CHAPITRE XXIX (Partie 1)
L'ACTIVITE APOSTOLIQUE DU P. D'ALZON
ET DE SA CONGREGATION EN FRANCE (1870 - 1880)
Le 18 juillet 1870, le soir même de la définition de l'infaillibilité pontificale, le P. d'Alzon avait quitté Rome pour rentrer à Nîmes. Quand il y parvint, il dut y faire face à une situation nouvelle. Le 19 juillet en effet, la guerre avait éclaté entre la France et l'Allemagne. Aussitôt il envoya trois de ses religieux comme aumôniers à l'armée de Mac-Mahon et il organisa des prières pour la France envahie et le pape menacé et bientôt prisonnier au Vatican. Chaque matin il faisait célébrer dans la chapelle du collège une messe pour les victimes de la guerre et prenait personnellement la parole, tirant les leçons du désastre. Il prit aussi plusieurs initiatives d'aide aux prisonniers de guerre, aux blessés et aux malheureux(1).
C'est également pendant cette période critique qu'il fit, du 5 novembre 1870 au 20 mars 1871 au Prieuré de Nîmes, devenu, par suite du repli de la maison d'Auteuil et de la présence de la Mère Générale, le centre de la congrégation des Religieuses de l'Assomption, une série de 53 conférences sur l'esprit de l'Assomption (v. Ch. XXX D). C'était, alors que les événements extérieurs risquaient de monopoliser l'attention, marquer nettement la primauté du surnaturel.
Comme beaucoup de ses contemporains, le P. d'Alzon vit dans la défaite de la France et dans les événements sanglants de la Commune qui la suivirent, un châtiment divin et une invitation pour les chrétiens à travailler avec plus de zèle à leur conversion personnelle et à celle de leur milieu. Cette conviction ne pouvait que renforcer le désir qu'il rapportait de Rome de consacrer les dernières années de sa vie à la défense des droits de Dieu et de l'Eglise et à la rechristianisation de la société. Et c'est bien ce double souci qui apparaît dans ses initiatives apostoliques et dans le soutien qu'il apporta à celles de ses religieux pendant les dix années qu'il lui restait à vivre.
A
DEFENSE DE L'EGLISE CATHOLIQUE
1. Projet de Ligue catholique. - Depuis son retour à Nîmes, le P. d'Alzon se sentait pressé de réaliser un projet qui lui tenait à cœur et dont il avait entretenu ses religieux pendant le Concile. Au souci de tirer les conclusions des décisions conciliaires dans le domaine doctrinal, s'ajoutait en effet celui de tenter un nouvel effort pour unir les forces catholiques en une vaste association destinée à défendre les droits de l'Eglise (Ch. XXV, A 16).
Aussi dès que cessèrent les hostilités franco-allemandes, il voulut s'entretenir de cette question et des problèmes qui se posaient à la congrégation avec ses principaux religieux qu'il convoqua à Nîmes. Leurs entretiens durèrent environ deux semaines(2) et il en sortit la décision de reprendre la publication de la Revue de l'Enseignement chrétien(3) et l'élaboration d'un projet de Ligue pour la défense de l'Eglise(4).
L'article-programme de la Ligue parut, sous la signature du P. Picard, à la suite de l'article liminaire du P. d'Alzon, dans le premier numéro de la nouvelle série de la Revue de l'Enseignement chrétien(5). Il explicitait en douze pages le projet d'organisation de défense de l'Eglise qui était au premier plan des préoccupations du P. d'Alzon depuis le Concile (v. infra 2).
Au cours de l'année qui suivit la publication de ce manifeste, le P. d'Alzon et la rédaction reçurent de France et de l'étranger de chaleureuses approbations émanant de l'épiscopat, du clergé, de personnalités laïques et de la presse(6).
Cependant, dès avant la guerre franco-allemande, étaient nées en France et à l'étranger un grand nombre de ligues diverses, religieuses, intellectuelles, sociales, politiques, ayant toutes pour but, d'une manière ou d'une autre, la défense de l'Eglise. D'autres se formaient au moment même où la nouvelle ligue présentait son programme. Devant cette prolifération d'associations, la nouvelle venue rêva de jouer le rôle d'agent fédérateur. Dès le mois de décembre 1871, le P. Picard exposait un projet où la prière devait jouer le rôle essentiel comme élément unificateur de ces diverses initiatives(7). Mais la Ligue se présentait sans chef émergeant du laïcat, il lui manquait un plan de campagne bien arrêté pour coaliser sur le plan national ces forces dispersées. Aussi, malgré divers articles parus dans la Revue de l'Enseignement chrétien et un premier effort d'organisation(8), la Ligue catholique tomba peu à peu dans l'oubli.
2. Les Comités catholiques. - Cependant, une initiative du Dr Frédault qui, à la fin du siège de la capitale, avait fondé pour résister à l'athéisme envahissant un Comité catholique(9), allait fournir aux Assomptionnistes de Paris le moyen d'appliquer le programme arrêté à Nîmes avec le P. d'Alzon. Très tôt ils jouèrent un rôle actif dans ce Comité où ils retrouvaient leurs objectifs(10).
Le P. d'Alzon lui aussi s'intéresse au Comité catholique et demande des informations par l'intermédiaire de ses religieux de Paris. En même temps, indigné des échecs subis par les catholiques sur le terrain électoral, il ne cesse de recommander soit à Paris, soit à Nîmes où il compte tout particulièrement sur ses anciens élèves, de placer la lutte sur le terrain catholique et social (v. infra 3 a et b).
Dès la fin de novembre 1871, il fait savoir à Paris qu'un Comité catholique est formé au Vigan et qu'un autre est en gestation à Nîmes (v. infra 3 c). Il multiplie sermons et conférences sur l'organisation nécessaire des forces catholiques(11), s'occupe activement des pétitions lancées par le Comité catholique et les autres associations(12) et suit de près les réunions de laïcs, pour la plupart anciens de son Collège, qui ont constitué sous son impulsion un comité d'action pour traduire en actes les grandes revendications des catholiques (v. infra 4 et 5).
Enfin, en avril 1872, il participe à Paris à l'Assemblée générale des délégués des Comités catholiques où il assume la présidence de la commission de l'Enseignement supérieur. C'est pour lui l'occasion d'exposer son programme de lutte en faveur de la liberté de cet enseignement et son projet de congrès des chefs d'établissements libres (v. infra C). Au cours de la messe célébrée en l'église des Carmes pour la clôture de l'assemblée, il adressa quelques paroles d'adieu aux congressistes sur le thème de l'évangile du jour "Pax vobis"(13). Quelques jours plus tard, le 12 avril, il alla, au nom du Comité catholique, rendre compte à l'archevêque de Paris du résultat du Congrès. Cependant la part qu'y avaient prise les Assomptionnistes avait trop attiré l'attention pour ne pas éveiller des susceptibilités(14). Aussi le P. d'Alzon s'abstint-il de paraître au Congrès de 1873. On le revit à celui de 1874 où il présida à nouveau la commission de l'Enseignement supérieur et rédigea l'adresse de l'assemblée au pape(15).
Jusqu'à la fin de sa vie le P. d'Alzon s'intéressera à l'action des Comités et nous le verrons notamment, en 1875, reprendre en mains le Comité de Nîmes dont il présida 25 séances entre le 26 février et le 6 juin, puis du 25 septembre 1875 au 2 mai 1876(16).
3. Deux incidents politiques. - Terminons ce chapitre consacré à l'activité déployée par le P. d'Alzon pour la défense de l'Eglise, en évoquant deux incidents politiques survenus tous deux en 1872. Le premier est lié aux controverses à propos du pouvoir temporel du pape, le second aux essais de restauration monarchique en France.
Avec l'attachement inconditionnel au pape qui le caractérisait, le P. d'Alzon ne pouvait que souscrire avec enthousiasme à toutes les initiatives visant la restauration des droits temporels du Souverain Pontife. Ce point avait d'ailleurs été inscrit par lui au programme de la Ligue pour la défense de l'Eglise qu'il avait fondée dans les premiers mois de 1871(17). Aussi, les prières publiques organisées pour le pape, les pétitions mises sur pied pour inciter le gouvernement français à agir, trouvèrent-elles toujours son appui.
Nous nous bornerons ici à signaler deux interventions du P. d'Alzon parce qu'elles sont vraiment caractéristiques de son attitude envers Rome. La première est le soutien donné spontanément dans l' Univers à la lettre de Mgr Mabile, évêque de Versailles, qui avait désapprouvé l'attitude de 14 députés conservateurs compromis dans le vote ayant, à l'Assemblée Nationale (mars 1872), déclaré inopportune toute discussion sur la question romaine(18). La seconde est un appel amical à une soumission sereine adressé à Louis Veuillot lorsque le pape, qui ne désirait pas voir les choses s'envenimer, eut, dans un discours familier (avril 1872), paternellement blâmé les excès des uns et des autres dans la polémique au centre de laquelle il se trouvait(19).
Le P. d'Alzon appartenait à une famille légitimiste et son père avait été député de l'Hérault sous la Restauration(20). Très tôt cependant il avait su prendre ses distances vis-à-vis du légitimisme auquel il reprochait notamment de ne considérer la religion que comme une arme de parti. Très tôt aussi il avait su reconnaître dans la démocratie une force dont la montée était inéluctable et, en 1848, il s'était affiché comme "catholique républicain" (Ch. XV).
Quand après la chute du Second Empire, se posa la question d'une restauration monarchique, malgré la sympathie qu'il éprouvait pour le programme de monarchie chrétienne et sociale du comte de Chambord, il se refusa à identifier la cause de la religion à celle de la monarchie et ne cessa d'inviter à ce que "l'action catholique domine plutôt que l'action politique"(21).
Dans ces conditions, si sa correspondance privée le montre favorable à une restauration des Bourbons, il évite soigneusement de prendre position publiquement en cette matière et, s'il s'estime contraint de le faire, c'est pour affirmer clairement qu'à ses yeux monarchie et papauté, monarchie et Église, monarchie et religion n'ont pas partie liée (v. infra 6).
Ce qui importe pour lui, quelle que soit la forme de gouvernement, ce sont les principes chrétiens qui doivent imprégner la société : rendre chrétienne la démocratie qui s'avance, telle est la tâche urgente qu'il fixe à ses religieux (v. infra 1).
B
L'ASSOCIATION DE NOTRE-DAME DE SALUT ET LES ŒUVRES POPULAIRES
Dès le début de sa carrière sacerdotale, le P. d'Alzon avait manifesté un grand intérêt pour les œuvres destinées à la formation humaine et chrétienne des classes populaires et au soulagement de leurs misères (Ch. VIII B, XIV B et XVII C). Il avait aussi vivement encouragé la fondation à Paris des Petites Sœurs de l'Assomption, gardes-malades des pauvres à domicile, par un de ses religieux, le P. Pernet( 22), tandis qu'en 1868 il reprenait au compte de la congrégation l'orphelinat fondé à Arras par l'abbé Halluin, devenu le P. Halluin(23).
A partir de 1870 cependant, on a pu parler d'un véritable "élan vers le peuple"(24). C'est qu'à ce moment, il apparaissait plus nettement que jamais que le redressement de la société passait par la rechristianisation de la classe ouvrière. Aussi le P. d'Alzon et ses collaborateurs avaient-ils inscrit ce point au programme qu'ils avaient élaboré pour la Ligue. Le P. d'Alzon personnellement était particulièrement sensible à cet aspect de l'action qu'il rêvait d'organiser et il en entretenait ses religieux et notamment ceux de Paris (v. infra 7).
Pénétrés eux aussi de cette nécessité, les derniers échangeaient leurs idées à ce sujet et s'en entretenaient avec la fondatrice des Religieuses de l'Assomption, Mère M. Eugénie. Celle-ci, chaleureusement approuvée par le P. d'Alzon, les poussa à jeter les bases d'une association d'aumônes et de prières pour les œuvres ouvrières (v.infra 8). Rapidement les Pères Picard et V. de Paul Bailly ainsi que Mère M. Eugénie intéressèrent au projet quelques dames avec lesquelles ils avaient noué des liens d'amitié ou de direction. Ainsi se constitua un groupe qui, le 24 janvier 1872, prit le nom d'Association de Notre-Dame de Salut en raison de son but qui était le "salut de la France par la prière et la moralisation des ouvriers " (25).
La nouvelle association reçut bientôt l'approbation du pape Pie IX(26) et connut un rapide développement. Elle provoqua ou soutint toutes sortes d'initiatives de prière et de charité : manifestations de foi, pèlerinages, pétitions pour le repos dominical, aide aux associations ouvrières, etc.(27). Des comités se formèrent à travers toute la France et le P. d'Alzon fut à l'origine de la création de plusieurs d'entre eux(28) et s'en occupa activement jusqu'à la fin de sa vie(29). Il présida plusieurs fois des pèlerinages diocésains organisés par l'Association et, chaque fois qu'il le put, encouragea de sa présence les pèlerinages nationaux mis sur pied par ses fils(30).
L'intérêt du P. d'Alzon pour les œuvres populaires apparaît également dans le soutien qu'il apporta aux Congrès des œuvres ouvrières. En août 1871, il a envoyé son adhésion à celui de Nevers(31). L'année suivante, il assiste à celui de Poitiers où il représente l'évêque de Nîmes. Il y soutint même vigoureusement, dans une discussion avec Albert de Mun et la Tour-du-Pin à propos de l'administration des cercles ouvriers par les ouvriers eux-mêmes, le point de vue de l'abbé de Varax qui, contrairement aux initiateurs des cercles, ne s'y montrait pas favorable(32). Deux ans plus tard nous le retrouverons avec plusieurs de ses religieux au Congrès de Lyon. A cette époque, il se propose d'inscrire parmi les buts de sa congrégation les "séminaires de directeurs pour les œuvres ouvrières"(33).
Il est en rapport avec Albert de Mun(34) et s'intéresse vivement aux cercles d'ouvriers(35) mais son souhait serait de voir surgir des corporations pour les remplacer. Il s'en ouvre à plusieurs reprises à ses religieux( 36 ). Et de fait, on trouve un écho de cette préoccupation dans divers documents de l'époque. Ainsi, dans son agenda de 1873 figure à la date du 2 mars une "réunion des ouvriers en soie"(37) et une note de l'année suivante témoigne du même souci (v.infra 10). Il s'était d'ailleurs montré fort préoccupé de voir ce sujet traité au Congrès de Lyon dont il a été question plus haut(38).
A Lyon, il eut l'occasion d'entendre les rapports de Léon Harmel sur l'œuvre de l'Usine et ce fut le début d'une correspondance confiante entre les deux hommes. Le P. d'Alzon, qui dans le Midi n'est pas encore confronté à la grande industrie moderne, reproche amicalement à l'apôtre du Val-des-Bois de laisser de côté l'ouvrier des champs(39). De son côté Harmel sollicite du P. d'Alzon ses observations sur son Manuel de la Corporation dont il lui envoie un exemplaire en épreuves(40). Ajoutons que le P. d'Alzon devint membre de la Commission de l'Industrie créée à la suite du Congrès de Lyon(41).
Dès la fin de 1872, le P. d'Alzon avait pu faire à Mgr de Ségur une description impressionnante des œuvres existant dans le diocèse de Nîmes (v. infra 9) et l'annuaire des Associations ouvrières catholiques de France pour 1873-1874 relève dans le même diocèse plusieurs œuvres à caractère social aux mains des Pères de l'Assomption ou d'un de leurs religieux. Ainsi l'"œuvre de la Jeunesse" de Nîmes, Alais, Le Vigan, L' "œuvre de St Joseph pour les Apprentis" à Nîmes, L' "Ecole des Maîtres ouvriers mineurs" à Alais et le "Cercle des ouvriers" au Vigan(42).
Nous venons de citer l'"œuvre de la Jeunesse" de Nîmes. C'est le moment de signaler qu'en octobre 1872, le P. d'Alzon racheta cette œuvre à Mgr Plantier et y élut domicile sur le mont Duplan pendant plusieurs années. Il y consacrait une partie de son temps à la formation chrétienne et sociale des jeunes gens qui la fréquentaient, se préoccupant surtout, comme il l'explique à Fr. Le Play, de leur communiquer les "vrais principes"(43). Cette formation chrétienne et sociale des jeunes resta une de ses grandes préoccupations jusqu'à la fin de sa vie. En 1875, nous le voyons conseiller aux élèves de son collège de s'abonner au Bulletin de l'Union des Œuvres ouvrières et, un peu plus tard, il crée une bibliothèque "composée de manuscrits de M. Harmel, du Bulletin de l'Union, des publications de N.-D.-de-Salut, des ouvrages ayant trait aux corporations, des publications des cercles catholiques"( 44 ). Par les jeunes bourgeois ainsi formés, il espère atteindre les jeunes des classes populaires. Ce qu'il faut, écrit-il en 1876 au P. V. de P. Bailly, c'est "s'emparer des œuvres de jeunesse populaire à l'aide des prêtres zélés et de la jeunesse catholique intelligente"(45). Il s'y emploie à Nîmes où la même année le Comité catholique qu'il préside fonde une association de la Jeunesse catholique, dont les membres doivent devenir les animateurs d'une œuvre de jeunesse populaire(46). En 1879 encore, il écrira au P. Picard à propos des œuvres de jeunesse : "Je pense qu'il faut se proposer deux buts : amélioration morale et religieuse des jeunes gens, direction à leur donner pour une action sociale(47)."
D'autres faits encore témoignent des préoccupations sociales du P. d'Alzon. Ainsi la fondation en 1871, sur une de ses terres, à Montmau près de Lavagnac, d'un orphelinat ou colonie agricole qu'il confie à ses religieux(48). De même les questions sociales - famille ouvrière, corporations, mariage, jeunesse populaire - sont au programme des réunions du Comité catholique de Nîmes qu'il préside en 1875-1876(49). Enfin, il continue à s'intéresser aux Conférences de Saint-Vincent-de-Paul de la ville de Nîmes et de son collège dont, jusqu'en 1879, il préside à plusieurs reprises les réunions(50).
C
LE P. D'ALZON ET LA LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
En discutant en 1871 avec ses religieux (v. supra A) un vaste pro-gramme de restauration chrétienne en France, le P. d'Alzon estima qu'au lendemain du Concile, le moment était venu de reprendre une action en faveur de la liberté de l'enseignement(51). Cette question devenait primordiale à ses yeux après les désastres que venait de connaître la France et qui, pour bien des catholiques, devaient être imputés à l'influence néfaste de l'Université. Aussi le P. d'Alzon et ses collaborateurs décidèrent-ils de relancer la Revue de l'Enseignement chrétien. Une première série de cette revue s'était donné pour but, entre 1851 et 1855, d'unir tous les efforts pour tirer le meilleur parti de la liberté accordée à l'enseignement secondaire par la loi Falloux de 1850 (Ch. XIV B). La nouvelle série mettrait au premier plan de ses objectifs la conquête de la liberté de l'enseignement supérieur.
Si la nouvelle revue reçut de nombreux encouragements, elle rencontra aussi, comme il fallait s'y attendre, l'opposition universitaire. Ses positions de pointe ne faisaient d'ailleurs pas non plus l'unanimité dans les rangs catholiques.
Créée pour sensibiliser l'opinion au problème de la liberté de l'enseignement supérieur, la Revue de l'Enseignement chrétien lança dans le public l'idée d'un congrès de l'enseignement chrétien et participa activement à son organisation. Les vœux de ce congrès furent à la base de la loi de 1875 qui accordait une liberté mitigée à l'enseignement supérieur.
Même si cette loi ne satisfaisait pas entièrement les catholiques, surtout ceux de la trempe du P. d'Alzon, il restait à en tirer le meilleur parti et à organiser l'enseignement supérieur en France. C'est à quoi le P. d'Alzon s'employa à Nîmes. Mais les efforts qu'il déploya s'avérèrent vains.
1. La nouvelle série de la "Revue de l'Enseignement chrétien" (1871-1877). - Le premier numéro de la nouvelle revue sortit en mai 1871. Elle paraîtra jusqu'en avril 1877 en livraisons mensuelles de 64 à 106 pages chacune, constituant un ensemble de 12 volumes semestriels. Le P. d'Alzon y signera une trentaine d'articles y compris un certain nombre de recensions bibliographiques. Les deux tiers de ces articles sont consacrés à la liberté de l'enseignement.
L'article liminaire donné par le P. d'Alzon à la nouvelle série de la revue constitue une véritable déclaration de guerre à l'Université rendue responsable des malheurs de la France. "Combattre l'Université, la renverser si faire se peut, par les moyens que fournit la loi", tel est le premier article du programme que le P. d'Alzon fixe à la revue (v. infra 11 a). D'autres articles de sa plume développeront cette idée avec la même fougue dans les premiers numéros de la revue (v. infra 11 b).
Le P. d'Alzon revient encore sur ces idées fondamentales dans son discours de distribution des prix de 1871; il y expose la nécessité et le moyen de fonder des universités catholiques dont la pièce maîtresse ne peut être que la théologie (v.infra 12).
Le tableau peu flatteur de l'enseignement philosophique universitaire tracé par le Père dans ce discours, lui attira une polémique avec un maître du Lycée de Nîmes, Charles Bigot. Ce dernier publia dans Le Gard républicain deux séries d'articles contre le P. d'Alzon. A ces articles, d'ailleurs pleins d'esprit, ce dernier répondit par une lettre ferme mais courtoise que publia la Gazette de Nîmes et que reprit sa revue (v. infra 13).
Cependant depuis qu'il a lancé son périodique, le P. d'Alzon a reçu des lettres et des visites, lu tout ce qui s'écrivait sur la question de l'enseignement, il a pris contact avec nombre de personnages influents et d'hommes politiques. Il voit mieux maintenant ce que l'on peut raisonnablement attendre de l'Assemblée nationale. Aussi, dès janvier 1872, va-t-il préciser et limiter ses revendications dans une longue lettre ouverte au vicomte de Bonald (v.infra 14).
2. Le premier Congrès de l'Enseignement chrétien (1872). - En octobre 1871, la Rédaction de la Revue de l'Enseignement chrétien cédant à de vives instances, se détermine à proposer un congrès des partisans de l'enseignement libre et fait appel au concours de ses lecteurs pour l'établissement du programme et l'organisation pratique de ce congrès (52). L'appel est répété en novembre et, en mai 1872, le Congrès est annoncé pour le mois de septembre de la même année. C'est qu'entre-temps le Congrès des Comités catholiques, qui s'est tenu à Paris au début d'avril, a puissamment hâté l'exécution du projet. Les conclusions du rapport sur l'enseignement supérieur qu'il a votées serviront de point de départ au Congrès de l'Enseignement chrétien(53). Ce rapport est l’œuvre du P. d'Alzon et ses conclusions, beaucoup moins virulentes que ses premières options, s'inscrivent dans la ligne de sa lettre ouverte au vicomte de Bonald (v. infra 15).
Cependant le Congrès n'entend pas être l’œuvre d'un parti ou d'une congrégation. Il doit être celle de tous les catholiques. Aussi une commission a-t-elle été mise sur pied, associant la Société générale d'Enseignement et d’Éducation, l'Alliance des Maisons d'éducation chrétienne et la Revue de l'Enseignement chrétien (54). Le P. d'Alzon lui-même s'adressera à tous les lecteurs de la Revue de l'Enseignement chrétien, quelques jours avant le congrès, pour les conjurer d'y venir en nombre(55).
Le Congrès, présidé par le comte Franz de Champagny, tint ses assises à Paris du 2 au 8 septembre 1872. Il avait reçu 450 adhésions et compta 327 membres effectifs. Il sanctionna tous les vœux formulés antérieurement en insistant sur la suppression du monopole universitaire, sur les droits des universités libres et la liberté d'enseigner pour les instituts religieux. Le P. d'Alzon y assista avec quelques-uns de ses religieux, mais n'y prit la parole que pour appuyer un congressiste qui trouvait que les vœux relatifs au Conseil supérieur de l'Instruction publique n'offraient pas assez de garanties pour la liberté de l'enseignement supérieur(56).
Bien que le P. d'Alzon n'assurât pas la présidence du Congrès, c'est à "d'Alzon et Champagny" que fut adressé le télégramme d'encouragement du pape Pie IX(57). Il convient de noter ici que le P. d'Alzon avait envoyé à Pie IX le premier volume de la revue et qu'il en avait déjà reçu une lettre autographe le félicitant et approuvant son programme (58).
Avant la clôture du Congrès, le P. d'Alzon eut la satisfaction de voir repris un projet proposé par lui dans son discours de distribution des prix de la même année, à savoir une union des anciens élèves des maisons chrétiennes et de ceux-ci avec leurs maîtres en vue de les pousser vers les œuvres catholiques (v. infra 16). Le Congrès adopta ce projet et institua une commission permanente chargée de renseigner les supérieurs sur les œuvres existantes ou en voie de s'établir(59).
Les vœux du Congrès furent déposés le 16 janvier 1873 sur le Bureau de l'Assemblée nationale(60). Cependant le projet de loi distribué aux députés en juillet de la même année n'était pas fait pour donner entière satisfaction au P. d'Alzon car il laissait à l’État le privilège de la collation des grades. Aussi la revue continua-t-elle à défendre les revendications des catholiques et, même après le vote de la loi, survenu le 12 juillet 1875(61), le P. d'Alzon décida-t-il de poursuivre la lutte (v. infra 17). Mais la revue ne put prolonger son effort au-delà d'une année et, en avril 1877, elle publiait son dernier numéro.
3. Efforts du P. d'Alzon pour créer à Nîmes un enseignement supérieur. - Le P. d'Alzon était comme hanté par le souci de voir s'organiser en France un enseignement supérieur catholique, en raison de l'inaptitude radicale de l'Université d’État en ce domaine. Cette pensée revient souvent sous sa plume (v. infra 11 b). L'Université était pour lui le "séminaire de la Franc-Maçonnerie"(62) et, surtout après le Concile, les méfaits des sociétés secrètes sont un thème qui revient fréquemment dans ses écrits(63).
Dans son discours de distribution des prix de 1874, il avait à nouveau souligné la nécessité d'intensifier l'activité des Comités catholiques pour arriver à la fondation d'universités catholiques(64).
Cependant les catholiques n'avaient pas attendu la loi de juillet 1875 pour s'exercer à l'enseignement supérieur. En différentes villes on avait organisé des hautes études, des cours de lettres et de sciences, des conférences de droit, etc. Nîmes avait eu, entre 1851 et 1855, à l'initiative du P. d'Alzon, son embryon d'université (Ch.. XIV B). Les Lillois avaient en novembre 1874, inauguré sous le nom d'Institut catholique, une vraie Faculté de droit. Mais après le vote de la loi, des facultés universitaires surgirent de terre à Paris, Angers, Lyon, Poitiers, Toulouse, Aix, Avignon(65).
Devant un tel foisonnement, y aurait-il une place pour Nîmes ? Le P. d'Alzon pourrait-il réaliser le rêve de sa vie, cette Université Saint-Augustin dont, dès 1867, il avait avec quelques disciples examiné les possibilités et déjà prévu les structures(66) ? Nîmes n'était pourtant pas restée en retrait et le Comité catholique de cette ville avait, d'avril à juin 1875, avant même le vote de la loi, étudié, sous la présidence du P. d'Alzon, un projet de conférences de lettres, de sciences et de droit(67). A titre d'essai, dès le 8 mai 1875, la Conférence de droit avait été inaugurée dans les locaux de 1'Assomption(68). Son succès fut l'une des dernières satisfactions de Mgr Plantier avant sa mort survenue le 25 mai 1875. La vacance du siège lors de la distribution des facultés fut peut-être l'une des raisons pour lesquelles Nîmes fut oubliée.
Mais les Nîmois n'avaient pas renoncé à créer quelque chose chez eux. Le 31 juillet 1875, s'était constitué, toujours sous la présidence du P. d'Alzon, un Comité de l'enseignement supérieur libre dont le but était de donner corps à l’œuvre des conférences catholiques projetée au printemps précédent(69). Inaugurés effectivement le 16 novembre 1875 dans la bibliothèque de la Maison de l'Assomption, les cours se succéderont au rythme de quatre par semaine. Le P. d'Alzon lui-même y traita de sujets d'histoire ecclésiastique et y commenta les dernières décisions de l'Église(70 ).
Le succès des conférences (138 inscrits, dès le 16 novembre 1875) avait amené le P. d'Alzon à espérer pour Nîmes, au moins l'érection d'une Faculté de droit. Mais le manque de ressources et surtout la création à Lyon d'une Université libre mirent fin à ces espoirs. Aussi, après trois ans d'expérience (1875-1878), l'entreprise dut-elle être abandonnée.
Ainsi s'évanouissait la seconde tentative du P. d'Alzon de créer à Nîmes un enseignement supérieur catholique.
D
LA PRESSE
Il a déjà été question à plusieurs reprises de l'intérêt manifesté par le P. d'Alzon à la presse comme moyen de défendre et de promouvoir les droits de Dieu et de l'Eglise et de régénérer la société en y faisant pénétrer en profondeur les principes chrétiens.
Rappelons ici la fondation à Nîmes en 1848 du journal La Liberté pour tous (Ch. XV), les deux séries de la Revue de l'Enseignement chrétien de 1851 à 1855 d'abord, puis de 1871 à 1877 (Ch. XIV B et XXIX C) et la participation du P. d'Alzon à l'organisation au Concile d'un Bureau de correspondance internationale (Ch. XXIV 17).
Il nous reste en ce domaine à examiner la part prise par le P. d'Alzon à deux œuvres de congrégation : l'hebdomadaire Le Pèlerin et le mensuel La Croix(71). Nous conclurons ce chapitre par quelques notes sur l'intérêt marqué par le P. d'Alzon à la presse quotidienne et notamment sur son attitude vis-à-vis des projets du P. Bailly en ce domaine.
1. Le Pèlerin. - En juillet 1873, le Conseil général des pèlerinages, que dirigeait le P. Picard, avait lancé un modeste hebdomadaire. C'était Le Pèlerin et le P. d'Alzon en avait salué la naissance avec joie(72). Pendant quelques années il remplit son rôle de bulletin de liaison entre le Conseil et les Comités des pèlerinages mais, en 1876, le P. V. de P. Bailly qui venait de donner sa démission de secrétaire général de l'Union des Œuvres et de rédacteur du Bulletin de l'Union, imagina de faire du Pèlerin un journal de plus grande diffusion en modernisant sa présentation et en l'ouvrant à toutes les préoccupations de l’Église(73).
Le P. d'Alzon, consulté, a approuvé l'initiative. Il y a vu aussitôt un moyen de sanctifier les nombreux prêtres que touchera le journal et d'imprimer une solide direction aux esprits chrétiens(74). Il a également promis sa collaboration et il tiendra parole.
Dès son second numéro, le nouveau Pèlerin contient un article de sa plume. De nombreux autres suivront : comptes-rendus d'ouvrages récents, récits édifiants, "impressions de voyages", "lettres d'un pèlerin". Les comptes-rendus s'adressent généralement "au petit nombre". Le P. d'Alzon estime en effet que, Le Pèlerin devant être lu aussi par des gens cultivés, il importe de les tenir au courant de l'actualité intellectuelle. C'est ainsi que, champion du renouveau thomiste, il consacre une recension au cours de philosophie du P. Zigliara et une autre à l'édition de la "Somme de saint Thomas contre les Gentils" par l'abbé Ucelli.
Avec les récits édifiants, impressions de voyage et lettres d'un pèlerin, le ton change : l'auteur s'adresse à un public plus large et vise surtout à frapper l'imagination et à édifier en décrivant l'état de l'Eglise à travers le monde(75).
Cependant la partie la plus importante de la collaboration du P. d'Alzon au Pèlerin réside dans les prônes qu'il lui fournit à partir du 20 octobre 1877(76). L'initiative lui appartient-elle ? Il est difficile de le dire avec certitude. Toujours est-il que le P. Bailly en salue la nouveauté( 77) et que le P. d'Alzon lui-même y attache une grande importance(78 ). Ce qui fera surtout la valeur de l'ensemble de sermons, généralement assez courts et de facture classique, que le P. d'Alzon donnera au Pèlerin, c'est, comme le note le P. Ch. Monsch, "le contact étroit qu'il garde avec l'Evangile et les Pères"(79).
En dehors de sa propre contribution rédactionnelle au Pèlerin, le P. d'Alzon multipliera les suggestions et les conseils : informations diverses, sources à consulter, sujets à aborder, échanges de revues à faire. Il est très sensible à toutes les critiques qui visent le journal et en informe le P. Bailly. Lui-même donne son avis, passant continuellement des encouragements et des félicitations aux reproches et aux avertissements. On a même pu parler à ce propos d'une "querelle du Pèlerin "(80).
En effet, s'il n'est pas hostile en principe à l'allure populaire que le P. Bailly a donnée au journal, à l'esprit dont il déborde, au ton amusant qui y prédomine(81), il trouve parfois que le Pèlerin manque de sérieux, qu'il ne fait qu'un "bien négatif", qu'un plan d'ensemble lui fait défaut. Malgré cela, il continue à envoyer ses articles, sait reconnaître le talent du P. Bailly, marque sa satisfaction chaque fois qu'il croit discerner une amélioration, en l’occurrence un peu plus de sérieux (v. infra 18).
Aux yeux du P. d'Alzon la publication de vies de saints était certainement un moyen "sérieux" de faire un "bien positif", en concourant à l'affirmation du surnaturel et au relèvement des mœurs. Aussi quand, dans son premier numéro de 1880, le Pèlerin annonça qu'à partir du mois suivant, il allait offrir chaque semaine une vie de saint en prime à ses lecteurs, rencontra-t-il l'approbation enthousiaste du P. d'Alzon qui se montra tout prêt à collaborer(82).
A vrai dire sa première réaction avait été un mouvement d'humeur. Il se plaint, en effet, dans une lettre au P. Picard du 5 janvier 1880, que l'idée lui a été volée : c'est pour la nouvelle revue que l'on prépare qu'il avait projeté la publication de récits hagiographiques(83) ! On trouva d'ailleurs rapidement un terrain d'entente : il y aurait deux séries de vies de saints : les unes réservées à des lecteurs cultivés, seraient données à la nouvelle revue, La Croix, les autres destinées à un public plus large, seraient publiées par le Pèlerin (84).
Aucune des vies de saints parues dans le Pèlerin n'étant signée et les manuscrits ne nous ayant pas été conservés, il n'est pas possible de déterminer l'importance de la collaboration du P. d'Alzon(85). Toujours est-il qu'il composa pour La Croix un article intitulé La Vie des Saints qui fut reproduit par la suite en tête de la première série reliée des Vies des Saints(86).
2. La Croix. - Le souci du P. d'Alzon d'exercer une influence sur le public cultivé qui, à son estime, échappait au Pèlerin, et spécialement sur la jeunesse intellectuelle (v.infra 19), le regret émis par certains religieux de Paris ou de Nîmes de la disparition de la Revue de l'Enseignement chrétien et leur désir de la voir renaître, la conjoncture anticléricale de plus en plus menaçante, qui appelait une défense vigoureuse de l'Eglise, furent à l'origine d'une nouvelle entreprise des Assomptionnistes dans le domaine de la presse : la création de La Croix mensuelle.
Cette initiative ne peut être attribuée au P. d'Alzon seul. Elle est le résultat d'échanges de vues multiples entre les religieux : conversations à Nîmes et à Paris, échange de lettres et finalement réunions communes convoquées à Nîmes par le P. d'Alzon(87).
Nous ne chercherons pas à déterminer ici la part qui revient à chacun dans la création de La Croix(88). Insistons seulement sur le fait qu'une fois le débat lancé, l'action du P. d'Alzon se révéla déterminante. De novembre 1879, époque où nous trouvons sa première intervention dans les échanges de vues, à avril 1880, date de la parution du premier numéro de la nouvelle revue, il maintiendra avec vigueur son point de vue sur le but de la revue, pour laquelle il a proposé un plan (v.infra 21), et sur le public à atteindre(89). C'est lui aussi qui, parmi les nombreux titres proposés par le P. Bailly et les autres religieux, choisira celui qui, après plus d'un siècle, est toujours porté par le quotidien qui, en 1883, prit la succession de La Croix mensuelle(90).
Dès le 23 novembre 1879 - il y a exactement un mois que le P. Bailly a incidemment exprimé son regret de la disparition de la Revue de l'Enseignement chrétien(91) - le P. d'Alzon donne le feu vert au directeur du Pèlerin pour la publication de la nouvelle revue (v.infra 20). A ce moment, il est convaincu que le premier numéro pourra paraître dès le premier janvier. Cependant une série de circonstances : santé ébranlée du P. Bailly, difficulté d'établir un budget en équilibre, exigences concrètes de la mise en route et sans doute aussi un reste d'hésitation chez le P. Bailly, obsédé par la difficulté de concilier la nécessité d'une grande diffusion avec le caractère quasi-élitiste que le P. d'Alzon semblait vouloir donner à la revue, obligea à en retarder la publication. Annoncée d'abord pour le mois de mars par un article-programme du Pèlerin, dû à la plume du P. Bailly et qui lui valut les félicitations du P. d'Alzon(92), elle ne sortit de presse qu'au début d'avril.
Ces retards ne manquèrent pas d'impatienter le P. d'Alzon qui voyait déjà l'œuvre à l'eau(93). Aussi quand il eut reçu le premier numéro de La Croix envisagea-t-il, pour rattraper le temps perdu, d'accélérer la parution des numéros suivants de façon à assurer la publication de 12 numéros en 1880 ! Il se déclarait d'ailleurs tout prêt à prendre sa part du surcroît de travail. Il est vrai que les décrets contre les jésuites et les autres congrégations venaient de paraître et que leur défense exigeait le déploiement de toutes les forces catholiques(94).
Dès le 1er décembre 1879, date de la première réunion du comité qu'il a formé à l'Assomption de Nîmes pour préparer la nouvelle revue, le P. d'Alzon a annoncé des articles et, le 23 du même mois, le secrétaire note que "le P. d'Alzon a déjà envoyé son premier article"(95). D'avril à novembre 1880, il fournira chaque mois à la Revue son éditorial, dont le plus important est le premier, intitulé La Croix (v. infra 22). Les autres éditoriaux, inspirés par les développements de la politique du gouvernement contre les congrégations religieuses se caractérisent sur le plan religieux, comme le note Ch. Monsch, par une remarquable élévation de la pensée, rappelant par moments la Cité de Dieu de saint Augustin. Par contre, ajoute le même auteur, l'analyse politique y est très courte et utopique(96).
En dehors de ces éditoriaux, le P. d'Alzon donna à La Croix deux autres articles de fond intitulés respectivement "Conscience et légalité" et "L'avenir de la jeunesse", des articles historiques dont un triple article sur la Russie, un article sur "La Vie des Saints" et un autre sur "Saint Pierre et Saint Paul" et trois comptes-rendus dont deux d'ouvrages concernant les sociétés secrètes. Au total 17 articles représentent la contribution directe du P. d'Alzon aux huit premiers numéros de La Croix(97), mais par ses suggestions et ses conseils, il y est le père de bien d'autres.
3. La Presse quotidienne. - "La Croix quotidienne est une œuvre posthume du P. d'Alzon." Ainsi s'exprime le P. V. de P. Bailly dans son rapport au chapitre général de la congrégation en 1886(98). Pieuse exagération inspirée par la vénération filiale ? Pas tout à fait, car si le P. d'Alzon n'eut jamais l'idée de La Croix quotidienne, du moins était-il convaincu de la nécessité d'un journal populaire et souhaitait-il son avènement.
A plusieurs reprises au cours des dix dernières années de sa vie, cette idée reviendra à la surface. On se rappelle qu'en 1871, il avait ressuscité la Revue de l'Enseignement chrétien (v. supra C). Mais avant d'opter pour une revue, il n'avait pas exclu la possibilité d'un quotidien : "Par quoi vaut-il mieux commencer ? Par un journal ou par une revue ? Le journal a plus l'intérêt du moment, la Revue a plus ses aises pour poser des principes. Sont-ce des principes qu'il faut poser? Est-ce l'intérêt quotidien qu'il faut exciter ? Questions à l'étude(99)." Il avait même demandé au P. Emmanuel Bailly de lui tracer le programme d'un journal, "catholique avant tout", ouvert aux honnêtes gens de tous les partis et destiné à faire pénétrer les idées chrétiennes dans la société(100). Ce fut l'idée d'une revue qui l'emporta.
En mars 1878, écrivant de Rome au P. Picard, il lui demande d'étudier "la situation ecclésiastico-sociale que peut prendre le Pèlerin... parce qu'en dehors de l'Univers, il faut un organe populaire des mêmes idées"(101). Deux mois plus tard, nous le voyons s'intéresser aux "journaux à un sou" de province et à leurs conditions de viabilité(102). Entre-temps, lors de son séjour à Rome, la question de la presse a été au premier plan de ses préoccupations. Il l'aborda notamment avec le pape, lors de l'audience que lui accorda Léon XIII le 12 avril 1878(103). C'est également au cours de ce séjour à Rome qu'il fut invité par Mgr Mermillod à faire reparaître La Correspondance de Genève et qu'il proposa pour la remplacer une solution plus simple : faire d'un journal romain déjà existant le porte-parole officieux de la pensée du Saint-Siège (104).
En janvier 1879, sollicité par M. du Fougerais, vice-président du Bureau Central de l'Union des Œuvres Catholiques Ouvrières, de créer un journal populaire qui soutiendrait les objectifs de cette organisation, il met d'abord son correspondant en garde contre les illusions qu'il pourrait nourrir sur les possibilités de la congrégation (105). Mais il prend cependant l'affaire au sérieux, invite les Pères Picard et Bailly à étudier la question(106) et rédige lui-même une note sur la "Nécessité d'une presse populaire et les moyens de la fonder"(107). Principale différence avec le projet de M. du Fougerais : le journal à créer est conçu comme un soutien à toutes les œuvres catholiques et non seulement aux œuvres ouvrières.
Le P. Bailly a d'ailleurs déjà ses idées sinon ses projets sur la question et, en juillet 1879, il évoque dans le Pèlerin la possibilité d'avoir dans six mois un journal quotidien. La réaction du P. d'Alzon est immédiate. Elle est loin d'être négative mais elle est surtout une invitation à la prudence (v. infra 23). A ce moment il reste au P. d'Alzon un peu plus d'un an à vivre. L'idée du quotidien réapparaîtra encore à plusieurs reprises dans leur correspondance jusqu'au 16 juin 1880 où, répondant au P. d'Alzon qui lui avait demandé pourquoi La Croix ne tirait pas à 100 000 exemplaires, le P. Bailly lui écrira : "Quand vous voudrez, cela sera possible, qu'elle soit quotidienne et à un sou(108)." En lisant cette correspondance, on a vraiment l'impression que le P. d'Alzon était bien prêt de donner le feu vert au quotidien rêvé par le P. Bailly et dont lui-même avait depuis longtemps reconnu l'utilité. La mort seule l'en empêcha(109).
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1. Un maître spirituel, p. 133-135 et VAILHE, Vie, II, p. 568-575.
2. Du 2 au 14 mars, comme l'a établi A. PEPIN, Chronologie de la vie des Pères Picard et V. de P. Bailly, p. 157, Rome, s.d.
3. Sur la première série de la Revue de l'Enseignement chrétien, voir Ch. XIV B.
4. Ajoutons cependant que le P. d'Alzon n'avait envisagé de créer une association nouvelle que dans la mesure où l'Association de Saint François de Sales n'en prendrait pas le programme à son compte (Lettre au P. Picard du 1er février 1871. - Orig.ms. ACR, AE 363; T.D. 25, p. 310).
5. Projet de Ligue catholique pour la défense de l'Eglise, dans Revue de l'Enseignement chrétien, t. 1 (1871-1872), p. 9-20 (mai 1871). Cet article fut composé entre le 26 et le 28 mars 1871, au début de la Commune. Le 26, le P. Picard écrit au P. d'Alzon : "Je vais prendre quelques heures pour rédiger le rapport et vous l'envoyer." et le 28, il l'expédie (ACR, EN 7 et 8).
6. Les deux premiers tomes de la Revue de l'Enseignement chrétien en reproduisent environ 70.
7. F. PICARD, Les Ligues chrétiennes, dans Revue de l'Enseignement chrétien, t. 2, p. 83-107 (décembre 1871) où l'on trouvera aussi une longue description des associations catholiques existantes.
8. Organisation de la Ligue catholique, Revue de l'Enseignement chrétien, t. 2, p. 270-273 (mars 1872).
9. Sur l'origine et le programme du Comité catholique de Paris, voir l'article cité de F. PICARD, Les Ligues chrétiennes, dans Revue de l'Enseignement chrétien, t. 2, p. 90-93.
10. "Le bureau appelé Comité catholique qui est à Paris l'expression de votre projet de ligue", écrira le P. V. de P. Bailly au P. d'Alzon, le 20 octobre 1871 (ACR, FY 571). Sur le rôle des Assomptionnistes dans ce comité parisien voir : Rapport du P. V. de Paul sur les œuvres de la Congrégation au chapitre général de 1873, p. 2-3, dans Pages d'Archives, I, p. 1-8 (publié d'après le brouillon de l'auteur : ACR, GL 5).
11. Voir notamment de novembre 1871 à février 1872 dans VAILHE, Chronologie du P. E. d'Alzon.
12. Voir par exemple les lettres au P. Picard du 22 janvier 1872 (ACR, AF 2; T.D. 26, p. 2) et au P. V. de P. Bailly du 6 février 1872 (ACR, AG 304; T.D. 27, p. 251).
13. A. RASTOUL, Assemblée générale des Comités catholiques, dans Revue de l'Enseignement chrétien, t. 3, p. 3-12 (mai 1872).
14. "Hier je suis allé au nom du Comité catholique, rendre compte à l'archevêque du résultat du Congrès... Nous avons été très bien reçus. Quelques prêtres étaient dans le salon, ils ont été plus froids." (Lettre au P. E. Bailly du 13 avril 1872. - ACR, AI 220; T.D. 31, p. 196).
15. Prospectus du Comité catholique du 8 février 1874 (ACR, GQ 15) : le nom du P. d'Alzon y figure parmi les membres du bureau du Comité de Paris. - Lettre au P. Picard du 21 avril 1874 (ACR, AF 70; T.D. 26, p. 50). - Revue de l'Enseignement chrétien, t. 7, p. 5-9 (mai 1874).
16. Procès-verbaux de ces séances : ACR, CC 6. A ce moment le P. d'Alzon envisageait de réunir à Nîmes, deux ans plus tard, le Congrès catholique.
17. F. PICARD, Projet de Ligue catholique pour la défense de l'Eglise, p. 17, dans Revue de l'Enseignement chrétien, t. 1, (1871-1872), p. 9-20 (mai 1871). Rappelons que le P. Picard est, dans cet article, le porte-parole du P. d'Alzon (v. infra 2) .
18. Lettre à l'Univers datée du 6 avril 1872 et publiée le 7 par ce journal (T.D. 40, p. 252-255).
19. Lettre à Louis Veuillot du 15 avril 1872 (T.D. 40, p. 255-256).
20. Voir J.M. MAYEUR, Les idées politiques du P. d'Alzon, dans Colloque, p. 144-156.
21. C'est ce qu'il attend par exemple, des anciens élèves de son collège réunis en Comité d'action (v. infra 4).
22. VAILHE, Vie, II, p. 444.
23. VAILHE, Vie, II, p. 457-465.
24. L'expression est de Guy DUPRE dans sa thèse Formation et rayonnement d'une personnalité catholique au XIXe siècle : le P. Emmanuel d'Alzon, Aix-en-Provence, 1971.
25. A l' Assemblée générale des Comités catholiques (avril 1872) où il a présenté un rapport sur les patronages d'apprentis, le P. V. de P. Bailly présente comme suit l'Association de N.-D. de Salut : "Une nouvelle association sous le vocable de Notre-Dame de Salut se propose de soutenir de ses ressources et de ses travaux l'Union des œuvres et le Bureau central, et de former dans la société riche, les apôtres des patronages, des cercles ouvriers, des maisons, des familles, etc. L'association veut user de toutes les influences pour combattre les redoutables antagonismes des classes et pour obtenir de nos lois et de nos institutions des mesures favorables aux ouvriers : repos du dimanche, protection de l'enfance, arrêt dans le développement des cabarets, corporations chrétiennes, etc. Cette association peut devenir un auxiliaire puissant des œuvres de patronage." (V. de P. BAILLY, Rapport sur les patronages d'apprentis, avril 1872; Extrait du compte-rendu de l'Association générale des Comités catholiques, p. 12, Paris, 1872)
26. Par Lettres Apostoliques du 17 mai 1872.
27. Sur les origines, le développement et l'esprit de l'Association, consulter Association de N.-D. de Salut, Assemblées générales de 1873 à 1913, Paris, 1913; A. PEPIN, Le P. Fr. Picard, directeur de l'Association de N.-D. de Salut et des pèlerinages nationaux, dans Pages d'Archives, 3e série, n° 3 (1963).
28. Voir par exemple ses lettres au P. Picard des 2 et 20 juin et du 14 juillet 1872 (ACR, AF 11, 15 et 19; T.D. 26, p. 8-14) et sa lettre au P. V. de P. Bailly du 18 juillet 1872 (ACR, AG 319; T.D. 27, p. 259).
29. Jusqu'en 1879, nous le verrons prononcer des conférences sur N.-D. de Salut ou présider des réunions de l'Association.
30. On peut se rendre compte de la participation du P. d'Alzon à ces divers pèlerinages en parcourant VAILHE, Chronologie, à partir de 1872. Ajoutons cependant que, pour éviter des frictions avec l'épiscopat, auquel dans leur élan, les organisateurs des pèlerinages ne s'étaient pas toujours suffisamment préoccupés de soumettre leurs initiatives, le P. d'Alzon songea à demander aux Assomptionnistes d'en abandonner la direction, les invitant par là même occasion à donner la priorité aux œuvres ouvrières : "J'estime, écrit-il au P. Picard le 8 septembre 1875, que le moment est venu de laisser aux évêques la direction des pèlerinages. C'est ma plus profonde conviction. Vous aurez des ennuis pour rien. La question des œuvres ouvrières est toute différente. Là est le salut. Nous sommes trop peu pour nous tant éparpiller. On peut prier sans pèleriner ou sans diriger soi-même les pèlerinages." (ACR, AF 116; T.D. 26, p. 98).
31. Son nom figure, le 8 septembre 1871, au bas de l'adresse du Congrès aux Archevêques et Évêques de France (ACR, GP 43).
32. V. de P. BAILLY, Congrès des Associations catholiques ouvrières tenu à Poitiers, p. 491-492, dans Revue de l'Enseignement chrétien, t. 3, p. 485-495 (octobre 1892) et Lettre du P. d'Alzon à Mère Correnson du 31 août 1872 (T.D. 30, p. 224). Voir Ph. LEVILLAIN, Albert de Mun, p. 339, Rome, 1983.
33. Lettre au P. Picard du 25 mai 1874 (ACR, AF 72; T.D. 26, p. 52).
34. Les ACR possèdent trois lettres (1873-1876) d'A. de Mun au P. d'Alzon (EB 518, 519 et 520).
35. Le 16 mars 1872, il écrit de Paris au P. E. Bailly : "L'œuvre des Cercles prend à Paris une belle extension et je suis résolu à la favoriser autant qu'il dépendra de moi" et le 19 il lui rapporte que des officiers rentrés de captivité viennent de lui demander les Pères Vincent de Paul et Picard pour faire des cercles d'ouvriers. "C'est vers ce but, ajoute-t-il, que je vais diriger ma retraite d'hommes pendant la Semaine Sainte." (Orig.ms. ACR, AI 215 et 216; T.D. 31, p. 193-194).
36. En 1873 et 1874 : Circulaires aux Religieux de l'Assomption, p. 49-71 et 73-77, Paris 1912 (= T.D. 14).
37. ACR, BU 2; T.D. 43, p. 175.
38. Lettres au P. V. de P. Bailly du 18 juillet et du 9 août 1874 (ACR, AH 27 et 32; T.D. 28, p. 17 et 20).
39. Lettre du 6 septembre 1874 (Copie ACR, BC 29; T.D. 40, p. 427).
40. "Nul plus que vous, Très Vénéré Père, ne peut avoir d'autorité pour réformer, corriger un travail qui a été entrepris sous votre inspiration et sous celle de votre excellent P. Bailly." (Lettre du 8 septembre 1876. - ACR, EB 432).
41. Ph. LEVILLAIN, A. de Mun, p. 417-418, Rome 1983.
42. p. 37, Paris, 1873.
43. Lettre à Fr. Le Play du 4 octobre 1872 : "Je m'en (= du Collège) retire ces jours-ci pour aller m'établir au milieu d'une association d'une centaine de jeunes gens, à qui je voudrais communiquer les vrais principes. Peut-être chercherais-je à creuser un peu plus profondément que vous, c'est-à-dire que sous les principes de la famille, de la société et même des commandements de Dieu, je chercherais l'action de Dieu-même." (ACR, AO 68; T.D. 39, p. 304).
44. L'Assomption, 1 (1875), p. 59 et note manuscrite ACR, CQ 259; T.D. 43, p. 129 .
45. Lettre du 26 mai 1876 (ACR, AH 100; T.D. 28, p. 73).
46. Procès-verbaux du Comité catholique de Nîmes, Séance du 20 mars 1876 (ACR, CC 6, p. 107). - Lettres au P. V. de P. Bailly des 2 et 10 juin 1876 (ACR, AH 101 et 102; T.D. 28, p. 74-76) et au P. Picard du 2 juillet 1876 (ACR, AF 147; T.D. 26, p. 122).
47. Lettre du 14 novembre 1879 (ACR, AF 374; T.D. 26, p. 316).
48. Voir entre autres ses lettres du 14 et du 17 mai 1871 au P. E. Bailly (ACR, AI 169 et 172; T.D. 31, p. 165-167) et du 27 mai 1871 au P. V. de P. Bailly (ACR, AG 287; T.D. 27, p. 236).
49. Procès-verbaux des séances : ACR, CC 6.
50. VAILHE, Chronologie : de l'année 1873 à l'année 1879.
51. Sur ce sujet voir P. PIERRARD, Le P. d'Alzon et la liberté de l'enseignement en France, dans Colloque, p. 109-118.
52. Revue de l'Enseignement chrétien, t. 1, p. 329-330 (octobre 1871).
53. Revue de l'Enseignement chrétien, t. 3, p. 5-8 (mai 1872).
54. Revue de l'Enseignement chrétien, t. 3, p. 193-196 (juillet 1872).
55. Revue de l'Enseignement chrétien, t.3, p. 385-392 (septembre 1872).
56. Revue de l'Enseignement chrétien, t. 4, p. 204 (décembre 1872). Le tome 4 est consacré en grande partie au congrès dont il rend compte et reproduit les divers rapports.
57. Revue de l'Enseignement chrétien, t. 4, p. 58 (novembre 1872).
58. ACR, KO 49; Revue de l'Enseignement chrétien, t. 2, p. 257-259 (mars 1872).
59. Revue de l'Enseignement chrétien, t. 4, p. 165-167 (décembre 1872).
60. Revue de l'Enseignement chrétien, t. 4, p. 353-354 (février 1873).
61. Le texte de la loi est publié dans Revue de l'Enseignement chrétien, t. 9, p. 215-222 (juillet 1875).
62. C'est ainsi qu'il l'appelle dans une série d'articles donnés à la Gazette de Nîmes en avril 1875 (T.D. 7, p. 320-341).
63. L'année même de sa mort, le Père publiera encore une série d'articles sur ce sujet et en particulier un long compte-rendu intitulé Les Sociétés secrètes et la Société, dans La Croix, I (1880),p.459-462 .
64. Revue de l'Enseignement chrétien, t. 7, p. 385-395 (septembre 1874).
65. A deux mois de distance, le P. Picard puis le P. V. de P. Bailly font le point dans la Revue de l'Enseignement chrétien sur cette éclosion de facultés catholiques : t. 9, p. 385-432 (septembre 1875). et t. 10, p. 16-93 (novembre 1875).
66. E. BAILLY, Saint Augustin et le P. d'Alzon, Revue Augustinienne, I (1902), p. 337-374. Au cours des chapitres de 1868, 1873, 1876, présidés par le P. d'Alzon, chaque fois qu'il fut question des études, se manifesta le désir d'établir au sein de l'Institut une université sous le vocable de saint Augustin et dont les statuts seraient inclus dans les constitutions mêmes de la congrégation (Procès-verbaux originaux des Chapitres généraux ACR, C 31, p. 81-83, 140 et 184).
67. Procès-verbaux des séances du Comité catholique, ACR, CC 6, p. 25-78.
68. Ibidem, p. 58.
69. Ibidem, p. 80.
70. Revue de l'Enseignement chrétien, t. 10, p. 279-281 (janvier 1876). Nous avons conservé 16 schémas des conférences du P. d'Alzon (Orig. ms. ACR, CT 59-74; T.D. 47, p. 123-142).
71. Voir notamment :
A. ODIL, L'activité du P. d'Alzon, journaliste catholique, dans Mélanges d'Alzon, p. 305-325, Saint-Gérard, 1952.
P. CASTEL, Le P. François Picard et le P. V. de Paul Bailly dans les luttes de presse, p. 1-79, Rome, 1962.
Ch. MONSCH, Le P. d'Alzon et les débuts de la Bonne Presse, dans Colloque, p. 279-297.
72. Lettre au P. V. de P. Bailly du 7 juillet 1873 (ACR, AG 331; T.D. 27, p. 270).
73. Voir l'article du P. Bailly dans le dernier numéro du premier Pèlerin (30 décembre 1876, p. 522) et celui du P. Picard dans le premier numéro du Pèlerin transformé (6 janvier 1877, p. 1-2).
74. Lettres au P. Bailly du 6 octobre 1876 (ACR, AH 110; T.D. 28, p.82) et au P. Picard du 19 décembre 1876 (ACR, AF 174; T.D. 26, p. 147).
75. Quatorze articles donnés par le P. d'Alzon au Pèlerin ont été repérés par les compilateurs du "Corpus causae" (T.D. 8, p. 241-346). A part les comptes-rendus, ils ne sont pas signés mais quelques autographes ont été conservés (ACR, CO 229-236) et surtout de nombreuses allusions dans ses lettres ont permis de lui en attribuer la paternité. On en trouvera une analyse dans la thèse de G. DUPRE, Formation et rayonnement d'une personnalité catholique au XIXe siècle : Le P. Emm. d'Alzon (1810-1880), p. 349-356, Aix-en-Proven-ce, 1971 et dans Ch; MONSCH, op. cit., p. 286-287.
76. Le dernier prône, consacré à L'Assomption de la bienheureuse Vierge, parut le 15 août 1880. Au total 84 prônes dus au P. d'Alzon ont été repérés (T.D. 8, p. 1-240). Ils ne sont pas signés mais les manuscrits ont été en grande partie conservés (ACR, CO 189-228) et, ici aussi, de nombreuses indications dans la correspondance du P. d'Alzon en confirment l'authenticité. Brève analyse des prônes dans Un maître spirituel, p. 188-190.
77. "Ce sera un grand nouveau que l'impression de sermons remplissant les conditions..." (Lettre au P. d'Alzon du 10 octobre 1877. - ACR, GA 127) et "Le Pèlerin, j'en suis convaincu, remplira là un vide." (Lettre d'octobre 1877 - GA 128).
78. "J'ai promis au P. Vincent de Paul, écrit-il au P. Picard le 9 octobre 1877, des méditations-canevas pour l'Avent prochain... Je crois bien qu'une série de méditations sur la vie active ou plutôt apostolique, aurait de très grands avantages. Enfin nous verrons. Je vais faire de mon mieux, avec saint Augustin, saint Jean-Chrysostome, saint Jérôme et saint Ambroise, plus moi." (ACR, AF 219; T.D. 26, p. 180-181).
79. Colloque, p. 286.
80. G. DUPRE, op. cit. p. 358.
81. C'est ainsi qu'il écrit au P. Bailly, le 18 novembre 1877 : "Il me revient de plusieurs points de France que le Pèlerin est un peu trop polichinelle, arlequin. Je n'ose me prononcer parce que je n'ai pas de tact pour cela. Mon prône du curé de 97 ans peut y être pour quelque chose (Il s'agit du prône paru dans le Pèlerin du 10 novembre 1877)... Il paraît qu'aujourd'hui il faut être plus sérieux." (ACR, AH 140; T.D. 28, p. 106). Le 25 décembre 1877 : "Je songe beaucoup au Pèlerin. Comme je suis impartial, on ne le critique pas seulement, on l'admire aussi. D'Everlange trouve qu'il n'y a pas de journal comme celui-là pour désopiler la rate d'un avoué chargé de patrimoine. Soignez les avoués." (ACR, AH 149; T.D. 28, p. 114). Et le 17 mai 1878 : "Est-ce qu'il n'est permis de défendre l'Eglise qu'avec un nasillement provençal et l'ennui d'une parole assommante ?" (ACR, AH 173; T.D. 28, p. 132).
82. "Le Père d'Alzon voulait me faire des masses de vies de saints..." écrit le P. Bailly au P. Picard le 21 février 1880 (ACR, GA 413).
83. ACR, AF 385; T.D. 26, p. 326.
84. "Procès-verbaux des réunions pour la revue La Croix" p. 11-13 (ACR, CD 13-14). Il s'agit des réunions des 20 et 22 février 1880.
85. Il y a cependant de bonnes raisons de lui en attribuer trois ou quatre : par exemple celles de saint Benoît, de sainte Scholastique, de saint Patrice.
86. La Croix, n° 2 (mai 1880), p. 20-25.
87. "Procès-verbaux des réunions pour la revue La Croix" (ACR, CD 13). Ce cahier contient essentiellement les procès-verbaux des réunions de la rédaction de La Croix, tenues en Espagne à partir de novembre 1881. Mais un cahier de 24 pages lui a été réuni ultérieurement. C'est lui qui nous intéresse ici. Il contient les procès-verbaux de 16 réunions tenues à Nîmes. La dernière eut lieu le 25 novembre 1880, le lendemain des funérailles du P. d'Alzon. Les 15 autres - du 1 décembre 1879 au 17 mai 1880 - avaient été présidées par le P. d'Alzon lui-même. Ces procès-verbaux sont signés par le Fr. Maxime Viallet (1859-1894) qui faisait office de secrétaire.
88. Ceci a été très bien fait par A. COLETTE, Les origines et les grandes étapes du journal "La Croix", p. 489-505, dans Pages d'Archives, III, p. 475-570 (octobre 1965).
89. "Si la Revue doit être la doublure du Pèlerin, ce n'est pas la peine de la faire. Il faut consentir à n'être pas aussi populaire, mais s'adresser à un public sérieux." (Lettre au P. Picard du 9 décembre 1879 - ACR, AF 378; T.D. 26, p. 319).
90. A. COLETTE, op. ait., p. 497. Ce titre avait appartenu d'abord à un journal ultramontain de Bruxelles.
91. Lettre du P. Bailly au P. d'Alzon du 23 octobre 1879 (ACR, GA 306).
92. Le Pèlerin, n° 161, p. 898-899 (31 janvier 1880) et lettre du P. d'Alzon au P. Bailly du 31 janvier 1880 (ACR, AH 265; T.D. 28, p. 192).
93. Voir entre autres ses lettres au P. Picard des 6 et 8 janvier 1880 (ACR, AF 386 et 388; T.D. 26, p. 329-331) et à Mère M. Eugénie du 8 janvier 1880 (ACR, AD 1806; T.D. 24, p. 368-369).
94. "Quant à La Croix, écrit-il le 4 avril 1880 au P. Picard, j'en suis de plus en plus content, à mesure que j'avance dans la lecture des articles. Ce serait l'occasion de publier les 12 numéros en 1880. La guerre y prête et je me tuerais pour fournir ce qu'un homme peut tirer de sa plume tous les 20 jours." (ACR, AF 399; D'A., T.D. 26, p. 338-339).
95. ACR, CD 13, p. 3 et 7.
96. Ch. MONSCH, Colloque, p. 291-292.
97. On trouvera une analyse de l'ensemble dans G. DUPRE, op. ait., p. 375-385.
98. ACR, GL 25-26, p. 21. A. COLETTE, op. cit.,p. 507-511.
99. Quid agendum ? (Note de la fin de 1870 ou du début de 1871).- ACR, CQ 252; T.D. 43, p. 121.
100. Lettre au P. Emm. Bailly du 5 décembre 1870 (ACR, AI 160; T.D. 31, p. 159-160).
101. ACR, AF 253; T.D. 26, p. 208.
102. Lettre au P. Picard du 22 mai 1878 (ACR, AF 270; T.D. 26, p. 228).
103. Lettres au P. Picard du 13 avril 1878 (ACR, AF263; T.D. 26, p. 222) et à l'abbé du Fougerais du 28 janvier 1879 (ACR, AN 237; T.D. 39, p. 183).
104. Lettre au P. Picard du 9 avril 1878 (ACR, AF 260; T.D. 26, p. 217-218) et Note sur une Agence centrale à établir pour les journaux catholiques (ACR, CQ 265; T.D. 43, p. 137-140).
105. Lettre de M. du Fougerais du 27 janvier 1879 (ACR, EB 109) et réponse du P. d'Alzon du 28 janvier 1879 (ACR, AN 237; T.D. 39, p. 183).
106. Lettres au P. Picard (ACR, AF 333; T.D. 26, p. 283-284) et au P. Bailly (ACR, AH 197; T.D. 28, p. 148) du 28 janvier 1879.
107. ACR, CQ 266; T.D. 43, p. 141 - Il ne fait pas de doute que cette note, datée par les auteurs du "Corpus Causae" de la fin de 1878, ait été rédigée après la réception de la lettre de M. du Fougerais du 27 janvier 1879.
108. ACR, GA 389.
109. Ch. MONSCH, Colloque, p. 293-295.