Joseph








C'est moi, Joseph. Vous venez d'entendre mon histoire comme l'évangéliste Matthieu l'a mise par écrit. C'est bien résumé, mais cela manque de nuances. Laissez-moi vous ajouter quelques détails, et vous me connaîtrez mieux…

J'avais remarqué Marie, une jeune fille pas comme les autres. Pour moi, elle était la plus belle de Nazareth, évidemment, mais pas seulement pour son physique.

Il rayonnait d'elle comme une force tranquille, une conviction sereine qui m'ont remué profondément. Voudrait-elle bien m'épouser ? Elle me connaissait à peine…

Elle m'avait à peine dit oui, qu'elle s'est absentée trois mois, pour aller aider sa vieille cousine Élisabeth, enceinte malgré son grand âge. Elle devait se rendre pour cela près de Jérusalem. J'ai proposé de l'accompagner, mais elle m'a répondu que je ne pouvais pas abandonner mon métier de charpentier, que je devais honorer mes commandes dans des délais raisonnables. Bien mystérieux, tout cela, mais, quand on aime…

Le mystère fut encore bien plus grand lorsqu'elle revint de chez sa cousine et qu'elle m'avoua être enceinte. Là, j'ai failli m'étrangler. Qui t'a fait cela ? a été ma première question. Minable comme réaction, ne trouvez-vous pas ? Marie m'a alors raconté sa rencontre avec l'Ange Gabriel et la promesse de celui-ci. L'enfant sera "le Fils du Très-Haut". Marie m'a avoué avoir dit oui au messager de Dieu et, depuis, se sentir "sans crainte" et "comblée de grâce". Il n'y avait qu'elle pour parler ainsi. Mais, j'étais toujours sous le choc. Je lui ai répondu que "je ne la dénoncerais pas publiquement", mais que j'allais réfléchir…

Un dicton de chez nous disait : "La nuit porte conseil". Je m'endormis donc. Moi aussi, j'ai eu droit à une "annonciation". Un ange du Seigneur m'a parlé. Il m'a appelé "Fils de David" ; j'ai compris : c'est de ta lignée que viendra le Messie. Comme à Marie, il a dit : "Ne crains pas !" Il m'a aussi révélé de qui était l'enfant qu'attendait ma fiancée : "il vient de l'Esprit Saint" ; c'est beau, mais je n'ai pas très bien compris. L'ange m'a même dit le nom que je devrais donner à l'enfant : "Le Seigneur sauve". Dans ma langue, c'est Jésus.

Alors, j'ai couru réveiller Marie et lui ai raconté ce que l'ange m'avait révélé. Matthieu vous a encore révélé un autre nom pour notre fils: "Dieu avec nous", ou Emmanuel. Quel bonheur, tout cela. Je ne vous dis pas les réactions autour de nous ! Les critiques, les incompréhensions. J'avoue qu'on ne s'est pas trop montré pendant quelques temps. La vie continuait. Mon travail de charpentier. Et Marie, en qui notre fils grandissait, bien aidée par ses parents.

Et puis la terrible nouvelle ! Marie n'allait pas pouvoir accoucher à la maison. Nous devions partir pour Bethléem. Mais ça, c'est une autre histoire.

Je vous laisse, car je dois encore intérioriser cette avalanche de mystères qui entourent notre couple. A bientôt…

Référence : Matthieu 1, 18-24