Circuit d'Anjou 1914

3 au 25 mars 1914

L'Automobile Club d'Anjou organise pour la 2ème année cette épreuve de vitesse en circuit gardé réservée aux voitures de tourisme. L'A.C. d'Anjou a réuni 31 engagements réunis en plusieurs catégories en fonction de la cylindrée des moteurs:

  • 1ère catégorie moins de 1,5l

      • Ariès 65/100 X

      • Andrea Ferrara 61/119 Mackensie

    • 3ème catégorie entre 2l et 2,5l

      • Grégoire 70/140 Bignan

    • 4ème catégorie entre 2,5l et 3l

      • Hispano-Suiza 85/130 Bara


      • X 80/148 Mme Rimbert

    • 5ème catégorie entre 3l et 3,5l

      • Chenard & Walcker 80/150 Glaszmann

      • Chenard & Walcker 80/150 Dauvergne

      • H.L. 80/150 Pouzet (fabriquée à Saint Cloud)

      • X 80/150 Rimbert

      • Grégoire 80/148 de Marne

      • RMC 95/115 Cardinal (marque inconnue)

      • RMC 95/115 Bonneville

      • RMC 95/115 Caillat

    • 6ème catégorie entre 3,5l et 4l

      • Aquila-Italiana 80/130 - 6 cyl. Leduc

      • Hispano-Suiza 80/180 Le Fer de la Germinais

      • Rolland-Pilain 95/140 Camus

      • Rolland-Pilain 95/140 Sire

    • 7ème catégorie entre 4l et 5l

      • Hispano-Suiza 90/180 Max Anthoine

      • Nazzaro 102/140 Barateau

    • 8ème catégorie au dessus de 5l

      • Lorraine-Dietrich 125/170 de Caix

      • Lorraine-Dietrich 125/170 de Lariboisiere

      • Lorraine-Dietrich 125/170 Szisz

      • Turcat-Mery 110/160 Meunier

      • Turcat-Mery 110/160 Violet

      • Turcat-Mery 110/160 Duray

      • Cottin-Desgouttes 130/200 baron de Franck

      • Rolland-Pilain 110/165 E. Pilain

      • Renault 130/160 Moncanis

      • S.C.A.P. 100/170 Mollet (probablement un type DS même si selon le catalogue le moteur est un 90/170)

Il y avait également deux S.A.V.A. inscrites mais la catégorie et le nom des pilotes n'est pas précisé dans les documents retrouvés

Au final, vingt cinq d'entre eux prennent le départ

Le Circuit

C'est un triangle formé par 3 routes de La Fontenelle à Rochefort, de Rochefort à Beaulieu (la Promenade) et retour à La Fontenelle. Cela fait environ 31km à parcourir 12 fois ce qui fait un total de 372km.

"La partie la Fontenelle - Rochefort offre deux descentes assez rapides avec deux virages en S assez accentués où les freins devront travailler. A Rochefort, virage à angle droit et ascension d'une côte de plus d'un kilomètre à environ 7%. Enfin, du haut de cette côte, à part le virage de Beaulieu, il n'y a aucun obstacle sensible. L'ensemble du parcours est d'aspect assez vallonnée"

"De vastes tribunes ont été élevées à 1500m des Ponts de Cé. Les spectateurs y trouveront, en outre d'une installation parfaite, un buffet qui servira des déjeuners à 5 francs et à 3 fr 50"

"La partie la Fontenelle - Rochefort offre deux descentes assez rapides avec deux virages en S assez accentués où les freins devront travailler. A Rochefort, virage à angle droit et ascension d'une côte de plus d'un kilomètre à environ 7%. Enfin, du haut de cette côte, à part le virage de Beaulieu, il n'y a aucun obstacle sensible. L'ensemble du parcours est d'aspect assez vallonnée"

"De vastes tribunes ont été élevées à 1500m des Ponts de Cé. Les spectateurs y trouveront, en outre d'une installation parfaite, un buffet qui servira des déjeuners à 5 francs et à 3 fr 50"

La course - compte-rendu publié par L'Auto-Vélo

L'Automobile Club d" Anjou a remporté aujourd'hui le plus entier succès ; telle est la réflexion que nous nous faisions tous en voyant aujourd'hui la foute que ce circuit avait attirée et l'organisation parfaite qui fût l'œuvre des membres très dévoués de l'A. C.A. Il a été prouvé aujourd'hui. une fois de plus, combien ces épreuves de décentralisation sont heureuses et combien efficace peut être leur répercussion sur les affaires dans toute une règion. Il était venu de paris peu de spectateurs. Les voitures que contenait le garage officiel appartenaient presque toutes à des Sportsmen de la région et parmi elles — nous nous sommes amusés, à le contrôler — se distinguaient surtout les marques ayant couru l'an dernier. N'y a-t-il pas là un fait tout à fait probant et digne d'attirer l'attention des grandes usines? La course, quel que soit son résultat, demeure encore le moyen le plus sur pour toucher la clientèle. Qu'on le constate et qu'on s'en souvienne.

Félicitons donc l'A.C.A. pour son heureuse imtiative. Mais qu'il me soit permis de dire, dans l'intérêt général, que le règlement comporte plusieurs lacunes qu'il faut de toute importance combler pour l'an prochain. Faites, aujourd'hui que le succès vous sourie, messieurs les Angevins, de la bonne et sérieuse besogne ; établissez vos règlements en les étudiant bien à fond comme le font vos collègues du Mans et de Boulogne et vous aurez bientôt pris la place qui vous revient et que vous méritez.

Mais nous aurons plus tard le temps de revenir ,sur ces points délicats. Occupons-nous des résultats, intéressants au plus haut point et qui mous ont permis d'assister à une très belle lutte, digne des grandes épreuves. Pour le gros public, la course demeure limitée aux seuls leaders ; pour le spectateur averti, dans une épreuve qui, telle celle-ci, comporte de multiples catégories, chaque catégorie a sa cause propre et c'est l'ensemble qu'il faut regarder. Nous citerons donc les performances par ordre de mérite et à tout seigneur tout honneur : C'est à Lorraine-Dietrich et à Szisz qu'iront mes premiers hommages. Avec quatre personnes à bord — Les noms des passagers, de braves mécaniciens : Hag, Will et Drouet, méritent d'être cités — la Lorraine-Dietrich de Szisz couvre les 370 kil. à plus de 106 de moyenne, sur un circuit très dur, aussi dur, me disait Duray que celui de Lyon. Voilà une victoire dont la Lorraine-Diétrich peut être fière, car elle est complète ; triomphe sur les concurrents et établissement d'une moyenne qui, je crois, n'est pas près d'être battue ici. Le rendement des Diétrich est de notoriété publique, mais il n'est pas mauvais qu'une performance telle que celle-là vienne le confirmer. Quant à Szisz, il a conduit de main de maître, malgré qu'il n'ait jamais fait le circuit avant la course et qu'il n'ait pris possession de sa voiture qu'hier. Associons à la. victoire de Lorraine, Continental dont les pneus furent au-dessus de tout éloge, gagnant aujourd'hui plusieurs catégories. Szisz a fait tout le parcours sans changer un pneu ! Voilà qui n'est pas banal avec une voiture de 1.800 kilos marchant à plus de 160 !

Si mous parlons par ordre de mérite, que dirai-je de la petite 10 HP Grégoire, de Bignan ? Il faut dire ce qu'est cette voiture : c'est celle avec laquelle de Marne fit le Tour de France et qui a couvert depuis 30.000 kilomètres; elle était venue ici en touriste ; Bignan devait partir avec une autre qui fut hier, victime d'un petit accident. Il prît la vieille de de Marne et avec son moteur de 70x140, la « Tour de France » gagne sa catégorie à 80 à l'heure de moyenne. Si Grégoire rentre dans la lutte cette année, avouons que la marque de Poissy a bien des atouts dans son jeu !

Hispano-Suiza, la marque sportive par excellence, gagne deux catégories, est seconde du classement général et nous pouvons le dire, a manqué de peu la plus belle des victoires avec la 80 x 130 de Bara. Au onzième tour, Bara était second ; il paraissait devoir facilement conserver sa place et il l'eut fait sans un petit ennui sans grande importance, mais qui cependant le retarda. Cette 80 x 130 est réellement une voiture extraordinaire, d'un rendement merveilleux; elle l'a prouvé à Gaillon. Quant à celle de Max Antoine, c'est celle avec laquelle il fait ses voyages, de passage dans la région, il s'est engagé en bon touriste, avec tous ses accessoires à bord et se classe second ! Tout commentaire serait superflu.

Avec une jolie petite 6 cylindres Aquila de 80 x 130, Leduc enlève avec brio la sixième catégorie. Après la performance des Aquila dans le Tour de France, un tel résultat n'est pas pour nous surprendre.

Je tiens à signaler particulièrement la belle performance de la nouvelle 18 HP Rolland-Pilain que son proprietaire, M. Camus, ne put conduire, n'étant pas assuré, mais qui, sous la main experte de Sire, termina brillamment. Voici une voiture de tourisme qui fait du chemin et qui fera son chemin, comme tous les types lancés par les usines de Tours.

Les nouvelles Chenard-Walcker se sont officiellement révélées aujourd'hui et ce, de la façon la plus brillante. Elles couvrent les 370 kilomètres à une allure moyenne de plus de 90 à l'heure et ce avec des 90x150 (80?). Avouons que c'est la une allure que des 40 HP envieraient souvent. Et saluons cette 15 HP type sport d'une façon toute particulière.

Pour en terminer avec les lauréats, citons encore l,a vaillanteH.-L. Touzet, la plus petite des concurrentes et abordons les malchanceux. Turcat-Méry méritait mieux ; Duray, qui conduisait l'une d'elles, a aujourd'hui fait pendant dix-huit tours une course admirable, talonnant Szisz au point qu'au début de la course la victoire paraissait incertaine. Mais le moteur de Duray était trop neuf et Duray préféra s'arrêter, donnant ainsi une preuve de la sagesse de son esprit sportif. Janier, pseudonyme sous lequel se cache l'un de nos meilleurs jeunes millionnaires conducteurs, au dix-septième, tour cassa une roue dans un talus. Le temps de réparer et il perdit la secondé place qui paraissait devoir lui appartenir. Enfin, signalons la course très honorable d'Aquila et de Nazzaro qui se classent bien dans une catégorie très chargée.

Un accident

Nous avons eu aux tribunes un moment de rude émotion en passant devant le ravitaillement, Moncanis, sur Renault, accrocha la Hispano-Suiza de Germinais arrêtée devant son ravitaillement, lui causant de graves avaries. La Renault elle-même dérapa, fit deux tête-à-queue et s'arrêta contre les balustrades. Mais, dans le choc, le mécanicien Naclou fut projeté sur le sol. Emporté à l'ambulance, on constata qu'il m'avait que des blessures légères.


Le Classement général

1. Lorraine-Diétrich (Szisz), 3 h. 31' 6" 1/5;

2. Hispano-Suiza (Anthoine). 3 h. 56' 57" 4/5;

3. Turcat-Méry (Janier), 3 h. 59' 39" 3/5 ;

4. Cottin-Desgouttes (De Franck), 4 h. 19" ;

5. Chenard-Walcker (Glaszmann), 4 h. 4' 41" ;

'6.Chenard-Walcker (Dauvergne), 4 h.6' 51";

7. Aquila (Leduc), 4 h. 10' 52" ;

8. Nazarro (Baratto), 4 h. 21' 1/5 ;

9. Hispano-Suiza (Barra), 4 h. 27' 6" ;

10. Rolland-Pilain (Sire), 4 h. 56' 15" ;

11. S. C. A. P. (Molet), 4 h. 59' 51".

Le Classement par catégorie

8ème catégorie — 1. Szisz (Lorraine-Diétrich, -pneus Continental), en 3 h. 31 m. 6 s. ; 2. Janier (Turcat-Méry), en 3 h. 59 m. 39 s. ; 3. De Frank (Cottin-Desgouttes), en 4 h. 19 s.

7ème catégorie. — 1. Max Antoine (Hispano-Suiza, pneus Continental), en 3 h. 58 m. 57 s. ; 2. Barateau (Nazzaro) en 4 h. 26 m. 1 s.

6ème catégorie. — 1. Leduc (Aquila-ltaliana), en, 4 h. 10 m. 52 s. ; 2. Sire (Rolland-Pilain), en 4 h. 56 m. 15 s.

5ème catégorie. — 1 Glaszmann (Chenard-Walcker), en 4 h. 4 m. 41 s. ; 2. Dauvergne (Chenard-Walcker), en 4 h. 10 m. 51 s. ; 3. Pouzet (H. IL), en 4 h. 59 m. 54 s.

4ème catégorie. — 1. Barra (Hispano-Suiza, pneus Continental), en 4 h. 27 m 6 s.

3ème catégorie. — 1. Bignan. (Grégoire, pneus Continental), en 4 h. 37 m. 49 s.