Curgy : Saint-Léger-du-Chemin et Drousson
Roland Niaux
(s.d.)
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Drousson, hameau de Curgy au sud de la D 973 apparaît dans l’histoire entre 1098 et 1112 sous le nom de Droisonium, terre jointe à celle de Saint-Denis[1]. Pierre de Drousson est chevalier en 1264[2]. C’est entre ces deux dates, au cours du XIIe ou XIIIe siècle, que fut édifiée la demeure seigneuriale fortifiée connue sous le nom de « Tour de Drousson », dont les vestiges ornent la ferme qui a succédé au château féodal.
Au spirituel, Drousson relevait de la paroisse de Saint-Denis-de-Péon, avant que cette dernière ne fut rattachée à celle de Curgy. L’église de St Denis étant à 2 km du centre de Drousson, le culte était célébré dans une chapelle rurale dite Saint-Léger-du-Chemin, entourée d’un petit cimetière. L’existence de cette chapelle est attestée au début du XIVe siècle. En 1305, un nommé Bardoux, prêtre, cède à l’abbaye de St Martin un pré attenant à l’église « S. leodegarii de Chemino subtum fontem[3] » mais il est possible que cette église ou chapelle soit beaucoup plus ancienne. Selon la légende, Ansbert, évêque d’Autun en 696 et l’ancien abbé de St Symphorien, avait fait édifier un oratoire sous l’invocation de Saint Léger, près de l’abbaye de St Symphorien et il y aurait été inhumé[4]. Saint Symphorien et Saint-Léger-du-Chemin sont distants de 3 km, mais comme il n’existe aucun hameau entre les deux, on peut, dans une certaine mesure, et surtout au XVIIe siècle, les considérer comme proches.
L’emplacement de Saint-Léger-du-Chemin, « sous la fontaine », est assez précis, bien qu’il n’en reste aucun vestige hors sol. Cette chapelle était en bordure nord de la D 973, dans l’angle formé par cette dernière avec un chemin la reliant à la D 116, et dont le prolongement vers le sud traverse le hameau de Drousson. Une source devenue abreuvoir, sort à 100 m au nord du croisement et à une altitude un peu supérieure. La chapelle de Saint Léger, sinistrée durant les Guerres de Religion, devînt inutilisable dès le XVIIe siècle, mais ses ruines étaient préservées. Elles ne furent rasées qu’en 1823 et l’on érigea, en 1826, une croix pour en rappeler le souvenir, sur un emplacement libre au sud du carrefour.
Le premier cadastre de Curgy étant de 1823, c’est probablement notre chapelle qui s’y trouve cadastrée sous le n° E 251. Sur son emplacement, une maison un peu plus grande fut ultérieurement construite, celle cadastrée aujourd’hui E 181. Avec quelques autres maisons construites un peu plus tard, s’est constitué un écart nommé aujourd’hui « La Chapelle ».
Dans une série d’articles intitulés « Histoire religieuse de Curgy », publiés dans son bulletin paroissial au cours des années 1980, l’abbé Girard, dernier curé résidant à Curgy, rapporte que les habitants de Drousson conservent la tradition d’une ancienne chapelle « dans leurs murs ». Selon lui, ce ne serait que le fruit d’une pieuse imagination. Aucun texte ne mentionne d’autre chapelle que celle de Saint-Léger-du-Chemin, qui est hors les murs de Drousson.
Cependant, on trouve à l’état de section cadastral de 1823 une parcelle D 540 dite « La Chapelle St Léger ». Cette parcelle est à 800 m au sud-est de la chapelle Saint-Léger-du-Chemin, le long du chemin nord-sud traversant le hameau de Drousson, au carrefour d’un petit chemin s’en détachant vers le nord-est pour rejoindre la Tour de Drousson.
L’existence de deux chapelles sous le même vocable et à 800 m l’une de l’autre, dans un hameau qui ne fut jamais très important[5] ne laisse pas de surprendre.
Quand cette seconde Chapelle Saint Léger fut-elle construite ? Quel fut son rôle ? Et quand disparût-elle ? Le mystère reste entier.
© Roland Niaux (Publication électronique : Mars 2006)
[1] A. Deleage, Recueil des actes du prieuré de St Symphorien, Autun, 1936, pièce n°20, p. 50.
[2] Idem, Pièce n°62, p. 124.
[3] Bulliot, Essai historique sur l’abbaye de St Martin…, 1849, t. II, charte 101, p 158.
[4] Pequegnot, Légendaire d’Autun, 1850, t. I, p 119-121.
[5] A . de Charmasse, Le bailliage d’Autun en 1475, d’après le PV de la recherche des feux, M.S.E., XXVII, 1899, p 284.
viviane niaux, éditeur