BERNAY Abbatiale

L'abbaye Notre-Dame de Bernay est située dans l'Eure en Haute-Normandie.

Elle comprend la plus ancienne église abbatiale de Normandie encore debout.

Elle fut fondée par Judith, femme de Richard II, duc de Normandie au XIe siècle.

La construction débute en 1010 mais Judith meurt en 1017 les travaux étant inachevés.

En 1025, son mari Richard II décide de reprendre la construction et confie le chantier à l'abbé Guillaume de Volpiano, architecte italien et ancien moine de Cluny.

L'abbaye de Bernay est liée à l'histoire des ducs de Normandie et à la conquête de l'Angleterre.

On sait qu'en 1249, un grave incendie ravage une partie du bâtiment. Une façade de style classique sera ajoutée, dévisageant quelque peu le bâtiment.

L'église possède un plan en croix latine.

La nef comporte 3 niveaux d'élévation :

1er niveau : une grande arcade plein cintre qui repose sur une pile presque carrée à laquelle viennent se coller des colonnes engagées qui supportent un arc-doubleau pour soutenir la voûte des bas-côtés. À l'intérieur de l'arcade, il y a une demi colonne engagée qui repose sur un mince dosseret sur lequel repose un arc en tore assez épais qui est une moulure ronde, semi-cylindrique. Tous les chapiteaux des colonnes sont sculptés. Les bases de ces colonnes sont moulurées simplement.

2e niveau : alternance de baies géminées plein cintre et d'arcades aveugles peu profondes qui brisent l'unité des surfaces. Les baies géminées sont séparées par une colonnette surmontée d'un chapiteau évasé et se trouvent dans l'alignement des grandes arcades.

Cette alternance traduit une certaine phase expérimentale sur le traitement structurel et plastique des murs. Les baies géminées donnent sur des combles dans lesquels on accède par les escaliers situés dans les croisillons du transept. Cela forme une galerie ou tribune au-dessus du collatéral. Le mur est donc composé de 2 épaisseurs : c'est un effet de composition pour alléger la structure générale.

3e niveau : fenêtres hautes dans l'alignement des baies géminées et grandes arcades ce qui permet un éclairage direct de la nef.

L'ouverture de ces fenêtres hautes était possible car la nef était charpentée. Il n'y avait donc pas de risque pour la solidité du mur.

Cette élévation typique est appelée « Mur épais normand ».

La sculpture apparaît principalement dans l'abbatiale sur les chapiteaux et les bases de certaines colonnes engagées.

Pendant la première moitié du XIe siècle, trois ateliers d'une grande diversité se répartissent les décors sculptés:

Le premier atelier a décoré les parties basses du chœur et une partie du transept Sud en développant les formes tronconiques à tablettes : volume triangulaire du chapiteau surmonté d'un bandeau de pierre lisse.

Les thèmes sculptés : masques humains en tête de feuille, grands oiseaux, un chapiteau signé de son auteur Izembard.

Il témoigne d'une influence arabe ou byzantine de par la disposition des animaux, répartis symétriquement par rapport à l'arbre de vie.

Le deuxième atelier a sculpté les bases et les chapiteaux des parties hautes du cœur ainsi que quelques chapiteaux du transept. Cet atelier a privilégié les motifs géométriques et les entrelacs. Les sources d'inspirations seraient méridionales mais rappellent l'art celte qui a imprégné la Normandie.

Le troisième atelier a effectué des chapiteaux néo-antiques d'inspiration corinthienne.

L'abside et les absidioles sont couvertes à l'extérieur de bardeaux travaillés et en très bon état.

Conseil: Pour visiter, passer par le Musée installé à l'arrière de l'abbatiale; les modalités d'ouverture de la porte en façade sont demeurées obscures...