CHAPITRE XIX
LE P. D'ALZON ET LA CONGREGATION DE L'ASSOMPTION
de 1858 à 1868
Depuis le décret de louange obtenu en 1857 (Ch. XII C) jusqu'au 6e chapitre général tenu en 1868, sous l'impulsion du P. d'Alzon qui a retrouvé un certain équilibre de santé et qui a repris en mains la maison de Nîmes (Ch. XIV), la Congrégation des Religieux de l'Assomption va connaître une croissance conforme à son programme apostolique. Les initiatives sont nombreuses et diversifiées, les horizons s'élargissent et la réalisation première du collège de Nîmes n'est plus la seule oeuvre exemplaire pour tout autre dans l'Institut. Mais en même temps, les liens se font plus serrés avec le Siège apostolique, dans un contexte rendu plus difficile par la menace qui pèse sur l'existence des Etats pontificaux, et qui entraîne de la part de la Papauté sa prise de position par l'Encyclique Quanta cura et le Syllabus vis-à-vis des idées "modernes", en 1864. Mais ce fait ne saurait définir à lui seul l'attitude du Pape Pie IX, soucieux de l'expansion missionnaire de l'Eglise, de son unité à retrouver avec l'Orient chrétien, de ses assises spirituelles et doctrinales qui l'engagent à annoncer et à préparer le prochain concile du Vatican.
Dans ce contexte, et pour ne parler que de la Congrégation de l'Assomption, nous relèverons ici les indices de sa croissance et de son expansion, le fait de l'approbation de la Congrégation et le renouvellement de son zèle apostolique, à partir des documents capitulaires de 1862 à 1868.
1. Croissance et expansion de la Congrégation de l'Assomption.-
Le nombre des religieux reste encore modeste; il passe de 17 profès de choeur et 3 profès convers en 1858, à 33 profès de choeur et 6 profès convers en 1868. Mais l'avenir dépend davantage encore de la qualité d'âme des religieux formés par le P. d'Alzon et qui vont apporter à leur Institut leur créativité et leur dévouement au service de l'Eglise. Témoignent de cette formation les lettres que le P. d'Alzon leur adresse à l'occasion de leur ordination sacerdotale (v. infra 1). Compte tenu de leur tempérament et de leur caractère, dans le respect de leur personnalité, le P. d'Alzon les engage résolument à oeuvrer à la suite du Christ, de toute leur générosité, fût-ce dans l'humilité. Citons le P. Picard, futur successeur du P. d'Alzon comme supérieur général ; le P. Galabert à qui sera confiée la présence de l'Assomption dans l'Orient chrétien ; le P. Pernet, fondateur en 1865 des Petites-Soeurs de l'Assomption ; le P. Vincent de Paul Bailly, futur responsable de l'oeuvre de la "Bonne Presse" (La Croix et le Pèlerin). Trois de ces religieux, les PP. Picard, Pernet et Vincent de Paul Bailly, ont mérité une réputation de sainteté telle que leurs causes ont été introduites à Rome.
Sans s'imposer à lui-même, et encore moins à l'Eglise un plan d'expansion, mais attentif aux événements et aux personnalités qui le sollicitent, et, avant même, aux nécessités qui s'imposaient pour la croissance et la formation de son Institut, le P. d'Alzon voit le champ d'action de l'Assomption s'étendre à l'Eglise universelle.
Pour assurer la formation religieuse des postulants et des novices, il n'a jamais perdu de vue la nécessité de constituer un noviciat canonique. Le 11 décembre 1857, il avait demandé et obtenu de la S. Congrégation de l'Etat religieux un rescrit déterminant le mode et le temps de probation des novices (Ch. XII 29). Depuis toujours, il aurait voulu avoir un établissement séparé de l'oeuvre du collège à Nîmes (Ch. XII 16). Cette intention ne put aboutir qu'après la mort de ses parents, et c'est en 1864 qu'il met à la disposition de ses novices sa maison natale du Vigan (v. infra5). Auprès de ses religieux profès, il insiste pour que, malgré la pénurie des communautés sur le plan du personnel et sur le plan matériel, tous participent à cette oeuvre de première importance pour l'avenir de l'Assomption. Mais en même temps, les religieux exigent de leur fondateur qu'il propose un traité de vie spirituelle et apostolique pour la formation des novices. C'est ce qu'il fera par des lettres adressées au maître des novices, en 1868 (v. infra 5 b).
Pour assurer la formation doctrinale de ses religieux étudiants, le P. d'Alzon avait tenté, de 1855 à 1858, d'établir à Rome une communauté de religieux se préparant au sacerdoce (Ch. XII 18). Il peut renouveler cette expérience de 1861 à 1863, en demandant l'hospitalité aux PP. Résurrectionistes pour trois autres de ses religieux : les Fr. Vincent de Paul, Emmanuel Bailly et Augustin Gallois. Ils s'établissent à Saint-Claude des Bourguignons et peuvent suivre les cours des Dominicains à la Minerve, des Jésuites au collège romain et des Lazaristes à l'Appolinaire. Avant que le groupe n'ait terminé ses études, le P. d'Alzon écrit au Fr. Vincent de Paul d'étudier la possibilité de "trouver un petit couvent à louer, que nous achèterions ensuite [...] parce que, par ce moyen, si la Révolution arrive, nos fonds ne seraient pas trop compromis" (Lettre du 17 février 1862). Le P. d'Alzon ne peut donner suite dans l'immédiat à cette idée qui lui tenait à coeur de former à Rome même ses religieux étudiants. Mais, en faisant de l'un d'entre eux, le P. Vincent de Paul Bailly, son procureur auprès du Saint-Siège, il pourra plus facilement suivre les directives de Rome et mettre ainsi sa Congrégation au service de l'Eglise universelle(1).
La fermeture, en 1860, du collège de Clichy, qui peut apparaître comme un échec, non seulement renouvelle la présence de l'Assomption à Paris, mais rend possible la première réalisation missionnaire de 1'Assomption.
A Paris, grâce à l'habileté du Fr. Vincent de Paul Bailly, les religieux purent trouver, à la fin de 1860, un local, et ouvrir, avec l'autorisation de l'Ordinaire, une chapelle publique, rue François 1er, sur la base d'une grande pauvreté, voulue par le P. d'Alzon (v. infra 3a). Simple maison de résidence et d'accueil au départ, "la maison François 1er" devint rapidement un centre de relations et d'oeuvres qui permirent à l'Assomption de bénéficier de tout ce que représente en France la centralisation à Paris "des affaires, des hommes influents et des grandes oeuvres". Par là-même, l'Assomption se mettait, et à ce niveau, au service de l'Eglise de France et de ses oeuvres pastorales, avant même de créer ses propres oeuvres, dont la plus importante est assurément la fondation des gardes-malades pour les pauvres exclusivement, par le P. Etienne Pernet, en 1865. Aussi, le Chapitre général de 1868 accepta-t-il de considérer, "à côté des collèges et des maisons d'enseignement, des maisons de résidence comme étant des plus avantageuses pour la Congrégation", parce qu' "extrêmement utiles au salut des âmes, aux progrès de l'Institut et au bien social lui-même" (v. infra 3 b).
L'expansion missionnaire va porter l'Assomption en premier lieu vers l'Australie et peu après vers l'Orient chrétien. L'importance de cette seconde mission oblige à la traiter à part (Ch. XXII).
La mission d'Australie a pour origine la demande de religieux missionnaires par Mgr Quinn, évêque nommé de Brisbane. Répondant à l'appel de cet évêque, comme au désir de quelques-uns de ses religieux de Clichy, le P. d'Alzon élabore, le 19 novembre 1860, un contrat de dix ans avec Mgr Quinn (v. infra 2 a). L'ouverture d'une maison régulière, plus spécialement orientée vers la conversion des indigènes, était admise en principe, mais l'évêque de Brisbane, sans doute par manque de prêtres pour les fidèles de son diocèse, remit sine die la réalisation de ce désir. Dès le début, et jusqu'à la fin de cette mission (v. infra 2 c), le P. d'Alzon rappelle à Mgr Quinn la nécessité d'accorder à ses religieux l'institution canonique d'une telle maison, sans quoi il ne donnera pas d'autres religieux que ceux qu'il avait envoyés au début de la mission : les PP. Tissot et Cusse, et le Fr. Gavete, partis le 7 décembre 1860, et le P. Brun et le Fr. Hudry, partis le 13 décembre 1862. Le P. Cusse, déçu par l'attitude de Mgr Quinn, demanda à se séparer de l'évêque et même de la Congrégation, disant qu'il n'était pas venu de si loin pour être simple prêtre séculier. Malgré ce que ces plaintes avaient de fondé, le P. d'Alzon voulut être loyal avec l'évêque, mais en renouvelant l'exigence d'une institution canonique, afin que "les choses prissent leur état normal" (v. infra 2 b). Pour son compte, après avoir tenté d'être rapatrié par le gouvernement, le P. Cusse s'installera dans le diocèse de Sydney, et ne cessera d'écrire au P. d'Alzon pour lui témoigner son désir d'en venir à la situation régulière qui avait été prévue. Il devait mourir en Australie le 6 septembre 1866, après avoir été visité par un de ses confrères, le P. Brun(2).
2. Présentation des Constitutions et approbation de la Congrégation. -
Nous avons vu que le P. d'Alzon avait élaboré pour son Institut la Règle de l'Assomption, achevée au début de 1855. Lors de son voyage à Rome en 1855, il remit sur le bureau du Pape une note sur sa petite Congrégation et obtint en 1857 le décret de louange, sans présenter encore à l'approbation l'ensemble de sa règle (Ch. XII C). Le Pape Pie IX l'ayant invité à penser à une union avec les Augustins, et lui-même ne se refusant pas à d'autres unions avec des Instituts contemporains, la Règle primitive de l'Assomption était appelée à être modifiée en un sens plus précis non pas de Règle mais de Constitutions. On pouvait envisager de prendre la Règle de Saint-Augustin et d'y joindre un livre de Constitutions propre à l'Assomption.
Entre-temps, le P. d'Alzon, sollicité par Mère M. Eugénie, écrivait, en 1859, pour les Religieuses de l'Assomption un livre de spiritualité qu'il appelait Directoire, mais que les Religieuses n'acceptèrent pas, parce qu'elles attendaient de lui un Coutumier. Dans ce livre, que le P. d'Alzon donnera par la suite à ses religieux, le fondateur avait repris de la Règle de l'Assomption toutes les motivations spirituelles appelées à disparaître dans un texte de pures Constitutions. La refonte de la Règle primitive fit l'objet d'une étude par le Chapitre général de 1862 et le P. d'Alzon se mit à l'oeuvre pour rédiger un nouveau texte (v. infra 1 d). De passage à Rome en 1863, après son retour d'Orient, il ne voulut pas négliger une occasion qui lui était offerte de présenter un texte rapidement élaboré à l'approbation de la S. Congrégation des Evêques et Réguliers. C'est sur ce texte que portent les Animadversiones faites en 1864 par la S. Congrégation (v. infra 6 d). Le P. d'Alzon savait donc désormais ce qui pourrait, à l'avenir, faire difficulté dans un texte définitif qu'il soumettrait au même jugement : le refus du quatrième voeu et d'un Tiers-Ordre pour un Ordre qui n'aurait pas des voeux solennels, outre les autres remarques d'ordre strictement canonique et faciles à corriger.
En 1865, le P. d'Alzon est à même de donner à ses religieux non seulement le Directoire réaménagé pour eux, mais aussi la refonte de la Règle de 1855 en livre de Constitutions, précédé de la Règle de Saint-Augustin.- La discussion toujours en cours d'une union éventuelle avec les Augustins fera remettre au-delà de la mort du fondateur, et pratiquement jusqu'en 1923, l'approbation des Constitutions des Religieux de l'Assomption(3). Si, en 1864, le texte provisoire des Constitutions n'avait pas été approuvé, par contre, l'approbation de l'Institut fut obtenue et transmise au P. d'Alzon par l'intermédiaire de Mgr Plantier, le 26 novembre 1864 (v. infra 6c).
3. Chapitres généraux de 1862 et de 1868. -
Par un rescrit de la S. Congrégation des Evêques et Réguliers daté du 25 juin 1858 (Orig.ms. KO 11), le P. d'Alzon avait obtenu que les Chapitres généraux se tiennent régulièrement tous les six ans, les actes étant à soumettre à l'approbation du Saint-Siège, pour avoir force de loi. Les Archives de l'Assomption, outre la volumineuse correspondance du P. d'Alzon et de ses religieux, possèdent la documentation relative aux Chapitres généraux de 1862 (ID 8-11) et de 1868 (ID 12-14), plus le cahier des procès-verbaux, f° 37-65 pour 1862 et f° 62-102 pour 1868 (C 31).
Pour le P. d'Alzon, fondateur et supérieur général, la tenue d'un Chapitre général était une oeuvre importante qui devait être préparée par lui-même et par tous, dans un climat de prière et d'étude, sur un programme de questions à traiter, afin d'aboutir, écrit-il, à une plus grande unité (v. infra 4).
Le 5e Chapitre général s'est tenu à Nîmes du 3 au 9 septembre 1862. L'oeuvre la plus importante devait être la refonte de la Règle de l'Assomption en Constitutions à présenter à l'approbation du Saint-Siège. Ce travail ne fut pas mené à terme, mais un certain nombre de chapitres furent élaborés : l'administration temporelle et le voeu de pauvreté, la tenue des Chapitres généraux, la formation des Frères convers, le soin des infirmes, les suffrages pour les défunts, la prière liturgique, la formation et l'examen des novices, l'exclusion des religieux.
De plus, le Chapitre exprime le voeu que soit maintenue à Rome, "vrai centre des études ecclésiastiques", une maison d'études pour la philosophie et la théologie et "que la mission d'Australie et surtout celle de la Bulgarie particulièrement recommandée au supérieur général par Pie IX, reçoivent tous les développements possibles, eu égard aux circonstances et au petit nombre des religieux".
Enfin le Chapitre décide que les membres de l'Institut prendront le nom générique de Religieux Augustins de l'Assomption, accorde pleins pouvoirs au supérieur général pour traiter de notre union avec les Ermites de Saint-Augustin, et lui demande d'achever la refonte de la Règle de l'Assomption, compte tenu des décisions capitulaires. Sans tarder, le Père se met au travail (v. infra 1 d).
Le 6ème Chapitre général s'est tenu également à Nîmes, du 7 au 17 septembre 1868. La partie la plus importante de ses travaux s'ordonne autour des articles suivants :
1° Caractère distinctif à donner à la Congrégation : "Ce caractère résultera d'abord de la nature des voeux de religion, ensuite de la manière dont les Augustins de l'Assomption prendront part au mouvement social" (v. infra 7).
2° Moyens de développer la Congrégation : "Ces moyens sont : le noviciat, les études, les fondations et la ferveur, dont le fruit sera l'esprit de charité appuyé sur une confiance réciproque."
3° Les oeuvres : le collège de Nîmes, ébranlé depuis quelque temps ne doit pas être abandonné (Ch. XX); les maisons de résidence doivent être rangées parmi les meilleures oeuvres de l'Institut (v. infra 3 b) et, à ce titre, favorisées autant que le permettent les circonstances. Parlant des oeuvres en général, le Chapitre émet le principe suivant : "C'est avec un grand esprit de désintéressement que les Religieux de l'Assomption se tiendront à la disposition des oeuvres étrangères à l'Institut, soit pour les encourager, soit pour les diriger, soit même pour les former [...], toujours prêts à leur rendre tous les services moraux possibles, comme aussi à s'en retirer, dès que ces services ne seraient plus nécessaires ou causeraient par leur continuité des jalousies et des conflits nuisibles au bien."
4° Relations avec les communautés de femmes.
Sur la demande des Religieuses de l'Assomption et du fait de la fondation des Oblates missionnaires de l'Assomption par le P. d'Alzon, et des Petites-Soeurs de l'Assomption par le P. Pernet, le Chapitre pose les bases d'un statut d'entraide et de collaboration avec ces Communautés féminines, selon le mode désiré par chacune, et à elles soumis ad experimentum jusqu'au prochain Chapitre général, étant sauves les décisions de l'Eglise à ce sujet (Ch. XXIV).
"A propos de demandes à formuler pour le prochain Concile", "le T.R.P. d'Alzon est chargé de s'entendre avec le plus grand nombre de Congrégations possible pour obtenir du futur Concile toutes les améliorations exigées par les temps actuels" pour les Instituts apostoliques de fondation récente.
1
Lettres du P. d'Alzon à ses religieux, à l'occasion de leur ordination sacerdotale (1856-1862)
Le P. d'Alzon avait la conviction que le développement de sa Congrégation reposait avant tout sur la formation spirituelle et intellectuelle de ses religieux. L'impulsion de son zèle apostolique et la nécessité de tenir les oeuvres en cours ne peuvent le distraire de cette préoccupation. Lorsque ses religieux accèdent au sacerdoce, alors qu'il ne peut les assister de sa présence, il tient à les féliciter, sans doute, mais surtout à leur dire qu'ils sont entrés dans une nouvelle vie de générosité et de sainteté. Ces lettres révèlent une conviction personnellement vécue et, plus que toute autre chose, cette formation de ses religieux assure à sa Congrégation le développement qu'elle va connaître à partir de 1859.
a)
De la lettre au P. Picard, Lamalou, le 29 mai 1856. - Orig.ms. ACR, AE 17; T., Lettres, II p. 87.
Le P. François Picard avait été envoyé à Rome pour achever ses études théologiques. Ordonné prêtre le 25 mai 1856, il reçoit du P. d'Alzon les consignes suivantes, compte tenu de son caractère quelque peu autoritaire :
Vous êtes donc prêtre, mon cher enfant. J'ai bien prié et fait prier pour que vous fussiez un saint prêtre; j'espère que Dieu fera pour vous ce qu'il a fait pour tant d'autres; il est bon de compter sur sa grande miséricorde et de s'y abandonner avec un grand amour. Vous dites que vous avez besoin de direction. Je me bornerai pour vous à deux conseils : 1° prendre tous les jours à la messe la résolution de vivre de la vie de Jésus-Christ, Mihi vivere Christus est; 2° de réformer votre caractère dans ce qu'il aurait de trop âpre. [...] Appliquez-vous à dire votre messe tous les jours comme si c'était la première et la dernière.
b)
De la lettre au P. Galabert, Lamalou, 7 juin 1857. - Orig.ms. ACR, AJ 9; T., Lettres, II p. 246-247.
Compagnon du P. Picard à Rome, le P. Victorin Galabert est ordonné l'année suivante. Jeune étudiant en médecine, et ramené à plus de foi chrétienne par le P. d'Alzon, il s'était orienté vers la vie religieuse et le sacerdoce, après avoir obtenu son doctorat en médecine. Rappelant qu'il doit sa vocation au P. d'Alzon, il reçoit de lui, au lendemain de son ordination sacerdotale ces consignes, compte tenu d'un tempérament généreux mais distrait :
Vous êtes donc prêtre, mon enfant. Hier, au moment où vous receviez l'onction sacerdotale, je disais la messe pour vous. Je vous remercie de celle que vous direz demain pour moi. Que Notre-Seigneur vous donne le zèle de sa maison. Vous savez que cet amour est le fond, la base, l'esprit de l'Assomption. [...] Il faut que vous vous appliquiez à beaucoup de régularité, d'esprit d'oraison, de force, de générosité, afin d'être un modèle des jeunes religieux. Il faut aussi que vous vous exerciez à beaucoup d'humilité, de douceur et de patience. [...] Je ne voudrais pas que vous revinssiez de Rome sans le bonnet de docteur en droit canon. Je regrette que le P. Picard n'ait pas pu subir ses examens pour la théologie, mais il lui faut soigner sa santé.
c)
De la lettre au P. Pernet, Montpellier, le 8 avril 1858. - Orig.ms. AC PSA; T., Lettres, II p. 418-419.
Le P. Etienne Pernet fut ordonné prêtre en même temps que le P. Hippolyte Saugrain, par Mgr Nanquette en son église cathédrale du Mans, le 3 avril 1858. L'un et l'autre étaient des tout premiers disciples du P. d'Alzon. De tempérament faible et hésitant, le P. Pernet avait retrouvé confiance en lui-même et repris sa marche vers le sacerdoce en se mettant à l'école du P. d'Alzon.
Votre lettre me comble de joie. Enfin, vous voilà prêtre! Que Notre-Seigneur vous fasse tous les jours avancer dans la perfection, en vous montrant quelque nouvelle vertu à prendre dans votre contact avec la divine victime ! Imitamini quod tractatis. Voilà quelle doit être votre leçon perpétuelle. - Aussi, mon cher ami, le sacrifice doit-il être votre vie tout entière : priez, priez sans cesse en union avec Jésus immolé. Vous obtiendrez tout par là. Je vous conjure d'user de toute votre influence pour développer l'esprit religieux parmi vos frères. Je crains toujours que cet esprit ne s'efface; un nouveau prêtre doit en avoir une provision. Revenez à la règle; prenez-en l'esprit; prenez-en tout ce qui peut en être développé dans un collège; prenez-en surtout les vertus : l'humilité, la patience, l'obéissance, la pauvreté, la charité. Prêchez vos frères sur ce chapitre et soyez leur règle vivante.
d)
De la lettre au P. Vincent de Paul Bailly, Nîmes, le 28 décembre 1862. -Orig.ms. ACR, AG 61; T.D. 27, p. 50.
Le jeune Vincent de Paul Bailly avait entre les mains de quoi réaliser son avenir dans le monde, alors qu'il était dans l'administration des télégraphes. Sa générosité le porta à mettre au service de Dieu tous ses dons d'intelligence et de coeur, dans "l'acceptation complète des idées de la foi". A ce jeune apprécié par lui comme étant "un sujet hors ligne", le P. d'Alzon rappelle la nécessité d'avancer toujours dans la sainteté.
Quand vous recevrez ces lignes, vous serez prêtre, et je ne puis vous dire quelle impression me cause cette pensée. Je prie pour vous, je fais prier à votre intention. Que je voudrais vous voir un saint ! Je crois bien que j'ai pour vous cette bonne jalousie de l'amitié, dont parle sainte Thérèse et dont elle était si désireuse pour elle-même. Je vous en conjure, avancez toujours et ne reculez jamais.
Je vais faire copier pour vous l'adresser la lettre qui vous instituera procureur général; puis, peu à peu, j'espère que nous ferons tout ce qui sera utile à notre petite Congrégation. Je repasse sans cesse la règle, pour voir ce qu'il faut y ajouter et comment y intercaler les décisions du Chapitre général.
2
Mission de l'Assomption en Australie (1860-1875)
Depuis la fondation des Religieuses de l'Assomption au Cap, en 1849, le P. d'Alzon avait introduit dans le programme apostolique de sa Congrégation les missions lointaines. Mgr Quinn, créé évêque de Brisbane, en Australie, lui fournit l'occasion de réaliser ce but apostolique de sa Congrégation pour les religieux qui le désireraient. Cette première mission lointaine fut une épreuve pour lui-même et les siens, due à la divergence de vues entre lui-même et Mgr Quinn. Malgré le contrat passé en 1860, l'évêque, sans doute par manque de prêtres pour son diocèse, refusa de réunir en communauté les religieux mis à sa disposition par le P. d'Alzon.
a)
Conditions arrêtées entre Mgr Quinn, évêque de Brisbane et le T.R.P. d'Alzon, supérieur des Religieux de l'Assomption, Nîmes, le 19 novembre 1860. - Orig. ACR, AP 18; T.D. 40, p. 140-141.
Avant que ne partent les trois premiers missionnaires, les PP. Tissot et Cusse et le Fr. Gavete, le P. d'Alzon passe un contrat valable pour dix ans et prévoyant l'institution canonique d'une maison dont les Religieux seraient propriétaires.
1° Les religieux de l'Assomption seront à Brisbane dans les mêmes conditions que les autres missionnaires et suivront le règlement qui leur sera donné par Mgr 1'évêque.
2° L'Evêque sera leur supérieur pendant les dix premières années, mais ils auront toujours leur libre correspondance avec leur Supérieur d'Europe.
3° On n'enverra que des sujets de choix qui auront l'intention de se fixer pour toujours dans le diocèse; on les retirera sur la demande de l'Evêque, et s'il ne demande pas leur départ, on ne les rappellera que dans l'intérêt du Diocèse et après avoir pris l'avis du Prélat.
4° Aussitôt que Monseigneur l'Evêque le pourra, il donnera l'institution canonique à une maison dont les religieux seront propriétaires, et dès lors ils rentreront dans le droit commun qui règle les couvents dans les missions étrangères.
Nîmes, 19 novembre 1860.
E. d'Alzon, supérieur des religieux de l'Assomption
+ Jacques Quinn, évêque de Brisbane.
L.S.
b)
Extrait d'une lettre du P. d'Alzon à Mgr Quinn, Nîmes, le 17 mars 1862. - Brouillon du P. d'Alzon ACR, AP 20; T.D. 40, p. 142.
N'ayant pu, après 13 mois d'attente, obtenir de Mgr Quinn l'établissement canonique d'une maison religieuse et comprenant que ce dernier la remettait sine die, l'un des missionnaires, le P. Cusse, avait quitté le diocèse de Brisbane pour se mettre à la disposition de Mgr Polding, archevêque de Sidney. Le P. d'Alzon écrit à Mgr Quinn qu'il blâme entièrement cette conduite, mais rappelle à l'évêque la promesse faite de l'institution canonique qui préviendrait de tels inconvénients.
Le P. Cusse m'apprend qu'il vient de se séparer de vous, et je viens vous témoigner toute la peine que j'en ai. Il demande à se séparer de la Congrégation si je ne l'approuve pas, et je le relève de ses voeux. Vous verrez dans cette mesure de ma part la preuve que je blâme entièrement sa conduite. Je ne veux point examiner ici si les plaintes qu'il m'a transmises depuis longtemps avaient quelque chose de fondé. Alors même qu'elles auraient eu des motifs, il y avait une chose très sérieuse, c'était l'obéissance qu'il vous devait et qu'il était obligé d'observer.
Maintenant, Monseigneur, pour éviter d'autres ennuis, me permettrez-vous une proposition ? Puisque vous obtenez de grandes concessions de terrain, pourquoi n'en feriez-vous pas accorder une à nos Pères ? Peut-être pourrions-nous y consacrer une somme, et alors nous ne vous coûterions rien; vous nous accorderiez l'institution canonique, et les choses prendraient leur état normal. Ceci n'est qu'une simple idée que je vous prie de méditer, comme aussi je me réserve d'en causer avec mes religieux; mais pour éviter certains inconvénients, peut-être vaut-il mieux accepter une position nette et tranchée.
c)
Extrait d'une lettre écrite par le P. Brun au nom du P. d'Alzon à Mgr Quinn, Nîmes, le 2 octobre 1873.- Cop.ms. ACR, AP 24; T.D. 40, p. 145.
Le P. d'Alzon a prolongé au-delà des dix années prévues par le contrat la présence de ses religieux en Australie, pour leur permettre de solder les dettes qu'ils ont faites pour leurs oeuvres apostoliques. Avant de les faire revenir, il rappelle l'exigence à laquelle il a toujours tenu. Si elle était réalisée, il ne renoncerait pas à la mission d'Australie.
Si Votre Grandeur voulait nous confier la paroisse de Warwick, avec le droit d'y établir notre maison de l'Assomption et d'y fonder un collège, le P. d'Alzon serait toujours disposé à vous envoyer des religieux, et il me charge de vous dire qu'un an après avoir reçu par écrit l'institution canonique pure et simple, et sans autre dépendance de l'Ordinaire que celle établie par la Congrégation des Evêques et Réguliers, nous partirions pour votre diocèse au nombre au moins de six.
Toutefois, Monseigneur, le R.P. d'Alzon désire qu'il soit bien établi que les religieux, qui ne seraient pas chargés de la paroisse ou employés dans le collège, vivraient dans la maison de résidence, d'où ils ne pourront être envoyés ailleurs qu'avec le consentement de leur supérieur. De son côté, le supérieur serait très heureux d'aider Votre Grandeur à créer ou à soutenir les oeuvres que vous jugeriez utiles pour votre diocèse.
3
Fondation à Paris de la communauté, 8 rue François 1er (1860-1868)
Après la fermeture du collège de Clichy, les religieux installent au 8 de la rue François 1er une petite communauté appelée à devenir le centre des activités les plus importantes de la Congrégation en France, par l'oeuvre de Notre-Dame de Salut, créée après 1870, avec sa double activité de pèlerinages et de presse. Tout commence dans la plus grande pauvreté, en 1860; mais, en 1868, le fruit en est une multiple activité apostolique.
a)
Extraits de lettres du P. d'Alzon au Fr. Vincent de Paul Bailly (1860)
Pour être plus près des siens et assister son père au terme de sa vie, le Fr. V. de P. Bailly, novice, fut autorisé par le P. d'Alzon à se rendre à Paris, et chargé de trouver un local pour les religieux de Clichy. Il informe le P. d'Alzon que c'est chose faite, en décembre 1860. Le P. d'Alzon apprécie son savoir-faire, en maintenant les exigences de la vie religieuse.
1° Nîmes, le 13 septembre 1860. - Orig.ms. ACR, AG 10; T.D. 27, p. 6-7.
Merci, mon cher ami, de la parfaite exactitude avec laquelle vous voulez bien me renseigner. [...] Prions la Sainte Vierge de nous venir en aide, pour nous faire agir comme il convient à des gens qui ne veulent que le règne de son Fils. [...] J'ai une foule d'idées, mais il faudrait être sur les lieux, et pour le quart d'heure c'est impossible. Dites au P. Picard combien je suis triste de le voir ainsi souffrant. En achetant ces terrains, pensons toujours que la grande maison est là-haut. [...] Quand vous verrez M. votre père, dites-lui que je pense bien à lui pour qu'il ait toute patience dans son mal.
2° Nîmes, le 17 décembre 1860. - Orig.ms. ACR, AG 11; T.D. 27, p. 7-8.
Pour bâtir, il faut de l'argent et, d'une part, je n'ai pas un sou, de l'autre, je ne veux pas emprunter, exception Crédit foncier; il faut donc attendre que quelque bout de Clichy soit vendu. Pour tout au monde, je ne veux pas du riche en fait de constructions, je veux du pauvre et du très pauvre, pourvu que ce soit propre. Par ce côté, je suis 56 fois de l'avis de M. Baudon, et même je ne vois pas pourquoi nous n'irions pas jusqu'à la soixantaine(4).
b)
Extraits des Actes du 6ème Chapitre général de 1868. - Procès-verbaux originaux ACR, C 31, p. 95-97.
Quelques années après sa fondation, la communauté de la rue François 1er, au nom même de son activité apostolique, obtenait du chapitre général de 1868 que les maisons de résidence soient "regardées dans la Congrégation comme extrêmement utiles au salut des âmes, aux progrès de l'Institut, au bien social lui-même."
Par le ministère des âmes, cette maison fournit aux religieux que l'on y envoie un précieux élément d'expérience et de sanctification; elle attire des vocations qui ne viendraient pas si l'Institut n'avait que des collèges ou que des maisons d'enseignement; et parce que Paris centralise, avec toutes les affaires, la plupart des hommes influents et les grandes oeuvres, elle y est très bien placée pour accomplir les démarches nécessaires aux intérêts de l'Institut. Enfin, quoique les religieux, qui composent la résidence de Paris, soient en petit nombre, il n'est pas sans intérêt de connaître la liste des oeuvres qu'ils ont fondées, ou dont ils font partie comme membres, ou qu'ils soutiennent au moins de leurs encouragements : fondation des Gardes-malades pour les pauvres exclusivement; soins spirituels donnés aux soldats convalescents dans l'hospice militaire du Gros-Caillou; oeuvre de Saint Vincent de Paul; oeuvre de Saint François de Sales; oeuvre du Denier de Saint Pierre; oeuvre de l'agrégation pour les bons livres; oeuvre de la Bibliographie; oeuvre de l'Observation du dimanche; oeuvre des Patronages; oeuvre de la liberté à obtenir pour l'enseignement supérieur. - Bien que la plupart de ces oeuvres soient laïques, les Pères de la maison de Paris ont pu constater plus d'une fois la salutaire influence dont peut y jouir un religieux de l'Assomption, avec les idées qu'il apporte et qu'il doit, d'une part, aux inspirations de son quatrième voeu, et d'autre part, aux principes caractéristiques de son éducation.
4
Extraits de lettres du P. d'Alzon relatives à la préparation des Chapitres généraux de 1862 et de 1868
Le P. d'Alzon avait conscience de l'importance des assemblées capitulaires. Sa correspondance révèle ses intentions à conduire la préparation des travaux dans un climat de prière et de réflexion, en étroite collaboration avec ses religieux, afin que le Chapitre général soit un moment de plus grande unité pour le bien.
a)
De la lettre à Mère M. Eugénie, Nîmes, le 21 février 1862. - Orig.ms. ACR, AD 152; T.D. 23, p. 48.
Le Chapitre se tiendra au mois de septembre, mais je tiens à ce que le P. Picard puisse passer quelque temps avec nous. [...] Il y a tant de choses à décider pendant ce Chapitre, que je regretterais que nous ne l'eussions pas préparé par toutes les conversations et études particulières ou communes convenables. [...] Ma profonde conviction est que cette réunion est la réunion la plus importante de beaucoup qui se soit jamais tenue pour notre petite Congrégation.
b)
De la lettre au P. Picard, Nîmes, le 25 juin 1862. - Orig.ms. ACR, AE 134; T.D. 25, p. 110.
J'ai la première Communion demain. Je ne puis vous dire qu'un mot, c'est pour vous faire observer que j'ai encore, il y a deux mois, prévenu la supérieure de mon vif et très positif désir de vous voir tous ici vers le 1er août, en la priant de prendre ses arrangements en conséquence. Je vous ai dit plusieurs fois que notre réunion de cette année me semblait capitale pour la Congrégation. [...]. Je renonce à aller me reposer, le P. Hippolyte et le P. Pernet aussi, pour pouvoir nous trouver ensemble.
c)
De la lettre à Mère M. Eugénie, Le Vigan, le 12 août 1867. - Orig. ms. ACR, AD 1446; T.D. 23, p. 268.
Ici, nous sommes censés en retraite, je ne reçois personne, mais je pense que je puis causer avec les miens. Aujourd'hui encore, nous avons eu une conversation de plusieurs heures, cela fait réellement du bien. Nous préparons tout doucement les matières de notre Chapitre général, et puis nous nous pénétrons de plus en plus d'une grande unité.
d)
De la lettre au P. Picard, Bagnères-de-Bigorre, le 14 août 1868. -Orig.ms. ACR, AE 282; T.D. 25, p. 228.
J'ai préparé le programme des questions à traiter, le voici : Vous pouvez préparer une foule d'autres questions, mais celles-là sont les plus importantes, il me semble. Il faudra examiner aussi ce que chaque maison doit demander au Chapitre; enfin, creusez, étudiez.
e)
De la lettre à Mère Correnson, Bagnères-de-Bigorre, 14 août 1868. -Orig.ms. ACOA; T.D. 29, p. 153.
Depuis ce matin, je cherche à entrer dans une vie nouvelle que je voudrais développer surtout d'ici aux premiers jours d'octobre. J'aurai, de l'Assomption à la fête de saint Augustin, un temps de retraite que je compte employer de mon mieux pour entrer un peu dans la vie intérieure(5). [...] Puis, j'aurai la profession des Oblates, puis la retraite des Dames de l'Assomption, puis la retraite pastorale. Tout cela va m'occuper, pas trop mais assez et je voudrais sortir de ces derniers travaux, tous sanctifiants si je le veux, plus saint, plus apôtre, plus embrasé de l'amour de Notre-Seigneur.
5
Etablissement du noviciat au Vigan (1864-1868).
Par un rescrit daté du 11 décembre 1857, le P. d'Alzon avait obtenu l'approbation des normes à suivre pour la formation de ses novices : deux ans de noviciat ferme avant l'émission des voeux, pour les religieux de choeur et trois ans pour les religieux convers. Sa grande préoccupation fut dès lors d'en réaliser les conditions indispensables rappelées par le 5ème chapitre général de 1862.
a)
Extraits de deux lettres du P. d'Alzon au P. Picard, les 13 et 26 juin 1864
La grande préoccupation du P. d'Alzon est le noviciat de ses religieux; aussi demande-t-il aux religieux profès d'y collaborer, quelle que soit la pénurie des communautés de Paris ou de Nîmes, sur le plan du personnel et sur le plan matériel.
1° Nîmes, le 13 juin 1864.- Orig.ms. ACR, AE 178; T.D. 25, p. 142.
Ma grande préoccupation est le noviciat. Chez les Dominicains, toutes les maisons donnent le cinquième de leurs revenus pour le faire vivre; la maison de Paris me retient chaque année non seulement ce cinquième, mais l'intérêt de ce que je lui ai prêté. [...] C'est ce qui ne peut être accepté. Mettez-vous bien dans l'esprit que ce qui est le plus important pour la Congrégation, tant que vous ne me donnerez pas deux ou trois vocations par an, c'est d'avoir toutes nos ressources pécuniaires à la disposition du noviciat. [...] II faut un socius au P. Hippolyte; le P. Pernet est celui qu'il désire, je dois le lui donner. L'idée n'est pas de moi, mais je l'ai accueillie avec bonheur.
2° Nîmes, le 26 juin 1864. - Orig.ms. ACR, AE 180; T.D. 25, p. 144.
Mon cher ami, j'ai communiqué une partie de votre lettre au P. Hippolyte; il consent à ce que le P. Pernet reste où il est. Il n'en sera donc plus question. Je voulais remplacer le P. Pernet par le P. Raphaël, le P. Vincent de Paul pousse des cris d'aigle; d'où il résulte que je vais prendre une partie du fardeau du noviciat pour que le P. Hippolyte ne périsse pas sous le poids. Cela m'empêchera, à la vérité, de faire d'autres courses, mais enfin je me concentrerai un peu plus sur l'oeuvre. Seulement, j'aurai le regret de vous voir un peu moins, car il me sera impossible d'être à la fois à Paris et au Vigan. [...] Ce n'est pas ma faute si, après avoir espéré placer le noviciat au patronage, il a fallu aller ailleurs pour entrer dans ce que je croyais la pensée du chapitre général(6).
b)
Extraits d'une circulaire du P. d'Alzon à ses religieux, 8 octobre 1868. - Orig.ms. ACR, CP 66; Circulaires aux religieux de l'Assomption, p. 68-70, Paris, 1912 (= T.D. 14).
Sur la demande du 6ème chapitre général de 1868, le P. d'Alzon se propose de présenter sous forme de lettres adressées au noviciat un traité de vie spirituelle et apostolique, pour servir à la formation des novices. La circulaire d'introduction donne ses intentions :
Le Chapitre général que nous venons de tenir m'a invité à adresser au noviciat une série d'instructions où je résumerais, autant qu'il dépendrait de moi, l'esprit de notre Congrégation; c'est ce que je vais m'efforcer de faire, en vous traçant successivement les diverses idées sur lesquelles repose notre oeuvre. Déjà dans le Directoire, j'avais posé quelques jalons, mais peut-être sera-t-il opportun de développer ce qui y est dit. D'autre part, à mesure que les mêmes pensées sont présentées à différents points de vue, elles peuvent pénétrer les esprits qui ne les ont pas toujours saisies au premier abord. Il me paraît donc très utile de vous offrir une suite de considérations dont le résultat, je l'espère, sera de vous donner plus clairement la vraie notion de vos devoirs de religieux Augustins de l'Assomption. J'ai adopté la forme de lettre, parce que je puis me mettre ainsi plus en rapport direct avec vous.
Je poserai d'abord les principes sur lesquels repose notre esprit; j'indiquerai ensuite quelques pratiques utiles pour l'acquérir, puis je traiterai des vertus plus particulièrement nécessaires; enfin j'examinerai l'action que nous devons exercer au dehors et les moyens par lesquels nous devons l'exercer.
Je place ce travail sous la protection de Notre-Seigneur, de la Très Sainte Vierge, de saint Augustin et de tous nos Patrons, afin que mes paroles vous instruisent, vous édifient et vous enflamment du désir de procurer la gloire de Dieu, en même temps que vous travaillerez avec plus d'ardeur à votre sanctification personnelle(7).
6
Décret d 'approbation de la Congrégation, 26 novembre 1864
A son retour d'Orient, en vue d'une approbation de sa Congrégation et des Constitutions, le P. d'Alzon avait présenté, le 26 avril 1863, un libelle accompagné de lettres de créance épiscopales. Le décret d'approbation de la Congrégation lui fut transmis le 26 novembre 1864, par l'intermédiaire de l'évêque de Nîmes, accompagné d'Animadversiones sur le texte des Constitutions présentées à l'essai. Nous citons les pièces essentielles.
a)
Supplex libellus. - Minute ACR, KO 23.
Très Saint Père,
Les religieux dits Augustins de l'Assomption, prosternés aux pieds de Votre Sainteté, font humblement observer que leur petite famille subsiste depuis environ dix-huit ans; que le 1er mai 1857, Votre Béatitude, d'après les Lettres testimoniales d'un certain nombre d'évêques plus particulièrement connus par leur attachement au Saint-Siège, leur accorda un Décret d'éloges; qu'à partir de cette époque d'autres Décrets ont fixé certaines règles de leur Noviciat, leurs Chapitres généraux , etc.
Depuis lors, ils ont établi une maison d'études à Rome; ils ont, sur la demande de l'évêque de Brisbane, accepté en Australie une mission qui compte quatre religieux. Sur votre invitation paternelle, ils se sont occupés de la conversion des Bulgares. Un des leurs va ouvrir une école à Philippopoli, où Mgr Canova lui a promis un local, et le Vicaire général du Délégat apostolique à Constantinople est autorisé par leur Supérieur à acheter un terrain pour la fondation d'un Séminaire, objet des désirs de Mgr Brunoni.
Dans cet état de choses, et après un Chapitre général tenu conformément à l'un de Vos Décrets, ils viennent conjurer Votre Sainteté de vouloir bien donner à leur Institut une approbation définitive, et à leurs Constitutions, qu'ils viennent de reviser, l'approbation permodum experimenti ad sexennium.
En formulant cette humble supplique, ils demandent très instamment à Votre Sainteté la Bénédiction apostolique.
Rome, 26 avril 1863.
b)
Rescriptum Episcopo Nemausen. transmissum. - ACR, KO 24.
N° 3090/6
Perillustris ac Rme Dne uti Frater. Ad preces Moderatoris Generalis piae Societatis Presbyterorum sub titulo Beatae Mariae Virginis ad Coelos Assumptae, SSmus Dominus Noster Pius Papa IX in Audientia habita a Dno Pro-Secrio hujus Sacrae Congregationis Episcoporum et Regularium sub die 23 septembris nuper elapsi, attentis Litteris commendatitiis alias ab Amplitudine Tua datis, aliorumque Antistitum Locorum in quibus praedicta pia Societas reperitur, eamdem approbavit et confirmavit, prout patet ex authentico Decreti exemplari, quod hic adnexum reperiet Amplitudo Tua. Voluit autem Sanctitas Sua, ut constitutionum approbatio ad opportunius tempus differatur; et intérim communicentur quaedam animadversiones, juxta quas praedictas Constitutiones corrigi curabit Amplitudo Tua, cui prospera omnia ac fausta adprecor a Domino.
Romae, 26 novembris 1864.
Addictissimus uti Frater.
A. card. QUAGLIA, praef.
Stanislaus Svegliati, prosecret.
Perillustri ac Rmo Dno uti Fratri
Episcopo Nemausen.
c)
Decretum. - ACR, KO 25.
Pia Presbyterorum Societas ab Assumptione Beatae Mariae Virginis ad coelos nuncupata ortum habuit viginti circiter abhinc annis in Dioecesi Nemausensi in Galliis. Socii consueta simplicia vota paupertatis, obedientiae et castitatis emittunt, ac directioni Superioris Generalis subsunt. Praeter propriam aliorumque sanctificationem ad id praecipue intendunt, ut catholicae Religionis rudimenta, civilemque educationem juventuti tradant, divinique verbi pabulo populos enutriant. Memorata pia Congregatio sub die 1a maii anni 1857 Laudis Decreto ab Apostolica sede decorata fuit, ob praefatum sibi constitutum finem, ad quem assequendum socii toto studio, enixisque viribus jam incumbebant. Ast ejus Moderatori Generali, qui simul Fundator est, multum sibi, suaeque piae Societati deesse visum est, nisi haec, simulque Constitutiones ejus Apostolica approbatione donentur; utque voti sui compos fieret, nuperrime ad Sanctissimum Dominum Notrum Pium Papam IX supplicem libellum dedit. Sanctitas sua in audientia habita ab infrascripto Domino Prosecretario Sacrae Congregationis Episcoporum et Regularium sub die 23 septembris 1864, attentis litteris commendatitiis jam exhibitis ab Ordinariis Locorum, in quibus piae Societatis domus reperiuntur, praefatum Institutum, ut Congregationem votorum simplicium sub regimine Moderatoris Generalis, salva Ordinariorum jurisdictione, ad praescriptum Sacrorum Canonum, et Apostolicarum Constitutionum approbavit atque confirmavit; prout praesentis Decreti tenore approbat atque confirmat : dilata ad opportunius tempus Constitutionum approbatione.
Datum Romae ex Secretaria ejusdem Sacrae Congregationis Episcoporum et Regularium, hac die 26 novembris 1864.
A. card. QUAGLIA, praef.
L.S. ----------------------------------------------------------------------Stanislaus Svegliati, prosecret.
d)
Animadversiones in Constitutiones congregationis presbyterorum Beatae Mariae Virginis ad coelos Assumptae dioecesis Nemausen. in Galliis. - ACR, KO 26.
1° Quum pia Congregatio inter cetera sibi proposuerit assumere directionem Alumnorum in Seminariis degentium, statuendum erit in Constitutionibus, ut in casu quo, adaucto sociorum numero, ab Ordinariis Locorum ipsis praedicta directio concredatur, recurrendum sit ad sanctam Sedem pro indulto eam assumendi.
2° Haud approbari potest declaratio in Constitutionibus contenta, professionem fore nullam, si Socius non manifestaverit aliquod ex impedimentis, quae obsistere poterant ipsius receptioni; et substituatur declaratio, praedictam reticentiam justam esse causam, ut ab Apostolica Sede dispensatio super votis emissis obtineatur.
3° Ad hoc ut Tyrones priusquam integrum expleverint Novitiatum, instante mortis periculo, professionem emittere valeant, necessarium erit speciale Indultum Sanctae Sedis, pro quo recurrendum erit ad hanc Sacram Congnem Episcoporum et Regularium.
4° Expressa mentio fiat de Testimonialibus Litteris Ordinariorum, pro admissione ad Institutum, juxta Decretum Romani Pontifices diei 25 januarii 1848.
5° Approbandum non est, ideoque delendum in Constitutionibus quartum votum extendendi Christi Regnum per opera juxta Instituti finem exercenda.
6° Priusquam ad expulsionem Sociorum, gravibus intervenientibus causis, deveniatur, recurrendum erit ad Sanctam Sedem pro dispensatione votorum.
7° Expediens non est, ut pium Institutum votorum simplicium habeat tertium Ordinem sibi annexum; ideoque expungantur a Constitutionibus ea omnia, quae ad dictum tertium Ordinem referuntur.
8o Reservandum erit Beneplacitum Apostolicum pro alienationibus et debitis contrahendis, ad formam Sacrorum Canonum, et Apostolicarum Constitutionum.
7
Extraits des Actes du Chapitre général de 1868. - Procès-verbaux originaux ACR, C 31, p. 70-72.
Le 5ème Chapitre général de 1862 s'était préoccupé principalement de la révision de la Règle de l'Assomption en vue de l'approbation de l'Institut et de ses Constitutions. - Fort de l'approbation de l'Institut, obtenue en 1864, le 6ème Chapitre général de 1868 se propose d'étudier en premier lieu "le caractère distinctif de la Congrégation".-Le P. d'Alzon soumet à l'examen du Chapitre les considérations suivantes :
a)
Nature et caractère des voeux de religion.-(p. 70-71).
Pour assurer aux siens un engagement religieux plus explicite, le P. d'Alzon présente les avantages que procurerait l'émission de voeux solennels.
Par les voeux solennels, une Congrégation se tient beaucoup plus voisine du Saint-Siège, centre et soutien de l'unité catholique et peut être ainsi plus utile à la cause de cette unité; en second lieu, les voeux solennels fournissent aux religieux profès des éléments éminemment actifs de ferveur et de perfection, par cela même qu'ils décuplent la force de gouvernement dans la Congrégation, éloignent à une distance inaccessible la dangereuse séduction des richesses, opposent des obstacles vraiment sérieux à l'instabilité et au manque de persévérance des sujets, par les conséquences extérieures fort graves qui découlent de leur dispense même canonique. En présence de ces incontestables avantages, le T.R.P. d'Alzon demande comme une question de fond du Chapitre, s'il ne serait pas préférable de tendre dans l'Institut vers les voeux solennels. Les membres capitulaires consultés sur ce point se décident tous pour l'affirmative(8).
b)
Part à prendre au mouvement social et aux événements politiques.-(p. 75-77).
Le P. d'Alzon pense qu'une Congrégation apostolique ne peut être indifférente au mouvement social et politique, mais doit servir avant tout la mission de l'Eglise et s'éclairer en ce domaine de ses enseignements.
On prend part au mouvement social ou comme "Initiateur" à un nouvel ordre de choses, ou comme "Défenseur" d'un présent que l'on aime d'un amour exclusif, ou comme "Adorateur" non moins partial de je ne sais quel avenir merveilleux qu'on se plaît à espérer et à prédire. [...] Dans ces diverses participations au mouvement social, il y a, si on les considère chacune à part, des abus faciles, des impossibilités insurmontables, des dangers intéressant la conscience et des illusions perfides. Mais il y a des côtés heureux par où il serait aisé de les concilier ensemble, au grand avantage de la vérité catholique à laquelle, avant tout, doit s'attacher un Ordre religieux, parce qu'elle seule est également à l'abri de toute imperfection et de toute caducité. [...] N'y a-t-il pas moyen, en profitant sans parti-pris de ce qu'il y a, par un certain côté, de bon et de généreux dans la transformation sociale à laquelle assiste le XIXe siècle, d'en tirer les éléments favorables au triomphe de l'Eglise dont les Religieux de l'Assomption doivent être les soldats dévoués. [...]
Toutes ces idées développées par le P. d'Alzon et agréées par le Chapitre donnent lieu aux résolutions suivantes :
Les Religieux de l'Assomption cherchent de tout leur pouvoir à ressusciter l'esprit catholique. Pour cela, ils se pénétreront d'abord eux-mêmes, non seulement de la doctrine définie et comme extérieure, mais encore de la pensée intime de l'Eglise dans son Chef infaillible. Ensuite, sans trop de regrets pour quelques ruines du passé, sans trop de mépris pour quelques faits du présent, sans trop d'enthousiasme pour un avenir qui se prépare mais qui sera peut-être une source de cruelles déceptions, ils se tiendront au-dessus des agitations sociales, afin de mieux démêler les profits ou les pertes qui pourront en résulter pour l'Eglise, de se tracer ainsi leur ligne de conduite qui doit toujours se proposer la plus grande gloire de cette Eglise, colonne de l'absolue et parfaite vérité en ce monde. Ils s'éclaireront exclusivement, dans l'exercice de leur action sociale, à la même lumière des décisions si nombreuses de l'Eglise concernant ses rapports avec les sociétés civiles.
c)
Visée et appuis de la vie religieuse propre à l'Assomption. - Orig. impr. ACR, ID 16; Circulaires aux religieux de l'Assomption, p. 26-27, Paris, 1912 (= T.D. 14).
Résumant et complétant les travaux du Chapitre, le P. d'Alzon prononce, lors de sa clôture, un discours important dans lequel il revient sur le caractère distinctif de l'Assomption, en rappelant sa visée apostolique et ses appuis spirituels.
Notre vie spirituelle, notre substance religieuse, notre raison d'être comme Augustins de l'Assomption se trouvent dans notre devise : Adveniat regnum tuum. L'avènement du règne de Dieu dans nos âmes par la pratique des vertus chrétiennes et des conseils évangéliques, conformément à notre vocation; l'avènement du règne de Dieu dans le monde, par la lutte contre Satan et la conquête des âmes rachetées par Notre-Seigneur et plongées pourtant dans les ténèbres de l ' erreur et du péché. Quoi de plus simple ! quoi de plus vulgaire, si j'ose dire ainsi, que cette forme de l'amour de Dieu ! Si, à cet amour principal, vous ajoutez l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ, l'amour de la Sainte Vierge sa mère et de l'Eglise son épouse, vous connaîtrez sous son expression la plus abrégée l'esprit de l'Assomption.
_____________________________________________
1. Pages d'Archives, décembre 1967, P. D.STIERNON : A travers l'histoire des résidences assomptionistes à Rome, p. 598-602.
2. Les Archives de l'Assomption possèdent un volumineux dossier sur cette mission d'Australie : quelque 260 lettres écrites par les religieux, soit au P. d'Alzon, soit à leurs confrères, le journal du P. Brun et le registre de sa correspondance. La présentation détaillée des faits nous est donnée par le P. Vailhé dans sa Vie du P. d'Alzon II, p. 644-661. A cette documentation, il faut ajouter la demande de rapatriement du P. Cusse adressée au gouvernement français (Arch. nat. E 19, 5835). - Le Chapitre général de 1862 approuva à l'unanimité l'attitude du P. d'Alzon vis-à-vis du P. Cusse, comme vis-à-vis de l'évêque (ACR, ID 8).
3. Non seulement les Archives de l'Assomption possèdent toutes les pièces relatives à ce dossier, mais l'étude en a été faite et publiée en 1966, à Rome et en vue des Chapitres généraux demandés par le Concile Vatican II, sous le titre : P. Emmanuel D'ALZON - Premières Constitutions des Augustins de l'Assomption, 1855-1865, édition présentée et annotée par les PP. A.Sage et P.Touveneraud.
4. Le Fr. V. de P. Bailly avait rapporté au P. d'Alzon, le 9 décembre 1860, les propos de M. Baudon, président des Conférences de Saint Vincent de Paul, sur les préventions très grandes qu'il y avait dans les milieux bourgeois et le petit peuple contre les communautés et leurs richesses : "Tout ce qu'elles font de beau et de monumental est un objet de scandale pour bien des esprits. [...] Il en résultera une crise pour elles."
5. Le P. d'Alzon, en cure de santé à Bagnères de Bigorre, non loin de Lourdes, voulut s'y rendre en pèlerinage, au départ de sa retraite, pour y célébrer l'Assomption
6. Pour entrer dans la compréhension de ces textes, rappelons que le noviciat a été établi au Vigan avec pour maître des novices, le P. Hippolye Saugrain. Le supérieur du collège de Nîmes est le P. Vincent de Paul Bailly ; le supérieur de la communauté de Paris est le P. Picard, l'un et l'autre soucieux de garder leurs collaborateurs, soit le P. Pernet à Paris, soit le P. Raphaël Jourdan à Nîmes. Plutôt que de donner un ordre formel, le P. d'Alzon accepte de partager la charge du noviciat, car il sait aussi les nécessités de ses communautés.
Le P. d'alzon a écrit quatre "Lettres au noviciat" (Circulaires aux religieux de l'Assomption, p. 12-23 et T.D. 41, p. 73-82). Le chapitre général de 1868 avait exprimé le voeu suivant : "Le T.R.P. d'Alzon écrira au maître des novices une lettre dans laquelle il exprimera les principes de la congrégation et les méthodes à suivre pour enseigner aux novices la pratique de l'oraison." - Les trois premières lettres peuvent se grouper sous le titre de "lettres sur l'avènement du royaume de Dieu" en nous, autour de nous et dans le moment présent de l'Eglise et du monde. Avec la quatrième, traitant de l'amour envers Notre-Seigneur, il abordait la seconde partie du vœu formulé dans le chapitre général. Laissée inachevée, cette œuvre sera reprise sous d'autres formes par la suite : circulaires et volumes de méditation.
8. Le Chapitre pense obtenir les voeux solennels en poursuivant la discussion avec les Augustins, mais à la Condition qu'on ne parle que d'une "pure et simple affiliation spirituelle".