Lépreux

Marc 1, 40-45



Sais-tu ce qu'est la vie d'un lépreux ? Aux plaies qu'occasionne la maladie s'ajoute l'exclusion sociale. Je ne peux plus approcher quelqu'un, encore moins le toucher. Si j'ai l'audace de me déplacer, je dois annoncer mon arrivée quelque part, en criant ou en agitant une clochette, et tous s'enfuient, car ils me croient contagieux. Pire que tout, la Loi me déclare impur, c'est-à-dire pécheur car, si j'ai attrapé cette maladie, cela ne peut s'expliquer que comme une punition divine.

Qu'ai-je fait de mal ? Quelle raison le Seigneur aurait-il de me punir ? Je ne suis pas irréprochable, bien sûr. Mais je connais plusieurs personnes qui enfreignent bien plus souvent la Loi que moi et qui n'en sont pas déclarées impures pour autant, qui n'ont toujours pas contracté la lèpre ni aucune autre maladie. Elles ne sont même pas habitées par des esprits mauvais…

Ce jour-là, dans le village où j'habite et où je me cache, j'entendis monter une rumeur. Un attroupement se formait. Un étranger peut-être qui s'était égaré, qu'on ne comprenait pas bien. Un célèbre guérisseur, me dit un compagnon lépreux. Notre espoir a déjà si souvent été déçu. Si c'était mon jour de chance ? Cela ne coûte rien d'essayer, me suis-je dit.

La rumeur montait, il devait se rapprocher. Le bruit courut que c'était un homme de Dieu. Si c'est vrai, il saura que je n'ai rien fait de mal. Oui, j'en étais convaincu, il pouvait me purifier !

Faudra qu'on me laisse aller vers lui, me suis-je dit. Et que je crie fort, car je me dois de rester à distance !

Je parvins à quelques mètres de lui et dis : "Si tu le veux, tu peux me purifier !" Comment m'est venue cette supplique, je ne le sais toujours pas. Mais ce qui s'est passé alors est miraculeux. C'est lui, Jésus est son nom, lui qui s'est approché de moi. C'est lui qui a enfreint la Loi : il m'a touché et il a exactement répondu à ma demande, mot pour mot : "Je le veux, sois purifié !" A l'instant même, j'ai senti que la santé me revenait, que mes plaies commençaient à se refermer, que la sensibilité revenait. Cela m'a remis debout et rempli de joie.

Il y avait quand même, en quelque sorte, un "prix à payer". Quoi de plus normal ! Tout d'abord, conformément à la Loi, je devais "faire constater ma guérison par un prêtre et accomplir les offrandes prescrites." Ainsi, j'aurais de nouveau le droit de côtoyer tout le monde, sans clochette à agiter.

Deux autres consignes m'ont été données, qui m'ont semblé contradictoires : "ne rien dire à personne" et "témoigner." Bien sûr, on m'a reconnu et interrogé. Et je n'ai pas pu contenir ma joie. Ni ne pas révéler le nom de celui qui m'avait purifié.

Conséquences : moi j'étais sorti de mon isolement mais, lui, Jésus, à cause de moi, devait se cacher. Il "ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville" sans être submergé de demandes de guérison.

Depuis lors, je me suis mis à le suivre, car je voulais en savoir plus sur l'enseignement de Jésus et, peut-être, devenir son disciple. Je vous raconterai la suite plus tard...