Thème III - La France sous la Vème République.
Sujet d'étude n°3 - Les femmes dans la société française.
Introduction :
Les femmes ont le droit de vote en France depuis 1944 mais le chemin vers leur émancipation sociale et l'égalité hommes-femmes est loin d'être achevé. Au début des années 1960, les femmes occupent toujours une situation d'infériorité, dans une société française restée traditionnelle. Les femmes mariées sont soumises à leurs époux par le Code civil. L'essentiel des carrières et des études prestigieuses leur sont fermées, et elles accèdent peu aux responsabilités.
Problématique :
Comment la place des femmes a-t-elle évolué dans les domaines économique, politique, social et culturel sous la Vème République ?
I. La place des femmes dans la vie active.
A. La scolarisation des filles et la féminisation rapide de la population active.
La place des femmes dans la société dans les années 1970-1980 est marqué par une scolarisation et une réussite moins importante que celles des hommes. Jusque dans les années 1960, filles et garçons n'étudient pas dans les mêmes écoles et reçoivent par la même formation. A partir de 1970, la scolarisation des filles progresse. Au XXIème siècle, la situation est modifiée : les filles sont plus nombreuses que les garçons à obtenir le baccalauréat (58 % de filles en 2010).
Le taux d'activité féminine progresse depuis les années 1950. Pour les femmes, dans la tranche d'âge de 25 à 54 ans, le taux d'activité passe de 43 % en 1954 à 79% en 1996. La part des femmes reste faible parmi les ouvriers (20% en 1999) mais augmente dans les emplois salariés et tertiaires (79 % des actifs). L'accès aux fonctions d'encadrement progresse : en 2000, 1/3 des cadres sont des femmes. Mais le sommet de la hiérarchie reste masculin.
B. Des inégalités persistantes.
La conquête par les femmes du marché du travail masque néanmoins la persistance de profondes inégalités. Les inégalités sont criantes dans le monde de l'entreprise : les postes de dirigeants sont avant tout réservés aux hommes. De plus, à niveau de qualification égal, les femmes restent moins bien payées que les hommes. Dans les années 2000, il existe entre 24 et 28 % d'écarts entre le salaire moyen féminin et son équivalent masculin. L'inégalité résulte d'un "plafond de verre" c'est-à-dire des barrières invisibles entravant la carrière des femmes. Par ailleurs, leur carrière est même plus lente que celle des hommes, elles sont davantage affectées par la précarité du travail : travail à temps partiel et chômage.
Pour lutter contre les discriminations des lois sont établies :
- la loi du 11 juillet 1975 interdit la discrimination à l'embauche,
- la loi du 13 juillet 1983 dite loi Roudy impose l'égalité professionnelle entre hommes et femmes.
II. La place des femmes dans la vie politique.
A. De la "gouvernance masculine" à une lente affirmation des femmes en politique.
En 1920, la France est l'une des dernières démocraties en Europe à ne pas accorder le droit de vote aux femmes. On reste dans une vision où l'espace public reste une affaire d'hommes, que les femmes ne peuvent pas comprendre les enjeux politiques. Le mouvement suffragiste manifeste contre cette situation à chaque élection. Des femmes comme Louise Weiss incarne ce combat. Le 21 avril 1944, les Comité français de libération nationale adopte l'ordonnance qui accorde le droit de vote aux femmes. Cependant, on compte très peu de femmes sous la IVe République. La sous-représentation des femmes dure sous la Ve République jusqu'aux début des années 1970. Ainsi, en 1974, Valery Giscard d'Estaing fait de la féminisation du gouvernement un marqueur de modernité et crée le 1er secrétariat d'Etat à la condition féminine qui est confié à Françoise Giroud. Simone Veil est nommé ministre de la Santé.
Le mouvement suffragiste est un mouvement né en Angleterre en 1866 qui milite pour l'obtention des droits politiques des femmes. La femme qui milite est appelée "suffragette".
B. Un tournant décisif entre 1990 et 2000 : un nouveau combat, la parité hommes-femmes.
Les femmes accèdent plus largement au pouvoir exécutif et/ou à la vie politique. Ainsi, en 1974, Arlette Laguiller est la 1ère femme candidate à l'élection présidentielle ; en 1991, Edith Cresson devient la 1ère femme 1er ministre ; en 1997, Elizabeth Guigou devient la 1ère femme ministre de la Justice et en 2007, Ségolène Royal est la 1ère femme à accéder au deuxième tour d'une élection présidentielle. Cependant, les femmes sont sous-représentées dans les assemblées élues. La question de la parité devient dès lors un enjeu des combats féministes. Cela aboutit en 2000 au vote de la loi sur l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux. Elle a à la fois un caractère obligatoire et un caractère incitatif. Elle permet des progrès rapides dans certains cas (Conseils régionaux) mais des progrès plus lents dans d'autres cas (Assemblée Nationale).
La parité est un principe selon lequel les femmes et les hommes doivent être représentés de manière égale dans la vie politique.
III. L'évolution de la place des femmes sur un plan social et culturel.
A. Les années 1965 - 1985 : les "Vingt Glorieuses des femmes".
Les années 1965 - 1985 correspondent aux "Vingt Glorieuses des femmes" car elles sont marquées par de nombreuses réformes féministes :
- concernant la famille :
- en 1970, les époux partagent l'autorité parentale,
- en 1975, la femme peut plus facilement divorcer par consentement mutuel ou vivre en concubinage sans être l'objet de scandale.
- concernant la maîtrise de son corps :
- en 1967, libre accès à la contraception par la loi Neuwrith,
- en 1975, autorisation de l'avortement (IVG) par la loi Veil.
L'obtention de reformes est favorisée par l'action des mouvements féministes tel que le MLF ou Mouvement de Libération des Femmes. Il lance en 1970, le slogan : " Un enfant quand je veux, si je veux comme je veux". Ces différentes revendications sont relayées par la presse, par des artistes, des intellectuels...
B. Les combats à mener pour les droits des femmes.
Les combats pour la liberté et l'égalité des femmes ne sont pas terminés. Il reste à mener celui pour une lutte efficace contre les violences sexuelles comme le harcèlement sexuel et le viol :
- la loi de 1980 stipule que le viol est considéré comme un crime passible de la cour d'assises et non plus comme un délit.
- la loi de 1992 inscrit le harcèlement sexuel dans le Code pénal.
Le "manifeste des 313" publié en 2012 protestant contre l'impunité des violeurs et le silence des femmes violées, illustre bien que la lutte pour l'émancipation de la femme n'est pas achevée.
C. Les années 2000, résurgence d'un sexisme ordinaire ?
Les féministes revendiquent une véritable égalité entre les sexes afin de mettre fin aux préjugés. En effet, les discriminations reposent sur des préjugés sexistes, sur le machisme, et les conceptions patriarcales vécus dans le cadre familial et véhiculé par les médias. Ces conceptions se traduisent ensuite par des inégalités en société et dans la famille.