Débuter en exploration souterraine

> Se retrouver bloquer
De prime abord, le premier risque qui vient souvent en tête est l'éboulement ou la chute d'éléments plus ou moins importants. Bien qu'il existe évidemment, ce risque est variable et relativement limité dans de nombreuses carrières. Certaines roches sont cependant beaucoup plus instables que d'autres, comme le gypse.

> Se blesser

Le risque principal est la chute à mon avis. De nombreux facteurs peuvent y mener : sols glissants, trous dans le sol, changements brusques de hauteur du plafond, éléments saillants… Une chute relativement anodine en extérieur peut se révéler aggravée par le contexte du souterrain.

> Se perdre

Certaines carrières forment un réseau de plusieurs dizaines de kilomètres de galeries. L'organisation des galeries peut être assez chaotique et sinueuse, ou très monotone et sans repère. Le risque de s'égarer est donc bien réel. 

> S'intoxiquer

Un souterrain peu ou pas ventilé peut se révéler chargé en gaz toxiques, en particulier :
- Monoxyde de carbone (CO) : produit lors d'incendies ou fonctionnement de certaines machines (groupe électrogène, fuite de chauffage urbain...), inodore, incolore, potentiellement mortel en quelques heures à quelques minutes selon la densité présente.
- Sulfure d'hydrogène (H2S) : produit lors de la décomposition de matières organiques, forte odeur d'œuf pourri à très faible dose puis totalement inodore à taux dangereux (paralysie du système olfactif). Le risque de mort très rapide est réel avec quelques centaines de ppm seulement. Attention aux boisages qui trainent dans l'eau par exemple, des poches de gaz peuvent se relâcher à votre passage.

Par ailleurs, certains types de souterrains (carrières de gypse, mines de fer...) sont soumis à des gazages majeurs, sous l'action combinée d'une baisse du taux d'oxygène (O2) et d'une hausse du dioxyde de carbone (CO2) dans l'air. Seul un appareil agréé peut vous avertir efficacement contre ces gaz et éviter les situations à risque, pour un coût relativement élevé. Je suis équipé de détecteurs d'O2 et de CO. 

Les symptômes préoccupants d'une inhalation de fumée ou d'un manque d'oxygène peuvent être les suivants, sans s'y limiter : maux de tête, fatigue généralisée, hyperventilation sans effort (essoufflement maximal en marchant), cyanose (coloration bleutée des muqueuses), nausée, désorientation, difficultés de raisonnement / prises de décisions et troubles neurologiques...

A moins que vous visitiez un souterrain hyper fréquenté type Catacombes, vous avez globalement très peu de chance de croiser quelqu'un en souterrain. Vous seuls pourrez vous sortir d'un mauvais pas, pensez y à l'avance. Quelque soit le type de souterrain, aucune onde téléphonique ne traverse la roche. Ainsi, le téléphone ne passe pas et vous ne pourrez pas contacter l'extérieur.

Comment faire face à ces risques pour les limiter ?

> Se signaler

Avant de partir, signalez votre départ à quelqu'un de confiance qui pourra alerter les secours si besoin. Transmettez lui les coordonnées exactes de l'entrée et n'oubliez pas de signaler tout changement d'endroit.

> Être équipé

Ne négligez pas la préparation du matériel. Ce que j'apporte systématiquement : Casque, 2 éclairages minimum *, Chaussures de rando, Vêtements adaptés (température moyenne de 10-15 degrés en carrière), gants, trousse de secours, détecteurs O2 et CO, gourde, nourriture, carnet (en "papier de pierre" pour mieux résister à l'humidité) et stylos.
* Le téléphone ne compte pas comme un éclairage dans les galeries de grand volume, l'intensité lumineuse est trop faible. Privilégiez des lampes LED à grande autonomie. 

> Être observateur

Être attentif aux risques passe nécessairement par une observation active du milieu pour recenser rapidement les risques principaux. 
- Etat des galeries : Beaucoup de débris au sol ? Fractures sur le ciel de carrière ? Blocs instables ?
- Eviter les chutes : variations de niveaux, éléments au sol, hauteur de plafond...
- Bien regarder devant soi quand on avance, ne pas faire de photos en marchant et garder une lampe allumée sur soi, même sur les déplacements courts (note à moi-même)

Evidemment tous les risques ne se voient pas, il y a une part d'aléatoire.

> Se repérer

Pour se repérer (avec ou sans plan) dans les grands réseaux, l'observation et la mémorisation sont primordiales. Mon conseil principal est de se retourner régulièrement. Certaines galeries et intersections ont un aspect totalement différent selon le sens, le mieux est de savoir à quoi ça ressemble dans le sens du retour. 

Pas de marquage sur les murs, le plafond etc svp, les dégradations nuisent gravement au lieu. Si des flèches ont déjà été dessinées, pensez bien sûr à vérifier à l'aller qu'elles pointent bien vers la sortie avant de vous y fier au retour.

Je fais parfois mes propres plans des galeries principales, histoire d'avoir moins d'infos à retenir. Cartographier entièrement une carrière est un exercice sympa à faire si vous avez du temps.

Prenez votre temps pour explorer, connaître les lieux pour progresser petit à petit est le plus simple pour débuter. 

> Savoir réagir en cas de problème

J'ai toujours en tête des scénarios à mettre en place en cas de problèmes qui pourraient m'arriver. Mieux vaut prévoir qu'être pris au dépourvu et agir dans la précipitation. En cas de doute après un accident ou sur certains symptômes ressentis, ne pas hésiter à contacter le SAMU (15) pour demander un simple avis médical. Cet appel n'implique pas l'envoi d'une ambulance et vous évite de vous déplacer aux Urgences si ce n'est pas nécessaire. Cela vaut aussi pour évaluer la gravité d'une chute par exemple (j'ai testé ! 🙃)