Zachée

Luc 19, 1-10



Bonjour, je m'appelle Zachée. J'habite Jéricho. On raconte beaucoup de choses à mon sujet, mais tout n'est pas vrai. Ce qui est exact, c'est que je suis collecteur d'impôts, que je me suis enrichi grâce à ce métier et que peu de gens aiment me voir arriver chez eux. C'est vrai aussi que je ne suis pas très grand : dès que je suis au 2e rang, je ne vois plus rien.

Ce qui n'est pas vrai, c'est que je sois heureux. Je n'ai aucun ami. Tout le monde me craint et donc me fuit. Si un jour je pouvais rencontrer quelqu'un qui n'a pas peur de moi, qui ose me regarder en face, je parviendrais peut-être à redevenir moi-même !

Vous qui avez entendu mon histoire, vous savez que c'est ce qui m'est arrivé. Jésus est entré à Jéricho. Je ne voulais pas le rater. Pourquoi suis-je grimpé sur ce sycomore ? Devinez ! Pour voir Jésus passer, mais sans être vu de la foule.

Arrivé à ma hauteur, Jésus s'arrêta et devant tous, il me demanda l'hospitalité. J'étais démasqué ! Je ne pouvais pas dire non. Mais pourquoi Jésus m'avait-il choisi ? S'il avait su ce qu'on disait de moi … J'étais tellement saisi que j'ai failli tomber de l'arbre. En courant jusqu'à la maison pour tout préparer, j'entendais dans une oreille les récriminations de la foule : "il va loger chez un pécheur", et dans l'autre oreille la voix de Jésus : "il faut que j'aille demeurer chez toi."

Je me suis dit : Le voilà, l'homme qui va m'aider à changer de vie ! S'il a envie d'entrer dans ma demeure, s'il ose m'adresser une demande, c'est que je ne suis pas seulement capable de prendre, mais aussi de donner. Voilà ce qui manquait à mon bonheur : la joie de donner. Vous avez entendu mes déclarations publiques et solennelles ? "La moitié de mes biens … quatre fois plus…"

En finale, Jésus a dit à toute la foule ce que j'avais ressenti au fond de moi : "J'étais perdu et il est venu me chercher et me sauver."

J'enviais ceux qui suivaient la Loi, car ils avaient un code de conduite, mais comme je voyais, de par mon métier, l'hypocrisie d'un certain nombre, je me demandais si cette Loi était vraiment applicable

J'étais riche grâce à la crainte que je faisais régner, mais en même temps j'étais malheureux.

J'ai rétabli ce qui était juste en partageant et en remboursant et me voilà léger, joyeux, sauvé.

J'ai même reçu le titre de "fils d'Abraham". Je ne sais toujours pas très bien à quoi cela donne droit. Il est vrai que j'ai abandonné ma vie précédente et pris un nouveau départ, comme Abraham. Je me suis séparé d'une grande partie de mes biens. Et puis, surtout, j'ai trouvé quelqu'un à écouter, à suivre, à imiter. Jésus ne serait-il pas l'envoyé de Dieu pour rattraper à temps des gens comme moi ?

Voilà sans doute en quoi je suis sauvé…