Thème III - Les dynamiques de la mondialisation.
Chapitre I - La mondialisation en fonctionnement.
2ème partie : La mondialisation : processus, acteurs, débats, flux, mobilités et réseaux.
Introduction :
Depuis ses origines la mondialisation est un processus d’extension progressive du capitalisme au monde. Au XXIème siècle, la mondialisation s’organise de plus en plus en réseau à l’échelle planétaire. Les économies, les sociétés, les lieux du globe sont connectés avec plus ou moins de force et sont interdépendants. Tous les champs sont concernés :
· Le champ économique : avec le renforcement des échanges mondiaux sous le double effet de la généralisation de l’économie de marché et de la Division internationale du travail.
· Le champ politique : avec l’émergence de grandes entités, supranationales et la mutation de la place des Etats depuis les années 1990.
· Le champ technique : avec l’émergence de grands réseaux de transport et de communication et la multiplication des flux matériels et immatériels.
· Le champ socio-culturel : avec l’intensification des mobilités et la circulation des hommes et des idées dans des réseaux variés (diasporas, anti-monde, touristes etc…) aboutissant à la naissance d’une certaine « culture mondiale »
La mondialisation est donc un processus complexe et multiforme d’ouverture au monde caractérisé par des échanges de différente nature et intensité (des flux) qui concernent des espaces et des territoires (les axes, les pôles, les noeuds, les axes) et animés par des acteurs multiples qui agissent en réseaux.
On doit donc prendre tout cela en compte si on veut comprendre l’organisation de l’espace mondial contemporain et on se questionnera de la manière suivante.
Problématiques :
· Quels processus historiques ont abouti à la mondialisation des échanges ?
· Quels sont les acteurs, les opérateurs de la mondialisation et leur logique de fonctionnement ?
· Quels effets la mondialisation a-t-elle sur les territoires ?
I. Processus, acteurs et débats de la mondialisation.
A. La mondialisation : un long processus.
1. La première mondialisation : le temps des grandes découvertes.
A partir du XVème siècle, grâce à des navigateurs et des explorateurs financés par des souverains la plupart du temps, l’Europe se propulse hors de son territoire géographique de référence et amorce, avec la naissance d’un capitalisme marchand, la naissance d’une « économie monde » (qui s’édifie autour d’un pôle urbain et qui dilate l’économie européenne sur tous les continents) selon la définition qu’en donne le grand historien Fernand Braudel. La période est marquée par la domination de l’Espagne et du Portugal et par le mercantilisme, ce courant économique du 16ème et 17ème siècle qui fonde la richesse des Etats, moteurs des économies, sur la possession des métaux précieux).
2. La révolution industrielle, âge d’or de la mondialisation ?
L’essor du capitalisme mondial génère un flux massif de capitaux et ce sont les états européens (Royaume-Uni, France, Allemagne) et les Etats-Unis qui dominent l’innovation et la production industrielle. Cet essor s’appuie sur des moyens de communication désormais plus rapides, sur le développement colonial et sur la généralisation du libéralisme économique et le succès de ses théoriciens (A Smith /Ricardo)
3. La construction d’une société monde
La définition d’une société-monde désigne un ensemble de valeurs économiques, politiques, sociales et culturelles qui fonctionnent à l’échelle planétaire et c’est au lendemain de la 2ème guerre mondiale qu’elle se met en place. Elle est marquée par la prise de puissance des Etats-Unis qui imposent leur vision de l’économie mondiale :
· Par le système monétaire international issu de Bretton Woods
· Par l’organisation des échanges : GATT (puis OMC) et FMI
· Par les normes de production (Tayloro-fordisme)
· Par la régulation des relations politiques entre les Etats (ONU, OTAN)
Le triomphe de la « pax americana » s’appuie sur les outils de régulation du libre-échange, des organisations régionales et les progrès marqués des transports et communication (progrès de l’aviation, des NTIC…). Dans les années 1980, le capitalisme financier s’impose. Il s’accompagne de spéculation, de placements financiers plus importants que les investissements et de la généralisation de « l’économie casino ». Des flux financiers considérables circulent entre les pôles de la Triade et les bourses mondiales deviennent des acteurs majeurs de l’économie mondialisée. La Triade concentre plus de 90% des opérations financières mondiales et la Chine joue un rôle de plus en plus marqué aujourd’hui ainsi que les « pays émergents ». La vieille Europe est en crise et l’hyperpuissance américaine est contestée. On entend parler de « basculement de la mondialisation » et de monde multipolaire.
B. Les acteurs de la mondialisation.
1. Les FTN : des acteurs majeurs.
Une firme transnationale (FTN) est une entreprise qui développe son activité à l'étranger, directement ou par l'intermédiaire de ses filiales. Les FTN sont des acteurs majeurs de l'économie et elles sont de plus en plus nombreuses :
· Elles étaient 80 000 en 2009 et on en compte 104 000 en 2011.
· Elles gèrent 900 000 filiales dans le monde entier.
· Elles emploient plus de 80 millions de salariés dans le monde.
· Elles sont à l'origine de 1/3 de la production mondiale et des 2/3 des échanges mondiaux
2. Les Etats, les organisations internationales et les autres acteurs de la mondialisation.
Il existe de nombreux autres acteurs de la mondialisation :
· Les ONG (organisations non gouvernementales), qui, dans de nombreux domaines (humanitaire, social, écologique) sont présentes à l'échelle mondiale (à l'instar de Greenpeace).
· Enfin, les lobbies (groupes de pression), les paradis fiscaux, les diasporas, les réseaux clandestins (mafias) sont aussi considérés comme des acteurs de la mondialisation.
· Les Etats demeurent importants dans les dynamiques mondiales : ils gèrent un territoire (le rendent attractif, s'occupent de la population) et une économie (dont une monnaie).
· Afin de peser plus lourd dans les flux mondiaux, les Etats se regroupent en institutions internationales (OMC, FMI, Banque mondiale, qui ont pour rôle de normaliser les relations économiques), groupes de discussion (G7, G20, G77) et organisations régionales (Union européenne, ALENA, Mercosur, etc.).
C. Débats et contestations de la mondialisation.
A l'échelle globale, la mondialisation a permis d'améliorer les conditions de vie de la population et a favorisé le développement. Elle a permis l'enrichissement de populations et la diffusion du progrès dans de nombreux domaines (médecine, énergie, technologie). La mondialisation a notamment permis à des pays du Sud de se développer et d'émerger en tant qu'acteurs internationaux.
Toutefois, d'autres acteurs remettent en cause les bienfaits de la mondialisation et dénoncent ses effets néfastes :
· Concernant l'environnement, la mondialisation accentue les problèmes de pollution et de dégradation de l'atmosphère. En effet, en poussant les besoins de transports à la hausse, la mondialisation entraîne une augmentation des consommations de carburants polluants, accentue le changement climatique et accélère l'épuisement de certaines ressources.
· La mondialisation est également jugée responsable du renforcement de nombreuses inégalités dans le monde. En distinguant des espaces de production et des espaces de consommation, elle a creusé l'écart Nord-Sud à l'échelle de la planète. A l'échelle locale, les inégalités sociales se sont elles aussi accentuées.
· Les entreprises transnationales sont régulièrement accusées de ne pas tenir compte des conséquences sociales de leur implantation dans des pays pauvres aux législations moins exigeantes en matière de respect des droits des travailleurs. Certaines FTN procèdent à des délocalisations, c'est-à-dire qu'elles déplacent un centre de production vers un autre pays afin de bénéficier de coûts moins élevés.
· Dans le domaine de la culture, certains dénoncent une uniformisation et l'émergence d'une culture mondialisée, tandis que d'autres voient dans la mondialisation un moyen de mettre en valeur la diversité culturelle dans le monde.
Les critiques à l'égard de la mondialisation font l'objet de débats nombreux, notamment lors des forums sociaux. Les forums sociaux, organisés dans les pays du Sud, réunissent les altermondialistes. Ce sont des événements organisés afin de débattre de problématiques qui prennent en compte des considérations non seulement économiques mais également sociales et environnementales. Les altermondialistes comprennent des individus isolés, des associations, des ONG et même certains gouvernements. Face à ce constat, les altermondialistes proposent de donner une nouvelle forme à la mondialisation et de suivre des modèles plus équilibrés. Ils mettent en avant de nombreuses autres voies de développement, qu'ils justifient par la réduction des inégalités qu'elles permettent.
· Le commerce équitable est une initiative consistant à mieux répartir les revenus des produits de consommation issus de pays pauvres et vendus dans les pays riches entre les producteurs et les entreprises.
· Le mouvement des "indignés" est apparu lors de la crise économique de 2008. Ce mouvement s'oppose aux politiques libérales à l'œuvre actuellement au niveau mondial.
La mondialisation est un processus géo-historique ancien qui a profondément bouleversé le monde. La mondialisation exerce dans différents domaines mais est avant tout économique et financière. Les acteurs de la mondialisation sont très nombreux et variés : il s’agit aussi bien d’acteurs publics (Etats, institutions internationales) que des acteurs privés (FTN, ONG) donc le poids économique et l’influence sont considérables.
II. Mobilités, flux et réseaux.
A. La mobilité croissante des hommes.
On observe deux principales catégories de mobilité humaine :
· Les migrations qui consistent pour une personne à changer de lieu de résidence. Les migrations se réalisent à plusieurs échelles. On peut quitter son pays pour aller habiter dans un autre pays, il s'agit d'une migration internationale. On peut aussi quitter sa région pour aller habiter dans une autre région ou encore se déplacer à l'intérieur d'une même région.
· Le tourisme consiste à quitter son domicile personnel pour une durée supérieure à 24 heures et inférieure à un an. Lorsque l'on voyage dans un autre pays que le sien, on parle de tourisme international.
Les mobilités humaines sont en augmentation constante :
· Le nombre de migrants internationaux a doublé depuis 1990. Ils sont 230 millions en 2014.
· Le nombre de touristes dans le monde est de 1,1 milliard en 2014. Les touristes internationaux étaient de 439 millions en 1990.
Les causes de ces mobilités sont multiples. Les migrations s'expliquent par différentes motivations :
· De nombreux travailleurs quittent leur pays afin de s'éloigner de la pauvreté et de trouver un emploi mieux rémunéré dans un autre pays.
· Des personnes très qualifiées émigrent à la recherche d'emplois de haut niveau.
· Les réfugiés sont des migrants qui fuient la guerre ou les violences de leur pays. Le nombre de réfugiés a atteint son chiffre le plus important depuis 1945, s'élevant à 51,2 millions en 2013.
· Les touristes choisissent leur destination en fonction de son climat, de ses paysages, de son patrimoine culturel ou encore des sports qu'ils peuvent y pratiquer.
B. Un monde de flux et de réseaux.
Depuis le XIXe siècle, les échanges internationaux s’intensifient et, depuis le milieu du XXe siècle, le commerce international s’est considérablement accru.
Portée par la mondialisation de la production et des échanges, la révolution des transports accélère la mise en réseau du monde : l’essor des moyens de transport et de communication est un facteur essentiel et permanent des trois mondialisations, des Grandes Découvertes aux colonisations, grâce à l'augmentation des capacités (navires ou avions géants, débits d’informations), à l'accélération de la vitesse, à la normalisation (conteneurs), à l'automatisation et à l’abaissement des coûts.
· Né au début du XXème siècle à des fins militaires, le transport aérien se « civilise » mais demeure réservé jusque dans les années 1960 à une élite avant de se démocratiser progressivement jusqu'à devenir, aujourd'hui, un moyen de Cette croissance s'appuie sur un développement technologique continu : accélération de la vitesse de vol, augmentation de l’autonomie et des capacités.
· Le succès du transport maritime dans un contexte de mondialisation des échanges s'explique par les nombreux avantages qu’il procure : grandes capacités, souplesse de gestion, faible coût relatif... Cet essor s’accompagne d’une profonde mutation de la flotte marchande mondiale :
· des navires plus nombreux et plus gros : le tonnage global a été multiplié par 22 depuis 1975
· un développement spectaculaire des navires spécialisés et particulièrement des porte‐conteneurs,
· un trafic dérèglementé : en quelques décennies, un vaste processus de dérégulation profité aux pavillons de complaisance qui permettent à la fois une baisse des coûts d'exploitation (au détriment du social), et une large impunité en cas d'accidents (marées noires, pollutions…) ou d'infractions.
Le système maritime mondial est polarisé et inégal, opposant les grandes façades maritimes de la Triade et ses annexes et les PED. On observe donc une forte tendance à la concentration des flux sur quelques très grands ports par façades maritimes à partir desquels sont redistribués les flux secondaires par des systèmes de cabotage.
· La globalisation financière est le domaine le plus avancé de la mondialisation. L'un des traits marquants de l'économie mondiale en ce début de XXIème siècle est la montée en puissance de la finance, beaucoup plus poussée et beaucoup plus brutale que la mondialisation des échanges de biens et de services et la création d'un marché financier planétaire. On assiste en effet depuis la fin du XXème siècle à une explosion de la capitalisation boursière, favorisée par la déréglementation des marchés et par la croissance des échanges électroniques. Ces innovations technologiques reliant en temps réel toutes les places financières ont également pour effet une interconnexion et une interdépendance accrues entre elles.
Conclusion :
La mondialisation s’accompagne d’une mobilité internationale accrue des populations. Les flux migratoires les plus importants sont Sud-Nord, mais on observe une diversification des pays émetteurs et récepteurs.
Les flux touristiques internationaux, eux aussi en très forte augmentation, participent aussi à la mondialisation.
La mondialisation marque aussi la « mise en réseaux » des territoires et des espaces. Le développement des flux commerciaux ainsi que la révolution des transports et de l’information ou la mondialisation financière créent une nouvelle organisation du monde.