Le culte du héros, maladie de notre sainte lutte

Ημερομηνία δημοσίευσης: Sep 03, 2009 10:16:10 PM

Par l’évêque Photios de Marathon

« Ne mettez pas votre confiance dans les princes et dans les fils des hommes, à qui n’appartient pas le salut » (Psaume 145 :3)

Nous ne devons pas accorder une confiance absolue aux êtres humains pour notre salut, et ce quel que soit leur rang. Les êtres humains changent. Aujourd’hui ils sont des saints, demain, des apostats. Aujourd’hui, ils sont pécheurs, demain, ils sont des justes. Nous devons accorder une confiance absolue à Dieu et c’est en lui que nous devons mettre nos espoirs de salut. « Heureux celui qui a pour secours le Dieu de Jacob, qui met son espoir d ans le Seigneur son Dieu » (Psaume 145 :5). Les êtres humains sont souvent peu fiables, et celui qu’aujourd’hui nous admirons plein de vertus et de sainteté peut malheureusement chuter plus tard tandis que quelqu’un qui ne jouissait pas une bonne réputation auparavant peut s’avérer à la hauteur des circonstances et stable.

Depuis le commencement, la Sainte Lutte des Vrais Chrétiens Orthodoxes a révélé un grand nombre d’exemples de ce type. Si nous étudions en détail tous les schismes qui ont eu lieu au sein des Vrais Chrétiens Orthodoxes, nous trouverons que c’est le germe du culte du héro qui en est à l’origine. Ce germe coexiste avec nous, et quand il trouve des conditions favorables, il cause l’apparition de la maladie. Donc, examinons quelles sont ces conditions pestilentielles, afin de nous en prémunir.

Pour que cette maladie se manifeste, est requise la présence d’un père spirituel ayant la réputation d’être vertueux même s’il ne s’agit que d’une apparence extérieure. Ce n’est pas l’essence qui est importante mais l’image extérieure. Pour avoir une telle image positive, il est suffisant de ne pas avoir fait l’objet de commentaires défavorables.

Ensuite, il est nécessaire que ce guide spirituel ait autour de lui un cercle proche d’enfants spirituels qui le respectent et l’estiment. Jusqu’à ce point, ceci est compréhensible.

Cependant, cette maladie se manifeste quand les enfants spirituels deviennent les disciples de ce leader. Ceci se produit de la façon suivante : le père spirituel a peut-être quelques qualités grâce auxquelles ils attirent les gens. Il peut être ascétique, avoir un zèle fervent, être un bon orateur, ou charitable. Mais il peut aussi être simplement intelligent, rusé, planifiant différents artifices pour s’attirer l’admiration de ses enfants spirituels. Peut-être est-il véritablement vertueux au début. Toutefois, il est possible qu’il soit rempli de haine, dissimulant ce côté haineux, et mettant en exergue certains éléments positifs. Alors, le virus du culte du héro entoure les enfants spirituels qui appartiennent à son environnement immédiat. Cela débute avec la flatterie. Quand l’entourage immédiat du géronda est composé de moines et de moniales et que l’ancien s’autorise à être infecté par l’encens de ceux qui le flattent, alors la maladie apparaît.

Si l’ancien rejette la flatterie et dissipe le nuage d’encens des louanges, et s’il maintient les flatteurs à une distance de sécurité, alors il est sauvé.

Cependant, si le Geronda ne s’oppose pas à cela, alors, hélas un cercle « démoniaque » est créé, au sein duquel l’ancien est à l’origine du culte du héros parmi ses laudateurs et ensuite s’entoure de ce culte tel te l’encens de la flatterie. Alors, même si l’ancien est encore vertueux, ébranlé par le brouillard de la flatterie, il tend à croire qu’il a des aptitudes dont il ne dispose pas. Il est convaincu d’être un nouveau Saint Marc d’Ephèse, un nouveau Saint Théodore le Studite, un nouveau Saint Maxime le Confesseur, un nouveau pilier de l’orthodoxie.

Le cercle rapproché des disciples (les « chérubins » et « séraphins » de l’Ancien !) se mettent à vanter avec zèle les admirables vertus de l’Ancien auprès de ceux qui se trouvent dans des cercles plus éloignés. Car, autour du premier cercle du leader, apparaissent des cercles concentriques. Le plus large d’entre eux comprend les « nouveaux convertis », auxquels la lumière de l’ancien parvient après avoir été intensifiée par son passage à travers les « Chérubins » et les « Séraphins », « les anges à sept ailes » etc de l’ancien. Ils l’appellent « Maître », « le Saint Père », « notre Petit Père » et le « Saint Géronda ». Au-dessus de ce staretz proclamé saint, il n’y a que Dieu, duquel il reçoit des inspirations divines. Aucune autorité ecclésiale n’est au dessus du « saint géronda », que ce soit des évêques ou des synodes. « Même si un ange du ciel » leur parle en mal des enseignements de l’adorable Geronda, « qu’il soit anathème » au yeux de ses disciples, qui sont sujets à la psychologie des foules.

Les photos de l’ancien couvrent complètement les murs des maisons des disciples, comme les photos des chanteurs et des athlètes dans les chambres des jeunes d’aujourd’hui. Et les adorateurs du héro ont dans leurs cellules plus de photos de leur saint staretz que d’icônes du Christ.

Ils déclarent sans rougir qu’ils suivraient l’ancien où qu’il aille, y compris en enfer ! Quoi que dise l’admirable ancien, cela est considéré comme un dogme de la foi. Ils inventent des célébrations annuelles pour honorer l’Ancien, des icônes de l’ancien sont écrites pendant qu’il est encore en vie, et après sa mort, ses os sont transporté dans des châsses dorées comme l’arche de l’alliance ! Son tombeau est vénéré et ses objets personnels sont donnés en tant que récompense. Personne n’est admis parmi les disciples s’il ne tombe à genou pour vénérer l’icône imaginaire qu’ils ont eux-mêmes créées de leur Ancien.

La plus tragique conséquence est l’effet de tout cela sur l’ancien lui-même ; les flatteurs du cercle rapproché ont fait de lui un nouveau veau d’or offert à la vénération. Peut-être ces flatteurs ont-ils une plus grande responsabilité que l’ancien lui-même, qui fut conduit par eux à différentes actions illégales tel que les schismes et les divisions. Ils l’ont amené à croire qu’il était le « Sauveur » de l’Eglise.

La prière intense et la vigilance permanente sont requises afin que personne ne se retrouve dans pareille situation, et il est particulièrement important que notre clergé se méfie des flatteurs. Nos anciens ancêtres avaient raison quand il affirmaient qu’ils « avaient peur des flatteurs et qu’ils préféraient les corbeaux car les corbeaux mangent la chair alors que les flatteurs déchirent l’âme en morceaux ».