Laval 1913

11 mai 1913

La Deuxième journée du Meeting du Mans a lieu à Laval sur un kilomètre en côte. Cette épreuve se dispute au centre de la ville dans les rues de Joinville et de Bretagne. Les départs ont lieu sur la Place de l'Hôtel de Ville. Le début de la côte est très doux (2%) et permet de se lancer facilement puis on trouve des pentes de 7 puis 5 et enfin 4%. La liste des engagés est à peu près identique à celle de la veille à La Flèche.

LES CLASSEMENTS :

Voitures de tourisme (constructeurs)

Deuxième catégorie : 1. BUGATTI (Friderich), pneus Continental, 52 s. 3/5; 2. Ariès (X...), 1 m. 33 s. 3/5.

Troisième catégorie : 1. BUGATTI (Dillon-Kavanagh), pneus Continental, 53 s. 3/5.

Quatrième catégorie : 1. S.C.A.P., pneus Fabricable (Launay), 1 m. 7 s. 1/5.

Cinquième catégorie : 1. F.A.B. (Lafon), 1 m. 17 s, pneus Fabricable

Sixième catégorie : 1. BUICK (Repusseau), pneus Continental, 56 s.; 2. Ariès (X...), 1 m. 5 s. 2/5.

Septième catégorie : 1. PIERRON (d'Avaray), pneus Continental, 52 s. ; 2. Delaugère et Clayette, 1 m. 16 s.

Huitième catégorie : 1. HISPANO-SUIZA (Garas), 51 s. 4/5.

Neuvième catégorie : 1. ARIES (X...), 1 m. 0 s. 2/5; 2. Vauxhall (Repho), 1 m. 4 s. 3/5.

Onzième catégorie : 1. ROLLAND-PILAIN (X...), pneus Continental, 44 s. 4/5.

Voitures de tourisme (Amateurs)

Première catégorie : 1. BEBE PEUGEOT (Grilliat), 1 m. 23 s. 4/5.

Deuxième catégorie : 1. BUGATTI (Desrochers), pneus Continental, 1 m. 4 s. ; 2. Renault (Gaignard), 1 m. 44 s. 3/5.

Troisième catégorie : 1. LA PONETTE (Gilles), 1 m. 8 s.; 2. Rolling (Locret), 1 m. 2-1 s. 1/5.

Cinquième catégorie : 1. ROLLAND-PILAIN (Pou-zet), pneus Continental, 1 m. 10 s. 4/5.

Sixième catégorie : 1. PANHARD-LEVASSOR S.S. (Mitsche), 1 m. 43 s. 3/5.

Septième catégorie : 1. TH. SCHNEIDER (Louvet), 59 s. 3/5; 2. Ford (Delmotte), 1 m. 8 s. 4/5; 3. Anasagasti (Brown), 1 m. 13 s.

Huitième catégorie : 1. S.C.A.R. (Lambert), 1 m 2 s. 1/5; 2. Chenard et Walcker (Delaunav), 1 m. 17 s.

Neuvième catégorie : 1. PILAIN (comte de Peyronnet), 1 m. 0 s. 4/5.

Douzième catégorie : 1. ISOTTA-FRASCHINI (comte de Toulouse-Lautrec), 44 s. 4/5; 2. Mercedes (Rigaud), 46 s. 2/5; 3. Lorraine-Diétrich (Bariller), 55 s. 2/5.

Voitures de course

Deuxième catégorie : 1. BUGATTI (Frederich), pneus Continental, 47 s. 2/5.

Troisième catégorie : 1. BUGATTI (Dillon-Kavanagh), pneus Continental, 56 s. 3/5.

Cinquième catégorie : 1. S.C.A.P. (Mollet), 56 s. 4/5; 2. F.A.B. (Cossemans), 1 m. 1 s.; 3. Vermorel (Gasté), 1 m. 6 s. 3/5.

Sixième catégorie : 1. BUICK (Pouget), pneus Continental, 48 s.

Septième catégorie : 1. ALCYON (Barriaux), pneus Continental, 41 s. 4/5; 2. Crespelle (Crespelle), 42 s. ; 3. Th. Schneider (Haranger), 54 s.; 4. Grégoire (X...)-, 1 m. 11 s.

Neuvième catégorie : 1. ANASAGASTI (Brown), Pneus Continental 55 s 2/5

Douzième catégorie : 1. PEUGEOT (Boillot), pneus Pirelli, 35 s. 2/5; 2. Bayard-Clement (Grua), 41 s. ; 3. X... (Costa), 48 s. 4/5.

L'épreuve vue par l'Auto du 13 mai 1913

Il est vraiment dommage que la seconde journée du meeting, si brillamment mis sur pied par cet infatigable Automobile Club de la Sarthe et de l'Ouest. auquel nous sommes redevables de tant d'initiatives hardies et fécondes, ait été, encore moins que la première, favorisée par le temps. Il a plu, en effet, toute la matinée désespérément, et si l'après-midi, la pluie voulut bien nous faire la grâce de ne pas trop se montrer, le soleil, lui aussi, resta chez lui, ne consentant pas à sécher quelque peu la route détrempée. Cet état de la roule explique la médiocrité apparente de certains des temps réalises.

La plus éblouissante performance de la journée fut, ainsi qu'il fallait s'y attendre, à l'actif de la Peugeot de Boillot, qui grimpa la côte à 102 à l'heure. Dans l'état où se trouvait la route, c'est tout à fait bien. J'ai eu le plaisir de servir de mécanicien — je n'ose dire de passager, bien que mon rôle consistât uniquement à m'asseoir — à Boillot dans l'épreuve, et je dois dire que l'impression de sécurité que j'ai ressentie est extraordinaire : on sent là une voiture et un conducteur !

Je m'aperçois que, pour suivre l'ordre inspiré par les événements, il va me falloir, aujourd'hui encore, commencer en tressant des couronnes a cette Rolland-Pilain de tourisme, qui nous avait déjà étonnés hier, car sa performance d'aujourd'hui est. encore plus étourdissante ; jugez-en : Rolland-Pilain, avec 6 litres de cylindrée, fait le meilleur temps en tourisme pour toutes catégories et serait sixième du classement général — voitures de course comprises — battue seulement par les trois gros racers de Boillot, Costa et Grua, et par Barriaux et Crespelle. Quand j'aurai dit que la Rolland-Pilain avait six personnes à bord — vous avez bien lu : six personnes ! — on conviendra que la marque de Tours a réalisé là ce que je serais tenté d'appeler un tour de force, si ce mot n'impliquait pas une idée d'exception. Or, cette performance, pour magnifique qu'elle soit, ne constitue pas une exception pour une Rolland-Pilain.

Pendant que nous en sommes à la catégorie tourisme, signalons, sans plus tarder, l'exploit de la Pierron de d'Avaray ; décidément, aujourd'hui fut la consécration d'hier. A la Flèche, en effet, d'Avaray avait réussi à se classer second du classement général tourisme, avec trois litres de cylindrée ; c'était, semble-t-il, trop joli et cela ne devait pas continuer. Et bien, cela continua, puisque cette course de Laval voit la Pierron battre six voitures d'une cylindrée supérieure à la sienne, alors qu'elle ne serait battue que par cinq de ces gros personnages. Ce fait se passe, je crois, de commentaires.

La Buick, qui fit hier de si belles choses, réalisant sur les cinq kilométres, une vitesse moyenne de plus de cent à l'heure, ce qui, avec une cylindrée de 2 litres 500, n'est déjà pas banal, a, elle aussi, continué aujourd'hui, en tourisme avec Repusseau, en course avec Pouget : la. première monta à 65 à l'heure et la seconde à 75. Ces chiffres diront quelque chose à qui a vu l'épreuve; pour les autres, qu'il leur suffise de songer que Boillot lui-même ne put que dépasser de peu le 100, et ils comprendront toute la valeur de la performance de Buick.

Une autre marque triomphe également en tourisme et en course : S.C.A.P. ; les deux journées marquaient cependant les débuts de la marque en catégorie course, ces débuts sont prometteurs. La S.C.A.P. de course, adroitement pilotée par Mollet, n'a-t-elle pas fait du 64 de moyenne, quand ses concurrents, en cette catégorie, faisaient respectivement moins de 60 et 54, cependant que Launay, menant sa S.C.A.P. de tourisme de moins de 2 litres de cylindrée, lui faisait battre plusieurs concurrents d'une puissance supérieure.

La Bugatti a, une fois de plus, affirmé son exceptionnel rendement. Ces mignonnes voitures sont tout simplement des bijoux mécaniques. Je dois dire aussi combien je tiens Vermorel en haute estime, la marque de Villefranche n'a pas craint de s'aligner en catégorie course avec une voiture carrossée à quatre places ; il est inutile de dire que, dans une course de côte où le poids constitue un facteur aussi important, une telle voiture avait un trop lourd handicap à supporter ; néanmoins, l'adroit Gasté s'en est tiré tout à son honneur. J'ai idée que, quand Vermorel voudra faire une voiture de course, celle-ci sera redoutable. Ce n'est là qu'une impression, mais l'avenir dira peut-être si elle est exacte. Ariès gagne sa catégorie tourisme avec une limousine ; on conviendra que c'est beau.

J'a'i gardé pour la fin le dessert, la "great attraction" que constituait la lutte entre l'Alcyon de Barriaux et la Crespelle conduite par son constructeur. Hier, on s'en souvient, le match fut nul, les deux voitures faisant, sur 5 kil., exactement le même temps ; aussi, on devine l'intérêt de la seconde manche d'aujourd'hui. Cette nouvelle rencontre tint tout ce qu'elle promettait : Barriaux battit Crespelle... d'un cinquième de seconde. Que nous réservera Tours ?


D'autres vainqueurs


„ Si nous parlions des pneus ? Continental qu'adoptèrent la plus grande partie des vainqueurs, a droit à leur reconnaissance. Pirelli, qui résista parfaitement aux formidables efforts d'arrachement de la Peugeot de Boillot, et Fabricable, dont l'excellente tenue fut très remarquée, sont également à l'honneur.

Claudel, qui équipait notamment la Peugeot de Boillot, montra une fois de plus combien il favorisait les hauts rendements.