Thème V - Les Français et la République.
Question I - La République, trois républiques.
Introduction :
Alors que les deux premières expériences républicaines ont été brèves (1792 - 1799 puis 1848 - 1852), la République devient le régime politique permanent de la France à partir de 1870, à l'exception de la période autoritaire de Vichy (1940 - 1944). La IIIème République va donc être la période où la culture républicaine s'enracine et se diffuse dans les institutions et dans les esprits. Ce système politiques dans lequel la souveraineté appartient au peuple qui exerce le pouvoir politique directement ou par l'intermédiaire de représentants élus, favorise l'adhésion de nombreux Français. Après le naufrage de 1940 - 1944, la République renaît grâce aux mouvement de Résistance mais ses formes institutionnelles évoluent et en 1958, la IVème République est remplacé par la Vème République.
Problématique :
Comment le modèle républicain s'est-il enraciné et renouvelé sous l'effet des crises qui secouent la France depuis les années 1880 ?
I. L'enracinement de la culture républicaine (1880 - 1890).
En quoi les années 1880 - 1890 sont-elles celles de l'enracinement d'un régime démocratique et libéral ?
A. La IIIème République, un nouveau modèle républicain.
1. Une République parlementaire.
Doc p.295.
La IIIème République, proclamée le 4 septembre 1870 est un régime parlementaire. Le rôle du président est effacé et s'il possède le droit de dissolution, il ne l'utilise pas. La Chambre des députés, seule institution élue au suffrage universel direct, devient le centre incontesté de la vie politique. Avec le Sénat, elle vote les lois, investit et contrôle le gouvernement.
Une régime parlementaire est un régime dans lequel le gouvernement est responsable devant l'Assemblée qui peut le renverser par une motion de censure.
2. Une démocratie libérale.
Les républicains ont aussi à cœur de mettre en oeuvre les droits de l'Homme et d'étendre les libertés publiques :
- loi de 1881 sur la liberté de réunion puis la liberté de la presse.
- loi de 1884 sur la liberté de fonder un syndicat.
Ces dispositions permettent le développement de la presse et font désormais de l'opinion publique un acteur décisif de la vie politique.
Une démocratie libérale est un système politique garant les libertés individuelles, pluraliste et basé sur e suffrage universel + économie capitaliste régit par les lois du marché.
B. Enraciner et diffuser les valeurs républicaines.
1. Dans le paysage par ses symboles.
Dans les années 1880, les républicains s'emploient alors à diffuser leurs valeurs à l'ensemble de la société. Le nouveau régime s'impose dans les paysages et la vie des Français. Une véritable culture républicaine se met donc en place : elle combine des lieux (mairie, école), des symboles (Marianne, le drapeau tricolore), des gestes (chanter la Marseillaise), des fêtes (la célébration du 14 juillet), des sculptures (place de la République, place de la Nation).
2. Dans les institutions et les esprits grâce à l'école de la République et l'action de grands défenseurs de la République.
> Etude de documents sur Jules Ferry <
Les républicains sous l'impulsion de Jules Ferry sont à l'origine des lois qui enracine la République et qui transforment l'école primaire publique. En formant les citoyens, l'école entend favoriser l'attachement à la République mais lutter contre l'Eglise et permettre l'ascension sociale.
C. L'affaire Dreyfus, une crise qui révèle des divisions et les fragilités de la République.
> Etude de documents sur l'affaire Dreyfus <
En 1894, Alfred Dreyfus, un officier de confession juive, est condamné pour espionnage au profit de l'Allemagne. Il est dégradé et déporté au bagne en Guyane. En 1898, l'affaire éclate quand le véritable coupable est démasqué mais aussitôt acquitté par un conseil de guerre qui ne veut pas reconnaître l'erreur de l'armée. Emile, Zola, dans un article "J'accuse", dénonce l'injustice commise au nom de la raison d'Etat. Les affrontements sont passionnés ; les dreyfusards défendent Dreyfus au nom des droits de l'homme et des libertés ; les antidreyfusards accablent "le traître Dreyfus" au nom d'un nationalisme et d'un antisémitisme exacerbés. L'affaire Dreyfus est une crise politique grave. Elle traduit le rejet de la République et ses valeurs. Mais, elle provoque aussi un réflexe militant de "défense républicaine" qui rassemble les républicains et des socialistes contre la menace de la droite nationaliste et des cléricaux. Elle aboutit à la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l'Etat, la République devient laïque.
II. Les combats de la Résistance (contre l'occupant nazi et le régime de Vichy) et la refondation républicaine.
Comment les Résistances intérieure et extérieure préparent-elles le rétablissement de la République ?
Comment au lendemain de la guerre, une République nouvelle se construit-elle ?
A. La République s'incarne dans la Résistance face à l'occupant et au régime de Vichy.
1. La Résistance extérieure : refuser l'armistice et le régime de Vichy.
Refusant l'armistice annoncé par Pétain le 17 juin, le général de Gaule lance le 18 juin 1940, de Londres, un appel à continuer le combat. Il appelle les soldats et officiers français à le rejoindre. Mais peu de Français entendent cet appel mais progressivement des hommes rallient Londres pour combattre au sein des Forces Françaises Libres (FFL) et il obtient le soutien de Winston Churchill qui le reconnait comme le "chef des Français libres".
2. La Résistance intérieure, l'exemple du mouvement Libération-Sud.
> Etude de documents <
A partir de 1940, alors que le régime de Vichy s'engage dans la collaboration, des petits groupes de résistants veulent lutter contre l'armée allemande qui a envahi la France. Leur activité est clandestine : il peut s'agir de propagande, de renseignements, de sabotages ou d'attaques armées. Au cours de la guerre, la Résistance intérieure se renforce peu à peu par exemple par l'organisation de réseaux ou de mouvements de Résistance comme Libération-Sud, Combat par la création de maquis.
Un mouvement de Résistance est une organisation de résistants qui mènent des actions militaires mais aussi politiques, notamment d'informations de population.
Un maquis est un lieu difficile d'accès où se regroupent les résistants qui mènent une guérilla contre l'occupant et le régime de Vichy.
3. Le CNR, pour un nouvel idéal républicain.
Pour De Gaulle, il est indispensable de coordonner les Résistances intérieure et extérieure. C'est la mission qu'il confie à Jean Moulin au début de 1942. En mai 1943, il fonde une structure politique, le Conseil National de la Résistance ou CNR, où sont représentés les mouvements, les partis politiques et les syndicats. Le CNR reconnaît l'autorité du général De Gaulle.
B. La Libération : la refondation de la République.
1. Le GPRF et le rétablissement de la légalité républicaine.
Le rétablissement de la légalité républicaine s'opère difficilement et progressivement dès l'été 1944 même si des maquisards n'acceptent pas d'emblée l'autorité du général De Gaulle, tandis que l'épuration spontanée favorise des règlements de compte violents. Le Gouvernement Provisoire de la République Française ou GPRF dirigé par De Gaulle, rétablit la légalité républicaine en s'appuyant sur les partis politiques ayant participé à la Résistance. La restauration de l'Etat nécessite aussi d'organiser l'épuration légale, de juger les responsables et les complices de la collaboration.
Une épuration légale est le jugement des collaborateurs selon les règles du Droit.
2. La IVe République : une refondation de la République.
Des débats constitutionnels apparaissent en 1945 - 1946, opposant les partisans d'un pouvoir législatif fort et De Gaulle, favorable à un régime où le Président de la République aurait un rôle prééminent comme arbitre et garant de l'intérêt national. Il dénonce le projet de constitution élaboré par l'Assemblée élue en octobre 1945 et démissionne en 1946.
Les nouvelles institutions, approuvés par référendum en octobre 1946, instaurent un régime parlementaire : l'Assemblée nationale investit le Président du Conseil et peut le contraindre à la démission en lui refusant la confiance. Le Président de la République, élu par les 2 Chambres, à des pouvoirs limités.
III. 1958 - 1962, une nouvelle République.
Comment la crise de 1958 aboutit-elle à la fondation d'un nouveau régime républicain ?
A. L'effondrement de la IVe République.
1. Une République fragile qui ne résiste pas à la crise algérienne de mai 1958.
La Constitution de 1946 donne une puissance trop importante à l'Assemblée, cela favorise une instabilité ministérielle chronique. A partir de 1954, la guerre d'Algérie porte à son comble la paralysie des gouvernements, de plus en plus instables et dépourvus d'autorité. En Algérie, les Européens sont très inquiets de leur avenir et craignent une évolution vers l'indépendance. Quand le 13 mai 1958, un nouveau gouvernement, favorable à une solution négociée, doit être investi par l'Assemblée, les partisans de l'Algérie française organisent à Alger une manifestation insurrectionnelle aboutissant à la constitution du Comité du salut public, dirigé par le général Massu, qui réclame que le pouvoir soit remis à De Gaulle.
2. Le recours à De Gaulle.
De Gaulle dont le nom a été acclamé par les insurgés d'Alger, annonce le 15 mai qu'il est "prêt à assumer les pouvoirs de la République". Il apparaît comme le seul capable de désamorcer l'insurrection et d'éviter une guerre civile. Le président René Coty appelle le 29 mai, De Gaulle a formé un gouvernement et propose le 1er juin à l'Assemblée d'investir De Gaulle président du Conseil. La majorité des députés se rallie à cette solution.
B. Les débuts de la Ve République.
1. Une nouvelle constitution qui rompt avec la tradition républicaine et instaure un système original.
De Gaulle souhaite une nouvelle Constitution, la rédaction n'est pas confiée à l'Assemblée constituante mais à des experts et des membres du gouvernements présidés par De Gaulle, contrairement à la tradition républicaine. De Gaulle est élu Président de la République, le 21 décembre 1958 par un collège de 80 000 grands électeurs. Cette constitution instaure un système original qui dote le Président de la République, élu pour 7 ans de prérogatives importantes :
- le droit de recourir au référendum,
- le droit de dissoudre l'Assemblée,
- le droit de prendre les pleins pouvoirs en cas de menaces graves,
- la nomination du 1er ministre, chef de gouvernement.
Le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation. Pour cela, il partage avec le Parlement l'initiative des lois. L'Assemblée Nationale perd sa puissance.
2. La réforme de 1962 : la seconde naissance de la Ve République.
1°L
TRACE ÉCRITE A RECOPIER POUR LUNDI. IL FAUT BIEN EVIDEMMENT MAÎTRISER TOUTE LA LEÇON...
En 1962, la guerre d'Algérie se termine. Alerté par l'attentat de l'OAS contre lui, et afin de renforcer de façon décisive la position du chef de l'Etat par une légitimité issue de la souveraineté populaire, il propose par référendum une réforme sur l'élection du Président de la République au suffrage universel direct. La réforme est adoptée par les Français, le 28 octobre 1962, avec 62 % de "oui".
L'élection du Président de la République au suffrage universel direct est un tournant majeur car elle fait, encore plus qu'auparavant, du Président de la République la clé de voûte des institutions et de la vie politique françaises
Conclusion :
La Ve République présente un visage institutionnel original, hérité cependant de plus d'un siècle de crises, de débats et de confrontations politiques. D'autres réformes constitutionnelles ont été votées depuis 1962 dont la plus récente en juillet 2008, signe que les débats sont toujours d'actualité.