Sea of enmity
Claude Déruet. La Bataille entre les Amazones et les Grecs, between 1603 and 1660. Oil on canvas, 89 × 115 cm, Louvre Museum, Paris. Via Wikimedia Commons.
« L'amazonomachie », qui veut dire la bataille des Amazones, est un genre d’art qui dépeint plusieurs batailles mythiques entre les Amazones--des guerrières--et les Grecs. Les Grecs considéraient les Amazones comme des "barbares" qui menaçaient le monde civilisé et qu’il fallait conquérir. Nous pourrions dire qu’il existait une inimitié entre les Grecs et les Amazones. Une de ces grandes batailles est illustrée dans ce tableau du peintre français, Claude Déruet. Nous pouvons observer le chaos de la bataille, des guerriers et des chevaux qui tombent du pont, une foule de personnages difficiles à démêler. Le tumulte reflète les hautes émotions et vigueurs du combat. En outre, nous voyons de droite à gauche les Amazones qui l’emportent sur les Grecs, leurs étendards rouges levés.
"Amazonomachy," which translates to the combat of the Amazons, is a genre of art that depicts various mythical battles between the Amazons--female warriors--and the Greeks. The Greeks viewed and represented the Amazons as savages who threatened the civilized world and whom they needed to conquer. We could say there existed enmity between the Greeks and the Amazons. One of these great battles is illustrated in this painting by French artist, Claude Déruet. We can observe the chaos of the combat in the warriors and horses that fall from the bridge and in the large crowd of figures, difficult to disentangle. The tumult reflects the strong emotions and vigor of combat. Further, we see from right to left, the Amazons who prevail over the Greeks, with their red flags raised.
Définitions Synthétiques:
Un terme géographique, “mer” comprend toutes les eaux qui entourent la terre du globe et dans un sens figuré, ce terme suggère la profondeur, l’inconnue, ou le danger. “Inimitié” se réfère à un sentiment d’aversion ou de haine contre quelqu’un. Dans la Carte de Tendre, la Mer d'inimitié reflète, à la fois, ce côté dangereux et profond des eaux, ainsi que les émotions négatives et passionnées associées à l’inimitié. Les grosses vagues et le bateau qui sombre démontrent qu'il s'agit d'un lieu où l'on peut se perdre.
A geographic term, “sea” refers to the water that surrounds all the landmasses on Earth, and in a figurative sense suggests the unknown, danger, or immensity. “Enmity” refers to a strong feeling of aversion or hatred towards someone. In la Carte de Tendre, the Sea of enmity reflects both the dangers of the sea, as well as the negative emotions associated with enmity. The large waves and sinking ship demonstrate that this is somewhere a person can lose themselves.
Commentaire sur le mot :
Considérés ensemble, les mots « mer » et « inimitié » évoquent un état émotionnel profond, tumultueux, et surtout caractérisé par l’aversion ou la haine. Ni « mer » ni « inimitié » apparaissent dans le roman La Princesse de Clèves, cependant, « haine », qui est synonyme d’inimitié, apparaît douze fois. Prenez pour exemple la situation du Vidame de Chartres et l’épisode de la lettre qui tombe de sa poche. Nous apprenons que le Vidame a trompé non seulement une seule femme, mais quatre femmes, parmi lesquelles, la Reine Catherine de Médicis. Lorsqu’avec la perte d’une lettre incriminante tout commence à s’écrouler autour de lui (un peu comme le bateau qui coule dans la mer d’inimitié sur la Carte de Tendre), le Vidame se rend compte qu’avec ses actions il « attire une haine implacable » de la Reine (Lafayette 236). En effet, la situation du Vidame après que la Reine apprend sa trahison incarne l’idée d’une « mer d’inimitié » ; après la révélation il se trouve haï, et dans une position où « il ne put jamais se raccommoder sincèrement avec elle » (Lafayette 289). Au-delà du cas du Vidame, la haine chez Lafayette est liée aux partis et alliances compliqués à la Cour et les intérêts divergents (après l’épisode de la lettre, Lafayette explique que Catherine de Médicis hait Marie Stuart pour toujours à cause du rôle qu’elle croit que la Dauphine a joué dans l’affaire). Ce que la haine dans La Princesse de Clèves nous révèle à propos de la « mer d’inimitié » dans la Carte de Tendre est que c’est un état peu enviable, dangereux, dicté par des émotions presque insurmontables, où nous pouvons nous perdre et dont nous ne pouvons parfois point nous échapper.
INIMITIÉ :
s. f. Aversion, haine qu'on a contre quelqu'un. C'est un grand malheur quand l'inimitié se met entre les frères.
INIMITIÉ, se dit aussi des animaux, et des choses inanimées. Il y a une inimitié naturelle entre les chats et les souris. Les poles opposés de l'aimant ont une telle inimitié, qu'ils se repoussent l'un l'autre.
Le dictionnaire de l'Académie française (1694) :
Inimitié. s. f. Haine, malveillance, aversion qu'on a pour quelqu'un, et qui dure longtemps.
Inimitié, se dit aussi pour marquer toute sorte d'antipathie, soit dans les animaux, soit dans les végétaux.
MER :
Grand réceptacle, ou réservoir comprenant toute l’eau qui entoure la terre, et qui se répand en plusieurs parties du globe.
MER, se dit figurativement des choses spirituelles et morales. Qui voudrait sonder la profondeur des mystères de la Foi ? C’est une mer où l’esprit se perd. Notre vie est une mer orageuse, sans cesse agitée par les passions.
Le dictionnaire de l'Académie française (1694) :
MER :
L’ensemble des eaux qui composent, avec la terre, le globe et qui le couvrent en plusieurs endroits.
Jean Racine, Bérénice, Acte 1, Scène 3
Arsace essaye de comprendre pourquoi la perspective d’une union entre Bérénice et Titus trouble Antiochus :
« Je vous entends Seigneur. Ces mêmes dignités
Ont rendu Bérénice ingrate à vos bontés ;
L'inimitié succède à l'amitié trahie »
Jean Racine, Bérénice, Acte 4, Scène 5
Bérénice parle de sa séparation forcée de son amant Titus :
« Je n’écoute plus rien ; et pour jamais adieu.
Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ? » (vers 1110 à 1114).
Jean Pillement. A Shipwreck in a Storm, 1782. Pastel on gessoed canvas, 62.9 x 91.4 cm, The Metropolitan Museum of Art, New York City. Via The Metropolitan Museum of Art.
Ce tableau de Jean Pillement reflète les dangers et fortes émotions suggérées par la mer d’inimitié dans la Carte de Tendre. Nous retrouvons de grandes vagues et un bateau qui coule comme dans la carte de Scudéry. Ici les personnages sur les rochers contribuent à l’impression d’un danger mortel ; comme le décrit la description du site du Met : “the spectators bear witness to the risk to life”. Le grand nombre d’images provenant de cette époque qui dépeignent une scène maritime semblable démontre à quel point les dangers de la mer étaient dans l’esprit de l'époque ou faisaient partie de la conception sociétale de la mer.
This painting, by Jean Pillement, reflects the dangers and strong emotions that the sea of enmity evokes in la Carte de Tendre. We find large waves and a sinking ship, much like in Scudéry’s map. Here, the people on the rocks contribute to the sense of mortal danger; as the description on the Met’s site reads: “the spectators bear witness to the risk of life.” The large number of images from this period that depict similar maritime scenes demonstrate to what extent the dangers of the sea were on people's minds in the early modern period and were part of the societal conception of the sea.
Ludolf Backhuysen. Warships in a Heavy Storm, 1695. Oil on canvas, 150 x 227 cm, Rijksmuseum, Amsterdam. Via Wikimedia Commons.
Comme dans le tableau de Pillement, dans cette peinture de Ludolf Backhuysen, les grosses vagues et le ciel dramatique sont mis en avant. La mer secoue les bateaux qui sont soumis au gré des eaux, un peu comme une forte émotion peut contrôler une personne.
Like in Pillement’s painting, in this painting by Ludolf Backhuysen, the large waves and dramatic sea are underscored. The sea tosses about the boats which are subjected to the water's will, much like a person might be subjected to a strong emotion.
Natalie Marshall