Le Cimetière de Porte Mars, dit Cimetière du Nord à Reims, 1786-1891

Note : Ce texte a été publié à Reims, par les Imprimeries Monce, 6, rue Houzeau-Muiron, en 1926, en une plaquette tirée à 150 exemplaires. Extrait du Tome CXL des Travaux de l’Académie nationale de Reims.

Le Cimetière de la Porte Mars dit

Cimetière du Nord à Reims

Charles Sarazin

1786-1891

Mors cita, Vita nihil,

(Epitaphe de Dom Marlot).

Au lieu d’en faire une froide nécropole, avec un désagréable alignement de tombes, comme dans nos modernes cimetières, l’architecte avait eu l’heureuse idée d’en faire une sorte de jardin anglais, avec des allées courbes. Des arbustes agrémentaient les angles des parterres destinés aux sépultures.

Un espace fut réservé, dans le fond du cimetière, pour les sépultures juives; il était entouré d’une barrière de bois qui, tombant en vétusté en ces dernières années, fut enlevée et ne fut pas remplacée. Il avait son entrée particulière.

À côté se trouvait le cimetière protestant[66], qui avait son entrée sur la rue de Mars[67].

Le cimetière fut, de nouveau, agrandi, en 1853, d’une partie de l’ancien Champ de Mars, qui servait à la Garde Nationale rémoise pour ses exercices.

Le cimetière eut alors la superficie que nous lui connaissons aujourd’hui.

Le règlement du 10 février 1852 fixa qu’il servirait aux sépultures des personnes décédées sur les paroisses Notre-Dame, Saint-Jacques, Saint-André et Saint-Thomas.

Vers 1872, on rectifia l’alignement du cimetière vers le boulevard Jules-César; on recula le mur pour le mettre à l’alignement vers la rue de la Justice[68].

La nécessité d’abandonner les cimetières situés dans l’intérieur de la ville se faisait de plus en plus sentir à la fin du XVIII siècle.

Si, à partir de 1787, on cessa d’enterrer, au cimetière Saint-Denis, les morts de l’Hôtel-Dieu, on continua, faute d’un autre emplacement, à inhumer les défunts des paroisses Saint-Michel et Saint-Denis.

Quand ces deux paroisses furent supprimées, la cathédrale devint paroisse et on conduisit, au cimetière Saint-Denis, ses morts.

Les voisins se plaignirent de nouveau et adressèrent leurs réclamations au Conseil Général de la Commune.

Le 17 octobre 1791, les Conseillers décidaient d’écrire une lettre aux Administrateurs des différentes paroisses de la ville.

Ils leur demandèrent de discuter le projet de faire cesser les inhumations , leur proposant de choisir un terrain voisin du nouveau cimetière de l’Hôtel-Dieu

VI. – La Désaffectation du Cimetière

La démolition des remparts et celle de la Porte Mars, la création du boulevard du Temple (Lundy), la construction des quartiers Coquebert et de la Justice, l’établissement des voies ferrées et le développement du quartier du faubourg de Laon, ont enclavé le cimetière du Nord dans la ville.

Au nom de l’hygiène, les médecins, en 1886, firent entendre des plaintes vives et pressantes pour qu’on cessât les inhumations en cet endroit[69].

À la séance du Conseil Municipal de 3 février 1886, M. Langlet reprit la question du transfert du cimetière du Nord en un emplacement éloigné de la ville.

Le Maire dut reconnaître que le terrain se raréfiait dans cette nécropole et que l’espace réservé aux fosses communes devenait de plus en plus restreint[70].

La question ne fut pas poussée plus avant.

À la fin de l’année 1890, une nouvelle discussion s’engagea, au sein du Conseil Municipal, au sujet de la suppression des inhumations au cimetière du Nord. Elle devait aboutir au règlement général sur les cimetières, daté du 3 mars 1891.

Un article informait le public qu’il ne serait plus fait de concessions, au cimetière du Nord, à dater du 1er avril 1891, époque à laquelle fut ouvert le nouveau cimetière de l’Est. On n’y enterra plus que les personnes qui disposaient d’une concession à perpétuité.

Cependant, par un sentiment de délicate reconnaissance envers les soldats rémois tués pendant la guerre, on y a réservé, pour eux, un emplacement.

Sur le rapport de M. Pannetier, le Conseil Municipal, dans sa séance du 3 février 1921, décida de mettre en état une partie du terrain disponible pour y inhumer les soldats, originaires de Reims, morts à la guerre et dont les corps seraient ramenés dans leur ville natale. Une concession perpétuelle leur serait accordée.

Comme, au cours de la guerre, des soldats avaient été inhumés dans le canton 14, on décida de l’utiliser[71].

Une équipe de soldats indigènes arrangea le terrain au printemps de l’année 1921. On abattit les arbres et on nivela le sol[72].

Le cimetière du Nord est, pour les Rémois, le cimetière où tous aimeraient à reposer. Faute d’une concession, beaucoup ne peuvent conserver cet espoir. Il leur plairait de s’assurer une demeure dernière dans ce cimetière qui, souvent, a reçu leurs pieuses visites.

Il reste là, aujourd’hui, environ 22.000 mètres carrés de terrain inutilisé, à l’endroit où se trouvaient, jadis, les concessions temporaires et les fosses communes.

Il est bien certain que la Ville tirerait un réel et superbe bénéfice si elle pouvait être autorisée à mettre ces terrains en vente.

L’idée n’est pas nouvelle et elle a, déjà, été exprimée plusieurs fois. Ne peut-on l’émettre une fois de plus?

Actuellement, le cimetière du Nord a effacé peu à peu, les désordres occasionnés par la guerre.

Des chapelles se sont réédifiées ou ont été réparées; des pierres tombales ont été remplacées; des croix et des monuments ont été relevés.

Mais les mauvaises herbes ont envahi de nombreuses sépultures; des mausolées brisés sont restés à terre et ils ne seront jamais restaurés faute de descendants pour s’en occuper.

Nous ne pouvons que le déplorer, en souhaitant, qu’un jour, la Municipalité puisse trouver les fonds nécessaires pour s’occuper des tombes de ceux qui n’ont plus personne derrière eux[73].

Ce serait un hommage rendu à des Rémois qui, d’une manière ou d’une autre, ont servi leur Ville, travaillé à son accroissement et à sa prospérité.

La démolition des remparts et celle de la Porte Mars, la création du boulevard du Temple (Lundy), la construction des quartiers Coquebert et de la Justice, l’établissement des voies ferrées et le développement du quartier du faubourg de Laon, ont enclavé le cimetière du Nord dans la ville. Au nom de l’hygiène, les médecins, en 1886, firent entendre des plaintes vives et pressantes pour qu’on cessât les inhumations en cet endroit

APPENDICE

A. – Quelques Éphémérides du Cimetière du Nord[74]

1786 – Décision d’abandonner le cimetière Saint-Denis. (4 juillet)

1786 – Commencement des travaux (7 août).

1787 – Bénédiction du cimetière (8 juillet).

1787 – Premières inhumations (30 juillet).

1788 – Construction de la chapelle.

1789 – Bénédiction de la chapelle (7 août).

1793 – Projet de création d’un cimetière, pour la Ville, hors les murs (6 mai).

1793 – Legrand-Paquot et Caqué sont chargés de choisir un emplacement (23 mai).

1793 – Rapport Caqué (3 juin).

1793 – Adoption du rapport (10 juin).

1794 – Acquisition du terrain (10 janvier).

1794 – Construction des murs d’enceinte.

1795 – Ouverture du cimetière.

1795 – Inhumation de l’abbé Musart (11 mars).

1802 – Bénédiction d’une croix (7 novembre).

1814 – Inhumation de l’aventurier Gonzze de Rougeville, fusillé le 10 mars (11 mars).

1814 – Inhumation d’un colonel russe par le clergé de Notre-Dame (6 avril).

1814 – Construction du premier caveau (11 juin).

1822 – Inhumations de M. Louis-Amateur Polliart et de sa femme, née Marie-Jeanne Joltrois, décédés à quelques heures de différence (11 août).

1823 – Le Conseil décide la vente de concessions perpétuelles (26 avril).

1824 – Inhumations de Pierre Régnier et de sa seconde femme, née Françoise-Adrienne Muiron, décédés à un jour d’intervalle (11 février).

1825 – Arrêté réglementant la vente des concessions à perpétuité et ordonnant de soumettre les projets de monuments et épitaphes à la Municipalité (16 août).

1830 – Trouvaille de 200 pièces en or aux effigies de Pertinax et Albin et d’un vase[75].

1830 – La croix de la Mission et le crucifix sont déposés dans la chapelle après leur dépose (14 et 16 août).

1832 – Des croix sont arrachées à des monuments.

1833 – Premier agrandissement du cimetière et découverte d’un tombeau en plâtre avec inscriptions[76].

1833 – Incidents lors de l’inhumation d’Estelle Jonas, femme de Félix Droinet (3 mai).

1835 – Inhumation de Charles Rudowsky, polonais réfugié et Lieutenant (30 avril).

1835 – Découverte d’une sépulture romaine (1er juin)[77].

1837 – On accorde des concessions temporaires (19 août).

1838 – Découverte, sous une pierre tumulaire, d’une boite en carton contenant le cadavre d’un enfant né non viable (Septembre).

1839 – Construction d’un pavillon pour le logement du gardien.

1840 – Transfert au cimetière d’ossements découverts à l’emplacement de l’ancien cimetière Saint-Pierre-le-Vieil, rue Noël (27 février).

1840 – Réparations effectuées à la chapelle.

1840 – Un essaim d’abeilles attaque les personnes qui accompagnaient le corps d’un Major de la Garde Nationale (1er septembre).

1844 – Inhumation de Jean-Baptiste Drouet, Comte d’Erlon (3 avril).

1844 – Mort subite, en franchissant la grille, de la femme d’un bottier de la ville (1er novembre).

1845 – Adduction d’eau dans le cimetière.

1845 – Le Conseil accorde une concession à perpétuité aux religieuses de l’hôpital Saint-Marcoul (16 août).

1846 – Scènes de désordre et de scandale provoquées par la décoration extraordinaire d’un monument (1er novembre).

1846 – Une femme des environs de Reims accouche chez le gardien.

1848 – Viol de la sépulture d’un enfant (21 février).

1852 – Règlement général sur les cimetières (10 février).

1853 – Deuxième agrandissement du cimetière.

1859 – On porte, au cimetière, des squelettes trouvés à l’emplacement de l’ancien cimetière du Chapitre, rue du Préau (25 février).

1869 – Une concession perpétuelle est accordée à l’abbé Charlier, fondateur de l’orphelinat de Bethléem (28 avril).

1871– Inhumation de l’abbé Miroy (12 février).

1872 – Rectification de l’alignement du mur vers le boulevard Jules-César.

1873 – Inauguration du monument de l’abbé Miroy (23 mai).

1873 – Réparations à la couverture de la chapelle.

1876 – Le Conseil abandonne une concession gratuite à une fillette de quatre ans, Marie Treiber, qui fut violée et tuée au chemin de la Procession (6 septembre)[78].

1877 – Érection d’un monument aux soldats allemands décédés à Reims.

1880 – On construit un abri pour que les familles puissent commodément recevoir les condoléances des invités[79].

1881 – Incidents (2 novembre)[80].

1882 – Le Conseil accorde une concession à perpétuité pour les Membres de la Légion d’honneur, Médaillés Militaires et Médaillés d’honneur (15 décembre).

1885 – Une concession gratuite accordée à Jean-François-Xavier Ferrand, fondateur des Sociétés Mutuelles de la Ville, qui avait été inhumé dans la fosse commune (20 avril).

1887 – Inauguration du monument élevé sur la tombe de Ferrand (15 mai).

1890 – M. H. Matot édite un plan du cimetière avec l’indication des principales sépultures.

1891 – Règlement général des cimetières (3 mars).

1891 – Désaffectation du cimetière (1er avril).

1893 – Des manifestants parcourent le cimetière avec un drapeau rouage (1er mai).

1896 – Inauguration de la plaque commémorative de l’exécution de l’abbé Miroy (9 février).

1900 – Enlèvement de la croix qui surmontait la grille d’entrée et de l’inscription : Requiescant in pace (7 juin).

1900 – Interdiction de la procession du 2 novembre.

B – Tableau des inhumations faites au Cimetière du Nord, annuellement, de 1848 à 1891

    • 1848 731

    • 1849 803

    • 1850 737

    • 1851 839

    • 1852 855

    • 1853 788

    • 1854 873

    • 1855 766

    • 1856 815

    • 1857 830

    • 1858 849

    • 1859 937

    • 1860 720

    • 1861 843

    • 1862 844

    • 1863 839

    • 1864 935

    • 1865 1082

    • 1866 1092

    • 1867 1059

    • 1868 1143

    • 1869 1271

    • 1870 1496

    • 1871 1702

    • 1872 1384

    • 1873 1702

    • 1874 1542

    • 1875 1711

    • 1876 1499

    • 1877 1527

    • 1878 1693

    • 1879 1617

    • 1880 1744

    • 1881 1742

    • 1882 1821

    • 1883 1815

    • 1884 1890

    • 1885 2057

    • 1886 2005

    • 1887 1814

    • 1888 2021

    • 1889 1837

    • 1890 1968

Ce tableau des inhumations au cimetière du Nord, qu’il n’est guère possible de dresser avant 1848, par suite de la mauvaise tenue des registres d’entrée avant cette date ou de leur perte partielle, montre que le cimetière a reçu 56.238 cadavres dans l’espace de 42 ans, soit une moyenne de 1.339 corps par an.

Dès la suppression des inhumations communes, le chiffre des entrées diminua sensiblement. De 1968 en 1890, il descendit à 809 entrées en 1891, puis à 374 et 412 en 1892 et 1893, respectivement.

TABLE DES MATIERES

1 Le Cimetière Saint-Denis à la fin du XVIIIe siècle.

2 Le projet de transfert du Cimetière de l’Hôtel-Dieu.

3 Les travaux d’aménagement et la bénédiction du Cimetière. — Les premières inhumations.

4 La construction de la Chapelle.

5 Les agrandissements successifs du Cimetière.

6 La désaffectation du Cimetière.

APPENDICE

A Quelques éphémérides du Cimetière du Nord.

B Tableau des inhumations de 1848 à 1891.

NOTES

[1] Alors à l’emplacement du Palais de Justice actuel.

Au XVIIe siècle, en attendant l’ouverture d’un cimetière particulier, on y enterra également les morts de l’hôpital Saint-Marcoul, récemment fondé.

Marguerite Rousselet, fondatrice de cet hôpital, et sa compagne Marie Gourland, y furent inhumées.

[2] Le 7 avril 1667, les Religieux de l’Abbaye sommèrent leur abbé de faire rétablir les murs du cimetière.

Le 30 mars 1700, le Bailli de Reims publia une ordonnance pour défendre aux revendeurs et manteliers d’attacher leurs couvertures aux murailles de cimetière.

[3] Sur la vue cavalière de l’Abbaye, gravée en 1754 par Martin Marvie, on aperçoit cette entrée, à gauche du chevet de l’église.

Cette porte aurait servi d’entrée latérale à l’église (cf. Rep. Archéol. 2e fasc. Reims, 1889, p. 208); peut-être était-elle commune au cimetière et à l’église ?

[4] En décembre 1520, pour éviter le danger de peste, qui exerçait de grands ravages en Italie et en Espagne, on obligea les porteurs de corps à passer par cette nouvelle porte.

Des maisons du voisinage avaient issue sur le cimetière. Le 9 février 1685, la veuve Robin fut autorisée à faire une porte dans sa cour «ayant issue sur le cimetière», à condition de la condamner quand les Religieux de Saint-Denis le jugeraient à propos.

[5] Lorsque la chapelle disparut, à une date inconnue, le souvenir du titulaire se conserva dans les deux couvents voisins.

Les Religieux de Saint-Denis et les Frères Prêcheurs célébraient, avec solennité, la fête de saint André.

Bibl. de Reims, Mss. 1663, p. 446, et mss. 1688, f° 106.

[6] En 1786, le cimetière Saint-Denis mesurait 123 verges.

[7] Caqué estimait à dix mille le nombre des cadavres inhumés en l’espace de vingt ans.

Cette opinion est confirmée par une statistique de Géruzez. Cf. sa Description historique et statistique de la ville de Reims, p. 240.

[8] Il suffit de faire, dans ce quartier, de légers travaux de terrassement, pour mettre au jour, à une petite profondeur, quantité d’ossements.

[9] Au XVIIe siècle, on devait, déjà, souvent retourner les fosses. Maillefer en fait la remarque.

Cf., Henri Jadart. Mémoires de Jean Maillefer... Reims, 1890, p. 223.

[10] Ils avaient déjà, au XVIe siècle, réclamé la translation du cimetière, ainsi qu’en témoignent des chartes.

Bien avant eux, les Religieux de Saint-Denis avaient fait la même demande. Ils avaient même obtenu, du Pape Boniface VIII, un bref, et la Reine Jeanne de Navarre était intervenue, en leur faveur, par une lettre adressée aux Échevins de la ville.

Des contestations entre les Religieux et les Frères Prêcheurs et Sœurs de l’Hôtel-Dieu empêchèrent le projet d’aboutir.

Cf. Bibl. de Reims, Mss. 1663, p. 445, Marlot. Éd. de l’Acad., t. III, p. 399, note 1; Varin, Arch. Adm., t. I, p. 81.

[11] Par une sentence du 4 septembre 1770, le Bailli de Reims avait été obligé de défendre d’inhumer aucun corps dans l’ancienne partie du cimetière, destinée aux morts de l’Hôtel-Dieu; pendant une période de trois années consécutives.

Il avait, en même temps, ordonné de recouvrir, avec «au moins trois pieds de terre de Berru», les fosses insuffisamment recouvertes. Il obligeait à creuser, à l’avenir, des fosses de quatre pieds et demi, au moins, de profondeur; il recommandait de laisser, pour les deux paroisses, un terrain de 300 toises.

Inventaire des chartes, titres et papiers de l’Hôtel-Dieu de Reims... fait par Claude-Ange-Antoine Balardelle, de Reims, en l’année 1788, et suivantes.

Arch. Comm. de Reims. Div. Mat. I. 40, suppl.

[12] L’Almanach de Reims pour 1787, indique (p. 48), pour l’année 1785, 15 décès pour Saint-Michel, 64 pour Saint-Denis, 578 pour l’Hôtel-Dieu qui avait hospitalisé 4.938 malades au cours de l’année.

[13] En signalant la découverte d’ossements, le 28 mars 1922, au n° 8 de la rue Hincmar, un journaliste s’étonna de voir des squelettes très rapprochés et entassés. Il se demanda si cet amoncellement de cadavres n’était pas le fait d’inhumations précipitées au moment d’une guerre ou d’une épidémie ? (Cf. Le Télégramme du Nord-Est. Nos des 29 et 31 mars 1922).

La façon d’enterrer les morts de l’Hôtel-Dieu répond à la question.

Toutefois, il est à peu près certain qu’on enterra les morts avec plus de précipitation au moment des épidémies. En 1635, lors de l’épidémie de peste qui sévit à Reims, le quartier voisin des Frères Prêcheurs fut singulièrement atteint. Ordre fut donné d’enterrer les pestiférés de nuit et dans le cimetière le plus rapproché de leur domicile.

[14] Arrêt du 10 mars 1777.

Maillefer, au XVIIe siècle, avait déjà souhaité cette mesure, à l’occasion de l’enterrement de François Lespagnol.

Cf., II. Jadart. Ouvr. cité, p. 158.

[15] Une note, trouvée par hasard dans un des nombreux cartons de documents que M. H. Menu laissa à la ville, nous apprend, d’après un anonyme rémois, que le dernier cadavre, inhumé au cimetière Saint-Denis, fut celui d’un enfant de un jour. La date du 29 juillet est donnée, sans indication de l’année.

[16] L’église abbatiale de Saint-Denis fut détruite en 1796.

Nous savons que l’entrepreneur David fut rendu responsable des dégâts occasionnés aux immeubles voisins, le 27 pluviôse an IV (16 février 1796), par la chute du clocher pendant la démolition.

[17] Bibl. de Reims. Mss. 1688, f° 105 v°.

[18] Il était, alors, composé de: MM. Deloche et Rondeau, Sénéchaux du Chapitre; Souyn, Lieutenant des habitants; Levesque de Pouilly, Vice-Lieutenant; Marlot, Procureur du Roi et Syndic de la Ville; Bida, Polonceau, Sutaine, Bidet, Cadot, Favart.

[19] Ces renseignements et ceux qui suivent, sauf indication contraire, ont été puisés dans les registres des Délibérations du Conseil de Ville et dans les Archives Hospitalières de l’Hôtel-Dieu. Registre des Conclusions, de 1767 à 1795. E, n° 15.

[20] On conserve, aux Archives, un plan projet du cimetière, qui pourrait être celui dont in s’agit ici.

Arch. Comm. de Reims. Div. Mat. 1. 30, suppl.

[21] Rapport de la Faculté de Médecine sur le projet de souscription pour le transport du cimetière de l’Hôtel-Dieu hors la ville.

Ce rapport, de la main de Caqué, se trouve dans le dossier Caqué, acquis par la Bibliothèque Municipale, en novembre 1908, dans les papiers de la collection de Jolly, de Thuisy.

Il existe, dans ce même recueil, une minute de la délibération avec des corrections de la main de Caqué.

[22] Cet imprimé fut distribué à profusion dans la ville, afin d’engager les Rémois à contribuer, par leurs dons, à l’aménagement du nouveau cimetière.

Mémoire sur la translation du cimetière de l’Hôtel-Dieu de Reims, dans un emplacement situé hors des murs de la ville. - Reims, Jeunehomme, s. d. [1786], in-8°.

[23] M. Cadot avait été prié de vouloir bien se charger de la recette des quêtes et des sommes qui pourraient parvenir, par délibération du 1 août 1786. Très dévoué, il avait accepté cette charge et celle de la tenue des recettes et des dépenses.

M. Cadot de Beauvoisy était un homme très bienfaisant. Il avait été anobli pour son dévouement et ses largesses lors des inondations de 1784.

[24] Les Administrateurs avaient, depuis longtemps, prévu l’objection. Le 5 août 1785, ils avaient déjà statué qu’on s’occuperait de la situation sanitaire du terrain dès que les inhumations y cesseraient.

[25] Arch. Comm. de Reims. Div. Mat., I. 30, suppl.

[26] Le prix du mur était estimé 16 livres par toise.

[27] Il s’agit de la porte qui se trouvait à l’extrémité de la rue de Mars et qui fut démolie en 1855.

[28] Sous-Ingénieur du département de la Marne, ou plutôt Inspecteur. Il demeurait rue du Petit-Four.

[29] Pour le détail des dépenses, cf. Précis de Recette des Sommes qui ont été données pour la Translation du Cimetière de l’Hôtel-Dieu de Reims, avec un état détaillé de celles qui y ont été employées. Reims, Jeunehomme, s.d. [1787], 7 p. in-8°.

[30] Vraisemblablement par la seconde Assemblée des Notables.

[31] Mgr Perreau ayant remis le texte de son discours aux Administrateurs de l’Hôtel-Dieu, ces Messieurs le firent imprimer dans l’Extrait du Procès-Verbal du Bureau de l’Hôtel-Dieu de Reims, au sujet de la Bénédiction du Cimetière. Reims, Jeunehomme, s. d. [1787], 7 p. in-8°, p. 3 à 5.

[32] Il y avait, à l’Hôtel-Dieu, deux aumôniers résidants.

[33] Dans ce Rituel, les prières pour la bénédiction d’un cimetière se trouvent à la page 490.

La différence entre les deux rituels est minime en ce qui concerne la bénédiction d’un cimetière.

Le Rituel romain exige cinq croix de bois plantées, une au centre du terrain, et les autres aux quatre points cardinaux.

Le Rituel rémois ne réclamait qu’une seule croix, au centre.

[34] Ce char devait servir, exclusivement, à l’Hôtel-Dieu. Il coûta 950 livres. L’usage des corbillards ne devint obligatoire, à Reims, qu’en 1879.

[35] Valentin Draveny, maître charron et forgeur, demeurait près de l’Arquebuse. Il était officier des Pompiers et il inventa une échelle pour secourir les habitants d’une maison en flammes.

[36] Les gages des fossoyeurs furent fixés à 300 livres et 5 setiers de froment, mesure de la maison.

Les familles qui désiraient faire transporter les corps de leurs défunts dans un cimetière de paroisse devaient verser une indemnité de 9 livres.

Pour un convoi particulier et un transport à bras, l’Hôtel-Dieu, qui se chargeait de tous les détails, percevait 24 livres.

Les inhumations ne pouvaient se faire avant 7 heures du matin, du 1 novembre au carême, et avant 6 heures, du mercredi de Cendres au 30 octobre. Elles ne devaient pas se faire après 3 ou 4 heures de l’après-midi, suivant la saison.

[37] La chapelle avait son entrée principale sur la rue du Puits-Taira (place du Palais de Justice), à l’angle de la rue du Trésor. Son mur Est se prolongeait dans cette rue jusqu’à une des portes d’entrée de l’hôpital. Cette porte, déposée en 1912, fut réédifiée dans une cour du Palais de Justice.

[38] Cette salle se trouvait du côté de la rue de la Poissonnerie (Tronsson-Ducoudray).

[39] On a souvent écrit qu’il s’était inspiré, pour la construction de la chapelle, d’un monument qui venait d’être découvert en Italie, à Pœstum. Il s’agit certainement, non de la chapelle elle-même, mais du péristyle qui la précédait.

[40] Un prêtre ne peut bénir une église ou chapelle qu’avec une permission et un pouvoir de l’évêque.

[41] Almanach de Reims, 1790, p. 94.

[42] Avant la guerre, deux vases en fonte, garnis de verdure, étaient placés sur ces balustrades.

[43] Celle de 1914-1918.

[44] Une petite dalle (0 m. 45 X 0 m. 78) en indique l’emplacement. Sous une croix accompagnée d’un calice, d’une étole et de quelques fleurs on lit l’épitaphe du défunt. Le texte en a été donné par l’abbé Cerf dans sa Notice sur l’abbé P.-N. Anot dans les Trav. de l’Acad. t. XCII, p. 384.

[45] Sa pierre tombale (l. 0 m. 58 X 1 m. 38) porte son épitaphe, au-dessous d’une croix.

Cf. la notice précitée, p. 385.

[46] Quelques années auparavant, en 1782, Legrand et Molinos avaient eu l’idée de reprendre le procédé pour couvrir la cour de l’ancienne halle au blé de Paris.

Ce système de Philibert Delorme fut remis en vogue par la publication de l’Art de Bâtir, de Rondelet. Diverses applications en furent faites à la fin du XVIIIe siècle et au commencement du XIXe siècle.

[47] Lacatte-Joltrois écrit qu’elle n’était ouverte au public que le jour de la Toussaint et le lendemain seulement.

Bibl. de Reims, Mss. 1688, f° 119 r°.

[48] Cette messe fut supprimée, en 1907, en conséquence de la Loi de Séparation.

La chapelle servit alors de dépositoire pour les corps venant du dehors.

La dernière messe dans la chapelle du cimetière y fut célébrée le dimanche 24 février 1907.

[49] Celle de 1914-1918.

[50] Cette proposition s’adressait aux paroisses Notre-Dame, Saint-Jacques et Sainte-Madeleine.

[51] Les premières délibérations du Conseil de Fabrique de la paroisse Notre-Dame de Reims, dans Henri Jadart. Chronique Rémoise de la fin du XVIIIe siècle. Reims, 1895, p. 79.

[52] Dél. du Cons. Gén. de la Commune, 19 décembre 1791.

[53] Un hôpital militaire avait été, également, installé dans les bâtiments de l’ancienne abbaye de Saint-Remi; il était désigné sous le nom d’Hôpital de la Montagne.

L’ancien couvent des Capucins avait déjà abrité, en 1792, les Volontaires atteints de la gale. Le 30 novembre 1791, Debois, clerc commissaire des guerres de la première division militaire au département de l’Aisne, avait demandé une salle pour abriter les galeux. Le Conseil général de la Commune lui indiqua l’ancien couvent des Capucins, le 2 janvier 1792.

[54] Il était situé à l’emplacement de l’immeuble actuellement voisin du Palais Rémois, sur la place Drouet d’Erlon, n° 80, avant guerre [1914-1918].

[55] Sur ce cimetière, situé rue Noël, cf. Ch. Givelet. L’ancien Cimetière Saint-Pierre-le-Vieil et le Jardin des Plantes, Reims, 1905.

[56] Le sieur Petit était locataire d’un terrain qu’on devait visiter.

[57] Ces biens du Séminaire furent mis en adjudication, comme biens nationaux, le 3 juillet 1793, sur mise à prix de 21.000 livres.

Affiches de Havé. N° du 24 juin 1793, p. 99.

[58] Caqué. Rapport sur les Cimetières, 3 juin 1793. Dossier Caqué dans la collection Jolly, de Thuisy, 8 p. mss.

[59] Ce rapport a été transcrit dans le procès-verbal de la séance.

[60] Le cimetière eut, alors, pour limite, du côté de Bétheny, une ligne qui, partant du boulevard Jules-César, aboutirait à l’angle léger formé par le mur sur la rue du Champ-de-Mars.

[61] Cette plaque, gravée par Férat, fut déplacée et fixée devant la chapelle. Le texte de l’inscription a été publié par le Docteur O. Guelliot dans La fin de la Faculté de Médecine de Reims, Reims, 1909, p. 151.

[62] les terrains des cimetières paroissiaux furent vendus entre les années 1794 et 1797.

[63] De 1790 à 1812, le nombre des décès le plus élevé fut de 2.011 et le plus faible de 952, par an.

[64] Reims comptait alors près de 36.000 habitants.

[65] Il existe, à la Bibliothèque, au f° 54 du mss. 1897, un calque, fait en 1835 par Povillon-Piérard, du plan dressé, en 1832, par l’architecte municipal.

[66] Par suite des agrandissements ultérieurs du cimetière vers la rue de la Justice, ces deux cimetières se trouvent, actuellement, presque au centre de la nécropole.

[67] Au moment de l’agrandissement du cimetière, en 1833, on supprima les deux portes et on décida que les convois de tous les cultes passeraient par la porte principale. Au moment des travaux et avant que fût notifiée la décision, survint un regrettable incident, qui fit grand bruit à l’époque, lors de l’enterrement de Mme Félix Droinet, protestante.

Cf., Lettre de Félix Droinet à ses Concitoyens, s. l. n. d., 4 p. in-4°.

[68] On remarque une différence de hauteur entre les deux murs.

L’endroit où fut exécuté l’abbé Miroy – indiqué par une plaque sur la face intérieure du mur – se trouvait, en 1871, hors du cimetière.

[69] Ils réclamèrent, en même temps, la création de nouveaux cimetières en dehors de la ville, un par canton.

[70] Au lieu de retourner les sépultures communes tous les sept ans, on se trouvait dans la nécessité de réemployer le terrain après cinq années. Les squelettes n’étaient pas toujours dépouillés de leurs parties molles.

Del. du Cons. Mun., 22 avril 1887.

[71] On estima qu’il restait assez de place pour enterrer 4.000 corps. Les corps actuellement ramenés sont loin d’atteindre ce chiffre. Quelques-uns, il est vrai, sont inhumés dans des concessions de famille. Fin décembre 1924, on comptait seulement 227 tombes dans le canton 14.

[72] L’enlèvement des terres et des décombres nécessita une légère dépense. Le Conseil vota, à cet effet, un crédit de 5.000 francs

[73] Au moment de la désaffectation du cimetière, un Conseiller, M. Appert, avait demandé (15 octobre 1890) si la Ville ne pourrait se charger de l’entretien des concessions qui ne pouvaient plus être entretenues, faute de descendants. Le Maire fit observer que ce serait une lourde charge pour la Ville.

[74] Dans l’impossibilité où nous nous trouvons d’écrire une histoire circonstanciée du cimetière du Nord, nous avons pensé qu’il serait intéressant de rappeler ici les dates de quelques faits relatifs à notre ancienne nécropole rémoise.

[75] Cf., Annales de l’Académie, t. 1, p. 435.

[76] Ibid., p. 346.

[77] Cf., l’étude de Povillon-Piérard sur cette sépulture, dans le Mss. 1885 de la Bibl. Mun., f° 209 à 216.

[78] Cette concession se trouve à l’angle nord-est du canton 10. Un monument fut élevé sur sa tombe et inauguré le 20 août en présence de 200 personnes.

[79] Autrefois, on ne saluait pas la famille à la porte du cimetière ; on la reconduisait au domicile mortuaire.

[80] Cf., Vindex. Trois Pages de l’Histoire de Reims, Reims, 1881.

I. – Le Cimetière Saint-Denis à la fin du XVIIIe siècle.

Jusqu’aux dernières années du XVIIIe siècle, on enterrait les morts des paroisses Saint-Denis et Saint-Michel, ainsi que ceux de l’Hôtel-Dieu[1] dans le cimetière dit de Saint-Denis, par suite de son voisinage avec l’église de ce nom.

Ce cimetière était entouré de murs[2]. Primitivement, il avait dû avoir son entrée dans la rue du Bourg Saint-Denis[3], mais, au XVIe siècle, quand on doubla la superficie du cimetière, on ouvrit une porte nouvelle vis-à-vis du couvent des Frères Prêcheurs[4].

Autrefois, au milieu de ce cimetière, s’élevait une petite chapelle sous l’invocation de Saint-André[5].

Le terrain était exigu[6] et peu en rapport, dans sa superficie, avec le chiffre des morts qu’on y enterrait.

Par suite du nombre des inhumations[7], les corps étaient empilés et peu profondément enterrés[8].

Cet amoncellement de cadavres, qui n’étaient pas toujours consumés quand on retournait les fosses pour de nouvelles inhumations[9], répandait des exhalaisons putrides qui inquiétaient les habitants du quartier.

En 1786, les voisins du cimetière firent entendre des plaintes[10], critiquant les inhumations trop nombreuses faites dans un espace évalué aux deux tiers d’un arpent[11].

L’Hôtel-Dieu employait la moitié de cet espace; le reste servait aux deux paroisses de Saint-Denis et de Saint-Michel, dont les morts, naturellement, étaient moins nombreux que ceux d’un hôpital[12].

Comme quelques familles seulement réclamaient les corps de leurs défunts, pour les faire inhumer dans des fosses particulières, les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu estimaient que, depuis douze ans, ils avaient fait enterrer environ 4.500 cadavres.

Autrefois, quand la population de la ville était moins grande, et, par suite, les décès moins nombreux à l’Hôtel-Dieu, chaque défunt avait sa fosse particulière.

Quand la population augmenta, le nombre des malades s’accrut et, forcément, celui des décès. On fut obligé alors, de mettre cinq ou six cadavres par fosse.

Puis, on se décida à creuser des fosses communes, de 16 pieds carrés et de 18 pieds de profondeur. On les emplissait de cadavres jusqu’à une hauteur de 13 pieds et on les recouvrait de 5 pieds de terre[13].

Le nombre des inhumations, l’espace trop restreint obligèrent, parfois, le fossoyeur, quand il avait aligné une rangée de corps, à ne jeter dessus, pour les cacher, que 4 pouces de terre. Le lendemain, il enlevait cette faible couche de terre pour procéder à de nouvelles inhumations. Il opérait de même les jours suivants, jusqu’au remplissage de la fosse, afin de la faire durer le plus longtemps possible.

Il est facile d’imaginer quel était l’entassement des cadavres. Le cimetière devait être rempli en dix-huit ans et, en 1786, tout le terrain devait se trouver utilisé avant trois années.

On se préoccupait, à juste titre, des dangers que pourrait présenter un bouleversement prochain des tombes les plus anciennes. On craignait que certains corps ne fussent pas complètement consumés.

De plus, la partie la plus peuplée du cimetière, et la plus étendue, celle qui servait à l’Hôtel-Dieu, se trouvait exposée au midi, ce qui ne pouvait qu’augmenter la force des exhalaisons putrides. On craignait d’engendrer des maladies épidémiques.

L’occasion se présentait, favorable, aux Administrateurs de l’Hôtel-Dieu pour réclamer, à l’usage de leur maison, un cimetière hors les murs de la ville.

Un arrêt, du reste, venait d’être rendu, qui rendait obligatoire la création des cimetières hors de l’enceinte des villes[14].

Le projet devait, cette fois, aboutir. L’Hôtel-Dieu abandonna ses inhumations au cimetière Saint-Denis à la fin du mois de juillet 1787, époque à laquelle fut ouvert son nouveau cimetière particulier.

On continua à y enterrer, jusqu’en 1793, les morts des paroisses Saint-Michel et Saint-Denis[15].

Il est probable que le cimetière resta sans emploi jusqu’à la démolition de l’église[16], qu’un amateur proposa de transformer en muséum. Il avait également demandé la création d’un Jardin des Plantes sur l’emplacement du cimetière.

Ces projets n’eurent pas de suite. Le terrain du cimetière fut vendu, le 18 messidor an VI (6 juillet 1796), à un sieur Giroust, pour la somme de 2.750 livres[17].

Jusqu’aux dernières années du XVIII siècle, on enterrait les morts des paroisses Saint-Denis et Saint-Michel, ainsi que ceux de l’Hôtel-Dieu

II. – Le projet de Transfert du Cimetière de l’Hôtel-Dieu

Le 10 mai 1786, au cours d’une réunion du Bureau des Administrateurs de l’Hôtel-Dieu[18], le Président, l’abbé Bida, représenta à ses collègues l’impossibilité de continuer les inhumations dans le cimetière de Saint-Denis, sans exposer la ville, dans un temps très rapproché, à de sérieux dangers.

L’Administration de l’Hôtel-Dieu s’était déjà préoccupée de la situation, mais le choix d’un emplacement et le chiffre de la dépense avaient arrêté tout projet.

Cependant, ce 10 mai 1786, il fut décidé que MM. Deloche, Rondeau, Souyn, Levesque de Pouilly, Bourgongne, tous membres de l’Administration Majeure, se réuniraient en Bureau, le 23 mai, pour solutionner cette question pressante et pour examiner le remède à apporter à cet état des choses[19].

Au cours de cette réunion, le Président proposa, pour créer le cimetière, de disposer de 3 arpents de terrain dans une terre située non loin de la Porte Mars, terre qui était la propriété de l’Hôtel-Dieu.

Pour mieux se rendre compte de la proposition, les membres du Bureau se rendirent à cet endroit. Sur place, ils examinèrent le projet auquel ils se rallièrent tous.

Ils décidèrent, en même temps, de faire lever le plan du terrain et de faire dresser un devis estimatif des travaux de construction d’un mur d’enceinte et d’une chapelle[20].

L’examen et l’étude des moyens d’exécution furent remis à plus tard.

Avant de prendre une décision définitive, les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu pensèrent qu’il serait sage de soumettre le projet, à titre consultatif, à la Faculté de Médecine de Reims.

Cette dernière, sous les signatures de son doyen, Caqué, et de ses membres, Raussin père et fils, Le Camus, Fillion, Navier, Demanche, donna son avis.

La Faculté, après une lecture attentive et un examen sérieux du projet, donnait son entière approbation.

Caqué, qui avait rédigé la réponse[21], estimait que le projet était du plus grand intérêt pour la santé publique, surtout que le nombre des malades admis à l’Hôtel-Dieu allait en augmentant sans cesse.

Le rapport exposait, tout au long, les raisons sanitaires qui militaient en faveur de l’établissement d’un cimetière non loin de la Porte Mars.

Daté du 14 juin 1786, ce rapport fut communiqué, le 4 juillet, aux Administrateurs de l’Hôtel-Dieu et il fut transcrit à la suite du procès-verbal de la séance. Il fut décidé que le procès-verbal serait imprimé et qu’on y insérerait, à la suite, un extrait du rapport de la Faculté de Médecine, avec un état sommaire de la dépense prévue[22].

Plusieurs projets furent présentés aux Administrateurs; ils les jugèrent trop dispendieux.

Ils firent savoir que l’Hôtel-Dieu ne pouvait supporter toutes les charges de la création d’un nouveau cimetière et que l’abandon de trois arpents de terrain, estimés 2.000 livres, était tout ce qu’il pouvait faire.

Il fallait donc trouver les fonds nécessaires pour clôturer le terrain par une muraille de 6 pieds de hauteur pour le moins. En outre, les Administrateurs prévoyaient la construction d’une chapelle avec péristyle et d’un char funèbre.

Ils avaient l’intention de faire célébrer, chaque année, à un jour fixé par le Bureau, et en leur présence, une messe pour les défunts, dans cette chapelle.

L’édification d’un petit vestibule, en avant de la chapelle, leur paraissait indispensable pour s’abriter en cas de mauvais temps.

La dépense d’un char funèbre, pour conduire les morts au cimetière, répondait à un véritable besoin. Les Administrateurs le prévoyaient avec une place pour que le chapelain « puisse s’y placer commodément. »

La dépense totale prévue se montait à 13.255 livres ; il fallait, à cette somme, ajouter 600 livres annuelles, pour l’entretien du cimetière et pour les frais de conduite des corps.

Les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu émirent l’idée d’avoir recours à une souscription libre pour se procurer les fonds nécessaires, à condition toutefois d’y être autorisés par l’Archevêque et par les Conseillers de Ville.

Ils pensèrent même que ces Messieurs du Conseil ne refuseraient pas de se joindre aux Administrateurs pour se présenter chez leurs concitoyens afin de solliciter et recueillir les dons.

Si la souscription donnait ce qu’on en attendait, on prévoyait le commencement des travaux d’aménagement du cimetière aussitôt après la moisson des seigles.

Les personnes désignées pour la quête parcoururent les différents quartiers de la ville. Elles remettaient les sommes recueillies entre les mains de l’un des Administrateurs, M. Cadot[23].

La décision prise d’abandonner le cimetière Saint-Denis causa quelques inquiétudes dans la population rémoise qui, cependant, accueillit favorablement le projet.

Elle craignait qu’on ne fit un emploi trop précipité du terrain du cimetière, après son abandon[24].

L’abbé Bida fit part de ces craintes, à ses confrères, au cours de la séance du 22 juillet.

Il demanda, « pour prévenir tout danger à cet égard et remplir les vœux des Citoyens », qu’on décidât, « dès à présent qu’il ne serait fait aucune destination dudit emplacement jusqu’à ce que les sources de putréfaction qu’il renferme n’aient été absolument taries. »

À la suite de cette observation, il fut décidé que les Administrateurs Majeurs de l’Hôtel-Dieu se rendraient au Bureau, aussitôt après la cessation des inhumations, pour fixer le temps à laisser écouler avant le réemploi du terrain.

Une copie de cette délibération fut adressée au Chapitre et au Conseil de Ville, pour qu’ils puissent la transcrire sur leurs registres.

III – Les Travaux d’aménagement et la Bénédiction du Cimetière. Les premières inhumations.

Un plan du nouveau cimetière, conservé aux Archives[25], nous fournit quelques renseignements sur son étendue et sur sa clôture.

Il devait former un carré parfait de 50 toises ou 300 pieds de côté.

Les murs devaient avoir 2 toises de hauteur, dont 4 pieds en fondation et 8 pieds en élévation, avec une épaisseur de 18 pouces[26].

Ils devaient être construits en craie, sauf 2 pieds en dedans et en dehors qui devaient être en blocaille.

Comme il avait été prévu, les travaux commencèrent aussitôt après la moisson, le 7 août 1786. Ils devaient se terminer vers le milieu de l’année suivante.

Un puits fut creusé, afin de se procurer, sur place, l’eau nécessaire pour la maçonnerie des murs et de leurs fondations, pour celle des piédroits de la porte d’entrée qui furent protégés par deux bornes.

Les sieurs Hamon et Gonel furent chargés des travaux de maçonnerie.

Un nommé Chastelain régala les terres pour en faire, intérieurement et extérieurement, des talus.

Les murs furent couverts avec de la bruyère. Un sieur Martin, de Sermiers, avec d’autres habitants de la localité, en fournirent 2.800 bottes. Elles furent voiturées par deux habitants du même village, les sieurs Feutré et Jacquemin.

Le serrurier rémois Lecocq fournit et posa la grille de la porte d’entrée. Cette grille, qui était très simple, pesait 1.649 livres.

Pour faciliter l’entrée du cimetière, qui se trouvait alors dans les champs, le Conseil de Ville décida, le 12 novembre 1787, de faire établir une chaussée pavée, de trois mètres de largeur, allant de la Porte Mars[27] à l’entrée du cimetière. Elle fut construite sous la direction de l’ingénieur Hurault de Sorbée[28].

Le total des dépenses, pour la création du cimetière, s’éleva à la somme de 10.440 livres 8 sols 6 deniers, non compris l’établissement de la chaussée.

Comme la recette des quêtes et dons s’était élevée à 11.909 livres 15 sols 9 deniers, il restait en caisse 1.469 livres 7 sols 3 deniers[29].

La publication, en fin d’année, d’un mémoire relatif aux recettes et aux dépenses occasionnées par la création du cimetière, calma certaines inquiétudes dans le public. Quelques Rémois, en effet, au moment du lancement de la souscription, se firent de fausses idées sur la situation financière de l’Hôtel-Dieu. Ils s’étonnèrent de l’appel, croyant la maison riche et possédant des revenus supérieurs aux dépenses. Le mémoire leur montra leur erreur.

Le cimetière étant prêt à recevoir des corps, on décida de le faire bénir, pour qu’il fût une terre sainte, avant de procéder à des inhumations.

Les Administrateurs Ecclésiastiques de l’Hôtel-Dieu prévinrent le Chapitre pour fixer la date de la cérémonie.

Le Chapitre leur fit savoir que l’Archevêque, Mgr de Talleyrand-Périgord, retenu à Paris pour des affaires d’État[30], ne pourrait, lui-même, accomplir cette fonction liturgique. Ils ajoutèrent que son coadjuteur Mgr P.-J. Perreau, avait reçu tout pouvoir pour le remplacer en l’occasion.

Une députation des Sénéchaux et de deux Chanoines Administrateurs de l’Hôtel-Dieu se rendit à l’archevêché, où habitait Mgr Perreau, pour l’inviter officiellement à bénir le cimetière.

La cérémonie fut fixée au dimanche 8 juillet, à six heures et demie du soir.

Les Administrateurs Laïcs de l’Hôtel-Dieu, les Officiers de sa Justice, les Conseillers de Ville furent invités à y assister.

La réunion devait se faire à la cathédrale. On demanda au Chapitre d’y faire réserver, dans le sanctuaire, des places pour les membres du Conseil de Ville.

Au jour et à l’heure fixés, le Clergé de l’Église Métropolitaine, précédé de ses Officiers, escorté, a droite, des Conseillers de Ville, et, à gauche, des Administrateurs Laïcs de l’Hôtel-Dieu, sortit de la cathédrale par le grand portail, au son des grosses cloches.

Le cortège traversa le Parvis pour se rendre à l’Hôtel-Dieu. Il en parcourut les salles, pénétra dans la Chapelle Saint-Nicolas où les religieuses étaient assemblées en communauté.

La procession gagna, ensuite, le cimetière par les rues des Tapissiers (Carnot), Royale (Colbert), de Tambour, de la Porte Mars (de Mars).

La foule était massée aux abords de la nécropole. Elle était si considérable que les Cavaliers de la Maréchaussée et les Archers des Pauvres durent intervenir.

Quand les invités de marque se furent assis sur les bancs, qui leur avaient été préparés, au centre du cimetière et autour de la croix de bois qui y avait été rituellement plantée, Mgr Perreau, revêtu des ornements épiscopaux, prononça un petit discours de circonstance[31].

Il procéda, ensuite, à la bénédiction du cimetière, accompagné par deux Chanoines Administrateurs et par les Aumôniers de l’Hôtel-Dieu[32].

La bénédiction se fit « à la romaine », c’est-à-dire qu’on suivit les rubriques du rituel romain et non celles du rituel encore en usage dans le diocèse, celui qui avait été édité, en 1677, par Mgr Le Tellier[33].

La cérémonie se termina vers huit heures. Avant de quitter le cimetière, Mgr Perreau bénit le char funèbre[34], construit par le charron Draveny[35], et il donna la bénédiction pontificale.

Le cortège rentra en ville par la porte Cérès.

Le soir même, les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu allèrent remercier l’évêque de Tricomie d’avoir bien voulu répondre à leur invitation.

Le surlendemain, le Bureau des Administrateurs se réunit. On pria le Chanoine Polonceau de rédiger le procès-verbal de la cérémonie de bénédiction du cimetière.

En même temps, on décida de publier un extrait de ce compte-rendu, avec le discours de Mgr Perreau et un état des recettes et dépenses.

Le Bureau, en outre, pour perpétuer le souvenir de la fonction liturgique, résolut d’apposer, sur un des pilastres de la porte du cimetière, une plaque de marbre noir avec cette inscription:

« L’an 1787. Le dimanche 8 juillet ce cimetière fut béni par Mgr. l’Évêque de Tricomie en présence de MM. du Chapitre de l’Église Métropolitaine, de MM. du Corps de Ville et de MM. les Administrateurs. »

La certitude qu’avaient ces derniers de voir s’élever, bientôt, une chapelle, dont les travaux n’étaient cependant pas encore commencés, leur fit décider de faire célébrer, tous les ans, une messe pour les âmes des défunts inhumés dans la nécropole.

Ils choisirent la date anniversaire de la bénédiction, 8 juillet, ou le jour non empêché le plus rapproché. Ils résolurent de faire célébrer cette messe par un des Administrateurs Ecclésiastiques, en présence de tous les Administrateurs.

Pour commémorer cette fondation, ils proposèrent de faire placer, sur l’autre pilastre de la porte, l’inscription suivante:

« L’an 1787. Le Bureau a arresté que tous les ans le 8 juillet il sera célébré une messe pour les fidèles inhumés dans ce cimetière et que MM. les Administrateurs y assisteront. »

Dans la suite, quand la chapelle fut édifiée, on prit la décision (21 octobre 1789), de faire célébrer, chaque année, à dater du 2 novembre suivant, une messe à ce jour. De plus, on décida la célébration d’une messe de die aux deux fêtes de la Croix, la chapelle ayant été bénite sous l’invocation de la Sainte Croix.

Le plan du cimetière, dressé au moment de sa création, porte, en marge, quelques indications qui nous renseignent sur la façon dont on procéda pour les inhumations, au moins jusqu’en 1793.

Les corps n’étaient pas enterrés individuellement, pour ménager le terrain.

Pour commencer, on ne devait employer que la moitié du cimetière en y creusant 18 tranchées. Elles devaient être distantes de 2 pieds afin de prévenir les éboulements.

À raison de 20 pouces par cadavre, on pensait pouvoir en enterrer 180 par tranchée, ce qui donnait un total de 3.240 inhumations pour les 18 tranchées.

On avait réservé, dans la partie Est du terrain, un espace égale au précédent, ce qui permettait d’inhumer, en tout, 6.480 corps avant que les fosses aient besoin d’être retournées.

En évaluant à 500 le nombre annuel des décès à l’Hôtel-Dieu, on pensait n’avoir pas à retourner les fosses avant treize ans.

Faute de décès probablement, le cimetière ne fut utilisé qu’à la fin du mois.

La chronique locale nous a conservé les noms des deux premiers défunts qui « inaugurèrent » le nouveau champ de repos:

Pierre Loureau, âgé de 28 ans, originaire de Saint-Brisson, aux environs de Sens, et Marie Herblot, âgée de 35 ans, femme de Pierre Coffin. Elle était originaire de Hourges, près de Fismes.

Décédés, respectivement, les 29 et 30 juillet 1787, ils furent, tous deux, inhumés le lundi 30 juillet, à quatre heures et demie du soir.

Le chanoine Polonceau accompagna les corps au cimetière. Il était escorté de l’abbé Robinet, prêtre-coutre à Notre-Dame, d’un autre prêtre et de deux chantres de l’Hôtel-Dieu.

Le changement du lieu des sépultures, son éloignement obligèrent les Administrateurs de l’hôpital à prendre quelques arrangements et à édicter un règlement au sujet des inhumations.

Ils prirent leurs décisions, le 28 juillet, deux jours avant les premières inhumations, sur le rapport du chanoine Bida.

Il fut convenu que les prêtres de la maison, après les services ou messes, conduiraient simplement les corps au dépôt mortuaire de l’Hôtel-Dieu et qu’ils seraient déchargés du soin d’accompagner les convois au cimetière. Par suite, ils ne toucheraient aucun casuel, mais un traitement annuel de 400 livres.

Cet arrêt amena le Bureau à accepter l’offre faite par l’abbé Passelet, chapelain de Saint-Michel, qui s’était proposé pour conduire les morts au cimetière.

Il lui fut accordé 120 livres par an pour cet office, qu’il devait bientôt cesser, ayant été nommé chapelain de l’Hôtel-Dieu quelques mois plus tard, le 20 octobre.

Il fut remplacé, le 3 novembre, par l’abbé Dorlodot, vicaire de Saint-Michel, qui reçut les mêmes honoraires.

Quelques décisions furent également prises au sujet des gages des fossoyeurs et des heures pour les inhumations[36].

L’année suivante, les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu se virent dans l’obligation de compléter leur règlement en prenant quelques nouvelles dispositions funéraires.

Le 13 mai 1788, ils précisèrent les détails pour l’itinéraire que devaient suivre les convois pour se rendre au cimetière.

Il fut décidé qu’ils sortiraient de l’hôpital par la porte de la chapelle Saint-Nicolas[37], qu’ils feraient une station à la cathédrale et qu’ils gagneraient le cimetière par les rues du Trésor et des Deux-Anges.

La Sous-Mère de l’Hôtel-Dieu fut prévenue de cette décision.

Le samedi 13 septembre de cette même année 1788, les membres du Bureau de l’Hôtel-Dieu agréèrent comme fossoyeur, un nommé Jean Rouillé.

Son traitement fut fixé à 200 livres, mais il devait être astreint à un certain nombre d’obligations.

D’abord, il ne devait, sous aucune forme, toucher des gratifications et il ne pouvait réclamer des pourboires.

Chaque jour, il devait prendre son service, à l’Hôtel-Dieu, à cinq heures du matin, de Pâques à la Saint Remi (1er octobre), et à six heures de la Saint Remi à Pâques.

Dès son arrivée, il devait sortir le char funèbre, le nettoyer et y déposer les corps à conduire au cimetière. Un garçon de la maison l’aidait pour ce dernier travail.

À une heure de l’après-midi, il devait se trouver à son poste pour nettoyer la salle du dépôt mortuaire[38].

Deux fois par jour, il devait passer dans la salle des «gisantes» pour voir s’il n’y avait pas d’enfants morts.

Il lui incombait de prévenir les prêtres des enterrements auxquels il fallait procéder.

Au cimetière, il devait creuser des fosses de 6 pieds de profondeur et entretenir la chaussée intérieure.

Tous les soirs, en fin de journée, avant de quitter l’Hôtel-Dieu, il devait remettre la clef du cimetière et celle du dépôt mortuaire à la Sous-Mère, qui en avait la garde.

IV. – La construction de la Chapelle

Les comptes de la création du cimetière, arrêtés au 10 juillet 1787, accusaient, comme restant en caisse, une somme de 1.469 livres 7 sols 3 deniers.

Cette somme fut jugée insuffisante pour construire une chapelle qu’on estimait devoir coûter 3.600 livres environ.

Mais la Société Libre d’Émulation, de création assez récente, estima qu’elle ne pouvait faire un meilleur emploi de ses ressources qu’en secondant les vues des Administrateurs de l’Hôtel-Dieu.

Au cours d’une réunion tenue le 3 août 1787, il fut décidé qu’une certaine somme serait affectée à la construction de la chapelle du cimetière.

Cette résolution fut immédiatement transmise aux intéressés. Le lendemain, 4 août, les Membres du Bureau de l’Hôtel-Dieu, réunis en séance, en eurent connaissance.

Ces Messieurs acceptèrent l’offre. Le chanoine Bergeat, nommé Administrateur quelques jours auparavant (30 juillet) et M. Bidet furent désignés pour aller remercier le Directeur et le Trésorier de la Société Libre d’Émulation : MM. Sutaine-Maillefer et de Recicourt. Ils furent priés, en outre, de les inviter à assister à la prochaine réunion du Bureau de l’Hôtel-Dieu. On devait y examiner plans et devis.

Cette réunion se tint le 11 août. MM. Sutaine et de Recicourt déposèrent, sur la table, une copie de la délibération de leur Société. Ils approuvèrent les projets qui leur furent soumis.

Les plans avaient été dressés par l’architecte de la Ville, Nicolas Serrurier[39].

La chapelle commencée au printemps 1788, fut achevée la même année, mais elle ne fut bénite qu’en 1789, le vendredi 7 août sous l’invocation de la Sainte Croix.

Dès le 18 octobre précédent, Mgr de Talleyrand-Périgord avait donné, au chanoine Bergeat, comme Administrateur de l’Hôtel-Dieu, le pouvoir de procéder à cette fonction[40].

Le chanoine Bida, ancien Administrateur, célébra la première messe.

La chapelle, de forme circulaire, en rotonde, avait un diamètre de 7 m. 75 et ses murs avait une épaisseur de 0 m. 56.

Un petit péristyle (larg. 4 m. 80 X 2 m. 15) la précédait; on y accédait par sept marches d’inégale largeur.

Quatre colonnes d’ordre dorique grec, sans bases, de 3 m. 15 de hauteur, supportaient un modeste fronton triangulaire.

Aussitôt après l’achèvement de la chapelle, on critiqua l’entablement incomplet et le manque d’attique.

Certes, on aurait pu faire mieux, mais, quand les fonds destinés à la construction de la chapelle furent épuisés, les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu, par délicatesse, ne voulurent point, pour parfaire l’édifice, employer l’argent dont ils disposaient et qui était destiné au soulagement des malades[41].

Les colonnes du péristyle reposaient sur la dernière marche. Deux balustrades encadraient l’escalier[42].

Faute de documents, il est impossible de rappeler l’arrangement intérieur de la chapelle à la fin du XVIIIe siècle. Mais il n’est pas inutile de décrire son aspect à la fin du siècle suivant, pour en garder le souvenir, puisque les obus on gravement endommagé la construction au cours de la dernière guerre[43].

La décoration intérieure de la chapelle était fort modeste.

Les murs étaient recouverts d’un badigeon jaunâtre avec imitation de joints de pierre de taille. Le bas avait reçu une peinture imitant le marbre.

Dans le haut, une peinture imitait des draperies funéraires, à bordure d’argent, ce qui donnait, à la chapelle, un aspect sépulcral.

Elle s’éclairait, dans la coupole, par un oculus surmonté d’un vitrage en forme de pyramide très aplatie.

Dans le fond, en face de l’entrée, un modeste autel de pierre, en forme de tombeau, était posé sur un degré de marbre noir.

Sur l’autel, un gradin recevait les chandeliers et un second gradin, plus petit, supportait le Crucifix.

Au pied d’une croix de bois, peinte en noir et adossée au mur, au-dessus de l’autel, était placée une Vierge de Pitié.

De chaque côté de l’autel se trouvait une crédence armoire destinée à recevoir les objets du culte.

Le sanctuaire, dont le sol était carrelé de damiers noirs et blancs, était fermé par une barrière en bois, à pans coupés, peinte en gris.

Dans le sol de la chapelle, dallé de pierre, au centre même, tout près de la balustrade, on ouvrit, en 1819, une tombe pour recevoir la dépouille mortelle de André-Nicolas Savar, curé de Saint-Jacques, décédé le 3 avril[44].

L’année suivante, on y enterra, du côté de l’épître, l’abbé Nicolas Malherbe, ancien curé de Saint-Pierre-le-Vieil, décédé le 1er janvier 1820, curé de Notre-Dame[45].

Quelques chaises complétaient l’ameublement.

À gauche de la porte d’entrée se trouvait un petit bénitier en marbre, en forme de coquille et un tronc surmonté d’une croix de bois, peinte en noir, avec cette inscription: Tronc/ pour l’entretien/ de la/ Chapelle.

La toiture offrait un certain intérêt au point de vue de la charpente qui soutenait les ardoises dont elle était couverte. Cette charpente était un des rares spécimens, surtout à cette époque, de charpente dite à la Philibert Delorme[46].

À l’intérieur de la coupole, la charpente était recouverte d’un enduit de plâtre posé sur des lattes.

La chapelle, jusqu’au milieu du XIXe siècle, était presque toujours fermée[47]. À cette époque, elle servait pour la célébration des messes de Requiem ou pour le chant des Vigiles des Morts pour les défunts ramenés du dehors pour être inhumés au cimetière.

Pour la commodité des personnes qui habitaient dans le voisinage, un vicaire de la cathédrale y venait, le dimanche, célébrer une messe basse à huit heures[48].

La chapelle a été fortement endommagée au cours de la guerre[49].

En décembre 1922, sur un ordre plus au moins anonyme, on commença à démolir ce qui restait de la construction. Une heureuse intervention arrêta ce commencement d’inutile destruction.

Les comptes de la création du cimetière, arrêtés au 10 juillet 1787, accusaient, comme restant en caisse, une somme de 1.469 livres 7 sols 3 deniers.

Cette somme fut jugée insuffisante pour construire une chapelle qu’on estimait devoir coûter 3.600 livres environ.

Mais la Société Libre d’Émulation, de création assez récente, estima qu’elle ne pouvait faire un meilleur emploi de ses ressources qu’en secondant les vues des Administrateurs de l’Hôtel-Dieu.

Au cours d’une réunion tenue le 3 août 1787, il fut décidé qu’une certaine somme serait affectée à la construction de la chapelle du cimetière.

Cette résolution fut immédiatement transmise aux intéressés. Le lendemain, 4 août, les Membres du Bureau de l’Hôtel-Dieu, réunis en séance, en eurent connaissance.

Ces Messieurs acceptèrent l’offre. Le chanoine Bergeat, nommé Administrateur quelques jours auparavant (30 juillet) et M. Bidet furent désignés pour aller remercier le Directeur et le Trésorier de la Société Libre d’Émulation : MM. Sutaine-Maillefer et de Recicourt. Ils furent priés, en outre, de les inviter à assister à la prochaine réunion du Bureau de l’Hôtel-Dieu. On devait y examiner plans et devis.

Cette réunion se tint le 11 août. MM. Sutaine et de Recicourt déposèrent, sur la table, une copie de la délibération de leur Société. Ils approuvèrent les projets qui leur furent soumis. Les plans avaient été dressés par l’architecte de la Ville, Nicolas Serrurier

V. – Les Agrandissements successifs du Cimetière

La nécessité d’abandonner les cimetières situés dans l’intérieur de la ville se faisait de plus en plus sentir à la fin du XVIIIe siècle.

Si, à partir de 1787, on cessa d’enterrer, au cimetière Saint-Denis, les morts de l’Hôtel-Dieu, on continua, faute d’un autre emplacement, à inhumer les défunts des paroisses Saint-Michel et Saint-Denis.

Quand ces deux paroisses furent supprimées, la cathédrale devint paroisse et on conduisit, au cimetière Saint-Denis, ses morts.

Les voisins se plaignirent de nouveau et adressèrent leurs réclamations au Conseil Général de la Commune.

Le 17 octobre 1791, les Conseillers décidaient d’écrire une lettre aux Administrateurs des différentes paroisses de la ville.

Ils leur demandèrent de discuter le projet de faire cesser les inhumations intra muros, leur proposant de choisir un terrain voisin du nouveau cimetière de l’Hôtel-Dieu[50].

En attendant l’ouverture de cette nécropole, ils souhaitaient qu’on se servit de ce dernier cimetière.

Comme les Conseillers s’attendaient à des réclamations de la part des Administrateurs des paroisses visées, ils firent remarquer que la vente des terrains, sur lesquels se trouvaient les cimetières paroissiaux, permettrait de recueillir les fonds nécessaires à l’achat du nouveau terrain, dont l’Hôtel-Dieu était propriétaire.

À une réunion des Membres du Conseil de Fabrique de Notre-Dame, le mardi 29 novembre 1791, M. Galloteau-Chappron, premier marguillier, déposa sur le bureau une expédition de la délibération du Conseil Général de la Commune ainsi qu’une lettre du Procureur Syndic.

Lecture en fut faite et les Fabriciens reconnurent le bien-fondé de la délibération qui leur était soumise.

Mais ils furent d’avis qu’il était nécessaire pour parvenir à l’exécution du plan qui leur était présenté, de se concerter, avant de donner leur approbation, avec les Fabriciens de Saint-Pierre et de Sainte-Madeleine. Ils jugèrent, également, utile de voir les Officiers Municipaux et les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu.

Ils choisirent, pour les représenter dans ces démarches, MM. Robin, Jolly-Pillay, Guérin de Lioncourt et Duchâtel-Demain.

Munis de tous pouvoirs, ces Messieurs devaient prendre connaissance des intentions des différents corps administratifs intéressés, pour en référer dans une assemblée qui serait tenue à cet effet[51].

La paroisse Saint-Pierre ne jugea pas utile de disposer d’un nouveau cimetière. Ses Administrateurs firent remarquer au Conseil de la Commune que le leur était assez grand pour la paroisse, réduite dans sa circonscription. De plus, il se trouvait placé au pied des remparts et « de manière à ne pouvoir nuire[52] ».

L’affaire, à cette époque, en resta là. Mais, en 1793, le besoin d’agrandir le cimetière de la Porte Mars devint urgent.

Reims était, alors, rempli de troupes et, au mois de juin, on songea à établir, dans la ville, un dépôt de 1.800 cavaliers.

Parmi les soldats, il y avait de nombreux malades et, par suite, des décès assez fréquents.

Faute de place dans les hôpitaux destinés aux soldats, on avait établi un hôpital militaire dans l’ancien couvent des Capucins[53].

Il y mourait quatre ou cinq soldats par jour. On les enterrait dans le cimetière Saint-Denis, tout proche de l’hôpital. Un encombrement ne tarda pas à se produire.

Aussi, par délibérations des 6 mai et 27 juin 1793, la Municipalité ordonna d’enterrer, au cimetière Saint-Jacques[54]. les soldats décédés à l’hôpital des Capucins.

C'était un pis-aller et non une solution, d’autant plus que, par la délibération du 6 mai, il fut ordonné à la paroisse Notre-Dame de cesser ses inhumations au cimetière Saint-Denis et de les faire au cimetière Saint-Jacques.

Le Conseil renouvela cet ordre le 23 mai suivant.

Le cimetière Saint-Jacques fut vite encombré. Destiné à une seule paroisse, il était de dimensions restreintes. Il arriva, qu’en creusant de nouvelles fosses, on retourna des sépultures incomplètement détruites. L’air se trouva vicié au point d’occasionner des maladies dans le voisinage.

Le Conseil, de nouveau, s’émut. Le 21 nivôse an II (10 février 1794), il interdit toute inhumation au cimetière Saint-Jacques.

Pour prouver, sans doute, qu’il n’avait pas agi à la légère en désignant ce cimetière pour les sépultures, le Conseil montra, par une délibération du 27 pluviôse an II (15 février 1794), que tout le terrain disponible dans le cimetière Saint-Denis avait été épuisé lorsqu’il avait désigné le cimetière Saint-Jacques.

Le 4 ventôse an II (22 février 1794), le Conseil décida de faire les inhumations dans le cimetière Saint-Pierre-le-Vieil[55], en attendant la création d’une nécropole extérieure.

Cette mesure ne diminuait en rien la nécessité pressante dans laquelle on se trouvait d’avoir un cimetière.

À la séance du Conseil de la Commune, le 6 mai 1793, le citoyen Mopinot-Pinchart rappela que l’ancienne Municipalité, pour se conformer aux règlements, s’était préoccupée de créer un cimetière hors la ville. Il lui semblait que ce projet était assez important pour ne pas être laissé dans l’oubli.

Il fut décidé que la question allait être reprise.

Le 23 mai, on annonça qu’un terrain « entre les portes Cérès et Dieu-Lumière et derrière la Belle-Tour », pourrait peut-être convenir.

Aussitôt, les Conseillers chargèrent un des leurs, le citoyen Legrand-Paquot, et le Docteur Caqué, médecin de l’Hôtel-Dieu, de rechercher un terrain, situé au Nord de la ville, pour y établir un cimetière destiné aux paroisses de Notre-Dame, de Saint-Pierre et de Sainte-Madeleine.

Le vendredi 31 mai, Legrand-Paquot et Caqué se rendirent chez le sieur Petit, directeur de la Poste aux chevaux, qui demeurait dans le faubourg Cérès[56].

En sa compagnie, ils se mirent à la recherche du terrain souhaité.

Le premier aboutissait au chemin qui longeait les fossés derrière la Belle-Tour. Son extrémité vers la ville était étroite, mais la terre allait en s’élargissant vers la campagne et il offrait une étendue satisfaisante pour l’emploi qu’on voulait en faire. Ce terrain, qui provenait des biens de l’abbaye de Saint-Pierre-les-Dames, appartenait alors à M. Sutaine-Maillefer.

Le second terrain avoisinait le premier, mais il était situé plus en arrière, près d’un chemin auquel on accédait par la rue de Cernay. Cette terre, d’une étendue considérable, n’aurait pas été acquise dans sa totalité, mais en partie seulement.

Ces deux terrains se trouvaient au Sud et au Sud-Ouest du faubourg Cérès et leur exposition parut malsaine.

Dans le haut du faubourg se trouvait un troisième terrain. Il faisait partie d’une ferme dont le séminaire était propriétaire. Ce terrain, bien uni, se trouvait à 40 toises des dernières maisons du faubourg.

En plus de l’achat d’un terrain, il fallait prévoir, pour y accéder commodément, l’établissement d’une chaussée de 50 toises environ. La proximité de la chaussée urbaine permettait de réduire un peu cette longueur.

L’acquisition de ce terrain paraissait d’autant plus facile que le sieur Petit en était le locataire et qu’il n’avait plus qu’un bail de deux ans[57].

Aucune décision ne fut prise à la suite de ces visites, aucune préférence ne fut marquée.

Legrand-Paquot et Caqué accompagnèrent le sieur Petit jusqu’à sa porte. En le quittant, l’idée leur vint de longer les remparts pour rentrer en ville par la Porte Mars.

Cette promenade les conduisit aux abords du cimetière de l’Hôtel-Dieu. Ils y entrèrent, en passant.

Ouvert depuis six ans, il avait reçu 2.700 corps et le quart du terrain à peine avait été utilisé.

Legrand-Paquot et Caqué pensèrent alors qu’il serait très profitable de créer le cimetière projeté à côté de celui qui venait d’être établi. Il suffirait d’obtenir le consentement des Administrateurs de l’Hôtel-Dieu pour que le Corps Administratif pût acquérir 60 toises carrées de terrain vers Brimont[58].

Caqué précisa ses observations en un rapport qui fut communiqué, le 10 juin 1793, aux Membres du Conseil Général de la Commune de Reims[59].

Le projet fut immédiatement adopté. Les Conseillers s’étaient d’autant plus facilement rangés à ce projet que le rapport faisait valoir une dépense moins forte en choisissant cet emplacement.

En effet, il n’y avait que trois murs à construire et la chaussée d’accès était déjà établie.

Legrand-Paquot et Caqué furent désignés pour poursuivre l’exécution du projet. Ils reçurent tout pouvoir pour faire autoriser la délibération, pour obtenir le terrain et pour le faire préparer.

Mais Caqué venait d’être nommé médecin des Armées; il exprima ses craintes de ne pouvoir remplir le mandat qu’on lui confiait. Il se retira.

Le Conseil nomma, à sa place, le citoyen Blavier, l’ancien chanoine, le fondateur de la Caisse Patriotique de Reims.

Les inconvénients causés par les cimetières paroissiaux, pendant ce temps, augmentaient sans cesse. Le 4 ventôse an II (22 février 1794), le Conseil de la Commune fut touché par une nouvelle pétition. Les Citoyens, qui composaient l’Assemblée sectionnaire de la Fraternité, se plaignirent des odeurs désagréables dégagées par les cimetières de Saint-Pierre et de Sainte-Madeleine.

Le Conseil put leur répondre qu’il s’occupait de la question de création d’un nouveau cimetière.

En effet, quelques semaines auparavant, le 21 nivôse an II (10 janvier 1794), il avait pris la décision d’ac-quérir 60 toises carrées de terrain, près du cimetière de l’Hôtel-Dieu, pour l’établissement du cimetière si ardemment désiré.

L’architecte de la ville, Fr. Lefèvre, fut chargé d’en dresser le plan.

Le Conseil résolut d’en adjuger les travaux au rabais. Mais, quelques Conseillers estimèrent, qu’avant de procéder à l’adjudication, il serait convenable d’envoyer le devis et une expédition de délibération aux Citoyens Administrateurs du District, pour autorisation.

Il avait été décidé, avec les Administrateurs de l’Hôtel-Dieu, que l’entrée en serait commune. Cet accord permettrait de profiter des murs déjà établis sur trois côtés et de n’abattre qu’un seul mur qui serait reporté à l’extrémité du terrain concédé.

La dépense était estimée à 9.807 livres.

Le cimetière primitif fut donc agrandi de 3 arpents. Les murs en furent commencés en 1794 et terminés l’année suivante[60].

La reconnaissance des Rémois envers Caqué se manifesta, après sa mort (le 16 fructidor an XIII – 3 septembre 1805), par l’apposition, sur le côté gauche du mur de la chapelle, d’une plaque de cuivre commémorative[61].

En 1802, quand on commença à relever les croix abattues pendant la Révolution, on songea à planter une croix dans le cimetière. Elle fut placée dans un rond-point situé à l’angle opposé du rectangle dans lequel s’élève la chapelle. Elle fut bénite, le dimanche 7 novembre, par le curé de Notre-Dame, l’abbé Malherbe, qui prononça une petite allocution.

Les paroisses de Reims avaient, enfin, depuis 1795, un cimetière extra muros. Il fut désigné sous le nom de cimetière de Porte Mars[62]. Ce fut, sans doute, à l’époque de la Restauration qu’on désigna sous le nom, sous lequel il est encore désigné aujourd’hui, de Cimetière du Nord, en raison de sa position au septentrion de la Ville.

La population de Reims augmentant sans cesse, d’année en année, il s’en suivit que le cimetière de Porte Mars reçut de plus en plus de corps.

Pourtant, en 1812, c’est-à-dire vingt-cinq ans après son ouverture et dix-neuf ans après son agrandissement, il n’était qu’à moitié rempli[63]. Ce ne fut qu’en 1832 qu’on dût envisager un nouvel agrandissement[64].

La Ville acquit une portion de terrain voisine du cimetière; elle n’en utilisa qu’une partie, réservant le reste pour les besoins futurs.

La Ville avait pu acheter ce terrain avec d’autant plus de facilité que l’Hôtel-Dieu, transféré en 1827 dans les bâtiments de l’abbaye de Saint-Remi, utilisait, depuis cette date, le cimetière du Sud.

Le cimetière eut alors les deux tiers de sa superficie actuelle[65].