Développer nos talents

Matthieu 25, 14-30






Je venais d'entrer au service d'un maître exigeant. Je découvrais, petit à petit, grâce aux autres serviteurs, quel pourrait être mon travail dans cette entreprise. Certains avaient été embauchés des années auparavant et plusieurs avaient découvert leurs capacités sous la conduite de ce maître.

Un jour, nous voilà tous rassemblés pour apprendre que le maître part en voyage. Cette annonce réjouit les uns et effraya les autres. « Je vous fais confiance », nous dit-il. « Vous pouvez très bien gérer mes affaires sans moi. Que chacun donne le meilleur de lui-même, selon ce que je vous ai appris ! »

Le plus ancien des serviteurs ne mit pas longtemps pour rapporter le double de ce qu'il avait reçu. Un autre fit de même. Et moi ? J'ai pris peur. Je ne voulais pas décevoir. Comment ne pas perdre le peu que j'avais reçu ? Je n'avais pas confiance en moi ! J'étais admiratif de la réussite des autres et me sentais nul à côté d'eux. La seule idée que j'ai trouvée était d'enterrer la somme reçue pour être sûr de pouvoir la lui remettre, intacte, à son retour. Ainsi, aucun risque !

Et le maître revint ! « Alors, comment vous êtes-vous débrouillés ? » Chacun lui présenta le fruit de ses efforts. La joie du maître était belle à voir et ses félicitations n'en finissaient pas. Je me demandais ce qui motivait une telle joie. Certainement pas l'appât du gain. Il était riche à suffisance.

Quand vint mon tour, tout fier, je lui rendis ce qu'il m'avait confié. « Serviteur mauvais et paresseux ! » Qu'avais-je fait de mal ? Rien ! Mais, qu'avais-je fait de bien ? Rien non plus ! « Jetez-le dehors ! » Et me voilà à la porte !

Il m'a fallu du temps pour comprendre ...

Ce n'était pas l'argent que ce maître voulait voir grandir. C'était nous, chacun ! Il avait confiance en nos capacités et en notre désir de progresser, de servir, de nous développer. Avec le peu que j'avais appris et que j'aurais pu découvrir sur moi-même, je devais, moi aussi, entreprendre, risquer, « travailler ». J'avais choisi la solution de facilité, la « paresse » !

La leçon fut rude !

Oserais-je demander à ce maître une nouvelle chance ? Lui expliquer ce que j'avais découvert et lui promettre de ne pas le décevoir à nouveau ? Les autres serviteurs, comment réagiraient-ils si j'étais réembauché ? Moi, j'ai eu confiance en la bonté de ce maître ! ...

























Dessin de J F Kieffer,

colorisé par Jacques