Obedience | Lydnad
François Boucher, “Berger jouant de la cornemuse”, huile sur toile, c. 1754, MFA Boston
Cette image apporte une complication intéressante aux idées d'obéissance. En établissant un lien entre l’enfant et le chien et les brebis dans une scène pastorale, Boucher fait allusion au naturel de l'obéissance, à sa simplicité et le calme qu'elle engendre. Par rapport à la carte de Tendre, l'affection évidente entre la jeune figure masculine et son chien souligne l'idée de gagner et de mériter la tendresse par une obéissance à ses vœux.
This image brings an interesting complication to the ideas of obedience. By linking a child, a dog, and a lamb in a pastoral scene, Boucher alludes to the naturalness inherent to obedience, to its simplicity and the calm and simple happiness it creates. Compared to the Carte de Tendre', the affection between the young male figure and his dog adds emphasizes the idea of the need to win and deserve tenderness through a mutual obedience to the beloved's wishes.
La définition modernisée:
La déférence envers les autorités supérieures à soi; soumission au roi, aux enfants et aux parents; et, surtout, une obéissance totale et implacable à Dieu. Une telle déférence comme un signe de respect que l'on peut utiliser pour gagner la faveur d'un amant ou pour sembler acquiescer au statut quo. L'obéissance peut être authentique (à Dieu) ou une fausse apparence qui se fait passer pour du respect.
Deference to authorities greater than oneself; submission to the king, to children, to parents; and, above all, total and implacable obedience to God. Such deference as a sign of respect that one can use to gain favor with a lover or to appear to acquiesce to the status quo. Obedience can be genuine (to God) or a false appearance that masquerades as respect.
Interprétation littéraire:
L'obéissance et ses variations apparaissent rarement au cours de La Princesse de Clèves. Néanmoins, l'obéissance est importante dans ce récit. L'idée d'obéissance telle que Furetière la définit dépend d’une hiérarchie sociale et, surtout, de Dieu. Bien que curieusement détachée de toute obéissance religieuse, la Princesse de Clèves considère l'obéissance comme un signe de loyauté. La Princesse est fidèle à deux personnes: d'abord à sa mère, puis à son mari. Ces deux personnages représentent ceux qui sont les plus proches de la jeune protagoniste. La Princesse a promis l'obéissance aux souhaits de sa mère sur son lit de mort. Elle a promis l'obéissance à son mari en l’épousant. Le Prince contrôle les mouvements de sa femme et détermine où elle peut résider. Au contraire, les vœux que la Princesse a faits à sa mère concernent une obéissance morale; la Princesse promet d'agir de manière à ne pas nuire à sa réputation ou à sa personne à la cour. Ces deux notions d'obéissance sont féminines: la réputation et l'état matrimonial d'une femme la définissent complètement. Sur la Carte de Tendre, l'obéissance se situe entre la tendresse et la confiante amitié. Puisque ces deux sentiments sont bons, il semble que l'obéissance existe dans le voisinage de bonnes relations. Pourtant, l'obéissance se situe sur le côte, non loin de la Mer d'Inimitié. L'obéissance est ainsi constituée de sentiments dangereux et d'affections chaleureuses comme la tendresse et l'amitié. Comme l’inimitié, l'obéissance peut cacher les vraies émotions d'un amant ou d'un époux, ou bien le choix de rester obéissant(e) (comme la Princesse) peut démontrer une affection sincère.
Obedience and its variations rarely appear in La Princesse de Clèves. Nevertheless, obedience is important in the story. The idea of obedience as, Furetière defines it, depends on a social hierarchy and, above all, on God. Although curiously detached from all religious obedience, the Princesse de Clèves presents obedience as a sign of loyalty. The Princesse is loyal to two people: first to her mother, then to her husband. These two characters represent those who are closest to the young protagonist; the Princesse promised obedience to her mother's wishes on her deathbed and she promised obedience to her husband when she married him. The Prince controls his wife's movements and determines where she can reside. In contrast, the promises the Princesse made to her mother concern moral obedience; the Princesse vows not to harm her reputation or her sense of virtue. A woman's reputation and marital status define her. On the Carte de Tendre, obedience lies between Tenderness and Trusting Friendship. Since both of these feelings are positive, it seems that Obedience exists in the vicinity of good relationships. Yet Obedience is closer to the coast, right next to the Sea of Enmity, which is quite negative. The duality of Obedience makes sense as a dangerous allegiance or as a demonstration of warm and healthy affections. Like enmity, obedience can hide the true emotions of a lover or a spouse, or else the choice to remain obedient (like the Princesse) is the proof of sincere affection.
La définition dans le Dictionnaire Universel d’Antoine Furetière (1690) :
subst. fem. Soumission aux volontés d'autrui. Les enfants doivent honneur & obeïssance à leur pere, les sujets à leur Prince, aux Magistrats. On doit une obeïssance aveugle aux commandements qui viennent de la part de Dieu. Les Religieux font les voeux de pauvreté, chasteté, & d'obeïssance.
OBEÏSSANCE, se dit aussi de la sujettion des peuples & des Provinces à un Souverain, à un Estat dont ils font partie. Ce Prince a rangé tous les rebelles sous son obeïssance, a remis dans l'obeïssance ceux qui s'en estoient soubstraits. Ce conquerant a mis beaucoup d'estats, & de peuples, sous son obeïssance, a fort estendu les terres de son obeïssance.
On dit proverbialement, Obeïssance vaut mieux que sacrifice, par allusion à l'Histoire d'Abraham, dont l'obeïssance fut plus meritoire, que n'auroit esté le sacrifice de son fils.
La définition dans le Dictionnaire de l’Académie Française (1694):
OBEïSSANCE Obeïssance. s. f. v. Action de celuy qui obeït. Grande obeïssance. humble obeïssance. prompte, parfaite, entiere obeïssance. obeïssance aveugle. rendre obeïssance à quelqu' un. le fils doit obeïssance à son pere, luy doit honneur & obeïssance.
On dit prov. Obeïssance vaut mieux que sacrifice, pour dire, que Ce qu' on fait par esprit de soumission, est ordinairement plus meritoire que tout ce qu' on fait de son propre mouvement.
On dit, Vivre sous l' obeïssance d' un Prince, pour dire, Estre sous sa domination: & on dit dans le mesme sens. Les Peuples qui sont sous l' obeïssance, dans l' obeïssance du Roy. il a reduit, rangé cette Province sous son obeïssance. dans tous les pays, dans toutes les terres de l' obeïssance du Roy. se soustraire de l' obeïssance d' un Prince. rentrer dans l' obeïssance de son Prince.
On dit encore dans un sens pareil, Estre sous l' obeïssance de pere & de mere.
Obeïssance, signifie aussi, La disposition, l' habitude à obeïr, la soumission d' esprit aux ordres des Superieurs. Obeïssance aveugle. obeïssance filiale. obeïssance servile. obeissance chrestienne. les Peuples vivent dans une grande obeïssance. faire voeu de pauvreté, chasteté & obeïssance.
Occurrences dans Bérénice de Racine
« Seigneur, vous connaissez ma prompte obéissance » (v. 71).
« Et quoique à ses Césars fidèle, obéissante, / Cette haine, Seigneur, reste de sa fierté, / Survit dans tous les coeurs après la liberté » (v. 384-86).
« Je réponds en partant de son obéissance, / Et même elle m'a dit que prêt à l'épouser, / Vous ne la verrez plus que pour l'y disposer » (v. 709-11).
Occurrences dans La Princesse de Clèves de Lafayette
[152] « ...qu’il avait eu le plaisir de la consoler de la mort de son mari ; et qu’enfin il l’allait épouser dans le temps qu’elle était morte ; mais que ce mariage, qui était un effet de passion, aurait paru un effet de devoir et d’obéissance ; qu’elle avait gagné son père pour se faire commander de l’épouser, afin qu’il n’y eût pas un trop grand changement dans sa conduite, qui avait été si éloignée de se remarier. »
[172] « Je ne sais si le Roi en elle trouvera toute l’obéissance qu’il désire ; il m’a chargée de la voir parce qu’il sait qu’elle m’aime, et qu’il croit que j’aurai quelque pouvoir sur son esprit. »
[213] « La paix était signée ; Madame Élisabeth, après beaucoup de répugnance, s’était résolue à obéir au Roi son père. »
Suzana DeRosa-Farag