Tour de France 1913

1er au 15 mars 1913

La Société S.C.A.P. a participé au tour de France 1913 organisé par le quotidien L'Auto. Il ne s'agir pas à proprement parler d'une course mais plutôt d'une épreuve de régularité sur un peu plus de 4000 km parcourus en 12 étapes. Comme l'indique le règlement, les pénalités sont infligées aux concurrents qui sont amenés à faire des interventions mécaniques, même simples, pendant l'étape. Entre 2 étapes, les voitures sont stationnées en parc fermé et aucune intervention n'est possible sauf pendant 10 minutes avant le départ. Les voitures inscrites doivent être de série et le prix du châssis sans pneumatique doit être inférieur à 8000 Francs

27 voitures ont pris le départ :


- 1 Alcyon (Barriaux), 4cyl. 80x130, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Rudge-Whitworth, pneus Bergougnan

- 2 Alcyon (Wagner), 4 cyl 75x120, mag. Bosch, carburateur Claudel, roues Riley, pneus Bergougnan

- 3 Alcyon (Giroux), 4 cyl 75x120, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Riley, pneus Bergougnan

- 4 Ariès (Vandenborn), 4 cyl 75x140, mag Bosch, carburateur Zenith, roues Riley, pneus Bergougnan

- 5 Ariès (Coudette), 4 cyl 75x140, mag Bosch, carburateur Zenith, roues Riley, pneus Bergougnan

- 6 Ariès (de Valence), 4 cyl 75x140, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Riley, pneus Bergougnan

- 7 Rolling (Ficheux), 4 cyl 75x120, mag Bosch, roues Rolling, pneus Bergougnan

- 8 Hurtu (Duval), 4 cyl 75x120, mag Bosch, carburateur Solex, pneus Michelin

- 9 Ponette (Granvaud), 4 cyl 65x110, mag Bosch, carburateur Solex, roues Ponette, pneus Bergougnan

- 10 S.C.A.R. (Martin), 4 cyl 80x140, mag Bosch, carburateur Zenith, roués Vinet, pneus Bergougnan

- 11 Corre la Licorne (W. Lestienne), 4 cyl 75x150, mag Bosch, carburateur Claudel, roues R-W, pneus Bergougnan

- 12 Corre la Licorne (F. Lestienne), 4 cyl 75x150, mag Bosch, carburateur Zenith, roues Vinet, pneus Bergougnan

- 13 Corre la Licorne (Collomb), 4 cyl 75x150, mag Bosch, carburateur Claudel, roues R-W, pneus Bergougnan

- 16 Anasagasti (Brown), 4 cyl 80x140, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Riley, pneus Bergougnan

- 17 Anasagasti (Repusseau), 4 cyl 80x140, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Riley, pneus Bergougnan

- 18 Anasagasti (Savaray), 4 cyl 80x140, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Riley, pneus Bergougnan

- 19 Métallurgique (Rivière), 4 cyl 80x130, mag. Bosch, carburateur Claudel, roues Riley

- 20 Métallurgique (Duray), 4 cyl 80x130, mag. Bosch, carburateur Claudel, roues Riley

- 21 SCAP (Genault), 4 cyl. 75x120, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Riley, pneus Bergougnan

- 22 Barré (Auzemery), 4 cyl 80x140, mag Bosch, carburateur Claudel, roues R-W, pneus Bergougnan

- 23 Barré (Ravaud), 4 cyl 80x140, mag Bosch, carburateur Claudel, roues R-W, pneus Bergougnan

- 24 Barré (Fulgence), 4 cyl 80x140, mag Bosch, carburateur Claudel, roues R-W, pneus Bergougnan

- 27 Bozier (Abran), 4 cyl. 84x150, mag Bosch, carburateur Zenith, roués R-W, pneus Bergougnan

- 29 Majola (Doutre), 4 cyl. 65x100, mag U.H., carburateur Claudel, roues Madre

- 30 Pierron (Guyot), 4 cyl 90x150, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Pierron

- 31 Pierron (Delaunay), 4 cyl 90x150, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Pierron

- 32 Buick (Drouillet), 4 cyl 95x95, mag Bosch, carburateur Claudel, roues Riley

Comme l'indique la carte ci-dessus, il s'agit d'un vrai Tour de France n'hésitant pas à traverser des zones montagneuses. Etant donné la qualité du revêtement routier de l'époque, tenir une moyenne horaire supérieure à 30km/h dans chaque tronçon représente déjà une belle performance.

La Bozier conduite par Abran

La Ponette conduite par Granvaud

De par le principe du règlement, les ex-aequos sont évidemment nombreux. La tableau ci-dessous indique les pénalités des différents concurrents à l'arrivée de chaque étape :

Le classement des concurrents est donc le suivant :

Sont classés premiers, ex-aequo :

- 4 Ariès (Vandenborn)

- 13 Corre La Licorne (W. Lestienne)

- 15 Corre La Licorne (Collomb)

- 16 Anasagasti (Brown)

- 18 Anasagasti (d’Avaray)

- 20 Métallurgique (Duray)

- 23 Barré (Ravaud)

- 29 Majola (Doutre)

- 31 Pierron (Delaunay)

- 32 Buick (Drouillet)

Est classé 11ème avec 2 points de pénalisation :

- 3 Alcyon (Giroux)

Sont classés 12ème avec 3 points de pénalisation

- 27 Bozier (Abran)

- 8 Hurtu (Duval)

Sont classés 14ème avec 4 points de pénalisation

6 Ariès (de Valence)

14 Corre La licorne (F. Lestienne)

21 S.C.A.P. (Genault)

30 Pierron (Guyot)

Sur 29 partants, 17 ont terminé le parcours dont 10 sans aucune pénalisation. Les causes d'abandon ne sont pas toujours citées dans la presse de l'époque, on peut tout de même citer la version officielle pour les véhicules suivants :


- 24 Barré (Fulgence) La voiture a percuté un mur en voulant éviter un enfant

- 17 Anasagasti (Repusseau) Fuite au radiateur

- 22 Barré (Auzemery) Chute dans un ravin à la suite de l'éclatement d'un pneu

- 9 Ponette (Grandvaud) Accident contre une borne

- 5 Ariès (Coudette) La voiture a percuté une vache

- 19 Métallurgique (Rivière) Fuite au réservoir à 10 km de l'arrivée due à une pierre


Résultat de la S.C.A.P.

Comme indiqué ci-dessus, la S.C.A.P. conduite par Genault ne finit qu'à la 14ème place avec 4 points de pénalité récoltés dès la 3ème étape. Qu'est-il arrivé ? Difficile de dire mais au vu du règlement, on peut supposer qu'il a été nécessaire d'ouvrir le capot est donc de faire sauter les plombs correspondants. Comme la voiture a continué sans problème par la suite, on peut supposer qu'il s'agissait d'un problème de bougie, de fil de bougie ou de carburateur. En dépit de ce résultat qu'on pourrait qualifier de moyen, la marque S.C.A.P. n'a pas hésité à baser sa publicité sur le tour de France mais sans toutefois mentionner son classement.

Une deuxième S.C.A.P. engagée ?

En dépit de ce qui est écrit dans la publicité ci-dessus, il semblerait qu'il y avait une 2ème S.C.A.P. sur la liste des engagés mais à priori pas par l'usine. Voici ce qu'écrit le quotidien La Presse sur le sujet :

" C'est avec le plus vif intérêt que les lecteurs apprendront la décision prise par le sympathique directeur de l'Air solide, M.Fernand-Rousseau, de participer au Tour de France, afin de donner une preuve absolument éclatante des qualités essentielles de cette nouvelle invention qui pourra compter parmi celles ayant le plus contribué au progrès de l'automobile.

Rappelons succinctement que l'Air solide est une matière plastique destinée à remplacer l'air sous pression dans les pneumatiques. Ses principales qualités sont les suivantes :

- Il est souple à l’égal de l’air

- Compressible

- Elastique

- Indifférent à toutes les températures froides ou chaudes.

Enfin il conserve toujours exactement son même degré d'élasticité.

Ceci dit, examinons dans quelles conditions doit s'accomplir le Tour de France qui, certainement, sera suivi avec une attention soutenue, non seulement par les touristes, mais par les constructeurs eux- mêmes.

Désireux de donner à cette épreuve un caractère d'authenticité absolue, le directeur de l'Air solide n'a pas hésité à faire soigneusement vérifier le châssis au départ par un expert dont le constat sera publié et, chose à peine croyable, à faire plomber les pneumatiques par les soins du journal l'Auto, afin de -prouver ainsi que les 6000 kilomètres ont bien été parcourus par les mêmes pneumatiques.

D'autre part, la voiture qui doit faire le Tour de France sera soumise à son retour à un autre examen minutieux et le constat de l'expertise sera également publié, afin d'établir l'état dans lequel se trouvent les organes de la voiture après un effort aussi considérable.

Cette voiture, une S.C.A.P. 12/14HP, torpédo quatre places, du modèle courant, sera pilotée par M. G. de Fommervault l'agent général, accompagné de M. Fernand-Rousseau, directeur général, et nous pouvons assurer d'ores et déjà que cette épreuve, la première de ce genre, suscitera sur son parcours la plus vive curiosité.

On peut être persuadé que la voiture S.C.A.P. accomplira les kilomètres avec les mêmes pneumatiques gonflés à l'Air solide et alors il faudra bien convenir que la chambre à air, source de tant de méfaits, a désormais vécu ; toutefois, nous ne pouvons pas nous empêcher d’affirmer que cette expérience, si elle est absolument concluante bouleversera l'industrie des pneumatiques et rendra accessible à tous l'automobile qui, jusqu'alors, avait été l’apanage des classes riches.

Les lecteurs seront tenus au courant des résultats de cette épreuve, à laquelle nous nous intéressons à titre documentaire.

Ils peuvent en tous cas, dès à présent demander la notice gratuite sur l’Air Solide ; Agent général G. De Fommervault 34 rue de Guersant, Paris. Téléphone Wagram, 97-27"

Cet article (voire cette publicité) est paru la veille du départ. Dès le lendemain, La Presse ne parlait plus de ce concurrent. On peut donc supposer qu'il n'a même pas pris le départ. Cela n'a d'ailleurs pas empêché Ouest Eclair d'en reparler le 13 mars ...

Règlement du Tour de France 1913

Article 1er – L’Auto organise, du 1er au 15 mars 1913, une épreuve d’endurance et de régularité réservée aux voitures de type commercial.

Qualification des voitures

Article 2 – Sont qualifiées pour prendre part à l’épreuve, toutes voitures dont le prix du châssis, sans pneumatiques, ne figurera pas au catalogue de 1913 de sa marque pour une somme supérieure à 8000 Francs.

Seul le catalogue officiel, tel qu’il sera publié lors du Salon de l’Automobile en décembre 1912 fera foi. Aucune réduction de prix, postérieure à cette époque, ne pourra être reconnue susceptible de qualifier une voiture.

Le comité d’organisation se réserve le droit de contrôler, avant le départ de l’épreuve, les cotes des moteurs, de façon à s’assurer de la conformité de la voiture engagée avec celle portée au catalogue.

Pour être admises à disputer l’é preuve, les voitures devront être munies d’une carrosserie à 2 places minimum, confortable, d’une capote, d’un pare-brise, d’ailes, marche-pieds, lanternes et phares.

Article 3 – Le Tour de France sera effectué en 12 étapes dont la longueur totale variera entre 300 et 400 kilomètres.

Les étapes seront divisées en 2 ou 3 fractions, avec contrôles. La vitesse moyenne dans les fractions ne devra pas être inférieure à 30 à l’heure.

Les voitures seront plombées, comme il est dit à l’article 4.

Un classement sera établi chaque jour, d’après les pénalisations encourues par les voitures.

Ces pénalisations sont ainsi fixées :

Toute voiture se présentant à l’étape avec un plomb manquant perdra :

Pour le plomb de radiateur : 2 points

Pour le plomb du capot supérieur : 4 points

Pour le plomb du capot inférieur : 3 points

Pour le plomb du plancher : 3 points

La perte ou le bris des plombs fixes prévus par l’art. 4, entrainera l’élimination de la voiture. Toute voiture ayant effectué une fraction de l’étape à une vitesse moyenne inférieure à 30 à l’heure sera éliminée.

Plombage des voitures

Article 4 – Les voitures porteront sur plusieurs de leurs organes des plombs empêchant toute réparation en cours d’étape. Ces plombs seront de 2 sortes :

1° Les plombs remplaçables qui seront fixés : au bouchon de radiateur, au capot de la voiture, au capot de protection des carters et des changements de vitesses, au plancher recouvrant l’embrayage et le boite des vitesses.

2° Les plombs fixes qui seront placés : à l’essieu avant, à la direction, au pont arrière.

Chaque matin avant le départ, les conducteurs des voitures disposeront de 10 minutes pour le graissage de leur voiture et le ravitaillement en eau. Les 10 minutes écoulées, quel que soit l’état de la voiture, les commissaires placeront les 4 plombs au radiateur, aux capots et au plancher de la voiture. Puis le départ sera donné.

Tout concurrent qui, à l’injonction du commissaire, n’interrompra pas tout travail sur la voiture sera disqualifié.

Dispositions spéciales

Article 6 – Toute voiture engagée et se présentant au pesage devra être disposée, suivant les indications ci-dessous, de façon que la pose des plombs puissent être rapidement effectuée :

1° Radiateur – Le bouchon du radiateur devra porter un œillet correspondant à un œillet semblable rivé sur la douille du radiateur.

2° Capot – Le capot devra porter un œillet rivé sur chacune de ses faces et un œillet sur chacun des longerons du châssis, de façon qu’une ficelle puisse être rapidement passée dans ces œillets et plombée.

3° Capot inférieur – Les capots inférieurs, dits de protection, devront comporter un dispositif semblable.

4° Plancher – Le plancher devra porter également des œillets rivés, placés en regard d’œillets rivés sur le châssis lui-même, de façon qu’un plombage rapide puisse être effectué.

Prescriptions spéciales

Article 7 – Les capots des voitures ne devront présenter sur leurs faces aucune ouverture ou volet autres que ceux prévus pour la ventilation du capot dans certains types de voitures (exemple Peugeot ou Benz). Les volets (tels que ceux que présentent les voitures Renault) devront être supprimés.

Dans le cas où le réservoir d’huile du moteur serait placé sur le capot ou ferait partie intégrale du moteur, le bouchon de remplissage pourra être élevé à la hauteur de la face du capot correspondante et une ouverture circulaire permettant le passage du bouchon pourra être pratiquée sur le capot lui-même.

Dans le cas où le réservoir d’huile serait placé sous le plancher de la voiture (type Panhard-Levassor), le bouchon pourra être élevé jusqu’à la hauteur du plancher dans lequel une ouverture circulaire permettant le passage du bouchon pourra être pratiquée.

Parcs à l’arrivée

Article 8– A l’arrivée du terminus d’étape, les voitures seront placés en parc fermé. Aussitôt arrivé, le conducteur devra placer sa voiture conformément aux instructions du chef de par cet assister à la vérification des plombs. Le commissaire notera alors sur le carnet le nombre de plombs manquants et les observations qu’il jugera nécessaire de faire.

Aucun ravitaillement, outre le ravitaillement d’eau nécessité par le plombage du radiateur, ne pourra être effectué dans le parc. Ce ravitaillement pourra être effectué le matin, pendant les 10 minutes consacrés à cette opération avant le départ.