construction

Il s’agit d’un travail sur un sujet particulier, entré un peu par hasard dans une culture d’expression française, une langue étrangère et même étrange pour ce sujet venu d’ailleurs. La première difficulté est bien de parler dans cette langue. Il s’agit moins d’une incapacité à atteindre un certain niveau de maîtrise, que des difficultés à s’exprimer dans une langue très différente de sa langue maternelle. Il s’agit d’une sorte de perturbation pour le sujet qui s’adapte à une langue étrangère. Non seulement par la différence des éléments de la langue, vocabulaire, grammaire, syntaxe, etc., mais aussi en raison des différents systèmes de construction de la pensée. Cette situation de blocage apparent est un vrai motif de création dans le domaine de la littérature ou dans celui de l’art, comme l’explique Deleuze : « Il faut parler de la création comme traçant son chemin entre des impossibilités… C'est Kafka qui expliquait : l'impossibilité pour un écrivain juif de parler allemand, l'impossibilité de parler tchèque, l'impossibilité de ne pas parler. [...] La création se fait dans des goulots d'étranglement. Même dans une langue donnée, même en français par exemple, une nouvelle syntaxe est une langue étrangère dans la langue. Si un créateur n'est pas pris à la gorge par un ensemble d'impossibilités, ce n'est pas un créateur. Un créateur est quelqu'un qui crée ses propres impossibilités, et qui crée du possible en même temps1. » L’impossibilité de parler dans cette langue lui faire inventer plusieurs système de langue. Il est nécessaire, pour lui, de visualiser la construction des phrases pour écrire dans cette langue. Autrement dit, cela passe par la matérialisation des pensées. Il construit des archives en reconstruisant les textes qu’il a lus. Les feuilles des livres sont donc des matériaux primordiaux pour lui. Ce travail varie à travers des champs variés : le livre en hypertexte, l’œuvre d’art, le système inventif de la circulation des objets.

1. Deleuze, Gilles, Pourparlers, Les édition de Minuit, Paris, 1990/2003, p.182-183. (le mot-clé de fiche : impossibilité)