Nazareth 2

Luc 4, 21-30























"Je m'en souviens comme si c'était hier ! J'étais présent dans la synagogue de Nazareth lors de cette intervention de Jésus, mon camarade de jeu lorsque nous étions petits. Le fils du charpentier Joseph et de la douce Marie, tous, ici, nous les connaissions bien. Ce jour-là, la synagogue était pleine, car l'enfant du pays était de retour, précédé par une réputation toute neuve : "à Capharnaüm, il avait guéri des malades".

Nous avions tous "les yeux fixés sur lui" quand il a parlé, après sa lecture du passage du prophète Isaïe. "Aujourd'hui, cette parole de l'Écriture s'accomplit." Que voulait-il dire, exactement ? C'était certain, quelque chose allait se passer ! Allait-on l'acclamer, le porter en triomphe ? J'étais prêt à l'applaudir. Qu'est-ce que nous attendions ? C'est alors que j'ai regardé autour de moi. Quelles drôles de mines ! Comme des spectateurs qui attendaient un numéro spécial et qui étaient déçus de ne rien voir se produire…

Jésus l'a remarqué. Il devait être étonné, et même déçu, lui aussi. Pourtant, il connaissait tout le monde ! Peut-être attendions-nous des guérisons spectaculaires, un peu comme des tours de magie ? "Aujourd'hui, cette parole de l'Écriture s'accomplit." Qu'est-ce qui devait s'accomplir ? Jésus allait-il l'expliquer ? Je pense qu'il a compris que le climat n'y était pas. Nous n'étions pas prêts. Nous avions encore devant nous le fils du charpentier, alors qu'il était devenu le Fils de Dieu !

D'abord, Jésus a voulu exprimer qu'il comprenait notre manque d'ouverture en citant ce dicton : "aucun prophète n'est bien accueilli dans son pays". Ensuite, il a cité deux exemples tirés des Écritures, parlant "de la veuve de Sarepta et du lépreux Naaman". Les prophètes Élie et Élisée ont tous deux été entendus, non par des gens d'Israël, mais par des étrangers.

Là, la foule a vu rouge ! Elle s'est sentie rejetée. Et la colère s'en est emparée. Qu'est-ce que j'ai eu peur pour lui. En un rien de temps, nous nous sommes retrouvés hors de la ville, prêts à le supprimer.

Jésus a été le plus fort ! Non par la violence. Ni même par la parole. Je crois qu'il a compris que, à Nazareth, dans son lieu d'origine, son heure n'était pas encore venue. Et il s'en est allé, comme s'il avait "secoué la poussière de ses sandales", pour ne rien emporter comme souvenir de cette rencontre manquée. "Il est passé au milieu de la foule, allant son chemin." Il a ouvert une route toute nouvelle. J'avais envie de le suivre, mais je n'ai pas osé !

Oui, "il est passé au milieu de nous". C'est l'image que j'ai retenue de cet événement. "Aujourd'hui, cette parole de l'Écriture s'accomplit." Maintenant, je sais ce qui s'est accompli ce jour-là, et qui peut s'accomplir n'importe quel jour. Même s'il est entouré de gens hostiles, Jésus est présent au milieu des hommes. Il trace un chemin. Il invite à le suivre. Et cela, c'est vrai jusqu'à la fin des temps !

Ne faites pas comme moi !

Ne restez pas cachés dans la foule ! Osez vous lever ! Osez marcher à sa suite ! Il vous emmènera vers Dieu !"