Homme riche
Marc 10, 17-27
Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours essayé de bien faire. Avec les années, les situations ont changé, mais le fond restait le même : les bonnes manières, le respect, l’attention aux autres, l’honnêteté,… étaient toujours pour moi le cadre de vie. Vers 18 – 20 ans, j’ai aspiré à sortir du cadre, à m’élever de la plaine pour gravir les montagnes.
C’est alors que j’ai entendu parler d’un certain Jésus, qu’un petit groupe écoutait et suivait, tant ses paroles soulevaient l’enthousiasme. Quand je l’ai aperçu, j’ai accouru vers lui. Que lui dire ? Comment m’adresser à lui ? Comment l’appeler ?
Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? Voilà ce que j’ai exprimé. J’allais enfin savoir. En fait, de sa réponse, j’ai été un peu déçu ! Il m’a énuméré les commandements que je respecte (enfin, le plus possible) depuis ma jeunesse. Il a dû voir, à la tête que je faisais, que je voulais viser plus haut.
Vous auriez dû voir comment il m’a regardé. Extraordinaire ! Quel amour j’ai ressenti de sa part ! Quelle joie dans mon cœur ; une joie comme je n’en avais jamais éprouvée jusqu’alors. Et j’ai pensé : Je suis prêt à faire tout ce qu’il me demandera. Une seule chose te manque ! Laquelle, me dis-je ? Sa proposition m’a foudroyé ! Je m’attendais à tout, sauf à ça ! J’avais déjà presque tout. Qu’est-ce qui pouvait me manquer ? Le fait d’être en manque, en fait !
Vends ce qui tu as et donne-le ! J’ai fait quelques pas en arrière pour me fondre dans le cercle. J’étais tellement étonné que mon visage a dû paraître tout triste à ceux qui me regardaient. Eux, qui avaient déjà l’habitude que celles et ceux qui rencontraient Jésus le suivent, à l’instant même, ils m’ont regardé avec la même bonté que leur Maître.
Contrairement à ce que certains pourraient penser, je n’ai pas quitté le groupe. Je voulais entendre ce que Jésus allait dire aux autres, suite à mon intervention, et j’ai bien fait. Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses… J’étais averti de la conversion totale à opérer, mais pas rejeté. Quand Jésus a parlé du chameau, bâté, qui ne pouvait pas se faufiler dans une porte étroite, même les plus proches de Jésus en ont déduit : Mais alors, c’est impossible ! Ton Royaume est inaccessible !
Pierre, qui semblait le porte-parole des autres, posa la question : Est-ce que nous aurions tout quitté pour rien ? Jésus a alors fait cette promesse, qui s’adressait aussi à moi : Nul n’aura quitté sa maison, sa famille, sa terre, sans qu’il reçoive le centuple.
Là, j’ai compris l’idée de Jésus. Quand nous croyons posséder des biens, en fait, ce sont eux qui nous possèdent, qui nous retiennent, qui prennent toute la place dans notre vie. Même les liens de famille peuvent être un frein à notre élan.
La promesse du centuple, je l’ai comprise comme ceci : si je parviens à me débarrasser de ce qui m’entrave, à me vider, je fais la place nécessaire pour accepter, recevoir, accueillir ce que d’autres et Dieu veulent m’offrir. Jésus nous promet que nous recevrons bien plus que ce que nous avons laissé.