2.

Célestin Alexandre Georgin, du Châtelet-sur-Retourne (Ardennes), chef de caves, rue de la Justice, 10, et sa belle-sœur Anna Leroux.

Charles Jolly, d’Écly (Ardennes), 24 ans, typo, rue de Strasbourg, 25, et Marie Hélène Olivier, de Saint-Souplet (Marne), rue Favart-d’Herbigny, 6. On reconnaît Jeanne Berthe. C’est le dernier mariage accompli en 1894, le 31 décembre, à 5 heures du soir. Le 856e de l’année .

Jolly, devenu patron rue Gambetta, 21, fut conseiller prud’homme, et, après-guerre, se réinstalla rue Coquebert, 30, où il mourut. Son fils André lui succéda.

Avant lui défilèrent néanmoins devant M. le Maire :

Édouard Mignot, rue du Ponceau, et Augustine Eugénie Gabrielle Darteyre, rue de Rivoli, 63, à Paris. On le dit 800 fois millionnaire en 1935. Leur fille a épousé un vicomte de Beaumont, pour qui l’argent n’a pas l’odeur de la cassonade.

Léon Mollet, 23 ans, graveur-litho, rue Ponsardin, 62, et Marie Thérèse Roth, 22 ans, fille de Romain Roth-Bruder, marchand de fromages et conserves d’Alsace rue des Marmouzets, 4, plus tard rue des Élus.

Léon Menu, de Fourmies, 29 ans, lainier rue de Contrai, 8, fils de Achille Menu-Meunier, d’Avesnes, et Joséphine Gaignière, 22 ans, fille de feus Gaignière-Lamotte (1893 et 1886), rue des Capucins, 125. On légitime Gaston, né le 19 octobre 1892.

Témoins : Edmond Mathieu, 42 ans, courtier en laines et son associé Eugène Becker-Bertrand, 33 ans, boulevard de la République, 11.

Ces derniers avaient été introducteurs à Reims du marché à terme des filières Buenos-Aires, et firent banqueroute : une page, compromettante sans doute, du grand-livre, avait été arrachée, et Becker fut condamné à tresser des chaussons de lisière, place du Parvis-Notre-Dame, pendant deux mois, avec faculté de se faire nourrir du dehors, et ce bon gros farceur était gastronome.

Il eut des avatars sans nombre. Pendant la guerre, il obtint, par les bons soins de son ami Camille Lenoir, député de Reims, une entreprise de transports pour l’État, rue de Rocroi et rue de Maubeuge, où on menait grand train.

On avait villa à La Varenne-Saint-Hilaire, et y venaient se réconforter, devant une table avantageusement garnie de victuailles et de boissons diverses, notre député et ses sportulaires Mirguet et Cie.

La déchéance est venue par la suite : Mathilde Bertrand, épouse Becker, déesse de cette chapelle, vient de mourir, en 1935, à 1’hospice d’Ivry, où le bon Gégène lui survivra le plus qu’il pourra !

1895

Léon Halary, 25 ans, maçon, rue Brûlée, 24, fils de Vincent Halary-Soille, et Berthe Didelet, de Witry-lès-Reims, 19 ans, fille de Didelet-Sohier, chef cantonnier, avenue de Paris.

Fin novembre 1918, Halary logeait rue Hincmar, 27, chez Caussendier, et s’y occupait de récupération.

Les rentrés allaient prendre pitance chez Mme Darret mère, épicière-gargotière chaussée Bocquaine.

À ce 27, furent aises de se réfugier, le 18 novembre 1918, trois Rémois accourus prendre note des possibilités de retour : Émile Derungs, des biscuits ; Hutteau, du Café du Théâtre, et Eugène Dupont, de la laine.

Georges Émile Maucler, de Versailles, 29 ans, notaire à Rilly-la-Montagne, puis fermier au Mont-Fournois, fils de Maucler-Courcelles, à Paris, rue Damrémont, 10 ; et Félicie Hourelle, 23 ans, rue de la Renfermerie, fille de Hourelle-Laignier.

En 1914, le berger de Mont-Fournois d’origine germanique, fut cause d’ennuis pour son patron ; Maucler fut arrêté et faillit faire connaissance avec le peloton d’exécution. Emprisonné 48 heures puis relâché.

Témoins : l’oncle H. Courcelles, à Dourdan ; Jacquemet, rentier, rue de Tambour, 17 ; Gaston Bazard, de Trouhant (Côte-d’Or) et Étienne Luc Pacheu, directeur d’usine à Saint-Mandé.

À la première panique, nombre de Rémois filèrent à toute allure vers les lieux paisibles de l’intérieur. Le notaire de Rilly fut l’un des premiers à mettre les siens en voiture, avec tout le trésor possible, et prendre le boulevard Cérès et le Gerbert, fouet en mains, et, hue donc ! Cocotte. Son cousin Jacques O. était filé l’un des premiers, confiant la surveillance de son particulier à un trieur de ses salariés : il partait, disait-il, mettre ses enfants à l’abri à Poitiers, sous espoir de revenir dans la huitaine. Oncques ne le revit-on. Son chef et associé, officier d’artillerie hors d’appel, ne fit un bond, avec 50 billets de 1000 en poche, jusqu’à La Rochelle.

La guerre en a fait des multimillionnaires, et le grand chef des Incas est officier de la Légion d’honneur. Tout arrive en ces temps baroques.

En 1870, le vieux soudard qu’était l’inoubliable grand-père Guillaume Ier s’écriait, les larmes aux yeux : Qu’ai-je donc fait au bon Dieu pour que d’un vieux cochon comme moi on ait fait un si haut personnage ! Révérence gardée à cet empereur du Diable, le jacquot ci-dessus pourrait en dire autant.

Les deux Seydoux du Cateau se marient à Reims : Albert, 28 ans, lieutenant au 1er R.I. à Cambrai, et Caroline Emma Krug, 22 ans, fille de Paul Krug-Harlé. Témoins : l’oncle Louis Bacot, fabricant à Sedan, et son frère Edmond Édouard Seydoux, qui épouse Louise Pauline Krug, 20 ans, boulevard Lundy, 40. Les témoins sont, là : J. Alfred Monod, 58 ans, conseiller à la Cour d’appel, à Neuilly-sur-Seine ; P. René Bertrand, baron de Bouchepain, château de Fontenailles (Eure-et-Loir), cousin ; et cet autre cousin Charles Isaac André Harlé, 51 dans, manufacturier à Rouen ; le capitaine Charles Robert Schlumberger, 35 ans, capitaine du génie à Paris.

Alphonse Geismar, de Grussenheim (Alsace) à Lyon, fils de Geismar-Geismar, marchand de bois, et Anne Geismar, 18 ans, de New York, demeurant à Reims, rue Carnot, 36, chez son père marchand de parapluies, fille de Jacques Geismar et de Julie Berheim, – celle-ci morte à Paris en 1894. Les cousins Hildenfinger, de la Grosse-Botte, l’un rue de l’Étape, 11, et l’autre rue du Cadran-Saint-Pierre, 54 (Lepmann).

Charles Buirette, de Revigny, 38 ans, marchand de charbons, rue Payen, 11, fils de Éloi Buirette, décédé rue Boulard en 1873. Sa mère habite rue Saint-Thomas avec sa fille unique. Il épouse Marie Adeline Adnet, d’Aubérive, fille de Léandre Adnet († 1884) et Félicité Lannery († 1869). Témoins : ses frères, Jules, des tissus, rue Petit-Roland, 32 ; Léon, 29 ans, rédacteur au Ministère de la guerre à Versailles, ex-cuirassier.

Un épisode des grandes manœuvres de 1887 : le caporal territorial Dupont (Eugène pour les dames), couche à Aussonce, chez l’abbé Buirette, le frère aîné, et partage le bon lit de Léon le cuirassier, alors en perme. Dans le grenier voisin, sur la paille, ronflaient quelques musiciens du 132e R.I., dont Charles Petit et Henri Chauvry.

À l’arrivée du régiment, comme le coureur de Marathon, était accourue la consigne volante signalant le passage du cabo en le recommandant à la sollicitude des curés et des instituteurs : le mot avait été donné par l’abbé Haulin, curé de Condé-lès-Autry. Il fut transmis d’Aussonce jusqu’aux confins de la manœuvre, et le cabo bénit qui eût aimé partager, de temps à autre, la popote et le couchage de sa section, fut tenu de remplir ses devoirs d’invité, jusqu’au retour à Reims.

Ce soir-là, le curé d’Aussonce avait juré de flanquer une bonne rabote à son hôte, et, cave ecclésiastique aidant, il y réussit à merveille ; de sorte que le réveil et l’endos du harnachement ne furent pas mince besogne au réveil, et le départ quelque peu zigzaguant ! Mais que d’envieux au rassemblement ! Dame ! en manœuvres, il faut être débrouillard, et ne pas craindre d’allonger l’étape pour trouver bon gîte et parfois le reste !

Pour en revenir à Charlot, notre ami d’école au Jard, on peu ajouter qu’il fut fauché de bonne heure par cette moissonneuse grimaçante et indésirable baptisée Camarde !

Buirette, en se trouvant sur le pavé, sans emploi, à la déconfiture de l’usine de Tilly, avait ouvert un magasin de charbons, en bas du Rousselet, qui devenait prospère quand il mourut : son successeur sera Potoine-Démoulin.

À ses obsèques furent fidèles ses camarades d’enfance et de classe : Numa Aubert, Jules Machuel, C. Démoulain, Lefeuvre, et l’hôte du curé d’Aussonce : on arrosa son souvenir, copieusement, chacun y allant de sa champenoise, chez la mère Gobaut, au Vieux-Sergent, dans le bas de Fléchambault. On se sépara, doublement et fraîchement émus, cela se conçoit !

Et Démoulain, veuf de ce jour-là, sa femme assistant à une première communion, entraîna son copain, le caporal réserviste de 1887, jusqu’à son domicile, rue du Jard, 104 : on visiterait sa cave, et, l’heure du goûter approchant, on casserait une croûte. Bon saucisson, pain tendre, et... ô imprudence ! une Corton du temps de Mathusalem, qu’il s’agissait de sortir des cendres de l’oubli.

En tant que mémorialiste, le cabo démonétisé n’aurait su manquer à son devoir. Et ce fut terrible ! Une heure de cet exercice culinaire et bachique, et il fallut songer à regagner le domicile de la rue des Fusiliers, 41. La rue du Jard assista alors à un combat en l’honneur de la ligne droite, aux escarmouches intéressantes : tout le cheptel féminin et enfantin du quartier fut, en un clin d’œil, sur les pas de porte ! On s’amusa, on en parla longtemps.

Malgré tout, l’équilibriste eut gain de cause : en redingote et haut-de-cale, rond comme une calebasse, il gravit le calvaire de la Fleur-de-Lys, contourna l’atelier de serrurerie de Pierron (qui arrêta son soufflet de forge pour assister à la performance), salua en passant les fenêtres de son amie la couturière Thérèse Roby, confuse derrière ses rideaux, et finalement se trouva, parfaitement debout, avec des yeux flamboyants, à la porte du foyer conjugal, ayant passé presque inaperçu du voisinage. L’honneur était sauf !

L’accueil ? Hébé ! tout plein gentil et de commisération amusée et compatissante. Ah ! la Nini devait en rire longtemps. Son époux n’avait-il pas émis le projet de changer de costume pour aller rejoindre celui qui l’avait si bien arrangé, et... recommencer la fête !

Après goûter, ne soupe-t-on pas ? Tant bien que mal, le champion de l’amitié se retrouva entre les draps de son lit, où, après quelques tourneboulements de la cervelle, sous un plafond qui chavirait et tournait en tous sens, et avoir déposé, avec force efforts et soupirs, son écot dans le vase de faïence familiale, il s’endormait du sommeil d’un brave homme qui vient de remplir un devoir social envers la dépouille d’un des compagnons de son enfance et de sa jeunesse.

L’épisode a été long à raconter, l’a peut-être mal été, mais il peut servir d’enseignement, et, à cet égard, a droit à toutes les indulgences, et Charles Buirette m’en saura gré !

Charles avait eu, enfant, trois doigts de la main gauche emportés par une machine à couper les betteraves, et ce fut le souci de sa vie, respectueuse du décor matériel : il dissimulait son moignon sous les pans de sa redingote éternelle, ou, à défaut, d’une ample jaquette.

Au Jard, il était un élève modérément studieux, et s’empressait, avec le ramonat et le fils du triou d’en face l’école, aux corvées de quartier.

En l’hiver 1870-71, avec Lefeuvre et ce dernier, il aidait à porter la profonde et large marmite de soupe aux choux à distribuer aux assistés des Fourneaux économiques, à l’établissement Saint-Vincent-de-Paul, rue du Couchant.

Le père des Buirette, ex-gendarme, avait été piqueur des balayeurs municipaux, mais sa carte de visite était libellée : inspecteur de la Salubrité publique. Dame ! on a son petit amour-propre de fonctionnaire.

L’un des témoins aux noces de Buirette est son beau-frère Louis Buridant, 37 ans, rue Saint-Thomas, 8 ; l’autre, Charles Fayrot, d’Aussonce. La jeune sœur, belle et grande brune, est célibataire, et fut attachée à une cantonale de dommages de guerre, en 1921.

Paul Colin, 24 ans, comptable, rue Saint-Yon, 11, fils de Alphonse et Marie Perricot, – et Antoinette Angélique Collet, de Berry-au-Bac, 22 ans, rue Duquénelle, fille de Collet-Allart, cocher.

Colin père était contremaître au magasin de laines et fila chez les Benoist des Capucins. Un autre fils, Arthur Eugène, employé aux Déchets, en sera le directeur à la mort de Fernand Renard.

En juin 1935, à la suite de la crise, la Société des Déchets ferme ses portes, en congédiant tout le personnel, – sans égard aux services rendus et situations acquises par des années de fidélité. Que sera demain ?

Paul Gustave Queutelot, 25 ans, intéressé chez Cazier & Duhalde, rue des Cordeliers, 7, fils de feu Queutelot-Mélin († Louise, à Wez, 1881), et Léonie Antoine, de Pontfaverger, 20 ans, fille d’un menuisier de rue de l’Isle, 7.

Henri Matot, né à Reims le 10 janvier 187, veuf de Marie-Louise Lemoine († 1889), fils de Matot-Braine, – et sa première vendeuse, Marie-Louise Carlier, 26 ans, de Chézy-lès-Rozoy (Aisne), fille de Cyrille Anatalis Carlier-Cury. Un Carlier est tailleur rue Henri-Delacroix.

Témoins : les deux frères Willième, Jules et Georges, fabricant de papier à Neuflize, dont l’un a épousé une Matot. Jules Matot, associé ; il est, en 1935, au service de l’Éclaireur de l’Est et reste l’un des Rémois les plus fidèles qui soient à sa petite patrie, et l’un des plus aimés de nos concitoyens. Henri l’aîné est mort à la Maison de retraite, en 1933. Son fils Henri continue la tradition.

Georges Appert, 33 ans, fils cadet de Appert-Tatat, rue Bonhomme, 3, et Gabrielle Marie Clémentine Daisy, de Belfort, 31 ans, fille de Daisy-Prudhon, décédé à Bordeaux en 1870. Georges, violoniste à la Philharmonique, possédait un authentique Stradivarius. Témoins : Albert Charles Legendre, 38 ans, agent d’assurances, rue des Poissonniers, 18, son pote de pupitre ; Jules Bruyère ; Georges Richoux, rue Cérès, 49.

Charles Henri Renard, de Croix (Nord), 23 ans, filateur à Avesnes, et Marie Anne Haeusler, 23 ans, fille de Guillaume Haeusler-Trischler, marchand de laines à tricot rue Sainte-Marguerite. Témoins : Gustave Laplanche, 42 ans, rue de la Grue, 5 ; Pochonet, fabricant de molleton, rue des Capucins, 63 ; Mabon, cousin des Trischler, bijoutier à Bayonne.

Félix Roger, 32 ans, distillateur, rue de Monsieur, 17, fils de Roger-Valtiez, – et Marie Eugénie Kalas, 30 ans, née le 7 février 1865 de Kalas-Vandamme, retordeur, et sœur de Ernest Kalas. L’oncle Grison, employé, cour du Chapitre, 8 ; Jules Bernard, beau-frère, peintre en décors à Paris ; Ernest Kalas rue de Monsieur, 17 ; Émile Hupin-Kalas, 47 ans, ferblantier-lampiste, successeur d’Eugène Auger, à l’enseigne : À la Fontaine Godinot, due au pinceau d’Auger.

Ernest Alphonse Paubon, 24 ans, rue de La Neuvillette, fils de Paubon-Lamarle, et Marie Hélène Adin, 23 ans, fille de Adin-Gérard. L’oncle Édouard Adin est magasinier au peignage J. Holden. Edmond René Paubon, frère du marié, a 23 ans.

Joseph Surmont, de Bruges, 24 ans, caviste, rue Coquebert, 62, fils de Julien Henri Surmont-Sels, musicien contrebassiste au lutrin de Notre-Dame et au Théâtre, et Blanche Gaillardel, d’Écordal (Ardennes), fille de Gaillardel-Beauvarlet, commis boulanger, rue de Châtivesle, 32.

Charles Antoine Kilian Abelé de Muller, 52 ans, rue de l’École-de-Médecine, 3, et oncle de Pierre Marie Givelet, lequel, à 31 ans, étant directeur de la Verrerie de Loivre, épouse Marie Louise Josèphe Dières-Monplaisir, 20 ans, de Ronce-les-Bains, par La Tremblade (Charente-Inférieure), rue du Marc, 10. Il est fils d’Auguste Givelet de Verdière, décédé en 1886.

Lucien Bourgouin, d’Écordal, 29 ans, secrétaire de Cyr Léon Delaporte, sous-préfet de Rethel, et la fille de l’artiste peintre Messieux, rue des Capucins, 29. Un oncle Bourgouin est commandant rue Savoye, 17. Autres témoins : Ernest Kalas, et Alfred Palmyre Hue, 51 ans, inspecteur primaire, rue de Vesle, 203.

On notera en passant qu’il y eût 885 mariages et divorces en 1895.

Georges Eugène Delasalle, 21 ans, fils de l’horloger rue Chanzy, 52 († 1891), et Adèle Draveny, 27 ans, chaussée du Port, 31, repasseuse, fille de Draveny-Mené, concierge.

Auguste Cyprien Bronique, de Saint-Dié, 29 ans, serveur au Buffet de la Gare, et fils de Bronique, de Gérardmer ; et Marie Léonie Chelon, de Boursault, rue du Grenier-à-Sel, 4, fille de Chelon-Leriche, cuisinier des Clicquot.

Albert Félix Jolly, de Germaine, typo, rue de Vesle, 86, et L. Virginie Thubé, 19 ans, à La Petite-Pologne, 8, faubourg de Laon, fille de Thubé-Dreux, fruitier.

Le 3 octobre, divorce d’Alcide Lefèvre, marchand de toiles d’emballage, rue de Belfort, 5, et Dlle Berry la blonde qui boite. Leur fils Louis fut un délicieux ténor léger, remarquable dans le duo des Pêcheurs de Perles, en communion avec le baryton Havard.

Alexis Félicien Siry, 23 ans, fils de S. Siry, chef de caves, boulevard Lundy, 13, et Augustine Constance Baratte, pianiste, 23 ans, fille de Baratte-Saingery. L’oncle Baratte est gérant de la succursale des Chemins de fer de l’Est, rue Chanzy, 73.

Albert Larmigny, 30 ans, des tissus à la firme J. Poullot, rue de Thillois, 25, fils de Larmigny-Marquant, et Célinie Wiet, 27 ans, fille de Wiet-Pignolet, chez son frère Louis, rue d’Oseille, 11.

Larmigny suivit les métiers Poullot à Elbeuf, en 1914, et vient de mourir à Reims, en juin 1935.

Edmond Chéry, de Chaumuzy, 34 ans, fils de Léon Vincent Chéry-Vivrel, ex-zouave, trieur à la firme Collet frères, rue de Normandie, 1, et Marie Louise Émilienne Bourgeois, de Sainte-Marie-à-Py, 32 ans, fille de Bourgeois-Queudière, tailleur, rue de Belfort, 1.

Gavet-Putiot, épicier rue Henri-IV, 27, ayant divorcé à 52 ans, se remarie avec une Parisienne d’origine Berruyate, du nom de Fossey, 44 ans, rue Buirette, 31.

Le 9 septembre, Félix Charles Brasseur, de Metz, 25 ans, demeurant à Châlons, fils de Brasseur-Bellezanne, et Marie Louise Brulfer, 19 ans, rue des Capucins, 82, fille de Brulfer-Joly, sœur de Camille. Témoins : Eugène Fourquin, gros poussif blond aux yeux bleus, ex-élève au Jard et à l’école rue Large, fils et successeur du gérant des Établissements Économiques, 35 ans, rue du Barbâtre, et demeurant rue Gambetta, 1, beau-frère du marié ; Adolphe Bellevoye, père, 65 ans, bijoutier, rue de Talleyrand, 27, oncle.

Léon Visé, 40 ans, de Rethel, des tissus chez Chauffert, rue Landouzy, 46, et Antoinette L. Goerens, 27 ans, couturière, rue de l’Arquebuse, 19.

Il est Belge, comme son oncle Louis Prosper Visé, et son frère Auguste, dit Pagusse, 30 ans, trieur, rue de Pontgivart, 13, et trombone au Théâtre, et futur chef de la Fanfare du 4e canton. Léon fut plusieurs années trombone à l’orchestre du bal Ragaut.

Jules Charles Aubertin, 23 ans, rue Ponsardin, 25, fils de Charles Aubertin-Godbert, et employé chez son oncle Godbert jeune ; et Émilie Andrée Maussenet, 19 ans, rue du Clou-dans-le-Fer, fille de Justin Maussenet-Lalouette. Témoins : l’oncle Aubertin, 77 ans, à la Maison de retraite ; le cousin Pochonet, et l’oncle Émile Alfred Maussenet, 50 ans, instituteur à Chenay.

Eugène Louis, de Remonville (Ardennes), 35 ans, professeur à l’École normale à Laon, veuf de Blanche Romagny († 1891), et Gabrielle Charbonneaux, de Rethel, fille de Charbonneaux-Mennesson, boulevard Roederer, 36. Témoins : Rémond, directeur d’école rue Anquetil ; Émile Poujol, fourreur ; le professeur Baradel, 28 ans.

Jean-Baptiste Demouzon, de Thenne-le-Long (Meuse), agent voyer à Spincourt, et Marie Denise Demouzon, de Brouennes, près Montmédy, chez sa mère place d’Erlon, 53, fille de Demouzon-Baldé . Deux frères sont cultivateurs à Thonne ; un autre, Gustave, dans les champagnes Pommery, rue des Orphelins, 26 ; Philémon Berriot, couvreur, rue Sainte-Marguerite, 6.

Raymond Hanon, de Corbeny, 32 ans, adjudant au 132e R.I. et Berthe Irma Truchon, 25 ans, rue du Cardinal-Gousset, 13, sœur de Mme Ernest Kalas. Son beau-frère Alfred Plista, fermier au moulin de Vrilly ; Louis Durand, capitaine rue Pierret ; Alexandre Truchon, rue de Contrai, 34, et E. Kalas (1er juin 1895).

Didier Georges Fortelle, charcutier, rue Saint-Jacques, 25, et Léonie Amélie Hélène Marquant, 17 ans, rue de Trianon, fille de Marquant-Mollet, fondeur en cuivre.

Louis Victor Olry-Rœderer, de Paris, 35 ans, impasse des Deux-Anges, à Reims, fils de Jacques Olry, ex-député, rue de Monceau, 41, à Paris, et de Louise Henriette Rœderer, décédée à Bémécourt (Eure) en 1887 ; et Eugénie Mathilde Mure, de Rethondes (Oise), fille de H. Mure de Grétry, à Compiègne.

Témoins : Auguste de Rohan-Chabot, comte de Jarnac, beau-frère, rue Monceau, 41 ; Léon Olry-Rœderer, 25 ans, son frère ; Alexandre Sallandrouze de Lamornaix, contre-amiral, oncle, rue Matignon, 18 ; et P. E. Vimeux de Grétry, receveur des finances à Dunkerque.

Émile Ernest de Saint-Thibault, de Troyes, rue de Luxembourg, 4, veuf de Cécile Lemaire, et Caroline Lemaire, 32 ans, née à Strasbourg, de Lemaire-Faux († 1885). Son voisin Édouard Peltier, laines, rue de Monsieur, 18, et Ernest Denoncin, rue Ponsardin, 128.

Léon Victor Guillot, de Branges (Aisne), 25 ans, maréchal-ferrant à Villers-Marmery, fils de Guillot-Villain, chef de culture, et Marie Félicie Siry, 18 ans, boulevard Lundy, 13.

François Vandelin Lempereur, de Rethel, 39 ans, peintre, rue de Vesle, 73, veuf en 1895, fils de J. Noël Lempereur-Collignon, et Marie Aline Anathème Leduc, de Saint-Remi-le-Petit (Ardennes), 33 ans, débarreuse chez Lelarge, rue Gambetta, 47, fille de feu Hippolyte et de Marie Catherine Ludivine Brémont.

L’une des plus jolies de toutes les Rémoises... présentes et à venir, au témoignage d’un de ses admirateurs. Son unique sœur, l’eût surpassée, si possible, n’étaient les traces profondes de petite vérole qui creusaient son visage poupin et d’une blancheur de peau idéale !

Le peintre, lui, était un bel homme, gai comme un pinson, toujours chantant, même au plus sérieux de ses occupations de barbouillat de persiennes et portes cochères. Mort avant-guerre, sa veuve put, après, recueillir, aux Cantonales, le joli magot de leurs économies, sous forme de dommages pour un chiffre respectable de vieilles bagnoles du Grand-Cerf, récupérées au mètre cube pour reconstruction.

François Cantelorbe, de Sainte-Eulalie (landes), 28 ans, gérant du Grand-Bazar, et Marie Charlotte Julienne Dajeans, de Saint-Quentin, fille du marchand de parapluies, rue de l’Étape, 24. Un cousin de la mariée, Henri Piesvaux, vins en gros, rue Henri-Delacroix, 9 ; et Démogé et Vieil, négociants à Paris.

Louis Albert Linotte, de Sommpey, 38 ans, voyageur, chez sa mère, Veuve Linotte-Bocquet, chambres meublées rue Saint-Sixte, 23, et Camille Cécile Porquez, de Paris, 35 ans, rue des Telliers, 24, fille d’un fleuriste de Barzy (Aisne).

Léon Albert André, 24 ans, fils de André-Longuet, marchand de nouveautés place Saint-Timothée, et Eugénie Montlaurent, 19 ans, fille de Montlaurent-Coulon, cultivateur, rue Dieu-Lumière, 35.

L’aïeul Adolphe Montlaurent a 77 ans. L’oncle Émile Longuet, 46 ans, rue du Barbâtre, 127, avait été élève brillant au Jard. Eugène Godfrin, 31 ans, des Déchets, rue du Grand-Cerf, 21, et l’obèse frisé du Comptoir d’Escompte, où il est caissier, Charles Huet, 50 ans, rue Carnot, 14. Tout ce monde va faire une bombe carabinée, en attendant les mauvais jours !

François Détournay, de Gaurain-Ramecroix (Hainaut), débitant, rue d’Alsace-Lorraine, 52, déjà veuf, et Dlle Carbonneaux, de Herbigny (Ardennes). Grand, un peu pochard, fournisseur, en concurrence avec Camille Lenoir, qui, lui, est installé, comme une araignée dans sa toile, au coin de la rue des Gobelins, carrefour inévitable pour les ouvriers du peignage J. Holden, Détournay abreuve de bons vins de pays ces dégustateurs émérites que sont les trieurs de laine.

Son compatriote Jean Halewaeters, beau-père d’Édouard Grand’Barbe, ex-maréchal-ferrant rue Clicquot-Blervache, est en retraite rue Croix-Saint-Marc, 24, et sera l’un de ses plus sociables invités.

Louis Charles Siégé, de Charleville, 26 ans, comptable chez les Burnod, rue des Deux-Anges, 19, et Berthe Le Roy, 22 ans, fils de feu Léon († 1894) et de Clémence Anna Paris, rue du Jard, 120. Fouque, mégissier et à La Haubette, est témoin, ainsi que Maurice Ernest Burnod, cousin du marié.

Félix J. Esmangart de Bournonville, de Fontaine-en-Sologne (Loir-et-Cher), château des Haies, fils de Durand et d’Anne Marie Geoffroy d’Assy, – et Anne Alice Quinquet de Monjour, de Châlons, 22 ans, fille de Quinquet de Monjour-Gallice, juge à Reims, rue Werlé, 28. Témoins : Pantaléon Maurice de Bréda, château de Pressis-Brion (Oise), et Charles Frédéric Peschart d’Anilly.

Quinquet, couleur d’huile minérale mais moins gras, étriqué dans sa longue lévite noire comme un sabre de garde national en son fourreau, finissant par le haut en tromblon noir comme un boisseau de charbonnier, moins mauvais qu’en ayant l’air, et beaucoup plus pitoyable que nombre de chats-fourrés de sa promotion : en raison de quoi, sa silhouette grave et attristante lui sera pardonnée !

Le Peschart est ex-inspecteur du Génie maritime vivant de nos rentes à Passy, et sa nièce est plus jolie que lui. Il y a aussi un Gaudron (Clément) de 60 ans, ex-magistrat à Blois, qui est, grâce au pape, chevalier de Saint-Grégoire-le-Grand.

Paul Clouet, d’Aougny, 36 ans, successeur du pharmacien Gosset, rue Cérès, 11, fils de Louis Clouet, de Ville-en-Tardenois, et né le 9 février 1859, et Augustine Aglaé Pinguet, 40 ans. Témoins : pour Clouet, Louis Joseph Broquette, lieutenant au 132e, et pour Aglaé, Jules Desmaisons, 46 ans, principal au Collège d’Épernay, puis le Dr L. Émile Fiselbrand, dit Barbe d’Or, rue Chanzy, 21, rutilant au balcon du Théâtre, en qualité de médecin d’office.

Joseph Hippolyte Duchénoy, 26 ans, employé à la Caisse d’Épargne, fils d’Adrien († 1893), avenue de Bétheny, 34, et Marie Eugénie Simon, 22 ans, fille du menuisier Simon-Gardan, rue du Barbâtre, 75. Témoins : le père Nocton (Henri), 46 ans, caissier principal à ladite Caisse, rue de la Grosse-Écritoire, 6 ; pour l’épouse, l’architecte Henri Maréchal, 60 ans, gros homme à favoris blancs, fils de feu Maréchal-Gruat, imprimeur à Reims au temps de Pierre Dubois et Nicolas David, et demeurant à Paris, rue de Bussy, 14 ; Paul Simon-Concé, 29 ans, rue du Cloître, 6, – l’homme du retour silencieux à la terre, ordonnateur de pompes funèbres, qui cherche à nous avoir tous, avec son complice Védie-Jaloux. Ils peuvent courir !

Le barbon H. Rogelet, rue Ponsardin, 9, et Hélène Van Gaver, Marseillaise d’occasion.

Alcide Alfred Thévenet, dit Libion, marbrier successeur de Cachet, rue Chanzy, 48, – angle Couchant, maison de verre, vaste cube à 4 étages où l’on remise l’article fumisterie marbre et faïence, – et une grosse blonde d’Épense, Marie Adèle Collet.

Veuf, Libion est, depuis la guerre, en chicane avec la Préfecture pour des dommages de guerre qu’on estime, administrativement, hors de proportion avec la réalité. D’où stagnation de reconstruction, et un détestable trou dans l’alignement du Bourg-Saint-Denis reconstruit ! Libion-Thévenet est une foutue bête ! et on devrait l’exproprier sans ménagement.

En attendant, il s’essaie à fournir des cheminées non avariées pour les villas en construction à Toulon, et il passe là-bas de doux hivers, pour se racheter de sa bêtise rémoise ! Au fond ? !!!

Le notaire Charles Guédet, rue des Capucins, 37, et Madeleine Bataille, des Galeries-Rémoises. Noir comme une taupe, surtout quand il officie en redingote !

Fut clerc chez Me Douce le père. Courageusement attaché à son devoir professionnel, il demeura le plus longtemps possible sous les bombes, de 1914 à 17, et tint un mémoire quotidien des drames du bombardement, dont le manuscrit aidera quelque jour à compléter l’historique, non encore tenté, du martyre de Reims. Guédet est mort en 1929.

Jean Mennesson, habitant à Rouen, épouse Jenny Haumesser. Revenu à Reims après-guerre, il installa une lutherie en planches sur la place du Parvis, angle Fusiliers. Depuis, rue de l’Arbalète. Dépositaire de l’Odéophone à disques, à 2000 fr. l’un, retiré de la fabrication pour cause de progrès mécaniques en d’autres marques.

Jules Alard, architecte et flûtiste, rue Clovis, 58, et Irène Bonnard, à Mouzon.

Léon Favier, avocat à Cherbourg, et Cécile Gosset, rue des Templiers, 9.

Edmond Lesourd, comptable et conseiller municipal, rue du Jard, 69, et Alice Caniot, institutrice à Sézanne.

Fernand Baumann, dit Moch, rue Chanzy, 71, et Jeanne Reine Stiber, de Sélestat.

Fernand, né à Mützig d’un petit boucher mort jeune, fut adopté par le second époux de sa mère, et vint avec lui à Reims, en 1871.

Né en 1863, brillant élève du Lycée, il continua les laines après la mort de Samuel Moch. En 1905, il s’attira le concours d’un spécialiste de la laine de France pour en faire le commerce, conjointement avec celui des blousses de laine, sa spécialité.

La suite des événements a fait de lui un des plus gros négociant du monde entier : il lui avait fallu pour cela qu’on lui mit le pied à l’échelle. Si les intérêts privés des confrères rémois y ont perdu, l’intérêt de notre ville y a gagné, et gros. Et celui qui est à l’origine de cette fortune s’en félicitera éternellement !

Jeanne Stiber avait une sœur qui épousa un Alsacien israélite comme elle et son mari, Kahn, qui fut gérant des Galeries Lafayette et dont le fils est appelé à recueillir la fonction et l’héritage de son oncle Moch.

Ce Kahn, en temps de guerre, se rendit responsable d’un propos plus que malséant tenu à des Rémois qui s’affligeaient de la destruction de leur petite patrie, dans les bureaux de Moch, à Paris, rue Scribe, 7. Votre Reims n’a rien d’intéressant ! On n’était pas foutu, avant-guerre, d’y manger proprement ; il n’y avait aucun restaurant digne de ce nom ! Où donc ce monsieur descendait-il se restaurer ? Sans commentaires autres, hein ?

François Baillard, rue de Vesle, 116, et L. Lotte, rue Polonceau, 20.

Jules Mennesson, fils du luthier rue Carnot, 20, et Virginie de Mazade, rue Castellane, 8, à Paris.

Louis Sirault, comptable aux Établissements Économiques, rue de l’Université, 13, et Félicité Berthe Boudsocq, rue des Romains, 94.

Sirault habite, depuis 1922, rue Petit-Roland, et fait de la publicité assourdissante et inharmonique dans nos rues, au moyen d’une T.S.F. et d’un phono à disques. L’horreur !

Divorce, qui situe les Josselin du Jard. Arthur Josselin, le père, disparu, la mère se consacre à l’éducation de ses deux fils, dont l’un sera tué en guerre, et l’autre est employé aux Contributions, à la Mairie. Morte en 1928, son fils la fit enterrer civilement au Cimetière de l’Ouest, sous les auspices de la Libre-Pensée : un invité, de la fleur jaune qu’on laisse tomber sur le cercueil, fit le geste de croix du Libérateur des âmes : elle le méritait !

Mariage, en 1879, de Élise Callais et Jules Dupont. Séparé depuis plusieurs années, un divorce intervient en 1895. Élise est servante à Paris chez les Morin, rue Bastiat, 6. Son époux habite à Reims rue des Boucheries avec une Ardennaise de Buzancy, Clémence Lefèvre, qu’il a connue, tisseuse, à Roubaix, et avec laquelle il a fui le devoir, abandonnant femme et enfants, dont une fille du premier lit, Marie. Il expia depuis.

Élise a élevé ses deux filles, Julia et Jeanne, et elle est morte, en 1925, à Versailles, dans une maison de sœurs hospitalières à 80 ans, récompensée par la sollicitude de sa fille Jeanne. Elle est inhumée à Versailles, sous le nom de Veuve Bouge, de son premier mari.

Émile Barcelo, comptable chez de Neuville frères, rue du Temple, 36, et Julie Pierrard, repasseuse, rue de Vesle, 65. Pendant guerre, réfugiés à Provins.

Divorce d’un enfant de Reims, artiste lyrique aimé de tous, Max Simon et la jolie chanteuse Girard, aux torts réciproques. Simon affirma, en toute sincérité, à un ami rémois, que ces torts de sa part, n’étaient qu’un mythe, accepté par lui dans l’intérêt de leurs enfants.

Simon était un homme de cœur et de pur sentiment, digne des honnêtes gens qui lui avaient donné le jour !

Jean Wilfrid Démolin, moutonnier à la ferme des Marquises en 1905, et Léonie Octavie Lagarde.

Charles Bocquillon, greffier de la Justice de paix du 3e canton, propriétaire du Clos Saint-Remi, et Clémence Sophie Bouvier, fille de l’escompteur, rue Chanzy, 90, et sœur de chirurgien si apprécié du boulevard Foch, à Reims, de nos jours. Même cérémonie pour Adèle Bouvier et L. Charles Bailliot, cultivateur à Muizon.

Madeleine de La Morinerie, et Charles de La Lande d’Olce, capitaine au 152e, à Gérardmer.

Et, avant de clore l’herbier 1895, cette modeste sauge : Philippart, marchand de pétrole ambulant, rue d’Alsace-Lorraine, 38, et la veuve Meurant-Collignon.

1896

Entrons dans la forêt sans pénétrer, autant que possible, dans le mystère des âmes. Au surplus, ce mystère est à fleur de peau, et se laisse pénétrer de soi-même !

À l’appel, les présents ! Ernest Sauvage, de Metz, 25 ans, négociant en couleurs à Paris, fils de Sauvage-Péchoutre, et Marie Julie Simon, fille de feu Simon-Lambert, rouennerie, avenue de Paris, 18.

M. Vincent Charles de La Lande d’Olce, de Biarrotte (Landes), 35 ans, capitaine au 152e R.I. à Épinal (colonel Pottier), fils du baron d’Olce († 1887) et de Thérèse Mélanie d’Arrac Vignès de Sault, – et Marie Madeleine de La Morinerie, 24 ans. Un frère Henri de la Lande habite au château de Plaisac (Charente-Inférieure).

Gustave Émile Simard, de Billoncourt (Haute-Saône), maréchal des logis au 3e bataillon A.F., caserne Drouet d’Erlon, fils de Léon Simard-Millot, agent d’assurances, a laissé échapper le nom de sa fiancée. Passons, quoique à regret, évidemment.

Octave Hippolyte Poitaux, 29 ans, ébéniste rue de Vesle, 158, fils de Poitaux-Meunier, et Marie-Louise Carpentier, 22 ans, fille de Carpentier-Thierry, fumiste, rue Chabaud, 43. Témoins : Alfred Poitaux, métreur, rue du Jard, 45 ; Jules Paul, comptable, rue de Bétheny, 115, son frère ; Louis Bellezanne, et Louis Sedru, tôlier, boulevard Pommery.

Auguste Rouÿ, de Pontfaverger, 44 ans, trieur, veuf de Marie Camus († 1894), et Irma Rosalie Thiébaux, Veuve Douillet, 40 ans, rue Favart-d’Herbigny. Témoins : Louis Palmyre Delvincourt, débitant, Faubourg-Cérès, 112.

Albert Sébastien Dosse, de Metz, 27 ans, maître d’études à l’École professionnelle, fils de Dosse-Rigaud, tisseur, rue des Capucins, 190, et Zénaïde Clotilde Mathieu, 20 ans, rue Gambetta, 49, fille de feu Mathieu (mort à Châlons en 1895) et Irma Léocadie Matile, couturière.

Ernest Jacta, d’Épernay, 27 ans, négociant en vins, et Julie Gillet, 19 ans, fille de Auguste Gillet-Mulard, marchand de déchets de laine, rue des Augustins, 25. Aux noces, Antoine Pautard, 58 ans, receveur des contributions à Mourmelon-le-Grand, dont la fille Célinie avait épousé, en 1885, Charles Robin, négociant en vins, de Mourmelon-le-Grand, ayant, ce dernier, pour garçon d’honneur l’ex-caporal au 91e R.I. Eugène Dupont.

Léon Valentin Godefroy, de Saint-Juvin, 38 ans, cocher de fiacre à Reims, et Rosalie Clémence Clotilde Bouvard, de Sermiers, 51 ans, Veuve Hubert. Ses deux frères Eugène, dit Amédée Godefroy, 39 ans, comptable rue Saint-Thomas, 70, et Alfred, 42 ans, à Pomacle ; Jean Larrieu, 52 ans, cocher aux Petites-voitures, rue de Vesle, 51, et Ferdinand Renaudin, 42 ans, chef paveur municipal, Faubourg-Cérès, 69.

Célestin Lucien Cerveaux, 24 ans, rue de Venise, 29, fils ne Cerveaux-Mélin, apprêteur, et Marie Marguerite Chéry, du Sablon-lès-Metz, 25 ans, couturière, rue Saint-Thomas, 37. Un frère, Léon Henri Cerveaux est ébéniste rue Henri-IV.

Ernest Duvivier, de La Neuvillette, 24 ans, poseur de rails, et Eugénie Florence Chevanne, 20 ans, rentrayeuse, avenue de Laon, 189, fille de Louis Clovis Chevanne, palefrenier, et de feue Marie Louise Winisky († 1891), laquelle avait laissé de son 1er mariage avec feu Doyen : Louis est Azélie, cette dernière épouse de Amédée Godefroy, ci-dessus nommé, mort, lui, en 1900. Azélie habite en 1935 rue de Cormicy, 3.

Alexandre Potoine, de Charleville, 31 ans, fils de Potoine-Demaison, et Marguerite Demoulin, fille de Demoulin-Laignier, rue Chanzy, 43. Potoine a repris le fonds de marchand de charbons de Charles Buirette.

Henry Naudin, 29 ans, rue Legendre, 10, de la laine, représentant des usines de Bühl, fils de Paul Naudin et de Zélie Henriet, morte en 1894, – et Jeanne Louise Weiland, 21 ans, rue des Moissons, 19, fille de feu Édouard Weiland, mort à Lucerne (Suisse) en 1893, et de Frédérique Kahl († 1875). Témoins : Robert Lethwaithe, de la firme Heidsieck Monopole et frère de Jean Lethwaithe, directeur du peignage Isaac Holden ; Alexandre Victor Contet, 63 ans, rue Piper, 7 ; Henri Thuillier, marchand de laines, boulevard Gerbert, 23 ; Paul Demaison, 57 ans, rue des Templiers. Naudin fut prisonnier de guerre en 1914, en sa propriété de Cernay-lès-Reims, puis relâché, se rendit à Paris et y fit du courtage. En 1920, en juillet, crise grave de la laine ; les cours s’étaient élevés abusivement en 1919, et la spéculation s’en donna à cœur joie. Les millions gagnés s’évaporèrent, et il y eut des chutes. Naudin, lui, était vendeur de 2.000 kilos de peigné sur lesquels il aurait eu à perdre à cette date, 40.000 fr. En décembre, la perte eût pu être de 200.000 fr. ! Il attendit, – longtemps, oui ! – et s’en tira assez allègrement. Bon garçon, un peu gniengnien, s’était essayé, en 1916, à la réquisition des laines. Il le fit dans la Sarthe, mais peu préparé à ses fonctions que, il les résigna.

Charles Noël Sauvage, de Paris, 34 ans, capitaine au 67e R.I. et à l’École de tir à Châlons, et Marie Lafite, de Luxembourg, 25 ans, rue Saint-Hilaire, 4 ; fille de Eugène Lafite, inspecteur à la Compagnie de l’Est.

Louis Albert Alips, de Montier-en-Der (Haute-Marne), 31 ans, mouleur en fer, rue du Chalet, 11, et Marie Anne Feibert, de Troyes, 35 ans, peigneuse. Un Alips fut conseillé municipal de Reims après-guerre : il avait son échoppe de savetier dans une maison délabrée au 38, rue du Jard.

Édouard Jean Ange Courtois, de Saint-Maixent (Deux-Sèvres), 37 ans, capitaine au 16e dragons, veuf en 1893, rue de Pouilly, 18, et Aline Wenz, 22 ans, fille de Émile Wenz et de Marie Dertinger, boulevard Cérès, 9. Témoins : colonel Charles de Villars, du 16e dragons ; comte Caffarelli, à Leschelles (Aisne) ; H. L. Walbaum et Ernest Clignet.

Charles Hector Berthe père fait enregistrer le mariage de son fils Charles Martin Maurice, 26 ans, voyageur de commerce à Redfort Coventry, Sans-Souci, avec Agnès Mina Scrope, fille de Scrope-Schrapnel.

Dr Louis Théophile Ponsard, de Saint-Rémy-en-Bouzemont, 26 ans, fils de Siléas Th. Ponsard-Feuillâtre, instituteur, et Marie-Rose Jeanne Fournel, 24 ans, fille de Constant Léopold Fournel-Coutant, bourrelier, rue Dieu-Lumière, 34.

Eugène Poirson, de Beaufremont (Vosges), 34 ans, lieutenant au 15e chasseur à pied à Châlons, veuf en 1895, fils de Poirson-Cheuvieux, et Marie Clémentine Robert, rue Werlé, fille de Robert-Galland. Un oncle Galland est meunier sur l’Arne, à Hauviné (Ardennes). Poirson était receveur buraliste en 1914, rue Brûlart, et capitaine des « boys-scout », ex-adjudant de chasseurs d’Afrique ; il fut une espèce de mouche du coche pendant la guerre, sous le titre de capitaine Poirson, se disant cousin de Poincaré. Au boulevard du Temple, devant les Rémois réfugiés stationnant en quête de nouvelles de leur ville, il dit un jour : « Sous peu, on sera à Berlin ! » Un gouailleur, qui le connaissait pour avoir longtemps fait la « partie » avec lui place Godinot, au cabaret de Mme Franc, répliqua : « Soyons seulement à Cernay, et il y aura du bon ! » On était alors en 1916.

Charles Edmond Montlaurent, 24 ans, rue Dieu-Lumière, 35, fils de Montlaurent-Coulon, et Marthe Varlet, 18 ans, fille de Varlet-Bona, « succursaliste », même rue.

Victor Coltier, 22 ans, porteur de journaux, rue du Tir, fils de Coltier-Raillart, et Rose Eugénie Claire Clapt, 19 ans, journalière, rue du Ponceau, 15. Coltier avait été « dégraisseur » de laines chez les frères Collet & Meunier, à quatre francs par jour. Il sera cabaretier buraliste sous les loges, angle rue de Châtivesle, là même où rutile de nos jours le « Café des Colonnes », y succédant à Lalondrelle. En 1918, 11 novembre, fut le premier à Reims à servir du « jus » aux arrivants du lendemain de l’armistice. Trois ans après, il vendait son « fonds » 120.000 fr. et se livra aux douceurs de la pêche à Guignicourt, en attendant de périr de nostalgie.

Eugène Julien Surmont, de Bruxelles, 21 ans, violoniste et fils du contrebassiste Joseph Surmont, rue Coquebert, 62, et Marguerite Quenardel, 18 ans, fille de Léopold Quenardel-Ballet, rue de Venise, 72 (propriétaire Arthur Dagot). Il a un frère gérant de « Familistère » à La Ferté-Milon. Témoins : Henri Bagnéris, 21 ans, voyageur de commerce, rue du Trésor, 3 (pension Bagnéris) ; Quenardel, boucher, rue de Vesle, 50 ; Léon Ballet, couvreur, rue des Capucins.

Ernest Pagnon,36 ans, rue des Capucins, 193, fils de Victor Pagnon, représentant de commerce, rue Caqué, 20, et de Hélène Anne Marie († 1883) et Marie Collignon, de Stenay, 34 ans, rue Simon, 11, fille de Collignon-Baudeux, vigneron à Pouilly (Meuse), ferme de la Vignette. Maurice Salaire, fabricant, 30 ans, et Émile Longuet, rue des Capucins, 195. Pagnon est à la Maison de retraite en 1935.

Charles Charbonneaux, 27 ans, fils de Ernest Charbonneaux-Dauphinot, savonnier, rue du Barbâtre, 55, et Marie-Thérèse Goulet, 19 ans, fille de Goulet-Martinet, rue Buirette, 21. Témoins : Henri Goulet, 42 ans, consul de France à Paris, avenue Marceau ; Jules Benoist, 53 ans, fabricant aux Capucins ; Louis Camus, 66 ans, maire au Mont-Dieu (Ardennes), et Philippe Crozes, directeur aux finances.

Brouardelle, cultivateur, route de Rethel, et Clémence Guerlet, de Berru. On avait fait une réputation aux « cochons » de Brouardelle, soi-disant nourris avec des culs-de-lampe et autres détritus ménagers, étant donné ses fonctions de boueur patenté.

Henri Guinot, 24 ans, rue des Augustins, 13, fils de Auguste Guinot-Willemet, trieur chez Lelarge, et soldat en garnison à Nancy, et Victoire Gayraud, de Mornas (Vaucluse), 23 ans, rue de Cernay, 106, fille d’un maître tailleur au 16e Dragons. Sera dépositaire de la bière de Champigneulles. Henri Guinot est mort en 1923, à Reims. Témoins : Eugène Guinot, de Liry, trieur, son oncle, rue de Neufchâtel, 14 ; Edmond Willemet, comptable chez Eugène Gosset, laines ; Georges Riégel, adjudant au 16e Dragons.

Ernest Collard, de Sommepy, 23 ans, rue du Barbâtre, 217, peintre en voitures, fils de Eugène Collard-Grégoire, trieur († 1878) et Berthe Stiénon, 17 ans, rue Coquillard, 26, fille de l’ébéniste Victor Stiénon, qui était marchand fruitier au temps des origines de la IIIe République, alors que, libre-penseur à la mode bénigne de l’époque napoléonienne, il faisait partie des comités électoraux qui luttaient contre l’Empire second. Son fils Léon, ébéniste, était un élève du Jard, ainsi que leur voisin Louis Moutier, jardinier rue Neuve, passé avec armes et outils au quartier de Cernay, rue de Strasbourg, 25. En 1887, Moutier, ex-clairon de zouaves au Tonkin, sous Brugère, fit ses 13 jours au 46e territorial, colonel Janot, précisément alors que le général Brugère commander la division de Reims.

Paul Albert Vallette, maître d’armes au 3e bataillon A. F., caserne Neufchâtel, et Marie Louise Engeldorf, 21 ans, couturière, rue des Orphelins, 2, dont les parents, ébénistes, étaient précédemment installés dans le tronçon de rue des Anglais aboutissant à la rue des Fusiliers ; ils avaient alors à leur service un véritable artiste en reconstitution de styles de meubles, dont les amateurs prisaient et recherchaient la collaboration : le « père Bourgeois », œuvrant à ses heures, et courtisant la fée verte : le Verlaine de l’ébénisterie d’art. Il ne fut pas remplacé dans Reims.

Edmond Herbé, d’Épernay, 32 ans, rue Ruinart, 41, fils de feu Herbé-Lurette († 1885), et Élise Berthe Jallade, 26 ans, rue Ponsardin, 68, fille de feu Jallade-Croutelle († 1882). Paul Berton, sculpteur, rue Linguet, 11 ; Victor Herbé, employé à la mairie ; Charles Émile Jallade, 31 ans ; Hubert Baudet, cultivateur à Ludes, beau-frère.

Édouard Lengrand, 27 ans, trieur, chemin de Courcelles, fils de Lengrand-Gellier, et Mlle Ledoux, dont les parents sont épiciers à Fléchambault.

Lucien Cabanis, 29 ans, courtier en laines, rue Andrieux, 45, fils de l’ex-directeur du Bureau central de conditionnement, Auguste Cabanis-Petizon, et Élisabeth d’Anglemont de Tassigny, née à Reméhen, près Pourru-Saint-Remi, 21 ans, fille d’Alfred de Tassigny, rue des Consuls, 31. Témoins : Charles Benoist-Fréminet, du « Mont-Dieu », 69 ans, cousin ; Gaston Cabanis, frère, directeur du Bureau de conditionnement ; Adolphe de Tassigny, oncle, et Pol, frère.

Edmond Hanrot, 31 ans, violoniste de la Philharmonique, notaire à Pontfaverger, fils de Hanrot Courty, rue Ponsardin, 26, et Victorine Jeanne Bouchette, 23 ans, rue Bertin, 2, fille de Gustave Bouchette-Griffon. Hanrot père était employé chez les Benoist des Capucins, qui aidèrent le fils à ascensionner. Plus tard, notaire à Reims.

Lucien Paul Lamotte, 32 ans, fils du trieur Lamotte, de Sommepy, dans le frère, Auguste, était acheteur de laines, à Londres, avec Benjamin David, pour le compte des Marteau ; et Mathilde Chantraine, 21 ans, rue David, 28, fille de Félix Chantraine, des tissus, chez les Walbaum & Desmarest. Un frère, Ernest Lamotte, est associé à la maison de tissus Balourdet, rue d’Anjou, 16. Encore un autre frère, Louis, rue des Trois-Raisinets. L’oncle Félix Richon est rentier à Jonchery-sur-Vesle.

Edmond Petit, 22 ans, rue Coquebert, 19, fils d’Armand Petit-Gandpierre, directeur de la Chorale d’Alsace-Lorraine, et Marie Olympe Hortense Diot, 18 ans, fille de feu Arsène Diot-Bourquin, rue du Faubourg-Cérès, 2. L’aïeul François Grandpierre est journalier, rue Saint-Bernard, 28. Ambroise Petit a 55 ans, et habite rue Simon, 37. Charles Diot, 37 ans, assureur, Faubourg-Cérès, 2, était, enfant, au lutrin de Notre-Dame et porte-queue de l’archevêque Landriot (voir « Échos et Visions du Passé »).

Edmond Lahaye, de Gesves (Belgique), 35 ans, expéditionnaire, rue des Fusiliers, 33, et Félicité Liégeois, de Liry (Ardennes), rue Coquebert, 61, fille de Félicien Liégeois, manouvrier à Liry, et de feue Félicité Léonie Champenois († 1883).

Florent Isidore Smal, 37 ans, rue des Fusiliers, 33, clerc de notaire, est témoin, avec Martial Lacroix, menuisier, boulevard Carteret, 23. Lacroix-Liégeois a eu un fils qui l’a remplacé à la menuiserie, rue Prieur-de-la-Marne, où il est en même temps succursaliste de la « Société rémoise d’Épicerie ». Smal est mort à la Maison de retraite en 1923.

Léon Bancourt, de Maretz (Nord), 26 ans, pharmacien place du Parvis, et Marie Émélie Bahin, de Sedan, 25 ans, fille de feu Louis Bahin, mort à Givonne en 1882, et de Isabelle Émilie Payard, morte en 1878. Celle-ci, fille de Payard-Poterlot (voir « Échos et Visions du Passé »).

Louis Pierre Sacrez, 22 ans, trieur, rue de Contrai, 7, fils de Jules et de Louise Baussin, et Eugénie Lerat, 18 ans, repasseuse, rue Ponsardin, 13, fille de Hubert Lerat, journalier, et de Claire Roger, couturière. C’est l’adjoint Richard qui les marie. Pierre est mort jeune encore, après-guerre : on peut voir sa silhouette sur un portrait en groupe d’atelier, dans la 1ère édition de « La Laine de France », 1907.

Excellent gymnasiarque. Son père, qui mourut vers 1926, était l’un des trieurs les plus subtils de la place ; doué d’une force musculaire extraordinaire, il eût pu, sans ses excès, vivre comme Mathusalem. La mariée était une petite boulotte à peau blanche et fine, rousse comme la Danaé du Titien, et fut longtemps au service des livraisons de linge, à l’usine Choteau, de la rue du Pont-Neuf. Les Choteau sont allés s’installer à Nice.

Henri Guillaume Laviarde, 33 ans, voyageur en quincaillerie pour les Siméon, rue de Vesle, fils d’un officier de cavalerie, mort à Châlons en 1879, et de Azéma Anne Godart († 1892). Voir Almanach Matot-Braine 1935. Henri Laviarde, né à Rambouillet, est cousin germain de Achille Ier, roi d’Araucanie et chevalier de l’ordre de la Constellation du Sud. Il épouse une institutrice à Hurlus, Céline Louise Berton, 27 ans, née à Paris, fille de Édouard Césaire, sans domicile connu, et de Mélanie Grognet († 1870). Un Charles Grognet est tapissier à Clamart, et un oncle, Jules Désiré Tailliet est cultivateur à Cernay, où Mme H. Laviarde est inhumée. Ils eurent une fille Renée, qui habite avec son père, en 1935, rue des Murs, 15, propriétaire Cuillier-Gardan.

Émile Dufay, 28 ans, architecte, violoniste à la Philharmonique, fils de Dufay-Lecomte, rue des Capucins, 171, et Jeanne Julie Lamy, fille de son patron Édouard Lamy-Camuset, rue Libergier, 19. Grand beau garçon, à l’air dadais sans l’être, et ayant su, comme on dit, « y faire ». Son père était dans les tissus, et lui, naquit rue du Jard, 12. À Paris, de 1914 à 1919, rue du Laos, perclus de rhumatismes. Rentré à Reims, fut un des premiers à la reconstruction, et y amassa une réelle fortune. Ainsi, rien que pour « l’Enfant-Jésus », ces honoraires dépassèrent 140.000 fr. Spécialement choisi par les congrégations et l’Archevêché. Témoins : Lucien Soussillon, des tissus, patron de Dufay père ; Alexandre Lecomte, fabricant de papiers d’étain à Paris. L’ex-architecte Godfrin, grand-oncle maternel de l’épousée, grand palmipède aux longues jambes maigres, à la fausse chevelure noire lustrée, en perpétuel « haut-de-cale », habitué des loges et protecteur de jeunes « cabottes » de notre théâtre, Remi pour les dames ; Charles Camuzet, rentier, et aïeul, 73 ans, rue Féry, 1.

Charles Payen, de Prouvais, 25 ans, chez son père l’architecte Clovis Payen-Berriot, et Léonie Ernestine Maurice, de Villers-sur-Fère (Aisne), fille de Denis Maurice-Marcq, valet de chambre, rue David, 11. Payen père était entrepreneur de travaux publics. Maurice père est mort avant-guerre à la Maison de retraite.

Paul Burban, de Vannes, 32 ans, chapelier, passage Saulnier, 10, à Paris, et Marie Bouté, de Saint-Léger-les-Vignes, lingère, rue Tournebonneau. Une Bouté, sœur de Marie, fut l’épouse du Dr Jules Cérac. Burban était un assez joli homme, frisé, parfait comme étalagiste-vendeur, créa à Reims le rayon de chapellerie au Grand-Bazar, et s’installa rue Chanzy, vis-à-vis la maison de son futur beau-frère, qui y est mort vers 1930. Avant-guerre, Cérac était avec sa mère une Naviaux, rue de Vesle, près la rivière Brûlée. Les Bouté-Dolégéal, étaient une famille de verriers de Cormontreuil.

Fernand Thiéry, de Roubaix, 23 ans, des tissus, fils de Thiéry-Étienne, de la firme J. Poullot, et Marthe Quénet, d’Aubérive. Fut au service des Walbaum & Desmarets, puis devint secrétaire du prince Murat, pendant la guerre, et fut habitant du Lot. A été l’un des fondateurs de la Société de Photographie, rue Chanzy, 96. Est, en 1935, fonctionnaire des Contributions directes rue Libergier. Il habite rue des Capucins, est fort documenté sur les campagnes électorales dans le Lot. Son oncle Charles Thiéry, 46 ans, était prote à l’imprimerie Matot-Braine, et habitait rue des Carmélites, 24.

Henri Huart, 26 ans, rue de Thillois, 61, fils de Huart-Dérozier, caviste, et Eugénie Jaëger, de Dinant (Belgique), 28 ans. Un oncle Auguste Dérozier est conseiller municipal, 75 ans, rue de La Salle, 6. Un autre, Cyrille Geoffroy, 54 ans, rue Hincmar, 10. Témoins : Meunier le serrurier, rue Saint-Yon, 4 ; Louis Jules Payen, 40 ans, rue de Thillois, 2. Huart est comptable chez Lelarge & Noirot. Son frère Armand a quitté le même emploi et la même maison, pour être, après-guerre, libraire rue de Rome, 82, à Paris : il a épousé une Benedetti, du faubourg de Laon, sœur de René Benedetti qui fut rédacteur à « L’Éclaireur de l’Est » sous Marchandeau, dès 1925. Par sa femme était en parenté avec la « mère Carré » aubergiste à la gare de Germaine. Sa fille cadette est, depuis 1926, sœur de Saint-Vincent-de-Paul, à Saint-Germain-en-Laye. Il vit avec son aînée rue Hincmar, 83, sa femme étant morte avant-guerre.

Dr Pol Louis Victor Lévêque, de Togny-aux-Boeufs, 52 ans, rue du Clou-dans-le-Fer, 20, veuf d’Alphonsine Honorine Vincent († 1895), fils de Louis Hermidas Lévêque-Vincent, et Marthe Liébert, de Paris, 25 ans, professeur de lettres, rue Buirette, 38.

Son beau-frère Jean-Baptiste Langlet, 54 ans, rue Buirette, 24 ; Émile Person, 56 ans, professeur au Lycée Condorcet ; Achille Roussel, professeur de lettres à Rouen, et Dr Adolphe Henrot.

Gustave Peter, de Husseron (Haute-Alsace), 36 ans, de la Garde indigène du Tonkin, fils de Rose Peter, et Amélie Prenat, 31 ans, du même pays, fille de Prenat-Peter, cheminot, rue Victor-Rogelet, 1. Son frère Philippe Prenat, ex-élève des Frères, des tissus chez le « père Bon-Dieu » (Lhoste-Pérard), puis associé de Hécart & de Vertus, rue des Cordeliers, enfin, aux laines peignées chez Henri Picard-Goulet fils. Resté à Paris pendant guerre, il continue à pontifier dans une administration quelconque. Meurt à Reims en 1934, dans une rue consacrée au souvenir du « père Lamouche », du Bureau central et maître franc-maçon.

Jacques Émile Vauquois, d’Avocourt (Meuse), 27 ans, et Mathilde Verdaglio, divorcée Lemmet, 31 ans, rue du Jard, 112, de Guétet, fille de Dominique, mort à Villefranche d’Aveyron, en 1870, et de Louise Dehoulle, rue du Jard, 47. Ses deux frères Pierre et Louis Verdaglio sont l’un, voyageur de commerce, l’autre, commerçant, chez leur mère. Le cadet, saxophoniste aux Pompiers, excellent cavalier, se fait le metteur en scène de bien des cavalcades populaires.

Paul Secondé, 26 ans, marchand de charbons, boulevard Carteret, 8, fils de Secondé-Morlet, et Félicité Nicolle Thiéry, de Hermonville, 20 ans, fille de Thiéry-Picotin († 1884), rue de Venise, 14. Le frère Gustave Secondé, boulevard de la République, 115 ; Paul Brocart, 28 ans, de la Succursale Potin, place des Marchés, 48 ; Édouard Dubois, charbonnier, rue de Venise, 14, et l’aïeul Picotin, à Hermonville.

Louis Guérin, 32 ans, architecte, veuf d’Eugénie Sirot, rue Clovis, 48, fils de Eugène Guérin-Jacquet, tapissier, rue Marlot, 22, et Louise Amélie Ernestine Braux, 36 ans, modiste à Fère-en-Tardenois. Au 38 rue Marlot, Guérin père était propriétaire de Désiré Dupont-Thibault, trieur. Émile Carette, altiste aux Pompiers, peintre, rue de Thillois, 30, a épousé la sœur du marié.

Maxime Émile d’Hennin, maire à Horning (Nord), fils d’un lieutenant-colonel d’artillerie et de Léonie Patoux, et Marie Amélie Henriot, 23 ans, boulevard Lundy, 28, fille de Henriot-Lucet. Le cousin Louis René Henriot, 27 ans, est enseigne de vaisseau à Lorient.

Georges Baumgarte, 26 ans, successeur de Bouton le boucher rue Chanzy, 111, où s’approvisionnait Mme Dupont-Aumont, voisine au 79, – et Esther Nicaise, de Villeneuve-sur-Yonne, 20 ans, fille de Eugène Nicaise, marchand de cuirs, rue de la Tirelire, 16. Le père Conrad Baumgarte est marchand de fromages à Fismes.

Émile Gautier, 22 ans, rue du Couchant, 3, épouse le 19 septembre Georgette Petit, 21 ans, rue des Poissonniers, 31, originaire d’Orainville, elle avait été recueillie par le meunier Petit, son oncle. Jolie, rieuse, fraîche, mais des couleurs fugitives que donne le mauvais état des bronches, elle mourut « poitrinaire » à peu de temps de ses noces, et ayant donné le jour à un enfant mort-né. Émile épousa depuis Marguerite Darreye, divorcée Piquet, couturière, et ils demeurèrent rue Chanzy, 96. La guerre les surprit rue Gambetta, 89 ; mobilisé, il se trouvait à Louvemont au moment de l’offensive contre Verdun. Échappé de la tourmente, on le voit à Argentan, en Bretagne, puis, à Nanterre, menuisier à 0.05 centimes par jour, pour la confection des avions. Après-guerre, il est à Reims au service de Léon de Tassigny et de son épouse « la Lionne », qui lui fait réparer de vieux meubles de style, destinés à l’ornementation de leur château de Maison-Rouge (Ardennes) où il y a 100 chambres à meubler. Le « champagne Jacquesson » se vendant mal, on réduit les frais généraux, et le couple quitte le baraquement où on l’avait cantonné, aux abords de l’hôtel de Tassigny, du boulevard Pasteur. Et depuis, le « pot-à-colle » Mimille travail pour l’armée aux casernes de Neufchâtel, en habitant rue du Barbâtre, Maison Saingery, angle des Carmes. Avec Georgette, il habitait rue du Jard, 26, voisin de sa propriétaire, veuve Dupont-Aumont. Il fut des années attaché à la fabrication de caisses à champagne à la firme Pommery, avec le menuisier Tourtebatte. L’oncle Léon Petit n’était pas meunier à Orainville, mais tout bonnement vendeur de journaux, rue des Romains, 48. Un autre oncle de Georgette était Alfred Lambert, 61 ans, camionneur à la brasserie Tassigny, et habitait dans sa propriété, rue Lecointre, 8. Ont façonnait là des gaufres à l’eau de toute excellence, croustillantes et légères, graissées simplement par le frottement d’une couenne de lard sur les dents du gaufrier.

Pierre Vignau, coloriste, chez son père le rentier Vignau-Beaulier, puis teinturier rue Clovis, mais demeurant alors rue Hincmar, 42, et soldat au 91e R.I. à Mézières, – et Julia Augustine Degrais, modiste, 23 ans, rue Clovis, 2. Le frère Victor Antony Vignau, coloriste, et Jules Paulin Mathieu, billardier, rue Chanzy, 107.

Édouard Éloire, du Cateau, 24 ans, – futurs lieutenant de Pompiers et héros de la défense de Reims –, cheminot, chemin de Saint-Brice, fils d’un tisseur, et Berthe Thiéry, de Donchery (Ardennes), rue Haute-Saint-André. Témoins : Buridan, encolleur, rue de Strasbourg, 17 et le coiffeur Ravaux, à Fléchambault. Éloire a écrit ses « Mémoires du Siège ».

Charles Bagnéris, 23 ans, rue du Trésor, 3, fils de feu Bagnéris-Décotte († 1882) et Joséphine Stéphanie Wieszeniewski, 21 ans, rue du Cloître, 13, fille de Wieszeniewski et ce qui le Carlier de Ville de, nièce du chanoine Cerf. Témoins : l’oncle Décotte, vins, à Chigny ; le grand-oncle Isidore Charbonneaux, 66 ans, rue Boulard, 17 ; le chef de caves Charles Wieszeniewski.

Léon Gavroy, 30 ans, employé aux bureaux de Charbonneaux-Henrot, fabricant, rue des Trois-Raisinets, fils de Henri Gavroy-Bernard, rue Chanzy, 77, maître-queux au «Lion d’Or», et Mathilde Auguenet, 18 ans, fille du « coquassier » Auguenet-Lemaire, rue Danton, 5. Grande et belle blonde, dont une sœur épousera le serrurier Mougne, rue Deville (conseiller municipal en 1935). Témoins : Ernest Dupont, rue du Jard, 36 (ancien 26) chez sa mère, avec sa nièce Marie Dupont ; Moÿse Bloch, sous-major au 132e ; Adolphe Mougne, avenue de Laon, 186. Léon, mort avant-guerre, fut inhumé dans le cimetière du Faubourg de Laon, tellement saccagé qu’il ne reste rien de sa sépulture.

Paul Cosserat, d’Amiens, 32 ans, fils de Cosserat-Ledieu, fabricant, et Mathilde Benoist, 21 ans, fille des Benoist-Fréminet.

Louis Lundy, Rémois habitant à Verviers, où il est acheteur de laines à Londres pour la société « La Lainière », 35 ans, fils de Lundy-Petizon († 1892) et de sa veuve, rue de Pouilly, 5, – et Jeanne Louise Marie Contant, 35 ans, institutrice libre, rue Linguet, 4, fille de Théophile († 1885) et de Justine Delachapelle. Lundy est parent aux Benoist du « Mont-Dieu ».

Oscar Louis Dhaêse, de Gand, 26 ans, sculpteur, rue de Neufchâtel, 108, et Hélène Bulteau, 26 ans, rue Périn, 19, fille du sculpteur mort en 1895. Le jeune Berton est de la noce, ainsi que le dessinateur Léopold Fréville ; le colonel d’artillerie Durand, à Châlons ; Jean Bonneton-Grand’Barbe, capitaine en retraite, avenue de Laon, 295.

Nazaire Célestin Franquet, d’Orainville, 22 ans, instituteur, boulevard Carteret, fils de Franquet-Josseaux, cultivateur à Pontgivart, et Marthe Bergeronneaux, 19 ans, rue de Berru, 8.

Albert Vermonet, 43 ans, peintre-verrier, rue de Châtivesle, veuf de Louise Aline Pommery († Thenelles, 1893), et fils de Vermonet-Legros, ex-cordonnier rue Chanzy, 96 († 1888) – et Adélaïde Marie Rousselet, 25 ans, fille de Xavier (1880) et de Élisabeth Virginie Truchon, rue de Châtivesle, 41. Virginie Truchon était sœur de Mme Ernest Kalas. Témoins : Edmond Willemet, cousin du marié, rue Saint-Symphorien, 46. Hippolyte Mennesson, boulanger, rue Gambetta, 174 ; Henry Avé Rousselet, oncle, cultivateur à Bétheny. En 1925, Paul Fort, ayant fait lecture de quelques pièces de vers à l’Académie nationale de Reims fut invité au dîner de la Compagnie, restaurant Degermann ; il y plaça des plaquettes de la partie de son œuvre dans laquelle il flagelle les indignes massacreurs, destructeurs, incendiaires de notre malheureuse Cité, dont il est le fils. Mme Vermonet, autrement dit la « belle Boiteuse », blonde comme les blé en messidor, Adélaïde Marie, fine, lettrée, artiste, spirituelle et amie des arts et des artistes, souscrivit sans, naturellement, s’être enquise du prix de la plaquette : elle parut bien quinaude quand il lui fallut donner 100 fr. au poète ! Pourtant, elle n’en eut aucun regret.

Repérons çà et là quelques noms de « marieux » égarés dans les petits cahiers où s’alimentent cette chronique locale.

Paul Charles Halary, typographe, d’une famille de maçons de la Creuse, rue Brûlée, 24, et Victorine Léontine Letellier, couturière, rue du Chalet, 8. Halary, après-guerre, est administrateur de l’imprimerie de « l’Éclaireur de l’Est », – « the right man in the right place ». C’est ce qui s’appelle « mettre le doigt dessus » le Merle blanc ! Halary a casé un jeune fils comme électricien au Théâtre. Il a été décoré de la Légion d’honneur en 1934. La maison est au bon coin : le père, les deux fils, Marchandeau, Clovis Chézel, P. Muzart, et encore d’autres habitués des couloirs où s’élabore la grande œuvre de prospérité et de glorification de l’Enfant-prodige de Gaillac, le Seul, l’Unique, l’Édificateur de la Nouvelle-Jérusalem rémoise ! abstraction faite, bien entendu, des deniers de l’État, des architectes, entrepreneurs et ouvriers du bâtiment.

François Laudy, maçon, rue Marlot, 1, et Marie Dominique, cuisinière, rue de l’Échauderie, 12. Leur fils André, rue Chanzy, 53, en 1935, fut élève du Jard, et de l’Association amicale des Anciens Élèves qui fit dresser une plaque commémorative, à ladite école, en souvenir et hommage des anciens élèves morts pour la France.

Albert Hofsaës, rue Aubert, 7, et Blanche Henriet, rue Gambetta, 124. Leur fils est au Peignage de Reims et vice-président de la Société des Employés des laines, en 1935.

Michel Schoëns, bourrelier, avenue de Paris, 87, Bavarois d’origine, et Louise Botsen, couturière à La Haubette. Un Schoëns-Froment, bourrelier, tapissier, matelassier, est fabricant de meubles depuis la guerre, et eut des ouvriers allemands dans ses ateliers en planches de la rue Ponsardin.

Léon Lieffring, comptable, rue de Cernay, 122, et Blanche Douté, rue Hincmar, 15. Fit partie de la Musique municipale des Pompiers.

Louis Chemin, garçon boulanger, rue Gambetta, 133, et Lucie Godin, fille du boulanger Casimir Godin, rue Chanzy, 48. Chemin-Godin devait reprendre le fonds de boulangerie de Philippot, à Pantin.

Jean-Marie Girerd, artiste dramatique et Lucie Arnould, rue Saint-Hilaire, 6, fille du musicien. En 1899, Girerd était « traître » et 2ème régisseur au Théâtre, et joua le rôle de Strophe dans le « Danton à Arcis » de Eugène Dupont et Dutertre.

Henri Jobin, rue des Capucins, 53, fils d’un instituteur de la rue Simon, et Eugénie Thirion, d’Ancy-sur-Moselle. Après-guerre, Jobin était filateur en chambre rue de Venise, 12, et il y meurt du foie, à 50 ans, en 1928, après avoir marié sa fille à un fils de Henri Senot, grainetier rue de Vesle, proche la « cambuse » où habita le bouquiniste Élie Guillemart.

Jean François George, garçon de café, et Jeanne Louise Chapron, de Saint-Remy-en-Bouzemont. Tinrent après-guerre le café Faubourg-Cérès, ouvert en 1920 par un fils de trieur, Eugène Hobert, conseiller municipal de Reims, – à défaut de quelque autre plus autorisé ou qualifié : il avait reçu l’investiture du Syndicat des Bistrots et du Parti au pouvoir, et c’est, en tous temps, considéré suffisant.

Étienne Xavier Cromer, de Saverne, futur entrepreneur en bâtisse, rue David, 37, et Louise Eugénie Prudhon, fille d’entrepreneur Faubourg-Cérès, 191. Cromer fait maintenant, après fortune réalisée, sa « manille » au « Lions de Belfort », tenu par Habran-Tayot, sous les loges, avec Arthur Colin, de la Société des Déchets, et Loësch, courtier en grains, puis Draveny, fumiste, et quelques autres. Il a une cousine Cromer, mariée à un Fischer, qui tient le « Café-Hôtel de la Gare », à Saverne, où les Rémois peuvent se recommander de leur partenaire.

Edmond Bellavoine, neveu du « Bal-Français », comme Jonval le trieur l’était du « Cheval-Blanc » à Poix (Ardennes), caviste chez Pommery en 1930, et Marie Pottelain, rue Danton. Si nous ne nous égarons, cette Marie, ayant pris des leçons de violon auprès de François Gautier, avait toute jeune un talent presque d’enfant-prodige, et jouant gracieusement dans des concerts de société. Le cabaretier Pottelain installé un temps à l’angle des rues du Carrouge et de Pouilly, avait épousé sa mère, lui donnant en même temps son nom. Edmond Bellavoine était tambour aux Pompiers et à l’orchestre du Bal-Français, en 1882, alors qu’Eugène Dupont y tenait l’archet de chef. Les Pottelain passèrent de la rue du Carrouge à l’auberge des Trois-Poissons, en bas de la rue de Vesle, à l’époque où Marie y avait conquis une certaine notoriété par sa grâce enfantine et son mérite de violoniste.

Léon Dourcy, journalier, rue Saint-Sixte, 22, et Marie Joséphine Ambroise, divorcée Royer, rue Cazin, 19.

Aimé Henry, professeur au Lycée, rue du Trésor, et Marie Juliette Bocquet, sœur du peintre impressionniste Paul Bocquet, et nièce du Dr Jean-Baptiste Langlet. À la même date, Henri Rochefort divorçait, après 18 années de séparation entre lui et Mme de Beaupré de Brède.

Louis Victor Régnier, marchand de grains, avenue de Paris, 22, et Blanche Vitry, sœur du négociant en tissus Jules Vitry, rue Brûlart, aujourd’hui veuf et octogénaire plein d’allant et de vigueur.

Charles Alfred Jodry, représentant de commerce et peintre, et poète amateur, fils du clarinettiste Jodry, de Metz, rue des Fusiliers, 25, et Constance Eugénie Noël, de Villenoy (Moselle). Jodry fils, chroniqueur rémois, a illustré quelques notes sur Reims.

Le trieur Édouard Dubois, dit « la Broquille », rue de Strasbourg, 45, et Julie Victoire Courtillet, repasseuse.

Henri Warnier, rue Werlé, 1, et Louise Anne Thérèse Maret, à Paris.

Une Fanny Goldberg, rue de Cormicy, 61, épouse le juif polonais Abraham Isaac Kadziezawski, lunettier ambulant, à Nancy. Était-elle en parenté avec le Mécislas Golberg, qui fréquenta à Reims chez Raymond Aubert s’est canalaire, chaussée du Port, 33, au temps où René Aubert, de « l’Entr’aide », écrivait son « Bois sacré », dont, entre parenthèses, revenu de ses ambitions et goûts littéraires il ne veut plus entendre parler, vivant loin des bruits de ce monde, avec l’ex-épouse de l’instituteur Rémond, à Roquebrune.

Alphonse Miltat, vigneron à Hautvillers, et Marie Adélaïde Aglaé Amouroux, fille du pingre des tissus, rue d’Anjou, 1. Mme Miltat figurera dans le Gotha des élégantes mondaines rémoises, avec notamment les Goërg-Brunette, André Prévost, etc.

Dr Ernest Luton, rue des Augustins, 1, et Adèle Marguerite Masson dont le père est fabricant, rue Saint-Symphorien, 13.

Quelques retardataires frappent à la porte pour signaler l’oubli qu’on a fait d’eux. Faisons droit à leur appel.

Henri Bourg, rue Cérès, 29, et Jeanne Varlet, de Rethel. Le marié est le fils cadet de ce podagre de la laine, Bourg-Mennesson, que ce garçon dévoué promenait dans nos rues au moyen d’une chaise à roulettes. D’esprit caustique et mordant, ce gros homme passait au crible, dans son bureau de la rue Bonhomme, ses concitoyens de tous ordres, dont il connaissait les entours par héritage et de père en fils : il avait peut-être des dents creuses, mais elles mordaient au sang : il a eu soin, avant de mourir, d’en promettre une à son cadet, qui l’a d’ailleurs fait aiguiser à nouveau, et elle est fort pointue. Gare aux mollets charnus ou insuffisamment cuirassés ! – Troyes a recueilli l’héritier en 1914.

Marcel Burchard-Bélavary, capitaine au 25e bataillon de chasseurs à pied, boulevard Lundy, 44, et Marie-Thérèse Cécile Noël, rue de Florence, 18, à Paris.

Le jeune Félix Bouillard, ingénieur, directeur à l’usine Collet, en remplacement du bon gros H. Vitry, rue Chanzy, 60, et Mlle Bellavoine, boulevard Louis-Rœderer, 42. Petit garçon prétentieux, qui veut jouer au personnage avec les travailleurs momentanément « soumis à ses ordres », comme les diables et démons de la Proserpine, dans le Saint-Antoine du père Lorson, – et qui ne le mesurent qu’à sa taille réelle. Qu’est devenue cette poussière d’étoile ? !

Le relieur Raphaël Collet, rue Sainte-Marguerite, 14, fils de l’épicier-débitant Collet-Vessely, et Marie-Louise Perthois, vigneronne à Chigny. De nos jours, rue des Capucins, 154, où il relie nos livres. En 1914 il était rue de la Peirière, 3, et son matériel fut incendié, avec les ouvrages en cours, dont cet exemplaire de « La Petite Bibliothèque nationale » dont l’histoire a été contée en un in-8° : « Les Serviteurs de la Plume : Nicolas David, 1822-1874 ».

1897

Et maintenant que notre devoir est accompli à l’égard de ceux que la Mort enlève à Reims, revenons à nos espoirs de reviviscence.

En tête, un de la laine : Charles Edmond Faupin, 27 ans, fils de Faupin-Blanchin, rue Thiers, 9, et Juliette Marie Blanche Benoist, fille de Félix Benoist-Godet, des « Capucins » et sœur d’Édouard. Témoins : ses frères Paul, rue des Templiers, et Pierre Émile, commis-greffier. L’oncle Jules Benoist et Léon Cailliau, 41 ans, rue Ponsardin, 82.

Puis, un « crafouillat » des mieux assortis : Auguste Caÿde, que son père Jules a mis dans la charcuterie, à tout hasard, et qui n’y réussira pas, – boulevard Carteret, 30, et Jeanne Marthe Bernard, de Dizy : sa boutique éphémère sera Faubourg-Cérès, en face de Saint-André. Son père grattait mieux les boyaux de chat que lui, les pieds de porcs ! Chacun à sa place, et les cochons ne s’en plaindront pas.

Charles Mareschal (Maurice), des champagnes, rue des Capucins, 52, et Marie-Jeanne Cousin, de Péronne. Il eut ses caves et celliers rue d’Avenay, où il récupéra la marque H. Goulet et le mousseux de Touraine, des Girard. Son principal était Paul Lutta, avec en comptable, Achille Mignot, venu des Gibert. Mareschal fut aussi victime, en 1915, de la bombe qui guillotina le capitaine de Pompiers Maurice Salaire, rue de Vesle.

Louis Dor, de Metz, charcutier place d’Erlon, 88, et Céline Girard, Messine.

Lucien Théron, employé, place du Chapitre, 10, et Georgette Blondet, rue Caqué, 17.

Charles Georges Philippot, meunier à Vrilly, sur les bords du canal et à portée de Taissy, et Eugénie Richert, veuve Henrot, à Saint-Souplet. – Ses chiens de garde étaient des loups féroces, faisant peur aux paisibles promeneurs.

René Camille Léopold Thomas, pharmacien au Creusot, et Hélène Lartilleux, place Saint-Timothée. Le Thomas reprit le fonds de Villain, aïeul de l’assassin de Jaurès, rue de l’Université. Il était très compétent, mais d’une insécurité absolue pour le client, car ce petit bonhomme, à la peau pointillée de menus trous de petite vérole, se « piquait le nez » outrageusement, et il dut lâcher ses éprouvettes. Il avait absolument l’air d’un garçon de restaurant, et on s’étonnait de ne pas lui voir la serviette sur le bras. Le pharmacien d’alors jouait encore un rôle important dans l’hygiène publique, ayant à exécuter les ordonnances ; de nos jours, il est ravalé au métier idiot d’épicier, tout étant spécialités. « Et avec ça, madame ? » En ce qui concerne les tarifs, le Syndicat des Pharmaciens en agit à son gré envers le porte-monnaie des affligés : il est « tabou ». On piaille après les détaillants, en criant : « à la baisse ! » et cela réussit parfois ; mais on se tait en présence de cette corporation qui fleurit de la misère physiologique des malheureux malades. En ce siècle si pénible, leurs prix ne connaissent rien de la déflation, au contraire, et on a le choix : ou payer, ou périr ! O sainte fraternité des peuples ! Les médecins qui, eux aussi, ne se négligent pas, en arrivent à les jalouser, et ils sont l’objet, ces Diafoirus impitoyables, de la rancune de tous !

Albert Alexandre Pellier, homme de lettres (?), rue du Ruisselet, 11, et Hubertine Wuillemet.

Edgar Nilès, caviste, rue Maillefer, 14, et Marie Angélique Galichet, tisseuse, avenue de Laon, 72.

Abel Émile Pascal, rue du Jard, 87, fils du contremaître des cardes au Mont-Dieu, et Émilie Paillardin, cuisinière, rue de l’Université, 27.

Victor Danzoy, vigneron à Unchair, et Suzanne Muller, jardinière à Crugny. Ces Danzoy recueillirent une nièce Germaine, fille naturelle reconnue du nom de Gautier. Chauve totalement, Danzoy dissimulait sa calvitie sous un toupet en chanvre, qui lui donnait les airs d’un Trissotin de comédie moliéresque. La mère de Germaine s’appelait Catherine Schroeder, et mourut jeune, à la clinique Guelliot, rue de l’Arquebuse, d’une tumeur intestinale. D’origine belge, Catherine avait eu cette fille d’un cordier de l’avenue de Laon, qui ne tint pas ses promesses de mariage. À ses noces avec un tapissier, qui eurent lieu chaussée du Port, la majeure partie des invités était des gens de services, qui, jouant le rôle des maîtres, et à leur image, se bombardaient à table de boulettes en mie de pain. Il paraît que ce petit jeu était de mode alors dans ce qu’on appelle « le grand monde ».

Arthur Colin, qui sera en 1923, directeur à la Société des déchets, chez son père rue Saint-Yon, 11, et Gabrielle Lucienne Soyer, rue Jard, 129. Arthur Colin a écrit l’historique de la Société des Déchets, d’après les archives de cette bienfaisante institution. – Lui-même possédait une mémoire des chiffres extraordinaire, qui aurait pu rivaliser avec les facultés d’un Inaudi .

Henri Édouard Desplanques, lainier à Elbeuf, et Anne de La Morinerie. Il était représenté à Reims par Heumann, puis par Guillaume Schneitzler.

Georges Mitchel, du peignage Holden, rue Croix-Saint-Marc, 28, et Marguerite Fetterer, rue de Mars, 53. Georges, fils Simon Mitchel, chef des serruriers à l’usine J. Holden, fut président d’un cercle confessionnel, dit « Union chrétienne de jeunes Gens », rue Andrieux, dans les dépendances du Temple. On y récitait des hymnes protestants et bibliques, en buvant du thé et grignotant des « petits fours » à l’anglaise. À côté, un petit orchestre d’amateurs, rassemblé par Charles Stenger, répétait ses morceaux de concert. Le prosélytisme est de règle dans cette maison pieuse, et, certain « altiste » à cordes de cet orchestre en reçut des preuves palpables, un soir de février 1899, qu’il s’apprêtait à subir l’épreuve redoutable d’une « première » au Théâtre de Reims, où Delétraz aller faire jouer son drame : « Danton à Arcis ». l’évangéliste Forget, accompagné de son vénérable père, ne venait-t-il pas précisément l’importuner avec des paroles d’encouragement à passer d’un catholicisme vieillot à une religion plus moderne et d’actualité, en offrant à l’avance la prime de conversion : une « Bible » à bon marché, remise avec tout le respect et la componction obligatoire. Ce que fut l’accueil ? point n’est besoins de le décrire. Poli, évidemment, mais avec l’empressement d’un homme qui a la tête à d’autres soucis, et a hâte d’avaler la soupe et le bifteck avant d’aller au combat ! La conversion en fut, du coup, remise aux calendes grecques.

Paul Petitfils, comptable, rue d’Anjou, 14, et Eugénie Huilleret, rue des Telliers, 4. Les Petitfils sont de Château-Porcien, où les parents étaient dans la culture avant de venir à Reims. En 1933, Paul est à la maison Abelé, et le cadet des fils, Valentin, au Comptoir d’Escompte. Ce dernier, grandi trop vite, se mourait de consomption, quand les Henrot conseillèrent le régime de la viande de cheval, et ce fut la renaissance ! À la mort de la mère, le père devint « suisse » et sacristain à Saint-Benoît.

Le vicomte Sérurier, rue de la pompe, à Paris, et Louise Émélie Luzzani, rue de Vesle, 18 (maison où Napoléon coucha en mars 1814).

Benoît Possoz, Savoyard, fumiste, rue Gambetta, 16, et Léonie Henriette Arpin, de Montvalezan-sur-Séez (Savoie). Installés en 1914 et réinstallés en 1921 rue de l’Isle.

Léon Audry, trieur, rue de la Justice, 2, fils des feus Hubert Audry (1884) et Sophie Curaté (1863), – et Lucie Chardron, rue Savoye, 22. Ce grand garçon édenté, efflanqué, au verbe poisseux et lent, est chef trieur à l’usine Poullot, et « ramasseur » de laines région Sainte-Menehould, Sommepy, Vouziers, Liry.

Jules Roby, des Ponts et Chaussées, rue du Jard, 144, chez son père le maître maçon, et Mathilde Louise Vavasseur, fleuriste, rue de Talleyrand, 5, anciennement rue Chanzy, 75. Décédé après-guerre. Roby père avait une fille, Thérèse, couturière, épouse Albert Dubois ; et des fils : Auguste, Henri, Jules et Georges, tous défunts en 1933. Paul, le dernier est le seul survivant, époux de Blanche Pétré, petite-nièce du fameux ténor Antoine Renard. Ils habitent à Châlons.

Alphonse Ferrouillat, maître tailleur au 3e bataillon d’artillerie de forteresse et Léonie Delphine Engeldorf, couturière, rue des Orphelins, 2. Engeldorf avait débuté à Reims rue des Anglais, angle Fusiliers.

Charles Lanier, libraire, ancienne boutique de la « mère Luton », et la même où travaillait, en 1914, Jules Matot, et Blanche Louise Lebeaux, de Paris. Lanier fit place à Matot en allant rue du Trésor.

Alfred Adolphe Bardoux, rue de Courlancy, 114, et Jeanne Laure Guérit, repasseuse, même maison. Ce Bardoux, qui zézayait un peu, faisait le beau auprès des dames, malgré que son physique fût déprécié par des trous d’écumoire, et se rattrapait auprès des messieurs par sa faconde et sa recherche du « beau parler ». Très amusants à observer, ces types à la Gasconne ! Trieur de laines, mais comme on dit dans la partie, d’un mauvais spécialiste : « à l’arnache ».

Et voici le musicien bien doué, Gabriel Gautier, violoniste, saxophoniste, contrebassiste, et trieur par-dessus le marché, qui épouse une bonne grosse et rieuse Ardennaise de Château-Regnault, Aimée Dégrolard, appelée à lui survivre. Né en 1860 à Metz, Gabriel est mort en 1908. Se couchant fatigué un soir de Saint-Louis, au retour d’une partie de pêche à Guignicourt, où il gagna une insolation, il s’endormit à 8 heures du soir pour ne plus s’éveiller. Il habitait alors rue de Thillois, 17. En se mariant, il quittait rue du Couchant, 3, pour accompagner sa femme rue Gambetta, où elle devrait au n° 33, dans la maison du « Coq d’or », boutique de chaussures et cordonnerie. Aimée Dégrolard était veuve d’un « gabelou ». Veuve, elle épousa un ex-vendeur du « Petit Journal », Dorigny, et la guerre les chassa de leur petit cabaret de la rue de Magneux. Puis ce fut l’exil, et, pour elle la mort, et l’inhumation en cette terre ingrate du Cimetière-Parisien, où les indigents sont enfouis à fleur-de-tête. Ah ! elle ne les portait pas dans son cœur, ces Boches de malheur, venus en hordes tout massacrer et détruire en notre bien aimée France. On nous demande de pardonner ! mais le pardon est-il possible sans l’oubli ? et oublier, cela nous est-il possible ! Il faut que ces générations maudites soient rejetées au néant pour entrevoir des possibilités de fraternité durable, et sous condition que les nouvelles ne soient pas imprégnées de haine. Hélas ! Dieu finira par rejeter de son sein une Humanité si oublieuse de ses fins naturelles : le bonheur de tous par tous !

Ce musicien de nature, qui avait de qui tenir, était, avec Léopold Bombaron, l’un des contreforts de la Philharmonique, et, leur contrebasse marquaient, martelaient la « mesure » aux petits bois et chanterelles. Les répétitions avaient lieu rue des Chapelains, dans un immeuble à plusieurs étages appartenant aux Jésuites. Il arriva parfois que ces répétitions commençaient sans que les deux contrebassistes fussent à leur poste ; ils s’étaient attardés à la buvette du Théâtre, tenue alors par le timbalier Huardeaux, et s’« amenaient » entre deux morceaux ; évidemment, leur démarche était moins qu’assurée. Mais Lefèvre ne s’en faisait pas de cheveux, malgré qu’il en eût bien besoin : il les connaissait et leur faisait confiance. En effet, raides comme deux piquets de tente secoués par le zéphyr, ils s’avançaient à travers les pupitres, goguenards et amusés, et atteignaient sans encombre leurs volumineux instruments. Dès lors, ces hommes étaient tout à leur rôle : appuyés sur le manche, couchés plutôt ! sans broncher, ils poussaient, tiraient l’archet, sans anicroches à la mesure, à la justesse, aux attaques, que c’en était impressionnant ! Et Lefèvre avait le sourire.

Fernand Démosthène Mouny, caviste, 24 ans, rue du Barbâtre, 101, fils de Clovis Mouny-Questroy (1890), et Marie-Louise Rouillière, piqueuse de chaussures. Diseur en concerts et cérémonies laïques, devenu sourd comme un pot. Fut, sous Wibrotte, voyageur placier de « l’Amicale du Jard » et de « la Clef des Champs ».

Eugène Georges Fauchat, 24 ans, fils du coiffeur Fauchat-Percebois, anciennement rue du Préau, place d’Erlon, 46, et Joséphine Apolline Baudet, 22 ans, fille de Eugène Baudet-Carbon, petite-fille de Baudet-Paquis. – Témoins : Henri Darras, huissier à Jonchery ; Dr Strapart, 73 ans, rue des Telliers, 16, et Achille Menu, voisin de la rue de Contrai, 8.

En 1902, le Barnum américain étant venu installer son campement dans le Champ de Grève, amena son « géant » sous la fenêtre, au 1er étage place d’Erlon, du salon Fauchat, pour y faire tondre ledit phénomène, lequel dut s’y prêter en baissant le dos.

Félix Alleau, de Warmeriville, 38 ans, huissier rue de Vesle, 26, 1ère boutique à droite du passage Poterlet, – et Amélie Florentine Lefèvre, de Treslon (Aisne), 42 ans.

Il avait un frère, Désiré, également chemisier place des Marchés, 31, qui se marie avec Louise Rouy.

En juin, fiançailles, et le 11 juillet, mariage à la cathédrale de Bertrand de Mun, lieutenant au 22e dragons, à Provins, fils d’Albert de Mun et de Simone d’Andlau, avenue de l’Alma, 5, à Paris, – et de Céline Adrienne Barbe Werlé (Marcelle), boulevard Lundy, 15, fille de Alfred Werlé-de Montebello. Les témoins pour la mariée étaient le marquis de Nazelles, capitaine au 27e dragons, le prince de Caraman-Chimay, M. J. Eugène de Riquet, 32 ans, conseiller de légation de Belgique, à Bruxelles ; ceux du marié : le colonel Courtès-Lapeyrat, et le comte de Mun. Tous, ou à peu près, comtes du Pape.

Avec les millions acquis par le vin des côtes champenoises, le Français de Rhénanie avait réussi à faire entrer ses rejetons dans l’armorial de France, et le maire Maurice Noirot remplace l’adjoint Jolly à la table officielle de la salle des mariages.

Jolly reprend son écharpe et son poste pour les mariages du même jour, 12 juillet : le maçon Devillechabrolle ; l’électricien Béglot ; le manouvrier Schmitt-Weise ; le menuisier Raoult-Charpentier et le tailleur de pierres Paris-Muller.

Le pasteur Henri Paul Barde, de Vandoeuvres (Suisse), 31 ans, à Sin-le-Noble (Nord), fils de Édouard Barde, professeur de théologie, et de Emma de Pourtalès, et Henriette Louise Walbaum, 18 ans,fille de Walbaum de Montenegro, rue du Temple, 28. Témoins : Alfred de Pourtalès, à Paris ; Dr Barde, à Genève ; Alfred Walbaum, et Albert Luling, à Sapicourt.

Louis Messager, 24 ans, rue Saint-Thomas, 66, graveur lithographe, fils de Messager-Brudier, et Adrienne Charlotte Virginie Anceaux, de Tergnier, 21 ans, fille de Anceaux-Cuvelle, convoyeur des Postes. Témoins : Louis Émile Clergé, 55 ans, rue des Moulins, 66, et Antoine Auguste Messager, chef de gare aux Islettes. En 1924, Messager est graveur au « Nord-Est », au sortir de l’usine Debar. Il habite rue des Ardennes, et a comme apprenti Lucien Gautier. De santé délicate, il meurt en 1933.

Ernest Brisset, d’Époye, place du Parvis, 24 ans, fils de Brisset-Guérin, concierge à l’Archevêché, et Anne-Marie Hubert, de Pontfaverger, 21 ans, modiste. Un oncle Guérin est concierge rue des Cordeliers, 30.

Abel Ambroise Lambin, 24 ans, fils du piston aux Pompiers, rue Gambetta, 56, et Barbe Berthe Légérine Ciocco, rue de Vesle, 38, fille du peintre décorateur Ciocco-Lagarde.

Dr Ernest Luton, 33 ans, et Marie Adèle Marguerite Masson, 20 ans, fille du fabricant Masson-Jacquemart. Témoins : Henri Henrot ; Bazin de Bezons ; Lucien Paul Masson, 22 ans ; l’oncle Pierre Adrien Henri Jacquemart, 40 ans, rue du Barbâtre, 24.

Alphonse Miltat, de Hautvillers, 27 ans, fils de Miltat-Roux, et Marie Adèle Aglaé Amouroux, 22 ans, rue d’Anjou, 1, fille de ce « boss » rapiat et bourreau de personnel Anselme Amouroux, marchand de tissus, et de Adélaïde Léonie Vivès, la Dulcinée de ce don Quichotte, le musicien Cazé, lequel versifiait en son honneur. Un temps, Cazé eut une rétention d’urine ; la « belle de son cœur » allait le soigner, en tout bien tout honneur ! Défaillante, l’infirmière bénévole fut remplacée par les Amédée Houlon. Témoins : Paul Hanoteaux, administrateur des moteurs Charron ; Albert Cotte, capitaine à Sedan ; Valentin Redouté, voyageur et cousin de la mariée, et Ferdinand Lambert, rue Cérès, 39.

Camille Hueber, de Bühl, coiffeur place d’Erlon, 31, 23 ans, en garnison à Reims, fils d’un trieur, Charles Hueber-Bindor ; et Mélanie Manceaux, de Rethel, couturière. Le père Hueber, tête carrée et blonde, une vraie g… de Boche à casque à pointe, – ce dont il enrageait –, l’accent alsacien prononcé, en hache-paille, et arracheur de dents occasionnels. « Viens ! » – disait-il au hardi patient, devant la galerie narquoise en cercle –, « monte-là-dessus ! je vais arracher ton géle ! » Ou encore : « Moi ! blis Vrance gué doi ! » – 82 ans en 1926. On l’emploie à de menus travaux au Peignage.

Charles Petit, tout le portrait de son père Ambroise, 32 ans, rue Cérès,61, veuf d’Adèle Génot (1896) et Léontine Colin, de Bazancourt, sœur de Arthur, 20 ans, rue Saint-Yon, 11, fille de Alphonse Colin-Perricot. Son frère Léon, rue Simon, 45, est chef de caves. Jean-Paul Colin, frère d’Arthur, est succursaliste à Ay.

Émile Degand, de Courlandon, 50 ans, administrateur des Docks Rémois, rue Chabaud, 9 et Sidonie Archambault, 53 ans, de Saint-Morel (Ardennes), rue Rouillé, 5, fille de Archambault-Bonhomme, veuve Mitteaux.

Ernest Ambroise Clermonté, de Devant-les-Ponts (Metz), serveur chez Degermann, rue du Cadran-Saint-Pierre, 13, veuf de Clémence Fernet, et Delphine Goujon, 51 ans, femme de chambre à Valpriez (Aisne). Un cousin, Édouard Adolphe Maujean, peintre-verrier, rue des Boucheries, 12, est originaire de Metz.

Charles Admant, de Harraucourt (Lorraine), 26 ans, roulage, boulevard Fléchambault, 15, et Marie-Louise Ruyer, 19 ans, fille de Georges Ruyer-Godard, Faubourg-Cérès, 44. Témoins : Auguste Boigeol, vins, rue des Moulins, 33, et Eugène Caron, 51 ans, directeur de roulage, rue du Levant, 11.

Julien Sidaine, 20 ans, fabricant de parapluies, rue de Vesle, 234, né à Saint-Maximin, près Senlis, fils de Jean Sidaine-Burlet, et de Julie Givry, 18 ans, de Cambrai, rue Saint-Nicaise, 9, fille de Constant Auguste Givry et de Marie Julie Richard, « buresse », qui veuve avant-guerre, servit l’ambulance des Caves Pommery pendant le bombardement, et, après-guerre, vécut de son métier de blanchisseuse, sans secours d’âme qui vive. Morte en 1933, à la Charité. Travailleuse, honnête, vraie « g… cerclée » de Par-en-Haut. Elle faisait la lessive mensuelle rue de Contrai, 8, à 1.25 de l’heure, plus le repas de midi, le goûter et la « goutte », sans abstraction du « canon » de rouge. Avait été longtemps au service des Kalas, rue Gambetta, 23. – Témoins : à ces noces qui n’étaient point de Gamache. Édouard Remy, parapluies, Faubourg-Cérès, 43, Charles Berlemont, Philomène Gillet, 42 ans, tisseur, rue Coutier-Marion, 35, oncle ; et le cousin H. Th. Harmant, menuisier, rue de Metz, 32.

Charles Rodolphe Plattner, de Reigodswill (Suisse), 43 ans, des « champagnes » Saint-Marceaux, rue de Sillery, 8, et Louise Armande Joly, de Faux-Fresnay (Marne), 37 ans, institutrice au Lycée de jeunes filles, veuve Bourgeois, fille de Alexis Joly-Varlet, maître maçon. Témoins : Charles Arnould, 50 ans, rue Thiers, 23 ; André Givelet, 33 ans, rue Petit-Roland.

Léon Ernest Faucillon, 31 ans, notaire à Vervins, et Marie Aline Ducancel, 23 ans, rue de Thillois, 27. Ducancel père, avec sa peau noire et ocrée, sa barbe touffue, ses cheveux et ses yeux noirs, eût, drapé dans un burnous, fait figure de chef marocain. L’une de ses filles est, après-guerre, supérieure de l’« Enfant-Jésus ».

L’ex-voyageur en épices, devenu « gros-pépère » et chocolatier rue de Courcelles, 49, Édouard Mignot, des « Comptoirs Français » et de la « vie chère », est témoin à ce mariage, en compagnie de Olive Auguste Desingly, 28 ans, clerc de notaire et futur commissaire-priseur ; l’oncle Stéphane Ducancel, rue de Vesle, 66, et le frère Ernest Ducancel, 28 ans.

Émile Henri Houpillard, 25 ans, ouvrier luthier, fils de Bénoni Houpillard-Ducat, rue des Poissonniers, 23, et Marie Louise Joséphine Cathier, repasseuse, au Chesnois-Auboncourt (Ardennes). L’oncle Constant Houpillard, 66 ans, est luthier chez Émile Mennesson, et un frère Adolphe Constant est accordeur de pianos.

René Collomb, 27 ans, rue du Carrouge, 6, fils de Collomb-Legros, et Marie-Louise Charlotte Blanche Brissart, 21 ans, fille de l’avocat Brissart-Renard. Il y a un Charles Louis Brissart, à Saint-Brice ; un Renard à Trigny ; un Legros à Chigny etun Derloche, fabricant à Ault (Somme).

Georges Louis Humbert, de Sedan, 26 ans, feutrier à Donchery, fils de Eugène Humbert, sans domicile connu, et de feue Joséphine Apolline Briffaux (1896), et Marie Saunier, de Vaux (Meuse), rue Jacquart, 49, fille de feu Pierre Saunier (1896, à Sotteville). Témoins : Jules Bouteillé, feutrier à Sedan ; Léon Jean Humbert, garde d’artillerie à Vernon (Eure) et Charles Pierrefitte, adjudant au 132e R.I.

Benjamin Vincenot, d’Arc (Haute-Saône), 31 ans, dessinateur en tissus au Mont-Dieu, et, auparavant chez Edmond Givelet, et Zoé Génin, 22 ans, rue de Charleville, 9, fille de Génin-Valette. Témoins : Paul Givelet ; Edgar Ulysse Vincenot, boulanger à Verzy ; François Demerlé, oncle, rue Lesage, 21.

Vincenot est mort en 1929 d’angine de poitrine. Son sous-patron du Mont-Dieu, lui, venait d’être opéré de la vessie et subissait des spasmes cardiaques, dont il devait mourir en 1933 (Paul Givelet).

Tant de rémois « déroulent » qu’on finit par s’en, impressionner, en cette fin d’année 1926. Camille Venain s’écrie : « Attention ! nous formons le dernier carré ! zut ! aurait dit Cambronne !»

Et voici qu’à la date où s’écrivaient ces lignes, le bourdon de la cathédrale tinte en deuil de l’évêque de Dijon Landrieux.

Émile Duret, 31 ans, de Chevilly (Loiret), médecin, rue Gambetta, 38, et Gabrielle Nicot, 20 ans, rue Petit-Roland, 30, fille de Nicot-Mary, asphalteur. Témoins : Jules Tailliet, 51 ans, menuisier, boulevard Lundy, 60, Dr François Colanéri, 38 ans (médecin du cardinal Langénieux), rue de Talleyrand, 54 ; Charles Nicot, oncle, ténor à l’Opéra-Comique, square du Roule, 1, à Paris.

Édouard Onésime Jonval, trieur de laines, de Poix (Ardennes), rue Jean de La Fontaine, 9, veuf trois fois déjà, – et une qui n’a pas peur de ce Barbe-Bleue au poil grisonnant, Louise Claire Rennesson, 52 ans, de Savigny (Ardennes), rue Macquart, 5.

Alexandre Detz, de Heitz-l’Évêque, 43 ans, chef de train, rue du Mont-d’Arène, 61, veuf de Denise Lambert, et Marie-Madeleine Richard, de Pradeix (Haute-Marne), rue de Cormicy, 49. En 1914, sauva par sa présence d’esprit, un train en bordure de la frontière, sur le point d’être saisi par les Allemands, à l’heure de leur sournoise mobilisation : il réussit à le faire partir à temps. Décédé à Reims en 1924.

Victor Raphaël Juste de Ayala, 31 ans, à Ay, fils de Gonzague et de Berthe Gabrielle Albrecht, – et Hélène Margotin, 21 ans, fils de Margotin-Botz, boulevard Cérès, 7.

Un frère Ayala à Londres, Fernand Edmond ; l’oncle André Margotin ; Émile Bourgeois, fabricant de cardes, cousin, rue Werlé, 12.

Charles Henri Fayet, de Basseville (Seine-Maritime), 33 ans, à Tinqueux (les fromages Fayet), et Marie Joséphine Gabrielle Marthe Salle, 29 ans, rue des Anglais, 10, fille de feu Louis Élie (1875) et de Marie Louise Françoise Laignier ; le cousin Anaclet Deligny, 68 ans, rue des Capucins, 72 ; Remi Élie Salle, oncle, 74 ans, rue des Fusiliers, 4, et le frère Maurice Salle, 24 ans, clerc d’avoué, futur avocat.

Jules Zigrand-Boutillot, ex-cordonnier, rue Chanzy, 87, décédé en 1883, a un fils ajusteur-balancier à Épernay, qui épouse une des jolies filles de Dacremont l’oculiste, marchand ambulant de lunettes, de reconnaissances du Mont-de-Piété, etc.

Henri Herbé, pianiste, 36 ans, et Aline Madeleine Jacquemart, professeur de musique à Paris, fille de Pierre Jacques Jacquemart-Mollin, rue Clovis, 11.

Prudent Queutelot, né à Manre (Ardennes), de Remi Queutelot et de Catherine Raulin, rue Landouzy, 52, conducteur de travaux à la Mairie, – et Marie Adélaïde Aupetit, de Rethel, 32 ans, fille de Aupetit-Fontaine, rentier aux Mesneux, demeurant rue de l’Arbalète, 16. Témoins : le cousin Auguste Nicolas Queutelot, rue de l’écu, 9, 58 ans ; Théodore Raulin, rue de Talleyrand, 8 ; François Truchon, cousin, 68 ans, rentier, rue Caqué, 10, et le beau-frère Jean-Baptiste Franc, rue Sainte-Geneviève, 2.

Prudent était de santé délicate, et ses parents l’avaient retenu dans le célibat le plus longtemps possible ; en effet, il mourut à 50 ans, en 1908. Étant enfant, il habitait rue des Capucins, proche le Jard, dans une maison construite par son père, auquel Reims doit, comme à Auguste Petit, nombre de bâtisses en ce quartier ; il allait aux Frères du Jard, et son premier camarade d’enfance fut le « tapeur » de ces lignes. Que de tranchées, de forteresses, de maisons de sable ou de grève ne façonnèrent-ils de pas de leurs menottes enfantines ; agenouillés sur les tas de « matériau » déversés dans la rue, devant les immeubles en construction ? que de soupes aux choux, fumantes et odorantes, fabriquées par « maman Queutelot » ne mangèrent-ils pas chaise à chaise, les dents brulées : ils étaient de même âge, de mêmes goûts, tous deux studieux et amoureux des plaisirs calmes et sages, sous l’œil adorateur des mères ! Comment pourrait-on oublier de tels instants de la vie heureuse !

Albault-Tronquart, mercier rue Chanzy, marie sa fille Angèle à Adolphe Manès, voyageur en mercerie, rue du Temple, 15. En 1914, ce couple était rue de Contrai, 34, dans la vieille maison du vannier Truchon.

Prosper Vuibert-Tellier, équarrisseur, rue des Carmélites, 8, marie son fils et successeur Honoré, avec une chiffonnière en gros, originaire de Larzicourt (Marne), avenue de Laon, divorcée Grangé.

Alphonse Rogé, comptable, 32 ans, de Gueux, rue Grandval, 11, fils du charpentier, et Amélie Clémence Félicie Brouette, 19 ans, rue Ferrand, 2, fille de Achille Zéphir Brouette et de Claire Marie Lalique, couvreur.

Honoré Renard, clerc de commissaire-priseur, à Paris, né à Chacrise (Aisne), et Juliette Coulbeaux, de Bar-le-Duc, 22 ans, fille de Jacquier Édouard Coulbeaux-Gry, commissaire-priseur, rue Chabaud, 14. Les Renard-Matra, fermiers à Luthernay, et l’oncle Fouilloux, de Saint-Soupplets (Seine-et-Marne).

Paul Boÿs, de Rosnay, 25 ans, tonnelier, rue Brûlée, 8, et Marthe Watelet, couturière à La Neuville-lès-Wasigny. Réfugié à Troyes en 1914, il fut atteint de paralysie des mains pour toujours. Rentré à Reims en 1921.

Raymond Dargent, de Revigny, 30 ans, docteur en droit, agriculteur à La Forêt, par Frasne-le-Château (Saône-et-Loire), et Valentine Rome, 24 ans, fils de Jules, avoué, rue de Talleyrand, 45. Son fils Louis a repris la ferme et livre ses laines au Syndicat des Producteurs de Laine depuis 1925.

Édouard Dubois, 24 ans, trieur, fils d’Arthur, et Julie Victorine Courtillet, repasseuse.

René Verdaglio, 36 ans, voyageur de commerce, né à La Méangon, près Saint-Brieuc, rue de l’Avant-Garde, 15, fils de feu Diminique Verdaglio (1870) et de Louise Dehoulle, rue du Jard, 47, et Marie Louise Lefèvre, 38 ans.

Charles Liénard, d’Arcis-le-Ponsart, boucher à Verzenay, 37 ans, et Alphonsine, dite Julia Jény, 32 ans, née à Paris le 8 mai 1864 de Marie Jeanne Aline Ballanne, qui a épousé Pierre Aimé Jény, de Nauroy (Marne), hôtelier à Reims, d’abord à la Salle-Besnard, puis place d’Erlon, en successeur de Génin. Jény avait eu la jambe cassée par accident de voiture sur la route de Châlons. Liénard mourra de même façon par une chute de voiture, et frappé de congestion. Les Jény avaient 3 filles : Julia, puis Odile et Clotilde. Odile épousa un Octave Lecomte, venu à Reims avec Hervé du Lorin, « barnum alimentaire », se rendit à New York dès son mariage, et y abandonna sa femme et deux enfants, André, tué à la guerre, et Yvonne, mariée avec un artiste-violoniste tzigane. On ne sait ce qu’il devint. Odile, elle, mourut à Paris en 1918. Clotilde, demi aveugle, est à Fontenay-aux-Roses ; les parents sont morts. En 1935, Julia entre la Maison de retraite, à Reims. Liénard a un frère de 53 ans, marié à Jonchery-sur-Vesle, à la tête à Reims de la Vente publique des Cuirs et Peaux, et qui, pendant la guerre, ravitailla le front de Champagne en « pinard ».

Charles Masson, d’Épernay, pianiste, 30 ans, rue Gambetta, 155, fils de feu Louise Masson, veuve Tannet, et Adolphine Dérozier, 23 ans, couturière, fille de feu Louis Dérozier, maçon, et de Eugénie, remariée à un Maillet, rue Polonceau, 8. Louis était mort à l’Hôtel-Dieu, de tuberculose le 3 juin 1884 ; il était neveu de Mme Auguste Petit-Rousseau, constructeur de la rue Petit-Roland. Adolphine, agréable et grassouillette blondinette, précoce, rieuse, fille d’une mère de vertu fragile, et chassant de race, était née à Reims le 7 novembre 1873. Qu’est-elle devenue ? et sa mère ? Mystères des migrations familiales ? Alliée au signataire de ces lignes.

Léon André Lecomte, 27 ans, étudiant en médecine, à Paris, fils de Lecomte-Griffon, rue Buirette, 39, et Lucie Beuvelet, 19 ans, fille du jardinier Beuvelet-Pommier, rue Brûlée, 28. L’aïeul Athanase Beuvelet a 73 ans ; l’oncle Flobert-Pommier, 47 ans, rue Clovis, 13, comptable chez Salaire fabricant.

Maurice Bouron, 33 ans, rue Henri-IV, 28, fils de Félix Bouron-Lallement, des tissus et de la laine, et Adeline Marguerite Lagneau, 27 ans, place d’Erlon, 91, fille de feu Hippolyte Lagneau-Tatat (1893).

Charles Pothé, relieur d’art, 35 ans, rue Marlot, 1, fils d’Alfred Pothé-Ponsin, et Jeanne Lluhi, 28 ans, giletière, espagnole, chez son père, bouchonnier, rue Brûlée, 50. Elle a un frère, Édouard, graveur-litho chez Maillet-Valser. Pothé habitait rue de Monsieur quand il mourut, volontairement, dans l’étang de Trigny, pays de l’abbé Landrieux, qui l’avait secouru en des temps difficiles. Avait été longtemps chez le relieur Joubert fils, rue Chanzy, 61. Le fut à son compte au n° 55 même rue.

Charles Thiéry, de Vouziers, 37 ans, typo puis prote chez Matot-Braine, Faubourg-d’Épernay, 32, veuf, et Marie Félicie Boré, 26 ans, couturière, rue de la Croix, 46. Thiéry a comme beau-frère l’ex-capitaine Mortas, du 91e R.I. qui double sa retraite au moyen d’un portefeuille d’assurances, comme d’autres cumulards tiennent des comptabilités à bon marché : le professionnel, lui, hé bien ! il fera de la « terrasse ».

Jules Désiré Amédée Bouy, de Saint-Gilles-lès-Fismes, pharmacien, rue Chanzy, 91, prédécesseur de Amand Bertin, fils de Bouy-Bacart, à Verzy, et Lucie Guerbé, 23 ans, du Nouvion-en-Thiérache.

Alexandre Ernest Ponéta, sculpteur sur pierre et musicien aux Pompiers, 28 ans, rue Henri-IV, 13, et Marthe Gobron, couturière.

Adolphe Naudin cadet, rue Legendre, 10, 24 ans, fils d’Augustin Naudin-Henriet, et Hermance Bonnet, 21 ans, petite-fille de Bonnet-Barbier, rue Jeanne-d’Arc, 27, de la firme Mathelin, Bonnet & Floquet, apprêteurs, rue Gambetta, 20.

Georges Isidore Censier, 24 ans, rue de l’Arbalète, 11, fils de Censier-Brodier, teinturier, et Blanche Gabrielle Louise Legaye, 20 ans, fille de Honoré Legaye-Piot, des Sœurs de Charité, rue du Cadran-Saint-Pierre, 3.

Le buraliste Victor Rabat, de Trois-Puits, rue du Barbâtre et futur président du Comité R. S. du 3e canton, et Berthe Dumont, 17 ans, couturière, rue Ponsardin, 33, fille de Dumont, piqueur, et de Léontine Vesseron, concierge. Rabat était devenu un personnage considérable au point de vue électoral, et manifestait des opinions très avancées ; bistrot et favorisé d’un bureau de tabac, il représentait, pour ce quartier populaire, comme dans celui des Gobelins Camille Lenoir, l’avant-garde de l’armée des « profiteurs » de la République, – république dite « des camarades » ; il mourut jeune, mais mit, lui, d’accord ses actes et ses paroles, en se faisant enterrer civilement. Ce geste de courage posthume lui vaudra une belle place au Paradis réservé à nos Seigneurs les Frères Trois-Points.

Armand Simon Jules Peletereau-Villeneuve, de Thieux (Seine-et-Marne), 28 ans, clerc de notaire, fils de Gabriel, maire de Donjeux (Haute-Marne), et de Clémence Gilles, et Marie Sophie Lefort, 20 ans, fille de Alfred Lefort-Maireau, notaire, rue d’Anjou, 4. Les cousins Jules Benoist, des « Capucins », et capitaine Marx, état-major du VIe Corps, et Ernest René Peltereau, notaire à Vendôme.

Auguste Durot, de Seclin (Nord), maître d’armes au 132e, 42 ans, et Marie-Thérèse Élodie Sevrain, deDizy-le-Gros, 37 ans, gouvernante, place d’Erlon, 90, fille d’un jardinier. Un oncle Sevrain (Eugène) est chef-magasinier chez les Picard-Goulet & fils.

Jules Gobe, 36 ans, trieur, rue Boucher-de-Perthes, 82, fils de Philippe Gobe (1878) et Louise Jeanne Pageot, de Paris, 31 ans, veuve d’Alfred Tortuyaux, chef trieur chez les Marteau, rue de Strasbourg, 61. Jules Gobe était sous-chef de chantier avec Tortuyaux, rieur, gentil, joli garçon, assez gourmand, et suffisamment carnivore pour qu’on lui fît avaler du colleret de « cheval » en guise de « filet » de bœuf, chez le bistrot Ernest Legros

Un témoin à ce mariage, Alexandre Lacomblez, trieur, mourut après-guerre débitant à l’angle des rues Ponsardin et Eugène-Desteuque. C’est lui qui, en 14-15, était censé gardien du contenu des caves de quelques bourgeois de Reims réfugiés loin des bombes, et notamment ces deux voisins de la rue de la Tirelire, 20 et 22, F. Moch et Lemoine-Saint-Aubin : à l’inventaire du retour, il en manquait beaucoup, de ces fines bouteilles, mais elles n’avaient certes pas été perdues pour tout le monde, certains clients de Lacomblez en apprécièrent sans doute les qualités. Tout ceci évidemment n’est que de la médisance d’atelier, propre au tempérament du trieur rémois !

René Joseph Luzurier, de Trigny, tonnelier, fils de Eugène Luzurier-Schirmeyer, qui fut gargotier rue du Jard, 26, et dont la veuve est, en 1935, habitante de la rue des Augustins. Il épouse une fille dévouée, Marthe X… qui soigna ce « buveur » invétéré comme eût pu le faire une sœur de Charité, sans pouvoir l’arracher à la mort, vers 1930.

Louis Dor, de Metz, 30 ans, restaurateur place d’Erlon, 88, fils de François (1893) et de Thérèse Chassard, et Marie Céline Girard, de Wittencourt, demeurant à Metz, rue Taison, 26 ans, fille de Girard-Gautlet, marchand de bâches. François est mort à Metz. Restaurant, charcuterie, la Brasserie Alsacienne, Dor se dépense pour les produits de gueulardise, et, après-guerre, n’aurait pas voulu laisser à d’autres le soin de ravitailler Reims.

Alfred René Chasteau, de Paris, ingénieur, 28 ans, fils de Chasteau-Dupras décédé à Beaulieu (Alpes-Maritimes) en 1896, et Marguerite Geneviève Delautel, 22 ans, rue du Levant, fille de feu Delautel-Pestiaux, des tissus. Charles Laval est l’oncle de l’épouse ; elle a un beau-frère en la personne de Joseph Rémond, de la laine, et son frère Pierre, auquel on doit, outre sa plaquette rémoise : « Ces Messieurs de la Fabrique », la banqueroute frauduleuse de la Banque, vers 1931. Beaulieu doit être son gîte d’attente, son affaire étant et n’étant pas claire !

Eugène Picart, 30 ans, garçon de magasin chez les frères Lartilleux, de la laine, rue Villeminot-Huard, fils de Louis Eugène Picart-Schiel (1896), ex-pâtissier, rue Chanzy, 102, en 1873. Après-guerre, et ayant perdu un fils à la bataille, il est au Peignage de Reims d’où on le licencie, avec de nombreux ouvriers et employés en 1933/34, pour cause de crise.

Édouard Llhuy, 32 ans, graveur, déjà cité, et Louise David 22 ans, fille de David-Vion, parqueteur, impasse Charlier, 5.

Ernest Hardy, succursaliste aux Loges-Coquault, dont la fille eut une jambe emportée par une bombe en septembre 1914 (il meurt en 1926, rue Maucroix, à Reims, ayant habité à Ay de 1920 à 26.

Henri Roland, 37 ans, boulanger, rue Brûlée, 74, fils de Roland-Hérisson, jardinier, rue Brûlée, 58, et Dr Louis Fontaine sera le petit-fils de ce dernier. Le relieur Charles Pothé est de la noce, qui se fait en même temps que la sienne.

Il en sera de même chez les Roby, du quartier, Auguste, maçon, épousant, le même jour que son frère Jules, la sœur de la fiancée de celui-ci : Mathilde Levasseur, 25 ans.

Marcel Bernard, 29 ans, employé chez Jules Lallement, tissus, fils de Alexandre Bernard-Bouvry, et Félicie Collet, 20 ans, fille de Collet-Villain, vigneron à Verzy. Bernard père est trieur de laines, et surnommé « Rat d’égout », en raison de la ténuité de ses cheveux, en couche mince, plaqués sur les tempes. Mme Bernard mère tient une boutique de rouenneries : « Au Gagne-Petit », rue du Barbâtre.

Ernest Majot comptable chez Gabreau jeune, rue des Trois-Raisinets, né à Amifontaine, 42 ans, rue de la Concorde, 19, veuf d’Eugénie Martinot (1896), fils de Jean Olympiade Majot-Destable (1892), et Berthe Fernande de Guerne, 20 ans, herboriste, avenue de Laon, 161, fille du boucher de rue Caqué, de Guerne-Bertrand, directeur avant-guerre, sous Gustave de Bohan, des « Boucheries Agricoles ».

Léon Bocquillon, de Seboncourt (Aisne), 26 ans, employé à Paris, fils de Bocquillon-Devivaise, et Marie Louise Pauline Duchâtaux, 20 ans, fille de Paul Duchâtaux-Oudin, fabricant rue de la Justice, 5, beau-frère de Paul Oudin, de Bétheniville.

Il y eut, en 1897, 883 mariages.

Ajoutons-y le divorce de Pottelain, cabaretier-restaurateur, rue de Pouilly, au « Casse-croûte », et de Léontine Thévenin, de Villiers-en-Lieu (Haute-Marne), 42 ans, forte matrone moustachue et gonflée de ses appâts, ou appas, terrible Junon contre laquelle n’aurait su prévaloir la mièvrerie musculaire de ce gringalet plein d’audace !

1898

Martin Pütz, d’Operwanpach (Luxembourg), rue de Thillois, 20, et Eugénie Marthe Dufour, ouvrière en robes, 19 ans, rue Saint-Sixte, 18, fille de Léon Dufour, trieur de laines, ex-basse aux « Enfants de Saint-Remi », repêché chez dans le canal d’Halluin, à Roubaix, en 1894, et de Victorine Turquin. Dufour a un fils, Émile Léon, garçon de café, rue des Capucins, 25. Pütz était débitant de boissons rue de Sedan, en 1914, après l’avoir été au coin de cette rue et de rue de Mars. Réputé pour ses vins de pays. Les bombes boches ont respecté cette vieille bâtisse de la rue de Sedan, et Pütz y perdait gros, car au taux de reconstitution au mètre carré, il eût touché la belle somme au cas de destruction. Il fut grand-électeur du parti radical socialiste à Reims, à l’exemple de nombre de ses collègues, et membre du conseil municipal. Toujours la sélection par en-bas !

Jules Félix Duroy de Bruignac, de Versailles, ingénieur des Ponts-et-Chaussée à Tours, fils du baron Albert et de Berthe Antoinette Boucquet-Dupin-Duris. Encore un de nos « mentors » rémois, étant donné que les indigènes de cet infortunée cité sont incapables de la gérer eux-mêmes. Duroy épouse Aline Marie Charlotte Rogelet, de Bühl (Alsace), 21 ans, chez Edmond Rogelet-Gérard, rue de Talleyrand, 41. Témoins : Fernand Duroy de Bruignac, capitaine au 69e à Toul ; Marquis Caillebot de La Salle, 35 ans, camérier de cape et d’épée de Léon XIII, à Versailles, beau-frère du marié, et Henri Rogelet, rue Ponsardin, 48.

Gaston Edmond Cheval, 25 ans, boucher de bœuf rue du Barbâtre, 86, fils de Louis Victor Cheval et de Joséphine Berthe Serriot, charcutière, même maison (voir «Achille Ier, roi d’Araucanie», dans l’Almanach Matot-Braine 1935), et Justine Alice Coulon, fille de Coulon-Philippe, cultivateur, rue Pasteur, 35.

Henri Picard, 28 ans, rue Tronsson-Ducoudray, 26, fils de Louis Eugène Picard-Latève, décédé à Châlons à 1883, et Blanche Jeanne Grison, 27 ans, rue de l’Échauderie, 6, fille de Théophile Grison-Waltiez, rue Clovis, 5 (1864). Blanche habite chez son beau-frère le capitaine Geldreich, 38 ans.

Charles Farre (André), du champagne, 29 ans, à Zanzibar, fils de Narcisse et Fanny Irène Dumonteil-Lagrèze, 20 ans, née à Salonique de feu Dumonteil et Suzanne Robertson (1897). Remington Thomas Trew est directeur de la Poste anglaise à Zanzibar, et Ernest Dumonteil-Lagrèze, des Messageries maritimes.

Famille Alexis Baudet-Poissinger.

Émile Grenet, 34 ans, Hôtel Bergère, à Paris, fils de Toussaint (Boulogne, 1884), et Henriette Marguerite Baudet, 22 ans, rue Ponsardin, 80, fille de Baudet-Poissinger. Grenet a un frère architecte à Boulogne. L’oncle Henri Chauvry, violoniste, rue Brûlée, 42, et le beau-frère Camille Rousselle, des tissus, de Saint-Pierre-les-Dames, 46.

Albert Douchy, de Sassey (Meuse), 29 ans, rue Gambetta, 127, employé à la Société des Déchets, fils de Douchy-Dangeville (1884), et Marie Berthe Albeaux, de Saint-Souplet-sur-Py, 27 ans, employée chez Brion & Sordet, rue de l’Arbalète, 16.

Charles Dominique Laignier, 38 ans, filateur, fils de Auguste (Fismes, 1891) et de Clémence Saguet, rue du Cadran-Saint-Pierre, 12 ; et Marthe Laignier, sa cousine, de Poilcourt, 20 ans, fille de Paul Laignier-Rousseau, rue Ruinart, 17. Son frère Ernest Théodore, 42 ans, rue Gerbert, 3, et Désiré Rousseau, oncle, 54 ans, fabricant de cardes, rue Ruinart, 19.

Des tissus, Charles Collomb, 33 ans, rue de la Salle, 27, fils de Pierre Collomb-Raynié, rue de Thillois, 24, et de Berthe Chaigneau, 29 ans, dont le père est marchand de charbon à Mareuil-sur-Ay.

Émile Rousselle, né à Pisvène, près Viconza (Italie) où son père, Eugène Rousselle dirigeait un triage de laines pour le compte d’Alfred Gosme. Il a 33 ans, est boiteux par suite d’accident d’enfance, les cheveux frisés, a appris le violon avec les Gautier, et en professe à son tour. Il épouse Eugénie Richard, de Neufchâteau (Belgique), couturière, rue Jacquart, 15. Émile exerce à Reims en 1935, et son père est survivant à la Maison de retraite, plus qu’octogénaire. Un oncle Alexis Roussel (Victor, chapelier, rue Gambetta, 136, sera marchand de fromages, rue Chanzy, 48, fromagerie «Jeanne-d’Arc», un autre, Désiré, trieur, dit Domino, en raison de la dimension et de l’éclat de ses dents, sera épicier, rue du Barbâtre, 10 ; le courtier en spiritueux Louis Gardeur, cousin, et oncle, rue Dieu-Lumière, 25, – figure rémoise fort connue, par la largeur de son ventre et la couleur rouge de ses cheveux, assez viveur et bon garçon, mort vers la cinquantaine, violemment.

Le poète Georges Périn, licencié en droit, employé à l’Assistance publique, né à Metz le 1er novembre 1873, de Gaston Jules Périn-Lorquet, maître d’hôtel, restaurateur rue du Cadran-Saint-Pierre, et la poétesse Cécile Martin (Élisa), née à Reims le 29 janvier 1877, de Jules Martin-Baudesson, négociant en tissus, rue Pluche, 30, et neveu du peintre en bâtiments Louis Menu, dit «le Rouge» (voir «Rue du Jard»). Témoins : Louis Coisnard, 74 ans, au château de Boursault ; Paul Marcel Foissier, clerc de notaire, rue Buirette, 23 ; Victor Contet, 63 ans, rue Piper, 7, et Charles Baudesson, du roulage, boulevard de la République, 3.

Léon Schouler, 24 ans, trieur de laines au chantier Lelarge, où il remplacera le contremaître, feu Jean-Baptiste Peter, pour mourir, jeune, de la poitrine, peu après. Fils d’Édouard Schouler-Rennesson, dit «le Pignon», trieur, au parler rauque et comme passer entre des dents de fourche, – et Augustine Julie Dominique, rentrayeuse, 23 ans, fille d’un vannier Dominique-Menu, rue Dieu-Lumière, 25. Un oncle Schouler est instituteur à Brouillet (Meuse).

Henri Étienne Clerc, de Saint-Sauveur, 32 ans, pharmacien à Luxeuil, et Marie Victoire Marguerite Amigues, 24 ans, fille de J. Amigues-Caillet, des tissus, rue Saint-Yon, 8.

Famille Roby, maçons de la Creuse. Auguste Philippe Roby, 30 ans, de Roby-Mauvigner, et Eugénie Vavasseur, d’Alençon. Témoins : l’oncle Devillechabrolle, maître maçon ; Julien Lepage, artiste dessinateur, 48 ans, rue Clovis, 1 ; Henri Roby, plombier, mort à Châlons. Tous ces Roby furent élèves aux Frères de la rue de Contrai, 20. Henri avait eu cette particularité défectueuse d’avoir la tête moulée en pain de sucre, d’où le nom de «pompier»qu’on lui appliquait. Jules fut dans les Ponts-et-Chaussées. Auguste, très instruit et compétent, ne réussit cependant pas lorsqu’il fut installé à son compte, rue du Jard, 144. Son fils André a repris l’affaire, aidé par ses ex-maîtres de classe et de catéchisme, et il a la spécialité, de nos jours, des «niches à lapin» en ciment armé, imputrescibles. Thérèse, l’aînée de la famille, a épousé Albert Dubois, des tissus, et ils finissent leurs jours en temps de crise, péniblement, comme beaucoup, après beaucoup de travail et de conscience. Dieu les aide ! – George, qui était menuisier, a laissé les siens, à sa mort, désarmés par suite d’affaires mal dirigées.

Lucien Émile Rebeyrolle, 21 ans, menuisier rue Saint-Maurice, 6, fils d’un maçon, avenue de Bétheny (Petites-Sœurs des Pauvres), et de Émélie Derouillat, ménagère ; et Caroline Hortense Marchand, 27 ans, veuve Pioline (1894). Ils avaient deux neveux, Albert et Fernande Rebeyrolle, tués pendant la guerre. (Voir «Rue Neuve»).

Dr Jean Guérin, de Grandpré, 29 ans, et Émilie Henriette Bailly, fille du bijoutier Bailly-Détré, rue Colbert, 9. Deux autres Guérin sont médecins : Étienne à Challerange, et Louis Henri à Verdun. Le maire de Grandpré, Charles Godet, marchand de nouveautés, 55 ans est oncle de l’épousée.

Jules Prosper Marchand, matelassier, route de Witry, et Eugénie Rose Danisch, 17 ans, fille de Thomas Dominique Danisch, mécanicien à la Sabotterie, route de Cernay, et de feue Sophie Pothier (1885). Notre Danisch national vivait encore en 1927.

Louis Henri Roederer, de Strasbourg, 30 ans, boulevard de la République, 121, fils de Roederer-Nessenthaler († Brumath, 1872) ; et Berthe Augustine Hubert, 29 ans, fille de Alphonsine Honorine Hubert, célibataire, rue des Capucins, 155. Témoins : le chef de caves Alfred Hubert, Faubourg-Cérès, 138, Charles Boësch, architecte, rue Sainte-Marguerite, 19, cousin par sa femme, qui était fille de Théophile Roederer, des «champagnes». L’aïeule Mme David Nessenthaler et le Pasteur A. M. Schuler, habitent au presbytère de Saint-Louis (Alsace).

Pierre Ernest Ducancel, 28 ans, et Marie Louise Hébert, fille de Hébert-Ruotte, directeur de la Banque de France.

Charles Camille Emmanuel Rivet, ingénieur des mines à Nantes, fils de Rivet-Bravais, et Caroline Legros, de Pontfaverger, 33 ans, fille de Charles Auguste (1874) et de Blanche Plé, rue d’Anjou, 6. Léon Rivet, général de brigade à Grenoble, et Mariano Jules Goybet, officier d’ordonnance du gouverneur de Lyon, cousins. Paul Legros, filateur à Fourmies-Wignehies, de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, oncle, 43 ans, et Jules Tavernier, de Sedan.

Constant Eugène Noël, de Méry-Prémecy, représentant de la «Maxéville», rue Jacquart, 23, veuf de Anna Touron (1893), et Juliette Parmentier, de Ormes, 44 ans, cousine de Léonie Lhote, veuve Eugène Dupont, charcutière, rue du Jard, 24, et veuve de Ernest Alphonse Thubé, puis de Théophile Gabriel Lesage. Fille de Auguste Parmentier-Favréaux (1897).

Camille Gianoli, de Sondrio (Italie) 26 ans, pâtissier rue Cérès, et Jeanne Fourny, 20 ans, fille de feu Auguste (1892) et de Elvire Létiaux, qui a continué à tenir l’Hôtel Jeanne-d’Arc, à l’angle des rues Chanzy et Sainte-Catherine. Un oncle Létiaux est boucher aux cités de Bétheny.

Edmond Eugène Émond, de Brécy-Brières (Aisne), lieutenant au 27e artillerie à Douai, et Marie Lucie Garnier, 18 ans, fille de Garnier-Dubois, du «Bazar Parisien», anciennement rue des Tapissiers, rue de l’Arbalète, 21, angle rue de la Clef. Plus tard, il y aura là «la Ville d’Elbeuf», confections.

Alfred Figard, 39 ans, de Toulon, libraire papetier rue des Boucheries, 12, et Julie Louise Mennesson, 25 ans, fille du luthier de la rue Carnot et de Lucie Narey (1874) ; Arsène Petitjean-Narey, 61 ans, à la Verrerie de La Neuvillette, et rue du Cloître, 2 ; H. Mennesson, laines, et Jules Mennesson, rue Vignon, à Paris.

Eugène Émile Belval, de Villers-Cernay (Ardennes), 39 ans, photographe, successeur de Cistac, rue Saint-Jacques, 3, et Adèle Oudinet, 40 ans, à Pure (Ardennes). Témoins : Henri Belval, peintre et buraliste, rue Cérès, 53, 44 ans ; Édouard Lassalle, 44 ans, apprêteur et conseiller municipal, rue de Vesle, 262 ; Jacques Géry, 58 ans, directeur de l’usine Lelarge, boulevard Saint-Marceaux, 11.

Georges Galis, de Villedommange, 27 ans, avoué à Vervins, fils de Galis-Brémont, percepteur, rue Périn, 8, et Alice Losseau, 23 ans, fille du fabricant Roland Auguste Losseau et d’Elvire Marchand. Auguste Henri Louis est notaire à Jonchery-sur-Vesle ; le cousin Jules Rome, avoué ; Arthur Charles Gilbin, tissus, rue de Talleyrand, 15.

Le 4 février, Auguste Pérotin, de Warmeriville, 34 ans, des tissus, avenue de Laon, 99, veuf de Philomène Octavie Geoffroy (1893), fils de Pérotin-Silbat, d’Isles-sur-Suippe (1870), et Amélina Guinot, 35 ans, institutrice, rue de Neufchâtel, 14, fille de Pierre Guinot et de Victorine Béglot. Un oncle Amédée Silbat, rue Belin, 14 ; Léon Alfred Pérotin, avenue de Laon, 193 ; l’oncle Auguste Guinot-Willemet, trieur (1898), et Adolphe Guinot, frère d’Amélina, 30 ans, rue du Temple, 26, aux laines chez Henry Mennesson.

Jean-Baptiste Alff, 26 ans, serrurier chez Bauche, rue de Courlancy, 28, fils de Michel, tonnelier ; et Georgette Borner, 19 ans, domestique, de Bazoches ; ils vont habiter rue des Fusiliers, 41.

André Louis Fusy, cordonnier, «bugle» aux Pompiers, 25 ans, rue Buirette, 48, fils d’un chantre à Saint-Jacques, Fusy-Verjus, et Rosalie Carbonneaux, 22 ans, couturière, rue de Courlancy, 63. En 1914, Fusy avait son échoppe rue Courmeaux, et resta longtemps sous les bombes : il s’était réfugié rue Vernouillet, dans une baraque de jardinier, venant régulièrement à Paris s’approvisionner de cuir. Il a réussi depuis à s’assurer une bonne situation, et s’est installé rue des Poissonniers, y tenant boutique de chaussures, à des prix d’après-guerre, une paire de bottines d’homme valant, vers 1922, 100 fr.

Lucien Pol Labrousse, 34 ans, hautboïste aux Pompiers et au Théâtre, constructeur de canots, comme son père, Louis, rue Folle-Peine, 24, et Joséphine Constance Lemaire, 23 ans, fille de Lemaire-Deligny, jardinier, rue des Moulins, 84.

Michel Émile Berger, lieutenant au 16e dragons, et Élisabeth Walbaum, 25 ans, fille d’Alfred. Colonel Charles de Villars ; Édouard Walbaum et Louis Maurice Pillivuyt, fabricant à Mehun-sur-Yèvre (Cher).

Camille de Truchsess, de Mulhouse, 29 ans, des champagnes, et Jeanne Julie Breit, 21 ans, de feu Breit-Maréchal, de l’Hôtel du Nord, place d’Erlon, 73. Un publiciste, journaliste, Prosper Adolphe Bâteau.

Paul Félix Schneider, de Mâcon, 32 ans, capitaine au 12e cuirassiers à Lunéville, et Emma Louise Walbaum, 22 ans, fille de Henri Louis Walbaum et de Paula Braun de Montenegro. Général Formy ; colonel de La Boulinière ; Albert Paroissien et l’oncle Paul Trocmé, fabricant à Saint-Quentin.

Georges Albert Milan, de Damery, 31 ans, typo à «l’Indépendant rémois», rue des Augustins, 9, et Charlotte Petithomme, de Marle, 29 ans, blanchisseuse rue des Murs. Charles Lecomte, comptable chez Gaston Hédin, des laines, 37 ans, époux de Eugénie Lerzy, rue des Murs, 32, et l’oncle Auguste Louis, distillateur à Troyes.

Salomon, dit Edmond Weil, de Strasbourg, 29 ans, boucher chez son père Isaac Weil et sa mère Rosalie Lévy. Il épouse Caroline Hélène Simonin, 18 ans, fille de Léopold et de Marie Lambert, marchand de coupons, rue des Capucins, 19. Pendant la guerre, les époux se réfugièrent à Saint-Étienne, bouchers. Après, sont à l’Hôtel du Nord, à Reims. Le frère Édouard Weil a 25 ans. L’oncle maternel de la mariée est le lithographe Abraham Mendel, 62 ans, rue Sainte-Marguerite. Sa sœur à lui, Jeanne Weil est à Strasbourg, épouse Lang. Samuel Dreyfus, vins, rue Pavée, à Paris.

Henri Cohen, de Metz, 29 ans, artiste-gymnasiarque à Herbéviller, fils de Marc, maître de cirque, et de Sarah Kunstenart ; et Rosalie Goldberg, 20 ans, de Strasbourg, fille de Suskind Goldberg et Anne Seiffert, marchand de cotonnades rue de Cormicy, 61. Un frère de l’épouse est Abraham Isaac Radziejewski, 31 ans, marchand de lingerie, avec sa sœur Hélène Goldberg, épouse Hammel, rue de Cormicy.

Paul Gauthier, de Bitsch (Moselle), typo à « l’Indépendant rémois », rue David, 54, fils de Antoine Gauthier-Renard, tailleur à Vervins, régularise avec Reine Louise Bidoit, 26 ans, couturière, rue Croix-Saint-Marc, 35, fille de Guillaume Émile Bidoit et de Marie Anne Lacelle (1894), sœur de Lacelle, futur « prote » du « Progrès de l’Est » en 1913, et directeur de l’imprimerie du « Nord-Est » après-guerre. Les mariés légitiment Pauline Marie-Louise, né le 11 octobre 1897. Un oncle Daniel Gauthier, à Vervins ; le tisseur Edmond Lacelle, oncle, rue Pasteur, 65 ; Eugène Prosper Sénéchal, 36 ans, cordonnier rue Saint-Symphorien, 17, père d’Adrien Sénéchal ; l’oncle Henri Lacelle, 45 ans, rue Pasteur. Ce Gauthier entra subrepticement dans la vie publique à l’heure où l’«Université populaire» étant fondée à Reims, il en fut nommé président en qualité d’ouvrier ; mais, il ne devait pas tarder à quitter la « casse » pour la plume de « journaleux » au service de Mirman, à « la Voix du Peuple », et, plus tard, diriger un « papier » sans lecteurs : « l’Informateur ». On trouvera à la Bibliothèque municipale certains petits renseignements écrits par un témoin de visu et auditu, sur la fondation et le fonctionnement de cette courte institution pédagogique et sociale : on y juge à sa valeur ce pâle « coco », ambitieux à la « secousse », illettré, et dont Paul Despiques, professeur au Lycée, rédigeait les « premier-Reims ».

André Béglot, de Warmeriville, 25 ans, typo, rue des Filles-Dieu, 8, et Théodorine Berthe Constant, 26 ans, de Wasigny, couturière, fille d’un trieur, Firmin Constant-Lecoq, rue des Carmes, 7. L’oncle Louis Simon Béglot, serrurier, 53 ans, rue des Moulins, 40. Paul Lecoq est alors clerc de notaire à Château-Porcien. Après-guerre, les Béglot sont rue Chanzy, dans l’artisanat, et le typo a la spécialité des « faire-part » pour Pompes funèbres. Très habile dactylo, Mlle Charlotte Béglot « tape » à forfait, notamment, en 1935, la « Prose du Cœur » du « tapeur » de ces éphémérides. Comme elle est « en ménage » depuis peu, ces petits « labeurs » aident à grossir sa tirelire. Les Béglot font partie de ce magma d’honnêtes gens dont, heureusement, la graine ne fait pas défaut dans notre Reims nouveau ; mais, on dit d’eux tous qu’ils sont de la « vieille école », appelée à disparaître. Tant pis pour les survivants !

Charles Rêve, de Boult-sur-Suippes, 24 ans, fils de Nicolas Rêve-Lancelot, laitier, rue du Faubourg-Cérès, 39, et Marie-Louise Sainmont, 24 ans, fille de l’ancien boucher du Jard, 26. – Un Louis Arthur Rêve est laitier rue du Barbâtre, 123.

Léon Émile Dufour, 27 ans, garçon de café, rue des Capucins, 25, fils du trieur Dufour-Turpin ; et Eugénie Destré, 19 ans, à Puiseux (Aisne).

Robert Houssin (Ambroise Louis), d’Avranches, 43 ans, antiquaire passage Poterlet, 16, et Marie Camille Céline Deshayes, de Blérancourt, 25 ans, fille de Deshayes-Détrez, menuisier rue Pluche, 46 ; « As » au billard. Houssin acheta en 1902 la maison des Dupont-Aumont, rue Chanzy, 79 : 9.000 fr. Elle avait coûté en 1869, 13.800 fr. Témoins : Pierre Comte, 57 ans, chimiste, rue de Vesle, 170 ; Ferdinand Courty, receveur des Droits de place, rue de Thillois, 15 ; Philogène Certeaux, tisseur, 52 ans, père du « fort des Halles », rue de l’Équerre, 15 ; le beau-frère Edmond Félix Lagarde, 33 ans, contremaître aux apprêts, rue de Courlancy, 15. Après-guerre, le 79 a pris le nº 63, et propriété du gendre, l’huissier Vigny. Robert trouve, en ces jours-ci, que, « d’être vieux, çà n’est pas toujours rigolo ! »

Auguste Louis Émile Walbaum, 36 ans, rue Pluche, 21, fils de Frédéric Walbaum-Gosset, et Blanche Rose Delhom, 34 ans, de Cumières, rue Andrieux, 6, veuve de Emmanuel Le Forestier, d’Épernay. Aurélie Faustin Boleslas de Vézèle-Holulowicz, 63 ans, d’Épernay ; Maurice Cerveaux, à Épernay ; le frère célibataire Frédéric Walbaum, de l’intimité des frères Maurice et Dominique Neuville, teinturiers-apprêteurs. Le cousin Barthélemy Barrois, vins, à Épernay.

Félix Péhose, 36 ans, courtier de publicité, rue Ponsardin, 27, fils de Péhose-Bertin, tonnelier, rue du Bastion, 17, et Clara Clémence Heill, 26 ans, couturière, rue de Cernay, 51.

Pierre Lelarge, né le 29 mars 1866, fabricant rue des Trois-Raisinets, 8, et Marie-Thérèse Stouls, de Saint-Dié, 18 ans, rue de Babylone à Paris, fille d’Ernest Stouls-Ohl, ingénieur des mines, ex-sous-préfet. Gabriel Roussel, de Roubaix, et Charles Budin, rue Saint-Symphorien, 7, ses beaux-frères. René Rousseau, lieutenant au 14e artillerie à Bayonne, beau-frère de la mariée, et son oncle Paul Vasseur, de Reims, professeur à la Faculté de droit.

Marcel Trompette, 24 ans, photographe rue de Talleyrand, 18, fils de feu Jean Joseph, et Augustine Marie Launier, 20 ans, divorcée Eyckermans, fille de Launier-Roussel, comptable, rue Gambetta, 102. Maurice Henri Gravet, étudiant en pharmacie et Abel Robert, 25 ans, architecte, rue de Thillois, 49, futur associé de Salaire, mort en juillet 1935 à Villedommange.

Eugène Veidner, 40 ans, comptable chez les Wenz, veuf de Léonie Mangin, rue Gambetta, 53 (et qui deviendra aveugle), et Palmyre Aldegonde Dablain, 28 ans, fille de Cyrille Dablain-Fortin, carrossier, rue Dieu-Lumière. Albert Veidner, trieur ; Alfred Pierrot, caissier chez Wenz, rue de Venise, 27, appelé à plaider en 1910 avec ses patrons, à la suite de la crise lainière qui fit déclarer, par Wenz lui-même, une perte sèche de 10 millions. Pierrot, intéressé du 10e, s’était crédité, chaque année, de bénéfices qui devaient se répartir sur 10 ans : procès perdu à l’avance ! Alfred Levieux, propriétaire, rue Pierret, 1, et Désiré Armand Dablain.

Léon Camille Lemoine, avocat à Paris, rue Soufflot, 11, fils de feu Victor Lemoine-Chevillion (1897), et Marguerite Saint-Aubin, 19 ans, fille de Jules et de Victoire Léonie Lecointre, laines, rue Legendre, 9. Le Dr Henri Saint-Aubin, rue de Pontgivart, 3 ; Théodore Dubourg-Maldan, 54 ans, rue Cérès, 18, oncle. Dr Charles Strapart, 75 ans, rue des Telliers, 6 ; Charles Léon Arlot, père d’Ernest, 71 ans, à Asfeld ; Victor Diancourt, 72 ans, place Godinot, 10.

Dr Albert Mougeot, de Langres, 42 ans, rue du Barbâtre, 229, médecin à Saïgon, veuf de Marthe Hervé, fils de Jules Gustave Mougeot-Pierrejean, agent-voyer à Saint-Dizier ; et Constance Berthe Mougin, de Wassy, 38 ans, rue du Ruisselet, 3. Témoins : Dr Jean-Baptiste Langlet, Dr Jacob Weill, 66 ans, rue des Anglais, 10. Ce Mougeot fut député, et ami de Charles Guillaumot, acheteur de laines en Haute-Marne, marchand de « barbaque » pour la troupe et la prison de Clairvaux. Il plaisantait parfois, en disant : « la bidoche défectueuse pour nos soldats, la moyenne pour la prison, et la bonne pour nos bouchers ! »

Etienne Alfred Collet, 37 ans, rue des Murs, 34, fils de Collet-Vessely, ex-épicier rue Sainte-Marguerite, angle Saint-Symphorien, et Marie Démolin, 26 ans, fille de Démolin-Grassière, rue de Thillois, 51, dessinateur. Raphaël Collet, frère de mariée, était relieur rue de la Peirière, 1, en 1914, et y fut incendié. Il avait en chantier un exemplaire in-16 de « La Petite Bibliothèque nationale », avec autographe, disparu dans les flammes. Depuis la Guerre, Raphaël est relieur rue des Capucins, 152. – Témoins : Ernest Majot de Guerne, comptable ; Désiré Delacour, 44 ans, vendeur de tissus chez Walbaum & Desmarets.

Eugène Godfroy, 36 ans, typo, de Cesse, près Montmédy, à «l’Éclaireur de l’Est», veuf de Rosalie Desmarest, et Aline Guyot, de Vitry-le-François, cuisinière. Il avait débuté chez Pierre Dubois, à l’Imprimerie Coopérative, rue Pluche, 24.

L’artiste peintre impressionniste Paul Bocquet, 30 ans, né à Reims le 17 octobre 1868, de feu Louis Augustin, décédé le 28 octobre 1876, et de feue Julie Élisabeth Langlet (1883), et Juliette Martin, 23 ans (7 juin 1875), fille de Jules Martin-Baudesson, tissus, rue Pluche, 30, sœur de la poétesse Cécile Périn. L’oncle Dr Jean-Baptiste Langlet habite rue Buirette, 24 ; le beau-frère Aimé Henry, professeur de physique au Lycée, rue Marlot, 23. Le grand-oncle Victor Contet, rue Piper, 7 ; l’oncle Charles Baudesson, roulage, boulevard de la République, 5.

Maurice Victor Meunier, de Châlons, 28 ans, directeur de la verrerie Charbonneaux, fils de Meunier-Cordier, aubergiste, et Hélène Mathelin, 21 ans, fille de Alphonse Louis Mathelin, apprêteur, rue Jeanne-d’Arc, 11. Firmin Charbonneaux le verrier est de petite taille, barbe à la Henri IV, pétulant et vert-galant, 68 ans, rue Chanzy, 98. Pol Charbonneaux, 53 ans, rue Saint-Symphorien, 33. Félix Marquant, 81 ans, place Godinot, 8, et le troublant Plantrou, esprit chercheur, inventeur peu chanceux mais bigrement méritant qui trouva un procédé de blanchiment des laines, vendu à Jonathan Holden. Il avait essayé de même ses moyens sur le papier de journaux, sans toutefois aboutir.

Gabriel Chardon, 54 ans, le plus bel homme de la Compagnie des Sapeurs-pompiers dont il est porte-hache à tablier blanc et schapska ou bonnet et à poil, originaire de Tagnon, voyageur de commerce, veuf de Rosalie Gérard, fille d’un trieur, de la rue du Jard, et Marie Caroline Gadiot, 44 ans, couturière, rue des Cordeliers, 13, veuve de Louis Protin (1884), excellent dessinateur qui avait choisi une carrière plus fructueuse et moins exténuante, de tout repos, celle de « troquet » rue des Trois-Raisinets, à l’angle de la rue de l’Isle, – et fille du chanteur Gadiot de Saint-Martin. Le cousin Charles Louis David, 43 ans, successeur de Delagloye à Hauviné, puis « cabaretier buraliste » rue de Courcelles, angle Trianon, et enfin conseiller municipal et conseiller d’arrondissement.

Henri Léon Ulrich Delcourt, 26 ans, de Douai, docteur en droit à Boulogne-sur-Mer, et Marie-Madeleine Rogelet, 21 ans, fille de Edmond Rogelet-Gérard. Il y a un oncle Delcourt, notaire à Valenciennes.

Maurice Gibert, 40 ans, des champagnes, place du Château-de-Porte-Mars, chez son père Gustave Gibert-Disant, et Marie Madeleine Oudin, 25 ans fille de Oudin-Détré, filateur à La Ferté, près Sedan.

Gustave Henri Zopf, fils d’un Bavarois, vins en gros rue des Moulins, 33, et Jeanne Thérèse Sylvine Tuffon, à Paris. Grand, gros, osseux, teint bilieux, fine moustache sur tête carrée, il fut mobilisé à Fougères en septembre 1914, sous-officier fréquentant religieusement le marché aux volailles, bien pourvu de bestioles à 3 fr. 50 la paire, voire, avant cette invasion de Territoriaux, à 2.25 ! Son père qui habitait rue de la Prison, près de l’Hôtel de Ville, fut l’un des premiers incendiés.

Jules Lajeunesse, boucher, rue de Vesle, et Cécile Netter, à Darney (Vosges).

Georges Masson, attaché à la firme Wenz, à Juarez (République Argentine), et Césarine Guisasola, à Buenos Aires. Beau garçon, intelligent et instruit, né rue du Jard, 23, il était fils de cet Alfred Masson, trieur, aux goûts aventureux qui fut berger dans la Pampa, et, au retour à Reims, avouait modestement qu’il ne «valait pas la corde pour le pendre». Les trieurs s’en rapportèrent à lui, mais on le savait «vantard» ! La mère de Georges avait été institutrice à Kaiserslautern, son pays.

Désiré Tassin, ébéniste, rue du Barbâtre, 112, et Marguerite Quenardel, repasseuse, rue de Nogent, 6. Dès 1920, Tassin eut un atelier rue du Couchant, et s’exerce à l’ébénisterie de style.

Charles Guénard, garde républicain à Paris, et Blanche Lefèvre, fille du zingueur Faubourg-Cérès, 30.

Henri Jules Badier, pharmacien à Paris, boulevard Saint-Marcel, 6, et Léonie Louise Andrée Templie, fille du « beau » Maugin, des tissus.

Alexis Léon Péchenard, directeur de filature à Rethel, et Marie Victorine Peifer, rue des Fusiliers, 31.

Jacques Eugène Hickel, relieur, rue Belin, 24, et Amélie Emma Bruyelle, couturière, rue Ruinart, 25. De confession protestante, frère de Charles, marchand de laines, de Saint-Amarin (Alsace) qui leur installa une « papeterie » Faubourg de Laon.

Lucien Pierron, serrurier, rue des Fusiliers, 58, et Jeanne Marie Bonnet-Blanc, téléphoniste, place Royale, 2.

Émile Fructueux Larouzé, ex-cocher de fiacre, fait la « bonne affaire » en épousant la veuve Trousset, fromagère, rue Chanzy, 69, « mère Angot moustachue » qui cèdera sa « fructueuse » boutique à Thibaut, lequel « fromagie » encore en 1935. Le fils Trousset est vétérinaire.

Alfred Noiret, des Alleux (Ardennes), cordonnier rue de Neufchâtel, 32, et Émélie Berthe Jacotin. Lâchera l’alène et le fil à poix pour un poste de sergent de ville, voire secrétaire de commune, et lui, pas bête !

Eugène Edmond Pestre, commissionnaire du Mont-de-Piété, rue des Fusiliers, 39, et Marie Françoise Marguerite Bion, de Mirecourt. Veuve, Mme Pestre, est comptable à « l’Éclaireur de l’Est », en 1935.

Gaston Laîné, fils d’Albert, fabricant, rue Saint-Symphorien, et habitant boulevard de la République, 59, avec usine à Rethel ; et Nelly Marguerite Bourgeois, rue Werlé, 12.

Fernand Montlaurent, chef de caves, rue des Filles-Dieu, 17, et Léonie Clotilde Labassée, rue d’Anjou, 14.

Gaston Trousset, devenu orphelin par le mariage de sa mère, fait comme elle et du même coup, en compagnie de Marie Léontine Émilienne Pistat, d’Ormes. Mère et fils habitent dans la maison précédemment occupée par les Wirbel-Benoist, rue Chanzy, 69. Leur cave à produits était au n° 27, dont l’essor lâchait au dehors les effluves de la Symphonie des fromages : leurs « maroilles » blonds et « bien passés » étaient réputés. Gaston a le teint rose, le poil blond, à barbichette lissée, et fort bel homme. Les Wirbel avaient illustré cet immeuble au n° 69 : gros, joufflus et sanguins, père et fils, myopes et bedonnants tous d’eux, prenaient souvent le frais sur le trottoir, devant le gouffre béant du chartil, à porte cochère, sous le plafond duquel pendaient, comme en séchoir, les échées de laine filée sortant de la cuve à teinture, qui fumait dans le fond de la cour. Ce coin de rue perdit de son attrait et de son pittoresque quand les deux hommes disparurent.

C’est à cette date que Clovis Chézel fait part de la naissance d’un fils, André Jean, employé après guerre à Paris, dans les laines, avec Adolphe Guinot, à la firme Wallon & Lamy. – Chézel, qui n’est encore général des Pompiers, habite alors rue Chanteraine, 24.

Un Bavarois, Paul Michel Schoëns, ébéniste avenue de Paris, 87, et Héloïse Marie Froment, de Pargny-lès-Reims.

En juillet, divorce Charles Cornet, ex-capitaine au 132e, et Céline Pauline Bourgeois, rentrée chez sa mère, à Wignehies. Cornet quitta son logement de la rue des Templiers, 18, et se retira à Bruxelles, rue du Midi, 34. L’autre demoiselle Bourgeois avait épousé Henri Thuillier, de la laine. Là encore, la déveine intervint : de mauvaises affaires forcèrent ce second couple à quitter la France pour leur propriété d’Alger, où c’est la médiocrité gênée. Les deux sœurs étaient belles et charmantes toutes deux, et le ciel semblait leur réserver tous les bonheurs !

Paul Ducrot, trieur, rue Pierrard-Parpaite, 7, et Louise Adolphine, fille du trieur Bleuze.

Léon Bécheter, de la banque Barré, rue de Vesle, 54, et Marie Eugénie Gayatte, institutrice à Billy-lès-Mangiennes (Meuse). Bécheter, bel homme aux cheveux blonds, avait été sergent-major au 46e territorial en 1887. Devenu banquier à son tour, rue Colbert, après guerre, une mauvaise opération le ruina, à laquelle il ne put survivre, son épouse le suivant dans la mort !

Paul Daubrée, docteur en droit, et Jeanne Marie Antoinette Hureaux, « chat fourré » au teint blême, rageur et « chicaneau », rue de l’Échauderie.

Divorce de Émile Cauly, directeur de tissage à Pontfaverger, chez Auguste Nouvion et Marie Adèle Caillet, veuve de Paul Achart, – au bénéfice du mari –. Cauly est mort à Pornic en 1928. Caractère assombrit par certaines épreuves morales, telle celles-ci, – pessimiste, rentré en lui-même, visage triste, quelque peu pédagogue, mais intelligent, lucide, lettré, patriote, dévoué à son semblable (voir Almanach Matot-Braine, 1930).

Émile Champrigaud, peintre décorateur, rue de Contrai, 3, successeur de Poix-Hancart, et Marie Louise Germain, giletière, rue Lesage, 16. L’une des victimes de la bombe des Loges-Coquault, en septembre 1914.

Émile Prévoteau, garçon épicier chez son père Prévoteau-Lemerle, angle Université et Anglais, et Armandine Arsinie Quentin, à Cormontreuil, où, depuis la guerre, le couple fabrique les « madeleines-Rousseau ». Voir ce grand et dolent jeune homme tourner mélancoliquement, assis et somnolent, le moulin à griller le café vert, enbaumant le voisinage. Le père était un grand dadais de même acabit et encolure, des braves types qui n’eussent pas écraser une mouche ! Vraiment, on est en droit de demander si ce métier d’« épicier » n’est pas tout juste bon pour des tempéraments paresseux !

Gaston Verbaeys, frère de Raymond, tous deux trieurs venus du Nord, rue de Cernay, 123, et Marie Julie Robert, couturière, sœur de Georges Robert, qui sera chef trieur au Peignage, en 1935.

Nosky Georges Henry Émile Doschaër, secrétaire d’ambassabe à Londres, et Henriette Krug, boulevard Lundy, 40.

Louis Paul Albert Walfard, vins en gros à Bazancourt, et Sabine Antoinette Guérin, rue Bacquenois, fille d’Emma Guérin, à la Maison de Retraite en 1935. Un frère de ce Walfard a épousé une Grandremy, et a un emploi aux Ventes publiques de laines, à Reims.

Edmond Verrière, du Gaz, fils du pain-d’épicier place du Palais-de-Justice, et Paule Coze, à Châlons. Gros homme bedonnant, au teint bilieux, barbu, il habitera rue Chanzy, 68, au dépôt des cokes, en remplacement du « père » Lheureux.

Maurice Jolly, fils d’Albert, et violoniste à la philharmonique, futur médecin, rue de Vesle, 60, et Émilienne Lucie Gandon, boulevard de la République, 5.

Paul Herlem, fabricant à Pontfaverger, et Jeanne Gabrielle Gabreau, boulevard Lundy, 28.