Matsumoto Koshiro VIII dans le rôle de Matsuômaru dans "Kurumabiki" (La lutte pour le chariot), scène de Sugawara denju tenarai kagami (Sugawara et les secrets de la calligraphie) - Série Portraits de la scène moderne No.6
現代舞台藝蕐(6) 車曳の松王 八代目 松本幸四郎丈
L'estampe
Artiste: Ôta Masamitsu
Editeur: Miyake Koshodo (Banchoro)
Graveur: Ito Susumu (1916-1998)
Imprimeur: Ito Harutoro
Date: 1954 No.41/200
Format: Oban-tate
Catalogue: S-294
Sugawara denju tenarai kagami (Sugawara et les secrets de la calligraphie) est une longue pièce historique basée sur la vie de Sugawara Michizane (845-903) et les luttes politiques à la cour impériale de Heian au huitième siècle. Sugawara Michizane était un érudit, proche de l’empereur et ministre qui fut victime des machinations de son rival Fujiwara Tokihira, résultant en son exil au nord de Kyushu (aujourd’hui Fukuoka). Après sa mort, il fut réhabilité, devenant le dieu-protecteur des étudiants.
La pièce en cinq actes a été écrite par en 1746, puis modifiée avec l’ajout de trois frères quand des triplés sont nés à Osaka la même année. Elle n'est jamais jouée dans son intégralité, chaque scène étant une pièce séparée. Les plus jouées sont Acte III scène I Kurumabiki (La lutte pour le chariot) et acte IV, scène III Terakoya (L’école du village). Cette dernière est une des scènes les plus émouvantes du répertoire kabuki quand Matsuômaru sacrifie son enfant pour sauver celui de Michizane.
La scène Kurumabiki (La lutte pour le chariot) est la partie de style aragoto de la pièce. L'aragoto, ou « style rude », est un style de jeu du théâtre kabuki qui fait appel à des mouvements et des paroles exagérées et dynamiques. Les acteurs aragoto portent souvent d'audacieux maquillages rouges (comme ici) ou bleus (kumadori) et des costumes rembourrés et élargis. Le terme aragoto est une abréviation du terme aramushagoto qui signifie littéralement « style de guerrier téméraire ». Cette scène eu tellement de succès qu'elle fut ensuite rajoutée dans la pièce pour le théâtre de marionnettes Bunraku.
Fujiwara Shihei (Fujiwara Tokihira): Adversaire de Kan Shojo (Suguwara Michizane). A provoqué sa chute
Sugiômaru: Intendant du Fujiwara Shihei
Sakuramaru: Un des trois frères, au service du Prince Tokiyo. Son nom est lié au cerisier
Umeômaru: Un des trois frères, au service de Kan Shojô. Son nom est lié au prunier
Matsuômaru: Un des trois frères, au service de Fujiwara Shihei. Son nom est lié au pin
Les trois frères Sakuramaru, Matsuômaru et Umeômaru devant le chariot
La pièce commence devant le sanctuaire Yoshida à Kyoto. Depuis la chute de Kan Shojô et la disgrâce du prince Takiyo, les deux frères Umeômaru et Sakuramaru se retrouve sans maître. Umeômaru apparaît sur le hanamichi et Sakuramaru entre sur scène par la droite. Tous les deux portent un énorme chapeau de voyage en paille pour ne pas être reconnus. Ils marchent le long du sanctuaire, se rencontrent et se reconnaissent. Tous deux se lamentent du bannissement de leur maître, de leur disgrâce et sont tristes que leur frère soit encore au service du responsable de ces malheurs. On annonce à ce moment la venue d’un haut personnage au sanctuaire. Ils demandent qui vient ainsi et la réponse est que Fujiwara Shihei arrive en personne. Ils enlèvent leurs chapeaux, leurs sandales et prenant une pose dramatique (mie) décident d’attaquer leur ennemi. Ils s’en vont rapidement en gesticulant (style roppô).
Le décor change et la grande entrée du sanctuaire apparaît sur scène, dominée par un magnifique torii (portique). Un grand chariot arrive mené par Sugiômaru. Les deux frères se précipitent pour l’arrêter, mais Sugiômaru leur dit qu’ils sont fous de défier Shihei. Les deux frères changent rapidement de costumes (bukkaeri) et attaquent les soldats. Ils n’ont pas de mal à dominer les quatre soldats quand une voix sonore leur dit «Attendez !». Matsuômaru apparaît défiant ses deux frères. Ceux-ci commencent à l’apostropher en lui reprochant de servir le responsable de la disgrâce de leurs maîtres. Mais Matsuômaru leur retorque que les ennemis de son maître sont ses ennemis et qu’il va leur montrer comment un soldat sert loyalement. Umeômaru et Sakuramaru sont furieux, se jettent sur le chariot et commencent à le détruire. A ce moment, Shihei apparaît et dans un élan surnaturel réduit les deux frères à l’impuissance. Matsuômaru intervient et Shihei les épargne avec dédain. Matsuômaru leur rappelle qu’ils doivent se rendre chez leur père pour célébrer son soixante-dixième anniversaire et qu’ils ne pourront régler leur différend qu'après cette célébration. Le rideau tombe sur les quatre acteurs figés dans des poses belliqueuses.
Matsumoto Koshiro VIII (1910-1982) prit le nom de Matsumoto Hakuo I en 1981. C’est un des grands acteurs de rôles masculins des années 1950 et 1960, digne héritier de son père Matsumoto Koshiro VII et de son beau-père Nakamura Kichiemon I. Il a été aussi très actif dans le théâtre moderne et les pièces occidentales. Matsuômaru est sans doute son plus grand rôle.
Hanayama - Nakamura Kichiemon I en Matsuômaru (ca.1950)
Affiche pour une représentation à Tokyo en 2019: Matsumoto Hakuo II en Matsuômaru
Natori Shunsen - Bando Hikosaburo VI en Matsuômaru (1928) (Image Artelino)