Thème III - Les dynamiques de la mondialisation
Question II - Les territoires dans la mondialisation.
1ère partie : Les territoires inégalement intégrés à la mondialisation.
Introduction :
La mondialisation, en progressant, a un impact majeur sur les territoires c’est-à-dire une portion de l’espace terrestre, plus ou moins vaste, aménagée par les sociétés humaines afin de répondre à leurs besoins. S’il est une ville qui incarne la mondialisation, c’est bien New York. Capitale économique mondiale et principale destination touristique planétaire. New York est un territoire qui fait fonctionner la mondialisation, la symbolise et s’en nourrit. Mais, tous les territoires n’occupent pas une place de choix au sein de la mondialisation. Certains sont marginalisés, d’autres profitent de celle-ci pour amorcer leur développement. C’est donc un phénomène territorialement très sélectif. Cependant, les changements sont lents et la domination de la « Triade » est toujours une réalité. La compétition pour les ressources naturelles est toujours plus forte.
Problématique :
· En quoi la mondialisation hiérarchise-t-elle les territoires ?
I. New York, une ville mondiale.
=> Activité en îlots.
A. New York, une ville qui fait figure de capitale du monde.
1. Selon le classement établi par le Global cities index en 2015, New York est en tête des villes mondiales (expression inventée par l’économiste néerlando-américaine Saskia Sassen en 1991 pour désigner les villes constituant un centre de commandement au sein de la mondialisation et un carrefour dans les réseaux et les flux mondiaux. New York se démarque des autres villes mondiales par son activité économique (nombreux sièges sociaux de FTN) et son capital humain (ville cosmopolite, universités de qualité).
2. New York constitue aussi un carrefour (lieu où se croisent des axes et des réseaux et, par conséquent, où s’échangent des flux nombreux et variés) majeur à l’échelle mondiale. L’aéroport John Fitzgerald Kennedy est le 18ème le plus fréquenté au monde et le port de New York se situe au 25ème rang mondial pour le trafic de conteneurs.
3. New York constitue un pôle de commandement au sein de la mondialisation. Au plan économique, on trouve à Manhattan des sièges sociaux de puissantes FTN : American Express, Philipp Morris… On trouve également des lieux du pouvoir financier : la bourse de Wall Street (dont la capitalisation est la première mondiale), des banques (Goldman Sachs…) et des compagnies d’assurance (MetLife…). Au plan culturel, New York accueille 12,2 millions de touristes étrangers par an (ce qui en fait une des premières destinations urbaines mondiales) : ils visitent des lieux emblématiques comme la statue de la Liberté, l’Empire State building, Times Square ou Central Park. La ville compte aussi deux universités à renommée mondiale comptant plus de 10 000 étudiants (Columbia University et New York University). Enfin, au plan diplomatique, New York accueille depuis 1945, le siège de l’Organisation des nations unies.
4. Pour autant, New York est vivement concurrencée : elle est talonnée de près par Londres dans le classement des villes mondiales. De plus, bien qu’elle accueille des sièges sociaux de FTN, la mieux classée n’est « qu’au » 61ème rang mondial (JP Morgan Chase), ce qui signifie que les toutes premières FTN ont leur siège social dans d’autres villes que New York. Enfin, son aéroport et son port ne figurent pas non plus parmi les tous premiers du monde (ils ne sont même pas dans les dix premiers).
B. Les manifestations de la puissance perceptibles à l’échelle régionale et locale.
1. New York est la ville (8,5 millions d’habitants) et l’agglomération (20 millions d’habitants) la plus peuplée de la mégalopole (vaste espace urbanisé, s’étendant sur plusieurs centaines de kilomètres, caractérisé par une concentration de métropoles, contiguës les unes les autres, et par une très forte densité en axes de communication) du nord-est des États-Unis. La ville et l’agglomération enregistrent une forte croissance démographique qui se manifeste par un étalement urbain (développement des surfaces urbanisées en périphérie des villes) en direction de l’est, du nord et de l’ouest.
2. La ville concentre plus de 3,5 millions d’emplois, attirant chaque jour des navetteurs (personnes vivant en périphérie d’une ville, travaillant au centre de celle-ci et faisant quotidiennement la « navette » entre leur domicile et leur lieu de travail). De plus, l’hypercentre de New York (Manhattan) est saturé, d’où le développement de d’edge cities (pôle urbain périphérique disposant d’emplois et de services qui en font un centre secondaire) et de clusters (concentration en un même lieu d’activités spécialisées dans le même domaine) en périphérie de New York (surtout dans l’État du New Jersey).
3. Mais les quartiers d’affaires (quartiers composés de grands immeubles de bureaux, qui constituent le centre économique et financier d’une ville) du New Jersey peuvent aujourd’hui concurrencer ceux de Manhattan. New York est aussi concurrencée par d’autres villes de la mégalopole : Boston avec l’université d’Harvard ; Washington avec la Maison Blanche et le Congrès. Enfin, New York n’est ni la capitale de l’État de New York (c’est Albany) ni la capitale fédérale des États-Unis (c’est Washington).
C. Les conséquences socio-spatiales de l’intégration dans la mondialisation.
1. New York est traversée par d’importantes fractures socio-spatiales (séparation des espaces selon leurs fonctions, les revenus ou l’origine ethnique des populations). Les quartiers les plus aisés se situent au sud de Manhattan et en périphérie des autres boroughs (nord du Bronx, ouest de Queens, sud de Brooklyn, Staten Island). Entre ces deux espaces, s’intercalent les classes moyennes et les populations les plus pauvres. À New York, les inégalités sont très prononcées : 1% de la population gagne 40% de la masse salariale, rendant l’accès au logement très difficile pour les plus modestes.
2. Ces fractures s’expliquent par la localisation des quartiers (les quartiers centraux sont prisés), par la qualité du cadre de vie (l’île de Staten Island ou les lotissements de Queens attirent), par l’évolution socio-économique (à Harlem, ancien ghetto noir situé au nord de Central Park, des classes moyennes blanches sont venues s’installer ; on parle de gentrification, c’est-à-dire l’installation de population aisée dans des quartiers rénovés, souvent centraux, au détriment des populations les modestes) mais aussi par les opérations d’aménagement menées par la ville (au Bronx, à Queens et à Brooklyn).
3. Depuis la fondation de la ville au XVIIème siècle, New York est une ville peuplée par des immigrés : en 1860, la moitié des habitants est née à l’étranger. En 2000, la population de la ville est originaire à 30% d’Amérique latine, à 26% d’Afrique et à 10% d’Asie. Mais les communautés ne se mélangent pas dans l’espace urbain : chaque communauté vit dans son quartier (on parle alors de ségrégation socio-spatiale).
Conclusion partielle :
New York offre donc toutes les caractéristiques d’une ville mondiale et même d’une ville globale. Concurrencée par Tokyo, elle reste cependant une ville mythique que de nombreux touriste découvrent chaque année. Les attentats du 11 septembre ont touché le cœur même des Etats-Unis et même quinze ans après, la cicatrice n’est pas complètement refermée.
> Schéma – New York, une ville mondiale <
II. Des territoires inégalement intégrés à la mondialisation.
A. Les pôles et espaces majeurs de la mondialisation.
1. Les pôles de la Triade : 3 aires de puissances majeures de la planète.
Les échanges s’effectuent en grande majorité entre les pôles de la Triade. Ces pôles concentrent 80% du PIB mondial et des IDE et 20 % de la population mondiale. Ce sont les lieux centraux de la mondialisation, les centres d’impulsion.
L'aire de puissance nord-américaine est dominante. Constituée autour des États-Unis, elle rassemble le Canada et le Mexique. Cette aire est le premier espace de production mondial. C’est un espace attractif grâce à au soft power, à l'influence politique et militaire des États-Unis.
L'aire européenne rassemble de nombreux pays de l'Europe de l'Ouest. Sa puissance et surtout liée à celle de l’Union Européenne, qui est le ppl pôle commercial de la planète avec ses 500 millions d’hab.
L’Asie orientale est le centre de l’économie mondialisée, caractérisée par les complémentarités entre un ancien centre d’impulsion, le Japon, et ses relais industriels avec Taiwan et le littoral chinois. C’est donc une aire de puissance polycentrique.
2. Les BRICS : les puissances émergentes intégrées à la mondialisation.
Ce sont des géants territoriaux et démographiques, dont le poids dans l’économie mondiale est devenu décisif. Les BRICS renforcent la multipolarité de l’espace mondial. Ces pays ont une forte croissance écoomique (la Chine a eu le 2e PIB mondial en 2010 et c’est la première puissance industrielle mondiale en 2010 devant les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, l'Italie et le Brésil. Cependant, ce sont des puissances incomplètes dt l’IDH est moyen (Brésil, Chine).
La mondialisation recompose la hiérarchie des territoires selon la logique des avantages comparatifs (+DIT). Ainsi, le Mexique et l’Indonésie sont des fournisseurs de matières premières et proposent une main d’œuvre bon marché aux FTN des pays développement. Ces espaces s’insèrent progressivement dans la mondialisation, et sont ainsi devenus des périphéries intégrées.
Les BRICS sont à l’origine d’organisation économique régionale comme le MERCOSUR, qui évolue de plus en plus vers la multipolarité.
La hiérarchie des espaces majeurs de la mondialisation n’est donc pas figée, la mondialisation recompose les territoires.
3. Les lieux pivots de la mondialisation.
a. Les mégalopoles et les métropoles mondiales.
A l’échelle régionale, les pôles de la Triade possèdent possède des mégalopoles = ensemble de grandes agglomérations étirées sur plusieurs centaines de kilomètres. Ces ensembles urbains sont des espaces d'intenses relations car les villes sont reliées entre elles par un maillage serré de voies de transport et de communication. Chacune des aires de puissance de la Triade possède une mégalopole. Ce sont la mégalopole américaine organisée autour de New York, la mégalopole japonaise autour de Tokyo et la mégalopole européenne multipolaire (Londres, villes rhénanes, et Paris un peu à l'écart géographiquement). Ces mégalopoles sont composées de métropoles associées à des villes mondiales.
Les pôles de la Triade possèdent des villes mondiales qui sont des pôles majeurs de la mondialisation = villes concentrant les fonctions de commandement et nœuds des réseaux. (New York Tokyo Paris et Londres). Elles sont donc au sommet de la hiérarchie des réseaux mondiaux et se trouve à la tête de l'archipel métropolitain (ou mégalopolitain) mondial.
b. Les grandes interfaces maritimes et les espaces terrestres majeurs.
Les trois grandes aires sont ouvertes sur le monde notamment par façades maritimes, qui attirent les activités d'échanges, de production et les investissements étrangers. On y trouve les principaux ports mondiaux dont l'essor reflète l'ampleur prise par les échanges maritimes (façade de l'Asie orientale, Northern Range, ports de la façade atlantique et pacifique nord-américaine).
Elles possèdent aussi certains paradis fiscaux et zones franches (exemple : maquiladoras, zone économique spéciale en Chine, des espaces où la main d'œuvre très qualifiée (Silicon Valley, plateau de Saclay), des espaces agricoles productivistes (« fermes du monde »), des espaces du tourisme international (Baléares, Hawaï, Floride, Caraïbes etc.).
B. Les territoires en marge de la mondialisation.
1. Les PMA et les zones grises.
Aujourd'hui, très rares sont les territoires qui échappent à la mondialisation. Les territoires en marge de la mondialisation ne sont pas des zones totalement exclues des échanges mondiaux (leur économie est d'ailleurs souvent très extravertie) mais des territoires qui sont à l'écart des grands flux de la mondialisation, qui ne représentent qu'une faible part des échanges mondiaux.
Les pays les moins avancés (PMA) sont les territoires les plus en marge de la mondialisation :
Les PMA ne contribuent qu'autour de 1% au PIB mondial et sont à l'origine d'1% des exportations internationales. C'est-à-dire qu'un huitième de la population mondiale (celle des PMA) produit moins d'un centième du PIB mondial total.
Ils ne reçoivent que 2% des IDE, même si cette part augmente.
Les PMA ont des économies peu diversifiées. En effet, leurs économies reposent surtout sur l'exploitation agricole (d'exportation ou vivrière), l'exploitation des minerais ou énergétique. Une grande partie de leurs ressources est exploitée par des compagnies étrangères.
Ils sont très dépendants du marché mondial. Lorsque le cours d'une marchandise s'effondre, c'est l'ensemble de l'économie du pays qui s'effondre.
Les économies des PMA étant incomplètes, ils doivent recourir au marché mondial pour l'approvisionnement en produits alimentaires et en biens manufacturés. Cette dépendance accentue leur endettement.
Mais cette marginalité s'observe aussi dans les pays développés et est présente à toutes les échelles :
Dans les villes certains quartiers ne profitent pas des bénéfices de la mondialisation, comme les bidonvilles dans les métropoles des pays émergents. Certaines banlieues des villes européennes regroupent des populations défavorisées, ainsi que les "ghettos" aux Etats-Unis.
Dans les pays émergents et en voie de développement, les campagnes sont davantage marginalisées que les villes.
Les zones grises du monde échappent également au contrôle des États qui souffrent d’instabilité politique et de conflits. On peut citer des États entiers comme la Somalie, ou encore certaines zones d'un pays, comme le nord du Mali, voire des quartiers de villes, comme à Bagdad. Il existe aussi des territoires contrôlés du point de vue d'une activité illégale par des réseaux de trafiquants, comme le « Triangle d'or » en Thaïlande.
2. Les « angles morts » de la mondialisation.
La Corée du N s’isole de la mondialisation. Cet État refuse l'économie libérale et considère que les échanges avec le reste du monde seraient dangereux pour la construction d'une voie politique et économique inspirée du communisme. Cela sert surtout à justifier une violente dictature. Ce refus de la mondialisation s'accompagne d'une politique d'armement. D'autres dictatures ont aussi décidé de fermer plus ou moins leur pays, ou sont frappées de sanctions économiques les plaçant en marge. C'est le cas de l'Iran ou de la Birmanie. Cuba a fait le choix de s'ouvrir partiellement, au tourisme notamment, pour sauver son régime autoritaire.
Certaines sociétés se placent volontairement en marge de la mondialisation, notamment par souci de préservation de leur identité : exemples : certaines tribus d’Amazonie ou l’archipel des Andaman à l’est du Sri Lanka.
3. Des territoires et sociétés marginalisés aux différentes échelles.
A l’échelle continentale, l’Afrique sahélienne, l’Amérique andine et l’Asie centrale sont marginalisées
A l’échelle nationale, tous les Etats du Nord comme du Sud ont des stés et des territoires en marge, comme l’Ouest brésilien, Amazonie brésilienne, Mezzogiorno italien qui n’ont pas de villes importantes.
A l’échelle locale : les villes sont aussi concernées. Les délocalisations et la concurrence induite par la mondialisation marginalisent les villes de bassins miniers en Europe. La mondialisation augmente aussi les disparités socio-spatiales. Dans toutes les grandes métropoles, les quartiers défavorisés côtoient les CBD et les quartiers aisés (Johannesburg, Chicago…).
Conclusion
La géographie des pôles et des espaces majeurs de la mdl° n’est pas figée. En la diversifiant, les évolutions récentes de l’espace mondialisé ont rendu plus complexe l’espace mondial. Selon Laurent Carroué, on est dans un processus de « basculement du monde ».
Les situations de marginalisation, présentes dans tous les Etats à des degrés divers, rendent compte des difficultés à réduire les inégalités dans une économie mondialisée.