Lightness | Fickleness
Nicolas Lancret. La Camargo Dancing, 1730. Oil on canvas, 76.2 x 106.7 cm, National Gallery of Art, Washington, D.C.. Via National Gallery of Art.
Dans ce tableau, Nicolas Lancret dépeint Marie-Anne de Cupis de Camargo, une ballerine de l’Opéra de Paris qui a contribué au ballet du XVIIIe siècle en introduisant de nouveaux pas qui donnaient la priorité au jeu de jambes et à l’agilité, et qui a raccourci ses jupes pour faciliter la légèreté de sa danse. Dans la peinture, la Camargo se trouve au centre dans une robe fine et raccourcie ; la position de son corps suggère sa finesse. À l’arrière de la Camargo, son partenaire renvoie ses mouvements, soulignant la synchronisation de leurs gestes. Lancret tisse les riches vert et or de l'arrière-plan avec les pastels splendides des habits des personnages et, de la même manière, il entrelace les arbres avec les personnages ; évoquant un lieu idyllique où la nature, le théâtre, et la magnificence se mélangent.
In this painting, Nicolas Lancret depicts Marie-Anne de Cupis de Camargo, a ballerina of l’Opéra de Paris who contributed to 17th-century ballet in introducing new steps that prioritized footwork and agility, and who famously shortened her skirts to facilitate the lightness of her dance. In the painting, la Camargo is found at the center in a fine, shortened dress; the position of her body suggests her delicacy. Behind la Camargo, her partner reflects her movements, underlining the synchronization of their gestures. Lancret weaves the rich greens and gold of the background with the splendid pastels of the figures’ clothing, and, in the same way, he interlaces the trees and setting with the people; everything evokes an idyllic setting where nature, theater, and magnificence blend together.
Définitions Synthétiques:
Une référence à la matière, aux qualités physiques, un adjectif décrivant ce qui pèse peu (l’air, une plume) ou des actions accomplies avec finesse et dextérité (elle danse avec légèreté). Le sens figuré s’applique aux gens et concepts comme la fortune et la foi, signifiant une faiblesse d’esprit, une inconstance, un caractère capricieux. Il est difficile de l’en croire à cause de la légèreté de ses promesses.
A reference to physical material or qualities, a noun referring to what does not weigh much (the lightness of air, a feather) and can also reference actions performed with deftness and finesse (the lightness of her dancing). Figuratively: applies to people, or ideas such as luck or faith, and signifies weakness of spirit, inconstancy, capriciousness, or a lack of strength of logic. It is difficult to believe him because of the lightness of his word.
Commentaires sur le mot :
Comme nous retrouvons dans les définitions de Furetière et l’Académie, le sens du terme « légèreté » est à double tranchant ; le mot peut communiquer une sens d’agilité ou de finesse physique, ou bien une faiblesse d’esprit ou inconstance. Chez Lafayette dans La Princesse de Clèves, le mot est toujours employé dans ce deuxième sens figuré.
« Légèreté » apparaît trois fois dans le roman: deux fois en référence au Vidame de Chartres et une fois pour le duc de Nemours, chaque fois il décrit le comportement des hommes dans des relations romantiques. Dans le cas de Nemours, Lafayette souligne qu’il a « toujours fait paraître tant de légèreté parmi les femmes » et que cela l’empêche d’être « capable d’un attachement sincère et durable » (Lafayette 291). Autrement dit, Lafayette soutient que ceux qui agissent avec légèreté, surtout en ce qui concerne des attachements romantiques, ne peuvent point être considérés comme fiables ou sincères. Pour elle, la légèreté chez une personne est une marque négative ; ce trait de caractère fait partie des dangers que nous trouvons à la Cour dont la Princesse de Clèves, et par extension les femmes vertueuses, doivent se protéger. Cependant, chez Scudéry, la légèreté n’est pas forcément une négative ; une « légère inclination amoureuse » est nécessaire chez un homme pour avoir un esprit galant, ce qui est positif (Scudéry « De l’air galant »). Cette différence entre Lafayette et Scudéry est cohérente selon leurs représentations différentes de la galanterie. Chez Scudéry, la galanterie est un « je ne sais quoi » qui ajoute à l’attrait d’une personne, ce qui est un atout, tandis que chez Lafayette la galanterie représente les dangers pour les femmes qui se retrouvent toujours au bord d’un précipice moral. Ainsi, dans la Carte de Tendre le lieu de légèreté est compliqué : ce n’est pas forcément négatif ou positif ; quand nous rejoignons ce lieu, il peut être dangereux ou bien charmant.
LÉGÈRETÉ :
Qualité de ce qui est léger. On attribue la légèreté aux corps divins. Les Grecs et Romains attribuaient une telle légèreté à l’air, qu’ils pensaient ne rien peser. La légèreté de la main. La légèreté des pieds.
LÉGÈRETÉ se dit figurativement pour faire référence à une faiblesse d’esprit, à inconstance, défaut de logique ou raison (dans un sens moral). La légèreté de ces arguments ne mérite pas de réponse. La légèreté de ses promesses, de ses serments, de sa foi jurée. La légèreté d’un esprit, la légèreté d’une offense. Les étrangers accusent les Français de légèreté.
Le dictionnaire de l'Académie française (1694) :
LÉGÈRETÉ :
La qualité de ce qui est léger et qui pèse peu. La légèreté de l’air. La légèreté des vapeurs.
Il signifie aussi, l’agilité; la finesse. Marcher, courir avec légèreté. La légèreté des oiseaux. La légèreté d’un cerf.
On l’emploie aussi en décrivant un écrivain qui écrit très aisément et très vite. Il a une grande légèreté de main. On l'utilise aussi pour décrire un musicien dont le jeu d’un instrument est aisé et brillant.
Se dit figurativement: Inconstance, instabilité. La légèreté des peuples. Je crains la légèreté de son esprit, de son humeur.
Les Conversations de Mlle de Scudéry, « De l'air galant »
Sapho décrit en quoi consiste l'air galant :
« C’est je ne sais quoi, reprit Sapho, qui naît de cent choses différentes: car enfin je suis persuadée qu’il faut que la nature mette du moins dans l’esprit, et dans la personne de ceux qui doivent avoir l’air galant, une certaine disposition à le recevoir ... et si j’ose dire tout ce que je pense, je dirai encore qu’il faut même qu’un homme ait eu du moins une fois en sa vie, quelque légère inclination amoureuse, pour acquérir parfaitement l’air galant » (51-52).
La Princesse de Clèves, de Marie-Madeleine Pioche de La Vergne, comtesse de Lafayette
[227] LETTRE (de Madame de Thémines au Vidame de Chartres)
« Je vous ai trop aimé pour vous laisser croire que le changement qui vous paraît en moi soit un effet de ma légèreté ; je veux vous apprendre que votre infidélité en est la cause. »
[227] (plus tard dans la même lettre )
« J’ai eu aussi des raisons pour être persuadée que vous ne lui aviez jamais parlé de moi ; mais votre retour et votre discrétion n’ont pu réparer votre légèreté. »
[291] La princesse se rend compte de ce que ses sentiments pour Nemours veulent dire :
« Elle fut étonnée de n’avoir point encore pensé combien il était peu vraisemblable qu’un homme comme Monsieur de Nemours, qui avait toujours fait paraître tant de légèreté parmi les femmes, fût capable d’un attachement sincère et durable. »
Natalie Marshall