Référentiel de Compétences du deuxième cycle
document CNGE
Collège National des Généralistes Enseignants
Commençons par définir ce qu’est une compétence. D’après J.Tardif (L’évaluation des compétences Edition Chenelière Education 2006), c’est un « savoir-agir complexe fondé sur la mobilisation et la combinaison efficaces d’une variété de ressources internes et externes à l’intérieur d’un ensemble de situations données »
De façon plus simple, on peut définir une compétence comme une combinaison :
• d’un savoir (ou d’une connaissance)
• d’un savoir-faire (ou d’un aptitude)
• d’un savoir-être (ou d’une attitude)
La réunion de ces trois facettes permet de définir une compétence, dont l’acquisition est conditionnée par l’acquisition de ces trois éléments. Il existe deux types de compétences : les compétences dites génériques (ou transversales) et les compétences spécifiques (ou disciplinaires).
La notion de compétence générique ou transversale signifie qu’elle s’applique dans un grand nombre de situations différentes (dans tous les lieux de soins différents). Les compétences transversales caractérisent les aptitudes des professionnels à prendre en charge les problématiques de santé des patients y compris les savoirs relatifs aux maladies.
Le grade master des études médicales, ou Diplôme de Formation Approfondie en Sciences Médicales, a pour objectif l’acquisition des compétences cliniques et thérapeutiques et la réflexivité permettant aux étudiants d’exercer les fonctions hospitalières ou ambulatoires du troisième cycle et d’acquérir les compétences professionnelles de la filière dans laquelle ils s’engageront.
Pour cela, il a été défini un référentiel de compétences, permettant de définir quelles sont les compétences nécessaires à acquérir au cours du deuxième cycle des études de médecine.
Le Référentiel de Compétences du deuxième cycle
Les compétences dont l’acquisition est nécessaire sont celles de :
A) Clinicien
L’étudiant utilise son savoir médical et ses habiletés pour analyser, à partir du contexte de soins et de la plainte du patient, une situation clinique et pour dispenser des soins dans une approche centrée sur les patients. Il :
• démontre sa capacité d’explorer les antécédents du patient et de les consigner de façon exacte, concise et organisée dans divers contextes cliniques ;
• réalise l’examen somatique adapté à la situation clinique et au projet de soins de patients de tout âge, et les principaux gestes techniques associés ;
• démontre sa capacité à mener un raisonnement hypothético-déductif en mobilisant ses connaissances des processus anatomo-physio-pathologiques ;
• développe les procédures diagnostiques des pathologies et urgences les plus fréquentes et sait amorcer le traitement approprié ;
• tient compte dans sa démarche décisionnelle des souhaits, des représentations et des compréhensions du patient et de son environnement éthique et culturel ;
• repère, dans une optique de prévention, les personnes exposées à des problèmes de santé courants qui mettent leur santé ou leur vie en danger ;
• développe une capacité d’observation globale de la situation ;
• est en mesure de présenter oralement de manière claire et concise sa démarche clinicienne auprès de l’ensemble de ses interlocuteurs.
B) Communicateur
Échangeant de façon dynamique avec le patient et son entourage, collaborant avec les différents professionnels du système de santé, l’étudiant a conscience des enjeux de la relation et de la communication verbale et non verbale sur la qualité des soins. Il :
• établit une communication axée sur le patient, par le biais de la prise de décisions partagées et d’interactions efficaces fondées sur l’éthique et l’empathie ;
• obtient les renseignements pertinents et les points de vue du patient, de son entourage, des collègues et des soignants, et sait en faire la synthèse ;
• apprend à gérer son stress et celui des autres acteurs ;
• discerne quelle information doit être délivrée au patient, à son entourage, aux collègues et aux soignants, de manière claire, loyale et appropriée à leur niveau de compréhension et à leur culture, en s’appuyant sur les recommandations de bonne pratique ;
• s’appuie sur les nouvelles technologies de l’information.
C) Coopérateur, membre d’une équipe soignante pluriprofessionnelle
L’étudiant travaille en partenariat avec d’autres intervenants qui participent de manière appropriée au soin du patient. Il :
• connaît les rôles, les compétences et les responsabilités de tous les membres de l’équipe soignante et en tient compte dans la pratique ;
• participe avec application aux activités d’une équipe interprofessionnelle ainsi qu’aux prises de décisions ;
• démontre sa capacité à faire appel aux ressources du système de santé ;
• participe, avec les différents acteurs de santé, à l’éducation thérapeutique du patient et de son entourage ;
• participe à l’acquisition des savoirs par les plus jeunes au sein de l’équipe soignante pluriprofessionnelle.`
D) Acteur de santé publique
L’étudiant participe à la vie des structures de soins et à la bonne gestion des ressources. Il contribue à l’efficacité et à l’efficience du système de soins pour améliorer l’état de santé global des patients et des populations. Il :
• utilise le système de santé aux échelons local, régional et national et connaît les principaux systèmes de santé dans le monde ;
• intègre autant que possible les besoins individuels et collectifs à son exercice ;
• tient compte des déterminants de la santé et de la maladie, y compris les aspects physiques, psychosociaux, culturels et spirituels, dans sa démarche clinicienne ;
• promeut la santé, la prévention et le dépistage des maladies ;
• participe à l’élaboration d’un parcours de soins adapté à la situation du patient.
E) Scientifique
L’étudiant comprend que pendant toute sa vie professionnelle il devra remettre en question et chercher à réactualiser ses connaissances afin de garantir son domaine d’expertise. Il comprend l’intérêt de la démarche scientifique pour élaborer de nouveaux savoirs. Il :
• situe la place de la recherche dans l’apport des connaissances nouvelles et dans l’évolution de la pratique professionnelle ;
• démontre sa connaissance des différents aspects de la recherche biomédicale ;
• explique les différents niveaux de preuve et les limites de ses connaissances scientifiques ;
• accède aux informations (gestion internet et anglais médical) et sait les évaluer de manière critique ;
• démontre sa capacité d’acquérir des concepts relatifs à la médecine factuelle et à les utiliser dans diverses situations cliniques ;
• participe à la formulation d’une problématique de recherche face à une situation non résolue et envisage les pistes susceptibles de résoudre cette problématique.
F) Responsable aux plans éthique et déontologique
L’étudiant a une attitude guidée par l’éthique, le code de déontologie et adopte un comportement responsable, approprié, intègre, altruiste visant au bien-être personnel et à la promotion du bien public se préparant ainsi au professionnalisme. Il :
• connaît et respecte les principes de la déontologie médicale ;
• respecte la confidentialité des patients et fait preuve de sensibilité et de respect par rapport aux droits, aux opinions et à la diversité des patients ;
• prend en compte et agit en faveur d’une plus grande sécurité des soins au patient ;
• connaît le cadre médico-légal qui régit la pratique médicale, notamment en matière de dignité de la personne, des problématiques de fin de vie, de consentement éclairé aux soins et de respect des éléments et produits du corps humains ;
• est sensibilisé à l’éthique de la santé et de la recherche en matière de divulgation, conflits d’intérêts, protection des personnes et relation avec l’industrie ;
• est responsable de ses interventions auprès des patients. L’étudiant doit également apprendre à être :
G) Réflexif
L’étudiant doit développer tout au long de son parcours d’apprentissage sa capacité d’auto-évaluation et celle de se poser des questions pertinentes en situation réelle de soins et de prévention, en tenant compte du contexte clinique, institutionnel, légal et sociétal. Il doit démontrer sa capacité à se remettre en question et à argumenter ses décisions. Il :
• est capable d’établir des priorités dans ses activités et de les justifier ;
• prend conscience de ses limites personnelles et matérielles et tend à les repousser ;
• est capable de solliciter autrui si nécessaire
• est dans une démarche constante d’auto-évaluation de ses pratiques dans le but de les améliorer ;
intègre, en tant que futur professionnel, les notions d’erreur médicale et de sécurité du patient.
Mise à jour le 15/09/13