Jonas

Cette histoire se veut une paraphrase moderne du livre du prophète Jonas, un des livres de la Bible.

Dans la ville de Jeune As, les copains et les copines, en général, sont sans travail, indif-férents à tout, violents ; certains ont été pris par la drogue, perdent leur santé et leur iden-tité ; c’est la loi du plus fort qui règne entre eux.

Cette ville s’appelle La Dérive.

Jeune As a pu échapper quelques semaines à cette atmosphère, car il est allé en vacances sur l'autre rive de la mer où il a rencontré des jeunes très différents de ses copains. Heureux de vivre, s’entraidant pour un rien, menant jusqu'au bout leurs projets, se dépassant dans les difficultés. Vivant avec eux, il est parvenu à percer une partie de leur secret : Ils se disent appelés à vivre ainsi par Quelqu'un, qui, de plus, les aide continuellement à progresser.

Sur le chemin du retour, repensant à ses fabu-leuses vacances, Jeune As perçoit cet appel : "Va à La Dérive, la grande ville, et fais-leur con-naître ce que tu as vécu. Dis-leur que c’est Moi qui t'envoie. Fais-leur sentir toute mon affec-tion pour eux. Mais dis-leur aussi que, s’ils continuent sur la voie où ils se trouvent, ils vont à leur perte ! "

Jeune As prend peur. Il ne se sent pas assez fort ni assez convaincu. Et puis, il ne connaît pas Celui qui veut l'envoyer comme messager. Il préfère retourner d'où il vient pour poursuivre son apprentissage. Après, peut-être ! Et il re-prend le bateau, allant dans la direction oppo-sée à celle de La Dérive.

Si ses traversées en bateau avaient été paisi-bles jusqu'à présent, celle-ci fut très mouve-mentée. Il y eut une tempête ! Quelle coïn-cidence : Il fuit, refusant de répondre à un appel et le voila en péril ! Il passe même par-dessus bord, emporté par une très grosse vague. Il put heureusement s'accrocher à un morceau d’épa-ve d'un autre navire. Pendant trois jours il est ballotté par les flots. Il a le temps de réfléchir, pendant les courtes accalmies, de reprendre espoir, de promettre, s'il en sort vivant, de ré-pondre à l'appel et de filer vers La Dérive pour accomplir sa mission. A peine a-t-il pris cet engagement qu’il aperçoit la côte. Bientôt le voila rejeté sur le sable du rivage.



Voilà Jeune As bien décidé à répondre à sa vocation : messager, pour les jeunes, d'un autre style de vie, d'un sens qui peut sous-tendre leurs actions, d’un appel personnalisé. Mais, que leur dire, comment le leur expli-quer, comment les atteindre ? Ca leur paraî-tra peut-être artificiel, comme à la télé. Il faut certainement les secouer !

Voici que Jeune As atteint déjà les faubourgs de La Dérive. Et il s'entend annoncer : " En-core trois jours et La Dérive sera détruite !" Inlassablement, il répète : "Encore trois jours ..." Arrivé au centre ville, il aperçoit des jeunes, assis en cercle sur la grand place, en train de discuter. Il y est accueilli et on lui donne la parole. "Encore trois jours, et La Dérive sera détruite !" est son message. "Pourquoi dis-tu cela ?" - "Ce n'est pas moi, c’est Celui qui m’envoie qui me le fait dire "

- " Pourquoi notre ville serait-elle détruite ? "

- " Parce que plus personne n'y connaît la beauté de la vie. Moi, je l'ai vue, j’ai vécu avec des jeunes enthousiastes, motivés, heureux de s'entraider, de partager, ..." Pendant une heure, Il leur a parlé. Et tous d'applaudir. "A notre tour, allons raconter aux autres ce que Jeune As nous a dit. Quelle bonne nouvelle ! "

Le soir, au journal télévisé, le bourgmestre en personne fait un appel aux jeunes, et, pour une fois, il leur parle comme un père par-lerait à ses enfants. Ensuite, on montre des séquences où l'on voit Jeune As témoigner de son expérience et envoyer de nouveaux mes-sagers. A la fin de l’émission, le bourgmestre réapparaît à l'écran pour annoncer : "Désor-mais, notre ville ne s'appellera plus La Dérive, mais La Villevive. Que tous, jeunes et vieux, enfants et adultes, s'emploient ensemble à réaliser le défi qu'est ce nouveau nom pour notre belle cité ".


Début 1990