L'œuvre d'art et le musée

 : un système de savoirs – de Fontaine à Boîte-en-valise

Kyoo Seok Choi, système pour construire le texte « L’œuvre d’art et le musée : un système de savoirs – de Fontaine à Boîte-en-valise » (le mémoire master 2), en détail, textes écrits sur papier, posés sur la toile, 300 x 165 cm (chaque fragment mesure 10, 5 x 7, 4 cm), 2013-2014.

L’œuvre d’art et le musée : un système de savoirs – de Fontaine à Boîte-en-valise » est le titre de mémoire. Ce mémoire est non seulement écrit comme un texte mais aussi construit comme une structure matérielle. Un système de savoir est utilisé : dans des boîtes, sont conservées des citations sélectionnées donnant des passages importants pour son organisateur, selon un ordre alphabétique par mots clés. Un autre système est suscité par ces boîtes : sur la toile, des fiches sélectionnées pour le sujet de recherche sont juxtaposées en construisant son contexte. Dans cette surface, lire et voir, les mots et les choses, les textes et les images, se sont croisés. Cela montre une possibilité de la construction du texte et son processus qui ont fait par le sujet qui est venu d’ailleurs et qui manipule cette langue étrangère comme des matériaux de la sculpture et de l'architecte. Dans ce sens, écrire est non seulement une activité abstraite mais aussi une pratique.

(en détail)

« Ce mémoire a son lieu de naissance dans une visite des musées où sont présentes des choses qui représentent la valeur de l’œuvre d’art pour notre société et pour notre époque. L’accumulation ne s’occupe pas seulement de l’espace : sur chaque œuvre s’est accumulé le temps. Traversant le temps, chacune a été commentée, mesurée, identifiée et classée. Les œuvres d’art pourraient se diviser en : a) appartenant à un trésor ancien (ou patrimoine culturel), b) cadrées, c) restaurées, d) signées par l’artiste, e) chefs-d’œuvre, f) monumentales, g) reproductibles en liberté, h) incluses dans la présente classification, i) qui paraît comme n’importe quoi, j) immatérielles, k) diffusées avec l’aide de plusieurs supports, l) et cætera m) qui viennent de casser la définition d’une œuvre d’art, n) qui de loin semblent un objet banal. Cette taxinomie proposée par un visiteur de musée pourrait être mise dans un texte imaginaire comme « une certaine encyclopédie européenne ».

Comme la taxinomie des animaux dans "une certaine encyclopédie chinoise" de Jorge Luis Borges* secourait la pensée de Michel Foucault et sans doute celle de lecteurs qui demeurent dans un espace et un temps contemporains plutôt occidentaux, de même une disposition de choses variées dans un musée d’art de nos jours et leur classement dans une même catégorie d’"œuvre d’art" peuvent bouleverser un visiteur de musée de notre époque. La discontinuité de la manière de voir le monde, vue par Foucault à travers la taxinomie des animaux citée par Borges, est cette fois réapparue dans la tête d’un visiteur (plutôt venu d’ailleurs) de musée (plutôt européen) du XXIe siècle. » Kyoo Seok Choi, « L'œuvre d'art et le musée : un système de savoir — de Fontaine à Boîte-en-valise », mémoire non publié, 2014, p. 4.