RECHERCHE PAR INDICES TOPONYMIQUES D’ANCIENS ÉTABLISSEMENTS DE TUILERIE, POTERIE, CÉRAMIQUE, SUR LA COMMUNE D’AUTUN ET SUR LES COMMUNES LIMITROPHES



Roland Niaux

(2000)

Les données contenues dans ces pages sont mises à la disposition de tous : chercheurs, archéologues, historiens ou amateurs.
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Méthode

Afin de tendre à l’obtention de renseignements aussi fiables que possible, nous avons éliminé volontairement les indices qui, isolés et non corroborés par d’autres indices topographiquement peu éloignés, n’offrent pas une certitude absolue.

Ainsi, les terres noires, rouges, vertes ou grasses qui peuvent ne signifier que leur seul aspect visuel. De même, les fours ou fourneaux qui, non liés à d’autres toponymes plus précis, peuvent être des fours à pain, à chaux ou à minerais. Pour la même raison, nous avons négligé les multiples crots, crottes ou creuzots qui, sans autre précision, peuvent désigner de simples dépressions naturelles, des bourbiers, ou des carrières de pierres ou de sable de faibles dimensions.

Nous avons recherché les toponymes sur les états de section des premiers documents cadastraux réalisés au début du XIXe siècle (lorsque les mairies ont été en mesure de les retrouver). Ces documents présentent l’avantage d’indiquer la nature de la parcelle considérée, et l’on peut ainsi lire parfois « tuilerie », au regard d’un toponyme sans signification particulière, ce qui complète utilement notre recensement.

En conclusion, les énumérations suivantes ne sont pas exhaustives, mais fournissent des indices de valeur supérieure à une simple probabilité.

Il ne faut pas non plus perdre de vue que les industries tuilières ou céramiques ont pu disparaître sans laisser de traces toponymiques, surtout si leur existence remonte à plusieurs siècles.

Énumération :

Pour Autun même, une recherche a été réalisée dans le cadre d’un diplôme universitaire par Michel Maerten, d’après les roles de taille et les registres de patentes. Intra muros, la toponymie ne pût être d’un grand secours.

Hors les murs, nous ne trouvons pas non plus beaucoup d’indices.

Une tuilerie aurait existé à Pierrefitte. Elle n’est pas indiquée au plan cadastral de 1822. Sur la parcelle qu’elle aurait occupé selon la tradition, Roidot-Déléage indique « emplacement d’une tuilerie antique » aux alentours du monument dit Temple de Janus (plan d’ensemble au 1/25 000e, Roidot-Déléage , 1872, Edition Société Eduenne). C’est la parcelle A 2 n°159, dite Pierre Fitte au cadastre de 1822, située à l’est de la D 978 et au sud du tronc commun des voies romaines dirigées vers l’ouest.

Les ateliers de production céramique médiévale d’Ornez - Bois le Duc n’ont pas de dénomination cadastrale intéressante (Michel Maerten, Rapport au S.R.A., Dijon, 1994).

En revanche, il existait à Autun au XIIIe siècle une « Terre des Argilliers », citée en 1268 (A. de Charmasse, Cartulaire de l’Eglise d’Autun, 3e partie, p. 62 et 417 et M.S.E., XVII, 1889, P.V. des séances, p. 477).

L’actuelle rue de Parpas était dite « Chemin des Argilliers ». Cette rue se dirige en droite ligne, de la ville même, vers le site d’Ornez-Bois le Duc. La maison médiévale dite « de Parpas » en est à 2 km 700. L’officine connue d’Ornez-Bois le Duc et la Terre des Argilliers sont donc probablement un seul et même site (lequel se divise aujourd’hui en deux parties : celle d’Ornez un peu à l’est de la maison seigneuriale et face au gué de l’Arroux et celle dite de Bois le Duc révélée par un énorme dépotoir situé dans le ruisseau limitant les communes d’Autun et de Brion, à 1 km en amont d’Ornez).

Saint-Pantaléon : commune associée à Autun, est la plus riche en vestige parmi les communes limitrophes. La carte géologique indique entre St. Pantaléon et St. Pierre, une couche d’argile de 2 m 50 sous une faible couche de limons.

Les vieux autunois se souviennent de la Tuilerie Goursaud-Cognard-Chevalier et de sa cheminée géante. Construite en 1870, elle a été détruite en 1974 pour faire place à un lotissement. Elle n’apparaît donc pas au cadastre ancien. Elle se situait en 730.38/60 – 220.15/34. Elle trouvait la matière première sur place.

Concernant les sites ci-après désignés, nous indiquerons le numéro des parcelles cadastrales révélées par les états de section, et les coordonnées Lambert (x et y) limitant l’ensemble de la zone intéressée.

- A St Pierre, B n°132 et 134 (cadastre 1823) tuilerie, deux bâtiments de séchage, 751.01/16 - 220.01/13.

- A St Pierre, B n°142, tuilerie, un grand bâtiment de séchage, 751.32/40 – 220.15/25.

- Champ de la Tuilerie, B n°253 à 256, la tuilerie proprement dite étant dans la parcelle 255 – 750.74/86 – 219.82/95.

En 1348, Jehan Besançon était tuilier à St. Pierre (E. Picard, « Le Château de Riveau… », M.S.E. VIII, 1879, p. 250).

Commune de Curgy :

Au finage de Vergoncey :

- La Tuilerie, B n°296 (cadastre 1823)

- Le Champ du Fourneau, B n°297, l’ensemble limité en 758.85/757.10 – 224.00/20.

Près de Creusefond :

- Fourneau et tuilerie, D n°99 et 100, en 758.30 – 222.27, en bordure nord de la D 973 (vestiges visibles)

Ancienne paroisse de St. Denis, au Cervau :

- Les Grands Fourneaux, F n°20

- Les Petits Fourneaux, F n°22, autour de 752.80 – 223.05. Il s’agit d’un vaste site d’habitats et d’artisanat gallo-romain s’étendant assez loin sur la commune limitrophe de Dracy St. Loup. C’est à l’occasion de travaux relatifs à l’implantation d’une usine de traitement du schiste que la tuilerie antique a été découverte au XIXe siècle avec de nombreux vestiges d’habitats (Abbé Lacreuse, « Découverte d’un établissement de poterie romaine au Cervau », Annales de la Société Eduenne, 1862-1864, p. 145 et ss.)

La prospection au sol après les labours dans l’ancien bois défriché de St Martin, nous a permis d’élargir considérablement, vers le nord et le nord-ouest, le site initial qui s’étendait probablement jusqu’au Champ de la Justice. La source d’approvisionnement de ces tuileries était (?) dans le Bois de l’Etang, F n°26, autour de 753.40 – 223.20, où l’on découvre des vestiges d’anciennes carrières

Commune d’Auxy :

Dans la clairière de Repas, près d’un site d’habitat gallo-romain au Noyers :

- Largille : B n°504 à 511 (cadastre 1823) en 761.11/24 – 218.60/70 et Les Crottes : B n°759 en 761.07/28 - 217.00/95.

Près du hameau de la Coudre :

- Le Champs du Crot : D n°749, 750, 832, 833 en 756.45/60 – 215.88/216.12

et attenant :

- L’Ouche du four : D n°835 – 836 en 756.40/60, 215.60/80.

Commune de Brion :

Entre Runchy et la Longine :

- La Mouille Tuillière : C n°205 à 208 (cadastre 1831) autour de 745.75 – 212.60.

- Les Fourneaux : C n°127 à 151 autour de 744.50 – 212.60.

Commune de Monthelon :

Au « Bois des Crots » où la carte géologique signale une couverture alluviale de 0,70 m sur 1,10 m d’argile, on rencontre :

- Bois des Crots : A n°90 à 92 et 95 à 98 (cadastre 1823)

- Le Creuzot : A n°120

- Le Champ des Crots : A n°162.

- En Fourneaux : A n°165 – 166.

Le tout entre 743.55/745.95 et 220.02/221.35 en bordure de la voie romaine d’Autun à Orléans. Pas très loin, au nord du bourg de Monthelon, une industrie sans doute plus récente, s’approvisionnait probablement aux mêmes sources :

- La Tuilerie (ferme) : D n°84 à 86.

- L’Ouche de la Tuilerie : D n°124.

- La Pature de la Tuilerie : D n°125, l’ensemble dans 742.80/743.30 – 219.63/95.

Il faut retenir qu’à l’état de section de 1823, il n’existe aucune mention d’activité tuilière sur ces dernières parcelles, pas plus que dans la tradition locale. L’industrie doit donc être antérieure au XIXe siècle.

Le long de la rivière du Méchet :

- Pature de l’Argillet : D 184, très petite parcelle en 740.68 – 219.83 et, tout à côté :

- Pature des Carreaux : D 185-186.

- Les Carreaux : D 187 à 189, ensemble en 740.70/90 – 219.90/220.18.

Commune de Tavernay :

Plusieurs parcelles voisines, certaines contiguës, au nord-est de la commune, en limite de la commune de Reclesne, retiennent l’attention :

- Les Terres Rouges : A n°82 à 84 – 88 (cadastre 1824)

- Le Crot des Terres Rouges A n°80 – 81 – 92.

- Les Carreaux : E n°180.

- Les Culs de Four : A n°187 à 189, le tout entre 745.85/746.30 – 226.50/227.86.

Il faut noter la présence proche de parcelles dites « Les Fonderies », A n°278 à 283, pouvant laisser présumer également une activité métallurgique.

A Poizot, on a une Pature de la Tuillerie, D n°60 – 70, à l’état de section de 1935, celui du XIXe siècle n’ayant pu être retrouvé, et ceci autour de 743.55/223.90. Il y a un quart de siècle, on voyait des vestiges de four au nord de la D 978.

Courtépée, rapporté par l’Abbé Baudiau (Le Morvan, II, p. 350), signalait les « bonnes terres à poteries » de la Croix Jean Naudin, laquelle n’est qu’à 500 m de Poizot.

A Polroy (ou Polleroye) qui serait, selon M. Maerten (La Physiophile, n°127, juin 1998, p. 17) une possible forme dérivée de poterie, on rencontre une autre Pature de la Tuilerie, D n°8, autour de 742.50 – 224.35, sans tuilerie de mémoire humaine ni vestiges visibles.

Commune de St. Forgeot :

Sur la carte IGN au 1/25 000e « Lucenay L’Evêque », édition 1980, on voit un lieu dit Le Fourneau. A cet endroit, la voie gallo-romaine d’Autun à Auxerre par Quarré les Tombes se détache de la « voie d’Agrippa » (Lyon-Boulogne) (L. Olivier, Le Haut Morvan Romain, 1983, p. 111). L’état des sections cadastrales du XIXe siècle n’ayant pu être retrouvé en mairie de St. Forgeot, le plan cadastral indique simplement « Les Ruets », sans intérêt particulier pour notre recherche. Cependant, selon les renseignements recueillis en mairie, le terme « Fourneau » serait conservé en souvenir d’une fabrique de tuiles située autrefois à l’ouest de la D 980. Ce lieu est d’ailleurs dit « La Tuilerie », à l’annuaire départemental de 1869. Sur cette terre, entre 748.90/749.10 et 224.90/225.10, nous avons trouvé en prospection de nombreux fragments de tegulae, bien antérieurs au XIXe siècle !

Commune de Dracy St. Loup :

Près de Lionge :

- Les Crots : B n° 37 à 43 (cadastre 1819) en 751.15/50 et 225.98/226.20, et tout proches :

- Les Grands et les Petits Carreaux, B n°52 à 56 en 751.70/90 – 226.55/82.

Au nord et nord-est du bourg de Dracy, parcelles contiguës dites :

- Le Champ du Four, les Fourneaux, le Pâquier de la Croix, ensemble C n°72 – 75 à 81, connues sous ce nom « Campus de furno seu de Cruce » en 1269 (Déléage, Recueil des Actes du Prieuré de St Symphorien d’Autun, 1936, chartre 73, p. 144).

- La Thuilerie : C n°82, le tout se situant entre 752.12/75 et 225.77/226.22.

Notons qu’en 1622, Vivand Jauniard était tuilier à Dracy St Loup (M.S.E., XII, 1883, PV des séances, p. 489).

A Chevigny, au nord du crassier de l’ancienne mine de schiste :

- Les Carreaux d’en Bas : D n°121.

- Les Gros et les Petits Carreaux : D n°213 à 217.

- La Terre Noire : D n°122 – 123 entre 754.80/755.15 et 226.80/227.10.

A Echaulée :

- Les Carreaux : E n°119 à 123 en 754.46/70 – 224.98/225.20.

Comme on peut le constater, ce sont les bassins de l’Arroux, de la Drée, du Ternin (terrains alluvionnaires) qui ont alimenté Autun en produits céramiques de l’antiquité au début (St. Pantaléon) du XXe siècle.

Les communes d’Antully et de Broye, au sud d’Autun, n’ont pas révélé d’indices significatifs.

© Roland Niaux 2000 (Publication électronique : Mars 2006)

viviane niaux, éditeur

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