Pierre sur l'eau

Mt 14, 22-33

Dessin de J F Kieffer,

colorisé par Jacques

Je vous raconte une des grandes émotions de ma vie. C'est arrivé la semaine dernière. Jésus avait enseigné la foule toute la journée. Cela avait été fatigant pour nous, simples pêcheurs, habitués à n'entendre tout au long des heures que le silence du lac. Jésus s'en était bien rendu compte. Il nous proposa d'embarquer vers l'autre rive du lac, nous disant qu'il s'occuperait de renvoyer les foules et qu'il nous rejoindrait plus tard.

Notre petit groupe de disciples, à la tombée du jour, tous dans la même barque ... quel plaisir, quelle fraîcheur, mais aussi quelle ambiance familiale entre nous ! En effet, nous qui avions quitté famille et métier pour suivre Jésus, nous formions déjà comme une nouvelle famille, une belle communauté.

C'est moi Simon, le frère d'André, pêcheur de métier en Galilée. Le lac, les barques, les filets, je connais bien. Depuis quelques mois, avec Jacques et Jean, les fils de Zébédée, pêcheurs eux aussi, nous avons été bouleversés par un inconnu, originaire de Nazareth, qui nous a promis de devenir des " pêcheurs d'hommes ". Jésus est son nom. Je n'ai pas bien saisi à quoi il voulait nous entraîner, mais tous les quatre nous l'avons suivi, laissant tomber famille et métier.

Dès qu'il m'a vu, il m'a donné un nom nouveau : Pierre. Encore un mystère !

Il connaît très bien les Écritures et la Loi, celle que Moïse nous a transmise. Il a une manière bien à lui de promouvoir les commandements de la Loi, manière qui déplaît à la plupart des scribes et des grands-prêtres. Il accueille tout le monde et guérit bien des malades.










La nuit venue, le vent était contraire, et les flots battaient la barque. Les habitués de la navigation rassuraient les autres, tant bien que mal. Nous nous sommes rappelé qu'une autre nuit, tous embarqués comme cette fois-ci, la tempête nous avait violemment secoués. Jésus était avec nous, mais il dormait au fond de la barque. Malgré notre expérience, nous avions eu très peur. Nous réveillâmes Jésus, et il avait ordonné à la mer de se taire. Comme s'il parlait à une personne ! Les forces menaçantes s'étaient estompées et nous avions été soulagés.

Ce n'est qu'au lever du jour que nous nous sommes aperçus qu'il était là, à quelques mètres de nous, hors de la barque, dominant ces flots impétueux auxquels il avait parlé autrefois. Nous n'avions d'abord vu qu'un phénomène inexplicable : Jésus marcherait-il sur l'eau ? Certains avaient cru voir un fantôme. Tous, nous avions peur !

"Confiance, c'est moi, n'ayez pas peur !" Ces mots ne nous avaient qu'à moitié rassurés.

"Confiance", avait-il dit ! Alors j'ai voulu faire le malin, montrer aux autres qui j'étais. Et ils l'ont vu, mais pas comme je le pensais. "Seigneur, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux." "Viens", avait répondu Jésus. Sûr de moi, je suis sorti de la barque et me suis avancé vers lui. Mais le vent n'avait pas faibli. Et ma confiance avait fondu. Je commençais à enfoncer. "Sauve-moi !" C'est le cri qui m'avait échappé. "Pourquoi as-tu douté ?" m'avait alors demandé Jésus.

Tous ont vu que je n'étais pas assez fort pour dominer les forces du mal et que j'avais encore bien du chemin à faire, sur le sol ferme !

Peut-être toi aussi as-tu des progrès à faire pour, un jour, "marcher sur l'eau" ?