Question I : Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875.
Introduction :
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Comme la majeure partie de l’Europe, l’Allemagne connaît un essor lié à la Révolution industrielle et à la formation de son unité nationale. Cette industrialisation induit une modification sociale et voit apparaître une nouvelle masse dominante : les ouvriers. La brutalité des mutations socio-économiques engendre aussi des oppositions. C’est dans ce contexte que l’idéologie socialiste naît et se répand dans les milieux ouvriers suscitant l’espoir et investissant le champ politique. Les mouvements ouvriers oscilleront pendant toute la période entre le socialisme, le communisme tout en créant des syndicats puissants.
Problématique : Quelle est l'influence du mouvement ouvrier sur la vie politique et sociale de l'Allemagne depuis la fin du XIXe siècle ?
I. L'essor du mouvement ouvrier en Allemagne (1875 - 1918).
La Révolte des tisserands, série de trois lithographies et trois gravures réalisée par Käthe Kollwitz entre 1893 et 1898
A. L'Allemagne au cœur de l'âge industriel.
Docs p.132 - 133
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Où trouve-t-on principalement les régions industrielles ?
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Pourquoi peut-on dire que l'Allemagne devient une grande puissance industrielle ?
Quel type d'entreprise apparaît pendant cette phase d'industrialisation.
L’industrialisation en Allemagne est plus tardive qu’en Angleterre ou en France. Cependant, le pays qui connait un développement important de l’industrie lourde dans la deuxième moitié du XIXe siècle devient l’une des premières puissances industrielles mondiales à la fin du siècle. Avec cette industrialisation naissent des Konzern comme Thyssen, Krupp et BASF qui regroupent plusieurs dizaines de milliers d’ouvriers, dans de véritables villes-usines. L’urbanisation, l’augmentation du nombre d’ouvriers (1/3 de la population active) ainsi que leurs difficiles conditions de vie ont des conséquences sur la vie politique allemande.
Un konzern est un terme allemand pour désigner une association d’entreprises.
B. La naissance et l'organisation du socialisme en Allemagne.
Etude de documents pour mettre en relation le marxisme et le programme du SPD présenté à Erfurt en 1891 => ICI
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Que veut dénoncer ce dessin humoristique ?
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Que constatez-vous ?
L’Europe qui s’industrialise est le terreau de l’idéologie socialiste qui joue un rôle majeur dans les luttes ouvrières. Dans de nombreux pays, la question sociale se pose de manière aigüe : salaire bas, longues journées de travail, travail des enfants, mauvaises conditions de vie…
Karl Marx (1818 - 1883) et Friedrich Engels (1820 – 1895) s’affirment alors comme les maîtres à penser du socialisme européen. Avec le Manifeste du parti communiste (1848), ils prônent la révolution prolétarienne pour renverser l’ordre économique et social bourgeois.
En 1875, lors du congrès de Gotha, les deux partis socialistes allemands s’unissent (ADAV de Ferdinand Lassalle + SDAP de W. Liebknecht et A. Babel = SPD). Le SPD adopte les idées de Karl Marx et devient le premier parti d’Allemagne dès 1890. L’organisation doit lutter contre le pouvoir de Bismarck qui tente de les démanteler. En 1891, elle est relancée grâce au programme d’Erfurt. Parallèlement, il y a l’essor du syndicalisme proche du SPD avec plus de 2,4 millions d’adhérents en 1911.
II. L'entre-deux-guerres : le mouvement ouvrier face au pouvoir.
A. L'affrontement idéologique entre communistes et socialistes.
Deux visions opposées du socialisme
La fragile unité du SPD ne résiste pas aux effets conjoints de la guerre et de la révolution russe de 1917. Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht sont exclus du SPD pour pacifisme en 1915. Ils fondent en 1916 de façon clandestine le mouvement révolutionnaire spartakiste ou ligue Spartakus, ancêtre du Parti communiste d’Allemagne (KPD).
B. Les affrontements directs.
En 1919, la rupture est consommée entre le SPD et le KPD fondé en décembre 1918 par les spartakistes et partisans d’une révolution prolétarienne : pour les communistes, le SPD a trahi la cause ouvrière et l’idéal révolutionnaire. Cette coupure va laisser des traces durables dans la gauche allemande.
Dans le même temps, le mouvement syndical très lié au SPD et réunit dans une confédération syndicale en Allemagne sous le nom d’ADGB et regroupe 3 millions d’adhérents. Les socialistes poussent à l’adoption de réformes sociales :
- 8 heures de travail par jour
- convention collective
- assurance chômage
- comités d’entreprise
C. Le mouvement face au nazisme.
Pour Hitler, les responsables de la crise économique de 1929 sont le régime parlementaire, les socialistes du SPD, les communistes du KPD, le diktat de Versailles et les juifs. Il fait la promesse du plein emploi et d’aides sociales aux ouvriers.
En attendant, le KPD et le SPD refus de former un front républicain contre le nazisme. Le KPD applique la consigne de Staline : classe contre classe. Cette situation sera fatale aux deux.
Hitler arrive aux pouvoirs en 1932 avec 33 % des voix et devient chancelier le 30 janvier 1933 :
- accusation du KPD de l’incendie du Reichstag et interdiction du parti
- interdiction du SPD après le refus de voter les pleins pouvoirs
- personnalités du mouvement ouvrier assassinées.
III. De 1945 à nos jours : socialisme, communisme et syndicalisme de la division à la réunification allemande.
A. En RFA.
A l’issue du congrès Bad Godesberg en 1959, un nouveau programme est adopté par le SPD : abandon de toute référence au marxisme et accepte l’économie de marche. Cette nouvelle orientation permet un retour au pouvoir du SPD après une longue période avec à sa tête Willy Brandt (1913-1992).
Plusieurs organisations syndicales s’organisent dans les différentes zones d’occupation. Mais, la Confédération allemande des syndicats (DGB) devient rapidement la plus puissante avec 4,9 millions de membres dont 4,2 millions d’ouvriers.
Grâce à la loi de 1952 sur la cogestion qui impose une présence des salariés et des syndicats dans les conseils de surveillance des entreprises. Les syndicats pratiquent la négociation avec le patronat.
Le SPD impose des réformes dans l’esprit de la social-démocratie :
- Extension de la cogestion et plus de droits pour les travailleurs
- renforcement des aides publiques
- protection sociale
- droit de vote à 18 ans
- loi sur l’avortement
=> opposition de l’extrême gauche = révoltes étudiantes + terrorisme
Le SPD perd le pouvoir en 1982.
B. En RDA.
L’Est de l’Allemagne est occupé par les Soviétiques. Lors de l’occupation, le SED est créé : fusion du SPD et du KPD=> seul parti autorisé.
Il est dirigé par Walter Ulbricht de 1949 à 1971 et par Erich Honecker de 1971 à 1989. Le parti évolue vers un parti de type soviétique :
- économie planifiée
- industries lourdes en priorité
- 2 classes : paysans/ouvriers
- une population encadrée
- police du régime : la STASI créée en 1950
- grèves interdites et répression des manifestations.
C. Socialisme et communisme après la réunification.
La réunification bouleverse la vie politique et sociale. Le SED devient le PDS = le parti du socialisme démocratique.
Le SPD revient au pouvoir en 1988 avec Gerhard Schröder. Mais, les réformes libérales suscitent de fortes oppositions au sein du parti + oppositions des syndicats. Il se retire du pouvoir en 2005.
En 2005, une coalition dirigée par Angela Merkel (CDU) avec le SPD remporte les élections. Mais la gauche du SPD quitte le parti et fonde un nouveau parti plus à gauche, Die Linke (« La Gauche »).
Conclusion :