La vie comme une méditation

 

Méditer ne s'apparente pas à une pratique unique. Dans son ouvrage, D.Goleman expose Douze formes de méditation. Il nous fait part de son embarras à discerner ces différentes pratiques : "J'étais en pleine confusion. Tout s'entrechoquait dans ma tête, et je ne commençai à comprendre quelque chose que lorsque Joseph Goldstein, un maître de méditation introspective, me fit cette remarque à Bodh Gaya. C'est de la pure et simple mathématique me confia-t-il : tous les systèmes de méditation tendent soit vers l'Un, soit vers le Zéro -soit vers l'union avec Dieu soit vers le vide. La voie vers l'Un passe par la concentration sur Lui, la voie vers le Zéro passe par la réalisation du vide de notre propre esprit. Je disposai là d'un premier critère pour tenter de classer les différentes techniques de méditation. Un ou deux mois plus tard, je me retrouvais assis par terre dehors sous la pluie de la mousson dans ce village perché sur la montagne. Nous étions venus là à cinq pour recevoir l'enseignement d'un maître de méditation pendant la saison des pluies. Il ne se montra jamais. Mais peu à peu arrivèrent plusieurs Occidentaux que mon gourou, Neemkaroli Baba, avaient envoyés rejoindre «Ram Dass», l'un de nous cinq. A la fin de la saison de la mousson, nous formions un groupe de trente à quarante pèlerins occidentaux. Parmi ceux-ci, se trouvaient des adeptes de toutes les plus importantes traditions spirituelles : les différentes écoles de yoga hindou, les sectes du bouddhisme tibétain, du soufisme, ou du christianisme contemplatif, du zen, des adeptes de Gurdjieff, de Krishnamurti, ainsi que d'innombrables swamis, gourous, yogis et babas, suivant leur propre tradition. Chacun apportait avec soi ses livres favoris et son petit trésor d'anecdotes. C'est en comparant entre elles ces sources littéraires et personnelles que je pus établir quelles étaient les principales similitudes et différences entre toutes ces voies de méditation"(1).

Méditer renvoie à un mode de relation. Relation à soi, relation à l'autre, relation au monde, en fonction d'une histoire personnelle, d'une culture, comme le dit D.Goleman : "Chacun apportait avec soi ses livres favoris et son petit trésor d'anecdotes". Inévitablement ce mode relationnel ne peut alors se satisfaire d'une pratique ponctuelle, encore moins occasionnelle, mais ouvre vers un état de conscience permanent, d'où le choix de notre titre : la vie comme une méditation. A l'appui de notre avis nous citons Kaveen : "Il existe des centaines de techniques de méditation. Presque tout le temps, elles ne sont efficacement apprises et utilisées que dans des groupes. De ce fait, beaucoup de gens croient qu'une pratique ainsi extraite du contexte de vie, par exemple une session de vipassana, une catharsis, un groupe de bioénergie, c'est méditer. C'est apprendre à méditer et c'est donc nécessaire et inévitable. D'ailleurs, des périodes où l'on s'extrait de son environnement habituel, où l'on quitte pour un temps un milieu étouffant qui ne vous laisse pas d'espace pour apprendre à découvrir votre vie intérieure sont indispensables. Mais la méditation est dans la vie quotidienne, dans ses petites anecdotes ou ses grands drames, ses petits événements, ses grands moments, ses coups, ses accidents et maladies, ses idées, ses émotions, ses faiblesses et ses forces, ses alternances de conscience et d'inconscience... Tout cela est la substance, la chair de la méditation. Il n'y a pas de méditation réelle sur une île déserte. Tous ceux qui ont tenté de s'isoler pour mieux méditer ont dû tôt ou tard reconnaître qu'ils se sont enfermés dans leur tour d'ivoire avec toutes leurs valises. Couvent, monastère ou commune, chacun y va avec son propre conditionnement. Sans un retour constant sur la place du marché, la méditation n'est qu'une morale sans transformation réelle. Elle doit devenir votre respiration, votre style de vie, cherchant en tout temps à investir des zones plus larges de votre vie, de vos activités, de votre vision, de votre intelligence, de vos rapports à autrui"(2). Nous citons à la suite Denys Teundroup Rinpoché : "Dans cette perspective, la vie quotidienne est méditation. Il faut se libérer de l'attitude qui conçoit la méditation comme dépendante de conditions particulières. La méditation est fondamentalement une qualité d'être et d'expérience immédiate de l'instant présent. La pratique méditative est un travail avec le quotidien tel qu'il est. Elle nous permet de faire l'expérience ouverte de chaque événement, directement. Si nous les abordons très simplement, les problèmes ne sont pas particulièrement épineux. L'attitude méditative consiste à traiter ainsi toutes les situations, au-delà de toutes les complications que l'on a tendance à leur surimposer. Cette attitude directe et simple est profondément intrépide : elle nous demande d'aller au-delà de nos peurs, de dépasser nos réticences, nos inhibitions, nos blocages, nos défenses, ainsi que tous nos a priori et préconceptions. Notre recherche habituelle de domination ou de sécurisation vient d'un manque de confiance, d'une peur d'être submergé par la situation, de ne plus être capable de la traiter convenablement. La relation directe est intrépide, car elle nous fait plonger complètement dans la situation au point que nous ne soyons plus qu'un avec elle. C'est à ce point que nous découvrons la possibilité d'une réponse immédiate et spontanée"(3).  Si la pratique de la méditation repose sur des bases apprises : il est nécessaire d'apprendre à méditer, c'est "nécessaire et inévitable", par contre la méditation n'est pas "dépendante de conditions particulières", elle est "un travail avec le quotidien tel qu'il est".

Les termes de fluidité, avec l'évocation du flux mental ; de cascade, celle des pensées ; et ici de fontaine, reviennent souvent dans la pratique de la méditation. Avec ces lignes de Kaveen, nous nous sommes intéressés à l'image de la "fontaine" : "Il n'y a aucune différence de nature entre conscience et amour. C'est la même fontaine, la même eau. Quand nous sommes dans l'amour, notre bonheur s'inonde de cette conscience-là. Et quand nous savons que nous sommes attentifs à nous-mêmes, nous sommes pleins d'amour. On identifie souvent l'amour au besoin d'autrui. Par besoin, il faut comprendre d'abord le sexe, énergie primordiale, fonction et plaisir absolument naturels. Mais il faut surtout considérer les éléments de notre psychologie qui demandent à un partenaire de conjurer nos peurs concernant l'isolement, le manque de ressources matérielles et psychologiques, l'instinct de survie, l'insécurité, c'est-à-dire tous ces besoins et la façon de les satisfaire qui étaient les nôtres dans notre enfance, à l'âge d'une totale dépendance, et qui forment depuis lors ce qu'on appelle notre conditionnement. Il ne s'agit pas de nier le besoin d'autrui, qui est normal et inévitable. Il s'agit de savoir si nous sommes intéressés à découvrir un autre espace, qui n'aurait pas la prétention de liquider celui des besoins, mais qui en serait indépendant, et qui notamment nous mettrait hors de portée de l'angoisse, de la peur ou de la frustration. C'est cela, l'espace du bonheur vrai, l'espace de l'amour. Sur le chemin de cette exploration, on découvre d'abord que nous avons tous une capacité naturelle d'amour. Nous sommes nés avec elle. Mais chez la plupart d'entre nous, l'amour est comme une fontaine intérieure qui ne coule pas, qui est bouchée, parce qu'elle est enfouie, pervertie, cachée par nos besoins. Nous ne savons pas qu'elle existe, bien que très rares sont les personnes qui n'en ont jamais goûté l'eau dans leur vie. Chacun a pu en boire occasionnellement. Mais habituellement cette fontaine est sèche. Au lieu de trouver l'amour en nous-mêmes, nous allons le mendier chez un autre. S'il fallait donner un but à la méditation, ce serait de dévoiler cette fontaine et de la laisser couler à plein flot librement. Pour cette recherche, on peut recevoir l'eau des fontaines des autres, y boire abondamment et se laisser tenter ainsi d'en trouver la source en nous-mêmes. Mais si le flot de cette fontaine n'est qu'intermittent, à moitié bouché ou à sec, nous ne pouvons pas aimer. Il faut qu'elle coule abondamment, jaillissante et permanente, pour nourrir la forme particulière que nous pouvons donner à ce flot autour de nous : la forme de l'amour maternel, de l'amour filial, de l'amour sexuel et romantique, de l'amour-amitié, pour ne parler que des formes destinées à devenir des relations aux autres. On peut aussi tomber amoureux d'un coucher de soleil, d'un tableau de maître, d'un animal. C'est toujours la même fontaine qui coule, la même eau qui vient abreuver notre soif de grâce et de bonheur. La fontaine n'a pas besoin d'objet pour couler librement. Quand on la laisse couler sans être dans une relation quelconque, elle coule à l'intérieur. Il suffit de croiser les bras, paumes ouvertes sur sa propre poitrine. L'amour est une force transformatrice inconnue et qui fait souvent peur. Elle consiste à reconnaître cette fontaine en nous et à faire couler son eau sur nous-mêmes d'abord. Nous aimer nous-mêmes paraît souvent si impossible, si monstrueux... Et pourtant c'est la condition pour pouvoir ensuite donner à l'amour qui nous habite une forme partageable. Et s'il n'y a personne capable de répondre, nous restons alors avec l'amour de nous-mêmes et rien ne manque. La fusion avec nous-mêmes est puissante : c'est la découverte que la solitude est aussi pleine d'amour, est qu'elle est l'espace où cet amour se prépare à être partagé. Mais de partager ce flot de vitalité avec quelqu'un donne à l'eau de cette fontaine un parfum irrésistible et une intensité unique. Ces formes se multiplient, se conforment à leurs objets. Un coup nous aimons notre amant comme un partenaire sexuel, et à un autre moment comme un enfant ou comme un ami intime. Toutes ces formes bougent, s'entrecroisent, se mêlent, font des vagues, montent en intensité et se calment, mais c'est toujours en raison de cette fontaine intérieure, avec laquelle nous sommes tous nés et que, pour des raisons multiples, nous avons, avec notre consentement inconscient, obstruée ou détournée. Découvrir notre fontaine est une autre expression pour dire : méditer. Sa découverte vient avec le regard que nous portons sur nous-mêmes".

Kaveen fait une description étendue du concept d'amour qu'il compare à une source jaillissante. Le terme "amour" suscite bien des interprétations, très réductrices au regard de ce qu'il expose dans ses lignes. L'amour est au cœur du mode relationnel dans la méditation au quotidien. J.Lecomte  porte l'amour au rang d'un besoin. Il écrit : "Le premier grand bouleversement concerne la théorie de l'attachement… le psychanalyste John Bowlby critique la théorie psychanalytique de l'étayage, selon laquelle le besoin primaire du bébé est alimentaire, celui-ci s'attachant progressivement à sa mère en raison du plaisir oral qu'elle lui procure en le nourrissant…  Il conclut de sa recherche que l'attachement n'est pas l'effet d'un apprentissage, mais répond à un besoin primaire inné aussi impérieux que la faim… Colwyn Trevarthen et Kenneth Aitken, de l'Université d'Edimbourg, ont élaboré la théorie de l'«intersubjectivité innée» selon laquelle le nourrisson naît avec une conscience réceptive aux états subjectifs des autres personnes… Carolyn Zahn-Waxler, qui étudie l'empathie des tout-petits depuis plusieurs dizaines d'années avec ses collègues, a observé comment réagissent des enfants de 1 an et demi à 2 ans face à des situations difficiles survenant à des membres de leur entourage. Elle a mené des recherches dans la vie quotidienne des familles ou au cours d'expériences dans lesquelles elle demandait à des mères de simuler un problème personnel -soit des difficultés respiratoires, soit de la douleur après s'être cogné le pied ou encore de la fatigue ou de la tristesse. Face à cela, les bébés manifestent très généralement des réactions de soutien, que ce soit sous forme de baisers, de câlins, d'actions concrètes (en donnant le biberon à un frère ou une sœur plus jeune, ou en présentant une écharpe à une personne qui tremble ou par des mots comme : «Ça va ?» ou «Excuse-moi»). Ainsi, comme le souligne Carolyn Zahn-Waxler, les enfants se sentent responsables d'autrui à un très jeune âge"(4).

J.Lecomte rapporte les effets de la "méditation de bonté": "Plusieurs équipes de chercheurs se sont d'ailleurs intéressées à une forme de méditation, appelée «méditation bonté» qui vise à augmenter les sentiments d'affection et d'attention envers soi et autrui. Assise dans une position relaxée, la personne pense positivement à quelqu'un qu'elle apprécie («Je souhaite qu'elle puisse se sentir heureuse, en sécurité», etc.) ; elle élargit ensuite ces sentiments positifs à elle-même, puis à d'autres personnes qui lui sont moins chères. Cela a de multiples effets bénéfiques sur la personne qui pratique cette forme de méditation : sur le moment et dans les semaines qui suivent, elle ressent plus d'amour, de joie et de satisfaction, de gratitude, d'espoir, d'émerveillement. Ses relations avec les autres s'améliorent ainsi que sa santé physique et psychique. Plus la personne pratique, plus les effets positifs sont importants".

L'amour : une inclination naturelle ; un fonctionnement spontané qui nous semble bien s'inscrire dans un comportement relationnel adaptatif générant des effets positifs sur l'organisme. Nous ne parlons pas d'altruisme prôné par des valeurs morales. Nous avons rapproché la méditation au quotidien d'un mode relationnel où l'amour, au sens étendu donné par Kaveen, prend -ou reprend ("une fontaine intérieure qui ne coule pas, qui est bouchée, parce qu'elle est enfouie, pervertie, cachée par nos besoins") toute sa place. B.Fredrickson fait état de ses effets bénéfiques sur la santé au quotidien : "En voyant les répercussions des moments d'amour quotidiens sur le corps humain, on comprend mieux qu'il y ait autant d'éléments qui lient les expériences de relations positives à la santé et à la longévité. De multiples études ont montré que les individus qui ont des relations enrichissantes et variées avec les autres sont en meilleure santé et vivent plus vieux. Une série d'études récentes menées sur une longue durée fait plus particulièrement le lien entre les émotions positives et l'espérance de vie en bonne santé. Ces études indiquent que le déficit d'émotions positives est en fait plus nocif pour la santé que le tabac, l'abus d'alcool ou l'obésité. Elles montrent notamment que les gens qui entretiennent des relations plus chaleureuses et plus affectueuses avec les autres ont moins de rhume, une tension artérielle plus basse et sont moins souvent victimes de maladies cardiovasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux, de diabète, de la maladie d'Alzheimer et de certains cancers. Bon nombre des maladies qui risquent de vous affaiblir ou d'écourter votre vie peuvent donc être évitées en modifiant le mode et la fréquence des relations que vous établissez avec les autres"(5). Dans les lignes suivantes, c'est bien à une dynamique relationnelle adaptative induite par l'amour que fait référence B.Fredrickson : "La plasticité, ou l'aptitude au changement, est également une des caractéristiques des cellules du corps. De nouvelles cellules naissent constamment en vous. Alors même que vous lisez ce livre, de nouvelles cellules se créent et viennent occuper la place qui leur est assignée dans cette gigantesque mécanique de communication et d'influence réciproque qu'est votre corps. Cependant, la naissance de ces nouvelles cellules n'est pas entièrement inscrite à l'avance dans l'ADN. Certains aspects sont déterminés par les influences contextuelles signalées par les variations biochimiques qui se déroulent dans l'organisme. Si on se sent seul et coupé des autres par exemple, le taux de cortisol, l'hormone du stress qui circule dans le corps va augmenter. Le taux de cortisol indique à son tour au système immunitaire de modifier l'expression des gènes dans les globules blancs de la génération suivante, notamment en les rendant moins sensibles au cortisol. Les études montrent que dans ces cas-là, la réponse inflammatoire devient plus chronique, moins réceptive aux indicateurs marquant la sortie de crise. C'est ainsi qu'au fil du temps, des sentiments chroniques de solitude peuvent affaiblir le système immunitaire et laisser la porte ouverte aux maladies chroniques d'origine inflammatoire, comme certaines maladies cardiovasculaires ou l'arthrite. Les données vont encore plus loin en suggérant que le sentiment d'être seul ou coupé du monde est plus nocif pour le corps que l'isolement réel, ce qui tendrait à montrer que les émotions douloureuses influent sur les systèmes organiques qui à leur tour mènent à des conséquences graves pour la santé de l'individu. En déterminant la façon dont les émotions -et les modifications biochimiques qu'elles induisent- affectent l'expression des gènes dans le système immunitaire, les outils de la biologie moléculaire montrent comment le manque d'amour peut compromettre le système immunitaire et la santé".

On l'aura compris, le cœur du problème c'est l'amour. On s'accorde à définir ce qu'il n'est pas, mais la formulation de ce qu'il est n'est pas aisée. A ce sujet nous citerons longuement B.Fredrickson : "En bref, l'amour est la manifestation éphémère de trois phénomènes étroitement liés : le partage d'une ou plusieurs émotions positives avec quelqu'un d'autre ; une synchronie entre les réactions biochimiques et le comportement de deux personnes ; et une intention mutuelle de contribuer au bien-être de l'autre, qui entraîne une sollicitude réciproque". Elle écrit : "Avant toute chose, l'amour est une émotion, un état passager qui survient en imprégnant le corps et l'esprit. L'amour, comme toutes les émotions, surgit à la manière d'un phénomène météorologique distinct qui évolue rapidement, une force subtile en perpétuel changement. Comme toutes les émotions positives, l'amour apporte un sentiment délicieusement agréable... Mais bien au-delà de cette seule sensation agréable, les micro-moments d'amour nous changent littéralement l'esprit, comme toutes les émotions positives. Ils élargissent la conscience que l'on a du monde qui nous entoure, et même la conscience de soi. La frontière entre soi et l'autre -ce qui est en dehors de soi- se relâche, devient plus perméable. Quand on est imprégné par l'amour, on voit moins de distinctions entre soi et les autres. En fait, la capacité à voir les autres -les voir réellement, sincèrement- s'accroît brusquement. L'amour peut même donner un sentiment palpable d'unité, de communion, un sentiment de transcendance qui donne l'impression de faire partie de quelque chose qui nous dépasse largement". Selon B.Fredrickson : Les moments d'amour "élargissent la conscience que l'on a du monde qui nous entoure, et même la conscience de soi. La frontière entre soi et l'autre -ce qui est en dehors de soi-  se relâche, devient plus perméable". Elle souligne l'ouverture du mode relationnel, la relation s'ouvre dans un mode élargi : "Quand les émotions positives ont ouvert les portes de la perception, on est mieux à même de se relier aux autres. Le cerveau fonctionne sur un mode relativement égocentrique. Nos pensées ont tendance à tourner autour de nos propres besoins, nos propres désirs et nos propres préoccupations. Le nombrilisme peut devenir encore plus extrême quand on se sent menacé d'une manière ou d'une autre. En revanche, avec mes collaborateurs, nous avons mené des expériences qui montrent que lorsqu'on va bien, on sort du cocon de notre intérêt personnel pour prêter plus attention aux autres, se soucier davantage de leurs besoins, de leurs désirs et de leurs préoccupations, et comprendre leur point de vue. Une fois que l'on a réellement établi une relation avec quelqu'un pour partager un moment de résonance positive, les portes de la perception s'ouvrent plus largement encore et de manière singulière. Tout d'abord, on en vient à voir l'autre comme partie intégrante d'un tout -un seul «nous» au lieu de deux «je» distincts. Plus que toute autre émotion positive, l'amour élargit le cercle de nos préoccupations pour y inclure les autres davantage encore. L'amour est empreint d'une bienveillance et d'une sollicitude caractéristiques envers les autres, d'une chaleur et d'un intérêt sincère qui nous incitent à étendre notre confiance et notre compassion à leur égard". Plus loin, B.Fredrickson inscrit ce mode de fonctionnement dans une dynamique en spirale : "Les micro-moments de résonance positive qui s'accumulent jour après jour transforment peu à peu notre vie. Nous sommes en meilleure santé, plus heureux, mieux intégrés dans la société. Notre sagesse et notre résilience augmentent également. L'accroissement de ce type de ressources nous dispose à son tour à connaître plus facilement des micro-moments d'amour, favorisant ainsi d'autres formes d'expansion et de développement. La physiologie veut que notre organisme stimule et encourage cette spirale".

 

1-Douze formes de méditation. D.Goleman

2-L'Art de la Présence. Kaveen

3-Dharma N°4, Institut Karma-Ling, 1989. Lama Denys Teundroup Rinpoché

4-La bonté humaine. J.Lecomte

5-Love 2.0. B.Fredrickson