Thème IV - Les échelles de gouvernement dans le monde depuis la fin de la SGM
Question III - L'échelle mondiale : la gouvernance économique mondiale depuis 1944.
Un cours fortement inspiré par le travail de Mme Courregelongue ! Merci à elle !
Introduction :
Au lendemain de la SGM, le nationalisme ayant été rendu responsable du conflit, l'Etat-nation n'est plus considéré comme étant capable d'assurer une paix durable et un ordre économique stable. Avant même la fin du conflit, les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux ont réfléchi à un nouvel ordre économique mondial, propre à garantir la paix en évitant les crises économiques. La question d'une gouvernance économique est dès lors posée. Une gouvernance est un système de règles économiques, financières, monétaires visant à faciliter la coopération et la croissance dans un cadre dépassant celui des seuls Etats. Les acteurs y sont multiples : Etats, regroupements d'Etats (UE,ALENA), G8 ou G20, opinions publiques, ONG, FTN, FMI, OMC.
Problématique :
Quels sont les progrès et les limites de la gouvernance économique mondiale depuis 1944 ?
I. 1944 - 1971 : Bretton Woods et la naissance des premières institutions de régulation.
A. La place centrale des Etats-Unis.
Le système de Bretton Woods constitue la première tentative d'établir des règles et des institutions économiques internationales, lié à la nécessité de reconstruire l'économie mondiale apres la SGM.
La crise des années 1930 puis la guerre ont amené la déstabilisation de l'économie et des destructions. Les deux défis qui se posent alors au monde sont de reconstruire et de relancer les échanges économiques. En 1944, les alliés se réunissent à Bretton Woods aux Etats-Unis soit 44 pays au départ. L'idée qui prévaut est qu'il n'y a pas de paix durable sans une prospérité économique partagée, donc sans une économie internationale efficace. Il est décidé une refonte des institutions internationales sous l'égide des Etats-Unis qui jouent un rôle central et cherchent à imposer leur hégémonie commerciale c'est-à-dire défendre leurs intérêts économiques et garder l'avance obtenue pendant la guerre. Pour cela, il faut favoriser le libre-échange en ouvrant les marchés notamment aux productions américaines et imposer le dollar.
B. La mise en place d'une monnaie de référence mondiale : le dollar.
Le dollar est la monnaie de la première puissance économie mondiale, elle inspire confiance. De plus, les Etats-Unis détiennent 2/3 du stock d'or mondial. Aux accords de Bretton Woods, le dollar devient la monnaie de référence mondiale. C'est la seule monnaie qui est basée sur l'or (Gold Exchange Standard). Dans le cadres du Système Monétaire Internationale,la valeur des autres monnaies est fixée par rapport au dollar, on parle donc de parité. Certains économistes comme Keynes désapprouve cette mesure car il souhaite l'établissement d'une véritable monnaie internationale, le Bancor.
C. Les premières institutions de régulation de l'économie mondiale : FMI, BIRD (BM), GATT.
Le Fond Monétaire Internationale siège à Washington. Son rôle est de réguler l'activité financière, fournir des liquidités aux Etats en cas de crise financière pour éviter l'effondrement des systèmes bancaires, veiller à la stabilité des monnaies par rapport à la monnaie de référence, le dollar. Chaque pays membre cotise à un fonds qui permet au FMI de disposer d'une réserve d'intervention. La cotisation s'effectue en fonction du PIB, cela favorise donc les pays les plus développés notamment et surtout les Etats-Unis qui disposent de 32 % des droits de vote.
La Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement ou BIRD est créée pour la reconstruction de l'Europe et du Japon. Son siège se trouve à Washington. Puis, elle se spécialise dans l'aide au développement de tous les pays du monde et devient la Banque Mondiale.
Le GATT (Général Agreement on Tariffs and Trade ou Accord Général sur les tarifs douaniers) est une organisation internationale du commerce qui devait exister pour réguler les échanges dans le cadre de l'ONU mais les Etats-Unis refusent car ils ne veulent pas perdre leur autonomie commerciale. En 1947, les accords du GATT sont signés par 23 pays représentant 80 % du commerce mondial. Ces accords obligent les pays membres à ne pas augmenter leurs droits de douanes voire à les baisser.
Ces nouvelles institutions sont fortement marquées par le poids des Etats-Unis et des autres pays développés. Ce système ne concerne pas les pays du bloc communiste qui refusent d'y adhérer et choisissent une voie propre. En 1964 formation de la CNUCED puis du G77 composé de pays en développement et décolonisés réclamant un nouvel ordre économique mondiale qui leur soit plus favorable.
II. 1971 - années 2000 : l’essoufflement rapide du système.
A. La fin du système de Bretton Woods.
Dans les années 1970, le stock d'or américain est de plus en plus déconnecté de la quantité de dollars en circulation car les Etats-Unis ont été obligés de fabriquer du dollar pour financer la guerre du Vietnam et leur important déficit. En 1971, le président Nixon met fin à la convertibilité dollar/or. A partir de 1975, les cours des monnaies sont flottants, cela va entraîner de fréquentes variations entre elles et donc provoquer une instabilité monétaire (Ex : en 1970 le dollar vaut 360 yen et en 1975 seulement 280 yen). Les Etats jouent de cet aspect pour faire varier leur monnaie en fonction de leurs intérêts (Ex : Si une monnaie baisse, il est plus facile d'exporter).
B. Une libéralisation accrue des échanges.
Au début des années 1970, les pays industrialisés sont touchés par une récession économique mais ils refusent le protectionnisme et favorisent le libre-échange. Le G6 est créé en 1975 par les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, et l'Italie (puis il devient le G7 en 1976 avec l'entrée du Canada) pour coordonner les politiques commerciales.
Les accords du GATT ont un rôle accru pour faire tomber les barrières douanières et on constate une forte influence des politiques néolibérale des Etats-Unis et du Royaume-Uni. Le FMI et la BM favorisent le développement du libre échange dans les pays en développement mais l'aide est conditionnée à des mesures favorables au libre-échange comme la diminution du poids de l'Etat, l'ouverture économique, des réformes des secteurs bancaires. Ces conditions sont parfois très critiquées.
Un marché mondial se développe et les échanges se multiplient notamment avec la création d'organisations régionales (CEE) ou le rôle des FTN. La multiplication des échanges est causée par l'accélération de la déréglementation (suppression des règles fixées par les Etats pour encadrer les activités économique) des activités financières. Cette déréglementation multiple également les crises liées à la spéculation que les Etats ne contrôlent pas.
En 1995, le GATT devient l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Elle élargit son action à l'ensemble du commerce mondial tels que l'industrie, l'agriculture et les services. Elle intégrè la plupart des pays et fonctionne de manière multilatérale.
La fin du système de Bretton Woods correspond à l'accélération de la mondialisation, à la perte d'influence des Etats et à la multiplication des acteurs dans la gouvernance économique.
III. Une gouvernance mondiale aujourd'hui à repenser.
A. Une crise majeure.
En 2007, il y a un effondrement du marché immobilier américaine, c'est la crise spéculative des "subprimes" : 500 milliards de dollars de crédits ne peuvent être remboursés. Banques et sociétés d'assurance sont en faillite notamment une des plus grande banque américaine, Lehman Brothers.
L’existence d'un marché financier mondial entraîne un gigantesque mouvement de contagion à l'ensemble de la planète. Pour faire face à la crise, les gouvernements interviennent massivement mais malgré, les sommes colossales mobilisées, la situation reste grave et fragilise les Etats. Ces derniers demandent l'intervention des institutions internationales, qui mettent en place des plans d'urgence très contraignants dont les résultats sont très contestables et amènent certains pays à avoir un endettement très important (Grèce, Italie, Espagne) qui s'aggrave malgré tous les efforts. Les pays émergents sont moins touchés par cette crise mais souffrent de la baisse de la demande des pays du Nord.
B. La recherche d'une nouvelle forme de gouvernance mondiale.
Il y a une prise de conscience de la nécessité d'agir plus collectivement.
Les grandes puissances économiques mondiales élargissent les sommets internationaux, le G8 devient le G20, la décision est prise en 2009 au sommet de Pittsburgh
Coordination des efforts entre responsables de gouvernement et instituions internationales.
Volonté de lutter contre les paradis fiscaux et de mieux réguler la finance internationale.
Dialogue avec les acteurs non étatiques comme les FTN au Forum économique mondial annuel de Davos en Suisse, les ONG
Volonté de renforcer le rôle du FMI
Mais cela est en réalité limité car tout passe encore par des négociations classique entre des Etats souvent rivaux. La gouvernance économique mondiale reste contrôlée par les plus grande puissances. Il est très difficile de mettre tout le monde d'accord sur les mesures à prendre. Enfin, ce système est très contesté :
altermondialistes, contre-sommets à Seattle, forums sociaux mondiaux comme Porto Alegre, mouvement des indignés.
Conclusion.
Ainsi, la gouvernance économique mondiale depuis 1944 a vu se mettre en place un système fortement encadré, celui défini à Bretton Woods. Il n'a pas résisté à la crise économique des années 1970 et à l'émergence de nouvelles puissances. La gouvernance actuelle du monde est donc faite d'équilibres complexes et est marquée par des acteurs de plus en plus nombreux et interdépendants, mais aussi contestés.