CHAPITRE XVI
LE P. D'ALZON MEMBRE DU CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
(1850 - 1852)
Vicaire général de son évêque, directeur d'un collège à Nîmes, fondateur de la Congrégation de l'Assomption, le P. d'Alzon devient, en 1850, membre du Conseil supérieur de l'Instruction publique. A 40 ans, le Père est désormais connu. Que représente le poste où il accède ? Quel rôle y fût le sien ? Et comment fut-il conduit à n'y plus siéger ? Voilà l'objet de ce chapitre.
1. Le Conseil supérieur de l'Instruction publique.
Depuis des années, en France, les catholiques réclamaient pour l'Eglise la liberté de l'enseignement, face au monopole universitaire établi par Napoléon. La loi Guizot leur avait donné satisfaction pour le primaire, sous la monarchie de juillet. Après la Révolution de 1848, libéraux et démocrates rejoignent le voeu des catholiques et sont favorables à la liberté de l'enseignement(1). En décembre 1848, le comte de Falloux, dévoué à la cause de l'Eglise et négociateur habile, accède, grâce à Montalembert, au ministère de l'Instruction publique et se donne pour objectif de mettre en application pour l'enseignement secondaire l'article de la Constitution de 1849, accordant la liberté de l'enseignement "sous la garantie des lois et la surveillance de l'Etat". Son action aboutit au vote du 15 mars 1850 de ce que l'on appelle la loi Falloux. Cette loi met au point la liberté de l'enseignement primaire, fait sa place à la liberté de l'enseignement secondaire, et ne dit mot de la liberté de l'enseignement supérieur. Entre les aspirations des catholiques à la liberté totale de l'enseignement, et les prétentions de l'Université au monopole, la nouvelle loi tente une conciliation, en partie favorisée par la peur des Journées de juin 1848. Loi de transactions, elle trouve l'opinion divisée au point que le Pape Pie IX dut intervenir auprès de l'épiscopat, le 4 mai 1850, pour la faire accepter et l'utiliser au mieux des intérêts de l'Eglise.
Le titre 1er de cette loi parle des autorités préposées à l'enseignement et du Conseil supérieur de l'Instruction publique. Ce Conseil est présidé par le ministre et comporte comme membres 4 évêques, 1 pasteur, 1 rabbin, 3 Conseillers d'Etat, 3 membres de la Cour de Cassation, 3 membres de l'Institut, 8 universitaires et 3 membres de l'enseignement libre nommés par le Président de la République, sur la proposition du ministre(2). Le Conseil doit veiller à l'application de la loi, répondre aux appels qui lui sont adressés et dirimer les conflits. Il tient 4 sessions par an et travaille par Commissions dont tel ou tel de ses membres est rapporteur.
2. La nomination du P. d'Alzon au Conseil supérieur.
Même si le P. d'Alzon a fait campagne en faveur de la liberté de l'enseignement, et s'il eût préféré la liberté totale (Ch. X B), il n'eut aucune part dans la préparation et le vote de la loi Falloux. Son nom n'est même pas mêlé aux controverses qui en accompagnèrent et en suivirent la discussion. Il en est de même pour sa nomination au Conseil supérieur. Elle s'est faite grâce à l'intervention de Montalembert et, peut-on ajouter, à peu près contre sa volonté. De fait, alors qu'il était à Paris, il reçoit de Montalembert, le 15 juillet 1850, une invitation à rencontrer le ministre de l'Instruction publique : "Ah ! s'il pouvait vous prendre comme membre du Conseil supérieur, comme je le lui ai tant demandé(3) !" Au reçu de cette lettre, le P. d'Alzon écrit à Germer-Durand qu'il n'a pas l'intention d' "aller se fourrer dans cette galère", et Germer-Durand lui conseille de ne pas accepter (v. infra 1 a, b). Cependant, Montalembert poursuit ses démarches auprès du ministre, alors que le P. d'Alzon a proposé à sa place Germer-Durand lui-même. Sur les instances de Montalembert auprès du ministre, Germer-Durand est écarté au profit du P. d'Alzon à qui le ministre envoie une lettre et dont il sollicite une réponse immédiate par télégraphe. Le P. d'Alzon répond négativement (v. infra 3 a). Le 30 juillet, la nomination du P. d'Alzon est faite; Montalembert l'en informe et le supplie de ne pas refuser, ainsi que le préfet du Gard et M. Bonnetty (v. infra 2). Le refus du P. d'Alzon n'est pas arrivé à temps et son nom se trouve au Moniteur officiel. Dès lors, il ne peut refuser sans manquer de déférence envers les plus hautes autorités de l'Etat (v. infra 3 b, c).
La lecture de ces pièces, que nous avons rassemblées, nous permet de comprendre les hésitations du P. d'Alzon, d'autant plus justifiées que Montalembert mettait en place un "Comité pour la défense de la liberté d'enseignement" dont le P. d'Alzon a lieu de suspecter son respect envers la hiérarchie (v. infra 3a). On y voit aussi que le ministre, plus ou moins bien informé sur le P. d'Alzon et son activité, ne lui était guère favorable et que, s'il a été nommé, il le doit au prince-président qui voulait avoir une notoriété prise dans le Midi de la France.
3. Rôle du P. d'Alzon au Conseil supérieur.
Deux sources d'archives nous permettent de définir l'activité du P. d'Alzon au sein du Conseil supérieur; d'une part, le registre de l'assemblée générale du Conseil supérieur de l'Instruction publique, aux Archives nationales de France(4), et d'autre part, aux archives de l'Assomption, le portefeuille des pièces relatives à son activité au sein du Conseil supérieur. Ces deux sources d'informations se complètent mutuellement. En entrant dans le détail des sessions, nous sommes assurés des données suivantes :
1) Le P. d'Alzon, qui vient de rentrer de Paris et qui se trouve à Nîmes, est dispensé par le ministre d'assister à la première réunion du Conseil, convoqué pour le 13 août 1850 (v. infra 3c).
2) Lors de la seconde session, il est désigné, le 14 novembre, comme membre de la commission chargée des demandes de dispense de stage pour en être le rapporteur à la session suivante. De fait, il a rendu des services dans ce domaine (v. infra 4e).
3) A la session de février-mars 1851, sa participation joue en plusieurs domaines importants. Alerté par un prêtre de Nîmes, il pose la question de savoir si les Fabriques peuvent avoir le droit de présenter des instituteurs dans les communes où la majorité est protestante et où les catholiques ne sont pas représentés au Conseil municipal (v. infra 4a). Le 10 mars, la question est ainsi tranchée : "Si, dans les communes à majorité protestante, le choix des instituteurs ne convient pas aux catholiques, le Conseil académique et le ministre de l'Instruction publique aviseront."
Lorsque le Conseil se propose de rédiger le règlement prévu par l'article 70 de la loi et concernant les droits d'inspection de l'Etat dans les établissements libres, y compris les petits séminaires, le P. d'Alzon, pour mieux asseoir son intervention, s'informe auprès des premiers intéressés, les évêques, et rédige des notes sur la question (v. infra 4 d). De fait, le règlement prévu ne fut pas élaboré.
Enfin, chargé par le Conseil de préparer le rapport annuel sur l'état de l'enseignement libre, le P. d'Alzon sollicite, par Mgr Cart, l'avis de l'épiscopat pour le rédiger au mieux (v. infra 4b), recueille des enseignants toutes les informations nécessaires (v. infra 4 c) et fournit à Mgr Dupanloup les renseignements sur son collège de Nîmes (v. infra 4 f).
4) A la session de juin 1851, le P. d'Alzon intervient dans la discussion sur la réforme des études et du baccalauréat et il tient au courant ses professeurs de Nîmes(5). Mais comme le Conseil supérieur a soulevé la question d'un règlement autorisant l'Etat à licencier les professeurs dont les doctrines lui paraîtraient nuisibles à la société, le P. d'Alzon, voyant là un danger pour la liberté du Magistère, demande au cardinal Fornari la conduite à tenir pour sauvegarder les droits de l'Eglise (v. infra 4 g).
5) Il n'ira pas à la session d'août pour raison de santé; le 1er août, il se dit "écrasé de fatigues, de peines et d'ennuis", et le 22, il doit s'aliter pour "une bronchite compliquée de douleurs d'entrailles"(6).
6) Le P. d'Alzon s'est rendu à Paris pour la dernière session de 1851. Mais, le 2 décembre, c'est le coup d'Etat du futur Napoléon III : "Le Conseil va être très probablement ajourné, écrit-il le 5 décembre"(7). De fait, l'ajournement eut lieu.
7) Au cours de la session de février-mars 1852, alors qu'il prêche le Carême à Saint-Thomas d'Aquin, le P. d'Alzon suit les séances du Conseil, menacé lui-même dans sa liberté par le décret présidentiel du 9 mars : le Prince-Président se réserve de nommer et de révoquer les membres du Conseil, tout comme il s'accorde un pouvoir discrétionnaire sur l'Université. Le P. d'Alzon se propose de lui demander une audience, sans doute pour savoir ce qu'il en sera de la liberté de l'enseignement (v. infra 4 h).
8) A la session de juin, il n'est pas présent et peut s'autoriser de l'avis de Mgr Parisis pour se dispenser des autres sessions de 1852 (v. infra 4 i). Sans doute pense-t-il que l'efficacité et l'indépendance du Conseil ont fait leur temps.
4. Le P. d'Alzon n'est plus sur la liste des membres du Conseil.
Répondant à une lettre de M. Bailly qui constate le fait au début de l'année 1853, le P. d'Alzon se dit ravi de n'être plus attaché à la "machine universitaire" (v. infra 5). Il n'avance pas d'explication; mais en 1871, il écrira : "J'ai été rayé pour n'avoir pas voulu venir saluer, à Nîmes, le Président de la République sur le point de devenir empereur(8)." C'est une supposition, mais lui aurait-il manqué de respect ?
Pour préparer l'opinion à la restauration de l'Empire, Louis-Napoléon fait un voyage officiel dans le sud de la France et prétexte de la pose de la première pierre de l'église Sainte-Perpétue pour pousser jusqu'à Nîmes où, en 1848, on avait en partie voté contre sa candidature (v. Ch. XV). Pour gagner la ville à ses vues, "on lui a conseillé de rendre aux paroisses la liberté des processions et de remettre la légion d'honneur à un laïc, le poète Reboul, et à un prêtre, le P. d'Alzon(9)." Louis-Napoléon arrive à Nîmes le 30 septembre, à 2 heures, est accueilli par Mgr Cart et repart le lendemain à 10 heures.
Engagé depuis le mois de juillet pour une retraite qu'il doit donner à Paris, le P. d'Alzon s'y trouve depuis le 5 septembre et ne reviendra à Nîmes que le 6 octobre. Il n'a pas quitté Nîmes pour éviter Louis-Napoléon; il n'a pas cru nécessaire non plus d'interrompre son travail pour revenir, sachant que son évêque était là et ignorant la faveur qu'on lui réservait. Est-ce pour atténuer la sanction (?) prise contre le P. d'Alzon au début de janvier 1853, que la légion d'honneur fut offerte à Mgr Cart ? Toujours est-il que l'évêque jugea bon de la refuser pour ne pas s'associer à ce qui pouvait être la condamnation de son Grand Vicaire(10).
Même s'il avait accepté avec réticence sa nomination, on ne peut pas dire que le P. d'Alzon ait boudé le Conseil : il s'oblige aux déplacements que le rythme des sessions lui impose et il collabore avec ses collègues, mais toujours dans l'esprit de liberté prévu par la loi et favorable aux intérêts de l'Eglise. Quand le manque d'indépendance du Conseil et son impuissance furent avérés, il en revint à sa position première d'obtenir sur le terrain les avantages de la loi et préparer la liberté de l'enseignement supérieur.
1
Echange de lettres entre le P. d'Alzon et Germer-Durand, 15-18 juillet 1850
Le P. d'Alzon ne peut donner suite à la proposition qui lui est faite, sans consulter son principal collaborateur, Germer-Durand, préfet des études au collège de l'Assomption de Nîmes.
a)
Du P. d'Alzon à Germer-Durand, Paris, le 15 juillet 1850. - Orig. ms. ACR, AC 153; V., Lettres, III p. 588.
Le P. d'Alzon n'a guère envie de répondre aux avances qui lui sont faites.
Que pensez-vous des obsessions que l'on me fait pour faire partie du Conseil supérieur d'instruction publique ? Quand je dis qu'on me fait des obsessions, c'est Montalembert, que je n'ai pas encore vu, mais qui m'écrit cela. C'est M. Michel qui en fera partie, à ce qu'il paraît, et qui voudrait bien m'avoir pour collègue; ce sont quelques autres personnes encore(11); et pourtant, je n'éprouve pas le moindre désir de me fourrer dans cette galère, où je prévois bien des ennuis et peu d'avantages. Cependant, ne parlez pas non plus de ceci autour de vous. Je semblerais prendre un air d'importance, que pour tout au monde je ne veux pas me donner.
b)
De Germer-Durand au P. d'Alzon, Nîmes, le 18 juillet 1850. -Orig. ms. ACR, OG 182.
Germer-Durand déconseille fermement au P. d'Alzon d'accepter une telle position, eu égard à ses responsabilités vis-à-vis de l'oeuvre de l'Assomption et aux positions divergentes qui paralyseront ce Conseil.
Quand ma lettre vous arrivera, vous aurez sans doute eu à dire oui ou non. Et pourtant je me sens pressé du besoin de vous dire les raisons qui me font désirer que vous ayez dit non. Ainsi vous endosseriez donc, pour votre part, la responsabilité de cette loi Montalembert(12) que son père a tant de peine à faire vivre, par la raison très simple qu'elle n'est pas née viable : vous feriez partie de ce clergé complaisant qui l'adopte et la patronne, qui essaye d'en faciliter l'application; vous consentiriez à partager, avec je ne sais quel amalgame de voltairiens, d'universitaires, de jansénistes et d'évêques (dont je ne veux rien dire), la responsabilité de toutes les mesures fausses et incomplètes, timides et menteuses, les seules qui puissent sortir des délibérations de ce Conseil impuissant ! Non, vous n'êtes pas fait pour cela. Vous avez autre chose, vous avez mieux à faire. Pas d'engagement. Ce serait diminuer les forces que vous voulez consacrer à votre oeuvre spéciale; ce serait, pour ainsi dire, amoindrir votre position et déconsidérer votre action. Et cela sans aucun fruit, sans aucun résultat, sans regagner d'un côté ce que vous perdriez de l'autre. Que pourriez-vous dans ce pandaemonium ? Rien. Dès lors, à quoi bon y entrer(13) ?
2
Extraits de 2 lettres écrites de Paris, le 31 juillet 1850 au P. d'Alzon, et concernant sa nomination au Conseil supérieur de l'Instruction publique
Le P. d'Alzon a quitté Paris le 23 juillet pour Nîmes et Lavagnac, où il séjourne du 26 juillet au 5 août. Sa nomination s'est faite à Paris en son absence. Il avait proposé la candidature de Germer-Durand qui fut écartée. Ayant été nommé, on le supplie d'accepter.
a)
De la lettre de M. de Parieu, ministre de l'Instruction publique. -Orig. ms. ACR, DH 68; V., Lettres, III p. 661.
Le ministre informe le P. d'Alzon que le président de la République est plus disposé à le nommer que M. Durand.
Conformément à votre recommandation, j'ai présenté M. Durand au choix de M. le président de la République pour le Conseil supérieur de l'Instruction publique. Quelques objections ont été fondées sur la position un peu subordonnée et par suite moins notoire qu'occupe M. Durand; et M. Montalembert, consulté à ce sujet, a émis l'opinion que l'espèce de refus anticipé que vous m'aviez fait, en faveur peut-être de M. Durand, ne devait pas être considéré comme définitif. Il me paraît résulter de cette situation que M. le président de la République, qui hésiterait à nommer M. Durand, paraît au contraire disposé à vous appeler au Conseil supérieur. […]
J’ose vous demander une réponse très prompte. La convocation du Conseil est en suspens par suite du retard apporté à la nomination des membres de l'enseignement libre.
b)
De la lettre de Montalembert. - Orig. ms. ACR, EB 537.
Montalembert informe le P. d'Alzon des résistances qu'il a dû vaincre pour obtenir sa nomination; c'est chose faite. Qu'il ne manque pas la plus belle occasion de servir l'Eglise.
Je vous annonce que vous êtes nommé membre du Conseil supérieur de l'Instruction publique. La chose a été décidée hier soir dans une conférence où le Président m'avait convoqué avec M. de Parieu. Celui-ci a résisté de toutes ses forces, en prétextant : 1° que vous aviez été républicain, et pérorant dans les clubs après février; 2° que vous étiez légitimiste et aristocrate. Il a cru me désarmer en affirmant que vous étiez ennemi des Jésuites et que vous lui aviez dit que les Jésuites avaient été ravis des Ordonnances de juillet 1828, tant ils reconnaissaient que la corruption de leur internat était inguérissable, et que vous vous efforciez de donner à vos élèves une éducation toute différente de la leur et basée sur la franchise (14).
Je ne me suis pas laissé démonter, et j'ai fini par l'emporter. Le Président y avait mis beaucoup de bonne grâce : il vous accepte surtout comme représentant de l'esprit religieux du Midi. Je lui ai affirmé qu'en politique vous étiez, comme moi, sceptique et aussi peu légitimiste que moi.
Quant à votre M. Durand, M. Thiers (15) l'a déclaré trop obscur pour pouvoir être admis. Il vous accepte parfaitement. Je suis donc chargé de vous annoncer que vous êtes nommé. On n'attendra probablement pas votre réponse pour publier votre nomination avec celle de M. Bellaguet et de l'abbé Carl (ou l'abbé Labbé) dans le Moniteur (16). Toutefois, vous ferez bien de m'écrire une lettre ostensible d'acceptation.
N'allez surtout pas vous aviser de refuser. Vous détruirez à jamais le peu de crédit que je puis avoir, et vous manqueriez la plus belle occasion de servir l'Eglise, la justice et la vérité sur le théâtre le plus élevé et le plus digne de vous. Je vous ai traité en ami et en frère d'armes. Je vous mets aux prises avec MM. Thiers et Cousin, comme un soldat dont je suis sûr et dont la bonne cause a le plus grand besoin. Vous direz comme saint Martin : Non recuso laborem.
3
Extraits de 3 lettres concernant l'acceptation définitive du P. d'Alzon, 7-12 août 1850
Avant même d'avoir reçu les lettres qui lui sont adressées de Paris, le P. d'Alzon, consulté par télégraphe le 31 juillet, en plus de la lettre du ministre, a d'abord signifié son refus, également par télégraphe. Cependant, prévoyant que sa nomination pourrait avoir paru au Moniteur officiel, il signifie à Montalembert qu'il ne pourrait refuser s'il en était ainsi, par déférence pour le ministre.
a)
Du P. d'Alzon à Mère M. Eugénie, Nîmes le 7 août. - Orig.ms. ACR, AD 722; - V., Lettres, III p. 594.
A la demande du ministre par télégraphe, le P. d'Alzon a refusé par télégraphe, le 31 juillet. Il ne veut être la proie d'aucun parti et ne se mettre en rien contre l'archevêque de Paris.
En arrivant ici, j'ai trouvé trois lettres de Montalembert, de Chapot et de Bonnetty, m'annonçant que j'étais nommé membre du Conseil supérieur. Heureusement, M. de Parieu m'écrivait pour me demander mon consentement définitif, et je le lui ai refusé par le télégraphe, car le télégraphe a joué pour cela. On était pressé et, après m'avoir écrit, on m'avait encore consulté par télégraphe. Thiers ne veut pas de M. Durand; il le trouve trop obscur. Montalembert m'a écrit la lettre la plus aimable. Je ne suis pas fâché d'avoir refusé, en dehors des motifs que vous connaissez, précisément pour leur montrer que je ne veux pas me laisser mener par toutes leurs combinaisons. Et, de plus, Montalembert, mécontent de mon refus, ne songera probablement pas à me mettre du fameux Comité pour la défense de la liberté d'enseignement, et peut-être sera-ce un bonheur. Car il me paraît bien difficile que ce Comité ne se mette pas en opposition avec l'archevêque de Paris, et il me paraît que, tout en me maintenant indépendant de lui, je ne dois pas me le mettre à dos(17).
b)
De Montalembert au P. d'Alzon, Paris le 9 août. - Orig.ms. ACR, EB 538.
Par cette lettre, nous apprenons que le P. d'Alzon a signifié à Montalembert son refus, à moins que son nom ne soit déjà au Moniteur.
Je ne vous dirai pas la peine et l'humiliation que vous m'avez causées (18). Je m'arme de votre dernière phrase, et je la transmets au ministre. Puisque vous acceptez, dans le cas où vous seriez au Moniteur, je regarde votre acceptation comme définitive. D'ailleurs, aucune de vos raisons pour refuser ne supporte l'examen. Chapot achèvera, je l'espère, de vous convaincre.
c)
Du préfet du Gard au P. d'Alzon, Nîmes le 12 août. - Orig.ms. ACR, DH 69.
Le préfet du Gard remercie le P. d'Alzon d'avoir accepté sa nomination par déférence envers le ministre, puisque son nom avait paru au Moniteur officiel.
J'ai fait connaître à M. le Ministre de l'Instruction publique et des Cultes que, voyant votre nom inscrit au Moniteur, vous acceptiez les fonctions, d'abord refusées par vous, de membre du Conseil supérieur de l'Instruction publique. Il vous remercie de cette déférence et me charge de vous dire qu'il vous dispense d'assister à la prochaine réunion de ce Conseil(19).
4
Extraits de lettres concernant l'activité du P. d'Alzon au Conseil supérieur de l'Instruction publique
La nomination du P. d'Alzon s'est faite grâce à l'intervention de Montalembert et, peut-on ajouter, à peu près contre sa volonté. Mais une fois nommé, il rendra les services que l'Eglise pouvait attendre de lui à ce poste.
Nous avons pour en juger un portefeuille intitulé par le P. d'Alzon lui-même : Instruction publique, affaires recommandées, contenant une trentaine de pièces; par ailleurs, les Archives nationales ont le registre des assemblées générales du Conseil supérieur de l'Instruction publique. Ayant, dans l'introduction, relevé l'essentiel de ce qui concerne l'activité du P. d'Alzon au Conseil, à partir de ce registre, nous ferons état de quelques-unes des pièces qui se trouvent dans le portefeuille du P. d'Alzon.
a)
De l'abbé Privat au P. d'Alzon, Nîmes le 22 février 1851. - Orig. ms. ACR, DH 72.
Ce chanoine de Nîmes alerte le P. d'Alzon sur une situation qui défavorise les catholiques par rapport aux protestants dans la nomination des instituteurs.
Parmi les notes que j'ai eu l'honneur de vous donner depuis votre départ de Nîmes, il s'en trouvait une relative à la nomination des instituteurs protestants; je puis aujourd'hui la confirmer par des faits. [...] Je vous recommande le mémoire dont je vous parlais dans notre entrevue; voyez s'il est convenable d'en parler et de le reproduire sous les yeux de M. le ministre(20).
b)
Du P. d'Alzon à Mgr Cart, Nîmes le 24 mars 1851. - Cop.ms. révisée et signée par le P. d'Alzon, ACR, DH 75; I., Lettres, I p. 18-19.
L'intention du P. d'Alzon est de ne nuire en rien à la liberté de l'enseignement et de l'indépendance de l'Eglise, tout en participant au travail du Conseil supérieur. Aussi éprouve-t-il la nécessité d'avoir par son évêque l'avis de l'épiscopat.
Vous m'avez demandé quelques explications par écrit sur un projet de lettre, que je vous ai proposé d'adresser à vos collègues dans l'épiscopat; il s'agissait d'obtenir de leur obligeance quelques renseignements, qui pussent aider à la confection du rapport, que le Conseil supérieur doit adresser tous les ans au ministre. Mais auparavant se présentait la question de savoir s'il était convenable, utile à la liberté de l'enseignement et de l'indépendance de l'Eglise de solliciter et d'obtenir ces documents.
Je vais examiner cette première question, et quand j'aurai essayé de fixer dans quelles limites on peut s'adresser à Nosseigneurs, j'examinerai une seconde question. Dans quelle forme faut-il les inviter à transmettre le résultat de leurs appréciations(21) ?
c)
Du P. de Ravignan au P. d'Alzon, Paris le 6 avril 1851.- Orig.ms. ACR, DH 76.
Le P. d'Alzon étant chargé de préparer le rapport annuel sur l'état général de l'enseignement libre, il reçoit de divers établissements les renseignements nécessaires. Nous citons entre autres documents cet extrait de lettre du P. de Ravignan.
Le R.P. Provincial de Lyon aura sans doute l'honneur de vous adresser lui-même les renseignements que vous désirez. Nous sommes heureux de vous savoir chargé de réunir les éléments de ce rapport. Nous pensons ici avec les hommes les plus graves que les renseignements sur nos maisons doivent être purement matériels.
d)
De Mgr Doney, évêque de Montauban, au P. d'Alzon, Montauban, le 28 mai 1851. - Orig.ms. ACR, DH 80.
Un article de la loi Falloux maintenait un droit de surveillance de la part de l'Etat sur les petits séminaires. Mgr Doney demande au P. d'Alzon quelle est l'opinion des membres du clergé qui se trouvent au Conseil supérieur.
Seriez-vous assez bon pour me dire si ce Conseil supérieur a réglé la manière de faire l'inspection des écoles ecclésiastiques, et si c'est l'avis des membres du clergé qui s'y trouvent que nous nous soumettions à tout ce qui est indiqué dans une récente circulaire du ministre. Cela me paraît bien fort(22).
e)
Du P. Bouffier, s.j. au P. d'Alzon, Avignon le 2 juin 1851. -Orig.ms. ACR, DH 84.
Responsable du collège des Jésuites, en Avignon, le P. Bouffier remercie le P. d'Alzon d'avoir obtenu, au Conseil supérieur, la dispense de stage pour deux des professeurs du collège et il ajoute : "Heureuses causes qui ont valu un tel rapporteur !"
Nous ferons toujours des voeux afin que Dieu, qui préside à tous les Conseils, inspire à ceux dont vous serez membre de vous nommer dans les occasions difficiles, bien convaincu que vous mènerez à bonne fin tout ce qui sera confié à vos lumières et à votre dévouement, sur lequel vous êtes assez bon de nous permettre de compter.
f)
De Mgr Dupanloup au P. d'Alzon, Paris le 13 juin 1851. - Orig.ms. ACR, DH 86.
Par quelques lignes, Mgr Dupanloup invite le P. d'Alzon à ne pas oublier de lui transmettre les rapports trimestriels sur son collège de Nîmes.
Voici votre bonne lettre : elle me donne le plus grand désir d'en connaître les rapports dont vous nous avez parlé. J'espère donc qu'à votre retour vous voudrez bien m'adresser par la poste ce document si précieux(23). -
g)
Du cardinal Fornari au P. d'Alzon, Paris le 18 novembre 1851. -Orig.ms. ACR, DH 92.
Le P. d'Alzon avait consulté, par lettre datée du 21 octobre, le cardinal Fornari pour savoir quelle position prendre dans la discussion au Conseil supérieur d'un projet de règlement donnant à l'Etat le droit de révoquer des professeurs diffusant des doctrines qui lui paraissent nuisibles à la société. N'est-ce pas un danger pour la liberté du magistère de l'Eglise ? Après avoir éclairci ce doute, le cardinal ajoute:
Il me semble, mon cher abbé, que vous retrouvez dans cette réponse la doctrine enseignée par Grégoire XVI dans son Encyclique de 1832, et par notre saint Père Pie IX. Inutile de vous dire qu'elle a reçu l'approbation de Sa Sainteté : mais, je vous en prie, gardez pour vous seul cette communication, ou ne la faites connaître qu'aux ecclésiastiques, vos collègues au Conseil supérieur. Il ne faut pas prendre le nom de Dieu en vain, ni le nom de son Vicaire non plus. La parole du successeur de Pierre ne doit pas descendre sur toutes les questions, elle doit être réservée pour les causes majeures. Vous pouvez dire, à qui vous le croirez utile, que vous m'avez consulté et donner les raisons de mes réponses, elles suffisent, ce me semble, pour lever le doute proposé (24).
h)
De M. Brunei à M. Carbonnel, le 19 mars 1852. - Orig.ms. ACR, DH 95.
Bien qu'il prêche le carême à Saint-Thomas d'Aquin, le P. d'Alzon court aux séances du Conseil et envisage même de demander une audience au Prince-Président. La lettre n'est pas explicite sur l'objet de cette démarche; mais nous savons que le Prince-Président vient de s'accorder par décret, daté du 9 mars, des pouvoirs discrétionnaires sur le Conseil supérieur et l'Université.
Je reviens de chez l'abbé d'Alzon et j'ai pu à peine le voir cinq minutes. A peine descendu de chaire, il courait à une séance du Conseil supérieur de l'Instruction publique, dont vous savez qu'il est membre. Mais, en cinq minutes, il m'a dit beaucoup de choses; il est homme à ça, comme vous savez.[…] M. d'Alzon est vivement pressé, m'a-t-il dit, de demander une audience au Président pour lui parler d'une affaire qui concerne le Conseil supérieur de l'Instruction publique, et dont lui seul est compétent. S'il s'y décide, il lui parlera de deux choses seulement : de son affaire, d'abord, et de vous, ensuite. Il m'en a fait la promesse(25).
i)
De Mgr Parisis au P. d'Alzon, le 13 juillet 1852. - Orig.ms. ACR, DZ 479.
Lui-même gêné par "les dérangements assez stériles" que lui imposaient les sessions du Conseil supérieur, Mgr Parisis écrit au P. d'Alzon :
Si vous n'êtes pas encore parti pour le Conseil supérieur, je crois que, vu tout le bien que vous faites chez vous, vous pourriez vous dispenser d'y venir. Voilà mon avis, bien confidentiel, comme vous le comprenez(26) .
5
Echange de lettres entre M. Bailly et le P. d'Alzon (janvier 1853)
Au début de 1853, le P. d'Alzon n'est pas renommé comme membre du Conseil supérieur. En 1871, il avancera une explication de la part du gouvernement : il aurait été rayé "pour n'avoir pas voulu venir saluer, à Nîmes, le Président de la République, sur le point de devenir empereur". Quoi qu'il en soit, voici quelle fut sa réaction dans l'immédiat de l'événement.
a)
De la lettre de M. Bailly, Paris, le 8 janvier. - Orig.ms. ACR, FJ 238.
M. Bailly, rédacteur à L'Univers et ami du P. d'Alzon, constate que le P. d'Alzon n'est plus sur la liste des membres du Conseil.
Mon cher et digne abbé, il faut donc se décider à vous souhaiter la bonne année, bien loin, puisque vous n'avez pas été jugé digne d'être mandé à Paris pour conseiller la barque universitaire. J'espérais toujours vous voir venir, il y faut renoncer maintenant.
b)
De la lettre du P. d'Alzon, Nîmes, le 13 janvier. - Orig.ms. ACR, AN 153; T., Lettres, I p. 235.
Le P. d'Alzon se déclare ravi d'être libéré de ce poste.
Je ne suis plus rien et je ne le regrette que parce que je ne peux plus vous être de quelque utilité; car, pour ce qui m'est personnel, je suis ravi de n'être plus attaché, même de loin, à la machine universitaire.
1. Carnot, ministre de l'Instruction publique et des Cultes, du 24 février au 3 juillet 1848, note dans son projet du 30 juin : "C'est le droit pour tout citoyen de communiquer aux autres ce qu'il sait, et le droit du père de famille de faire élever ses enfants par l'instituteur qui lui convient." (Cf. Félix PONTEIL, Histoire de l'enseignement, 1789-1965; Paris, 1966).
2. Les évêques élus par l'épiscopat seront : Mgr Parisis, de Langres; Mgr Morlot, de Tours; Mgr Dupanloup, d'Orléans; Mgr Gousset, de Reims. Les trois représentants de l'enseignement libre seront : l'abbé Labbé, directeur du collège d'Yvetot, M. Bellaguet, laïc, chef d'institution à Paris et le P. d'Alzon.
3. ACR, EB 523; V., Lettres, III p. 659.
4. Registre dépouillé en 1961 par le P. Adrien Pépin, archiviste de la Congrégation.
5. Cf. Lettres à Germer-Durand, datées de Paris les 9 et 13 juin 1851.-ACR, AL 109 et 110; T., Lettres, I p. 42-43 et 45.
6. Lettres à Mère M. Eugénie de Jésus, ACR, AD 772, 776; T.,. Lettres, I p. 60 et 70.
7. Lettre au Fr. Pernet, AC PSA; T., Lettres, I p. 115.
8. Revue de l'Enseignement chrétien, 2e série, n° 5, septembre 1871.
9. DE CABRIERES, Discours pour le cinquantenaire de la fondation de la Maison de l''Assomption, 1893. - ACR, A 132, p. 145.
10. VAILHE, Vie, I p. 570.
11. Montalembert n'est donc pas le seul à solliciter le P. d'Alzon; quant à Michel ici nommé, c'est un ami du P. d'Alzon, directeur d'une institution d'enseignement à Paris.
12. Montalembert, avec l'aide de Mgr Dupanloup, avait poussé au ministère de l'Instruction publique le comte de Falloux, promoteur de la loi dite, par conséquent, loi Falloux, et non comme ici, loi Montalembert. Mais l'expression de Germer-Durand peut se comprendre.
13. A l'Assomption, on aurait aimé obtenir la plénitude de la liberté de l'enseignement... La loi Falloux est le fruit d'une transaction que le Pape Pie IX demande aux évêques d'accepter, par une lettre de son pro-secrétaire d'Etat au nonce de Paris, datée du 4 mai (cf. MARTINA, Pio IX, 1846-1850, p. 459). Le P. d'Alzon n'ignore pas cette directive pastorale et, à défaut de lui-même, présentera comme candidat Germer-Durand qui, sur sa demande sans doute, acceptera de répondre le 31 juillet affirmativement à la proposition du ministre, datée du 27 juillet (ACR, DH 67).
14. Par une lettre du P. d'Alzon à Germer-Durand, datée du 22 juillet, nous savons qu'il a rencontré à Paris le ministre de l'Instruction publique, mais dans cette lettre il n'est question que de rendre service à quelques personnes (cf. V., Lettres, III p. 593). - Les propos du ministre sur le compte du P. d'Alzon sont assez étonnants, sinon contradictoires. - Pour ce qui est de l'attitude politique du P. d'Alzon après la Révolution de février 1848, v. Ch. XV; et pour ce qui est de son attitude envers la Compagnie de Jésus, v. Ch. XI.
15. Thiers avait été choisi pour être le vice-président du Conseil supérieur.
16. L'abbé Labbé, directeur du collège d'Yvetot, et le laïc Bellaguet, chef d'institution à Paris, seront, avec le P. d'Alzon les trois représentants de l'enseignement libre dans le Conseil supérieur.
17. En vue de l'obtention de la liberté d'enseignement, Montalembert avait lancé une Association pour obtenir cette liberté; après la loi, il la remplace par un Comité de défense, où les enseignants libres feraient valoir leurs droits vis-à-vis de l'Université ou de l'Etat. Il faut se rappeler que Mgr Sibour avait mené campagne contre la loi Falloux-Montalembert, alors que le P. de Ravignan et quatre évêques partisans de la loi, avec l'appui du Comité, étaient sur le point de fonder à Paris un collège, sans consulter l'archevêque. C'est ce qu'explique le P. d'Alzon dans la suite de la lettre.
18. A propos de cette lettre, le P. d'Alzon écrit à Mère M. Eugénie : "Je reçois une lettre de Montalembert, qui est furieux, parce que j’ai hésité un moment à accepter avec tout le transport de reconnaissance convenable. Il y aurait de quoi me fâcher à mon tour, mais vraiment je crois qu'il vaut mieux rester calme; c'est plus chrétien." (ACR, AD 723; V., Lettres, III p. 603).
19. Le P. d'Alzon avait reçu une lettre de convocation datée du 6 août, pour la réunion du Conseil le 13 de ce mois (ACR, DH 221).
20. Cette lettre est accompagnée de deux pièces justificatives des plaintes formulées en accord avec les articles de la loi.
21. Dans cette pièce, le P. d'Alzon n'envisage que la première et traite successivement : 1) des petits séminaires, 2) des établissements secondaires libres, 3) des congrégations d'hommes voués à l'enseignement primaire, 4) des congrégations de filles vouées à l'enseignement.
22. Le portefeuille du P. d'Alzon contient avec cette lettre la minute d'une circulaire de Mgr Doney intitulée : Nouvelles observations de Mgr l'évêque de Montauban sur l'inspection des petits séminaires. De plus, nous y trouvons une adresse, datée du 22 mai, de l'évêque de Nîmes aux inspecteurs généraux de l'Instruction publique qui devaient visiter le petit séminaire de Beaucaire. Enfin, deux notes manuscrites du P. d'Alzon sur le projet de règlement de l'inspection des établissements libres d'enseignement secondaire (cop. ACR, DH 102).
23. Le P. d'Alzon avait demandé, le 9 juin, à Germer-Durand de préparer cet envoi (Orig.ms. ACR, AL 109; T., Lettres, I p. 42).
24. Dans la minute de sa lettre, le P. d'Alzon écrivait : "A plusieurs reprises, j'ai été saisi, comme membre de ce Conseil, de questions très délicates : il s'agissait de savoir si nous devions priver certains hommes de leurs fonctions, à cause de doctrines qu'ils avaient publiées dans des livres. [...] J'ai causé de cette difficulté avec M. l'abbé Bouix qui me paraît, lui, aller un peu loin. Il voulait que je soumisse ce cas de conscience au saint Père. Je suis trop peu de chose pour monter si haut, et c'est bien assez que j'ose m'adresser à Votre Eminence; nous sommes à une époque où il y a tant de situations nouvelles, qu'il est pourtant bien important de savoir quelle ligne de conduite il faut suivre, de peur de faire mal lorsqu'on a le désir de faire bien." (ACR, AO 23; T., Lettres, I p. 106-107.
25. Aucun indice ne permet de dire que le P. d'Alzon ait donné suite à son projet.
26. Le P. d'Alzon ne participera pas aux deux dernières sessions de 1852. Les progrès du pouvoir personnel portant atteinte à l'indépendance du Conseil supérieur, on pouvait être tenté de n'y plus venir.