Renouveau de l’islamité de l’Etat
Dans la pensée de Adessalam Yassine
Préparé et introduit par :
Mohamed Elhassani
sommaire
INTRODUCTION
ANCRAGE FONDAMENTAL – LE MODELE
DEMOCRATIE – SHURA
LA CONSTITUTION
LE POLITIQUE
L’ECONOMIQUE
LE SOCIAL
·Solidarité
·Moralisation
·Education
GESTION DES RESSOURCES ET ENVIRONNEMENT
LE CONTROLE
LES RELATIONS EXTERIEURES
LA DEFENSE NATIONALE
INTRODUCTION
Les idées avancées sur la théorie de l’Etat par Adessalam Yassine figurent à travers la plupart de ses écrits publiés tant en langue arabe qu’en langue française. Le recueil exposé, se propose de rapporter sous une classification nouvelle, les propos sur cette question éparpillés tout le long du chapitre V «mutation éthique » de l’imposant ouvrage «allaho Akbar » écrit par notre penseur en langue française en 1980.
Certains points de vue ont été actualisés récemment à travers l’ouvrage non moins important intitulé «islamiser la modernité » rédigé également en français en 1998. Un recueil similaire se référant à ce livre apparaîtra ultérieurement, pour nous permettre de déceler le constant et l’évolutif dans la vision de notre penseur à propos de cette question envisagée toujours à travers les affluents de l’iman de la méthode prophétique du changement individuel et communautaire.
Notre penseur précise humblement que ces idées sur la théorie de l’Etat ne sont que «de simples suggestions venues d'une réflexion non spécialisée. » Mais en les regardant de près et avec ce recul de vingt années de harcèlements continuel du pouvoir, on constate combien elle sont d’actualité, et surtout combien les expériences des pays ayant islamisé leurs Etat, s’y sont convergé, après de nombreux tâtonnements.
A.Yassine traçait déjà en cette date où la Jamaa Al Adl Wa’L Ihssane n’est représentée que par moins d’une dizaine de personnes, le contour d’une vision tellement collée à la trace de la méthode du prophète, tellement soucieuse de la ressusciter qu’elle n’a pas fini d’étonner les sages de notre époque, toutes tendances confondues, par les résultats miraculeux obtenus dans tous les domaines en relation avec le projet islamique marocain. A. Yassine annonçait déjà en cette date des principes et des opinions qu’on lui a plus tard empruntés - sans en faire la référence - la sagesse est tellement nécessaire à la marche correcte de l’humanité, qu’on a pas besoin d’en revendiqué l’apanage, tel cet air qu’on respire. D’ailleurs A. Yassine ne se gênait pas lui même de se référer à la sagesse humaine là où elle la trouve dans bien de domaine. « L'expérience, disait-il en 1980, que le sursaut de l'Islam annonce, de la solution islamique globale, doit enfoncer toutes les idées reçues sans laisser échapper les bribes de sagesse que l'on peut glaner dans la pensée et la pratique des autres. » Sûr de l’apport vital de la vision islamique en matière de finalité, il ne doute pas qu’en matière de moyens nous avons beaucoup à apprendre et à puiser dans les ressources de la sagesse des autres peuples. « Avec des principes fermes et la vision claire des fins, proposa -t- il, l'Islam pourra négocier avec les nécessités et les difficultés son chemin vers une organisation de ses institutions favorable à ses objectifs d'efficacité, à ses buts de justice et a sa finalité morale, spirituelle et fraternelle. »
Objectifs d'efficacité. Buts de justice. Finalité morale, spirituelle et fraternelle : ce sont là les éléments d’un encadrement global de la question, qui sont détaillés dans l’ouvrage cité.
ENCRAGE FONDAMENTAL – LE MODELE
… La Loi qui garantit la victoire aux troupes islamiques de combat se lit à la sourate 22, verset 54 du Coran; elle est promesse et exhortation: « Dieu promet à ceux d'entre vous qui ont la foi et qui font bonne œuvre de faire d'eux Ses vicaires sur terre comme Il le fit, avant vous, des peuples fidèles, Il leur promet persévérance dans leur comportement d'hommes soumis à Lui et sécurité après leurs errements dans l'incertain »[1]…
… Un hadith résume les conditions dans lesquelles l’œuvre commune et particulière peut être bonne. Les responsabilités de justice, d'amour fraternel et de travail efficace y sont distribuées le long de la hiérarchie sociale. « Trois espèces d'hommes, dit le Prophète, habiteront le Paradis « l'imam juste et efficient. le fidèle au cœur doux qui traite avec bonté ses frères et le père de famille qui ne vit pas « en parasite. »…
… Un hadith du Prophète nous renseigne sur le miracle du renouveau islamique après la dégringolade historique.
Notre bien-aimé guide, le Prophète, nous fait, au-delà des siècles, un clin d’œil pour nous rappeler la mission qui nous est confiée et les conditions pour-que l'aptitude à la remplir nous soit rendue. « La mission prophétique, dit-il, continuera. Ensuite il y aura un gouvernement califal parmi vous selon la méthode des Prophètes ; il durera le temps que Dieu voudra, puis il sera suspendu. Ensuite il y aura parmi vous une royauté mordante (héréditaire et oppressive) qui durera tant que Dieu le permettra, puis elle sera suspendue. Ensuite vous serez gouvernés par des régimes dictatoriaux (les dictatures actuelles qui ont écarté la charia ?» qui dureront le temps que Dieu voudra, puis ils seront suspendus. Ensuite apparaîtra parmi vous le gouvernement califal selon la méthode des Prophètes. »…
… Le cortège de l'Histoire ne s'est pas arrêté à l'époque des Prophètes, nous pouvons toujours espérer redevenir dignes héritiers de ces nobles figures. Les bons exemples éveillent les bonnes vocations…
DEMOCRATIE – SHURA
… Les élections islamiques doivent être une œuvre responsable, les consciences libres de toute pression et de toute corruption. La propagande électorale n'a pas lieu d'être puisque personne ne peut présenter sa candidature à un emploi public. C'est à la Communauté, organisation centrale, de choisir les justes et les incorruptibles et de les présenter par un processus à déterminer au suffrage de tous ceux parmi le peuple capables de discrimination et candidats à l'engagement communautaire…
… Au lieu du gouvernement des plus habiles, la démocratie islamique doit dégager et envoyer aux responsabilités les meilleurs; les justes et les incorruptibles qui ne sont pas nécessairement les beaux parleurs. De cette façon, la société, de proche en proche, de haut de l'Etat et de l'Appel jusqu'à la base, gagnera en vertu. La montée élective du départ qui est expression de la vertu de shura permettra, seule, cette redescente du courant de confiance et la constitution d'une société saine et juste…
… Au lieu de la division des pouvoirs selon le schéma des démocraties électives occidentales en législatif, exécutif et juridique, la démocratie islamique doit rechercher les voies pour une distribution des pouvoirs qui ne satisfasse pas seulement à l'exigence de verrouiller par la bonne organisation les passages clandestins vers l'injustice, mais aussi à l'exigence de freiner la gangrène des consciences par le bon choix et la surveillance d'hommes compétents mais incorruptibles…
… A partir de la Communauté organisée, à l'intérieur de laquelle la shura élective doit être la règle à un stade de murissement convenable, le leadership sans lequel rien ne peut être fait doit être proposé à l'élection de la base engagée. Ce sera le rôle de l'Appel de le faire dont la hiérarchie doit être structurée jusqu'au niveau local par un système d'élections montantes…
… La relecture de notre histoire dès son origine dégagera les principes du gouvernement démocratique qui ont été mis en veilleuse puis franchement ignorés après que le califat véritable ait fait place, trente ans après la mort du Prophète, à la royauté mordante. Cette royauté garda le titre de califat tout en pratiquant une dictature faisant plus ou moins de concessions à l'opinion publique et aux pressions des justes demeurées vivaces jusqu'à cette dernière époque de notre décadence inaugurée par la colonisation…
LA CONSTITUTION
… La constitution doit définir également les modalités de destitution du chef suprême et les infractions qui justifient sa révocation. L'obéissance jurée est souvent le prétexte que les candidats à la tyrannie invoquent pour abattre les oppositions…
… La constitution doit établir le cadre dans lequel la dévolution du pouvoir se fait. Elle doit définir les conditions qui gouvernent le dégagement des candidats à partir des propositions de la communauté ainsi que leur nombre. L'auto-candidature n'est pas acceptable…
… Le Coran est la constitution communautaire en même temps que la lumière des cœurs…
…Le Coran est la Loi absolue, la norme de la conduite et l'attache vivante à Dieu…
… La hisba de l'Islam du renouveau peut jouer le rôle indispensable de régulation entre l'exécutif à surveiller et les institutions d'Appel qui ne doivent pas perdre le sens en s'immisçant trop dans le concret et le quotidien. Il faut que la vigilance publique soit coordonnée, renforcée et concentrée en un corps, en une fonction omniprésente, en un appareil non policier, non bureaucratique mais efficace: c'est le rôle de la hisba. Ce corps doit être coiffé par une assemblée centrale élue et secondée par des comités régionaux et locaux également élus. Cette assemblée peut jouer, entre autre, le rôle des parlements quant à la législation et au contrôle du gouvernement. Mais elle devrait pouvoir remplir avec la collaboration de ses antennes locales et régionales les fonctions d'assainissement, de vérification et de redressement, ce qui ne correspond pas à une simple action de police…
… Les institutions d'Etat comme les institutions d'Appel, le gouvernement, l'appareil juridique, militaire, administratif, financier, économique, la famille, la mosquée, l'école ainsi que toutes les instances de l'organisation communautaire n'auront de solidité, de stabilité ni d'efficacité que si l'ensemble est fondé sur la légitimité de ce qui est juste selon la norme de la Loi, vrai et incorruptible selon la norme morale et spirituelle de l'iman et de l'ihsan…
… Le rétablissement de la justice par la Loi et de la rectitude morale par l'éducation marquera notre départ ascensionnel après le coup d'arrêt que l'opération de vérification doit donner à la dynamique de chute qui nous entraîne en bas de la pente avec les sociétés occidentales que nous imitons et qui sont irrémédiablement condamnées à la dissolution, faute de réserves morales…
… L'ascendant moral de l'Appel et des hommes de l'Appel doit garantir l'incorruptibilité des hommes à la barre de l'organisation communautaire. Sous l'ombre et l'autorité de cette haute moralité, la justice d'Etat doit pratiquer une politique d'égalité confiée non aux structures anonymes mais aux consciences, aux dhimmas responsables et inaccessibles aux sollicitations mauvaises…
… Quant aux autorités juridictionnelles, elles sont en Islam aussi indépendantes que le veut la théorie moderne. En Occident, les instances juridiques sont dirigées par des fonctionnaires avancés par la promotion bureaucratique ou, aux U.S.A. comme ailleurs, par l'élection. En Islam, l'imam est le juge suprême de droit, c'est par délégation de son autorité que les juges acquièrent leur légitimité. Mais une fois cette délégation faite et toujours en rigueur, car elle peut être retirée, l'imam lui-même pour ce qui est du droit civil ou criminel est un simple membre de la communauté devant la Loi…
… Le pouvoir juridique, qui joue en théorie moderne le rôle d'arbitrage et de gardien de la constitutionnalité des lois, peut en Islam remplir la même fonction. Mais le juge lui-même ne doit pas échapper à la vérification et à la surveillance de la nasîha qui doit traverser depuis la base locale toute la société pour s'épanouir en l'assemblée de hisba…
… La Loi est le cadre dans lequel les œuvres individuelle et commune doivent se dérouler…
… La provenance divine de la Loi signifie perfection; le rôle du législateur est de chercher à articuler les activités industrieuses et variables de l'homme aux enseignements fixes. Cet absolu, servant de pivot à l'exercice des devoirs et des droits, n'est nullement un handicap à l'évolution dans les formes, c'est, au contraire, la garantie que le cheminement de cette évolution ne déraillera pas et n'ira pas en dérive à la suite de la fantaisie humaine…
… Le légalisme qui présente la face austère de l'Islam en insistant sur la règle et en oubliant l'Appel à l'amour de Dieu est un dessèchement…
… Les légalistes revendiquent l'entrée dans les « frontières de Dieu » tout de suite. C'est une belle devise si nous tenons compte de la nécessité de travailler tout de suite à conjuguer les efforts de contrainte et d'intimidation avec les efforts beaucoup plus importants de l'Appel et de l'éducation.
La rentrée dans la Loi de Dieu sera sentie comme une brimade et une frustration par les couches sociales aliénées il faut que la justice que cette Loi apporte aux opprimés et la joie de la réconciliation avec Dieu que son rétablissement signifie pour tous fassent supporter la rigueur de la Vérité qui viendra progressivement remplacer le laxisme, la corruption et l'injustice des lois conventionnelles…
… Il faut inventer pour aujourd'hui les procédures adéquates pour instituer l'Islam tel que le Prophète et ses Compagnons l'ont vécu, comme éveil à Dieu, comme marche volontaire vers Dieu…
LE POLITIQUE
… L'imam qui est l'autorité suprême et qui doit présenter les qualités de justice, de moralité et de compétence bivalente, est avant tout chef de la communauté organisée et représentant de l'Appel. Il est élu et révocable à tout moment selon une procédure sûre qui ne mette pas en péril le sérieux, la stabilité et la durabilité relative de son mandat. La hisba, assemblée du peuple, devra pouvoir poser à l'imam des questions en sa qualité de chef suprême de l'exécutif, elle peut surtout le mettre en accusation à une majorité convenable et le renvoyer à une assemblée réunissant les responsables de toutes les instances de la communauté pour jugement…
… Il est très important d'insister sur l'élection et la révocabilité du chef suprême, car la démocratie véritable a pour principal ennemi en pays sous-développés et peu formés à la pratique de leurs droits politiques le chef inamovible qui rompt tout frein et s'impose à l'adoration du peuple.
Mais étant donné les difficultés à vaincre, le droit à l'erreur doit être reconnu aux responsables, surtout au responsable ultime. L'usure du pouvoir, qui est la résultante de l'accumulation des erreurs et de la fatigue, doit être évitée à l'imam par la disposition de fusibles qui sautent quand la tension est trop élevée et par la fréquentation très modérée qu'il doit faire des dossiers quotidiens…
… L'Appel représenté par l'imam est le lieu de la conception et de la décision. Le gouvernement nommé par lui et responsable devant lui est le bras ferme de l'exécution. La hisba, émanation directe de la base engagée à la suggestion de la communauté, est le régulateur entre le bras d'Amour tendu par l'Appel et le bras de contrainte des appareils d'Etat. La hisba devrait être une institution de sagesse et d'équilibre…
… La procédure du « redressement des injustices », terme employé par Omar Ibn AI Aziz et par les chroniqueurs de sa tentative de redressement, doit être une procédure de vérification générale et une remise en question des hommes…
… Il faudra que le retour à Dieu, après amnistie générale, s'appuie sur les deux forces du réajustement :
1) La force d'Etat qui instituera la Loi du bon partage après restitution des biens volés et réorganisera l'appareil politique et administratif provisoire.
2) La force morale de l'Appel qui rassemblera les bonnes volontés pour reconstruire la Communauté et préparer l'avenir…
… Il faut à l'Islam se renouvelant des responsables hautement consciencieux, une administration compétente et sûre, des fonctionnaires qualifiés et intègres…
…La décision politique de ne plus laisser le peuple écouter aux portes mais de l'associer au contrôle et à la proposition par devoir de nasîha donnera à la sclérose de la corruption le coup de grâce après les coups portés de la vérification. La porte ouverte à l'Appel d'éduquer dans la confiance et la combativité une nouvelle génération fera entrer sur scène les hommes sûrs et vertueux de la relève…
…L'identité islamique retrouvée doit primer et détrôner les sentiments revendicatifs de classe. Et le sentiment de cette identité sera le plus fort, dès le début, si l'opération de vérification et du « redressement des injustices » introduit l'ère d'égalité et de justice. Ni l'impatience ni la précipitation ne, doivent conduire dans le chaos…
… L'un des principes qui ouvrent grandes les perspectives d'un futur d'amour est le principe islamique de non-suspicion, de bonne opinion envers quiconque accepte d'ouvrir un nouveau dossier. Après restitution des « injustices », nul besoin que le retour à Dieu prenne les apparences d'une autocritique tapageuse qui humilie les hommes et sème la rancune…
… Avant la prise du pouvoir, les combattants sont obligés, par la nature même du combat, de serrer les rangs et de couper les amarres avec les non-engagés. Par contre, une fois au pouvoir, la discorde risque de s'insinuer par les faibles qui existent forcément parmi les combattants plus ou moins guéris du passé, plus ou moins détachés des anciennes loyautés. Cette discorde, presque fatale au niveau naturel de la moyenne humaine, doit pouvoir être évitée par les fidèles à la haute dhimma imanique…
… Les tentations du pouvoir guettent les plus forts, celles de l'avoir les plus faibles ; les révolutions ont tendance à manger leurs enfants à cause de ces deux types de tentations…
… Des deux côtés de la rampe, l'Appel et l'Etat doivent donner la main à la faiblesse humaine pour empêcher les rechutes et encourager l'avance. C'est une autre méthode que celle de la table rase révolutionnaire…
… Il faudra maîtriser les illusions du succès facile, maîtriser l'Etat en résistant au pouvoir qui rend fou, maîtriser la modernité, maîtriser le fanatisme et l'agressivité, maîtriser l'opération de vérification pour ne pas tomber dans l'excès des violences vindicatives. Pour cela, une seule méthode : obéir à Dieu et non aux impulsions de l’ego. Or, ceci n'est pas à la portée de tout le monde ; le leadership islamique doit avoir de la modération à revendre, mais aussi de la pointe et du souffle…
L’ECONOMIQUE
… A la base d'une formule islamique du développement, il faut d'abord un pouvoir légitime élu et responsable. Ensuite la participation de toutes les anciennes classes en voie de refonte.
… Pas de redressement économique sans un gouvernement légitime, pas d'éveil du peuple ni par conséquent de mobilisation sans des sentiments et des idées conformes à l'idéal que le peuple islamique porte en son coeur…
… La réforme agraire qui est une première nécessité pourrait tourner au profit de notre indépendance alimentaire nécessité vitale.
… Le Prophète déclare l'eau, le feu et l'herbe propriété commune ; personne n'a le droit de monopoliser ces trois matières de base. Toute une sagesse économique peut être déduite de cette interdiction…
… La redistribution islamique, le rééquilibrage et la restructuration de nos Economies bâties sur le principe du profit ou planifiées pour servir les intérêts d'une minorité doit prendre en compte l'impératif égalitaire. Assurer d'abord le nécessaire pour tous et viser à atteindre un jour à la décence confortable. Le décalage scandaleux entre la base pauvre, ignorante et malade et les couches au pouvoir politico-économique est à niveler sans toutefois casser la machine. Ici encore, la fermeté ne doit pas déborder en violence. Devant l'urgence de la justice sociale longtemps attendue, il faut parer au nécessaire à tout prix, puis faire fondre les graisses maladives par une progression de la taxation, par les nationalisations stratégiques et par la mise sous tutelle des capitaux des entreprises non productives.
Le circuit financier, banques et système de crédit, doit être repensé et réagencé conformément à la prescription fondamentale qui interdit le ribâ, le prêt à intérêt. Une nouvelle entreprise doit être inventée dans laquelle l'initiative de l'entrepreneur sera peut-être moins récompensée matériellement mais dans le financement de laquelle le capital partage le risque et récolte sa juste part.
A un stade ultérieur, et il faut mettre le temps de notre côté, le crédit et la banque doivent être nationalisés….
… L'on peut rationaliser l'Economie et obtenir des résultats sans faire de l'abolition de la propriété le principe fondamental de l'opération. C'est une tentative à faire, le modèle islamique de l'Economie est à construire de toute Pièce…
… Rien dans la pratique du Prophète et de ses successeurs sages ne s'oppose à une redistribution juste des richesses…
… Dans les circonstances exceptionnelles que vit la umma islamique, avec les distorsions économiques et sociales à l'intérieur de chaque Etat national et d'un Etat à l'autre, le remaniement de l'Economie et le rééquilibrage de la propriété doivent être résolument entrepris, la survie même de nos sociétés en dépend comme le succès du modèle islamique de gouvernement. A ce sujet un précédent dans la vie du Prophète nous montre comment la propriété privée doit être subordonnée au bien public et déniée si elle ne remplit pas sa fonction sociale. Le Prophète revenait de guerre avec son armée, arrive un combattant affamé à la recherche de nourriture. Le Prophète, ému, s'adressa à ses hommes en ces termes vigoureux : « Quiconque parmi vous, dit-il, possède une monture en trop, qu'il la donne à qui n'en a pas, quiconque a de la nourriture plus qu'il n'en a besoin, qu'il la donne a qui n en a pas » Il énuméra ainsi une grande variété de biens qu'il fallait redistribuer, si bien que les Compagnons comprirent qu'ils n'avaient pas droit, dans les circonstances de guerre qui exigeaient une solidarité totale, de garder le superflu…
… La zakat est impôt sur le capital, dans nos Economies déréglées d'avant la « révolution socialiste » ou d'après, il est possible de faire jouer en plus de la zakat l'obligation de donner le superflu pour décourager la thésaurisation et canaliser les richesses vers l'épargne et l'accumulation productives. Le superflu reste à être défini en fonction du niveau moyen existant et du niveau de la conscience des sacrifices nécessaires…
… L'Islam, pour venir à bout de l'injustice, dispose de la Loi basée sur le bon partage. Le don sans limite est la dimension fraternelle, après la justice, de la société où ne devraient pas exister de classes…
…. L'Economie islamique, qui ne peut être basée sur le capitalisme d'Etat, doit assurer un optimum de bien-être dans la simplicité et sans le gaspillage jahiliyen, dans une économie dirigée mais sans le collectivisme…
… Le Coran menace de l'enfer ceux qui thésaurisent l'argent sous forme de métal ou autrement. L'argent doit circuler, les dépenses somptuaires sont maudites.
Ne sont-ce pas là deux conditions importantes pour qu'une Economie ne soit ni paralysée par un manque de liquidité et de crédit ni enflée par les fausses rondeurs des dépenses de prestige ? L'Islam fait une vertu de partager son argent avec ses frères, de l'investir tout de suite ou de le donner…
…Depuis quelque temps des banques islamiques coopératives ont été mises à l'essai en Egypte et un peu partout en pays musulmans. Ces banques sont conçues sur le principe du partage loyal entre la banque, gestionnaire des fonds déposés, et l'entrepreneur des gains et des pertes. Un système, que le succès des expériences limitées permet d'entrevoir, peut être construit par la généralisation de la banque coopérative bannissant ainsi la malédiction principale du capitalisme : le capital à l'abri qui grandit aux dépens des travailleurs…
… Des économistes musulmans et non-musulmans, à commencer par Keynes, se sont chargés de dénoncer l'intérêt comme cause principale du mal du capitalisme…
… La voie islamique en Economie ne peut être une quelconque troisième voie dogmatique arrêtée. Sans être le produit pragmatique de la recherche de la seule efficacité, l’Economie islamique doit mettre l'impératif de l'efficacité dans la perspective d'un cheminement solidaire et tenir compte du rôle assigné à l'argent et à la propriété privée de remplir leur fonction sociale…
LE SOCIAL
Solidarité
… Dans des circonstances normales de justice, la réinstitution de la zakat comme taxe recueillie par l'Etat et affectée aux dépenses de solidarité et de sécurité sociale pour les démunis suffirait peut-être à combler certains écarts. Mais étant donné l'accumulation séculaire de l'injustice, ces écarts sont tellement grands, les dépenses de l'Etat tellement gonflées que des prélèvements autres que la zakat sont nécessaires. Aucune objection légale à cela.
Une redistribution juste des richesses dans des sociétés gravement déséquilibrées comme les nôtres est la première tâche de l'Etat. Cette redistribution ne peut se faire par les techniques de confiscation de la propriété privée préalable à la planification générale de l'Economie…
… Notre prétention à l'amour restera une vaine et hypocrite protestation de principe tant que nous restons crispés sur nos sous. Parmi les gages de vérité, le don est le plus concret et le plus quotidien…
…La solidarité communautaire est faite du don mutuel de tous, mais chaque fidèle est tenu de s'organiser afin que, jamais, il ne devienne un fardeau pour ses frères. Le parasitisme, de quelque espèce qu'il soit, n'est pas toléré. Le devoir de donner et la fonction sociale du don n'ont de sens que dans une société d'hommes actifs où l'Etat garantit le droit de chacun au travail. Pour que l'Etat puisse le faire, il faut qu'il adopte une politique égalitaire ; égalité devant le devoir de faire effort, égalité dans le droit de recevoir une juste rétribution. Le don, seulement alors, pourra combler les failles que la justice n'arrive pas à faire disparaître….
… Un voyageur ou à plus forte raison un résident, qui passe la nuit en une localité où on ne lui donne pas de quoi manger ne peut être juridiquement poursuivi s'il emploie la force pour se procurer de la nourriture…
Moralisation
… En Islam, on doit mesurer sur l'étalon moral et spirituel les candidats aux postes de responsabilités éducatives. Tous ceux qui ont des contacts avec la jeunesse et le public : instituteurs, professeurs, journalistes, prédicateurs, doivent être soumis à l'épreuve morale autant et plus qu'à l'examen des connaissances…
… Il faudra restituer à la mosquée son rôle et la sortir de l'angélisme innocent où l'ont dégradée la torpeur et la léthargie des siècles…
… Elle doit abriter les principales activités de l'organisation communautaire, rayonner sur toutes les cellules et centraliser leurs efforts…
… La femme et l'homme sont tenus de respecter le code de conduite, tout doit être conçu en vue de favoriser la pureté ; pas de vins, pas de films pornos ou indécents, pas d'exhibitionnisme, pas de fréquentations dites libres, pas de maisons closes. La Loi est rigoureuse là-dessus…
… Le mariage est un devoir que la Communauté doit encourager…
... En société de rénovation, le temps du travail doit être organisé en fonction de la Prière et le plus grand soin pris pour encourager la Prière en groupe.
… Le temps de Prière est à ce point sacré que même devant l'ennemi en pleine bataille les combattants doivent ménager un moment, à tour de rôle, pour accomplir les Prières obligatoires, brièvement, mais toujours par groupes et chaque Prière à son heure…
… Le vendredi est le jour privilégié ; la communauté se rassemble ce jour-là avec apparat dans la mosquée. C'est la seule Prière qu'il est absolument nécessaire d'accomplir en groupe à moins, d'excuse légale. Le sermon du vendredi est le minimum rappel à Dieu que le fidèle doit recevoir, en assemblée solennelle, pour raviver ses liens avec Dieu et garder l'attache de la communauté…
… Une fête hebdomadaire : le vendredi. Deux fêtes annuelles : celle qui clôt le ramadan et celle qui commémore le rachat du fils d'Abraham. Un jour hebdomadaire pour rassembler la communauté et affermir les liens d'amour ; le mot joumou'a (vendredi) est de la même racine que jama'a (communauté). Deux fêtes annuelles pour commémorer l'effort du jeûne et le sacrifice total. Ce sont deux occasions pour rappeler dans la joie tournée vers Dieu et vers nos frères que la sagesse du combat et la loi de la vie et du devoir imanique doivent aller jusqu'au déni des besoins élémentaires (jeûne), jusqu'au sacrifice total (Abraham présentant Ismaël, son fils, au sacrifice)…
… Un mois chaque année, le mois de ramadan, chaque homme et chaque femme dès l'âge de la puberté doivent observer le jeûne total, de l'aube jusqu'au coucher du soleil. C'est le quatrième pilier de l'Islam…
… Rompre avec le passé, ne pas laisser se reproduire le désordre, ne pas laisser repousser les mauvaises herbes, voilà les modalités de la mutation éthique, voilà qui relève à la fois de l'éducation et de la décision politique…
…L'Etat doit briser les anciennes coteries affiliées à l'injustice, mais l'Appel doit ouvrir les bras aux réfugiés et leur offrir une place à part entière dans la solidarité fraternelle. Peut-être finiront-ils par élire domicile auprès de leurs frères, séduits par leur amour…
Education
… La Science (religieuse) enseigne la finalité, en cela elle est supérieure aux sciences instrumentales. Elle a pour objet la connaissance du Créateur alors que les sciences ont pour objet le créé…
… Pour contrer l'anarchie qui emporte l'université moderne, l'éducation islamique intégrée qui est éducation du corps, du coeur et de l'intelligence doit s'inspirer de la pédagogie du Prophète qui décrit ainsi l'attitude respective de l'enseignant et de l'enseigné : « Apprenez la Science, dit-il, et adoptez une attitude d'équanimité et de dignité. Soyez humble devant votre professeur ».
…La somme du Savoir se trouve dans le Coran, parole de Dieu. Les meilleurs parmi les fidèles sont ceux qui apprennent le Coran et l'enseignent, perpétuant ainsi la Science…
… La Science de la méthode du Prophète libérera les forces nécessaires au combat gigantesque qui nous attend en cette aube du quinzième siècle de l'Exode promis, si Dieu le veut, à l'émergence retentissante de l'Islam...
… Un facteur puissant et absolument indispensable à notre reviviscence et à notre indépendance est l'autonomie de la langue…
… La langue arabe doit être remise en valeur; aucun renouveau pour l'Islam n'est imaginable sans la remise en selle de la langue du Coran et du Prophète désarçonnée par notre négligence et par l'impérialisme culturel …
… La conquête de la technologie est un objectif urgent et très important de notre action…
... La technologie en un mot est l'instrument scientifique absolument nécessaire, mais elle n'est pas une fin. La rationalité appliquée à l'Economie et à l'organisation de la vie matérielle est hautement désirable mais elle n'est justifiable que si elle sert la finalité de l'homme et de la société fraternelle...
… Le transfert de technologie se fait mal, cela se réduit seulement à un transfert de machines coûteuses dont l'entretien et le remplacement renforcent notre dépendance. L'Occident regrette déjà d'avoir équipé les pays sous-développés d'usines dont les produits font concurrence aux siens et menacent l'emploi de ses travailleurs. L'Occident se réserve les techniques avancées et tient jalousement secrètes les techniques permettant de fabriquer les produits à grande valeur ajoutée. Il faut maîtriser l'illusion que la technologie est transférable, à moins de l'effort d'invention et d'adaptation…
GESTION DURABLE DES RESSOURCES NATURELLES
… Le Prophète déclare l'eau, le feu et l'herbe propriété commune ; personne n'a le droit de monopoliser ces trois matières de base.Toute une sagesse économique peut être déduite de cette interdiction…
… La société islamique du renouveau doit chercher ailleurs que dans l’élévation universelle et sans limite du niveau de vie la solution aux problèmes de pénurie des ressources, surtout énergétiques, dans le monde et à celui de la démographie qui fait s'arracher les cheveux aux spécialistes de la prospective…
… La réforme agraire qui est une première nécessité pourrait tourner au profit de notre indépendance alimentaire nécessité vitale. Les ressources qu'une Economie extravertie consacre à la satisfaction de la consommation de luxe de l'Européen et des couches parasites de chez nous pourraient être affectées aux investissements productifs dans les domaines prioritaires, dont l'agriculture céréalière…
… Pour que l'oeuvre islamique ne trébuche pas sur le défaitisme et les défaillances des volontés débiles qui calculent et mesurent sans laisser de marge au foncement volontaire que Dieu assiste, les planifications et la prospective islamique ne doivent pas se laisser décourager par l'énormité de la tâche et la modestie des moyens. Il faut absolument prévoir et planifier, c'est affaire de gestion et d'Etat. Mais les énergies insoupçonnées que l'Appel peut soulever, l'action bénévole qui peut venir enrichir et renforcer la mobilisation de combat sont la réserve inépuisable, favorisée par Dieu qui ordonne la solidarité, capable de mettre en échec les contingences imprévues de ce monde emporté par les tourbillons…
… Nous avons besoin d'organisation et de technique, certes, mais la capacité de l'Etat à aménager les ressources et à former les hommes à la technique exige la vertu politique d'avoir un idéal, une oeuvre à accomplir, un projet autour duquel le peuple entier puisse être mobilisé…
LE CONTROLE
… La vigilance-critique-proposition devra être la forme de la démocratie islamique généralisée, au fur et à mesure de la vérification, à tous les membres engagés de la Communauté. Les non-engagés qui forment la base et nécessairement la majorité, doivent être invités à participer au contrôle, mais leur promotion politique devra être liée au progrès moral qu'ils feront…
… L'enthousiasme initial, consécutif à tout changement de régime, est une émotion de surface qui n'exclut nullement les préjugés, la suspicion, l'envie et les jalousies personnelles. Bien exploité et dirigé, cet enthousiasme, autrement voué après l'euphorie tapageuse à la désillusion terne, peut être canalisé concurremment avec l'opération de vérification vers la création de la conscience de dignité et de responsabilité indispensable au long et douloureux voyage de la reconstruction…
… Le commerçant, le fonctionnaire, le travailleur seront contrôlés non seulement par la discipline de l'Etat, mais surtout par la règle morale intérieure. Les instincts seront muselés à la fois par la règle juridique et par la conscience morale collective qui doit se manifester en société islamique par la nasîha qui est répression du blâmable par devoir fait à chacun de surveiller les « limites de Dieu » et à tous de surveiller chacun.
Deux forces pour extirper la fausseté de la vie sociale :
1) Le levier moral que l'éducation intronise dans les cœurs.
2)La vigilance étatique et publique qui vérifie et redresse….
… La rectitude morale, l'incorruptibilité des consciences sont les conditions nécessaires pour que l’œuvre commune prenne forme et consistance. L'esprit de gain à tout prix et avec le moindre effort règne dans les sociétés décadentes…
… Pour que l'Appel ne fasse pas de concessions sur les principes en étant en contact immédiat avec les responsabilités d'Etat, il faut un troisième pouvoir qui servira d'intermédiaire, au niveau des procédures et des ajustements. La hisba est le nom que ce pouvoir de vérification a pris sous différentes formes tout au long de notre histoire. La hisba de l'Islam du renouveau peut jouer le rôle indispensable de régulation entre l'exécutif à surveiller et les institutions d'Appel qui ne doivent pas perdre le sens en s'immisçant trop dans le concret et le quotidien. Il faut que la vigilance publique soit coordonnée, renforcée et concentrée en un corps, en une fonction omniprésente, en un appareil non policier, non bureaucratique mais efficace : c'est le rôle de la hisba. Ce corps doit être coiffé par une assemblée centrale élue et secondée par des comités régionaux et locaux également élus. Cette assemblée peut jouer, entre autre, le rôle des parlements quant à la législation et au contrôle du gouvernement. Mais elle devrait pouvoir remplir avec la collaboration de ses antennes locales et régionales les fonctions d'assainissement, de vérification et de redressement, ce qui ne correspond pas à une simple action de police…
… Pour être juste et fraternelle, la société islamique doit conjuguer l'effort de changer les structures avec celui d'élire des hommes incorruptibles et de les surveiller quand même, car la nature humaine est fragile. La vigilance de la base exclut les méthodes policières du contrôle. C'est plutôt la pression morale de l'éveil de tous qui doit imposer l'éthique de la rectitude; la hisba est l'incarnation et la structure de cette conscience vivante. La société islamique ne doit en aucun cas glisser dans la méfiance pour ériger les barricades de la suspicion…
… La délégation du pouvoir à partir du sommet doit rencontrer à chaque étage de la hiérarchie le contrôle de base. L'étalement de l'autorité par la régionalisation et la bonne distribution des responsabilités permettra à tous de surveiller l'exécution des pactes partiels rattachés au pacte essentiel de la bay'a qui est la clef de voûte du pouvoir. Le devoir d'obéissance donne à chacun le droit de regard. La nasîha est aussi sacrée que la bay'a…
LES RELATIONS EXTERIEURES
… Il est une sorte de don que le Prophète pratiquait beaucoup et que la Loi coranique distingue dans les dépenses financées par la zakat ; c'est le don pour faire aimer l'Islam. C'est le don fait aux nouveaux convertis encore incertains de leur nouvelle adhésion, encore totalement subjugués par l'avoir. Comme les mouslims périphériques, comme les orphelins et les pauvres, ils découvriront le visage fraternel de l'Islam en recevant, avec l'affection, la sécurité généreuse. C'est tout le programme d'aide fraternelle aux pays d'Afrique et d'ailleurs où l'Islam est récent ainsi qu'aux pays à minorité musulmane. Le problème de ces minorités persécutées est l'un des problèmes cruciaux qui attendent que la solidarité islamique vienne résoudre. Second en gravité seulement au problème de la Palestine occupée…
... Des moyens, nous en avons, et de miraculeux. Déjà les richesses du pétrole constituent des ressources formidables qui pourraient servir le dessein islamique au lieu d'être une malédiction par l'usage qui en est fait jusqu'ici…
... Nos potentialités sont grandes, le miracle est au bout d’une visée et d'une décision que nos leaders du désordre sont irrémédiablement incapables d'avoir…
… Le fidèle individuel comme la société islamique doivent sortir du calendrier occidental, du temps laïc, pour rentrer dans le calendrier et le temps sacres.
La nécessité d'entretenir des relations économiques avec le reste du monde nous oblige à garder un calcul commun du temps, c'est normal. Mais l'usage du calendrier occidental conjugué avec l'assaut culturel que nous subissons nous font perdre notre identité dans le temps…
… Aujourd'hui et demain, tout ce que demandent les musulmans, c'est que leur dignité et leurs droits légitimes soient reconnus. Les Etats islamiques fédérés d'après-demain seront le facteur d'équilibre dans le monde, l'incarnation de la mesure. En attendant, le peuple musulman a le droit de se soulever contre les dictateurs illégitimes gestionnaires du désordre. Descendre dans la rue et provoquer la grève générale est parfaitement légal, voire obligatoire...
… Pour la renaissance de l'Islam, il faudra d'abord développer la personnalité islamique des individus susceptibles d'engagement, ensuite réorganiser la communauté territoriale et ériger l'Etat islamique national en attendant que les conditions mûrissent de l'érection du califat fédéral. La plus grande menace interne pour la renaissance islamique est que le leadership ne bifurque et ne retombe dans le désordre en camouflant la légitimité de shura comme l'ont fait les rois d'antan…
LA DEFENSE NATIONALE
… La police et le contre-espionnage doivent épauler la vigilance générale, mais les méthodes inquisitoriales sont à bannir totalement…
… La non-violence est un principe fondamental de l'action intérieure et extérieure des fidèles. Mais il faut définir tout de suite la violence pour que l'on n'assimile pas l'Islam à un moralisme débile. Est violent tout acte non conforme à la Loi. La force est le contraire de la violence et la caractéristique de la poussée islamique dans l'histoire. Les premiers musulmans avaient un message à porter à l'humanité ; ils ont culbuté les puissances oppressives qui ont tenté de leur barrer le chemin. Ils faisaient un usage légal de la force…
… Le fidèle, la société des fidèles doivent tenir en compte la nécessité de préparer la force physique et militaire et se tenir prêts à toute éventualité, mais la force morale tirée de la Vérité de la foi en Dieu et en notre devenir est le contenu du message dont nous sommes porteurs…
… L'éveil islamique s'accompagne d'un retour nostalgique à notre histoire de gloire. Ces combattants invincibles qui ont culbuté un empire puissant moins de vingt ans après l'avènement de l'Islam, comment étaient-ils ? Qui étaient-ils ? Quelle éducation, quelle discipline les ont formés ? Quelle force les habitait et les faisait vaincre ? Etaient-ls une exception à la moyenne des hommes ou bien n'étaient-ils que le produit logique et repérable de cette éducation islamique dont nous avons perdu le secret ?..
… De cette position de force nous pourrons faire comprendre au monde que le jihad, combat pour Dieu, exclut absolument le racisme, la violence injuste, l'agitation revancharde…
[1] La traduction du Coran et des hadiths est de A, Yassine, elle est différente des traductions littérales et académiques usuelles.