espace public

L’espace public ne signifie pas toujours un espace qui est ouvert à tout le monde, parce que la conception du public est limitée par des gens qui la servent. Par exemple, quelqu’un qui n’a pas de titre de séjour français n’aura pas le droit de rester dans l’espace public de la France ; plupart des toilettes publiques sont séparées par deux espaces pour être utilisés par les deux sexes ; dans certains espaces publics comme l’opéra, la galerie, les espace commerciaux, etc., on est forcé d’avoir conscience des habits et des comportements ; dans la rue, les gens devinent la nationalité de quelqu’un en regardant son visage. Les espaces publics changent leurs sens par les spécificités des gens : le statut de social, la nationalité, la couleur de peu, le sexe, la propriété, etc... Paradoxalement, les espaces publics sont plus facilement privés à cause de l’effacement de ces facteurs : on a vu souvent des grands projets architectes pour des espaces publics dans lesquels des gens sont comme des décorations d’immeubles. Dans ce sens-là un espace public utopique devient un espace privé distopique.

L’espace public et l’espace privé ne sont pas des conceptions qui sont clairement séparées non plus. Chaque fois on a besoin de négocier entre public et privé. L’espace, le temps et le sujet se sont toujours liés et se sont communiqués. En plus ils comportent les sens de chaque société actuelle : nation, démocratie, capitalisme, etc. L’activité artistique dans l’espace public n’est pas donc libre de cette complexité de l’espace public ou privé.

Citation :

« L’espace public est un singulier dont le pluriel — les espaces — ne lui correspond pas. En effet, l’espace public évoque non seulement le lieu de débat politique, de la confrontation des opinions privées que la publicité s’efforce de rendre publiques, mais aussi une pratique démocratique, une forme de communication, de circulation des divers points de vue ; les espaces publics, quant à eux, désignent les endroits accessibles au(x) public(s), arpentés par les habitants, qu’ils résident ou non à proximité. Ce sont des rues et des places, des parvis et des boulevards, des jardins et des parcs, des plages et des sentiers forestiers, campagnards ou montagneux, bref, le réseau viaire et ses à-côtés qui permettent le libre mouvement de chacun, dans le double respect de l’accessibilité et de la gratuité. Toutefois, depuis quelques années, les espaces publics sont ceux que le public — ou des publics — fréquente indépendamment de leurs statuts juridiques. Ainsi, des lieux privés ouverts à un certain public sont qualifiés d’espace publics, comme par exemple un centre commercial ou une galerie marchande. Il est indispensable de faire le point sur cette expression (au singulier et au pluriel) qui désigne des réalités différentes — parfois même inconciliables entre elles — et par conséquent de commencer à en établir l’historique, puis d’en repérer leurs possibles devenirs. » Paquot, Thierry, L’espace public, La Découverte, Paris 2009, 2015, p. 3. (le mot-clé de fiche : espace public)

Référence :

Bonnet, Eric, « Espace public & temps historique. Biennales », in Biennales d’art contemporain. Œuvres & frontières, L’Harmattan, Paris, 2016, p. 113-121.

Habermas, Jürgen, L'espace public, Trad. de l'allemand par Marc B. de Launay, Payot, Paris, 1992[1962].

Foucault, Michel, « Des espaces autres », 1984, écrit en Tunisie en 1967, in Dits et écrits IV, Gallimard, Paris, 1994.

Paquot, Thierry, L’espace public, La Découverte, Paris 2009, 2015.