Lactique

Aérobie ... mais pas uniquement

Le terme « aérobie » signifie « avec oxygène » mais lors d’une course à une vitesse proche de Vma, et même si la consommation d’oxygène est maximale, la filière énergétique concernée n’est pas exclusivement « aérobie » ... et la filière « anaérobie lactique » est également mise à contribution de manière non négligeable, de l’ordre de 15 à 25%.

Donc attention tout d’abord aux faux raccourcis : Le terme « Vma » n’est pas uniquement associé au terme « aérobie » et répétons que si la Vma est liée à une consommation maximum d’oxygène, cela ne signifie pas que l’énergie est alors uniquement de source aérobie.

Sans aller jusqu’au sprint, la contribution énergétique de la filière anaérobie lactique est d’autant plus élevée que la vitesse de course est élevée. Celle-ci sera donc plus basse en courant à 80% Vma qu’à 90% de Vma … ou qu’en courant à 105% Vma.

Qué fatigue ... ?

A ces vitesses, il est difficile d’expliquer la « fatigue » causant l’arrêt de l’exercice. Cependant le rôle joué par le fonctionnement de la filière anaérobie lactique n’y semble pas étranger. On a pensé, et certains le pensent encore, que la baisse de pH (acidité) accompagnant l’augmentation du taux de lactates limitait la contraction musculaire et était l’une des causes principales de l’arrêt de l’exercice … mais cela ne semble pas corroboré par des tests in vivo.

Bref, on ne sait pas tout et il faut bien prendre garde à ne pas confondre « corrélation » et « causalité ». Cependant une chose est certaine : « l’arrêt de l’exercice est concomitant à une franche augmentation de la lactatémie ».

Chez un sujet immobile (récupération passive), les lactates mettent une à deux heures après un exercice pour revenir à un taux basal mais ce délai passe de 20 à 40 minutes si l’on court à une intensité de l’ordre de 50 à 60% Vma.

Il s’agira donc lors des séances de sollicitation de VO2max de « surveiller » ce facteur limitant de l’exercice, d’éviter que la lactatémie n’augmente de trop voire œuvrer pour limiter sa hausse en restant « actif » et en conservant une « certaine » intensité.

Pour terminer et plus globalement, si l’on travaille une qualité, la puissance par exemple, ce sera forcément au détriment d’une autre, l’endurance. Egalement, un travail trop « anaérobie lactique » s’opposera à un développement « aérobie ». Aussi il faudra prendre garde de ne pas « détruire » un travail aérobie acquis de longue peine par un excès (dans les intensités ou dans les volumes) de travail lactique non justifié par les objectifs de compétitions visées.

On ne peut ainsi gagner sur tous les tableaux et si l’on réalise une séance « lactique », on développe le potentiel de résistance à l’acidose musculaire mais cela est incompatible avec des adaptations « purement » aérobies.

De manière plus pratique, si l’on sait pertinemment que le développement ou le maintien d’un VO2max élevé est une priorité en course hors-stade, on pourra malgré tout se poser la question d’un travail de Vma « intense » dans le cadre de la préparation d’une course « longue » (marathon pour un coureur « moyen » en 3h et plus par exemple). Pour rappel, sur une course approchant l'heure, 98% de l'énergie provient de la filière aérobie.

On retrouve ici l’éternel dilemme bénéfice-risque/investissement.