2ème partie : Le continent africain face au développement et à la mondialisation.
Introduction :
Scène de distribution d'eau au Soudan.
Techniciens chinois et soudanais sur une exploitation pétrolière
Masaï un peuple semi-nomade.
Ouverture de la coupe du monde de football en Afrique du Sud
Dans les Suds en développement, l’Afrique reste le continent le plus pauvre ( 49 pays les moins avancés en 2010, dont 33 en Afrique) et le plus instable, malgré des potentialités considérables.
Cependant, il faut porter sur ce continent un regard neuf et surtout plus juste, car depuis le début des années 2000 des dynamiques de progrès sont partout à l’œuvre : l’Afrique ne reste pas en marge du processus de mondialisation, mais les défis posés par le développement y sont complexes et multiples. C’est donc un continent pluriel, au sein duquel les mutations économiques, politiques et spatiales sont inégales.
Problématique : Quelle est la situation de l’Afrique face aux questions de développement et dans la mondialisation ?
I. Un continent à l'écart du développement et du monde ?
A. A l'échelle mondiale, des indicateurs défavorables.
1. Sur le plan économique.
- 3 % du commerce mondial,
- un PIB continental qui atteint à peine celui de l’Espagne.
- un poids de la dette important : 40 % du PIB moyen absorbé par la dette,
- des économiques déséquilibrés :
- un grand nombre des actifs travaillent dans l’agriculture,
- le secteur secondaire est peu développée sauf dans les pays producteurs d’hydrocarbures comme l’Algérie.
- le secteur tertiaire essentiellement formé par la fonction publique.
- Des économies de rente restent très présentes = dépendance envers l’exportation de produits peu ou pas transformées.
2. Sur le plan du développement humain.
-IDH faibles sauf pour la Libye et île Maurice considérés par l’ONU comme ayant des IDH élevés.
-IPH (Indicateur de Pauvreté Humaine): analphabétisme, revenu, accès à l’eau potable…. Reste faible
-
Ex : Niger : le taux de mortalité infantile le plus élevée au monde autour de 90/1000 contre moins de 2/1000 à Singapour.
-Des indicateurs alarmants : VIH, mortalité infantile, paludisme, insécurité alimentaire
Ex : Swaziland : 25 % des adultes sont séropositifs.
3. Sur le plan environnemental : des risques multiples.
Document 1 p. 262
Altération du potentiel naturel : la gestion des ressources est souvent prédatrice, c’est-à-dire qu’elle ne se soucie pas du renouvellement de ces ressources, ni des conséquences écologiques et sociales.
Ex : Déforestation massive en Afrique de l’ouest.
Ex : Marées noires dans le delta du Niger.
Il y a aussi la question des déchets, du continent lui-même mais aussi des autres continents notamment ceux de l’Europe, on parle même de « continent-poubelle »
B. La persistance de la pauvreté et des difficultés politiques.
1. Une pauvreté encore très présente.
La fillettte et le vautour.
Le photographe Kevin Carter photographie la famine au Soudan. Il remporte le prix Pulitzer pour ce cliché, mais se suicide quelques mois plus tard. Pour la petite histoire, la petite fille sur le cliché survivra à la famine.
Plus de 300 millions de personnes vivent avec moins de 1 dollars par jour en Afrique subsaharienne. Cette extrême pauvreté se traduit par une sous-alimentation importante en Afrique.
L’espérance de vie reste faible en Afrique soit 55 ans en moyenne alors que la moyenne mondiale est de + de 68 ans.
L’accès à l’eau potable n’est pas assurée à l’ensemble des Africains car il y a une faiblesse des équipements en eau (réseaux d’égouts et d’assainissement).
2. Des conflits locaux aux effets multiples.
Questionnaire : Des conflits locaux aux effets multiples.
1. Doc 2. 263. Relevez les pays où il y a des conflits. Dites, quelles sont les conséquences sur les populations.
2. Docs 3 et 4 p.267. Relevez les raisons du conflit au Soudan du Sud. Dites, quelle est la conséquence sur les populations.
3. Doc 3 p.265. Quels sont les impacts des guerres sur les sociétés civiles.
3. Les problèmes de gouvernance.
Etats post-coloniaux marqués par la corruption, le népotisme (=abus de quelqu'un qui use de son autorité pour procurer des avantages aux gens de sa famille).
Ex : les élites africaines détiendraient à l'extérieur du continent environ 700 milliards de dollars soit l'équivalent du PIB de tout le continent.
Les ambitions politiques et le manque de démocratie conduisent souvent à un maintien au pouvoir de certains "présidents". Cela peut conduire à des guerres civiles.
Ex : Khadafi en Libye -> 42 ans au pouvoir.
Ex : Robert Mugabé au Zimbabwe -> 31 ans de pouvoir.
II. De nouvelles perspectives ?
A. Une Afrique en mouvement.
1. De nouvelles dynamiques.
Globalement le continent connait une croissance forte, supérieure à 5%/an. Encourageant même si les experts estiment qu’il faudrait une croissance autour de 7%/an pour compenser la pauvreté du continent. La forte croissance éco de l’Afrique depuis 2000 a permis une progression annuelle de 4 % du PIB/hab ;
Selon le FMI, la part de l’Afrique dans la croissance mondiale était négligeable à la fin du XX (moins de 0,3% ….) ; cette part a atteint 2,5% depuis l’an 2000 et c’est un signe encourageant mais sans commune mesure avec la part de la Chine (20% !!).
Émergence de couches modestes mais solvables et consommatrices : petite prospérité africaine qui anime un marché intérieur dynamique. L’Afrique est perçue comme un marché d’avenir. 1 p 261
La révolution des télécommunications y est en marche. De grands chantiers sont en cours : 3 p 261
Comment expliquer cette croissance forte ?
· Revenus des produits d’exportations.
· Investissements extérieurs des BRICS : IDE surtout dans des projets d’infrastructures et vers le secteur de l’exploitation des ressources et hydrocarbures.
· Consommation intérieure
Donc des signes encourageants bien qu’encore insuffisants. Dans ce contexte la situation est contrastée
2. Un ensemble qui n’est pas homogène : de nouvelles puissances émergentes
Le continent est marqué par la complexité des trajectoires : 45 Etats qui sont autant d’histoires nationales. Ainsi, des situations porteuses d’optimisme comme le Botswana, le Ghana; à l’inverse le Zimbabwe, la Côte d’Ivoire connaissent des renversements de situation.
Diapo Carte IDH p 351:
-Afrique du nord : 17% de la pop et 40% du PIB du continent
-Afrique du Sud : 5% de la pop et 30% du PIB du continent
-Afrique subsaharienne : 80% de la pop et 30% du PIB du continent
Apparition de puissances émergentes à l'échelle du continent :
• L'Afrique du Nord et l'ouverture méditerranéenne
L'Afrique du Nord apparaît ainsi comme ouverte vers la Méditerranée, et donc vers l'Europe et le Moyen-Orient. Elle dispose ainsi d'un potentiel important d'intégration aux flux, qu'elle exploite en échangeant des hydrocarbures (Libye, Algérie), des produits agricoles (Maroc) ou en s'ouvrant au tourisme (Égypte, Tunisie, Maroc). C'est aussi un espace de délocalisation industrielle pour les pays du Nord.
• L'Afrique du Sud : les voies de l'émergence
Membre du BRICS, l'Afrique du Sud est la principale économie du continent et compte la première industrie, liée aux richesses minières. Mais son poids international reste limité.
• Des Etats qui misent sur leurs ressources : Nigeria, Angola (misent sur l’exportation)
On parle de « lions africains » : Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte, Nigeria, Angola, Afrique du Sud.
A côté de ces situations encourageantes, les PMA restent une réalité et cumulent les difficultés
• Des États enclavés
Les pays les plus pauvres de la zone sahélienne et de l'Afrique australe sont enclavés, comme le Mali, le Niger, le Zimbabwe. Ils sont donc ainsi exclus du dynamisme qui caractérise les zones littorales dans l'espace mondial.
• Des situations sanitaires et politiques préoccupantes
Ces États sont également ceux qui concentrent les problèmes du continent évoqués plus haut de la façon la plus dramatique. En Somalie, l'État lui-même a sombré, et le pays est aux mains de groupes islamistes, dont le principal revenu est devenu la piraterie.
3. Vers un renouveau politique ?
« Décompression politique » : alternances, pluripartisme. Processus démocratique bien avancé au Botswana avec bouillonnement des initiatives et nombreuses réformes.
Le régime d’apartheid a été aboli en Afrique du Sud en 1991, le « printemps arabe » a porté de nombreux espoirs en balayant des régimes autocratiques malgré des incertitudes aujourd’hui. De nouveaux acteurs locaux (associations, ONG) ont émergé
Eveil des revendications politique et démocratique (Sénégal) ; apaisement des conflits régionaux avec par ex Soudan et accords de Nairobi (2005) amenant le nouvel Etat du Sud-Soudan.
B. Un continent attractif.
1. Des réserves importantes
Surtout des hydrocarbures et des minerais : doc 1 p 254 :
-13 % des réserves de pétrole, 8 % du méthane
-10 % du potentiel hydroélectrique
-or (Ghana), uranium (Niger), diamants (Sierra Leone, Afrique du Sud)
-bois tropicaux (Gabon, Congo), productions agricoles à la fois tropicales et méditerranéennes
Des bases, notamment énergétiques assez favorables. Cependant l’ensemble est encore fragile.
2. Un continent convoité qui n’est donc plus à l’écart du monde
Dans les années 2000, l’Afrique est devenue attractive : les exportations (matières premières) ont progressé, les IDE comme les envois de fonds des migrants ont également augmenté.
-Apport d’IDE : IDE proviennent surtout des pays émergents et d’Asie (HK, Inde, Chine). En 2007, l’Afrique a reçu environ 37 milliards de dollars d’IDE contre seulement 1,2 milliard de 2001 à 2004.
La demande mondiale rend les ressources africaines stratégiques (cf EDC) : carte 1 p 254 : les régions qui captent l’essentiel des IDE sont convoitées pour leurs ressources naturelles. L’Afrique est aussi convoitée pour son potentiel de consommation
-Mais : dépendance toujours forte envers l’extérieur et les cours mondiaux, dépendance aussi envers une seule ressource (économies peu diversifiées), le land grapping (doc 3 p 259) met en péril la sécurité alimentaire, les matières premières ne sont pas transformées sur place (on parle d’économie de rente, de « pays carrières ») : le développement des infrastructures reste insuffisant sur le plan sanitaire et social.
Certes l’Afrique s’inscrit un peu plus dans les échanges mondiaux mais reste dépendante, manque de leviers de développement qui lui soient propres.
III. De nombreux défis à relever.
A. Les nombreux défis démographiques.
Maîtriser la croissance démographique :
En 2050 la population devrait pratiquement doubler 2 Milliards d’habitants.
Ex : Nigéria + 320 Millions d’habitants.
Ex : L’Ethiopie + 175 Millions d’habitants.
=> Défi de la transition démographique car fécondité forte soi 41 % de la pop en moyenne à – de 15 ans.
Faire face à la croissance urbaine : le fait urbain est marqué par la vitesse et la masse.
En 2015 : 415 Millions d’urbains en Afrique soit un taux d’urbanisation de 40 %
En 2050 : 1,2 Milliard d’urbains soit un taux de 60 %
Ex : Le Caire, Lagos 15 Millions d’hab.
=> Défi de la croissance urbain : réseaux d’eau potable, dégoûts, transports, électricité…
Assurer la sécurité alimentaire :
Sous-alimentation chronique, émeutes de la faim, famine.
B. De nombreux autres défis.
1.Les défis socio-économiques.
- Favoriser le développement et sortir de l’économie de rente.
- Limiter les inégalités encore très fortes avec la lutte contre la corruption, les injustices…
2. Les défis politiques.
- Mettre un terme aux conflits et assurer la sécurité.
- Favoriser la démocratie.
- Faciliter la coopération régionale car l’Afrique est divisée.
3. Les défis environnementaux
- Lutter contre la déforestation, la pollution et les déchets.
Conclusion :
L'Afrique est confrontée à des défis nombreux et importants. Son intégration à l'espace mondial s'approfondit, ce qui témoigne d'un processus de développement. Mais celui-ci est encore inégal et ne marque encore qu'une partie des territoires ezt des sociétés africaines. Depuis le début du XXIème siècle, l'Afrique malgré de nombreuses incertitudes vit un réel basculement, à l'image de l'Afrique du Sud.