bibliothèque

Si on lit un livre par semaine pendant vingt ans (le temps effectif de lecture ne sera en fait pas si long), on pourra lire à peu près 1000 livres. Ce n’est pas tant que ça. Imaginons une bibliothèque composée de dix étagères ; et l’on mettrait 100 livres sur chaque étagère. Si la largeur du livre est 2 cm et sa hauteur 20 cm, on peut construire une bibliothèque de dimension 2 x 2 m. La bibliothèque ne sera alors pas beaucoup plus grande qu’un cercueil.

« Tout bibliothèque* répond à un double besoin, qui est souvent aussi une double manie : celle de conserver certaines choses (des livres) et celle de les ranger selon certaines manières.

Un de mes amis conçut un jour le projet d'arrêter sa bibliothèque à 361 ouvrages. L'idée était la suivante : ayant, à partir d'un nombre n d'ouvrage, atteint, par addition ou soustraction, le nombre K = 361, réputé correspondre à une bibliothèque, sinon idéale, du moins suffisante, s'imposer de n'acquérir de façon durable un ouvrage nouveau X qu'après avoir éliminé (par don, jet vente ou tout autre moyen adéquat) un ouvrage ancien Z, de façon à ce que le nombre total d'ouvrage reste constant et égal à 361 :

K + X > 361 K - Z

*J'appelle bibliothèque un ensemble de livre constitué par un lecteur non professionnel pour son plaisir et son usage quotidiens. Cela exclut les collections de bibliophiles et les reliures au mètre, mais aussi la plupart des bibliothèques spécialisées (celles des universitaires par exemple) dont les problèmes particuliers rejoignent ceux des bibliothèques publiques. »

Georges Perec, « Notes brèves sur l'art et la manière de ranger ses livres », in Penser / Classer, Hachette, Paris, 1985, p. 31-32. (le mot-clé de fiche : bibliothèque)

« Le musée Neickel », in C. F. Neickel, Museografia neickeliana, 1727, via kunstkammer

« On peut considérer enfin la bibliothèque comme une importante annexe de la collection. Nous sommes encore dans la tradition humaniste des codes grecs et latins qui renvoient des livres aux images d'hommes illustres, poètes et philosophes de l'Antiquité, suspendue aux parois des studioli. Cependant ici, dans le musée du XVIe siècle, la bibliothèque est aussi laboratoire : un laboratoire d'un autre genre, il est vrai, mais non moins vivant et mis à profit dans le contexte du "foyer" de recherches que toute l'institution entretient. Les livres se reflètent directement dans les objets et ce sont des instruments de déchiffrement réciproque, dans des codes différents mais interchangeables. Une image très éloquentes à ce propos est offerte par le fontispice de l'un des plus importants traités de réflexion muséographique. La Museographia neickeliana* donne la représentation du musée idéal dans un système parallèle, avec les objets sur une paroi et les livres sur l'autre. Au centre, le savant, entouré (comme dans un studiolo du Quattrocento) de tout ce qui lui sert pour sa recherche érudite, avec la possibilité permanente d'entrelacer les bons fils d'un savoir confié aux livres et d'un autre révélé dans le corps de la nature. »

Lugli, Adalgisa, Naturalia et Mirabilia, Les cabinets de curiosités en Europe, Société Nouvelle Adam Biro, Paris, 1998, p. 154. * La Museographia de Neickel (1727) est une importante réflexion théorique et historique sur le musée, avec la liste détaillé des principales collections européennes de l'époque. (le mot-clé de fiche : bibliothèque)

Question

Qu'est-ce qu'une bibliothèque ? Qu'est-ce qu'un musée ? Pourquoi l'œuvre d'art est-elle au musée, le livre à la bibliothèque ?

Recherche

Bibliothèque de Babal, Jorge Luis Borges.

Bibliothèque ordonnée, collection Eric Joncquel, imaginée par Paul Braffort.