Voies romaines d'Autun à Beaune

Roland Niaux

(1998)

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Selon Émile Thévenot[1], il existait une voie directe d’Autun à Beaune, dirigée ensuite sur Pontoux. Cette voie se confondait au départ d’Autun, avec la voie de Besançon. Elle s’en détachait à hauteur de Curgy - très exactement à Savigny-le-Jeune - et se dirigeait sur Épinac par Creusefond, Le Puits, Les Grolaux, Le Quart. D’Épinac, on se rendait à Molinot par la rue d’Amont, La Croix du Roi, Grandvaux, Vernicourt où le chemin encore existant est qualifié au plan cadastral de « Rue d’Autun ». A partir de Molinot, sous le nom de « Terreau de Beaune », la voie tendait vers Saint-Romain, par Santosse et le Bois de Salège.

Il existe cependant un autre tracé, plus direct et bien attesté dans la tradition locale. Il se détache du précédent sur la commune d’Épinac, rue d’Amont et se dirige vers Aubigny-la-Ronce par Le Curier, Ressille et Montartaux. Dans cette première partie d’itinéraire, aucun tracé ne peut être précisé, en raison des modifications apportées au paysage par les travaux miniers du XIXe siècle. Mais à partir de Montartaux, ancien prieuré médiéval construit sur un site gallo-romain, il n’y a plus aucun problème. Notre chemin longe le Bois des Oreillères et son emprise est visible, d’abord sur Épinac, au nord et tout près de la route actuelle de Ressille à Aubigny, ensuite au sud de cette route, après l’avoir coupée en limite de commune, à la cote 456. Il la coupe à nouveau un peu plus loin, vers le point haut 475, au lieu-dit « Le Closelot ». Il se maintient ensuite au nord de la route actuelle (D33d) jusqu’à La Raquette, longeant au nord, sur la ligne de crête, le bourg d’Aubigny-la-Ronce. Dans cette portion de parcours, les parcelles cadastrales traversées portent des noms évocateurs : Les Perrières, Maison-Rouge, Champs-Saint-Jean, La Maladière, Les Teureaux, Le Matrois, La Tour. Après La Raquette, le tracé est celui du chemin actuel jusqu’en limite de communes avec Cormot, au lieu-dit « Combe-Saint-Jean ». Ce chemin porte au plan cadastral le nom de « Chemin d’Aubigny à Orches » et il est considéré comme chemin romain. Il croise, à la côte 532, un autre chemin romain venant de Nolay par les Granges d’Étagny et se dirigeant au nord vers Ivry et Cussy-la-Colonne.

Le chemin romain « d’Aubigny à Orches » se rattache, à la limite Cormot – Vauchignon, à un chemin venant de Molinot par les Platrières qui, lui aussi, peut être très ancien. Il longe ensuite Le Larrey de Parny, au sud du Mont Panterre et, au nord, les gorges de Menevault. Le Larrey de Parny est garni de vestiges mobiliers gallo-romains. Ensuite, notre chemin franchit la limite Rochepot – Baubigny à la cote 540 et se dirige droit sur la « Fontaine du Chêne », ancienne fontaine cultuelle, sur les hauts d’Orches où abondent les vestiges néolithiques, proto-historiques et gallo-romains : silex, tumulus, stèles funéraires gallo-romaines. Après la « Fontaine du Chêne », il descend sur le bourg d’Orches, puis sur celui de Saint-Romain, longeant encore plusieurs sites d’habitats gallo-romains. A Saint-Romain, il se rattache au tracé défini par E. Thévenot.

Cet itinéraire Épinac – Aubigny-La-Ronce – Saint Romain a donc laissé à la fois des traces de son emprise dans les bois, une toponymie attestant un usage au Haut-Moyen-Âge et des vestiges d’habitats gallo-romains. Il a probablement été abandonné au Moyen-Âge, sauf dans sa portion Aubigny – Orches, alors que l’itinéraire par Molinot a perduré jusqu’à l’époque moderne. Molinot est resté en effet une cité-étape et un relais de diligence sur l’ancienne route de Lyon à Paris. La voie d’Autun à Beaune par Molinot est restée une voie Autun – Molinot, voie de rattachement d’Autun à l’axe Paris – Lyon. Dans les mêmes temps, on se rendait d’Autun à Beaune, non plus par Molinot ou par Aubigny, mais par Nolay et La Rochepot.

© Roland Niaux 1998 (Publication électronique : Avril 2006)

[1] E. Thévenot, Voies romaines de la Cité des Éduens, Bruxelles, Latomus, 1969, p. 247-248.

viviane niaux, éditeur

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