Jacques











J’ai essayé de remonter 20 siècles en arrière, en me mettant dans la peau de l’apôtre Jacques, mon très lointain aïeul, “fils du tonnerre”, et en essayant de capter ce qu’il a pu ressentir le jour de la première Pâques. Je lui donne la parole.

Pas facile car, comme vous venez de l’entendre, seuls les apôtres Pierre et Jean ont fait la course pour voir dans quel état était le corps de Jésus, 3 jours après sa mort. Si Jésus avait encore été vivant, il m’aurait pris avec lui. Vous vous souvenez que, dans toutes les grandes occasions, c’était toujours Pierre, Jacques et Jean qui étaient aux premières loges. Oh, je n’en veux pas à mon frère ! Je crois me souvenir que, ces jours-là, j’avais tellement mal aux jambes que je n’aurais pu faire la course. J’ai préféré les écouter à leur retour.

Mais, je dois quand même d’abord vous dire, non l’état de mes jambes, mais celui de mon cœur, à la mort de mon Seigneur.

Marcher à la suite de Jésus sur les routes de Palestine, pour un pêcheur habitué à naviguer sur le lac, ce n’était pas très reposant ! Entendre Jésus enseigner chaque jour, parler de religion et de Dieu son Père, pour quelqu’un qui n’avait jamais été à aucune école, cela faisait mal au crâne ! Trembler à chaque audace de Jésus, à chaque défi contre nature, à chaque affrontement avec ses adversaires, ce fut un rude apprentissage au niveau de la confiance, de l’abandon.

Tiens, savez-vous quel était le nombre préféré de Jésus ? Cela devait être le 3, car pour lui beaucoup de choses allaient par 3 ! Déjà qu’avec ses parents, ils étaient 3. Son Père et lui ne font qu’un (il nous l’a tellement répété !), mais à sa place nous sera envoyé l’Esprit. De plus, je l’ai déjà dit, il prenait souvent avec lui 3 de ses apôtres, comme sur le mont Tabor.

Encore une parole célèbre : “En 3 jours, je rebâtirai le Temple” ! Ou bien : “Je vous annonce que le Fils de l’Homme (il parlait de lui-même) devra 1 souffrir, 2 mourir, 3 ressusciter d’entre les morts”. Assez mystérieuse, cette dernière triade.

Mais alors, vivre cette dernière semaine : quel rythme d’enfer ! Acclamé comme roi à Jérusalem, arrêté et mis en prison ; les tribunaux et, le pire de tout, voilà Jésus cloué sur une croix comme un malfaiteur !

Moi, je n’ai pas résisté ! Mon frère Jean, je l’admire. C’est le seul d’entre nous qui est resté avec le Seigneur jusqu’au bout ! C’est sûrement pour cela que Jésus lui a demandé de veiller sur Marie, sa maman.

Nous sommes quand même restés ensemble, cachés au Cénacle, mais ce n’était plus l’ambiance d’avant ! Il manquait notre guide, notre héros, notre chef. Nous étions comme des brebis sans berger !

Ce matin-là, premier jour de la première semaine, sans le Maître, après une nouvelle nuit d’insomnie, alors que l’obscurité régnait, aussi bien dans nos cœurs que sur la ville, nous avons sursauté. Marie-Madeleine nous a bousculés, comme à son habitude, mais avec une nouvelle incroyable : le corps de Jésus n’est plus dans le tombeau ! Pierre et Jean ont foncé sur place. C’était vrai ! Mais, qu’est-ce que cela voulait dire ? C’est Jean qui s’est rappelé la triple annonce de Jésus : souffrance, mort, résurrection. J’ai ajouté, mais je ne suis pas sûr qu’à ce moment je savais bien ce que je disais : Et bien oui, en 3 jours, Il a rebâti le Temple !

Quand Marie a su la nouvelle, elle nous a simplement dit : Mon fils est vivant, je le sens !

Alors Pierre a pris deux décisions : Il faut l’annoncer partout et il faut être prudent. Ça ne sert à rien de nous faire arrêter. De plus, nous devons nous préparer à évangéliser par nous-mêmes. Rassemblons tous nos souvenirs…