28 octobre 2010 de Monument Valley à Cameron distance parcourue : 228 km altitude maxi : 1706 m (Monument Valley)

Nuit calme, réveil peu avant le lever du soleil, l'occasion de photographier le lever du jour sur Monument Valley. Il fait froid, c'est le silence !

Dès l'ouverture des rideaux du camion c'est un spectacle sur grand écran en technicolor fantastique, les premiers rayons du soleil sur les buttes qui nous font face. L'endroit ou nous sommes s’appelle "wildcat trail", sentier du chat sauvage...poétique.

Mâ retourne à la boutique du Visitor Center faire quelques emplettes cadeaux.

La température s'élève progressivement. On ne se lasse pas du spectacle de l'immensité rougeoyante.

Goulding's lodge et Oljeto road

Nous quittons Monument Valley à 12:30, et prenons la Oljeto road.

Après l'hôtel de Goulding's lodge, la route se faufile dans un canyon. On y découvre des habitations indiennes, de la verdure, une petite église bleue et blanche blottie contre la paroi.

Plus loin, au campground de Goulding' lodge, nous procédons aux vidanges et plein d'eau ($ 6).

US post office

Là on m'indique la poste, puisque nous sommes toujours en quête de timbres pour nos cartes postales. C'est un simple baraquement en bois vétuste. Ici aucun drapeau américain devant le bâtiment contrairement à ce que nous avions vu jusque là :on est en territoire indien. Dès qu'on pousse, avec difficulté la porte qui racle par-terre, on butte dans le minuscule guichet-comptoir, derrière lequel, le préposé me vend enfin les timbres qu'il nous faut. Mais manque de chance, en rentrant nous avons croisé une robuste indienne qui a démarré au volant d'une voiture blanche : elle venait d'emmener le courrier du jour.

Le nôtre attendra la levée suivante.

Un marché Navajo authentique.

A l'embranchement de la nationale, un petit marché indien en bord de route. On y vend des roues de voiture d'occasion, des fripes, quelques légumes. Aucun touriste à l'horizon. Arrêt. Mâ va faire un tour et revient peu après, ravie d'avoir trouvé de magnifiques bijoux indiens, à un prix très "doux".



Nous prenons la route qui doit nous mener au Grand Canyon.

Nous repassons à Kayenta, et continuons vers Grand Canyon.

Bus scolaires

En cet instant de la journée nous voyons nombre de bus jaunes de ramassage scolaire sur la route. Ils sont tous conduits par des femmes.

A l'arrière des bus une inscription : "Unlawful to pass over red light flash", il est illégal de dépasser aux feux rouges clignotants. Le dispositif est complété par des panneaux Stop mobiles qui se déploient à l'arrêt. Il est obligatoire de s'arrêter derrière le bus à la montée ou descente des enfants !

Habitat indien.

L'habitat indien est très dispersé. Quelques habitations ça et là au milieu du désert. On ne voit pas de village, à peine quelques regroupements qui pourraient faire croire à un hameau.

Le plus souvent ce sont des mobil-homes posés sur des parpaings ou des poutres. L'espace entre la terre et le plancher est parfois comblé par des planches. A côté une ou deux baraques de bric et de broc en plus. Un gros 4X4 pick-up est garé à proximité.

Parfois ce sont de grosses caravanes, plus ou moins vétustes. Quelques clôtures quand il y des bêtes et c'est tout.

Tuba City

En fin d'après-midi, arrêt à Tuba City, je cherche une connexion wi-fi, j'ai un problème à régler en urgence en France. A l'entrée de la bourgade, un musée navajo en forme de yourte géante qui annonce :"venez rendre visite au peuple du 4è monde".

Ce n'est pas le Mac Do de Tuba City qui me dépannera !

Nous faisons un tour dans l'agglomération. C'est aussi désolé, pauvre et peu entretenu que Kayenta. Il y a des bâtiments publics vétustes, sécurité sociale, hôpital indien, écoles.


Prêts "Ninja"

Nous découvrons un quartier entier dont les maisons, récentes, ont toutes les ouvertures condamnées, et sont abandonnées.

C'est sinistre malgré la belle lumière de fin d'après-midi.

Sûrement une manifestation locale de la crise des "subprimes". Un courtier efficace et performant a dû écumer le coin pour placer ses prêts "ninja" et ramasser un max de commissions dodues.

Le terme est l'acronyme de : No Income, no Job, no Assets. Pas de revenu, pas de travail, pas de patrimoine.

Avant la crise de 2008, la vente immobilière aux USA mettait en jeu la chaîne d'acteurs suivants: promoteur et courtier financier agissant en duo, banquiers, caisses de compensation nationales (Freddy Mac et Fanny Mae). Au client alléché, il était proposé un remboursement dérisoire pendant les deux premières années, sans toujours l'avertir de l'augmentation énorme à venir par la suite.

Tout cet ensemble était mû par la perception de (grosses) commissions à chaque niveau. Que les candidats au logement soient solvables ne pesait pas d'un grand poids face à l’appât du gain rapide. L'essentiel pour le courtier, puis le banquier étant de se débarrasser du prêt réalisé le plus vite possible ensuite.

L’ingénierie financière pensait avoir trouvé la parade ultime. Faire un mille-feuille regroupant des prêts de villes, régions, états différents, pour diluer les risques et revendre le tout sur le marché financier en échange d'une promesse de rendement d'autant plus juteuse que le risque de défaut de paiement était grand.

Toute l'architecture du système reposait sur une appréciation continue du prix de l'immobilier, les derniers entrants fournissant le carburant. Lorsque le marché s'est retourné la catastrophe est arrivée !


Dès les défauts de paiement, les banques ont expulsé les habitants, saisi les maisons mais n'ont pas trouvé de nouveaux acquéreurs puisque le marché du crédit s'est asséché. Les maisons restent vides et condamnées !

Les victimes semblent avoir compris après coup. Sur la plus belle maison un dessin? une affiche? représente un homme vêtu d'un costume. Mais sa tête est celle d'un loup, à la main il tient un masque d'humain jovial et souriant.

L'endroit est déprimant, on continue la route pendant une cinquantaine de kilomètres jusqu'à Cameron.

Cameron trading post

Arrêt à Cameron "trading post" -comptoir- au bord du "little Colorado". Le comptoir ne comprend qu'une station-service, un lodge, restaurant, un important magasin d'artisanat indien et un campground. C'est véritablement un point de convergence pour tout l'immense pays indien alentour.

Nous passons la nuit dans le campground.