Dieu et César

Marc 12, 13-17

















Dessin de J F Kieffer,

colorisé par Jacques



« De Nazareth, rien ne peut sortir de bon ! » C'était bien connu en Palestine ! Nous, les pharisiens, nous étions divisés à ce sujet. Depuis quelques mois, le fils d'un charpentier de Nazareth, du nom de Jésus, commençait à nous faire de l'ombre.

Il avait des dons de guérisseur et beaucoup de gens aimaient entendre son enseignement. « Le royaume des cieux est proche », disait-il. Il prétendait aussi que « l'Esprit de Dieu repose sur lui. » Heureusement, il ne voulait pas « abolir la Loi, mais l'accomplir. » Pour qui se prenait-il ? Et, d'abord, qu'est-ce que ça voulait dire ?

Je dois avouer qu'un tel discours nous changeait. Il présentait le Seigneur Dieu de façon nouvelle : proche des petits et des exclus. Il prenait des libertés avec les rites religieux que nous suivions. Cela rejoignait ce que je pensais depuis longtemps. Mais la plupart de mes amis voyaient en lui un rival dangereux. A tel point qu'ils voulaient lui tendre un piège, le prendre en défaut. Je vous raconte.

« Est-il permis, oui ou non, de payer l'impôt à César ? » S'il disait oui, il se déclarait favorable aux Romains, nos occupants, et il aurait la foule contre lui. S'il disait non, il risquait d'être accusé de rébellion et les autorités n'aimaient pas ça ! Terrible piège donc ! Le suspense était grand et tous se taisaient, pour entendre sa réponse.

Jésus ne s'est pas laissé enfermer dans les catégories de « permis » ou « défendu ». Il a feint de ne pas bien savoir de quoi ils lui parlaient. Plus subtil encore ! Il a retourné le piège contre eux. « Faites-moi voir une pièce d'argent. » S'ils en avaient, c'est qu'ils utilisaient eux-mêmes cette monnaie. Tout fiers, ils se disputaient presque pour lui en présenter un exemplaire. Ainsi il leur faisait répondre à leur question. Les voilà piégés à leur tour !

Vous pouvez avoir l'impression que je vous raconte l'événement comme un spectateur neutre. Je vous avoue que, depuis ce jour-là, j'avais pris mes distances d'avec les pharisiens.

Comment cela s'est-il terminé ? Toutes les pièces, comme les médailles, ont deux faces. « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ! » Voilà sa réponse, son conseil, son commandement. Moi j'ai compris : Ne mélangez pas deux niveaux différents. Ils ne sont pas en concurrence ! Tenez compte de ces deux dimensions : le politique et le spirituel. Grand étonnement parmi les assistants. Moi, j'étais très content.

J'ai su que plusieurs autres tentatives avaient été mises en œuvre pour confondre Jésus. Longtemps, il avait pu les déjouer. Mais toujours en proposant à ses opposants de bonnes raisons de se convertir. La jalousie n'est jamais bonne conseillère.

Vous savez que, pour finir, Jésus a été arrêté, condamné et exécuté. Mais ça c'est une autre histoire.

Je voulais seulement vous donner un exemple de ce qui m'a fait quitter ce parti des pharisiens, même s'il y avait parmi eux des personnes très ouvertes comme Nicodème et Joseph d'Arimathie.

Ne vous laissez pas piéger par des questions qui sont comme des alternatives : cochez une des 2 cases, oui ou non, pour ou contre.

Un ancien pharisien.