4 Manoeuvres énigmatiques

Il n'y a rien de plus vexant pour un joueur d'échecs, que de tomber au tout début du jeu dans les toiles épineuses, placées par l'adversaire. Adieu, les rêves du combat divertissant et à valeur entière, des intentions stratégiques profondes et attaques meurtrières, - il n'y aura plus rien de cela. Le piège insidieux du partenaire vous a mis dans l'impasse, dans la position presque sans issue, et maintenant il n'y a que le miracle qui peut vous sauver.

Voilà pourquoi les grand maîtres et maîtres donnent autant beaucoup d'attention à l'ouverture et n'aiment pas, quand on leur apporte des surprises aux premiers coups, eux-mêmes secrètement espèrent d'ahurir le partenaire avec une nouveauté d'ouverture écrasante.

Mais il arrive et comme ça, que votre préparation de maison, comme cela n'est vexant, rate. Quelque chose inattendu et, il semblait, l'adversaire vaincu découvre votre intention, le fruit de vos nuits sans sommeil, avec lequel autant d'espoirs étaient liés. La déception saisie est capable d'amener à un drame le plus vrai. Comme, par exemple, dans la prochaine histoire.

...Cela s'est passé il y a trente-cinq ans. A Novossibirsk se terminait la demi-finale du championnat d'étudiants, et la victoire dans le dernier tour me sortait dans la finale, donc je rêvais tellement. Et la nulle était équivalente à la défaite. Dans la mêlée résolvante il m'attendait de combattre mon ancien copain, et des joueurs d'échecs moscovites les plus forts, aujourd'hui un mathématicien connu, Youri Vassiliev. Je ne comptais pas trop sur la chance, en plus je jouais les noirs. Mais il me fallait comme l'air la victoire, et le cœur doux de mon camarde a tressailli. Il ne s'est pas mis à me prover de la chance et pas longtemps avant la partie déclara:

-Je suis prêt de jouer avec toi n'importe quelle variante, celle que tu préfèreras. Choisis!

C'était une proposition ahurissante. A moi, le connaisseur expérimenté du "dragon", de proposer la liberté totale d'actions.

-Dragon, - sans hésiter répondis-je à cet homme généreux.

Un miracle s'est produit, en lequel il n'était impossible de croire. Ma participation dans la finale n'appelait maintenant aucun doute. Il restait seulement de choisir une des nouveautés "draconiennes", que j'avais dans mes réserves autant qu'on veut. J'ai arrêté mon choix sur la variante à la mode à ce temps sur la tombée de la dame au huitième coup. La partie a commencé.

Y. Vassiliev - E. Guik

Novossibirsk, 1965

Défense sicilienne

1. e4 c5 2. Cf3 Cc6 3. d4 cxd4 4. Cxd4 g6 5. Cc3 Fg7 6. Fe3 Cf6 7. Fc4 d6 8. f3 Db6. C'est exactement ce coup à vue risqué, qui est à peine entré autrefois à la mode, comme je supposais, devait écrouler l'adversaire.

9. Cf5. Après des discussions vivantes les théorétiques sont arrivés au résultat, que le saut du cavalier sur f5 - est la meilleure façon de souligner la vulnérabilité de la dame noire. Les suites calmes 9. 0-0 ou 9. Fb5, comme il s'est éclairci, mènent à l'égalité. Cependant, et la marche-jet du cavalier sur f5 j'avais de quoi rencontrer.

9...Dxb2 10. Cxg7+ Rf8 11. Cd5. Et ici est sécuritaire pour les noirs et 11. Dd2, et 11. Fd2.

11...Cxd5 12. Dxd5. Exactement cette prise avec une menace non ambigüe de faire mat au roi noir s'observait autrefois avec une attention particulière. Seulement plus tard a été installé, que est plus dangereux ici 12. Fxd5, et après 13. 0-0 Dc3 14. Dc1 h6 15. Tb1 f6 16. Tb3 Da5 17. Db2 les blancs ont une initiative riche pour un pion.

12...Dxa1+ 13. Rf2 Df6!?

Et voici la préparation de maison. Bien sûr, je savais, qu'on peut donner la dame - 13...Dxg7 14. Fh6 Fe6 15. Fxg7+ Rxg7 16. Db5 Fxc4 17. Dxc4 Tac8 avec une position avec espoir chez les noirs, mais je comptais, que la dame ne dérangera point. Le recul de la dame sur f6 s'étudiait avec attention aux cours de l'entraîneur connu Grigori Ravinski, que je visitais à cette époque avec précaution. Le dernier d'eux s'est passé quelques heures avant de l'envol vers Novossibirsk... Il est clair, que je ne doutais pas de la force écrasante de la nouveauté.

14. Fh6 Rg8 15. Ce8 Dd4+ 16. Dxd4 Cxd4.

Ici j'ai inspiré avec allégement. Justement cette position se trouvait sur l'échiquier pendant les cours. Ici l'analyse a été arrêtée: les blancs manquent de la qualité et un pion, en plus les dames sont échangées.

Voilà, aucune surprise n'est arrivée, le plan conçu a réussi extraordinairement. Avec une légèreté incroyable je tombais en finale, mon rêve voulu s'est réalisé. Merci à Youri Vassiliev!

Mais qui aurait pu penser, que les faits principaux dans cette partie sont devant?!

17. Cc7. Une conversation séparée mérite le coup 17. Td1, sans se presser revenir avec le cavalier. Plus tard nous nous rappellerons de cette position. 17...Tb8 18. Td1. J'en étais sûr, que maintenant, après le recul du cavalier sur c6, l'initiative des blancs augmente, mais chez les noirs la prépondérance matérielle considérable se conserve. En ayant écrit sur le carnet le coup Cd4-c6, j'ai failli prendre le cavalier. Mais à ce moment mon partenaire, qui avec une vue découragée restait près de la fenêtre, s'est approché rapidement vers la petite table et s'est pris la tête avec ses mains. Le comportement étrange de Youri m'a alerté. Je me suis plongé entièrement dans la position, et bientôt son mystère a été révélé.

Il se révèle, que dans cette position, apparaissant après 18...Cc6, les blancs ont préparé le sacrifice de tour - 19. Txd6! Encore deux coups - 19...exd6 20. Cd5 f5, et la combinaison se concluait par un mat sympathique - 21. Cf6#.

Curieux, que trois ans après exactement ce mat a été fait dans la partie Goliéniév - Lokhanine, jouée à Moscou et découverte par moi dans un des manuels de miniatures. Possible, dans une autre, rencontre pas si responsable pour la création d'une véritable œuvre d'art j'aurais aussi proposé au partenaire la possibilité de faire ce mat énigmatique, mais ce soir j'ai compté avec raison, que j'aurais le temps de la faire en finale. Heureusement, je n'ai pas eu le temps de toucher le cavalier, sinon j'aurais dû me séparer avec après l'obligatoire 18...Ce6 19. Cd5 f6 (19...f5 20. exf5 gxf5 21. Cf4 Rf7 22. Te1) 20. Cc7 Rf7 21. f4 f5 22. g4! Rf6 23. g5+ Rf7 24. exf5 gxf5 25. Te1.

18...b5! 19. Cd5.

Vers la prépondérance des noirs menait 19. Txd4 bxc4 20. e5 f6 21. e6 Cxe6 22. Cxe6 Rf7, ce qui s'est passé deux ans après dans la partie Valiéév - Veresov du championnat de Biélorussie. Sur 19. Fd5 est déjà possible 19...Ce6 (mais non 19...e6 à cause de la manœuvre effective 20. Fa8!), les noirs n'ont pas de bases pour se plaindre du destin. Mais maintenant le cavalier blanc d5 a barré la route vers le pion d6 et avec cela, comme je supposais, m'a ouvert la route dans la finale.

Je me préparais à jouer 19...Cc6 20. Fb3 Fe6, puis échanger sur d5, en privant les blancs des dernières illusions. Sur le carnet j'ai écrit une deuxième fois le coup Cd4-c6, je de nouveau fait un geste de main, pour le faire, mais à ce moment Vassiliev avec le circuit connu rapidement s'est approché de la petite table, derrière lequel la bataille se passait. Avec une main arrêtée et une respiration arrêtée je suivais ses actions. Les yeux de Youri scintillaient. Il ne pouvait pas avoir de doutes - dans la position un nouveau mystère se cache. Avec un effort de volonté énorme j'ai pu le résoudre.

Après 19...Cc6 dans cette situation à vue tout à fait sécuritaire pour les noirs, dans leur camp, dans le quartier du point toujours ensorcelé la bombe a de nouveau explosé, en plus cette fois-ci le cavalier s'apportait en sacrifice.

20. Cxe7+! Cxe7 21. Txd6. La tour de plus me réjouissait peu. Plus fixement je regardais la position, plus fantomatique devenait ma participation dans la finale voulue. Le mat avec la tour menace, joli et le mat énigmatique avec le fou - 21...Fe6 22. Txe6 fxe6 23. Fxe6#! La case c6 est toujours minée - 21...Cc6 22. Fd5 Fb7 23. Fxc6 Fxc6 24. Txc6 f6 25. Tc7, et les noirs sont sans défense.

"Peut être, la sortie de la position se conclue en passage du fou sur b7?" - me demandais-je. Mais après 21...Fb7 22. Fb3 pour la tour blanche s'ouvraient les parfaites perspectives sur les cases d7 ou f6. J'observais les variantes fiévreusement, à chaque fois devenant sûr dans la futilité des espoirs. Et tout à coup mon cœur s'arrêta. J'ai découvert la variante, qui menait au dénouement fantastique. En continuant dans le dernier cas 22...Fc6, les noirs défendaient la case d7, et puis, en passant le fou sur e8, prenaient sous garde et le pion f7.

Les faits suivants me dessinaient en rose: 23. Tf6 Fe8 24. g4 Tb6 25. Txb6 axb6 26. Re3 Fd7 27. Rf4 Fe6 28. Re5 Fxb3 29. cxb3 Cc6+ 30. Rf6 Cb4 31. a3 Cc2 32. f4 Cd4 33. b4 Cf3 34. h3 Cd4 35. f5 gxf5 36. gxf5 Cc2 37. e5 Cd4 38. e6 fxe6 39. fxe6 Cxe6 20. Rxe6.

Si tout se serait passé en vrai, alors, après le 40-ème coup des noirs la position reportée pouvait devenir l'objet de l'analyse envoûtante de maison, si... Si ce coup serait possible. Sur l'échiquier il y a pat naturel! Pas vrai, une réalisation merveilleuse de préparation d'ouverture?!

Hélas, il n'est pas destiné à cette position magique de voir la lumière. J'ai découvert à temps, qu'en réponse sur 22...Fc6 les blancs peuvent bouger le pion "g" en avant, et après 23. g4 Fe8 le résultat est fait par l'entrée 24. e5!

Voilà, il ne restait pas de doutes: la case c6 - est fatale pour le cavalier noir. J'ai dû de nouveau le laisser à sa place dans le centre de l'échiquier, et pour la défense du pion e7 amener la tour. Après 19...Tb7 20. Txd4 bxc4 21. e5 les illusions se sont dispersées entièrement - la finale se passerait sans ma participation (la fin non joyeuse est amenée plus bas).

Dans le lointain la variante 8...Db6 se rencontrait en pratique beaucoup de fois, et non pas un duel a été résolu grâce aux sacrifices inattendus sur d6 et e7. Mais la priorité, sans doute, appartient à nous avec Vassiliev. Les coups effectifs, même si non réalisés en réalité, sont nés à ce soir mémorable, dans la petite ville sibérienne des savants...

Les résultats d'ouverture du duel sont évidents: après l'échange de dames les noirs ne doivent pas compter sur la victoire. Encore bien, qu'il peuvent se sauver grâce au pat. Cependant, comme plus tard s'est éclairci, il n'ont pas à compter même à la nulle. Il se révèle, il suffit aux blancs au lieu du pressé 17. Cc7 de jouer plus finement - de suite 17. Td1!, et ils peuvent triompher.

Maintenant 17...b5 perd à cause de 18. Fd5 - sous le coup est la tour ennemie, et les blancs capturent le cavalier, et après 17...Cc6 (attention - le cavalier est sur c6!) déjà suit 18. Cc7, et en réponse à 18...Tb8 résout, comme nous savons, 19. Txd6!

Il reste à observer les réponses 17...Fe6 et 17...Ce6. Dans les premier cas le cavalier blanc se sacrifie, caché à la dernière ligne: 18. Cf6+! exf6 19. Txd4 Td8 20. g4 Tc8 21. Fb3 Td8 22. Fd5, et les noirs sont sans défense. Voilà, par exemple, comment se continuait la partie Bratishtchev - Dragounov du 8-ème championnat d'URSS par correspondance: 22...b5 23. Td3 a5 24. h3 f5 25. Tc3 Tc8 26. gxf5! gxf5 27. exf5 Txc3 28. fxe6 Txc2+ 29. Rg3 Tc7 30. f4 fxe6 31. Fxe6+ Tf7 32. f5 b4 33. f6 a4 34. Fg7. Les noirs ont abandonné.

Pas vrai, échecs incroyables?!

Et enfin, tour au recul du cavalier d4. Voici une fin élégante, proposée par Igor Zaytsev: 17...Ce6 18. Txd6! b5 19. Fd5 Tb8 20. a3! Tb6 21. Fxe6! Txd6 22. Cxd6 Fxe6 23. Cb7!! f6 24. Cd8.

L'escarmouche tactique s'est terminée tristement pour les noirs. Leur roi est solidement emmuré, et résout le raid du roi blanc vers les pions ennemis.

Il est temps, quand même, de terminer notre partie souffrante. Voilà par quoi est terminée l'affaire.

21...f6 22. exd6 exd6 23. Cxf6+ Rf7 24. Ce4 Td8 25. Cxd6+ Txd6 26. Txd6 Tb2 27. a4 c3 28. Tc6 Txc2+ 29. Rg3 Fd7 30. Tc7 Re6 31. Txa7. Les blancs ont déjà une pion de plus, une lutte pénible pour la nulle se fera.

31...Ta2 32. a5 c2 33. Tc7 Fb5 34. Tc5 Ff1 35. Fc1 Fd3 36. Rf4 Rd6 37. Tc3 Ff5 38. g4 Fe6 39. h4 Txa5 40. Txc2 h5 41. Td2+ Re7 42. Td4 Fd7 43. Fd2 Ta4 44. Fb4+ Rf6 45. Td6+ Fe6 46. Tb6 hxg4 47. fxg4 Ta2 48. Tb7 Tf2+ 49. Re3.

La position des noirs est non joueuse. La tour est sous le coup, en plus menace 50. Fc3# - mat, qui dignement aurait fini cette partie qui fait tourner la tête. Je ne saurais jamais, d'où j'ai eu l'échec de secours avec la tour. Après 49...Tf3+ 50. Rxf3 Fd5+ nous nous sommes mis d'accord pour la nulle, comme le lecteur s'en rappelle, m'est équivalente à la défaite.

Oui, Youri Vassiliev jouait cette partie d'en sorte, comme si dedans se résolvait le destin de la couronne d'échecs. Était ceci généreux de sa part en relation à son ancien copain? Bien sûr, puisque mon ami-adversaire se retenait dans l'ouverture, allait sur moi volontairement. Mais en ayant fait sa promesse, il a eu la liberté d'art et seulement à ce moment a commencé à jouer à pleine force. Présenter des prétentions je pouvais seulement à moi-même. Comme on dit, espère pour l'ouverture, mais ne commets pas d'erreurs!