Séparer ou pas ?

Matthieu 13, 24-30

Je suis, avec d'autres, au service d'un grand cultivateur. Un bon maître, sévère mais juste, grâce auquel je peux faire vivre toute ma famille. Dans notre peuple, comme partout ailleurs je pense, il y a des personnes qui veulent gagner leur pain sans travailler. Et quelques-unes qui cherchent à faire du tort, par jalousie ou vengeance.

Notre travail se déroule de la même manière, de saison en saison, selon les rythmes de la nature. Il y a des bonnes années et des moins bonnes.

Cette année-là, tout se passait bien, la récolte allait être prometteuse.

Un beau matin, je traversais un de nos champs et, que vis-je ? Le bon grain avait bien levé, était à bonne hauteur pour la saison, mais quelque chose d'inhabituel attira mon regard. Dans tout le champ, un mélange de deux espèces différentes. Il fallait être bon connaisseur pour les distinguer. Parmi le blé, il y avait aussi de l'ivraie, une mauvais herbe dont on ne pouvait rien tirer.

Tout en me rendant auprès du maître, je songeais au nouveau prophète qui parcourait notre région. Il avait grandi à Nazareth, mais n'était pas écouté dans sa région. Parcourant le pays, il parlait du Seigneur Dieu avec autorité et nouveauté, pas comme les grands-prêtres ou les docteurs de la Loi. Jésus, c'est son nom, aimait bien raconter des histoires toutes simples, compréhensibles par tous. Mon maître aimait bien ce prophète et nous laissait aller l'écouter quand il passait près de chez nous.

“Seigneur, n’est-ce pas du bon grain que tu as semé dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?” Allait-il se fâcher ? Aurions-nous des heures supplémentaires de travail ? Il nous a tous réunis et interrogés. “C’est un ennemi qui a fait cela.” C'était la seule explication possible. “Que faisons-nous maintenant ?” a-t-il demandé. Chacun a donné son avis. Sa décision nous a tout d'abord étonné : “Laissez-les pousser ensemble ... ; ne les séparez pas !”

Ouf ! pensaient les uns, pas de travail en plus. Nous aurons plus de travail lors de la moisson, car il faudra les séparer, disaient d'autres. Moi, j'ai dit : ça ne m'étonne pas du maître. Rappelez-vous, quand il y eu a un voleur parmi nous, il n'a pas été mis à la porte ! Alors que le maître savait bien qui était le coupable. Celui-ci a eu une nouvelle chance ! Et il n'a plus jamais volé.

J'ai ajouté que notre maître avait certainement entendu le prophète Jésus parler du Royaume des Cieux et qu'il voulait nous apprendre à vivre selon les mêmes principes.

Peut-être qu'un jour, Jésus se servira de notre aventure pour raconter une nouvelle parabole !