Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits - Cours. S.Nouri

Chapitre II : Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale.

Introduction :

Proche –Orient : Turquie, Syrie, (Jordanie), Liban, Israël, Gaza, Cisjordanie,(Egypte)

Moyen-Orient, plus englobant, correspond à la définition américaine du Middle East.

Il comprend les pays plus lointains comme ceux de la péninsule arabique, l’Irak, l’Iran, l’Afghanistan.

En France, l’expression « Proche-Orient » désigne traditionnellement les régions de l’Est du bassin méditerranéen, de la Turquie à l’Egypte. L’expression « Moyen-Orient », quant à elle, s’est imposée depuis un siècle sous l’influence des Anglo-Saxons, notamment à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Géographiquement, le Moyen-Orient se définit comme l’ensemble des pays de l’Asie de l’Ouest et du Sud-Ouest, de la Turquie à l’Iran, voire l’Afghanistan, et du Sud du Caucase à la péninsule Arabique, ensemble qui comprend en outre l’Égypte. → CARREFOUR

C’est aujourd’hui une des régions du monde où les tensions et les conflits sont les plus nombreux. C'est aussi une région qui compte un héritage culturel d'une extrême diversité et d'une grande richesse, et qui dispose de ressources stratégiques clés comme le pétrole. Ces atouts potentiels se sont pourtant transformés en sources de conflits car la situation géopolitique de la région depuis la fin de la Première Guerre mondiale est extrêmement complexe.

Il s’agit d’étudier cette région depuis la « fin de la Première Guerre mondiale », c’est-à-dire depuis la disparition et l’éclatement de l’empire ottoman consécutif aux traités de paix (1919-1920)

Problématique :

• Quels facteurs font de la région un foyer particulier de conflits et comment agissent-ils ?

• Pourquoi ces conflits ont-ils dans le monde une telle résonance, tant par leurs conséquences directes que par leur retentissement ?

I. Une région qui concentre des enjeux multiples.

A. Une grande importance géostratégique.

- Un carrefour géostratégique entre Afrique, Méditerranée orientale et Asie occidentale.

- Un espace qui se définit par les nombreux flux qui le traversent :

- humains

- économiques

- Un espace convoité par les grandes puissances dès le XIXe siècle.

Ex : Le Royaume-Uni contrôle de la route des Indes

Ex : La Russie élargir son accès aux mers chaudes.

B. Une région marquée par la diversité des peuples et des cultures.

1. Une mosaïque de peuples.

Documents p.282 - 283 + Document 2 p. 285

Trois grands peuples composent l’essentiel de la région :

- les Turcs

- les Arabes

- les Perses

Ils ont successivement imposé leur domination sur le territoire, ce qui nourrit des visions antagonistes du passé.

- Les Kurdes (25 à 30 millions) forment une minorité présente dans quatre pays mais sans Etat propre. Ils sont régulièrement victimes de discriminations et de persécutions.

- La présence des Juifs (5,5 millions) résulte d’une immigration récente en Palestine, qui commence au début du XXème siècle et qui se heurte aux populations arabes de la région.

La terre est ainsi le principal enjeu des guerres israélo-arabes.

2. Une diversité religieuse.

Sur le plan religieux, la diversité est également de mise.

La religion musulmane est la religion majoritairement pratiquée. Les musulmans sont divisés entre :

- sunnites : courant majoritaires de l’Islam (90 %) qui s’appuie sur la sunna (tradition = ensemble des paroles, des actions et des jugements du Prophète, tels qu’ils sont fixés dans les hadiths).

- chiites : courant minoritaires (9 % ) né du schisme des partisans d’Ali à propos de la désignation du successeur du Prophète.

- Les chrétiens sont dispersés en plusieurs communautés dont les unes reconnaissent l’autorité de Rome (comme les maronites du Liban) et les autres forment des Eglises autonomes de rite orthodoxe (comme les coptes en Egypte).

- Les juifs, autrefois dispersés dans le Moyen-Orient, sont désormais réunis dans les frontières d’Israël.

Þ Véritable mosaïque religieuse, très nette dans certains Etats (Syrie, Irak, Liban)

3. Des lieux saints pour les trois grandes religions monothéistes.

Documents p. 28 - 29.

Jérusalem une ville 3 fois sainte

- capitale du judaïsme: vestige du temple de Salomon (v 930 av JC) et mur occidental (ou mur des Lamentations)

- lieu saint du christianisme: mort puis selon les chrétiens, résurrection de Jésus (église du saint-Sépulcre - V IVe s - qui se trouverait sur le tombeau de Jésus)

- lieu saint de l’islam: la mosquée Al-Aqsa et Dôme du Rocher (691) et où Mohammed prophète de l’Islam aurait été élevé au ciel durant son voyage nocturne (au cours duquel il aurait reçu les commandements).

La mosquée de l'imam Hussein, 3ème lieu saint pour les chiites

Le Moyen-Orient abrite également d’autres lieux saints pour l’Islam :

- La mosquée sacrée à La Mecque

- La mosquée du Prophète à Médine

- La mosquée de l’imam Ali à Nadjaf

- La mosquée de l’imam Hussein à Kerbala

C. Des ressources convoitées.

1. Le pétrole, convoité par les grandes puissances.

Dossier p. 298 - 299.

60 % des réserves mondiales estimées de pétrole et 40 % du gaz -> un lieu de production et un acteur majeurs dans l’approvisionnement mondial.

Durant la 1ère moitié du XXe siècle, l’exploitation est aux mains de grandes compagnies privées européennes et américaines. Le contrôle de l’exploitation du pétrole devient un enjeu central à partir des indépendances. Les impérialismes européens sont en concurrence, d’autant qu’ils voient arriver un nouveau rival : les Etats-Unis avec le pacte du Quincy signé en 1945. Ils se posent en protecteurs de la monarchie saoudienne (1er producteur). Mais, volonté d’indépendance des pays exportateurs de pétrole -> création de l’OPEP en 1960.

En 1973, suite à la guerre du Kippour : Israël / Egypte-Syrie -> cessez le feu imposé par l’ONU

-> Réaction de l’OPEP = augmentation de 70 % du prix du baril de pétrole (3$ à 12 $ le baril )

-> Choc pétrolier = crise économique mondiale

=> Le pétrole devient une arme politique .

En 1991 : Guerre du Golfe lancée par les E-U pour chasser Saddam Hussein du Koweït

2. L'eau, une ressource sous tension.

Au PMO, la répartition de l’eau est inégale. Les conditions climatiques ainsi que les prélèvements grandissants (croissance démographique, développement économique…) entraînent des crises entre les pays dans lesquels coulent les fleuves. Les pays en amont sont privilégiés et souvent abusent d’une eau difficile à partager.

Ex : la Turquie a construit sur l’Euphrate et le Tigre des barrages multiples, détournant une partie des eaux des fleuves d’où des relations tendues avec la Syrie.

Ex : Israël est l’annexion du plateau du Golan en 1967 pour s’approvisionner en eau douce dans le lac Tibériade

Certains pays dépourvus en eau construisent des usines de désalinisation d’eau de mer très onéreuse.

Ex : les pays du golfe persique.

II. Une histoire politique complexe.

A. Un espace reflétant les rapports de force entre les grandes puissances.

Etude de documents en îlots.

1. Des années 1920 aux années 1940 : la rivalité franco-britannique.

1. Des années 1920 aux années 1940 : la rivalité franco-britannique.

1. Quelle est la conséquence majeure de la fin de la PGM au Moyen-Orient ?

La conséquence majeure de la fin de la PGM au Moyen-Orient est le démantèlement de l’Empire Ottoman.

2. Quelles puissances profitent de la situation ? Justifiez votre réponse.

Les puissances européennes profitent de la situation pour prendre des territoires. L’Italie prend la Libye ; le Royaume-Uni prend l’Egypte, le Soudan, l’Irak et la Transjordanie ; la France prend la Syrie et le Liban.

3. D’après le doc 1 p.286, quel groupe humain soutient la France en Syrie ? A quoi va aboutir ce choix ? Donner la définition de ce choix à l’aide du vocabulaire de votre livre p.404.

La France a le soutien des communautés chrétiennes de Syrie. Elle va donc détacher le Liban de la Syrie et obtenir un mandat de la SDN. Un mandat est un territoire confié en 1919 par la SDN à une puissance chargée de le mener vers l’indépendance.

4. Selon le doc 4 p.287, quelle est la conséquence territoriale ?

Les Européens vont tracer des frontières sans se soucier des réalités du peuplement. Les Etats vont s’organiser autour de groupes humains soutenus par les puissances.

5. A l’aide du doc 3 p.285, dites qu’est-ce que la déclaration Balfour ?

La déclaration Balfour est une lettre de Lord Balfour, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Royaume-Uni adressé à Lord Rothschild, éminence de la communauté juive britannique et financier du mouvement sioniste, le 2 novembre 1917 pour annoncer que le R-U est favorable à l’installation d’un foyer juif en Palestine ottomane.

2. Un espace au cœur de la Guerre froide.

1. Doc 2 p.289. Quels sont les alliés des Etats-Unis ? Quels sont les alliés de l’URSS ?

Les alliés des E-U sont la Turquie, l’Arabie Saoudite, l’Iran, les Emirats, et Oman. Les alliés de l’URSS sont la Syrie, Irak, l’Egypte, le Yémen.

2. Doc 2 p.289. Pour quels motifs le Moyen-Orient est une région d’affrontement durant la guerre froide ?

Les motifs sont la longue frontière commune avec l’URSS et les réserves pétrolières de la région.

3. Doc 2 p.289. Quels sont les pays qui ont changé de camps ? En quelle année et pourquoi ?

Les pays qui changent de camp sont Iran à la suite de la révolution islamique en 1979, l’Afghanistan à la suite de l’intervention militaire soviétique et l’Egypte qui intègre lui le bloc occidental car passage de Suez stratégique pour les Britanniques.

4. Doc 3 p.289. De quelle manière l’URSS aide-t-elle les pays arabes ?

L’URSS aide les pays arabes en formant les officiers et en vendant de l’armement.

5. Docs p.292. Quel événement majeur va entraîner l’intervention de la France, du Royaume-Uni et d’Israël ? Comment se termine cette situation ?

L’événement majeur qui va entraîner l’intervention de ces puissances est la nationalisation du Canal de Suez par Nasser. Un pacte secret entre ces trois pays (Protocole de Sèvres) va déterminer l’intervention contre l’Egypte.

Nasser va fermer le canal en bloquant celui-ci par le sabordage de navires. Intervention de l’ONU pour un cessez le feu et Nasser sera le grand gagnant. Sa victoire sera perçue comme une victoire du tiers-monde face aux grandes puissances.

3. Depuis 1991 : l'influence des Etats-Unis perdure.

Carte p.283

L'influence des Etats-Unis perdure par :

- le soutien privilégié à certains régimes : Israël ou Arabie Saoudite. On constate une présence accrue des bases américaines dans la région.

- par des interventions directes en 1991, 2001 en Afghanistan et en 2003 en Irak.

B. Les tensions régionales ont des racines politiques.

1. La notion d'Etat fragilisée.

Situation particulière de la Turquie : née sur les décombres de l'empire ottoman, la Turquie, s'est lancée, à l'initiative de Mustapha Kemal, dans une politique de modernisation et de laïcisation.

Pour aller plus loin :

2. Des oppositions entre Etats.

Document 2 p.300

Origines du conflit Iran- Irak :

- Diversité ethnique et oppositions entre groupes humains : Arabes vs Perses

- Opposition religieuses : Sunnites vs Chiites

- Gestion de la minorité Kurde : chacun réprime la sienne mais aide celle de l’autre pour déstabiliser

- Revendications territoriales : litige frontalier + ressources

Bilan :

- Entre 500 000 et 1 million de morts

- Aucune avancée territoriale

- Affaiblissement des deux pays

C. Les conflits autour de la création et de l'existence d'Israël.

1. La naissance d'Israël (1948) et la 1ère guerre israélo-arabe.

La situation en 1945 :

- Palestine sous mandat britannique : 1,2 M d’Arabes et 560 000 Juifs

- La révélation de la Shoah accélère l’arrivée des Juifs et renforce la cause du sionisme

=> Climat tendu après-guerre -> la GB s’en remet à l’ONU qui adopte la résolution 181 = plan de partage.

Document 1 p.290.

L’ONU propose de diviser la Palestine en 2 Etats, un Etat juif et un Etat arabe :

- Deux Etats discontinus dont les territoires sont reliés par d’étroits corridors.

- Jérusalem est internationalisée et placée sous contrôle de l’ONU en raison de la présence des lieux saints.

=> Rejet des pays arabes voisins / Accord des sionistes.

Document 2 p.291 et Document 5 p. 291

Proclamation de l’indépendance et fondation de l’Etat d’Israël le 14 mai 1948 par David Ben Gourion :

=> Reconnaissance immédiate par les E-U / URSS / départ des Britanniques (le 15 mai !)

=> Déclaration de guerre à Israël par les pays arabes voisins = 1^er conflit

Conséquences :

- Exode massif de Palestiniens (700 000 en tout entre mai 1948 et avril 1949) => création de camps par l’ONU

- Territoire israélien s’agrandit de 6 000 km2

- Jordanie et l’Egypte se partagent les restes de ce qui aurait dû être le nouvel Etat arabe palestinien.

2. La persistance des conflits entre Israël et les pays arabes jusqu'aux années 1970.

P.296 - 297.

Après la guerre de 1948 – 1949 :

- Immigration juive se renforce grâce à la loi du retour votée en 1950 par Israël. Elle autorise tout juif de la diaspora qui en fait la demande à rejoindre Israël

- Les Israéliens participent au « jeu politique international » lors de l’expédition de Suez en 1956

- Création de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) en 1964 par Yasser Arafat qui refusent l’existence d’Israël.

=> Incidents se multiplient

Guerre des Six Jours du 5 au 10 juin 1967 déclenchée préventivement par Israël :

- Tsahal s’empare du Sinaï, de la Cisjordanie et du Plateau de Golan.

- OLP se radicalise => ils prônent la lutte armée et répliquent par des actes de terrorisme (attentats, prise d’otages comme celle aux JO de Munich (doc 2 p.311)

Guerre de Kippour en 1973, attaque surprise des pays arabes par le Nord et le Sud :

- caractère diplomatique : URSS fournit des armes aux Arabes : E-U aux Israéliens.

=> Arrêt des combats : 2 300 morts et 6 400 blessés

=> Situation se débloque avec l’Egypte avec les accords de Camps David en 1978 : Reconnaissance d’Israël pour récupérer le Sinaï

=> Assassinat de Sadate en 1981

=> "Le problème" palestinien reste entier.

3. Du conflit israélo-arabe au conflit israélo-palestinien.

- Poussée du nationalisme palestinien au cours des années 1960 – 1970 à l’initiative d’étudiants ou d’élites comme Yasser Arafat qui crée le FATAH

- Années 1970 : montée en puissance de l’OLP chez les Palestiniens

- Israël attaque le Liban le 6 juin 1982 où se sont réfugiés des chefs palestiniens, fait le siège de Beyrouth et oblige les principaux leaders palestiniens à fuir en Tunisie.

- massacres de Palestiniens dans des camps

- indignation du monde entier

=> Intervention n’a rien apporté au problème.

- L’OLP lance l’Intifada (=guerre des pierres) pour être en position de force pour pouvoir négocier

- Accords d’Oslo en 1993 entre Arafat, Rabin, Clinton = lancement du processus de paix

- Création et reconnaissance par Israël d’une Autorité palestinienne. (Pas de pouvoirs d’un Etat souverain)

- Contrôle par cette autorité de 70 % de Gaza et une partie de la Cisjordanie.

- L’OLP reconnaît l’existence d’Israël

= > processus de paix en bonne voie mais en 1995 Rabbin est assassiné = nouvelle impasse, nouvelle spirale de violence

- Seconde Intifada en 2000, attentats palestiniens, opérations militaires d’Israël

=> Symbole de cette impasse la construction du Mur

III. La montée de l'islamisme politique.

A. L'émergence de l'islamisme politique.

1. Définition :

Courant de pensée et idéologie affirmant vouloir faire de l’Islam et de la Charia (loi coranique) le fondement de la vie politique et sociale.

Nécessaire distinction entre « islamique » synonyme de musulman et islamiste (partisan de l’islamisme politique)

Documents 1 et 2 p.302.

L’islamisme politique naît en Egypte en 1928 avec les Frères musulmans crée par Hassan al –Banna, ce mouvement prône une politique sociale réformiste. A partir des années 1960, il se fragmente et se radicalise, en contestant le pouvoir de Nasser et en organisant de nombreux attentats, dont l’assassinat du président Sadate en 1981

2. La révolution islamique en Iran en 1979.

Dictature : Le film Persépolis permet de montrer le radicalisme du nouveau pouvoir, le refus de toute forme d’occidentalisation

B. La diffusion au Moyen-Orient et au-delà.

C. le tournant du 11 septembre 2001.

Conclusion :

Proche et Moyen-Orient constituent ainsi une des grandes régions conflictuelles du monde. La multiplicité des problèmes et des facteurs d’affrontement en rendent très difficile la pacification. C’est pourtant un enjeu clé des prochaines années pour la communauté internationale et les acteurs régionaux.