Intimate friendship
Jean-Honoré Fragonard, Amoureux heureux, 1765, Oil on canvas, 90.2 x 121.3 cm, The Norton Simon Museum.
Un homme est allongé sur les jambes d'une femme et regarde son visage. Cette image est une bonne représentation d'une confiante amitié en raison du sentiment d'intimité représenté dans l'image. L'homme est allongé sur la femme, indiquant l'intimité et l'affection. Ils sont seuls, loin des autres, ce qui a la connotation d'un rendez-vous amoureux.
A man lies on a woman’s legs and gazes at her face. This image depicts intimate friendship due to the sense of intimacy represented in the image. The man is lying on the woman, indicating a sense of intimacy and affection. They are alone, far from others, which gives the image the connotation of a romantic tryst.
Confiante amitié: Confiance et respect mutuels entre des égaux. Un lien personnel intime et étroit entre amis ou amoureux. Une relation émotionnelle étroite entre un homme et une femme qui nourrissent des sentiments romantiques l'un pour l'autre. Les nœuds, les liens, les lois, les devoirs, les engagements de l' amitié. Les plaisirs, les douceurs, les tendresses de l' amitié.
Un seigneur est reconnaissant de la confiante amitié entre lui et son camarade d'armes. La femme a développé une confiante amitié avec le duc après leur introduction l’année dernière.
Intimate friendship: An emotionally intimate friendship between two people born either out of romantic sentiment or strong platonic “brotherly” ties. To be someone’s confidant and to have their confiance in turn. In more modern parlance, to be someone’s “best friend,” with their full trust and privileged insight into their thoughts, feelings, and experiences.
Jules and Rue from “Euphoria” on a Bed, 2019, Digital, HBO.
Deux adolescentes se trouvent l'une à côté de l’autre sur un lit et elles se racontent leurs histoires. Le positionnement des deux filles, allongées sur un lit avec leurs bras qui se touchent et leurs visages espacés de quelques centimètres, exprime une intimité et suggère des implications romantiques.
Two teenage girls lie next to each other on a bed and share their stories with each other. The positioning of two girls with their arms touching and their faces a few inches apart, expresses intimacy and alludes to romance.
Furetière prétend que l'amitié est un sentiment d'affection qui peut ne pas être partagé entre deux personnes ("Affection qu'on a pour quelqu'un, soit qu'elle soit seulement d'un côté, soit qu'elle soit réciproque,") et l'Académie Française rejoint cette idée: "Il se dit aussi quelquefois, quoique l'affection ne soit pas réciproque." L'Académie Française ajoute que l'amitié peut exister entre des personnes de rang social inégal: "Il se dit quelquefois de l'affection que des personnes ont pour d' autres personnes d' une condition inégale. Le Prince m'honore de son amitié, il a beaucoup d' amitié pour ses domestiques, ces valets ont peu d' amitié pour leurs maîtres," ce qui suggère qu'amitié est avant tout synonyme d'affection. De plus, au XVIIe siècle, l'amitié, et en particulier, la « confiante amitié », implique un attachement romantique entre deux personnes. C'est ce que l'on voit dans La Princesse de Clèves de Lafayette. Le roman dépeint les relations extra-conjugales et les attachements secrets entre les personnages. Les personnages se réfèrent à leurs attachements romantiques en termes « d'amitiés ». La Reine, par exemple, dit au Vidame de Chartres, avec qui elle a une liaison, qu'elle serait mécontente de leur « amitié » s'il était aussi amoureux d'une autre. La Dauphine décrit l’histoire de sa mère, Anne de Boulen, que le roi Henri VIII d'Angleterre, avait accusé d'avoir une liaison amoureuse avec son frère comme une « amitié criminelle ». La substitution du mot « amitié » pour désigner l'amour se retrouve aussi dans des relations moins scandaleuses. Même si elle n’est pas amoureuse de son mari, Mme de Clèves lui montre « la tendresse et l’amitié », une expression de son affection pour lui. Ainsi, à travers le roman, l' « amitié » détient une connotation clairement romantique et sexuelle—une intimité au-delà de la familiarité, bien différente de la définition du XXIe siècle.
Les définitions du Dictionnaire Universel d’Antoine Furetière :
La définition de confiante:
Furetière : s. f. Bonne opinion qu'on a de quelque chose sur laquelle on se fie, on s'assure. Il ne faut pas avoir trop confiance aux choses du monde. Milon Crotoniate périt pour avoir trop de confiance en sa force. La confiance qu'on a en Dieu fait affronter toutes sortes de périls. Ce Prince a une entière confiance en ses Ministres, il se repose sur eux de ses affaires les plus importantes.
La définition d'amitié:
Les devoirs de l'amitié obligent à se servir l'un l'autre. Les gens de bien n'ont que faire de l'amitié des méchants. Ce Seigneur m'honore de son amitié. On le dit encore en matière d'amour. Cette femme a fait une nouvelle amitié. Cet homme a quitté son ancienne amitié, sa première maîtresse.
Les définitions du Dictionnaire de l’Académie Française :
La définition de confiante:
s. f. v. Espérance en quelqu'un, en quelque chose. Avoir confiance, prendre confiance, une grande confiance, une ferme confiance, une extrême confiance en quelqu'un. Mettre sa confiance en Dieu. Je suis confiant en vous, en votre secours. Parler à quelqu'un en confiance.
La définition d'amitié:
s.f. Affection mutuelle, réciproque entre deux personnes à peu près d'égale condition. Le Prince m' honore de son amitié. Ils sont dans une grande amitié. Il a beaucoup d' amitié pour ses compagnons. Se dit quelquefois pour l'amour. Il s'est fait une nouvelle amitié.
Bérénice
Et jusques à ce jour/D'un voile d'amitié j'ai couvert mon amour.
—Antiochus, Acte I Scène IV, ligne 25-36
L'inimitié succède à l'amitié trahie.
—Arsace, Acte I Scène III, ligne 91
Attendez pour partir que César vous renvoie/Triomphant, et chargé des titres souverains/Qu'ajoute encore aux rois l'amitié des Romains.
—Arsace, Acte I Scène III, ligne 120-123
Un voile d'amitié vous trompa l'un et l'autre ;/Et mon amour devint le confident du vôtre.
—Antiochus, Acte I Scène IV, ligne 243-244
Il fût quelque mortel qui pût impunément/Se venir à mes yeux déclarer mon amant./Mais de mon amitié mon silence est un gage,/J'oublie en sa faveur un discours qui m'outrage.
—Bérénice, Acte I Scène IV, ligne 261-264
J'ai mis même à ce prix mon amitié secrète,/J'ai voulu que des coeurs vous fussiez l'interprète,/Qu'au travers des flatteurs votre sincérité/Fît toujours jusqu'à moi passer la vérité.
—Titus, Acte II Scène II, ligne 363-366
Vous ne faites qu'un coeur et qu'une âme avec nous,/Au nom d'une amitié si constante, et si belle,/Employez le pouvoir que vous avez sur elle. /Voyez-la de ma part.
—Titus, Acte III Scène I, ligne 699-701
Vous, que l'amitié seule attache sur ses pas,/Prince, dans son malheur ne l'abandonnez pas./Que l'Orient vous voie arriver à sa suite ;/Que ce soit un triomphe, et non pas une fuite ; /Qu'une amitié si belle ait d'éternels liens ;/Que mon nom soit toujours dans tous vos entretiens.
—Titus, Acte III Scène I, ligne 757-762
L'intérêt, la raison, l'amitié, tout vous lie.
—Arsace, Acte III Scène II, ligne 827
La Princesse de Clèves de Lafayette
Amitié:
[19] Ce n’est pas que cette beauté lui donnât de l’ombrage : une trop longue expérience lui avait appris qu’elle [Madame de Valentinois] n’avait rien à craindre auprès du Roi ; mais elle avait tant de haine pour le Vidame de Chartres, qu’elle avait souhaité d’attacher à elle par le mariage d’une de ses filles, et qui s’était attaché à la Reine, qu’elle ne pouvait regarder favorablement une personne qui portait son nom, et pour qui il faisait paraître une grande amitié.
[20] Quoiqu’ils fussent amis [le Chevalier de Guise et Monsieur de Clèves], l’éloignement que donnent les mêmes prétentions ne leur avait pas permis de s’expliquer ensemble ; et leur amitié s’était refroidie, sans qu’ils eussent eu la force de s’éclaircir.
[28] La Reine Dauphine témoigna à Mademoiselle de Chartres, avec beaucoup d’amitié, le déplaisir qu’elle avait de lui avoir été inutile.
[74] « L’Empereur, qui avait conservé de l’amitié pour le Duc d’Orléans, avait offert plusieurs fois de lui remettre le Duché de Milan. » — Madame de Chartes
[113] Monsieur de Nemours, qui avait toujours eu beaucoup d’amitié pour lui, n’avait pas cessé de lui en témoigner depuis son retour de Bruxelles.
[120] Elle [Madame de Clèves] lui témoignait aussi plus d’amitié et plus de tendresse qu’elle n’avait encore fait ; elle ne voulait point qu’il [Monsieur de Clèves] la quittât, et il lui semblait qu’à force de s’attacher à lui, il la défendrait contre Monsieur de Nemours.
[131] « Vous savez l’amitié qu’il y a entre Sancerre et moi ; néanmoins il devint amoureux de Madame de Tournon, il y a environ deux ans, et me le cacha avec beaucoup de soin, aussi bien qu’à tout le reste du monde. » — Monsieur de Clèves
[202] « Quoique cette jalousie parût née dans ce moment, il y avait déjà quelque temps qu’elle lui avait été inspirée par la Vicomtesse de Rochefort, qui, ne pouvant souffrir la liaison étroite de son mari avec la Reine, la fit regarder au Roi comme une amitié criminelle ; en sorte que ce Prince, qui d’ailleurs était amoureux de Jeanne Seimer, ne songea qu’à se défaire d’Anne de Boulen. » — Madame la Dauphine
[248] – Je le veux croire, repartit la Reine, parce que je le souhaite ; et je le souhaite, parce que je désire que vous soyez entièrement attaché à moi, et qu’il serait impossible que je fusse contente de votre amitié si vous étiez amoureux.
[306] « Songez que pour faire ce que je fais, il faut avoir plus d’amitié et plus d’estime pour un mari que l’on n’en a jamais eu ; conduisez-moi, ayez pitié de moi, et aimez-moi encore, si vous pouvez. » — Madame de Clèves
[322] Elle [Madame de Clèves] trouva même de la douceur à avoir donné ce témoignage de fidélité à un mari qui le méritait si bien, qui avait tant d’estime et tant d’amitié pour elle, et qui venait de lui en donner encore des marques par la manière dont il avait reçu ce qu’elle lui avait avoué.
[423] Toutes les fois que cette Princesse parlait à son mari, la passion qu’il lui témoignait, l’honnêteté de son procédé, l’amitié qu’elle avait pour lui, et ce qu’elle lui devait, faisaient des impressions dans son cœur qui affaiblissaient l’idée de Monsieur de Nemours ; mais ce n’était que pour quelque temps ; et cette idée revenait bientôt plus vive et plus présente qu’auparavant.
[456] Monsieur de Nemours était désespéré qu’elle fût si affligée ; il jugeait aisément combien cette affliction renouvelait l’amitié qu’elle avait pour Monsieur de Clèves, et combien cette amitié faisait une diversion dangereuse à la passion qu’elle avait dans le cœur.
[540] La parenté et l’amitié de Monsieur le Vidame fut un prétexte à y envoyer plusieurs courriers ; on sut enfin qu’elle était hors de cet extrême péril où elle avait été ; mais elle demeura dans une maladie de langueur, qui ne laissait guère d’espérance de sa vie.
Le mot « confiante » n'apparaît pas dans La Princesse de Clèves mais « confiance » a de nombreuses occurrences dans le texte:
Confiance:
[21] La Duchesse de Valentinois avait toutes celles qu’elle daignait regarder ; mais peu de femmes lui étaient agréables ; et excepté quelques-unes qui avaient sa familiarité et sa confiance, et dont l’humeur avait du rapport avec la sienne, elle n’en recevait chez elle que les jours où elle prenait plaisir à avoir une cour comme celle de la Reine.
[239] « Un jour entre autres, on se mit à parler de la confiance. » — Le Vidame de Chartres
[239] « La Reine me dit qu’elle m’en estimait davantage, qu’elle n’avait trouvé personne en France qui eût du secret, et que c’était ce qui l’avait le plus embarrassée, parce que cela lui avait ôté le plaisir de donner sa confiance ; que c’était une chose nécessaire dans la vie, que d’avoir quelqu’un à qui on pût parler, et surtout pour les personnes de son rang. » — Le Vidame de Chartres
[248] « Souvenez-vous donc que c’est sur la parole que vous me donnez, que vous n’avez aucun engagement, que je vous choisis pour vous donner toute ma confiance. » — La Reine
[248] « Depuis ce jour-là, elle eut en moi une entière confiance, elle ne fit plus rien sans m’en parler, et j’ai conservé une liaison qui dure encore. » — Le Vidame de Chartres
[308] « La confiance et la sincérité que vous avez pour moi sont d’un prix infini : vous m’estimez assez pour croire que je n’abuserai pas de cet aveu. » — Monsieur de Clèves
[316] « Fiez-vous à mes paroles ; c’est par un assez grand prix que j’achète la confiance que je vous demande. » — Madame de Clèves
[329] – Vous avez raison, Madame, répliqua-t-il [Monsieur de Clèves] ; j’abuse de votre douceur et de votre confiance.
[332] Monsieur de Clèves ne se trompait pas : la confiance qu’il témoignait à sa femme la fortifiait davantage contre Monsieur de Nemours, et lui faisait prendre des résolutions plus austères qu’aucune contrainte n’aurait pu faire.
[363] Le discours de Madame la Dauphine, dont il avait eu lieu de croire qu’il n’était pas haï, en présence de Madame de Clèves, qui était la personne de la Cour en qui elle avait le plus de confiance, et qui en avait aussi le plus en elle, lui donnait une si grande confusion de pensées bizarres, qu’il lui fut impossible d’être maître de son visage.
[380] – J’ai la plus sensible affliction que je pouvais jamais avoir, répondit-elle [Madame de Clèves] ; quel usage avez-vous fait de la confiance extraordinaire ou, pour mieux dire, folle que j’ai eue en vous ?
[388] Ce qu’avait dit Monsieur de Nemours que la curiosité pouvait faire faire des imprudences à un mari, lui paraissait se rapporter si juste à l’état de Monsieur de Clèves, qu’elle [Madame de Clèves] ne pouvait croire que ce fût une chose que le hasard eût fait dire ; et cette vraisemblance la déterminait à croire que Monsieur de Clèves avait abusé de la confiance qu’elle avait en lui.
[407] – Je n’ai donc point encore de maître, répondit-elle [Madame de Clèves], et personne ne peut m’obliger à rendre ce que sa confiance m’a mis entre les mains.
Isabel Nichoson